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sammael world
15 mai 2013

la longue histoire du cannabis....

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  • L’Europe
En Europe, son usage en tant que psychotrope est resté méconnu jusqu'au dix septième siècle sauf par Paracelse et Rabelais (qui décrivit au seizième siècle le « pantagruélion » dont les caractéristiques suggèrent qu’il s’agit du chanvre) alors que ses fibres étaient d'une importance stratégique (cordages). 
La connaissance de ses effets se répandit en Europe, en France, après la campagne napoléonienne d’Égypte, pays où il était largement consommé sous forme de haschich, et, en Angleterre, après la conquête des Indes. Un décret de Bonaparte du 8 octobre 1800 tenta de prohiber son commerce et son utilisation en Égypte mais il suscita néanmoins l’intérêt de scientifiques ayant accompagné Bonaparte dans ce pays comme Sylvestre de Sacy, Aubert Roche et Jacques Moreau de Tours. Ce dernier, psychiatre, l’étudia scientifiquement, le testa pour traiter ses malades et publia Du Haschich et de l’Aliénation Mentale, ouvrage qui devait avoir un grand retentissement. Il fit connaître le haschich à Théophile Gauthier et à d’autres écrivains et artistes comme Charles Baudelaire, Alexandre Dumas, Gérard de Nerval, Delacroix etc. De leurs soirées naquit le club des haschichins réunissant à l’hôtel Pimodan l’intelligentsia de l’époque. Ils y expérimentèrent les effets du haschich sous forme de dawamesk. Les écrits de T. Gauthier comme le Club des Haschichins ou de C. Baudelaire comme Les Paradis artificiels populariseront ces expériences. 
Le chanvre et ses dérivés, comme les autres drogues traditionnelles (opium, coca), seront interdits en France par la première loi de prohibition concernant les psychotropes, votée le 12 juillet 1916 qui n’empêchera pourtant pas la régie française des tabacs de vendre officiellement un mélange de kif  et de tabac en Afrique du nord et la France de produire du chandou en Indochine à travers une Régie de l'opium jusque dans les années 50. 
En Grande-Bretagne, vers 1840, O’Shaugnessy, un médecin irlandais ayant travaillé aux Indes comme médecin de la Compagnie des Indes orientales, étudia expérimentalement les propriétés du chanvre et introduisit son usage en médecine. On en fit dès lors des médicaments contre les douleurs, l’asthme, les migraines etc. Ces médicaments se répandirent rapidement aussi aux États-Unis.
Le gouvernement britannique, confronté à une consommation importante de chanvre en Inde, prit l’initiative de mettre en place une commission chargée d’une étude exhaustive sur cette plante (Indian Hemp Drugs Commission). La commission rendit en 1894 un rapport de 7 500 pages comportant sept volumes, probablement l’étude la plus approfondie qui ait jamais été faite sur la question. 
   
Le rapport concluait à l’absence de nocivité du chanvre. En 1916 pourtant, comme la France, la Grande-Bretagne adoptera une législation prohibitionniste s’étendant à toutes les drogues. 
Aujourd'hui, divers groupes de pression luttent pour la libéralisation de l'usage du chanvre sous une forme ou sous une autre. Certains groupes militent pour la légalisation de l'utilisation médicale (Cannabis buyer's club aux USA), d'autres pour une dépénalisation voire une légalisation (Mouvement pour la Libéralisation Contrôlée, Collectif d'Information et de Recherche Cannabique en France). Dans la plupart des pays européens il existe aujourd'hui une dépénalisation de fait ou de droit du simple usage mais le chanvre reste inscrit sur la liste internationale des stupéfiants sans utilisation médicale. En France, où le simple usage est un délit, des circulaires aux procureurs préconisent cependant de ne pas poursuivre les simples usagers.
 
  • L’Amérique

En Amérique, si le chanvre était cultivé pour ses fibres dès le dix neuvième siècle, l’habitude de le fumer a probablement été importée d’Afrique au Brésil par les esclaves. Le chanvre est en effet présent depuis longtemps en Afrique où Livingstone l’avait rencontré sous une forme sauvage au Congo lors de ses explorations. Du Brésil, il gagna ensuite le Mexique puis les États-Unis. Les travailleurs mexicains qui, au début du siècle, traversaient la frontière vers les USA l’introduisirent au Texas. Dès 1937, le chanvre appelé par son nom mexicain marijuana, fut interdit aux États-Unis par le Marijuana Tax Act après d'hystériques campagnes de presse. Autorisée de nouveau pendant la guerre pour fournir des fibres, sa culture sera de nouveau interdite après guerre. 
Aujourd'hui, l'Amérique du Nord est un des principaux producteurs clandestins de cannabis avec notamment de vastes surfaces cultivées aux USA et la mise au point au Canada de variétés hybrides sélectionnées particulièrement riches en THC souvent cultivées en intérieur.

