Narguilé, narjila, du Turc : Nargile (arabe : نرجيلة), arguileh (Syrie, Liban), houka (dans le monde indien, ce qui a donné hookah en anglais), ghelyan ou chicha (en Persan, قلیان, Qeliān, ou "شیشة", Shisha), ou encore chilam (en Afghanistan, qui a donné shilum en anglais), ou encore chichback (en France) sont des synonymes désignant une sorte de grande pipe à eau utilisée principalement au Moyen-Orient pour fumer le tabac.
Le narguilé désigne également le tuyau pneumatique flexible alimentant le scaphandrier en air.
Étymologie
Le terme « narguilé » utilisé dans la plupart des pays européens, dérive du sanscrit narikera, qui est devenu nargil (« noix de coco ») en persan. En effet, les premiers récipients utilisés pour cette variante de pipe à eau auraient été des noix de coco.
« Chicha » viendrait du mot persan chiche (« verre »). En Iran, cette variante de pipe à eau est appelée ghelyan, qui est apparemment dérivé de l'arabe aghla (« faire des bulles, bouillir »).
Description
Homme tenant une pipe à eau, entre 1905 et 1915.
Le narguilé se compose de plusieurs parties : la cheminée, le bol supérieur, le corps (ou réservoir), la pipe immergée et le tuyau. Le narguilé peut également posséder un plateau situé entre la cheminée et le bol supérieur.
Le bol contient le mélange de tabac, de mélasse et d'essences de fruits parfois appelé tabamel et le charbon, qui est posé par dessus. Certains mélanges ne contiennent pas de tabac et sont uniquement composés de mélasse et de pulpe de fruits. Le bol se pose au sommet de la cheminée. Le corps du narguilé est rempli d'eau à moitié de sa hauteur, et de l'eau de rose ou d'autres additifs destinés à donner du goût peuvent être ajoutés. La pipe immergée est ensuite placée dans le réservoir, et reliée à la cheminée et au tuyau. La fumée du tabamel passe par l'eau et est filtrée dans celle-ci avant d'atteindre la bouche du fumeur, qui aspire dans le tuyau prévu à cet effet. L'eau est changée régulièrement pour en retirer les résidus.
Le tabamel utilisé dans les narguilés est spécialement conçu à cet effet : il a l'apparence d'une pâte humide, composé d'environ 30 % de tabac, qui est fermenté avec environ 70 % de mélasse, de miel et de la pulpe de différents fruits, qui sont destinés à donner à la fumée une saveur et un arôme fruité. On trouve des tabamels à tous les goûts: de la pomme à la cerise, de la menthe aux multifruits, et même le capuccino ou le cola. Le tabamel est chauffé dans le fourneau à la température d'environ 450 °C .
Les réservoirs sont de formes diverses (en forme de noix de coco ou autres) et peuvent être ouvragés en métal, en cristal, en verre, en cuivre ou en poterie.. Certains sont rehaussés de dorures ou de parties argentées. Les parties métalliques du narguilé sont le plus souvent finement ciselées. Certains tuyaux sont également décorés. Enfin, le plateau du narguilé est lui aussi richement décoré (avec des perles, comme en Syrie) et ciselé. Les formes des narguilés sont très diverses et les décorations (qui vont de la plus "touristique" à la plus raffinée) reflètent les influences décoratives de la région où ils sont fabriqués. Le mécanisme du narguilé permet d'envisager une utilisation simultanée du même appareil par plusieurs fumeurs, comme cela se voit parfois en dehors des sociétés où son usage est traditionnel et où l'instrument peut être au cœur d'une pratique sociale commune.
Histoire et usages
Origines
Les traces les plus anciennes de narguilé ont été trouvées au sud ou à l'est de l'Afrique. Des bols de narguilé ont ainsi été excavés en 1971 dans la grotte de Lalibela (Éthiopie). Leur datation semble indiquer une utilisation datant des années 1320 (avec une marge d'erreur de 80 ans).
L'émergence à plus grande échelle de l'utilisation du narguilé dans la société semble être simultanée à l'apparition des cafés publics et à l'arrivée du tabac au Moyen-Orient. Les Portugais ayant introduit le tabac en Iran au début du XVIe siècle, c'est au cours de la dynastie des Safavides que son usage s'est fortement développé dans le pays, à tel point que la société persane tout entière l'utilisait à la fin du règne de Shah Abbas Ie.
