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sammael world
29 décembre 2011

sammael

Il existe trois représentations de Samaël :

Samael
Samaël

 Dans les écrits rabbiniques et la littérature apocalyptique, Samaël est l'équivalent de l'Ange de la mort; Dans le Talmud et dans la littérature cabalistique on trouve le mot Samael toutefois employé comme expression de Satan, l'ange de la mort. "Ael" signifie Dieu. Le nom de Samael qui signifie le " Dieu-poison ". Prince des airs, il règne sur les sept zones appelé Sheba'Ha-yechaloth.

D'après les rabbins, commentateurs du Pentateuque, c'est lui qui, monté sur l'Antique Serpent, aurait incité Eve à commettre le péché et il serait le véritable père de Caïn. Il fut également l'adversaire mythique de Moïse, dont l'archange Michel lui disputa le cadavre. Il est aussi appelé le chef des Dragons du mal, et il est généralement tenu pour responsable du torride vent chaud du désert.

Pourtant, il existe un autre aspect de Samael. Dans le "Livre chaldéen des Nombres" Samael serait détenteur de la Sagesse caché (occulte), tandis que Michel celui de la Sagesse terrestre supérieure, les deux sagesses émanent de la même source, mais divergent après leur délivrance de l'âme, qui sur la Terre est Mahat (compréhension intellectuelle), ou Manas (le siège de l'intellect). Elles divergent, parce que Michael est influencée par Neschamah (âme sacrée), tandis que Samaël est influencé par rien.

Serpent tentateur
Serpent tentateur

 Souvent identifié au Serpent tentateur. Il est représenté, en même temps que Lilith, comme un être mauvais.

Samaël

Prince des Anges déchus, que Moïse Maïmonide dans la seconde partie du guide des égarés assimile à Satan qui, monté sur un serpent ayant la taille d'un chameau vint séduire Eve dans le Jardin d'Eden. Il aurait cohabité avec elle bien avant Adam et de cette union serait né Caïn et de nombreux démons. De son côté, Adam, momentanément séparé d'Eve se serait accouplé avec Lilith et, lui aussi, en aurait eu plusieurs démons. D'autres prétendant que Samaël, androgyne, aurait forniqué avec les deux.

Précipité par la suite aux abîmes, le serpent fut maudit entre toutes les bêtes et Samaël rejoignit en la troisième résidence sur les sept auxquelles il est fait allusion dans le Zohar au " Traité des Palais " : " c'est le lieu des embrasements et des nuages de fumées où débouche le fleuve de feu qui s'écoule et émerge. Il est la maison où sont brûlées les âmes des ignobles car le feu y descend sur la tête des pervers que pourchassent les Anges destructeurs. C'est dans ce lieu aussi que parfois se trouvent les délateurs d'Israël qui les détournent de la bonne voie, sauf quand ceux-ci obtiennent la guérison qui leur permet de les repousser. Le chef qui est à leur tête vient du côté gauche. Tous les êtres qui peuplent cette résidence viennent du domaine obscur ce qu'exprime : " L'obscurité est sur la face de l'Abîme.(Genèse I,2). Samaël le réprouvé y vit aussi. "

Dans certains écrits rabbiniques et dans la littérature apocalyptique, Samaël est aussi considéré comme l'Ange de la Mort, représentent avec une épée ou avec un arc et des flèches. Enfin, on le confond parfois avec Asmodée, le démon de la luxure. Le nom du prince des démons, Samaël, est visiblement relié à "se'mol", le mot hébreu pour "le côté gauche". Il semble que ce soit l'origine de l'utilisation de la gauche comme représentant le diable

 

Samaël, prince des anges déchus


par Eric Timmermans  -  03/05/2010






Le nom de Samaël (ou Sammane, Samuel, Semiel, Simyael, Smaël), qui doit être rapproché du mot hébreu sami qui signifie "aveugle", apparaît pour la première fois dans le récit de la chute des anges du Livre d’Hénoch. On lui donne ainsi les noms deMara Samia (=archon aveugle) ou encore de Sar Suma (=ange aveugle). 

Selon les textes, il apparaît ou non comme le chef des principaux anges qui se rebellèrent contre Dieu. Samaël est cité comme le Prince des anges déchus par Moïse Maïmonide dans la seconde partie du Guide des égarés et comme le chef des démons dans le Testament de Salomon. Il est dit ainsi "que les démons relèvent du domaine de Samael, qui est "l’âme de la planète Mars et dont Esaü est l’expression parmi les nations"(l’ange d’Edom ou le christianisme)." (La kabbale, G. Scholem, p.488). De source espagnole, datant du 15e siècle, "les chefs des démons étaient Samaël, le représentant d’Edom, et son assistant Ammon de No, représentant d’Ishmael." (La kabbale, G. Scholem, p.583). 

Il est dit également que différentes catégories de démons étaient appelées "samaël", raison pour laquelle le Zohar précise que Samaël et "samaël" ne doivent pas être confondus et que si ces démons sont désignés par un même nom, ils ne sont guère les mêmes pour autant. 

Toutes les sources concordent, cependant, pour rattacher les armées de démons au règne de Samaël et de Lilith, sa compagne, même si "certains systèmes issus de la kabbale espagnole mettent trois rois, Halama, Samael et Kafkafuni, à la tête des démons." (Le kabbale, G. Scholem, p.492). 

Dans certains textes rabbiniques, Samaël est parfois confondu avec Bélial ou Asmodée : ne dit-on pas aussi que si Samaël est l’époux de Lilith la Vieille, Asmodée, lui, a pour épouse Lilith la Jeune ou encore que le bouc émissaire, sacrifié à Asmodée, sert également de paiement à Samaël ? Ceci dit, Samaël et Asmodée, qui apparaît comme l’ange gardien d’Ishmael, sont également présentés, selon des traditions contradictoires, comme étant en guerre. Samaël est aussi considéré comme l’Ange de la Mort, celui qui apporte le "poison de la mort" dans le monde. 

Samaël est également assimilé à Satan dont il apparaît comme l’équivalent kabbalistique –même si certains textes distinguent Satan de Samaël qui se voit associé à l’image d’un "ange gardien de Rome" : "L’ange Samaël, prince de Rome, est aussi connu comme le plus grand des princes des nations (…) sans doute à cause de la domination de Rome sur le monde ancien."(Livre d’Hénoch, Verdier, p.252)-, et c’est monté sur un serpent de la taille d’un chameau –le rapport du Père de l’Eglise Irénée, mentionne par ailleurs que les ophites donnaient au Serpent le double nom de Michael et Samael- qu’il s’en vient séduire Eve dans le jardin d’Eden. Ainsi est-il dit que Samaël aurait cohabité avec Eve bien avant Adam et que de leur union seraient nés Caïn et bien d’autres démons. 

Dans le Livre d’Hénoch III (chap. 26, 12), il est dit que Samaël, le prince de Rome, de même que Doubiel, le prince de Perse, siège au côté de Satan qui chaque jour tente de dénoncer, auprès de Dieu, les iniquités d’Israël, en inscrivant celles-ci sur des registres qui sont systématiquement détruits par les séraphins, ceux-ci voulant préserver Israël du courroux divin. Pour avoir accusé Israël, Samaël, Satan et Doubiel seront précipités dans la Géhenne le jour du jugement. 

En tant que prince angélique de Rome, considérée à l’époque impériale comme la plus puissante nation, Samaël est placé en tête de tous les princes des royaumes. La politique romaine en Palestine, perçue comme une oppression par le peuple juif, que la tradition judaïque proclame "peuple élu de Dieu», a fait que l’on a conféré à Samaël le titre de "prince des accusateurs" (ces derniers incarnant l’ensemble des anges nationaux), un rôle habituellement dévolu à Satan

Au Traité des palais, dans le Zohar, qui ne voit dans les entités démoniaques que des catégories impersonnelles, à l’exception des représentations de Samaël et de sa compagne Lilith, il est dit que Samaël et le serpent, véhicule du péché, furent précipités dans les abîmes dans la "troisième résidence", sur les sept dont il est fait mention dans cet ouvrage. "C’est le lieu des embrasements et des nuages de fumée où débouche le fleuve de feu qui s’écoule et émerge. Il est la maison où sont brûlées les âmes des ignobles car le feu y descend sur la tête des pervers que pourchassent les anges destructeurs. C’est dans ce lieu aussi que parfois se trouvent les délateurs d’Israël qui les détournent de la bonne voie, sauf quand ceux-ci obtiennent la guérison qui leur permet de les repousser. Le chef qui est à leur tête vient du côté gauche. Tous les êtres qui peuplent cette résidence viennent du domaine obscur, ce qu’exprime : "L’obscurité est sur la face de l’Abîme" (Genèse 1 : 2) [ndr : ou encore "les ténèbres couvraient l’abîme"]. Samaël le réprouvé y demeure aussi." 

Il est dit aussi que Samaël, être androgyne apparaissant successivement dans les rôles d’incube et de succube, aurait forniqué avec Adam. De source talmudique, on dit encore que Lilith refusa de se soumettre à Adam et qu’elle épousa Samaël avec lequel elle alla vivre dans la Géhenne. "Dans le Zohar, le serpent est devenu le symbole de Lilith et Samael la chevauche et s’accouple à elle." (La kabbale, G. Scholem, p.583). Il est dit aussi parfois que Samaël a deux épouses : Lilith et Nahema. 

Avant sa chute, Samaël possédait douze ailes et sa place était supérieure à celle des saintes créatures des cieux. Son combat contre Michael, l’ange gardien d’Israël, doit se poursuivre jusqu'à la fin des temps et ne prendra fin que lorsque Samaël sera pendu au-dessus d’Israël par des fers. 

Mais selon certaines traditions kabbalistiques, il est vrai contestées, Samaël lui-même se repentira finalement et sera transformé en ange de sainteté. "Une formulation symbolique importante du futur retour de Samael à la sainteté, particulièrement répandue à partir du XVIIe siècle, fut l’opinion selon laquelle son nom serait changé, la lettre mem, signifiant mort (mavet), tombant pour laisser Sa’el, un des soixante-douze Noms saints de Dieu." (La kabbale, G. Scholem, p.219) Le repentir de Samaël doit aboutir, selon ces thèses, à la disparition de l’ "autre côté", le sitra ahra, le "côté gauche" c’est-à-dire le royaume des forces du mal dont les dix Sefirot du mal correspondent aux dix Sefirot saintes. 

Samael est aussi parfois identifié à Jaldabaoth, un des maîtres des forces du mal chez les gnostiques. 

C’est aussi Samaël qui, dit-on, se cacha dans le célèbre Veau d’Or. 

Ange de la planète Mars, Samaël apparaît également, dans les traditions populaires, comme l’ange responsable du mardi, jour de Mars. 


Eric Timmermans


Sources : Bible de Jérusalem, Cerf, 1998 / Bible du chanoine Crampon, Société de Saint Jean l’Evangéliste, 1939 / Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve, Omnibus, 1998 / Dictionnaire du diable, des démons et sorciers, Pierre Ripert, Maxi-Poche Références, 2003 / La kabbale, Gershom Scholem, Cerf, 1998 / Le Livre d’Hénoch (ou Livre des Palais), Verdier, 1989 (p.126, 236, 284).

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19 décembre 2011

Au secours ! Tout va trop vite !

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Un excellent article du Monde Magazine du philosophe Hartmut Rosa sur l'accélération...
édifiant...et terrifiant...

Qu'en pensez-vous ?

Sentiment d'urgence
(...)

L'impression de ne plus avoir de temps, que tout va trop vite, que notre vie file, l'impression d'être impuissant à ralentir nous angoisse et nous stresse. Ainsi Hartmut Rosa, 45 ans, professeur à l'université Friedrich- Schiller d'Iéna, développe sa "critique sociale du temps" de la "modernité tardive" dans sa magistrale étude, Accélération (La Découverte).

Après les études inquiètes de Paul Virilio sur la vitesse, Hartmut Rosa examine la dissolution de la démocratie, des valeurs, de la réflexion, de notre identité, emportées par la vague de l'accélération. Entretien de rentrée, alors que déjà, tous, congés derrière nous, on se magne.

C'est la rentrée, le moment où on ressent avec le plus d'acuité la façon dont nos vies s'accélèrent. Nous avons même souvent le sentiment que les vacances se sont passées à toute allure. Comment expliquer ce sentiment d'urgence permanent ?

Hartmut Rosa : Aujourd'hui, le temps a anéanti l'espace. Avec l'accélération des transports, la consommation, la communication, je veux dire "l'accélération technique", la planète semble se rétrécir tant sur le plan spatial que matériel.

Des études ont montré que la Terre nous apparaît soixante fois plus petite qu'avant la révolution des transports. Le monde est à portée de main. Non seulement on peut voyager dans tous les coins, rapidement, à moindres frais et sans faire beaucoup d'efforts, mais on peut aussi, avec l'accélération des communications, la simultanéité qu'elle apporte, télécharger ou commander presque chaque musique, livre ou film de n'importe quel pays, en quelques clics, au moment même où il est produit.

Cette rapidité et cette proximité nous semblent extraordinaires, mais au même moment chaque décision prise dans le sens de l'accélération implique la réduction des options permettant la jouissance du voyage et du pays traversé, ou de ce que nous consommons. Ainsi les autoroutes font que les automobilistes ne visitent plus le pays, celui-ci étant réduit à quelques symboles abstraits et à des restoroutes standardisés.

Les voyageurs en avion survolent le paysage à haute altitude, voient à peine la grande ville où ils atterrissent et sont bien souvent transportés dans des camps de vacances, qui n'ont pas grand-chose à voir avec le pays véritable, où on leur proposera de multiples "visites guidées". En ce sens, l'accélération technique s'accompagne très concrètement d'un anéantissement de l'espace en même temps que d'une accélération du rythme de vie.

Car, même en vacances, nous devons tout faire très vite, de la gymnastique, un régime, des loisirs, que nous lisions un livre, écoutions un disque, ou visitions un site. Voilà pourquoi on entend dire à la rentrée : "Cet été, j'ai fait la Thaïlande en quatre jours." Cette accélération des rythmes de vie génère beaucoup de stress et de frustration. Car nous sommes malgré tout confrontés à l'incapacité de trop accélérer la consommation elle-même.