 

  • La plante
Le chanvre est une grande plante herbacée annuelle qui mesure de un à trois mètres de haut. Elle est dioïque, c’est à dire que les fleurs mâles et femelles se trouvent sur des plants différents. Le chanvre appartient à la famille des Cannabacées (Cannabinacées) qui outre le genre Cannabis ne comporte que le houblon (genre Humulus). La plante présente des tiges dressées et des feuilles alternes, palmées, comportant de 3 à 9 folioles dentés. Les fleurs sont petites, de couleur verte. Les fleurs mâles forment des bouquets ramifiés alors que les fleurs femelles forment des épis. Les fruits secs, des akènes comportant une seule graine, sont enrobés dans une bractée florale persistante. C’est une plante résineuse, la résine étant sécrétée par des poils glandulaires particulièrement nombreux au niveau des sommités fleuries. 
Bien que les avis divergent chez certains spécialistes sur l’existence d’une ou plusieurs espèces de Cannabis, la majorité des botanistes considèrent qu’il n’existe qu’une seule espèce de Cannabis, le C. sativa, dont les différentes formes (C. sativa sativa, C. sativa indica, C. sativa ruderalis) constituent des écotypes ou des variétés. Il s’agirait en effet d’une espèce peu stable sur le plan génétique et fortement influencée par les conditions écologiques malgré la sélection effectuée par l’homme depuis des milliers d’années. 
Le nom de genre du chanvre, Cannabis, est employé aussi couramment pour caractériser les différentes formes sous lesquelles est consommée la plante ou ses dérivés.
   

La teneur en résine sécrétée par les poils spécialisés situés au niveau des sommités florales est très variable selon l'origine géographique de la plante et les pratiques culturales. Aussi, la teneur en THC de la plante varie-t-elle de 1 à 10 %.  Chaque poil sécréteur se termine par une tête globuleuse où s'accumule la résine et qui se détache aisément de son support.
C’est également une plante fibreuse. Ce sont ces deux dernières propriétés qui sont à l’origine de sa culture : la résine possède des propriétés psychotropes connues depuis la nuit des temps et le chanvre a été longtemps cultivé en Europe et en Asie pour ses longues fibres utilisées dans la fabrication de cordages. 
C’est une plante cosmopolite, mais les conditions de milieu ont une grande influence sur son développement et sa croissance : dans les régions chaudes, elle produit beaucoup de résine et peu de fibres alors que dans les régions tempérées, elle produit beaucoup de fibres et peu de résine. Ceci conduit à distinguer la variété textile de la variété « indienne ». La culture du chanvre, interdite par les conventions internationales, est désormais autorisée en Europe à la condition d’utiliser des variétés textiles contenant moins de 0,3 % de tétrahydrocannabinol (ou THC), le principe actif responsable des propriétés psychotropes. Les semences, qui ne contiennent aucun principe actif, sont utilisées aussi pour préparer de la farine ou pour en extraire une huile riche en acides gras insaturés.
   
  • Des formes diverses : Marijuana, haschich, huile
On connaît plus de 350 noms pour le chanvre dans le monde (dagga, ganja, kif,  marijuana, takrouri, yamba…)  sans compter le vocabulaire récent inventé par les utilisateurs contemporains. Dans le passé, diverses préparations traditionnelles contenant du cannabis étaient destinées à être mangées comme le bhang (boisson préparée à partir de la plante consommée dans le sous continent indien) et le dawamesk (pâtisserie à base de haschich consommée en Turquie et au Moyen-Orient), rendu célèbre au dix-neuvième siècle par les membres du club des haschichins qui consommaient le haschich sous cette forme principalement. Mais le plus souvent le cannabis était fumé  et c'est de cette façon qu'il est majoritairement consommé aujourd'hui encore selon des méthodes qui varient avec les cultures.

Sibsi (pipe à kif, Maroc)

Pour exploiter leurs propriétés psychotropes, les sommités fleuries des plants de chanvre sont préparées traditionnellement de deux façons différentes selon les régions. 
Les plantes, plus particulièrement les sommités fleuries, récoltées directement et séchées donnent la marijuana qui est connue sous des noms variés selon les pays et dont la présentation et le mode de consommation dépendent des coutumes locales. 

On peut également récolter la résine sécrétée par les poils glandulaires pour préparer le haschich. 

Plus récemment a été mise au point une technique utilisant des solvants qui permet d’isoler une huile de cannabis dont le contenu en principes actifs est beaucoup plus élevé. 