La ghelyan est encore très populaire en Iran, et on peut la voir dans de nombreuses maisons de thé (chai khaneh), restaurants et autres espaces publics.
Persan fumant un Ghelyan sur une gravure du Chevalier Chardin, 1723.
Les manufactures françaises comme Saint Louis, Baccarat, ou Christofle fabriquaient des narguilés jusqu'en 1914. Ce produit d'apparat était très fréquemment offert comme cadeau diplomatique pour les symboles de convivialité, de raffinement et d'accueil.
Le nombre de fumeurs de narguilé est estimé à 100 millions à travers le monde, principalement répartis en Afrique, en Asie et dans le Moyen-Orient. Le narguilé est devenu populaire en Europe et aux États-Unis depuis le début des années 1980 grâce à des émigrants venant de pays où le narguilé est une pratique ancrée socialement et culturellement.
Santé
Comparaison avec la cigarette
Une séance de narguilé expose généralement les fumeurs à une quantité de fumée plus grande que pour les fumeurs de cigarette : en effet, un fumeur consomme généralement une cigarette en 5 à 7 minutes, inhalant un volume de fumée compris entre 0,5 et 0,6 litre de fumée ; en comparaison, un fumeur de narguilé fume pendant 20 à 70 minutes et inhale entre 50 et 200 bouffées de 0,05 à 0,25 litre chacune. Une séance de narguilé expose donc le fumeur à un volume de fumée correspondant à plus de 100 cigarettes par session.
La concentration plus réduite de nicotine dans la fumée de tabamel peut amener les fumeurs dépendants au tabagisme à inhaler plus de fumée pour soulager leur manque. Ceci les expose à une quantité de produits chimiques cancérogènes et de gaz dangereux (tels le monoxyde de carbone) élevée, d'autant qu'une partie de la nicotine est absorbée par l'eau.
Selon une étude, une séance d'environ 45 minutes délivre 20 fois plus de goudron, 2 fois plus de monoxyde de carbone, et 3 fois plus de nicotine qu'une cigarette. La nature du goudron est toutefois différente en raison d'une température de combustion plus basse. Selon une autre étude « si 30 à 50 bouffées sont prises dans la même soirée par chicha, cela signifie que le consommateur prend autant de fumée qu'avec 40 cigarettes. Des mesures montrent que l'augmentation du monoxyde de carbone expiré à la fin d'une chicha est équivalente à celle observée lors de la consommation de 30 à 40 cigarettes. ».
Autres impacts
La fumée de la combustion du charbon utilisé contient également du monoxyde de carbone, des métaux et des substances cancérigènes.
Le passage du tuyau d'une bouche à l'autre peut également favoriser la transmission de maladies contagieuses, comme l'herpès, la tuberculose ou l'hépatite. L'usage d'un embout individuel à usage unique permet de réduire ces risques.
Histoire de la pipe et du tabac
A quand remonte la première pipe ?
Bien heureux celui qui pourrait répondre à cette question. Nous retrouvons des traces de l'existence de la pipe sur tous les continents. On a retrouvé des fragments de pipe faite en os qui date de plusieurs milliers d'années. Précisons que les pipes n'étaient pas utilisées pour fumer du tabac qui n'a été consommé en Europe qu'à partir de 1560. Ces pipes servaient à fumer des herbes diverses qui pensait-on à l'époque avaient des vertus thérapeutiques. On sait que les Romains avaient l'habitude de s'adonner aux joies du fumage de pipe. Les premières pipes servaient donc à l'usage d'herbes diverses et les consommateurs actuels de cannabis n'ont fait que reprendre cette vieille habitude. La pipe à tabac ou plutôt les pipes à tabac, sont créées au XVIIe siècle, lorsque le tabac qui était jusqu'à présent prisé devient fumé. Voici ce que nous livre le sieur Liger en 1790 dans son ouvrage la nouvelle maison rustique ou économie rurale pratiques et général de tous les biens de campagne (passage repris de l'excellent ouvrage de Constantin Parvulesco « pipes et tabacs » aux éditions herscher). Que tout amateur de pipe et de tabac devrait posséder et que vous pouvez commander ici par le biais de la FNAC.