S'il est vrai qu'on peut visiter un pays en quatre jours, acheter une bibliothèque entière d'un clic de souris, ou télécharger des centaines de morceaux de musique en quelques minutes, il nous faudra toujours beaucoup de temps pour rencontrer les habitants, lire un roman ou savourer un air aimé. Mais nous ne l'avons pas. Il nous est toujours compté, il faut se dépêcher. C'est là un des stress majeurs liés à l'accélération du rythme de vie : le monde entier nous est offert en une seconde ou à quelques heures d'avion, et nous n'avons jamais le temps d'en jouir.

Selon vous, l'accélération de la vie se traduit par l'augmentation de plus en plus rapide du nombre d'actions à faire par unité de temps. C'est-à-dire ?

Ces jours-ci, les gens rentrent de congés et déjà tous, vous comme moi, se demandent comment ils vont réussir à venir à bout de leur liste de choses "à faire". La boîte mail est pleine, des factures nouvelles se présentent, les enfants réclament les dernières fournitures scolaires, il faudrait s'inscrire à ce cursus professionnel, ce cours de langue qui me donnerait un avantage professionnel, je dois m'occuper de mon plan de retraite, d'une assurance santé offrant des garanties optimales, je suis insatisfait de mon opérateur téléphonique, et cet été j'ai constaté que je négligeais mon corps, ne faisais pas assez d'exercice, risquais de perdre ma jeunesse d'allure, si concurrentielle.

Nous éprouvons un réel sentiment de culpabilité à la fin de la journée, ressentant confusément que nous devrions trouver du temps pour réorganiser tout cela. Mais nous ne l'avons pas. Car les ressources temporelles se réduisent inexorablement.

Nous éprouvons l'impression angoissante que si nous perdons ces heures maintenant, cela serait un handicap en cette rentrée sur les chapeaux de roue, alors que la concurrence entre les personnes, le cœur de la machine à accélération, s'aiguise.

Et même si nous trouvions un peu de temps, nous nous sentirions coupables parce qu'alors nous ne trouverions plus un moment pour nous relaxer, passer un moment détendu avec notre conjoint et nos enfants ou encore aller au spectacle en famille, bref profiter un peu de cette vie. Au bout du compte, vous voyez bien, c'est l'augmentation du nombre d'actions par unité du temps, l'accélération du rythme de vie qui nous bouscule tous.

En même temps, chaque épisode de vie se réduit…

En effet, la plupart des épisodes de nos journées raccourcissent ou se densifient, au travail pour commencer, où les rythmes s'accélèrent, se "rationalisent". Mais aussi en dehors. On assiste à une réduction de la durée des repas, du déjeuner, des moments de pause, du temps passé en famille ou pour se rendre à un anniversaire, un enterrement, faire une promenade, jusqu'au sommeil.

Alors, pour tout faire, nous devons densifier ces moments. On mange plus vite, on prie plus vite, on réduit les distances, accélère les déplacements, on s'essaie au multitasking, l'exécution simultanée de plusieurs activités. Hélas, comme nos ressources temporelles se réduisent, cet accroissement et cette densification du volume d'actions deviennent vite supérieurs à la vitesse d'exécution des tâches.

Cela se traduit de façon subjective par une recrudescence du sentiment d'urgence, de culpabilité, de stress, l'angoisse des horaires, la nécessité d'accélérer encore, la peur de "ne plus pouvoir suivre". A cela s'ajoute le sentiment que nous ne voyons pas passer nos vies, qu'elles nous échappent.

Nous assistons, dites-vous, à une "compression du présent", qui devient de plus en plus fuyant. Pouvez-vous nous l'expliquer ?

Si nous définissons notre présent, c'est-à-dire le réel proche, comme une période présentant une certaine stabilité, un caractère assez durable pour que nous y menions des expériences permettant de construire l'aujourd'hui et l'avenir proche, un temps assez conséquent pour que nos apprentissages nous servent et soient transmis et que nous puissions en attendre des résultats à peu près fiables, alors on constate une formidable compression du présent.

A l'âge de l'accélération, le présent tout entier devient instable, se raccourcit, nous assistons à l'usure et à l'obsolescence rapide des métiers, des technologies, des objets courants, des mariages, des familles, des programmes politiques, des personnes, de l'expérience, des savoir-faire, de la consommation.

Dans la société pré-moderne, avant la grande industrie, le présent reliait au moins trois générations car le monde ne changeait guère entre celui du grand-père et celui du petit-fils, et le premier pouvait encore transmettre son savoir-vivre et ses valeurs au second.

Dans la haute modernité, la première moitié du xxe siècle, il s'est contracté à une seule génération : le grand-père savait que le présent de ses petits-enfants serait différent du sien, il n'avait plus grand-chose à leur apprendre, les nouvelles générations devenaient les vecteurs de l'innovation, c'était leur tâche de créer un nouveau monde, comme en Mai 68 par exemple.

Cependant, dans notre modernité tardive, de nos jours, le monde change plusieurs fois en une seule génération. Le père n'a plus grand-chose à apprendre à ses enfants sur la vie familiale, qui se recompose sans cesse, sur les métiers d'avenir, les nouvelles technologies, mais vous pouvez même entendre des jeunes de 18 ans parler d'"avant" pour évoquer leurs 10 ans, un jeune spécialiste en remontrer à un expert à peine plus âgé que lui sur le "up to date". Le présent raccourcit, s'enfuit, et notre sentiment de réalité, d'identité, s'amenuise dans un même mouvement.
(....)
Propos recueillis par Frédéric Joignot

 

23 novembre 2011

Bondage et discipline, domination et soumission, sado-masochisme

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Bondage et discipline, domination et soumission, sado-masochisme

 
Gravure de John Willie.

Les termessadomasochisme,domination/soumission sexuelle et BDSM (pour « Bondage, Discipline, Domination, Soumission, Sado-Masochisme ») désignent une forme d'échange amoureux utilisant la douleur, et/ou l'humiliation dans un but érogène, permettant à ceux qui y sont sensibles de vivre plus intensément leur sexualité.

Sommaire

Le contrat

Article détaillé : Contrat masochiste.

Ces relations se vivent entre adultes consentants. Elles dépendent d’un accord mutuel que l’on nomme le contrat. Le contrat dans l'univers masochiste dominant/dominé officialise les relations comme étant agréés par les parties. Contrairement au sadisme qui n'est pas, lui, consenti et de ce fait ne peut dépendre du contrat. D'après Deleuze, « il n'y a pas de masochisme sans contrat ou sans quasi-contrat. » On peut considérer que le contrat écrit est une pratique, une sorte de cérémonial de l’accord mutuel. Et que le contrat verbal est aussi la base de la relation acceptée par les deux parties et qui serait le quasi-contrat selon Deleuze. D'après Gilles Deleuze « Jamais un vrai sadique ne supportera une victime masochiste »« Ils veulent être certains que leurs crimes coûtent des pleurs, ils renverraient une fille qui se rendrait à eux volontairement » précise une des victimes des moines dans Justine ou les Malheurs de la vertu2,3.

Le contrat comme prélude à toutes relations BDSM est confirmé par Damien Lagauzère : « Il nous parraît opportun de consacrer une partie de notre travail au caractère contractuel du SM. En effet, qu'il soit tacite, oral ou écrit, le contrat est la prélude nécessaire à toute relation SM, puisque c'est par lui que les partenaires vont se mettre d'accord quant aux modalités de leur relation, de même qu'il constitue un élément important de ce rituel. »

Sur un article de « philosophie magazine », le maître dominateur Hieros prend la parole et nous dit « Le dominateur est un narrateur qui prend le pouvoir avec les mot. » Il poursuit : « C'est sortir du profane pour entrer sur une scène sacrée. » Hieros cite Hegel : « Comme conscience refoulé en elle-même, la soumission s'intériorisera et se convertira en véritable indépendance. » Hieros poursuit : « Nous touchons là le cœur du sadomasochisme, érotisme fondé sur un contrat entre deux parties. »

Les contrats de Sacher Masoch

  • Le contrat entre Sacher Masoch et Wanda
  • Le contrat entre Mme Fanny de Pistor et Léopold de Sacher Masoch
  • Récit d'un contrat de Sacher-Masoch, ce qu'il y a d'intéressant dans ce texte, c'est la façon dont la victime dresse sa bourrelle. Il lui dicte ce qu'elle doit faire. Et à la fin, il exige qu'elle porte des fourrures pour le châtier.

Sémiologie et polémiques

Diverses polémiques émergèrent tendant à marginaliser le sadomasochisme par rapport au bondage et à la discipline (par exemple la fessée). Il semble que les termes originaux de sadisme et surtout masochisme aient été stigmatisés. La communauté sadomasochiste de San Francisco créa vers les années 1990 les termes top and bottom ou encore sub. Finalement le sigle BDSM fut adopté pour une seule et unique sexualité plurielle fusionnant ainsi bondage, discipline, D&S (domination et soumission), et SM (pour sado-masochisme), conciliant ainsi ces différentes pratiques en une seule1.

Sadomasochisme

Tomba della Fustigazione(Tombe de la flagellation), VIe siècle av. JC.
Article détaillé :Masochisme.

Selon le Larousse, lesadomasochisme serait une forme régressive d'échange amoureux ; le sadismepathologique (agressionviol, etc.), relèverait quant à lui d'undésordre grave de lapersonnalité1.

Gilles Deleuze démontre que l'association par Freud des deux termes, sadique et masochiste, provoque « un monstre sémiologique » dans le sens où le sadique, celui qui fait souffrir dans l’œuvre de Sade, n'est pas une personne qui pourrait faire partie de l'univers mental du masochiste chezSacher-Masoch. En effet, le sadique (chez Sade) se complaît dans la souffrance de l'autre à condition qu'elle ne soit pas consensuelle. « Et en jouit d'autant plus que la victime n'est pas consentante », alors que le masochiste (de Sacher-Masoch) aime à régler, dans des contrats, les modalités diverses de sa « soumission ». - Donc l'expression « sadomasochisme » lie le masochisme au sadisme, que Gilles Deleuze nie dans sa présentation de Sacher Masoch. - Il écrit : « Sado-masochisme est un de ces noms mal fabriqués, monstre sémiologique », - et il considère que le sadisme et le masochisme ne sont ni d'absolus contraires, ni d'une absolue complémentarité. Sade, démontrant un univers criminel, donc non contractuel tandis que Sacher Masoch, lui, est dans le contrat. - La douleur psychologique (humiliations) ou physique peut devenir souffrance. Mais la douleur devient plaisir lorsque la charge d'endorphine couvre le choc de la douleur. Ceux qui le découvrent seront toujours en quête, car dans ce cas le désir est exacerbé. Selon Gilles Deleuze « Tout est permis à condition que ça ne mène pas à l’orgasme. Pourquoi ils ne veulent pas de l’orgasme ? Pas parce que c’est fautif. Parce que ce serait l’interruption du désir, et qu’ils parient en droit - j’insiste sur "en droit" - la continuation du désir à l’infini »Sacher-Masoch, écrivain autrichien propose des contrats dans le but d'être humilié, et, ou de subir des sévices plus durs. Il met en scène son programme masochiste dans son romanLa Vénus à la fourrure (masochisme de Leopold von Sacher-Masoch). Par la suite il ne cessera de manipuler ses compagnes et plus précisément Wanda son épouse pour qu'elles incarnent le rôle de la Vénus à la fourrure. Gilles Deleuze.

Soumission et domination

Selon les écrits populaires et sur les divers supports de communication, il existerait à travers les relations sadomasochistes des relations dites hard ou soft. Les relations hard seraient des relations masochistes de douleur physique. Et les relations softévoqueraient les relations de douleur psychologiques : l’humiliation, les relations de service sans douleur corporelle. Et ces relationssoft ne seraient pas, selon ces écrits, d’ordre masochiste. Cette interprétation dure depuis que le BDSM est sorti de l’obscurantisme. On ne la retrouve pas dans les écrits universitaires déjà cités dans les articles dominatrice etmasochisme.

Les femmes dominées

Si les femmes dominatrices sont exceptionnellement sadiques, les hommes dominateurs, eux, font quelquefois preuve d’une sorte de sadisme contrôlé. Ils cherchent à initier leur partenaire. Le livre « Le lien » de Vanessa Duriès est dans ce type de rapport. Le contrat n'est pas proposé par la victime, le bourreau n'est pas éduqué par la victime, c'est le contraire : le bourreau est celui qui propose. Il y a, certes, acceptation, mais une acceptation sous influence.

Mara femme soumise écrit sur ordre de son maître, de son amant, volonté de voyeurisme nous dit Gaétan Brulotte. Il poursuit : « Ce serait donc le mâle qui dicte ce que la femme doit dire. » Mara est l’histoire d’une descente aux enfers. On est un peu perdu à la lecture de ce livre, certes il y a consentement au début, mais Mara tombe dans une sorte de vertige mélangé d’un dégoût de soi et d’une histoire vécue jusqu’au bout de l'abomination. Soumission si dure, quelle mènera à la rébellion nous dit Bernard Noël Des passages durs comme en page 76 « Aussi longtemps de N. et moi seront ensemble ce sera l’enfer. Sans doute l’érotisme n’était-il qu’une manière d’habiter l’enfer. » (…) Accroupie, chiant, obscène, écartelée : qui donc supportera le spectacle que j’offre ainsi réduite, fanatique et tranquille ? (…) je n’ai jamais su l’accomplir, de mes lèvres recueillir la merde de celui qui s’était assi sur mon visage –l’odeur était trop forte- j’ai crié qu’on ait pitié, qu’on me frappe plutôt, longtemps. » « Désormais, j'ai peur de lui. J'ai toujours peur, peur, lorsqu'il est là, de lui déplaire... peur, s'il est absent, à la pensée qu'il va revenir, m'humilier, me démolir. Je suis sans pouvoir sur moi-même, sans aucun pouvoir heureux sur lui. » Mara glisse. Elle a perdu ses repères, dépersonnalisée, aliénée, elle n'a plus aucune confiance en elle. Tout a basculé. Le témoignage de Mara en tant que femme dominée différente de celui d'Agathe et Margot cité sur l'article masochisme. Qu'il s'agisse d'Agathe ou de Margot on sent bien qu'elles sont à la recherche du contrat. Elles sont des filles de Masoch, des Masoch au féminin.Lorsque Theodor Reik parle du masochisme chez la femme, il utilise le pléonasme « le nègre a une peau foncée ». Mais dit-il « on peut imaginer un nègre blanc comme une bizarrerie de la nature (l'anthropologie connaît une catégorie pareille) » ; et il poursuit : « nous parlons certainement du caractère masculin de certaines femmes. » Peut-être pense-t-il à ces femmes qui sont des masochistes pures et dures et qui décident, draguent, en fonction de ce qu'elles cherchent. Exactement comme fonctionnent certains hommes. Theordor Reik finit par s'élever sur ce masochisme de la femme considéré comme sexualité un peu trop normale : « La passivité peut être aisément associée à la sexualité féminine, mais la souffrance, le désir d’être ligoté ou battu, humilié, n’appartiennent pas à la sexualité normale de la femme. (...) La question de savoir si la femme est plus ou moins masochiste que l’homme peut être décidée rapidement. Dans ce sens-là [celui de la perversion]. la femme est certainement moins masochiste.