  • Haschich
Il existe deux méthodes traditionnelles de préparation artisanale du hachisch tandis que le hachisch destiné à l’exportation est préparé industriellement.
Au Proche et au Moyen-Orient, les plants de chanvre récoltés au moment de leur floraison sont battus sur un drap tendu sur un récipient large. Les poils sécréteurs microscopiques qui se détachent des sommités fleuries passent à travers le tamis constitué par le drap et constituent une poudre improprement appelée pollen puisque le véritable pollen des fleurs est constitué par les éléments mâles responsables de la fécondation chez les plantes à fleur. Selon la force appliquée pour battre les plants, la poudre obtenue est de qualité variable. Lorsque les plants sont simplement frottés sur le drap, on obtient une poudre constituée presque exclusivement des poils sécréteurs. C’est la meilleure qualité de haschich dont la teneur en THC, le principe actif du cannabis, dépasse couramment 20 %.
Si les plants sont battus plus violemment, on recueille davantage de poudre mais elle contient une proportion moindre de poils sécréteurs et est donc moins riche en principe actif. 
Enfin, si les plants sont battus à l’aide d’une baguette, divers débris s’y ajoutent encore ce qui aboutit à une poudre encore moins riche. En général, dans les zones de production, un premier passage est réalisé en secouant simplement les sommités fleuries sur la toile. La poudre obtenue en quantité faible par rapport au poids de plantes utilisé (on récupère alors environ 1 % du poids initial des plantes) est réservée à la consommation locale. Le hachisch destiné à l’exportation est fait avec une poudre résultant d’un battage intensif des plantes entières, voire broyées, beaucoup plus rentable en terme de poids. C’est la raison pour laquelle la plupart des hachisch disponibles sur le marché clandestin en Europe sont de basse qualité. 
En Inde et au Népal, la méthode de récolte traditionnelle est différente. Les sommités fleuries sont frottées entre les paumes des mains et la résine se dépose sur la peau. En frottant les mains l’une contre l’autre, la résine forme de petites boules qui sont ensuite agglomérées entre elles. 
La poudre obtenue par tamisage n'est pas destinée à être consommée directement. Elle nécessite une préparation, le pressage. Lorsqu’il s’agit de préparation artisanale, le pressage est le plus souvent réalisé à la main. Une dizaine de grammes de poudre sont réunis dans le creux de la main, quelques gouttes d’eau y sont ajoutés, puis l’ensemble est longuement malaxé et chauffé de temps à autre. La poudre constitue alors une masse brune, plastique qui s'agglomère et devient de plus en plus homogène.
Divers types de pipes sont utilisées traditionnellement pour fumer le haschich mélangé ou non à du tabac (voir aussi ci-contre).


Pipes (Iran et Birmanie)

Dans la production industrielle, le pressage est réalisé avec des presses mécaniques. La poudre est enfermée dans des sacs de cellophane ou de tissu comme au Maroc ou au Pakistan et les sacs sont empilés sous une presse. Les plaques obtenues dont la masse va de deux cents grammes à un demi kilo reçoivent souvent une marque de fabrique imprimée en creux, directement sur la résine. En France, ces plaques ont reçu le nom de savonnettes. Bien souvent, la concentration en poils sécréteurs étant insuffisante, il est ajouté à la poudre diverses substances comme des corps gras permettant de lui donner un liant suffisant pour permettre le pressage.

   
  • Composition
On a identifié dans la résine de chanvre 426 composés chimiques différents dont une soixantaine de substances liposolubles dérivées du terpène, les cannabinoïdes. Contrairement aux substances psychotropes extraites des autres plantes, il ne s’agit pas d’alcaloïdes car les cannabinoïdes ne sont pas alcalins et ne contiennent pas d’azote. Il s’agit d’une famille particulière de composés chimiques à laquelle appartiennent aussi de nombreuses substances non psychotropes produites par diverses essences végétales.  Parmi les cannabinoïdes du chanvre, deux seulement sont psychoactifs, le delta 9- tétrahydrocannabinol ou THC, présent dans toutes les variétés, et la tétrahydrocanabivérine présente semble-t-il seulement dans quelques variétés. Le chanvre sauvage contient de 1 à 7 % de THC, mais les cultivateurs hollandais et californiens produisent couramment des variétés obtenues par hybridation et sélection qui en contiennent jusqu'à plus de 10 % (skunk, sinsemilla). Le haschich contient de 5 à 40 % de THC.

complement d'informations........

 

Origine et centre de domestication

L'histoire de la diffusion de Cannabis sativa, aussi appelé chanvre indien, se confond avec celle des migrations humaines, tellement qu'on l'a surnommé "suiveur d'hommes". La plante aurait pour origine les steppes du Turkestan, une zone qui correspond de nos jours aux républiques d'Asie centrale de l'ex-URSS et au nord-ouest de la Chine Diffusion du cannabis avant l'ère chrétienne). À ces endroits, on a retrouvés des fragments de tissus faits de fibres de cannabis datant du Ive millénaire avant notre ère. Aujourd'hui, l'herbe pousse encore de façon sauvage dans la vallée de la Tchou, aux Kasakhstan et Kirghizistan et elle couvre environ 150 000 hectares.