"Le tabac est une plante si usuelle que tout le monde la connaît et en prend, soit par le nez en poudre ou ra râpé, soit en feuille en les fumant ou les mâchant. la nature n'a jamais rien produit dont l'usage ce soit étendu si universellement et si rapidement, et cette plante est trop à la mode en France surtout à présent, pour qu'on ne nous pardonne pas la petite digression que nous allons faire pour apprendre l'histoire de sa découverte à ceux qui ne la savent pas .le tabac ne doit son mérite où sa vogue qu'aux Européens : ce n' a été qu'une simple production sauvage d'un petit canton de l'Amérique jusque vers l'an 1560, que les Espagnols, et nommément Fernandez de Tolède, s'avisèrent d'en envoyer en Espagne et en Portugal. M. Nicot, ambassadeur de France dans la dernière de ces deux monarchies, fit mettre dans son jardin un essai de cette plante étrangère qu'un gentilhomme garde des chartes de Portugal lui avait donnée, elle y crut et se multiplia. Un page de l'ambassadeur en ayant par hasard appliqué le jus et le marc sur un ulcère malin qu'un de ses parents avait au nez, le tabac opéra si bien, que sous les yeux de l'ambassadeur, qui en fut averti, le noli me tangere (c'est le nom de l'ulcère) guérit parfaitement en dix jours. » (D'autre guérison suivirent celle-ci.) Tous ces essais, suivi de quelques autres, accréditèrent
Cette plante si vite et si bien, qu'on ne parlait plus que de l'herbe de l'ambassadeur. C'est de la qu'elle a pris les trois principaux noms qu'elle a encore, tabac, de Tabasco, nom du pays où on l'a d'abord prise, Nicotiane, du nom de l'ambassadeur qui l'a fait connaître et pétun parce que les naturels de l'Amérique l'appelaient ainsi. Le mérite et la plante du tabac furent bientôt connus de toute l'Europe et à l'envie de l'ambassadeur, le grand prieur, à qui il en avait présenté à son arrivée dans Lisbonne, la reine Catherine de Médicis, à qui il en envoya en France, le cardinal de Sainte-Croix, nonce en Portugal et Nicolas tournabon, légat en France, qui en eurent aussi des premiers, firent appeler le tabac chacun de leur nom, herbe au grand prieur, herbe à la reine, herbe de Sainte-Croix ou de tournabon. Les savants mêmes trouvèrent dogmatiquement que le mot américain pétun qu'il latinisèrent en petum venait d'un mot grec qui signifie étendre parce que les feuilles du tabac s'étendent beaucoup. On nous dit, d'un côté, que c'est le plus riche trésor qui soit venu du pays de l'or, qu'il réunit en soi ce que les autres plantes n'ont que séparé, que la nature en ayant fait un miracle, elle ne devait pas le cacher pendant 6000 ans à la plus belle partie du monde, qu'elle fut injuste de le reléguer si longtemps parmi les sauvages et les barbares, et d'être moins indulgent pour nous que pour eux, et qu'enfin le tabac marque si bien sa puissance, qu'étant réduit en poudre et en fumée, il garde encore tout son prix et sa force. On dit au contraire pour le parti ennemi du tabac que si on le prend par le nez, on se gâte l'odorat et la mémoire, et que pris par la bouche, il dérange le cerveau est noircit le crâne, qu'Amurât 4, empereur des Turcs, le grand-duc de Moscovie et le roi de perse en défendirent l'usage à leurs sujets sous peine de la vie ou du moins d'avoir le nez coupé, qu'un savant roi d'Angleterre (Jacques Stuart) et un des plus fameux médecins du siècle présent (M.Fagon) ont écrit contre l'usage du tabac, que le pape urbain 8 a excommunié tous ceux qui en prennent dans les églises. La chaleur des partis a été jusqu'au produit de disputer à M. Nicot la gloire de l'avoir donné à la France. Pour cela, on a écrit qu'il était originaire d'Europe, et qu'avant la découverte du nouveau monde, on en trouva diverses plantes dans les Ardennes. Pour le rendre au contraire à l'Amérique, on a osé écrire que les vents en avaient pu apporter la semence d'Amérique en Europe, et justement dans les Ardennes. Mais ce qu'il y a de plus certain, c'est que cette plante a toujours été appelée et le saura apparemment toujours du nom de tabac, qui a été emprunté de celui de Tabasco, l'une des provinces du royaume de Jucaran en Amérique, où les Espagnols en trouvèrent pour la première fois. Comme elle est en vogue plus que jamais, nous parlerons de sa figure avant que d'enseigner sa culture, pour l'instruction de ceux qui ne la connaissent dans leur tabatière ou en cigare."