Historique populaire : les premières associations, premières interprétations

Au cours des années 1975 Gini Graham Scott, docteur en sociologie et anthropologue, s'est infiltrée dans les communautés sadomasochistes de San Francisco. Elle se serait même fait aider pour dominer et se soumettre elle-même, afin de mieux cerner son enquête. Dans son livre, La Domination féminine, elle parle des premiers dominants et masochistes qu'elle a rencontrés. Gini Graham Scott relate ce qu'elle apprend de ces communautés sans y ajouter de réflexions personnelles. Les participants employaient les termes domi-soumissionbondage et discipline,sadomasochisme. De nombreuses polémiques naquirent. A savoir quelle pratique était plus ou moins anormale, tabou l'une par rapport à l'autre. Les termes Top et Bottom, sub furent employés. D'un commun accord, les communautés décidèrent qu'il s'agissait de pratiques sœurs. Et, ils adoptèrent définitivement le terme BDSM. Lorsque Gini Graham Scott a fait cette enquête le sigle BDSM n'existait pas encore. Elle emploie dans la version originale (anglophone) les termes D&S pour l'expression dominance and submission, et D&Sers pour désigner ceux qui s'y adonnent ».

Premiers groupes actifs selon Gini Graham Scott

  1. La société de Janus : Il s'agissait d'une organisation donnant des conseils et des informations.
  2. L'église S.M.: Organisation exclusivement consacrée à la domination Féminine.
  3. Samois : Fonction sociale et informative rassemblant environ 200 lesbiennes.
  4. La Gemini Society : Un groupe d'environ 50 hommes dominants et femmes soumises.
  5. Le club 15 : Des hommes gays, ils sont environ une centaine.

L'organisation de l'Église S.M.

À l’heure où Graham Scott écrit, les responsables de l'Église S.M. sont : LanceHarveyKenDevora et Danielle. Les femmes projettent de travailler en tant que dominatrices professionnelles. Après une courte durée de confidentialité Diana et Drew intéressés par la sorcellerie rejoignent le groupe et enseignent aux autres l'adoration de la Déesse.

Activités religieuses

Sectateurs et sectatrices de l'Église S.M. organisent des rituels calqués sur les cérémonies chrétiennes. Ils n'adorent pas Dieu le Père,mais la Déesse mère. Ils se prosternent aux pieds de la prêtresse qui les frappe légèrement avec une petite badine sur la tête et les épaules : « Acceptez-vous de souffrir pour apprendre ?»Ce n'est qu'après cette réinterprétation de la pénitence, dans la perspective de domi-soumission, que le communiant purifié peut recevoir le pain et le vin de la communion. Ils chantent des cantiques.

« (...) Nous sommes maintenant réunis ici, tous ensemble

Pour adorer la Déesse

car elle est la Grande Mère

Et son amour se déverse sur l'univers (...) »

« Au cours d'une cérémonie, Lance expose les avantages des sociétés matriarcales dirigées par des femmes aussi puissantes qu'Élizabeth 1re, Cléopâtre ou Nefertiti. »

Toujours dans un rite, on attache les hommes sur le ventre. Les poignets sont liés aux chevilles afin de leur apprendre l'humilité. Pendant cette mise en scène Gini Graham Scott relate la réflexion d'une sectatrice :

« N'ont-ils pas l'air chou ? Ils nous donnent juste envie de les battre. »

Enfin les scènes de flagellation, les suppliciés sont attachés, mains en l'air au-dessus de la tête. Dans son livre Gini Graham Scott précise que le fouet utilisé est un chat à neuf queues.

Toujours suivant l'auteure l'Église S.M. intéressait essentiellement les hommes et la rareté de ses membres féminins a eu pour conséquence la démission rapide de nombreux hommes frustrés».

Selon les psychanalystes, les philosophes

Theodor Reik écrit : « le masochisme est une tendance instinctive commune en tant que possibilité et réalisation à tous les êtres humains, et ne devient pathologique qu'en dépassant certaines limites et en adoptant une nature qui exclut presque toutes les autres directions de l'instinct. » . Jean Ristat écrit : « Le sadisme est universel et le masochisme est clandestin ». Signifiant ainsi qu’il y aurait beaucoup moins de gêne à exhiber la douleur sociale. Alors que réclamer une douleur festive sous l'appellation masochiste a une connotation honteuse et de ce fait à cacher. Jean Paulhan était donc un visionnaire lorsqu'il a écrit : « (...) de ce bon romancier autrichien qui vint au monde cent ans après Sade, dont les héroïnes cruelles étaient vêtues d'une cravache, et parfois de manteau de vison. Je sais bien que tous les goûts sont dans la nature, et toutes les manies. Celle-ci n'est pas dangereuse ni plus déplaisante qu'une autre. Elle ne l'est pas moins non plus. Mais pour être mystérieuse, elle l'est ! Exactement, elle est la seule manie que l'on ne puisse châtier sans lui venir en aide, ni punir sans la récompenser. Parfaitement incompréhensible : absurde. Reste que de cette absurdité le critique peut se faire (comme on dit) une raison ». J. Paulhan.

Et malgré ces sources, pour certains écrits « blogestes » ou « forumesques », le terme masochiste reste couvert d'opprobre et reste caché. Ils emploieront le mot soumis ou soumise pour parler du ou de la subordonné(e).

Il semble assez incompréhensible que l'on parle de soumission sans y ajouter le mot«  volontaire » si l'on se prétend dans lelibrement consenti. Quant à la domination, lorsque l'on se réfère à la domination masculinepatriarcale, ou criminelle, il serait utile de préciser dans quel champ, nous nous trouvons. Car un sadiquecriminel exerce aussi la domination dans le cas de Natascha Kampusch par exemple. L'homme qui la retenait captive la faisait déambuler à moitié nue dans la maison de Strasshof pour lui retirer tout espoir de fuite. Il lui répétait sans cesse, « je suis ton roi, tu es mon esclave »27. À propos d'humiliation, voilà ce qu'en pense Gilles Deleuze : « On remarque que le masochiste est comme tout le monde, qu'il trouve son plaisir là où les autres le trouvent, mais simplement qu'une douleur préalable, ou une punition, une humiliation servent chez lui de conditions indispensables à l'obtention du plaisir. » Donc, Deleuze inclut bien l'humiliation dans la relation masochiste.

Bien que la fusion ait été décidée entre ces sexualités : Bondage, discipline, soumission volontaire, domination sexuelle, sadomasochisme. À nouveau, et sans doute pour les raisons évoquées ci-dessus, des communautés prétendent appartenir à un nouveau type de relations qu'ils nomment D/s.

Origine du mot soumission

La soumission sociale n'est pas une relation douce. Lorsque l'on remonte l'histoire de notre civilisation la soumission dans divers domaines se rapproche du crime, de l'autorité sociale particulièrement sévère accompagnée de violences physiques. On rencontre la soumission à la question inquisition, la prostituée soumise, (soumise au proxénète). Le peuple était soumis au roi et mourrait de faim etc. Alors que le, la masochiste sont libres. Et qu'il ou elle éduque le bourreau, ou la bourelle. Il ou l'éduque pour une mise en scène que lui ou elle seul(e) décide. Daniel Leuwers a préfacé une Vénus à la Fourrure en livre de poche : « Le masochiste cherche à conditionner l'attitude de la femme en vue de la faire participer à un jeu dont il entend assumer seul la direction. Il s'agit de donner à la femme l'illusion du pouvoir alors qu'elle est sous le joug insidieux de l'homme qui la force à le battre ». » Celui qui se ferait battre ou humilier sans accord explicite ponctué par le contrat, serait la victime du sadisme. Les psychanalystes,Sacha Nacht confirme la maîtrise du masochiste. A moins de parler de « soumission volontaire », on peut très vite faire l'amalgame entre la soumission sociale et la soumission ludique. Alors, que le mot masochiste est, lui, beaucoup plus clair. La douleur, nous ditSacha Nacht, « dans la plupart des cas, elle vient compléter et achever une mise en scène plus ou moins compliquée, imaginée, puis exigée par le masochiste ». - - Aujourd’hui on trouve quelques romans de gare qui enseignent des méthodes destinées aux femmes, pour l’éducation de leur mari. Mais ces thèses ne se retrouvent pas chez des auteurs reconnus et sérieux. Ces textes sont souvent écrits par des personnages inconnus de tout public. Qui, à l'image d'un gourou, tentent de former des disciples. Leopold von Sacher-Masoch, lui, écrivait son programme et harcelait ses compagnes pour qu'elles incarnent la Vénus à la fourrure.Masochisme de Leopold von Sacher-Masoch - Wikipédia. Mais il avait l'honnêteté de dire « Si une telle femme était dans ma vie, elle ne serait pas dans mes livres ». Masochisme de Leopold von Sacher-Masoch

Les professionnels

En dehors des professionnels, on note divers pratiquants.

  • Les couples : ils sont très rarement professionnels et exercent seuls ou établissent des relations avec d'autres couples et se rencontrent dans des soirées organisées ;
  • Les hommes seuls, en recherche d'un ou plusieurs partenaires ;
  • Le sadomasochisme est pratiqué dans le milieu gay, avec quelques professionnels gay ;
  • Dominatrices amatrices ;
Article détaillé : Dominatrice.

Elles sont fréquentées par des hommes qui ne veulent pas partager leurs fantaisies avec leur femme ou leur petite amie. Ils prétendent que leur compagne ne supporterait pas de rentrer dans leur fantasme et les quitterait sûrement. Ou, pour la paix de leur famille, ils craignent de ternir l’image du Père. Ils vont voir une professionnelle aussi parce que c'est plus pratique que d'attendre sur un chat qu'une non professionnelle les convoque. Ils veulent en finir avec la pulsion et retourner à la vie civile. Où, généralement, le maître c'est eux.

Elles se divisent elles-mêmes en différentes catégories :

  • Celle qui renonce à son propre masochisme en devenant « masochisante ». Elle n’est pas sadique et l’erreur serait de croire qu’elle l’est. Cette dominatrice joint l’utile à l’agréable. Souvent d’excellentes techniciennes, lorsqu’elles sont appliquées. Lorsqu’elles ont assimilé leur rôle et sont attentives au moindre signe du sujet pour comprendre ce qu’elles doivent ordonner.
  • D'autres ne s'intéressent qu'à l'argent qu'elles vont gagner et dépenser.

Il existe également de par le monde des « Maisons de domination » : autorisées en Allemagne, aux Pays-Bas, aux États-Unis, etc., elles sont interdites en France et sont passibles de condamnations pour proxénétisme. Certains donjons internationaux sont organisés par des dominatrices expérimentées qui savent choisir leur personnel. D’autres ne sont que de vulgaires maisons de passe appartenant à la mafia. Avec des dominatrices plus ou moins bien formées, dont certaines ne sont ni bien psychologues, ni bien attentionnées.

Le film de fiction Maîtresse, avec Gérard Depardieu et Bulle Ogier, met en scène une dominatrice professionnelle.

Pratiques et jeux de rôles

Certaines pratiques sont bisexes, d'autres concernent uniquement l'homme ou la femme, liste non exhaustive :

Bisexe
Article détaillé : Bondage.

Le bondage est une pratique qui consiste à rendre un corps captif par tout accessoire de contrainte et quel qu'en soit le procédé. Un des chercheurs du CNRS donne sur le Dictionnaire du CNRS dix sept mots pour la représentation sémantique du mot bondage et propose de choisir le synonyme qui convient. Sont inclus dans cette représentation les mots : esclavageservage,emprisonnementcaptivitéchaînesservitudedépendance etc.Howard Becker et son traducteur J.P.Briand ont choisi, eux, captivité. Les principaux accessoires sont : (menottescordes,collierbâillon, chaînes) cagoules contraignantes vaccum bed, inflatable en latex sac à deux parois, on gonfle entre les parois pour rendre le sujet immobile. , sleeping bag (généralement en cuir) ;monogant palan de suspension. On retrouve chez plusieurs philosophes ou psychanalystes, dont Otto Rank, l'idée que la vie intra-utérine serait une situation voluptueuse, sorte de Paradis perdu et que l'être humain chercherait un retour inconscient à la vie intra-utérine. Rank ajoute : « c'est ainsi qu'en se faisant ligoter, le masochiste essaie de rétablir, en partie tout au moins, la situation voluptueuse de l'immobilité intra-utérine. » Toujours d'après ce même auteur, le bondage constitue un élément typique du masochisme.