De l'Asie à l'Europe, puis à l'Égypte

À la fin du IIIe millénaire avant J.-C., les peuples nomades des steppes d'Europe et d'Asie centrale commencent à voyager et à se disperser. Le cannabis arrive dans le nord de l'Inde avec les Aryens, partis de l'est de la mer Caspienne. Là, il devient un psychotrope noble.Un des quatre livres saints des indo-Aryens, l'Atharvaveda, vante les pouvoirs euphorisants du chanvre, qui est un autre nom pour le cannabis. Vers l'ouest, il est plus difficile de retracer les étapes de la diffusion de C. sativa. En plusieurs endroits de l'Europe centrale, des objets de poterie décorée datant du début du IIIe millénaire ont été trouvés. Les archéologues croient qu'il s'agit de contenants destinés à brûler du cannabis. Dans un lieu funéraire de Roumanie, à la fin du IIIe millénaire, on a retrouvé un bol ressemblant à un fourneau de pipe qui contenait des graines. Toujours à cette même époque ( fin du IIIe millénaire ) apparaît un nouveau style de décoration des poteries: le "cordé", obtenu par l'application de cordons de chanvre sur la terre encore humide. Le peuple cordé, gueriers et pasteurs nomades, va dominer l'Europe centrale et orientale au moment de la transition entre le néolithique et l'âge du bronze. Il étend alors son influence de la Russie centrale à l'est de la France, de la Scandinavie à la Suisse.

De plus, dès le IIIe millénaire, des routes commerciales relient les premières civilisations: le Nil à l'Asie centrale, le Croissant fertile (actuels Irak et Syrie ) à l'Indus ( grand fleuve d'Asie ). C'est grâce aux échanges entre les peuples que la connaissance du cannabis est transmise jusqu'à l'Égypte, grande puissance du temps. Un papyrus écrit sous le règne d'Aménophis 1er ( XVIe siècle av. J.-C. ), parle du cannabis comme faisant partie des plantes sacrées des pharaons. Il servait alors dans la composition d'un encens et de philtres magiques.


Le passage à l'ère chrétienne: ancrage du cannabis au Moyen-Orient

Les invasions indo-européennes ( Hittites, Indo-Iraniens ) qui viennent du nord de l'Iran, achèvent d'ancrer le chanvre dans les civilisations du Moyen- Au IXe siècle av. J.-C., il est utilisé comme encens en Assyrie. Des fouilles archéologiques faites en Turquie, près d'Ankara et donc au cœur de l'empire hittite, prouvent l'utilisation de fibres de chanvre enn 800 av. J.-C..

Plus au nord, on retrouve les Scythes qui sont des guerriers iraniens provenant de la mer d'Aral. Ils cultivent le cannabis au bord de la Volga vers 1000 av. J.-C.. L'herbe se propage avec eux vers l'Europe jusqu'aux Balkans, à Kiev, en Bavière et même en Italie du Nord. Les gens de ce peuple utilisent le cannabis dans des bains de vapeur. En effet, ils fabriquent des genres de réservoirs et jette des pierres rougies par le feu à l'intérieur. Ensuite, ils prennent place autour du réservoir et jettent, sur les pierres, des graines de chanvre. La vapeur s'en dégageant est supposée les purifier. On a retrouvé des restes de cannabis dans des contenant de cuivre, dans des tombes datant de 400 av. J.-C. dans la partie occidentale des monts Altaï, au Kazakhstan. Ces contenant pourraient être les descendants des prototypes préhistoriques en poterie tels que décrits plus haut dans ce même travail. Ces contenants montrent aussi le rôle primordial du cannabis dans la culture des steppes.

Le cannabis apparaît aussi dans la littérature. Au IVe siècle, Homère, poète grec, décrit dans l'Odyssée comment Hélène de Troie fait boire à son mari un philtre qui abolit la tristesse. Ce philtre est sûrement composé de chanvre mélangé à d'autres drogues telles que l'opium. Les civilisations grecque et romaine, au nord de la Méditer-ranée, connaissent donc bien les effets de la plante. Aux Ier et IIe siècles, les Romains utilisent beaucoup le chanvre pour confectionner les cordages de leurs navires. Ils l'importent en Gaule où les légions de César l'ont trouvé poussant en abondance. À cette époque, il est bien vu de distribuer, dans les grandes fêtes et les banquets, des graines de cannabis comme euphorisant, mais ce type de consommation est marginal.