Le tabac : un médicament ?
Comme nous le disions précédemment, le tabac était perçu comme une plante médicinale et de ce fait, étaient vendus par les apothicaires (nos pharmaciens actuels). On peut d'ailleurs noter à ce sujet que la carotte rouge qui est l'enseigne des débits de tabac était auparavant l'enseigne des apothicaires. Peu à peu et dès 1674, la production de tabac va être contrôlée est réglementée par ce qui deviendra plus tard la Seita.
Le tabac était utilisé en médication de différentes manières. Il pouvait être fumé, prisé, chiqué ou utilisé en cataplasme. Il se trouve souvent sous forme de poudre.
Encore de nos jours le tabac n'a pas fini de nous livrer ses secrets :
" De l'hémoglobine humaine produite à partir de tabac transgénique. Des biologistes français ont déposé une demande de brevet.
Une équipe de biologistes français annonce avoir réussi à faire produire de l'hémoglobine humaine par des plants de tabac génétiquement modifiés. Cette réussite ouvre la voie à la production de substituts aux produits médicaux actuellement utilisés par la transfusion sanguine. Les chercheurs estiment toutefois que plusieurs années seront nécessaires avant que ce résultat trouve une application médicale." (Le monde 7 mars 1997)
Dernièrement l'agence Reuters nous parlait de l'effet de patch à la nicotine sur la maladie de parkinson, etc.…
On ne cesse de légiférer contre le tabac, sans se poser la question de l'usage qui en est fait. C'est aussi stupide que de vouloir légiférer contre l'alcool. Ce qui me semble important c'est de sensibiliser les gens sur les risques encourus. Car comme tout produit (alcool par exemple), une utilisation raisonnée ne pose en général aucun problème de santé. C'est à l'image du fumeur que l'on essaye de se battre, comme le font les états unis ou il ne sera peut être plus possible de fumer même chez soi si cela continue.
Image du fumeur de pipe
Comme nous l'avons déjà dit, le fumage de pipe n'était pas associé à ses débuts au tabac. La pipe servait à se défaire de problèmes organiques ou supposés tels. L'usage chamanique de la pipe dans certaines peuplades a renforcé cette idée du rite initiatique, du passage d'un état d'enfant à celui d'Homme.
A la restauration, le romantisme et la pipe firent bon ménage. On fumait la pipe en refaisant le monde. Priser le tabac était désuet, fumer le cigare réservé à une certaine caste, la pipe devint donc l'objet du travailleur. Artisans, ouvriers fumaient la pipe. Les intellectuels de l'époque, qui aimait se rapprocher des travailleurs se mirent alors naturellement à fumer également la pipe.
Le haut gratin de la France ne tarda bientôt pas à s'emparer également de la pipe, avec l'arrivée au XIX eme siècle des pipes en écume de mer que certains fumaient avec des gants en coton blanc. (Précisons tout de même que l'usage des gants permet d'éviter une coloration de ces pipes).
Au XX ème siècle, la pipe entre dans l'armée, et on ne peut s'empêcher de penser au brûle gueule du poilu ou à la pipe raffiné de l'officier britannique avec sa Dunhill. Les pipes du style dunhill deviennent par la suite un symbole de sportivité.
Le fumeur de pipe jouit a ce moment la de l'image du séducteur.