  • Suspensions : par les pieds, sur une croix qui tourne, dans un harnais, dans une cage en cuir.
  • Fantasme de Kidnapping à mettre en scène.
  • Camisoles : Bondage encore, idem enfermement avec des camisoles psychiatriques.
  • Privation sensorielle : asphyxie érotique, contrôle de la respiration à l'aide de masques : la maîtresse ou le maître va ralentir la respiration de son sujet tout en surveillant son partenaire. Ceux qui essaient de pratiquer seuls prennent de gros risques. C'est l'accident survenu à David Carradine « Uneversion corroborée vendredi par les premières conclusions de l'enquête demandée par l'ambassade américaine: "Une corde était attachée autour de son cou et une autre à son organe sexuel, et les deux étaient reliées ensemble à la penderie" dans la chambre, a déclaré à la presse le général Worapong Siewpreecha de la police métropolitaine de Bangkok. "Dans ces circonstances, nous ne pouvons pas être sûrs qu'il a commis un suicide, mais il a pu mourir de masturbation", a-t-il affirmé. L'agent de l'acteur a confirmé vendredi ces nouveaux éléments, qui mettent fin à la rumeur selon laquelle il se serait suicidé.»
  • Cuir bondage : idem bondage avec des sacs de cuir appelés encore sleepingbags (sacs de couchage) par les anglais.
  • Momification
  • Corset : port de corset, minerve, vêtements contraignants.
  • Discipline : fessées, châtiments corporels - fouet - cravache, canne anglaise, mise en scène ou non du châtiment. Jean-Jacques Rousseau ne s'était pas remis d'une fessée reçue de la main de son institutrice Mlle Lambercier. Il évoque ce souvenir ému : « Qui croirait que ce châtiment d'enfant, reçu à huit ans par la main d'une fille de trente, a décidé de mes goûts, de mes désirs, de mes passions, de moi pour le reste de ma vie, et cela précisément dans le sens contraire à ce qui devait s'ensuivre naturellement ? »
  • Heavy rubber : total enclosure Thanatos règne dans ces jeux, particulièrement avec le latex. Et c'est pour mieux le combattre que l'esclave latex ou le fétichiste latex s'enferme. « Car c'est en maîtrisant ce qui normalement nous détruit que nous pouvons vaincre la mort et atteindre l'éternité.
  • Fantasme d’être pendu, étranglé ou noyé, mise en scène
  • Enfermement : Bondage encore, enfermé, l'impression d'angoisse d'être seul, qu'il sera abandonné, la tension monte, le désir aussi.
  • Cannibalisme retourné : « L’ours est l’animal d’Artémis, l’ourse à la fourrure est la Mère, la fourrure est le trophée maternel. Aussi bien, dans ce recueillement, la loi de la Nature devient-elle terrible : la fourrure est la fourrure de la mère despote et dévorante instaurant l’ordre gynécocratique. Masoch rêve que la femme aimée se transforme en ours, l’étouffe et le déchire. » Gilles Deleuze.
  • Humiliations : toutes les insultes faites aux femmes dans la vie sociale ; le dominé peut être excité à les entendre lorsqu'il est femme l'espace d'une séance. Ainsi que toute autre mise en scène de l'humiliation par les tenues vestimentaires et les positions. Il en est de même pour la femme qui sera excitée par ces insultes érotisées et l'obligation de tenues de port de vêtements et d'être éventuellement exhibé nu (homme ou femme). Il est évident que ce type d'humiliation leur serait insupportable dans la vie ordinaire, mais dans le cadre d'un rapport sexuel, l'humiliation prend toute sa dimension érotique.
  • Jeux d'enfants : à propos des jeux d’enfants pour adultes, Anne Larue évoque la différence entre le masochisme social et le masochisme festif : « être ludique, ce n’est justement pas être un enfant geignard ou dépendant ; c’est être un enfant adulte capable de jouer à l’enfant, et d’apprécier la distance que vaut le jeu. (…) Les grands enfants heureux qui sans l’ombre d’une « pulsion de destruction » véritable jouent au masochisme justement parce qu’ils sont heureux et qu’ils ne sont plus des enfants. » Du besoin de régression vers la toute petite enfance W.Reich dit que le masochiste a un intense besoin d'être aimé. A cela Theodor Reik réplique "Le bébé est sûr d'être aimé. Il a une confiance naturelle dans l'amour du père et de la mère et du monde entier."».

Reik cite aussi le lied de Brahms "Ah si je connaissais encore le chemin du retour, le chemin bien aimé à la chère période de l'enfance..."

  • Jeux de service : valet - femme de ménage - bonniche très ordinaire - soubrette chic et prude - soubrette putain - etc. (hommes et femmes) à ces jeux de service s'allient quelquefois le fétichisme des blouses de nylon. Elle ne sont plus fabriquées actuellement, mais certains adeptes les conservent pieusement. Elles étaient le plus souvent fabriquées dans des couleurs bleu et rose néon.
  • Chantage : Le sujet est obligé de prendre du plaisir, il n'est plus responsable de la faute car la dominatrice le fait chanter : « tout le monde va savoir ». Dans le cas dominée/maître le même scénario peut-être adapté.
Ponygirl
  • Pony-play: le ou la dominée (Ponyboy -Ponygirl) harnaché(e) comme un cheval de course, va tirer un sulky.
  • Viol théâtralisé
  • Jeux de bougie : par prudence, la bougie doit couler d'assez haut afin de ne pas provoquer des brûlures sévères.
  • Tortures de seins
  • Electro stimulation : pénétration par un plug branché sur pile, colliers pour encercler les testicules (pour les hommes), le sexe. Ces colliers sont munis d'électrodes. Les distributeurs de matériels recommandent d'utiliser l'électricité uniquement sous la ceinture
  • Piétinement du corps du sujet (pratique appelée trampling par les anglo-saxons).
  • Jeux médicaux : piqûres, lavements punitifs.
  • Lavement érotique - Otto Rank  toujours : le psychanalyste parle du « désir inconscient du garçon de pouvoir donner naissance à des enfants par la voie anale ». Or dans le lavement érotique, il y a aussi la perte des eaux. Considération des psychanalystes qui ramènent tout à l'enfance post-natale, il s'agirait du souvenir d'enfant érotisé.
  • Jeux sexuels à base de pénétrations (sodomie, utilisation dejouets sexuels)
  • Urolagnie : se dit de la pratique où le dominant urine sur son sujet

Otto Rank  précise que, lorsqu'un enfant prend du retard sur l'âge de la propreté, c'est justement pour faire perdurer la situation intra-utérine voluptueuse.

  • Scatophilie : ceux qui sont attirés par les excréments.
The Bellifortis sketch, ceinture de chasteté (ca. 1405)
  • Chasteté : obligation semi permanente du port d'une cage chasteté pour l'homme et d'une ceinture de chasteté chez la femme.
  • Piercing : souvent forme d'appartenance, la femme se fait mettre des anneaux aux lèvres du sexe et quelquefois son maître ferme les anneaux avec un petit cadenas ce qui a pour but de préserver la chasteté de sa soumise. L'homme se fait percer le sexe ou les testicules avec des anneaux. L'anneau le plus connu pour les hommes est le Prince Albert, Piercing génital masculin.
  • Autres jeux d'appartenances : le rosebud plug porté par le soumis ou la soumise quelquefois le rosebud porte les initiales du maître ou de la maîtresse.
  • Appartenance par marquage : tatouage ou branding (marquage au fer, encore appelé « baiser de feu » par les américains).
  • Facesitting
  • Devenir animal, cheval, chien, chienne, porc, truie, ver de terre etc.
  • Adoration du maître ou de la Maîtresse : type cérémonie à l'idole païenne.
  • Exhibition (« exhibe ») : le goût du risque et de l'humiliation en public. Mise en scène du risque.
Jeux de rôles associés au fétichisme de l'uniforme 

Le BDSM peut-être être conjugué avec le fétichisme de l'uniforme. L'uniforme sert à la mise en scène du jeu de rôles.

  • Médical : fétichisme de l'uniforme d'infirmière, de praticiens, blouses blanches. allié aux jeux de rôles BDSM : auscultation, médecin patient, pénétration, examen homme femme avecspéculum, piqures, fouille corporelle, Clystérophilie pose de sondes etc.
  • Militaire ou policier : suggestion de jeux d'interrogatoire, de torture, d'emprisonnement. le jeu de rôles BDSM est conjugué avec le fétichisme de l'uniforme.
  • Uniforme d'écolière, les Japonais en raffolent. Applicable pour plusieurs types de scénarios dans l'imaginaire BDSM : instituteur punissant son élève désobéissante, notamment.
  • Uniforme de religieuse : où le fidèle se confesse (religieuse dominatrice), ou bien où la religieuse tient un jeu de rôle BDSMd'abnégation à une puissance supérieure ou divine (religieuse soumise, la puissance suprême pouvant, dans le cadre du jeu de rôles, être incarnée par le maître ou la maîtresse). Dans la mode, provocation de Lady Gaga et Jean Paul Gaultier, l'uniforme prètre et religieuse : la fessée, photo en ligne46.
  • Uniforme enfant style marin, conjugué éventuellement avec un jeu de rôle BDSM d'institutrice sévère.
  • Uniforme de valet, gilet acheté dans les boutiques pour uniforme de gens de maison : fantasme de soumission sur le thème du domestique BDSM.
  • Uniforme de soubrette victorienne.
Femmes seules
  • Bondage et tortures des seins
  • Rubber doll : enfermement total dans des vêtements de latex : le visage même est recouvert d'un masque de femme en latex. La femme peut jouer la dominatrice Rubber cachée derrière un masque de poupée qui peut devenir sévère. De même que l'homme dominateur peut transformer son sujet femme en poupée.
  • Tous jeux de rôles possible tels que se retrouver dans un lieu public et obéir au maître qui selon son humeur obligera la jeune femme aux attitudes qu'il aura décidé. Peut-être s'exhiber ou allumer des hommes, jeux de prostitutions, être livrée etc.
  • Le port d'un œuf dans le ventre de la soumise, ou le port d'un plug, et d'un papillon sur le clitoris, les trois accessoires vibrants. Et ce lors d'un repas chic chez des amis. Activer les vibro à distance pendant le repas est du meilleur effet.
Hommes seuls
  • Travestissement : dans leur masochisme féminin, les hommes cherchent à se travestir, dans l'esthétisme comme dans la vulgarité (port de masques rubber doll).
  • Féminisation : les hétérosexuels peuvent exprimer le désir d'être femme ; c'est sûrement le fantasme masochiste le plus commun. Dans son livre Françoise Maîtresse, l'auteure relate plusieurs jeux de rôles comme « Élodie en sous-sol », dans lequel un maçon provincial passe une journée à Paris dans les salons de beauté pour se faire « belle », afin de se prostituer le soir au bois sous les ordres impérieux de sa Maîtresse, ou encore l'histoire de « Human bomb ».
  • Jouer à être un enfant : la dominatrice, souvent dans le rôle d'une tante sévère ou d'une maîtresse d'école à l'ancienne, ou d'une quelconque figure autoritaire maternelle, telle qu'une amie de la famille, représentant la seconde mère. La dominatrice invente une histoire concernant une bêtise qu'aurait fait le sujet, qui lui, serait redevenu enfant. Elle prend ce prétexte pour l'humilier, le fesser, le punir comme l'on punit un enfant. Dans le cas d'un couple homme dominateur, selon Deleuze l'homme n'a aucune difficulté à représenter la sévérité maternelle.
  • Mise en scène de fantasme d'être proie : pour une chasseresse. Masoch avait ce fantasme et il l'exprime dans son roman : « Dans Loup et Louve l'héroïne demande à son prétendant de se laisser coudre dans une peau de loup, de vivre et de hurler comme un loup, et d'être chassé . » Gilles Deleuze parle des fantasmes de Masoch : se faire travestir en ours et de se faire chasser : « Les goûts amoureux de Masoch sont célèbres ; jouer à l'ours, ou au bandit ; se faire chasser, attacher, se faire infliger des châtiments, des humiliations et même de vives douleurs physiques par une femme opulente en fourrure et au fouet ; se travestir en domestique, accumuler les fétiches et les travestis etc. »
  • Mise en scène du mari cocu : chère à Masoch. On trouve ce genre de site sur Internet. à noter que le masochiste se réserve le plus souvent de maîtriser son cocufiage.
  • Cannibalisme retourné : (résumé) l'homme est mis en position de dinde à cuire et ficelé. On introduit dans ses orifices naturels, des oignons, des herbes, de l'ail, du persil dans les narines. On l'enferme dans un faux four géant en plexiglas. On ouvre le four, on pique avec la pointe du couteau pour vérifier la cuisson. Enfin, on sert la dinde. La maîtresse mime le découpage.
  • Ballbusting : le fait de prendre les testicules du dominé pour un ballon de foot.
  • Rubber doll : enfermement total dans des vêtements de latex : le visage même est recouvert d'un masque de femme en latex. C'est une façon de prendre ses distances avec le réel, d'entretenir l'apparence de la transformation sauvée. C'est un « abandon du jugement de dieu » selon Antonin Artaud et Deleuze, à l'image du visage du Christ vecteur de culpabilité. L'homme quitte ainsi son visage phallique patriarcal sans culpabilité ni complexe, car ce n'est plus lui mais un autre, une autre, la caricature d'une femme. La « Visageité » selon Deleuze Guattari parle d'un déni de visage, référence à la peinture de Francis Bacon. Deleuze a en outre écrit sur Francis Bacon.
  • Jeux autour de la chasteté pour homme. Il existe des cages de chasteté, la CB2000 (3000, 4000, etc) par exemple. Entièrement en plexiglass ou en latex. Elles se ferment avec des cadenas. Ces cages ne sonnent pas aux passages de contrôle des aéroports. Le fabriquant a, de ce fait, poussé le jeu de l'enfermement en proposant des cadenas légers en plastique. Le cadenas est numéroté. S'il peut s'ouvrir d'un simple coup de ciseaux pour une éventuelle visite médicale d'urgence, il ne peut plus se fixer à nouveau et un autre cadenas n'aura pas le même numéro. Si Monsieur se fait cadenasser son sexe avant de partir pour un voyage d'affaires, il a intérêt à revenir avec un cadenas qui porte le même numéro. Où être muni d'un certificat médical attestant qu'il a bien eu un problème de santé.
  • Élongation des testicules avec des poids
  • Fétichisme du pied : des bottes, des escarpins (adoration du pied qui devient l'idole). Idem pour les bottes et escarpins.

Citation

Dans Pop model, les mémoires de Lio, écrites avec Gilles Verlant, il est écrit :

« Il existe des femmes qui aiment les rapports masos, ça les excite ; elles font très bien la différence entre l’acte sexuel, où elles apprécient certaines choses qui sont de l’ordre du lien, de la coercition, même accompagnée de fessée, de coups de cravache, dans le cadre d'un jeu librement consenti, et la violence conjugale qu’elles ne supportent absolument pas par ailleurs ».

Santé et sécurité

Certaines de ces pratiques peuvent, lorsqu'elles se font sans la connaissance des limites des participants, être hasardeuses. C'est là que le contrat intervient. Si les partenaires ne se connaissent pas encore, il est indispensable de définir les limites avant le début du jeu. L'écoute, la progression et une attention particulière restant indispensables pendant le jeu.

Afin de limiter tout risque de contamination, il est recommandé de ne jouer aux jeux d'aiguilles qu'avec son partenaire régulier, de façon à ne pas être piqué avec une aiguille avec laquelle le dominant se serait accidentellement piqué lui-même. De même, les objets de pénétration doivent être nettoyés après usage et protégés par un préservatif pendant l'usage.

La cire chaude doit être versée d'une distance suffisante pour ne pas provoquer de vraies brûlures (une plus grande distance refroidit la cire).