En 175, le médecin Galien met en garde la population contre l'utilisation du cannabis dans les pâtisseries, car cette herbe aurait "la vertu de blesser le cerveau quand on en prend trop". Il s'agirait peut-être du premier cas de dénonciation de l'herbe.


Le cannabis et les religions: diffusion en Afrique, en Chine et en Indonésie

Avec l'avènement de l'hindouisme, au IIIe millénaire av. J.-C., le cannabis fait son entrée dans les religions. Il porte alors le nom de bhang. Considéré comme un médiateur avec les dieux, il devient indispensable à la pratique de la méditation par la caste sacerdotale des brahmanes. On l'utilise surtout lorsqu'on invoque le dieu Çiva. Apparu en Inde au VIe siècle av. J.-C., le bouddhisme emprunte aux brahmanes leur goût pour le cannabis. Selon la légende,pendant les sept étapes que suivit Bouddha pour atteindre l'illumination, il ne se nourrissait que d'une graine de chanvre par jour.

Les missionnaires qui ont pour mission de transmettre la foi bouddhiste à travers l'Asie emportent ces graines sacrées avec eux, de même que plusieurs préparations à base de cannabis, des potions à la résine compressée ( charas ), en passant par les feuilles et les fleurs séchées (ganja ), que l'on fume dans une pipe, le chillum. Au début du IIe siècle de notre ère, le bouddhisme se répand en Indonésie et en Chine. Au XIIe siècle, ce sont les moines bouddhistes chinois qui importent le chanvre au Japon.

À partir du VIIe siècle de notre ère, une nouvelle religion apparaît encore, l'islam. Cette nouvelle religion joue un rôle très important dans la propagation du cannabis, bien que la loi coranique condamne à 80 coups de fouet celui qui boit un liquide enivrant. Mais cet interdit ne semble viser que le vin. Les textes ne citent pas l'usage du chanvre dans le monde musulman avant le XIe siècle. Il est alors utilisé du Yémen à la Syrie. Au Moyen Âge, dans l'islam, la consommation du cannabis semble limitée à des élites qui le consomme mêlé à des boissons ou des aliments. On en retrouve même quelques recettes dans les contes des Mille et une nuits, écrits entre 1000 et 1700.

Le cannabis doit son nom populaire de haschich à l'arabe, où le mot hachîch signifie "herbe". Cette appellation apparaît à partir du XIVe siècle. À l'époque où le soufisme connaît son apogée, vers le XIIe siècle, le monde arabe commence à fumer le cannabis. Cette pratique aurait été introduite en Égypte par des soufis syriens et viendrait d'Iran avec la pipe à eau, peut-être elle-même venue d'Inde. Certaines autres sources que les premiers fumeurs sont les envahisseurs mongols qui prennent Bagdad au XIIe siècle. Dans le Maghreb, la pratique serait apparue au XIVe siècle, voire au XVe siècle et serait longtemps restée limitée aux membres des confréries mystiques.

Entre 1090 et 1272, la secte des Assassins ou hachîchiyyîn voit le jour en Irak et en Syrie. Ce groupe, fondé par un Perse ismaélien, Hassan ibn-el-Sabbah, pratique l'assassinat politique pour contester le pouvoir sunnite de Bagdad. Il est soutenu par les Fatimides, dynastie de chiites ismaéliens qui domine l'Égypte de 969 à 1171. Lors de son voyage en Perse en 1275, Marco Polo raconte comment les Assassins étaient mis en condition par leur maître après avoir bu "un breuvage qui les endormaient aussitôt". Toutefois, aucun auteur arabe de l'époque ne fait mention de l'usage de cannabis par les Assassins. Le surnom de hachîchi qui leur est donné en Syrie devrait plus être compris comme une image marquant le mépris et le désaccord du peuple sunnite envers le fana-tisme de cette secte d'"intoxiqués de leur Dieu".

Après avoir pris le Caire aux Fatimides à la fin du XIIe siècle, les sunnites essaient d'enrayer l'expansion de l'utilisation du cannabis en donnant des peines aux fumeurs. On va même jusqu'à leur arracher les dents.Mais tout cela reste vain, puisqu'en Égypte, la consommation était devenue purement récréative et avait gagné toutes les classes sociales. Dès le XIVe siècle, les marchands arabes et grecs font le commerce du haschich à travers tout le monde musulman.

Ce sont ces marchands qui ont joué un très grand rôle dans la diffusion du cannabis dans l'Afrique noire, qui commence par l'est, dès la fin du 1er millénaire. Des comptoirs apparaissent le long de la côte et le cannabis est au coeur des échanges qui se font entre les Orientaux et les Banthous (peuples d'Afrique, du sud à l'équateur ) d'Afrique centrale, en pleine expansion vers le sud.