Par la suite, il sera l'image du penseur, de celui qui réfléchit et de l'écrivain. On pense alors à des gens comme Simenon, Brassens, etc.…
Depuis la fin des années 90, le tabac souffre des campagnes successives de lutte contre le tabagisme. La pipe ne jouit alors plus de son prestige et l'image du fumeur de pipe se voit à tort confondue avec celle du tabagique à la cigarette. La confrérie des maîtres pipiers de Saint Claude lance alors sa campagne avec le concours du dessinateur J.FAIZANT
A ce jour, le fumeur de pipe n'est pas reconnu pour ce qu'il est. Espérons que des sites tels que celui la permettront aux personnes d'avoir envie de découvrir les différents tabacs à pipe et les différents modèles de pipe et de devenir eux aussi des tabacologues érudits sur la question.
La pipe est un objet servant principalement à fumer le tabac mais aussi d'autres substances comme le cannabis, l'opium, le crack...
Les parties de la pipe : (1) tête ou bol, (2) foyer ou fourneau, (3) trou de tirage, (4) tige, (5) mortaise, (6) floc ou tenon, (7) tuyau, (8) bec, (9) lèvre, et (10) lentille ou bouton.
Elle est en général composée de deux parties principales: le fourneau (qui contient le tabac) et le tuyau (qui sert à aspirer). La pipe est un objet pouvant avoir des formes très basiques comme très évoluées voire artistiques, et peut être fabriquée de façon industrielle ou de façon artisanale.
Les pipes peuvent être réalisées dans différents matériaux. La plupart des pipes de nos jours sont faites en bruyère. Par le passé, les pipes en terre (argile) étaient les plus utilisées. Il en existe aussi en écume de mer, en porcelaine, en épi de maïs, en érable, en cerisier, en olivier, en chêne, en calebasse ou encore en bambou. Il existe également des pipes en pierre, en verre et en métal (notamment pour la consommation de cannabis).
Les tuyaux de pipe peuvent eux aussi être réalisés dans différents matériaux. Traditionnellement, la corne et l'ambre étaient utilisées. Aujourd'hui dominent différentes matières, notamment plastiques : ébonite (et son dérivé le cumberland), bakélite, acrylique, ultem, tuskanite... Les tuyaux de pipe peuvent aussi être faits de bois ou de bambou.
Matériaux et fabrication
La matière dans laquelle est faite la pipe a une grande influence sur la méthode de fumage et sur le goût de la fumée qui en résulte.
Bruyère
Pipe de bruyère sablée
La variété de bruyère Erica arborea est utilisée pour la fabrication des pipes depuis le milieu du XIXe siècle. Elle pousse dans le bassin méditerranéen.
En France, les grands centres de production de pipes en bruyère sont Saint-Claude et Cogolin.
La plupart des pipes vendues aujourd'hui, qu'elles soient artisanales ou industrielles, sont faites en bruyère, ou plus exactement dans le broussin du rhizome de cette plante, qui constitue un matériau présentant de nombreuses qualités.
Premièrement, il résiste très bien au feu et à la chaleur.
Deuxièmement, il possède une grande capacité d'absorption. Dans la nature, le broussin absorbe de grandes quantités d'eau qui alimentent la plante durant les périodes sèches. De la même manière, il peut absorber le liquide résultant de la combustion du tabac pendant le fumage.
Troisièmement, c'est un bois agréable à travailler, qui permet la réalisation de diverses formes de pipes. Pour la fabrication de la pipe en bruyère, le métier de maître-pipier est à rapprocher de celui de tourneur sur bois ou de sabotier.
Une fois la pipe fabriquée, elle peut subir différentes finitions destinées à embellir son aspect extérieur, comme le sablage (on projette dessus du sable qui crée un relief très esthétique) et le vernissage.
Lors de leur récolte, les broussins de bruyère sont taillés de deux façons : en ébauchons et en plateaux. L'ébauchon est issu du coeur du broussin de bruyère, tandis que le plateau est issu de sa partie extérieure. Ces parties peuvent toutes deux produire de très belles pipes, bien que les grands maîtres pipiers préfèrent le plateau, réputé pour son grain très fin.
Argile
Pipe en terre irlandaise
Du XVIIe siècle au XIXe siècle, l'immense majorité des pipes fumées en Occident étaient faites d'argile. En français elles sont appelées pipes en terre.
Elles doivent être fabriquées avec une argile de haute qualité, fine et claire que l'on appelle ball clay. Une argile de mauvaise qualité fera une pipe poreuse qui donnera un goût désagréable au tabac.