Les professionnel(le)s - et tout dominant pratiquant avec un sujet soumis qu'il ne connaît que peu ou pas - devront vérifier, avant toute pratique un peu dure suggérée par leur sujet, que celui-ci ne présente pas de contre-indication médicale : problème cardiaque, insuffisance respiratoire de type asthme ou sinusite, etc. Le dominant devra dans ces cas précis refuser certaines pratiques telles que suspensions par les pieds, contrôle de la respiration, bâillon dur, masques, cagoules de contrainte, etc.

Concernant le ligotage, il est indispensable de vérifier qu'a aucun endroit du corps la corde fait un effet garrot. Il convient de proposer un signe des que le sujet ressent un quelconque malaise et, dans ce cas, de le libérer immédiatement. Il ne faut jamais laisser un sujet immobilisé sans surveillance.

Safeword, ou code de sécurité

Le safeword, en français « code de sécurité » ou « mot d'alerte » qui sonne l'arrêt immédiat de la séance, au cas ou le dominant ne serait plus à l'écoute et de ce fait depasserait les possibilités du dominé. Il est utilisé par le sujet dominé. Quant aux safewords non verbaux, rendus nécessaires par l’usage des bâillons, un signe de la tête peut indiquer l'état d'urgence.

Cérébralité et safeword

Des dominants expérimentés estiment que le safeword fait perdre une partie de la cérébralité du jeu. En effet ce qui provoque, souvent, l'excitation et le désir dans une relation dominant/dominé, c'est justement l'abandon du dominé qui s'en remet entièrement au dominant ou à la dominatrice. Le dominant doit alors communiquer par une clef invisible et doit comprendre, sans que le dominé ne l'énonce clairement, à quel moment il doit ralentir, voire s'arrêter. Il s'agit de savoir communiquer comme un medium talentueux pourrait le faire. Il s'agit de comprendre les non dits. Pour cela le dominant doit connaître son sujet et la dominatrice ou le dominateur doit être plus que jamais à l'écoute. Ce qui, évidemment, exclut les joueurs débutants qui doivent s'en tenir au safeword.

Safeword, quand est-il necessaire ?

Dans son livre : La domination Féminine, Graham Scott met en garde la pratique des relations avec une dominatrice débutante. Et le risque reste le même avec une dominatrice peu psychologue. « Quand Travis commença à réaliser les fantasmes qu'il avait depuis longtemps, il dit à une dominatrice professionnelle qu'il pouvait tout supporter, y compris une douleur intense ?Elle le fouette donc sévèrement et bien qu'il la suppliât d'arrêter, elle ignora ses plaintes comme s'il s'agissait de réplique d'une comédie, ce qui effectivement, est souvent le cas. Mais alors qu'une femme dominante expérimentée observe le langage corporel de l'homme pour différencier les plaintes authentiques, cette femme ne fit pas attention et continua à frapper. Pour Travis, la séance fut une expérience affreuse et il garda durant deux semaines de larges marques rouges. » Plus tard Travis s'exprima dans la communauté « Elle ne s'est pas souciée de ce que je désirai vraiment, elle m'a simplement mis en bouillie » ». Fort heureusement ces dominatrices ne font pas de carrière.

Législations

Les législations des principaux pays occidentaux n'interdisent plus les pratiques sexuelles BDSM. Toutefois, le Royaume-Uni définit un seuil de pratiques au-delà desquelles le BDSM tombe sous le coup de la loi. L'affaire Spanner (année 1991) qui a consisté en la criminalisation d'hommes consentants, alors qu'aucune plainte de quiconque n'avait été déposée, a jugé coupables des « dominants » sur la seule base des marques laissées sur les « soumis ». Une fessée un peu appuyée, un bondage serré sont donc illégaux (ce jugement a été validé par la Cour européenne en juin 1997).

Il faut s'en tenir au jugement. Les participants à ce que l'on a nommé l'affaire Spanner furent condamnés sur la possession d'images hard entre majeurs consentants. Ce qui est à noter c'est qu'à l'époque, la loi anglaise punissait ceux qui se faisaient violence à eux-mêmes, d'où l'interdiction de se suicider. Un rescapé du suicide en Angleterre était passible de prison pour tentative de meurtre envers lui-même. C'est ce qui amena la chambre des Lords à infliger des peines de prison aux « dominés ». Des peines inférieures d'environ 50% par rapport aux dominants.

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a aussi statué dans l'affaire K.A. et A.D. c/Belgique (jeux sexuels entre plusieurs hommes et une femme) le 17 février 2005 contre une pratique du sadomasochisme si la personne « esclave » demandait de façon expresse mais aussi tacite l'arrêt de ces pratiques. En l'occurrence, la justice juge le manquement au consentement, mais pas la pratique en elle-même, ce qui était le cas dans l'affaire Spanner.

Depuis 2002, la Suisse possède l'une des législations les plus répressive concernant la pornographie dite dure.

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21 novembre 2011

anabaptiste

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L'anabaptisme est le courant protestant qui prône un baptême volontaire et conscient, à un âge où la personne est en mesure de comprendre l'engagement qu'elle prend. Le mot vient du grececclésiastique anabaptizein signifiant « baptiser à nouveau ». Cette pensée est un point essentiel de la Réforme radicale protestante.

Le terme a pris historiquement un sens politique, dans le sens où ce mouvement s'opposa au pouvoir politique et religieux en place dans le canton de Berne au xvie siècle.

Sommaire

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Historique

Diffusion de l'anabaptisme 1525-1550

Origine

Selon l'évangile selon Marc, « Celui qui croit et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné1 ». À partir de quoi, certains réformateurs du xvie siècle dénient toute valeur au baptême imposé aux jeunes enfants. Ils estiment que ce sacrement ne doit être reçu qu'en pleine connaissance de cause par les candidats. Ainsi, ceux qui ont été baptisés avant l'âge de raison se faisaient rebaptiser.

Selon la confession de Schleitheim regroupant un certain nombre de communautés autour deSchaffhouse, 7 traits de la théologie illustrent l'anabaptisme :

  1. Le baptême est réservé aux consentants de la foi, c'est-à-dire aux adultes sûrs de larédemption et qui veulent vivre fidèlement au message du Christ.
  2. La cène n'est que symbolique. C'est une cérémonie du souvenir faite avec du pain sans levain et du vin mais il n'y a ni consubstantiation ni transsubstantiation.
  3. Le pasteur est élu librement par la communauté et n'est pas investi du sacerdoce.
  4. Sont exclus de la cène tous les fidèles tombés dans l'erreur ou le péché.
  5. La séparation du monde est totale aussi bien religieusement que politiquement. Il s'agit de se séparer de toutes les institutions n'étant pas dans l'Évangile.
  6. Un anabaptiste ne peut pas remplir de charge civile (droit de glaive).
  7. Il ne doit jamais prêter serment.

Dans les faits, de petites communautés de croyants sont réunies dans des conventicules, le plus souvent clandestins, afin de lire la Bible. Les chefs des communautés sont des laïcs qui officient en habit civil. La discipline est importante pour maintenir une pureté éthique et doctrinale.

La progression de l'anabaptisme en Europe centrale est un véritable problème pour les autorités religieuses catholiques en place puisqu'il incite les personnes à ne pas faire baptiser leur enfant avant leur prise de conscience, ce qui risque de les priver du salut selon la doctrine catholique. Par ailleurs, sur le plan politico-religieux, les anabaptistes refusent la soumission de la religion au prince.

Le terme anabaptiste provient, à l'origine, des adversaires de ce courant de pensée. Ainsi, certain groupes tels les mennonites refusaient cette étiquette, alors qu'ils la revendiquent aujourd'hui.

Les différents anabaptistes

Le terme « anabaptiste » regroupe des communautés différentes, qui n'ont parfois rien à voir les unes avec les autres. Bullinger, successeur de Zwingli à Zurich, a dressé une typologie des anabaptistes où apparaissent une dizaine de communautés dont :

  • Les Frères suisses se sont formés dans l'entourage de Zwingli à Zurich. À l'inverse de ce dernier, ils pensent que la religion ne doit pas être institutionnalisée et réclament la liberté de choisir les pasteurs. De plus, ils pensent que le caractère obligatoire du baptême le disqualifie. Zwingli les expulse de la ville tandis que le même jour Grebel autorise le rebaptême.
  • Les anabaptistes autour de Melchior Hoffman pensent que la cène est un acte symbolique. Melchior Hoffman se retrouve à Strasbourg où il se lie d'amitié avec Martin Bucer. Comme il pense que la fin du monde est proche (1538), il s'empresse de procéder au rebaptême. S'entendant bien avec le magistrat de la ville, il peut procéder au rebaptême de ses amis. Ses disciples iront jusqu'à Munster où Jean de Leyde gagne les élections et fonde un règne eschatologique du Christ.
  • Les Huttérites vivent en communauté, repliés sur eux-mêmes. En 1650, on en comptait 10 000. Vivant groupés, ils considèrent que l'individu doit une obéissance totale aux lois de sa communauté, celui qui les transgresse devenant immédiatement un paria.
  • Les Brethren (Frères), apparus dans le Palatinat allemand vers 1708, où Alexander Mack et ses partisans se baptisent dans le fleuveEder. Appelés d'abord Frères baptistes allemands, ils émigrent en Amérique du Nord où ils fondent différentes églises qui perdurent aujourd'hui.

Les sociétés anabaptistes sont surtout urbaines et pacifistes mais, devant l'horreur qu'inspire le non-baptême chez les autres chrétiens, elles se réfugient vers la campagne où elles espèrent éviter les répressions. Entre 1525 et 1529, il n'y en a que 29 à Zurich et 10 à Schaffhouse. Vers 1630, on les estime au nombre de 4 000[réf. nécessaire].

Le « munzerisme », dissidence de l'anabaptisme

Le munzerisme n'est pas représentatif de l'anabaptisme, mais il s'appuie sur cette idée pour développer une approche plus poussée de la préparation du règne eschatologique du Christ.

En 1521Thomas Münzer tout d'abord pasteur luthérien rompt avec Luther alors qu'il réside à Prague. Avec Nicolas Stork, il prêche les idées anabaptistes en Bohême et en Silésie, tout en prônant une réforme plus radicale des institutions sociales. Les idées de Münzer et de Stork remettaient en cause la propriété privée du sol. Elles eurent beaucoup de succès parmi les paysans. Logiquement, Münzer soutint les paysans révoltés contre leurs seigneurs. Münzer rêvait de fonder une nouvelle monarchie théocratique en Allemagne. Il fut fait prisonnier au cours d'une déroute de son armée et fut exécuté. La guerre des Paysans ou guerre des gueux s'éteignit en 1525 : elle a été noyée dans lesang.

L'anabaptisme n'en était pas mort pour autant. Le rêve caressé par Münzer subsistait dans le cœur de certains. Ainsi Jan Matthijs et Jean de Leyde (Jan van Leiden) prirent la tête de l'insurrection pour établir une théocratie dans la ville de Münster. L'armée coalisée des princes ne tarda pas à mettre le siège devant la ville révoltée. Les assiégés, fanatisés par leur propre résistance, donnèrent libre cours à leur imaginationreligieuse : Jean de Leyde, par exemple, comme d'ailleurs David Joris (un autre chef anabaptiste pacifiste quant à lui), alla jusqu'à se proclamer successeur de David et, à l'instar de ce roi, s'unit à plusieurs femmes.

Quand, en 1535, après une année de siège et de résistance opiniâtre, la ville fut prise d'assaut, Jean de Leyde et ses lieutenants succombèrent sous la torture. Les anabaptistes dits conquérants furent traqués et poursuivis dans toute l'Allemagne et jusqu'en Suisse.

Ceux d'entre eux qui en réchappèrent se rallièrent aux anabaptistes dits pacifiques, communion strictement religieuse, mettant l'accent sur le baptême des adultes et sur l'inspiration personnelle dans l'interprétation de la Bible.

L'anabaptisme aujourd'hui

Ils sont à l'origine de certaines dénominations religieuses comme les mennonites auxquels sont apparentés les Amish, et indirectement autres églises protestantes telles que les baptistes, les évangéliques, les adventistes ou les pentecôtistes. D'autres, sous la conduite deHutter, disciple de Nicolas Stork, se retirèrent en Moravie et se firent appeler les Habani. Leurs céramiques et faïences (habánska keramika) sont très notablement connues entre autres en Slovaquie pour leur style raffiné et inspiré. Des communautés huttérites subsistent en Amérique du Nord.

En Suisse, les anabaptistes se sont établis principalement dans le Jura bernois, principalement en tant que cultivateurs. Ils parlent encore le Suisse-allemand en famille, bien que leurs enfants fréquentent les écoles de la région en français.

La dissidence Amish est née en 1693 à Sainte Marie-aux-Mines sous l'impulsion de Jacob Amman. Cette communauté est très présente aux États-Unis. La remise en question du baptême des enfants ou pédobaptisme est une réflexion constante des Églises protestantes enEurope. On a assisté dans les années 1950, puis dans les années 1970, à la croissance d'un mouvement en faveur du report du baptême à un âge de pleine conscience.

 

28 octobre 2011

violencesssss...........

VIOLENCES CONJUGALES

GÉNÉRALITÉS
LES CHIFFRES
PROCESSUS, MÉCANISMES ET CONSÉQUENCES
PRÉVENIR, DÉPISTER ET PROTÉGER - LA LOI
VIOLENCES CONJUGALES PENDANT LA GROSSESSE
IMPACT DES VIOLENCES CONJUGALES SUR LES ENFANTS
MAUVAIS CONJOINT, BON PARENT ?