Les plus anciennes traces de chanvre en Afrique, ce sont des fourneaux de pipes à eau datant du début du XIIIe siècle, retrouvés dans le nord du Kenya et le sud de l'Éthiopie. Au milieu du XVe siècle, on retrouve le cannabis en Afrique du sud. Vers l'ouest, sa progression est plus lente: il n'est connu au Zaïre, au Congo et en Angola actuels que dans la seconde moitié du XIXe siècle. À ces endroits, on l'appelle riamba, liamba ou diamba. L'Afrique de l'ouest ignore la plante jusqu'au retour des soldats nigérians ayant combattu en Asie pour la Grande-Bretagne, vers 1945, soit à la fin de la 2e Guerre mondiale. C'est que, dans ces pays, la drogue entrait en conflit avec des produits indigènes comme la datura ( stramoine), l'iboga ou la noix de kola au Congo et au Gabon. Le Sénégal pose une énigme aux historiens: dans certaines régions existe une tradition de culture du cannabis qui remonte au moins au début du XXe siècle. Cela pourrait indiquer que les pasteurs nomades venus d'Égypte ont fait diffuser très tôt le chanvre dans l'Afrique sahélienne.


Les conquêtes: le nouveau monde

Au XVe siècle, à Rome, le cannabis est assimilé à la sorcellerie et on en interdit alors l'usage. Mais certaines pratiques subsistent toutefois en Roumanie , en Tchécos-lovaquie et en Hongrie. En Irlande, jusqu'à récemment, les jeunes femmes consommaient du cannabis pour voir qui deviendrait leur époux.

En même temps, on continue de cultiver la plante pour ses fibres qui servent à fabriquer les voiles et les cordages des navires. On fabrique aussi, avec l'huile des graines, de la peinture et du vernis qui recouvrent les bateaux. La plante devient indis-pensable aux conquêtes et les européens en exportent la culture sur les territoires con-quis ( voir la carte: Diffusion du chanvre à fibre et du cannabis du XVIe au XIXe siècle ). Dès le XVIe siècle, les espagnols commencent des plantations au Chili et au Pérou. Ensuite, les Français en commencent aussi au Canada. Au début du XIXe siècle, la maîtrise des champs de la Russie, où se trouve près de 80% des ressources européennes en fibres, sera l'un des enjeux des campagnes napoléoniennes.

En 1798, la vente du cannabis est interdite en Europe, de même que son usage. En 1845, Jacques-Joseph Moreau de Tours, un psychiatre parisien, vante les mérites du cannabis dans le traitement de l'aliénation mentale. À la même époque, l'écrivain Théophile Gauthier se passionne pour la drogue et décide de fonder un club, le club des Hachichins et entraîne avec lui de grands écrivains comme Alexandre Dumas, Charles Baudelaire, Gérard de Nerval et Eugène Delacroix.

Au milieu du XIXe siècle, l'Occident retrouve l'usage thérapeutique du cannabis et l'utilise comme antalgique, somnifère, antitussif ou même pour soigner les douleurs menstruelles, comme c'est le cas pour la reine Victoria. Il devient donc un élément essentiel à toute bonne pharmacie personnelle.


Le cannabis en Amérique

Les premiers Américains à découvrir le cannabis sont sûrement des esclaves africains expatriés au Brésil par les Portugais, au XIXe siècle. La véritable patrie de cette plante est la Jamaïque, où les Britanniques ont introduit sa culture pour les fibres au XVIIe siècle. Les esclaves ne connaissent pas les propriétés de cette plante, mais finiront par les découvrir vers 1875. Ces Jamaïcains rebaptisent le cannabis ganja, l'herbe qui permet d'oublier les dures journées de travail. Des Caraïbes, le cannabis se propage au Mexique, où sa culture par les paysans commence vers 1880. Ce sont eux qui lui donne le nom de marijuana.

Au début du XXe siècle, la consommation de marijuana apparaît aux États-Unis, suivant les traces des immigrants mexicains et des marins caraïbes: les premiers fumeurs sont signalés au Texas et à La Nouvelle-Orléans. Ensuite, la consommation se dirige vers les intellectuels et vers les artistes de music-hall des grandes villes. Dans les années 1930, on retrouve plusieurs cafés-fumoirs à New-York. Au même moment, l'usage médical du chanvre disparaît à cause de la trop forte concurrence des nouveaux produits pharmaceutiques et des nouvelles découvertes dans ce domaine. Cannabis sativa devient dès lors une drogue dont il faut à tout prix empêcher la consommation. Par exemple, en 1937, une loi, adoptée sur tout le territoire américain, se prononce contre la légalité de la consommation du cannabis. Cette loi porte le nom de " Marihuana Tax Act ".