L'argile est d'abord roulée à la main. On place dans le rouleau ainsi obtenu une tige métallique (pour faire le futur passage de l'air dans le tuyau). Puis la pièce est placée dans un moule en métal et passée sous une presse servant à former la tête de la pipe. Celle-ci est ensuite signée par l'artisan, puis on retire la tige métallique précautionneusement avant de cuire la pipe dans un four entre 900°C et 1100°C. La pipe cuite est mise à refroidir et l'artisan lui enlève ses défauts (coulures d'argile, grains...) en la grattant et en la limant à l'aide d'outils spécifiques. Il peut aussi aléser le fourneau. La pipe peut ensuite être émaillée. Le métier de fabricant de pipes en terre est très proche de celui de potier.
Les grands centres de production des pipes en terre étaient la Hollande (notamment la ville de Gouda) et la Belgique. En France, elles étaient principalement fabriquées à Dunkerque, Givet, Charleville, Saint-Malo, Rouen, Onnaing et Saint-Omer. En Irlande on fabriquait des pipes en terre appelées dùidin.
Si l'argile a l'avantage de ne pas craindre la forte chaleur, elle a le désavantage de chauffer rapidement, ce qui rend les pipes en terre délicates à utiliser. Celui qui fume un peu trop vite se brûle facilement les doigts en tenant sa pipe. De plus, les pipes en terre sont fragiles et n'acceptent aucun choc, ce qui nécessite de les transporter dans des étuis protecteurs.
Les pipes en terre sont encore utilisées par quelques aficionados, minoritaires dans le monde des fumeurs de pipe, mais qui affirment qu'elle est de toutes les pipes celle qui délivre la fumée la plus pure, restituant parfaitement l'arôme naturel du tabac. Elles ont aussi l'avantage d'être bon marché.
Des pipes en terre sont encore fabriquées aujourd'hui, et sont souvent utilisées par les figurants et comédiens de reconstitutions historiques.
Écume de mer
Pipe d'écume sculptée
L'écume de mer ou Meerschaum est une matière minérale extraite en Asie mineure, principalement dans les plaines d'Eskişehir en Turquie, entre Istanbul et Ankara.
C'est un matériau facilement sculptable qui rappelle l'os de seiche. Le produit extrait est gratté pour être débarrassé de sa matrice, il est ensuite séché puis encore gratté et enfin poli à la cire. Les pièces grossières ainsi obtenues sont ensuite tournées et sculptées.
Avant le succès de la pipe en bruyère au XIXe siècle, les pipes en écume de mer étaient, avec les pipes en terre, les plus répandues.
Les pipes en écume de mer étaient sculptées de façon très artistique, représentant souvent des visages. Elles sont aujourd'hui prisées des collectionneurs qui jugent leur qualité en fonction de leur coloration. En effet, une pipe d'écume correctement fumée (pas trop chauffée) prend au fil du temps une teinte marron doré qui l'embellit. Si cette teinte n'apparaît pas sur une pipe d'écume ancienne, c'est qu'elle n'a jamais été fumée (fait rare) ou que c'est une fausse pipe d'écume (reproduction récente ou pipe faite d'un matériau autre).
Porcelaine
Têtes de pipes en porcelaine
La pipe en porcelaine est une "sous-espèce" des pipes en terre.
C'est une pipe qui chauffe facilement et qui n'est pas réputée pour restituer le meilleur du tabac que l'on y fume. Mais elle fut pourtant la pipe favorite de nombreux fumeurs du milieu du XIXe siècle, notamment dans les milieux aisés. Car la porcelaine est un matériau noble. Et les pipes en porcelaine, comme les assiettes et plats faits dans cette matière, étaient richement décorées et peintes.
La pipe en porcelaine, tombée en désuétude aujourd'hui, est cependant très recherchée des collectionneurs.
Calebasse
Pipe calabash
Les pipes calebasses (ou calabash) étaient à l'origine fabriquées dans une gourde, plante d'origine africaine.
Le foyer est généralement "doublé" d'écume de mer ou de porcelaine.