GENERALITES

Définition : Il s'agit d'un processus au cours duquel un partenaire ou un ex-partenaire adopte à l'encontre de l'autre des comportements agressifs, violents et destructeurs.
Il s'agit donc de violences exercés par un partenaire au sein d'une relation de couple (que les partenaires soient mariés, pacsés, ou vivant en concubinage, que le couple soit hétéro ou homosexuel, que le couple soit séparé) ou au sein des relations amoureuses.
Les violences conjugales comme toutes les violences sont intentionnelles et elles représentent une atteinte au droit fondamental des personnes à vivre en sécurité, et une atteinte à leur dignité. Elles entraînent aussi une atteinte à leur intégrité physique et psychique et sont à l'origine d'importantes conséquences psychotraumatiques. Elles peuvent mettre en péril la vie, la santé, l'intégration scolaire, professionnelle et sociale des victimes et de leurs enfants. Elles aggravent ou génèrent des situations de précarité, de pauvreté, voire de marginalisation.
Elles sont un problème socio-politique et de santé publique. Une permanence téléphonique a été mise en place en 1992 par la Fédération Solidarité femmes avec depuis 2007 un numéro d'appel gratuit et anonyme depuis un téléphone fixe, le 39-19 violences conjugales-info, avec le site http://www.solidaritefemmes.asso.fr/ewb_pages/l/le-3919-violence-conjugale-infos.php . En 2010 les violences faites aux femmes ont été instituées grande cause nationale ; pour en savoir plus : http://www.violencesfaitesauxfemmes.com/ewb_pages/p/presentation-grande-cause2010.php . La loi reconnaît de plus en plus leur gravité et reconnaît que la qualité de conjoint de la victime constitue une circonstance aggravante de l'infraction commise, les textes de loi votés récemment organise unemeilleure protection des victimes (ordonnance de protection, éviction du partenaire violent, bracelet électronique, nouveau délit de violences psychologiques au sein du couple), et une meilleure information (campagne, diffusion de plaquettes d'information), une meilleure formation des professionnels concernés (de la santé, du social, des secteurs associatifs, de la police et de la gendarmerie, de la justice) et une meilleure lutte contre les inégalités et les comportements sexistes. La violence conjugale n'est pas le résultat d'un conflit. La violence conjugale est un processus d'emprise. Quel que soit son cadre, la violence est toujours une affaire de recherche de pouvoir sur l’autre, de satisfaction de ses attentes au détriment de l’autre, souvent exercée de façon mystificatrice au nom de l'amour. Le recours à la violence a pour objectif le contrôle et la domination de l'autre, la victime est mise sous emprise. La violence englobe la violence physique, verbale, psychologique, sexuelle, économique.
Il s'agit aussi d'une violence touchant dans leur immense majorité les femmes, dans 82% des cas de violences conjugales. Cette violence est « dirigée contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques y compris la menace de tels actes » (article 2-ONU, 1993), et elle « s'analyse comme un moyen de contrôle de la femme ayant ses racines dans le rapport de pouvoir inégal entre l'homme et la femme » (conférence de Rome,1993).
Les violences conjugales sont fréquentes, répétées et durables, elles démarrent très tôt dès l'adolescence dans le cadre des premières relations amoureuses. Elles touchent toutes les couches de la société, à toutes les périodes de la vie de couple, mais elles sont encore plus fréquentes chez les jeunes, lors de la première grossesse ou lors d'une séparation.
Elles bénéficient d'une tolérance, d'une minimisation et d'une banalisation de la part de la société, lesquelles reposent sur des stéréotypes concernant les femmes et leur rapport aux hommes, sur l'amour-passion confondu avec l'emprise et la possession qui justifierait la jalousie, le contrôle du partenaire, la violence lors des rapports sexuels, la disponibilité constante du partenaire, la mise sous esclavage au service de l'autre : « si tu m'aimes… ». Les violences conjugales sont tellement répandues que nombreux sont les enfants qui y ont été exposés à l'intérieur de leur famille, le couple est alors pour eux un lieu naturellement violent, dans lequel la jalousie le contrôle et la domination de l'homme sur la femme font partie des relations habituelles. Ils apprennent de leur famille une façon violente de gérer les conflits et que le rôle de la femme est de se soumettre aux exigences de son mari et de ne jamais le contrarier. Ils font l'expérience au sein de leur famille de la pression, l'intimidation et la manipulation émotionnelle comme outil pour obtenir ce qu'ils veulent.
Les violences familiales sont pour les femmes et les enfants, qu'ils soient témoins de violences conjugales ou victimes directes, à l'origine d'importants traumatismes psychiques et de conséquences graves et durables sur leur santé psychique et physique : pour les femmes, conséquences sur leur vie personnelle, affective, sociale et professionnelle, et pour les enfants conséquences sur leur développement, leur scolarisation, leur socialisation et leur vie affective. Ces conséquences sont liées à l'installation de troubles psychotraumatiques sévères qui sont particulièrement fréquents chez les femmes victimes de violences conjugales : 58% versus 24% chez l'ensemble des victimes de traumatismes, et les enfants exposés aux violences conjugales : 60% versus 24 %.
Les violences conjugales commencent souvent lors de la première grossesse (pour 40 % de l'ensemble des violences conjugales ), l'entrée dans la vie familiale peut « allumer » la mémoire traumatique, cf MÉMOIRE TRAUMATIQUE, d'un futur père qui a des antécédents de maltraitance dans l'enfance ou a été témoin de violence conjugales ; il peut alors considérer que cet enfant à venir « l'agresse », le met en danger et vouloir l'attaquer, le passage à l'acte violent en générant un stress lui permet de « disjoncter » et de s'anesthésier émotionnellement. La vie familiale devient un terrain miné susceptible d'exploser à tout instant et de s'abattre en violence sur la femme et les enfants, ceux-ci doivent mettre en place des stratégies d'évitement pour que la mémoire traumatique du père ne s'allume pas. La violence peut au travers des conduites dissociantes anesthésiantes générer de nouvelles violences de générations en générations.

LES CHIFFRES

La violence conjugale est la forme la plus courante de violence subie par les femmes dans le monde. Des études démographiques ont été conduites dans 71 pays pour recueillir des informations sur l’ampleur et la prévalence de la violence conjugale. Il ressort de l’étude Multipays de l’OMS sur la santé des femmes et la violence domestique à l’égard des femmes que la prévalence de la violence physique commise par un partenaire intime durant la vie d’une femme oscille entre 13 % et 61 %. La prévalence varie entre 23 % et 49 % pour la majorité des lieux étudiés. La prévalence de la violence sexuelle commise par un partenaire intime au cours de la vie d’une femme oscille entre 6 % et 59 %. Plusieurs études conduites dans différents pays en développement indiquent que la violence durant la grossesse oscille entre 4 % et 32 %, et que la prévalence de la violence physique durant la grossesse, de sa forme modérée à sa forme extrême, est d’environ 13 %. En France, au cours de l’année 2008, la délégation aux victimes du Ministère de l'intérieur a constaté que 184 personnes sont décédées, victimes de leur partenaire ou ex-partenaire de vie (conjoint, concubin, pacsé ou ex-dans les trois catégories). De ce rapport il ressort que tous les deux jours en France, un homicide est commis au sein du couple. 156 femmes sont décédées en une année, victimes de leur compagnon ou ex-compagnon, 27 hommes sont décédés, victimes de leur compagne ou ex-compagne. 1 femme est tuée par son partenaire ou ex partenaire tous les 2 jours et demi, 1 homme tous les 14 jours. Les femmes sont les victimes dans 84,4 % des cas.
C'est seulement depuis 2006 que la Délégation aux victimes mène, pour le Ministère de l'intérieur, un recensement sur les morts violentes au sein du couple. Il convient de souligner que les chiffres présentés dans cette étude sont un minimum, quelques rares cas ayant pu échapper à la remontée d’information auprès de la Délégation aux victimes.
L'enquête ENVEFF (Enquête nationale sur les violences faites aux femmes) date de 2000, sur un échantillon de 6970 femmes âgées de 20 à 59 ans : dans les 12 mois précédant l'enquête, 10% des femmes ont été victimes de violences conjugales (soit en IDF 350 000 femmes). Ces violences conjugales sont gardés sous silence (2 femmes sur 3 en ont parlé pour la première fois lors de l'enquête), les femmes les plus jeunes (20-24 ans) les subissent davantage. Ces violences se décomposent en : 4,3% de violences verbales(insultes, menaces, chantages), 37% de violences psychologiques (contrôle, domination, dénigrement, mépris),2,5% de violences physiques ( coups, brutalités, gifles, séquestration, mises à la porte, tentatives d'homicide), 0,9% de violences sexuelles (agissements sexuels imposés, viols).
L'enquête de Seine St Denis en 2008 confirme que les plus jeunes femmes (18-21 ans) subissent plus de violences dans le couple au cours des douze derniers mois : 4% des jeunes filles ayant eu une relation amoureuse dans les 12 derniers mois ont déclaré avoir subi des attouchements du sexe contre leur gré, tentative de viol, et viol. Les relations des jeunes couples semblent en effet très tendues (29% de harcèlement psychologique réciproque) mais aussi très violentes (12 % de harcèlement psychologique et 9% de violences physiques subies par les filles). Enfin, les femmes mariées (peu nombreuses) sont celles qui ont le plus déclaré du harcèlement psychologique, principalement motivé par une volonté de contrôle de la part de leur partenaire, elles sont également beaucoup plus exposées aux agressions sexuelles. Comme l’ont montré d’autres études, les femmes, mariées précocement sont souvent dans des situations de vulnérabilité. Mais les jeunes femmes parlent plus des violences et les dénoncent plus.

PROCESSUS, MÉCANISMES ET CONSÉQUENCES

La violence conjugale se développe à travers des cycles dont l'intensité et la fréquence augmentent avec le temps.Les périodes d'escalades et les phases d'explosions de violence se succèdent, entrecoupées de périodes de rémission durant lesquelles le conjoint minimise les faits, justifie son comportement et promet de ne plus recommencer, périodes dites de « lune de miel », plus le cycle se répète, plus l'emprise est forte sur la victime, plus ces « lunes de miel » sont courtes.
L'évolution suit une courbe croissante qui va de la moindre à la plus grande dangerosité : agressions psychologiques (qui peuvent durer des années), violence verbale, agression physique, tentative d'homicides. Dans la majorité des cas le comportement du conjoint violent est de plus en plus dangereux avec le temps. Le cycle de la violence s'organise en 4 phases (d'après les recherches de Léonore Walker, 1979) :
1. Tensions (conflits, contrôle, menaces), crainte et peur chez la victime
2. Agressions (recours à la violence), terreur, impuissance, désespoir chez la victime
3. Déni, transfert de culpabilité, culpabilisation, responsabilisation chez la victime
4. Rémission, sursis amoureux, espoir de changement, efforts chez lza victime pour minimiser les faits et les excuser.

L'agresseur développe une véritable addiction à la violence et s'il constate qu'aucune conséquence n'a découlé de ses actes violents et qu'il bénéficie d'une totale impunité, le climat de domination peut se réinstaller, le cycle recommence et s'aggrave alors, il est essentiel de l'arrêter le plus précocement possible.

Les 5 stratégies habituelles des agresseurs (d'après Marie-France Casalis du CFCV, Collectif féministe contre le viol) :
- isoler la victime, la priver de ses ressources, de ses proches
- la dévaloriser, la déstabiliser
- inverser la culpabilité
- instaurer un climat de peur, terroriser, se présenter comme tout-puissant
- assurer son impunité en recrutant des alliés

Pour mieux s'opposer à ces stratégies il faut :
- accompagner la victime, lui donner son soutien, son aide
- la valoriser, reconnaître son courage, ses capacités, sa résistance
- s'appuyer sur la loi et le droit, attribuer à l'agresseur la seule responsabilité
- la mettre en sécurité, mettre fin aux violences
- résister, dénoncer et accompagner.

L'agresseur avec souvent la complicité de la société, de la famille, des institutions, et parce qu'il se sent en position de force, peut se choisir une victime ou des victimes pour échapper à ses angoisses et à son malaise (dus à sa mémoire traumatique). Cette victime-esclave devra être dévouée au confort personnel, professionnel, psychique, physique, sexuel du conjoint violent et devra à sa place développer des conduites d'évitement pour ne pas le contrarier ni l'énerver. La victime est instrumentalisée comme une drogue dissociante efficace, les violences et la terreur qu'il génère chez la victime permet au conjoint violent de se dissocier (disjonction du circuit émotionnel) et de s'anesthésier émotionnellement. Comme toute conduite addictive un phénomène de dépendance et de tolérance va s'installer qui va entraîner une augmentation inexorable des violences.
Le conjoint victime/esclave/bouc émissaire « idéal», c'est la victime qui est « trop gentille », ayant été formatée souvent depuis l'enfance à ne pas se défendre, à ne pas contrarier, à ne pas dire non, à être toujours prête à faire des efforts, à se remettre en question, qui est donc une bonne esclave, qui ne risque pas de se rebeller. C'est celle qui est isolée, sans personne pour la défendre (sans famille, immigrée....), qui représente pour l'agresseur l'assurance d'une impunité. Le conjoint ne risque pas de perdre sa victime. Comme elle a subi des violences graves avant sa vie conjugale, sa mémoire traumatique la rend facile à terroriser, et en fait une bonne drogue dissociante pour l'agresseur.
Les conséquences psychotraumatiques des violences expliquent des symptômes, des troubles du comportement et des conduites des victimes qui paraîssent paradoxaux et incompréhensibles à l'entourage et aux professionnels qui les prennent en charge alors que se sont des réactions normales à des situations anormales, cf CONDUITES À RISQUES.
Les conséquences psychotraumatiques des violences et les mécanismes neuro-biologiques de disjonction expliquent également certains comportements violents des conjoints. Ces violences sont des conduites dissociantes addictives, anesthésiantes, d'auto-traitement qu’ils mettent en œuvre pour échapper à leur mémoire traumatique. Leurs victimes sont instrumentalisées comme des drogues pour les soulager d'un mal-être qui n'a aucun rapport avec la réalité, elles sont sommées de jouer un rôle dans une histoire qui n'est pas la leur qui ne les concerne pas. Les victimes décrivent leur conjoint comme n'étant plus lui-même au moment des violences, comme devenant un monstre (car il rejoue une scène traumatique de son passé en choisissant comme rôle celui de l'agresseur, il devient donc quelqu'un d'autre), ce déchaînement de violences est incompréhensible, terrifiant et n'a aucun sens pour la victime, rien de ce qu'elle a fait, de ce qu'elle a dit, de ce qu'elle est, de ce qui est arrivé ne peut l'expliquer. C'est le rapport de force offert par une société inégalitaire qui permet à l'homme violent d'instrumentaliser sa femme et ses enfants pour son confort personnel (conduite d'évitement) et pour s'anesthésier (conduites dissociantes), sans se poser de questions sur son comportement incohérent et injuste.
Paradoxalement les victimes de violences peuvent se sentir « mieux » (en fait plus dissociées et anesthésiées, voir hypnotisées) avec leur conjoint violent que lorsqu’elles sont séparées de lui, et penser à tort qu'elles l'ont dans la peau, qu'elles l'aiment, alors qu'elles sont en fait tellement terrorisées avec lui qu'un seul regard suffit à les dissocier et à les anesthésier. Se remettre avec un agresseur c'est échapper à sa mémoire traumatique par dissociation, tout en se mettant en danger.
Du côté de l’agresseur, ces violences conjugales (liées à des conduites dissociantes qui mettent en jeu la sécrétion de drogues « dures » pour disjoncter ) deviennent des conduites addictives ; ce sont les phénomènes de dépendance et de tolérance qui entraînent une augmentation inexorable des violences.
Il est donc essentiel que les femmes victimes de ces violences puissent comprendre les mécanismes en jeu, se désolidariser d'une histoire qui n'est pas la leur et refuser d'y jouer un rôle en renvoyant leur conjoint à une mémoire traumatique qui ne concerne que lui-même et qu'il doit assumer et traiter autrement qu'en exerçant des violences, ce qu'ils n'ont pas le droit de faire.
En conclusion, la vie de couple (qui rappelle les violences conjugales dont on a été témoin et rallume ainsi la mémoire traumatique), la vie familiale avec la naissance des enfants (qui rappelle les maltraitances subies et les violences conjugales déclenchées par des altercations autour des enfants et rallume ainsi la mémoire traumatique),la vie sexuelle du couple (qui peut rappeler des violences sexuelles subies et rallume ainsi la mémoire traumatique)deviennent des terrains minés, chaque explosion de la mémoire traumatique étant susceptible de déclencher la mise en place de conduites dissociantes : alcoolisation, prise de drogues, violences contre soi (tentatives de suicide, automutilation), violences contre son conjoint ou contre ses enfants, conduites de mises en danger (moto, voiture, sports extrêmes, jeux dangereux, conduites sexuelles à risques, troubles alimentaires.
Face à cette mémoire traumatique, si l’un des membre du couple se positionne comme dominant, supérieur en rapport de force, il peut instrumentaliser son conjoint pour échapper à l'angoisse déclenchée par les allumages de sa mémoire traumatique (sa prétendue supériorité donnant plus de valeur à son bien-être qu'à celui du reste de sa famille) en imposant que ce soit au conjoint et à ses enfants de mettre en place des conduites d'évitement efficaces pour « qu'il ne s'allume pas », les transformant en esclaves au service de son bien-être (physique, psychique et sexuel), ou en ayant recours à des conduites dissociantes en cas d'échec : alcoolisation massive, violences verbales, physiques, sexuelles, à des mises en danger, à des menaces suicidaires … Le partenaire du couple en position de victime (le plus souvent la femme) et les enfants sont donc instrumentalisés. Ils vivent dans la terreur et développent des psychotraumatismes avec des conséquences graves pour leur santé physique et psychique. Ils vont développer à leur tour une mémoire traumatique, une souffrance intolérable, des conduites d'évitement, des conduites dissociantes (alcool, drogues, troubles alimentaires, risques suicidaires X25 pour les violences conjugales, conduites à risques chez les adolescents avec de nombreux accidents). Chaque « disjonction » va recharger la mémoire traumatique et la rendre encore plus hypersensible et explosive, imposant aux « esclaves » des conduites d'évitement de plus en plus envahissantes ; de plus, la disjonction se faisant grâce à la sécretion par le cerveau de « drogues dures » : morphines-like et kétamines-like, très rapidement un phénomène de dépendance et de tolérance va se mettre en place, nécessitant chez l’agresseur des « doses » de plus en plus fortes, donc des conduites dissociantes de plus en plus importantes : alcoolisation massive, violences de plus en plus graves, conduites dangereuses de plus en plus risquées. Le conjoint et ses enfants se retrouvent de plus en plus en danger et de plus en plus traumatisés.