Il y a quelques temps déjà, le débat pour la légalisation de cette plante à des fins thérapeutiques a refait surface. Les gens atteints du SIDA comme ceux souffrant d'un cancer, prônent les bienfaits de cette plante, ses effets antivomissifs et apaisants face à la chimiothérapie. Peut-être sommes-nous à la veille d'ajouter un autre chapitre dans la longue et passionnante histoire du cannabis.

 

MEDECINE

Le cancer

La chimiothérapie est un des traitements prépondérant du cancer sous plusieurs de ces formes. Malheureusement, la chimiothérapie cause de sérieux effets secondaires, le plus important étant les nausées et vomissements violents et fréquents. Une recherche menée sur cinquante-six patients ne réagissant pas aux médicaments prescrits pour enrayer ces effets secondaires démontrent que 78 pour cent d'entre eux ont été soulagés de ces symptômes après avoir fumé de la marijuana. Récemment, le gouvernement américain à légalisé l'utilisation de comprimés oraux de THC, mais cette méthode d'absorption convient mal aux problèmes de nausées, puisque la capsule a rarement le temps d'être absorbée avant que le patient vomisse de nouveau et puisque la dose requise pour éliminer efficacement les vomissements et nausées doit être assez grande.



Le glaucome

Le glaucome est un problème de balance de pression intraoculaire de l'oeil. Pour voir correctement, l'oeil doit garder une forme sphérique, et c'est la pression de l'humeur aqueuse qui a ce rôle de régulateur. Les patients souffrant de glaucome ont un blocage qui empêche le maintient d'une pression standard. La marijuana à comme effet de réduire la pression intraoculaire pour une durée moyenne de quatre à cinq heures, sans " indications d'effets détériorants sur la fonction visuelle ou sur la structure oculaire. Le THC peut être pris sous forme de capsule ou fumé.

 

L'épilepsie

Les propriétés anticonvulsives de la marijuana sont connus depuis bien longtemps mais ne furent utilisées que sporadiquement durant les cents dernières années. Une recherche en 1975 à finalement conclue que pour certains patients, du cannabidiole combiné avec des antiepileptiques standards sont efficaces pour contrôlées les crises. On ne sait par contre pas si le cannabidiole seul et en grande quantité serait utile.


Sclérose en plaque

La sclérose en plaque est une maladie auto-immune où des plaques de myéline du cerveau et de la colonne vertébrale sont détruites par le système immunologique du patient, ce qui interrompt le fonctionnement des fibres nerveuses. Il n'y a pas de traitement connu. Il y a non seulement des preuves que la marijuana soulage les symptômes de la sclérose en plaque -spasmes musculaires, tremblements, perte de coordination musculaire, perte de contrôle urinaire et de l'insomnie- mais qu'en plus, elle retarde la progression de la maladie. La THC a donc des effets suppresseurs sur le système immunologique.


Paraplégie et Quadriplégie

La paraplégie est une paralysie des muscles du bas du corps causée par une maladie ou une blessure. Si la blessure survient près du cou, les bras peuvent en plus être affectés, ce qui cause la quadriplégie. Une partie des paraplégiques ont découverts que le cannabis réduit mieux la douleur d'une façon plus sécuritaire que les médicaments usuels, mais qu'en plus, elle éliminait efficacement les tremblements et secousses musculaires.


Le sida

Le sida est une maladie incurable qui provient du virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Elle peut être traitée pour retarder son développement, avec le zidovudine (AZT) par exemple. Mais le AZT à de sérieux effets secondaires, notamment une réduction dangereuse de l'appétit et des nausées sévères.

 

Le Chanvre

 


 

Introduction

On distingue deux composantes majeures de la plantes qui sont utilisées dans différentes industries : les fibres et les graines. Les fibres de chanvres sont parmi les plus longues et les plus résistantes du règne végétal. Les graines, autant des plants contenant plus de 0,3% de THC que ceux en ayant moins, ne contiennent pas ou très peu de THC, et contiennent beaucoup d'éléments nutritifs.

En 1838, la revue Popular Mechanics disait dans son article " New Billion-Dollar Crop " que le chanvre était la fibre standard dans le monde et qu'elle pouvait être utilisée pour produire plus de 25 000 produits. Nous allons dons discuter de quelques unes de ses utilités.