La réalisation des pipes dans ce matériau est longue et complexe, ce qui les rend très coûteuses. C'est pourquoi elles sont souvent fabriquées dans d'autres matériaux comme l'acajou tout en gardant la forme originale de la pipe calebasse, allongée et courbe.
Sherlock Holmes fut très souvent représenté par les illustrateurs avec une pipe calebasse, bien que son créateur Arthur Conan Doyle l'ait plutôt décrit fumant des pipes droites en bois ou en terre.
Épi de maïs
Pipe de maïs
Les pipes de maïs sont les moins chères des pipes, car elles sont fabriquées dans un matériau abondant et bon marché : l'épi de maïs.
Ce sont avant tout des pipes américaines qui sont très peu répandues en Europe. Le plus grand centre de production est Washington, petite ville du Missouri, au cœur des États-Unis.
L'épi de maïs est d'abord séché durant au moins deux ans. Il est ensuite assez solide pour qu'on le creuse afin de fabriquer la tête de pipe. Puis on y fixe une tige en pin.
Les Européens, peu habitués à cette pipe, la trouvent généralement inesthétique. Elle présente cependant plusieurs avantages. D'abord, elle est très bon marché. Deuxièmement, elle est très légère. Enfin, elle est réputée pour donner une fumée fraîche et pure. Elle est idéale pour les fumeurs débutants et pour les tests de tabacs.
La pipe de maïs absorbe facilement le liquide de combustion mais sèche difficilement. C'est donc une pipe que l'on fume quelques dizaines de fois seulement. C'est en quelque sorte une pipe jetable. Mais son très bas coût fait qu'on la remplace sans difficulté. C'est cet aspect purement fonctionnel de la pipe de maïs qui fait qu'elle ne connait pas un grand succès en Europe, où les fumeurs sont très attachés à la pipe objet, la pipe qui les accompagnera durant des années, la pipe esthétique, la pipe unique.
La pipe de maïs fut la pipe préférée de quelques Américains célèbres, comme le Général Douglas MacArthur, l'écrivain Mark Twain ou encore le politicien néo-nazi George Lincoln Rockwell. La pipe est également en acier
Matières synthétiques
Pipe en matière synthétique de chez Venturi
Quelques fabricants de pipes, surtout américains, produisirent au XXe siècle des pipes entièrement constituées de matières synthétiques. Ce fut le cas de la Redmanol Corporation qui dès les années 1920 fabriqua des pipes en matières plastiques, puis plus tard de la marque Tar Gard (devenue Venturi) basée à San Fransisco qui, de 1965 à 1975, tenta sans succès d'inonder le marché américain de pipes faites de grafite pyrolysé, de résine phénolique, de nylon et de bakélite.
L'utilisation de ces matières synthétiques permit la création de pipes de toutes les couleurs.
Tentant d'imiter la bruyère tout en offrant des produits très bon marché, quelques marques fabriquent encore aujourd'hui des pipes en matières synthétiques, notamment en brylon, un mélange de nylon et de poussière de bruyère. Mais ces pipes, par leur manque de naturel et leurs piètres qualités "gustatives" lors du fumage, restent très marginales et peu appréciées des fumeurs avertis.
Métal
Les pipes à tabac en métal sont assez peu répandues.
Généralement, la tige est faite d'aluminium et ne forme qu'une seule pièce avec le talon (partie basse de la tête). Le bol, lui, peut être fait de divers métaux, bois et matières synthétiques.
Plusieurs marques, notamment Falcon, commercialisent des pipes en métal dont la tête est dévissable, ce qui permet d'adapter différents bols (tailles et couleurs variées) à une même tige.
La pipe en métal présente peu de qualités gustatives et chauffe beaucoup lors du fumage (il est vite impossible de la tenir par la tête). Elle peut néanmoins, par le système de têtes amovibles, servir à la dégustation de différents tabacs lors d'un salon spécialisé ou d'une réunion de fumeurs.
Certains peuples africains, asiatiques et sud-américains fument depuis toujours dans des pipes en métal, mais elles sont en général fabriquées dans des métaux nobles comme l'argent.