Pour les femmes, avoir été victime de violences pendant l'enfance augmente le risque de subir des violences conjugales. Elles peuvent-être choisies pour leur isolement, leur vulnérabilité et l'intensité de leur mémoire traumatique qui les rend encore plus terrorisées lors des violences et donc moins aptes à se défendre, moins confiantes en elles et plus « intéressantes » car plus efficaces comme « drogue dissociante pour l'agresseur. De leur côté, elles peuvent choisir leurs conjoints pour son histoire traumatique qui les fait se sentir plus proches d'eux, pour les aider.
La violence n'est pas une fatalité, c'est la loi du plus fort qui permet que les conduites dissociantes soient utilisées en toute impunité contre les plus vulnérables, les hommes violents doivent arrêter de s'autoriser à être violents et se désintoxiquer de leur recours à la violence pour éteindre leur mémoire traumatique. La violence peut produire de la violence de façon transgénérationnelle par l'intermédiaire de la mémoire traumatique et des conduites dissociantes, les enfants exposés à la violence conjugale sont à risque de devenir violent envers eux-mêmes, d'être victimes de violences ou d'être à leur tour des conjoints violents.

PRÉVENIR, DÉPISTER ET PROTÉGER - LA LOI

Les violences conjugales sont considérées comme un délit quelle que soit l'ITT pénale (incapacité totale de travail) ouun crime en cas d'homicide, de viol, d'actes de torture ou de barbarie. La Loi n° 92.683 du 22 juillet 1992 portant réforme des dispositions du Code Pénal mentionne expressément que la qualité de conjoint de la victime constitue une circonstance aggravante de l'infraction commise. Il en ressort que même s'ils n'ont entraîné aucune incapacité totale de travail (ITT), ces faits de violence sont constitutifs d'un délit, donc passibles du Tribunal Correctionnel. Et depuis la loi du 4 avril 2004 cette circonstance aggravante est élargie aux concubins, "pacsés" et anciens conjoints. Elle est applicable en cas de meurtre ce qui porte la peine encourue à la réclusion à perpétuité au lieu de 30 ans ; d’autre part la proposition stipule que la qualité de conjoint ou de concubin « ne saurait être une cause d’atténuation de la responsabilité en cas de viol au sein du couple », disposition rarement appliquée…
L'article 220-1, alinéa 3, du Code civil 2004 permet l'éviction du conjoint marié violent (qui sera élargi aux conjoints pacsés violents et aux concubins avec la loi du 29 juin 2010).
Par ailleurs, la Loi du 4 avril 2006 renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple vise àprévenir et réprimer la violence au sein du couple : pour aider à lutter contre les mariages forcés, le texte aligne l’âge légal du mariage des femmes sur celui des hommes (18 ans au lieu de 15).
L’interdiction d’accéder au domicile conjugal pourra faire partie des obligations imposées au conjoint ou concubin violent dans le cadre du sursis avec mise à l’épreuve et du contrôle judiciaire ; un amendement a été adopté par les sénateurs, punissant d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende le fait de priver, dans un couple, l’autre de ses papiers d’identité ou de son titre de séjour.

La loi n° 2010-769 du 9 juillet 2010

relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants est un progrès, elle institue une ordonnance de protection des victimes de violences, qui peut être délivrée par le juge aux affaires familiales, en urgence, lorsque des violences sont exercées au sein du couple ou lorsque des personnes sont menacées de mariage forcé. Cette loi comporte trois volets principaux :
- d’une part, des dispositions visant à renforcer la protection des victimes de violences quelle que soit la nature de celles-ci, avec l'ordonnance de protection
- d’autre part, des dispositions relatives à la prévention de ces violences (informations des scolaires, formations des professionnels, institution d'une journée nationale de sensibilisation aux violences faites aux femmes fixée au 25 novembre)
- enfin, des dispositions visant à renforcer la répression des auteurs de violences faites aux femmes (nouveau délit de violences psychologiques).
L'ordonnance de protection pour les victimes de violences au sein du couple ou pour les personnes menacées de mariages forcés permet de mettre en place des mesures d’urgence, sans attendre le dépôt d’une plainte par la victime, notamment :
- l'éviction du conjoint violent : ne sont plus seulement concernés les couples mariés, mais également les partenaires d'un PACS et les concubins)
- la dissimulation du domicile de la victime ou de sa résidence
- la prise en compte de la situation des enfants exposés à ces violences au travers de l’adoption de mesures provisoires et urgentes en matière d’exercice de l’autorité parentale, d’attribution de la jouissance du logement conjugal, de contribution aux charges du ménage
- l’admission provisoire à l’aide juridictionnelle de la partie demanderesse
- la limitation du recours à la médiation pénale en cas de violences conjugales, la médiation pénale ne peut plus être imposée et devient réservée à la demande ou à l’accord de la seule victime. La médiation pénale en cas d’ordonnance de protection est prohibée, sauf si la victime en exprime la demande
- La délivrance et le renouvellement automatique de la carte de séjour temporaire aux victimes de violences conjugales lorsqu’elles bénéficient d’une ordonnance de protection et la délivrance automatique d’une carte de séjour temporaire « vie privée et familiale » aux personnes en situation irrégulières victimes de violence, dès lors qu’elles bénéficient d’une ordonnance de protection. Ce titre de séjour comporte l’ autorisation de travailler. La carte de résident peut être attribuée à la victime ayant porté plainte et en cas de condamnation de la personne mis en cause.
Cette ordonnance de protection est applicable durant quatre mois, avec possibilité de renouvellement en cas de dépôt par la victime d’une requête en divorce ou en séparation de corps. La loi impose aux officiers et agents de police judiciaire d’informer la victime, dès l’enquête préliminaire, de la possibilité de bénéficier d’une ordonnance de protection pour les victimes de violences, ainsi que des peines encourues par le ou les auteurs des violences et des conditions d'exécution des éventuelles condamnations.

Cette loi met aussi en place l’expérimentation, pendant 3 ans, du bracelet électronique auprès d’auteurs de violences au sein du couple (conjoint, concubin, partenaire, « ex ») ou sur les enfants et de dispositifs de protection offerts aux victimes de violences conjugales : lorsqu’une personne est placée sous surveillance électronique mobile, dans le cadre d’une assignation à résidence, d'un suivi socio-judiciaire ou d’une liberté conditionnelle avec interdiction de rencontrer la victime, cette dernière peut, si elle y consent expressément, se voir attribuer un dispositif de téléprotection (cf. expérience du téléphone portable d'urgence sur le 93).

Cette loi introduit un nouveau délit de violences psychologiques au sein du couple dans le code pénal en se fondant sur la définition du harcèlement moral : Art. 222-33-2-1 : « Le fait de harceler son conjoint, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou son concubin par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45000 € d’amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ont entraîné aucune incapacité de travail, et de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende lorsqu’ils ont causé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours ». Les mêmes peines sont encourues lorsque cette infraction est commise par un ancien conjoint, un ancien concubin de la victime, ou un ancien partenaire.
Cette loi supprime dans le code pénal la mention de la présomption de consentement des époux à l'acte sexuel s’agissant du viol entre époux.
Pour en savoir plus sur la loi du 9 juillet 2010 voir la loi sur le site légifrance : http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022454032&categorieLien=id

Le dépistage des conséquences psychotraumatiques

devrait être systématique, fait par tous les professionnels des secteurs de soins, associatifs et de l'aide sociale.
Les victimes de violences conjugales ont un risque important de développer des troubles psychotraumatiques chroniques (58%) et ne doivent pas rester abandonnées à leur sort et à leurs symptômes. Pour cela il faut identifier les violence le plus précocement possible pour mettre en place une protection et une prise en charge efficace. Plus la prise en charge est précoce, moins il y a de risque que la victime développe une mémoire traumatique et des troubles psychotraumatiques, et plus les troubles psychotraumatiques sont dépistés tôt, plus leur traitement est efficace rapidement.
Actuellement la méconnaissance, chez les professionnels susceptibles de prendre en charge et d'orienter au mieux ces victimes, de la réalité des violences et de la gravité ainsi que du caractère chronique des conséquences psychotraumatiques fait que la majorité des victimes restent longtemps exposées aux violences et ne sont pas soignées spécifiquement.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 22 à 35% des femmes qui consultent dans les services d'urgence présentent des symptômes consécutifs aux violences (Campbell et al., 1994) alors que seulement 2% sont identifiées comme victimes aux urgences (Olson, 1996); 28% des femmes s'adressant à des dispensaires de médecine ont subi des violences conjugales (Gin et al.,1991), 10 à 32 % des femmes examinées dans des services de gynécologie obstétrique ont subi des violences conjugales (Campbel et al., 1992; Stewart et Ceccuti, 1993)‏ ; 52à 72 % des femmes hospitalisées dans un service de psychiatrie et 64 % adressées à un psychiatre sont victimes de violences (Maza, 1996).
Les professionnels doivent être mieux formés, particulièrement les médecins.
Le dépistage des violences conjugales devraient être systématique fait par tous les professionnels des secteurs de soins, associatifs et de l'aide sociale sous la forme de questions lors d'entretiens, toujours en dehors des partenaires et/ou des familles. Il est essentiel de lutter contre la loi du silence.
Il a été démontré que si les femmes ont accès à des ressources (associatives, médicales spécifiques, judiciaires) le risque de récidives diminue (Wathen et MacMillan, 2003) et des vies peuvent être sauvées et la qualité de vie améliorée (Campbel, 2004; Sharps et al., 2001). Les femmes qui ont peur pour la vie de leur bébé à venir sont plus susceptibles de braver la loi du silence (souvent liée à une culpabilité entretenue par l'agresseur et la honte de subir des violences) et de réussir à parler malgré les menaces dont elles sont fréquemment l'objet.

VIOLENCES CONJUGALES PENDANT LA GROSSESSE

Les violences conjugales pendant la grossesse sont très peu étudiées en France et en Europe, beaucoup plus en Amérique du Nord particulièrement au Canada ou de nombreuses études ont été faites et des systèmes de surveillance périnatale mis en place pour dépister les violences (SCSP), recommandant le dépistage universel des violences conjugales chez toutes les femmes enceintes. La grossesse étant un moment où les femmes ont un accès régulier aux soins et où elles interagissent avec des professionnels de la santé, il s'agit d'une période idéale pour dépister et prévenir les violences. La grossesse est une période de vulnérabilité qui (comme dans le cas des mineurs) autorise la levée du secret médical pour faire un signalement aux autorités judiciaires.

Les femmes de 15 à 45 ans (période qui correspond aux années de procréation) ont déclaré des taux de violences plus élevés que celles de plus de 45 ans, (enquête canadienne, Ottawa, 1999). Le taux de violence est de 6,6 % pendant la grossesse en cours, 86,1 % de ces femmes avaient déjà subi des violences conjugales, près des 2/3 (63,9%) des femme ont déclaré que la violence s'était aggravée pendant la grossesse (Stewart,1993). Chez les femmes qui ont déclaré des violences pendant leur grossesse, 90% ont subi des violences dans les 3 mois suivant l'accouchement, le nombre de violences ayant augmenté après la naissance (Muhajarine,1999).