 

Le papier

Avant 1883, environ 75%-90% du papier produit mondialement était à base de chanvre. Aujourd'hui, environ 92% est à base de bois. Le chanvre produit 4,5 fois plus de fibres par hectare que les arbres. Ainsi, en 140 jours, un hectare de chanvre permet de produire plus de papier qu'un hectare d'arbres en 20 ans. Il peut en effet produire jusqu'à 15 tonnes de matière sèche par hectare. Les grandes fibres sont utilisées pour produire du papier de qualité supérieur (livres), tandis que les fibres plus courtes sont utilisées pour produire du papier de qualité inférieur tels que le papier journal ou d'emballage. La production de cartons est aussi possible avec le chanvre. La fibre de chanvre est tellement résistante, qu'elle peut être recyclée plus de fois que la fibre du bois. Le chanvre était et est toujours utilisé couramment pour fabriquer des billets de banque. Un des avantages du papier de chanvre est qu'il ne demande pas de blanchiment chloré polluant, car la cellulose ne contient à peu près pas de lignine, substance que contient le bois et qui fait jaunir le papier à la longue.

Le premier papier à base de chanvre et de mûrier est fabriquer en l'an 100 par les Chinois. La déclaration d'indépendance américaine est écrite sur du papier à base de chanvre. Le premier papier en Europe est à base de chanvre. Gutenberg imprime la première bible sur du papier de chanvre.

Le textile

La fibre du chanvre peut aussi être utilisée dans la fabrication de tissus. La première preuve d'utilisation du chanvre pour la fabrication du tissu remonte à plus de 4000 ans. Le textile est utilisé pour fabriquer vêtements, cordes, voiles, recouvrements de mobiliers, bottes, souliers, draperies, tentes, sacs etc. Les navires de Christophe Colomb avaient justement des voiles et des cordages en chanvre. C'est d'ailleurs grâce au chanvre si le voyage à été possible, car sans cela, le cordage naturel habituel se serait désagrégé au contact répété et continu de l'eau marine salée. Le chanvre a aussi comme avantage de protéger assez efficacement des rayons UV du soleil. Les premiers jean de Levi Strauss était faite de chanvre. Le premier drapeau des États-Unis était fait de chanvre. Le chanvre produit deux fois plus de tissus que le coton. Il était la fibre textile la plus utilisée avant l'avènement de méthodes plus économiques (mécaniques) de cultiver le coton dans les années 1850. Ainsi, le tissu produit est plus chaud, plus doux, plus absorbant et beaucoup plus durable que le coton, la plante textile la plus utilisée aujourd'hui. Près de la moitié des pesticides utilisés aujourd'hui est utilisé pour le coton. L'utilisation du chanvre réduirait donc la pollution.

Le combustible

Le chanvre est la plante cultivée qui produit le plus d'énergie, soit dix fois l'énergie utilisable de son plus proche rival, le maïs. Durant les années 1940, Henry Ford a bâtit une voiture de chanvre et autres matériaux végétal qui était 10 fois plus résistante lorsque frappée avec une massue que l'acier et 2/3 moins pesante. Cette voiture fonctionnait avec de l'essence de chanvre. L'utilisation de combustibles fossiles a comme avantage de réduire la pollution, les pluies acides par exemple.


La graine

Près de la moitié du poids d'une plante donnant des graines sera formé de graines. Avec leur haute teneur en protéines et en acides gras, les graines de chanvre sont les 2e plus nutritives du monde, derrière le soja. Elles contiennent 25% de protéines, 30% d'hydrates de carbone et de 15% de fibres insoluble. Elle contient du calcium, du magnésium, du phosphore et des vitamines A et B tout en étant la meilleure source végétale d'acides gras essentiels. Elles peuvent être utilisées pour nourrir les animaux de fermes et les oiseaux, mais aussi les humains.


L'huile

Les graines contiennent environ 30-35% d'huile et une quantité très négligeable de THC. Elle est faible en gras saturés (8%) et contient les beaucoup d'acides gras essentiels. L'huile que l'on peut extraire de cette graine est utilisable dans les peintures, solvants, lubrifiants, huile à lampe, huile de cuisson, cosmétiques, et même dans les savons. Cette huile à l'état brut est assez fragile et doit être gardée loin de la lumière et de la chaleur. Le restant du pressage des graines peut être utilisé pour produire de la farine, ou comme le soya, pour faire du lait, de la crème glacée et ou tofu. Il était aussi la nourriture de bétail numéro un avant ce siècle.


Utilisations diverses

Le chanvre permet de faire des planches de contre-plaquées qui sont plus résistantes et plus isolantes que celles faites de bois, en plus d'être moins dispendieuse. Il permet aussi de fabriquer des plastiques biodégradables. La plantation de cannabis réduit grandement l'érosion du sol et permet de contrôler les glissements de terrains et de sauver montagnes et rivières.


La production

En 1992, la production mondiale de chanvre était de 124 000 tonnes. Les principaux producteurs l'Inde, la Chine, la Russie, la France, la Hollande, la Hongrie, l'Angleterre, la Corée et la Roumanie. Étant donné l'illégalité de la culture du cannabis psychotrope, il est difficile de savoir la quantité de cannabis vraiment cultivée chaque année.

 

 

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