Tabacs à pipe
Les tabacs à pipe sont généralement de complexes mélanges de différentes espèces de tabac, parfois saucés (trempés dans un liquide parfumé) ou aromatisés. Ces mélanges sont majoritairement constitués de tabacs blonds de type Burley et Virginia auxquels sont souvent ajoutés des tabacs plus forts ou épicés comme le Perique (de Louisiane), le Latakia (tabac oriental) ou encore différents tabacs africains, sud-américains et asiatiques.
Fumage de la pipe
Accessoires du fumeur de pipe
Tasse-braise
Grattoir, cure-pipe et tasse-braise en un seul outil
Le tasse-braise ou bourre-pipe est l'accessoire indispensable du fumeur de pipe. Il sert à tasser les braises après l'allumage et si nécessaire au long du fumage pour assurer une bonne combustion du tabac. Il peut prendre dfférentes formes et se rapproche parfois de l'objet d'art. À l'inverse, un simple bout de bois peut servir de tasse-braises, c'est d'ailleurs ce qu'utilisaient beaucoup de paysans dans le temps. Le tasse-braise est souvent associé, au sein d'un outil aujourd'hui très répandu, au cure-pipe (servant à nettoyer la tige) et grattoir (servant à gratter l'excès de carbone dans le fourneau).
Le nettoie-pipe, également appelé chenillette, est indispensable à l'entretien de la tige et du tuyau de la pipe. Idéalement, il doit être passé dans la pipe entre chaque utilisation, pour la nettoyer du liquide et de la suie engendrés par la combustion du tabac.
Principales formes de pipes
Autres pipes
Calumet
En Amérique du Nord, les Amérindiens utilisent une pipe appelée calumet ; le fait de fumer un calumet a une signification religieuse très importante pour eux. Il y a différentes significations dont le fait de réunir le fourneau (principe femelle) et le tuyau (principe mâle). La fumée du tabac sacré emportant les prières vers un principe supérieur (pour les Sioux). Le calumet de la paix n'est pas seulement une référence de western : historiquement, ce concept existe.
Chibouque
La chibouque (du turc çıbuk, Çubuk), également orthographiée chibouk, est une pipe turque à long tuyau de bois se terminant par un bol d'argile et souvent orné de pierres précieuses. La longueur de la tige est généralement comprise entre 1,2 et 1,5 m.
Kiseru
Le Kiseru est une pipe traditionnelle japonaise.
Pipe à lycopode
Pipe utilisée en franc-maçonnerie ou en magie d'illusionnisme (prestidigitation), de manière traditionnelle avec du lycopode (en poudre), une plante dont la combustion produit une flamme très vive, pour créer un effet de scène, par exemple dans un rituel maçonnique.
Les pipes à stupéfiant
Il existe de nombreux modèles de pipes à stupéfiant. Rappelons qu'à la base, les premières pipes servaient à fumer des herbes pour leurs vertus médicinales. Nous allons ici voir quelques modèles de pipes qui servent à des stupéfiants.
Les pipes à eau ou bang :
Les pipes à eau permettent de fumer et de refroidir la fumée. Elles sont utilisées pour l'usage du cannabis par des personnes déjà bien dépendante du produit, puisque le but de telles pipes est de se "défoncer" ou comme le dit bien l'expression du toxicomane "se dépouiller".
Voici un modèle classique en bambou.
Voici un modèle plus reggae qui permet de montrer le système et qui permet également aux spectateurs de visualiser la fumée :
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On rempli d'eau jusqu'au niveau rouge environ et on aspire par le haut.
Pour ce genre de pipes il y a tous les formats de douilles (le foyer):
Voici un modèle asiatique du genre:
Et voici un modèle du Maghreb ou pie a shisha ( un ancêtre du narguilé) :
Pour fumer du cannabis, certains ont recours à des pipes à eau en métal :
Bien évidemment le goût n'a ici aucun intérêt pour l'utilisateur qui ne recherche que le maximum de défonce possible.
Les pipes à cannabis :
Il y a des pipes en verre :
pour lesquelles on peut utiliser des grilles en metal pour retenir le cannabis :
Ou encore cette minuscule pipe en bois :
Plus classique, on a également des shilums :
des pipes en métal démontable :
Des pipes tres sculptées :
ou encore:
Les pipes à opium :
Le modèle du lotus d'or de tintin :
ou encore ce modèle en ivoire :