aahhh l'amour............(nouvelle)
...enlève moi ces ordures!
fous-les moi à la mer!
Samuel Beckett
une nouvelle de Rita Kraus datant de 1972....toujours d'actualité ce texte de science fiction!!!!
La grande décharge
Une fois de plus, les prophètes avaient parlé dans le desert. Les cris d'alarme poussés dans les années 70 n'avaient pas été entendus et si, en ce dernier quart du XXe siecle, on marchait régulièrement sur la lune, la terre dans son entier avait fini par ressembler à un dépot d'immondices que les peuples suffoqués avaient amèrement baptiser "la grande décharge".
Aucun continent n'avait été épargné et telle région de france qui passait naguère pour riante et fertile avait vu, en l'espace de quelques années, ses rivières se tarir et son agriculture étouffer sous l'amas des détritus. Dans les villes, cétait pis encore. L'amoncellement des dèchets avait rendu l'air irrespirable et, par millions, les citadins avaient été contraints de s'égailler dans ce qui avait été autrefois la campagne.
Mais, lorsqu'ils etaient parvenus, aux prix d'efforts considérables, à rejoindre quelque trou et à s'y fixer, il ne leur était plus possible d'en sortir en raison des carcasses de véhicules abandonnés qui obstruaient routes et sentiers. Ainsi, entourés d'une muraille de résidus dont l'épaisseur décourageait toute tentative de percée, survivaient-ils en asiégés. Pour ravitailler ces bouches affamées, les pouvoirs centraux réussissaient parfois à leur parachuter des caisses d'eau minérale et des boites de conserve, dont les emballages venaient encore renforcer l'étau qui se refermait sur eux.
Que n'avait-on pas essayé pour se débarrasser de ces ordures? on en avait enterré, mais il y avait longtemps que les galleries de mine et même les puits avaient été comblés; on en avait brulé, mais les cendres, en se dispersant, avaient obscurci le ciel; on en avait déchiqueté par divers procédés mécaniques, mais une fois cette opération accomplie, on ne savait vraiment pas quoi faire des morceaux...
Aussi, é l'aube des années 80, le monde avait il été réduit par étapes successives à une multitude de petites communautés, isolées les unes des autres et dépourvues de tous moyen de communication direct. Dans certains ilots, l'équilibre entre les sexes avait été rompu par les accidents ou les maladies et c'était la perpétuation même de l'espece qui était remise en cause. Ici, des jeunes gens étaient condamnés à viellir dans le célibat alors qu'ailleurs des filles risquaient de coiffer sainte catherine jusque dans leur lit de mort. Et nul ne pouvait empêcher les uns de rêver aux autres, et vice versa.
Se payant d'audace. Romain, qui habitait le village de T..., s'était lancè à l'assaut de la muraille dans l'espoir d'atteindre au moins le village de C... distant de deux kilomètres à vol d'oiseau. Bientôt, incapable d'avancer, il avait du se resoudre à rebrousser chemin non sans avoir eu le temps d'apercevoir, dans les lointains, la silhouette de sabine qui l'appelait. A défaut de message plus concret, ils avaient, en hurlant, échangé leurs prénoms.
S'ils avaient vécu à un autre âge de l'humanité, ils eussent sans doute couru l'un vers l'autre se seraient passionnément embrassés, quitte à rouler sur place dans l'herbe et les fleurs des champs. Un début d'idylle fort banal, en somme, lorsaue le soleil fait tourner les têtes et infléchit les résolutions...Mais, à leur époque, la gangue qui emprisonnait chacune de leurs bourgades, interdisait toutes vellèitè d'approche et, a moins d'une évolution géologique, il était inconcevable que quoi que ce fût pût abattre la barrière qui les séparait.
Creuser une brêche, dégager un couloir entre les deux patelins devint l'idée fixe de romain. Autour de lui, les sages et les scéptiques se contentèrent de hausser les épaules. A quoi bon, puisqu'on avait déja tenté l'impossible!!
En dépit ou en raison de l'apathie de ses voisins, Romain refusa de s'avouer vaincu et décida d'aborder le problème sous l'angle scientifique. Dans le cours de la dernière décennie, les frontières de la connaissance avaient reculé à l'infini et, à l'echelle de l'univers, les progrés de la science avaient abouti a des résultats surprenants; à l'echelle du globe, par contre, ils s'etaient révélés inopérants pour lutter contre la déterioration de l'environnement. L'impuissance de l'homme à se liberer des sous produits de son industrie apparaissait d'autant plus tragique que tout le monde ou a peu prés, possédait un bagage technique.
Dans cet état de paralysie qui annonçait peut être l'extinction de la race, certains philosophes crurent deceler la revanche de la matière sur l'esprit qui avait prétendu l'asservir. Peu importait, d'ailleurs, la valeur de leurs théorie puisque aucune explication ne portait en soi de remède suscéptible de reajuster l'ordre des choses. Plutôt que de se perdre en discussions stériles. Il valait beaucoup mieux trouver un moyen de sortir d'une situation absurde.
Le jour, c'est a cela que romain s'appliquerait. Et la nuit....
La nuit, lorsque le sommeil résout les équations contre lesquelles les mathématiques ont buté, il se voyait réuni avec Sabine à l'issue d'un épouvantable cataclysme qui aurait remis la terre à nu...
Ce même songe régulièrement le visitait. La main dans la main, sabine et lui s'éloignaient dans la campagne vers l'horizon aprés que le sol eut été nettoyé par une énorme boule de feu.
Dans la realité, hélas! le feu du ciel tardait a se manifester.
Las d'attendre et d'esperer en un miracle alors que, de l'autre coté du mur, sabine s'étiolait à dénombrer les jours, les semaines et les mois qui s'étaient écoulés depuis que romain et elles s'étaient interpellés, le garcon décida d'aider la nature....!
Il etait d'une géneration pour qui les lois de la nature n'étaient plus des secrets. Il osa ce que personne n'avait oser avant lui : entamer le processus de désintégration multiple, dont on ne parlait qu'a mots couverts dans les millieux responsables de peur d'exciter la verve d'un bricoleur talentueux. Avant de parvenir à provoquer l'explosion qui déblayerait le passage entre son village et celui de sabine. Romain peina en silence sur plus d'un problème ardu : mais l'amour décupla ses facultés d'invention.
Lorsqu'on se rendit compte de ce qu'il avait combiné et qu'on voulut l'arreter, il était dejé trop tard.
L'étincelle initiale avait jailli...
Dans une débauche de chaleur et de lumière, la grande décharge au complet fût annihilée et également, par suite d'une regrettable erreur de calcul sur les effets de la reaction en chaine, son support : la terre.
Pour les hommes qui marchaient à ce moment-là sur la lune, un autre soleil flamba dans les ténébres.........
PIX/ nouvelle nuit nouveau dessin.......