Les violences débutent souvent au cours d'une grossesse et les femmes victimes pendant leur grossesse ont plus tendance à signaler des actes de violence «extrêmement grave» : 40% des violences conjugales ont débutées pendant la grossesse, les femmes victimes enceintes étaient 4 fois plus nombreuses que les autres femmes victimes à dire qu'elles avaient subi des violences «extrêmement graves» (coups, strangulation, menaces de mort par armes, agressions sexuelles), 45% des femmes victimes de violences ont subi des blessures physiques dont 10% ont déclaré avoir souffert de lésions internes et subi une fausse-couche (enquête nationale canadienne auprès de 12300 femmes, 1993).

Les violences conjugales pendant la grossesse peuvent avoir de graves conséquences sur le suivi, le déroulement de la grossesse, le travail, l'accouchement et le post-partum. Les violences sont aussi à l'origine d’assez nombreuses demandes d'IVG.

IMPACT DES VIOLENCES CONJUGALES SUR LES ENFANTS

Les violences conjugales sont à l'origine d'importants traumatismes sur les enfants qui en sont témoins et qui les subissent. Lors de violences conjugales, les enfants vont grandir dans un climat de grande insécurité et de terreur et vont être témoins, ou victimes directes de ces violences qui peuvent s’abattre sur eux en même temps. La majorité (près de 60 %) de ces enfants, s'ils ne sont pas efficacement protégés et pris en charge, développeront des conséquences psychotraumatiques graves et durables sur leur santé physique et psychique avec une grave souffrance mentale, des retentissements sur leur développement psycho-moteur, leur scolarisation, leur socialisation et leur vie affective à long terme ; ils auront un risque d'être à nouveau victime de violences tout au long de leur vie, et un risque également important de présenter des conduites agressives, des conduites à risque, des conduites délinquantes et des troubles psychiatriques à l'âge adulte (Rossman, 2001). 40 à 60 % d'hommes violents avec leurs partenaires ont été témoins de violences conjugales dans l'enfance.

Les enfants traumatisés par des violences conjugales présentent davantage de problèmes de santé : retard de croissance, allergies, troubles ORL et dermatologiques, maux de tête, maux de ventre, troubles du sommeil et de l'alimentation, et ils sont plus souvent victimes d'accidents (8 fois plus d'interventions chirurgicales). Ils présentent fréquemment des troubles de l'adaptation : phobies scolaires, angoisse de séparation, hyperactivité, irritabilité, difficultés d'apprentissage, et des troubles de la concentration. Ils présentent fréquemment aussi des troubles du comportement, 10 à 17 fois plus que des enfants dans un foyer sans violence, dont des comportements agressifs vis à vis des autres enfants, 50% des jeunes délinquants ont vécu dans un milieu familial violent dans l'enfance.

Les enfants traumatisés par des violences conjugales peuvent présenter à l'âge adulte (Rossman, 2001) une augmentation :

  • du risque d'être à nouveau victimes de violences tout au long de la vie
  • du risque de présenter des conduites agressives
  • du risque de présenter des conduites à risque
  • du risque de présenter des conduites délinquantes et des troubles psychiatriques (40 à 60 % d'hommes violents avec leur partenaires ont été témoins de violence conjugale dans l'enfance).

Les troubles psychotraumatiques peuvent représenter pour ces enfants un risque vital, particulièrement à l'adolescence avec une augmentation du risque d'avoir un accident mortel et une augmentation importante du risque suicidaire (x 20).

Les enfants sont particulièrement exposés à des troubles psychotraumatiques lors des violences conjugales du fait de leur vulnérabilité, de leur dépendance affective et physique, de leur immaturité psychique et physiologique, de leur impuissance, et de leur situation d'être en construction et en devenir. Comme les enfants témoins de violences conjugales vivent dans un climat de grande insécurité et de terreur, toute leur énergie passe dans la mise en place de stratégies de survie et de défense. Il est essentiel de les protéger, d'assurer leur sécurité et de leur donner des soins spécialisés. Il est essentiel aussi pour leur avenir de leur donner une meilleure image du monde adulte, en leur redonnant confiance en un monde d'égalité, de fraternité et de justice où la loi du plus fort ne règne plus.

Les enfants subissent les violences conjugales souvent dès leur vie fœtale. Dans 40 % des cas les violences conjugales commencent pendant la grossesse et peuvent être plus graves pendant la grossesse pour 2 femmes sur 3 ; 4 fois plus de femmes signalent de très mauvais traitements pendant la grossesse (coups, menaces avec armes, agressions sexuelles). Les femmes qui subissent des violences conjugales ont un moins bon suivi de leur grossesse et plus de facteurs de risque (HTA, tabagisme, prise d'alcool)‏. Le fœtus se retrouve alors en danger, il est exposé à un stress physiologique important, avec des retentissements cardio-vasculaires et neurologiques, à un risque d'avortement (2 fois plus de fausses-couches chez les femmes victimes de violences conjugales), à une mort in utero par décollement placentaire ou rupture utérine, à une hémorragie fœto-maternelle, à un accouchement prématuré (37 % d'augmentation de risque), une souffrance néo-natale, à un petit poids de naissance (17 % d'augmentation de risque)‏.

Après la naissance le nouveau-né se retrouve doublement en danger , directement par la violence du père qui peut s'abattre sur lui (dans 3 cas sur 4 de violences conjugales), et indirectement par les violences que la mère continue à subir (dans 90 % des cas les violences conjugales continuent après l'accouchement) qui vont retentir sur les soins donnés à l'enfant et sur le lien mère-enfant, et être traumatisantes pour l'enfant. En effet le nouveau-né est très sensible aux effets de la violence qui l'entoure et il va développer d'importants troubles psychotraumatiques qui risquent de le mettre encore plus en danger : les pleurs continuels, les troubles importants du sommeil et de l'alimentation, le retard de développement psycho-moteurs peuvent être des facteurs de risque supplémentaires de maltraitance (bébé secoué, étouffement, etc.).

L'enfant grandit alors dans un climat d'insécurité, et développe une grande détresse face aux violences, face à son incompréhension et son impuissance, face à la menace de voir mourir un de ses parents, de mourir lui-même, ou d'être abandonné. L'enfant est d'autant plus exposé à des conséquences psychotraumatiques que les violences conjugales ont commencé très tôt, qu'il est l'aîné ou qu'il est enfant unique, que les violences sont graves et fréquentes, que l'enfant s'interpose et subit des violences directes. L'enfant va être d'autant moins exposé à des conséquences psychotraumatiques que sa mère (ou le parent victime) a des comportements de soutien et de compréhension face à sa souffrance et qu'elle est chaleureuse avec lui (qu'elle puisse parler avec l'enfant, le rassurer) et qu'elle lui donne des repères. Une bonne estime de soi et de bonnes compétences sont un facteur de protection (importance du rôle de l'école)

MAUVAIS CONJOINT, BON PARENT ?

Des liens parentaux dans la violence conjugale.

par Sokhna Fall
Ethnologue et thérapeute familiale, victimologue
Vice-Présidente de l’Association Mémoire traumatique et victimologie

Lorsque la violence se déclenche dans le couple, l’auteur, clivé, halluciné par sa mémoire traumatique, cesse de voir l’autre parent comme la mère ou le père de ses enfants, parce qu’il ne perçoit plus non plus son enfant comme un être dont il a la responsabilité, auquel il doit secours et protection. Il ne répond qu’à son besoin impérieux d’utiliser l’autre pour apaiser son tourment intérieur. On pourrait dire que l’enfant est, tout autant que son parent victime, instrumentalisé dans le scénario catastrophique que rejoue l’auteur. Si le conjoint joue le rôle de victime des coups et de la violence verbale, l’enfant joue celui « d’un enfant qui a peur pour sa mère (ou son père) », « d’un enfant qui perd sa mère (ou son père) », « d’un enfant qui souffre pour sa mère (ou son père) ».
L’auteur des violences ne peut ignorer l’effet sur son enfant de ces scènes, que l’enfant en soit directement témoin ou pas, d’autant qu’il les a souvent lui-même vécues dans son enfance. Il ne peut prétendre n’avoir pas vu les regards d’effroi, pas entendu les cris de terreur ou pas perçu les tentatives malhabiles de le retenir. Affirmer qu’il ne s’en est « pas rendu compte » revient à reconnaître qu’il est à certains moments totalement incapable d’être conscient de l’existence de son enfant, et a fortiori d’empathie avec lui. Le passage à l’acte de la violence conjugale me paraît bien la révélation d’une défaillance – rarement passagère – des capacités parentales de l’auteur. Sans compter qu’il n’est pas rare que le prétexte de la violence soit l’intervention du parent victime pour protéger son enfant de méthodes dites « éducatives » brutales et cruelles.
Il me semble, par conséquent, que toutes les situations de violences conjugales portées à la connaissance de la Justice, devraient donner lieu, en plus des actes de procédure pénale, à différentes mesures, impliquant les deux parents, afin de protéger les enfants.

Premièrement, dès la mise en examen de l’auteur, un dispositif protégeant la victime des contacts avec l’auteur, y compris lors de l’exercice des droits parentaux, sans attendre les jugements du pénal et du Juge aux Affaires Familiales, devrait être mis en place.
Comme l’a démontré le drame du petit Ibrahima, enlevé par son père (condamné auparavant pour menaces de mort contre son ex-compagne), après que celui-ci a tué sa mère, on pourrait parler de « mise en danger d’autrui » ou même d’« homicide par imprudence », quand une cour juge que l’auteur a « l'interdiction d'approcher son ancienne compagne, en dehors du droit de visite pour récupérer l'enfant ». Un jugement de ce type prend le relais de l’instrumentalisation de l’enfant par l’auteur. Le père d’Ibrahima l’a bien compris, puisqu’il a invoqué le fait qu’il « voulait avoir l'enfant », « qu'en raison d'un conflit parental avec la mère, il ne l'avait pas autant qu'il le souhaitait », « que la mère de l'enfant ne respectait pas suffisamment la décision du juge des affaires familiales », pour justifier sa violence meurtrière (source : http://www.lepost.fr/article/2010/02/17/1946140_il-avoue-avoir-tue-son-ex-compagne-et-enleve-son-bebe-il-dit-et-repete-qu-il-voulait-avoir-l-enfant.html). Le sacro-saint « droit du sang » de la culture juridique française s’est révélé un « droit au sang ». La presse a insisté sur le fait que le père ne respectait pas le contrôle judiciaire puisqu’il se présentait au domicile de la mère en dehors de l’exercice de ses droits parentaux. Mais la décision de justice a autorisé cette transgression en autorisant l’auteur à se rendre au domicile de sa victime. Qu’est-ce qui justifiait que cet homme soit considéré comme dangereux pour son ex-compagne sauf dans les moments où il venait chercher leur enfant ? Est-ce à dire que c’est l’enfant, en l’occurrence âgé de 18 mois, qui devait constituer le rempart efficace à la violence conjugale ? On pourrait presque dire que, par ses transgressions, dont la police et la justice avaient été informées, ce père était plus protecteur que l’appareil judiciaire puisqu’il alertait sur les failles du jugement. Ce dernier a parié ou même « fantasmé », sur le dos fragile de l’enfant et le corps sanglant de la mère, que le mauvais mari ne saurait être un mauvais père, que la grâce de l’amour parental (pourtant inopérante jusque-là) empêcherait magiquement l’auteur de profiter de l’occasion pour s’en prendre de nouveau à sa victime. La mise en danger est d’autant plus flagrante qu’il n’est pas rare que suite à la séparation, les auteurs ne disposent pas de domicile adéquat pour recevoir l’enfant et exercent leur droit de visite au domicile du parent victime, et c’est peut-être pour cette raison qu’il n’avait pas été prévu que ce soit la mère qui amène l’enfant à son père. C’est donc à son domicile, là où elle pouvait penser être en sécurité, que la mère d’Ibrahima a été massacrée près de son fils, avec la complicité d’une décision judiciaire surréaliste.
Sans organiser de façon aussi explicite l’exposition de la victime à la récidive de l’auteur lors de l’exercice des droits parentaux, la plupart des jugements du pénal négligent tout simplement, jusqu’ici, de penser comment s’exerceront ces droits en dépit de l’interdiction de contact. Aux victimes de la violence conjugale de trouver l’organisation qui permettra à l’auteur de rencontrer les enfants sans se sentir ou sentir ceux-ci « trop » en danger. Certaines rechignent à se soumettre à ce qui peut leur sembler se livrer et/ou livrer leurs enfants à un ogre, et prennent le risque de se soustraire à ces décisions de justice (ce qu’avait peut-être effectivement fait la mère d’Ibrahima), donnant ainsi de nouveaux prétextes de violence à l’auteur et s’attirant la réprobation sévère des professionnels qui les accusent alors de « mêler les enfants à leur conflit de couple ». L’auteur, pour sa part, est délibérément mis en difficulté en ces occasions de rencontre, très susceptibles de réveiller en lui une tension dangereuse et de le conduire à rejouer le scénario destructeur d’un cycle de violence. Il peut aussi, de façon banale, se croire autorisé à profiter de ces moments, non pour exercer son rôle parental, mais pour tenter de reconquérir son conjoint. Le vocabulaire de la justice et du secteur social, focalisé sur le « conflit », favorise l’idéalisation de la situation « d’avant » et invite subtilement auteur et victime à se réconcilier alors qu’aucun d’eux n’a eu les moyens de traiter les problématiques complexes qui ont amené la violence de l’un à éclater à l’intérieur de leur relation. La Justice encourage ainsi ce que déplorent à juste titre policiers et travailleurs sociaux, c’est-à-dire le va-et-vient de la victime dans les bras de son bourreau.
Cette béance des décisions de justice, lorsqu’elle néglige d’organiser de façon protectrice l’exercice des droits parentaux, risque en outre que les enfants soient cette fois instrumentalisés par certains parents victimes, identifiés à l’agresseur, qui peuvent se saisir de l’occasion pour exercer à leur tour un pouvoir sur leur ex-conjoint. Celui-ci, même quand il tente de sortir de la violence, risque fort d’y retomber pour « défendre sa dignité».
La mise en place, immédiate et systématique, lors d’une mise en examen pour violences conjugales d’un dispositif de « lieu neutre », pour l’exercice des droits parentaux, me paraît la seule façon d’éviter réellement que des drames s’ajoutent aux drames et de permettre que les enfants soient protégés de la répétition de scènes traumatisantes. A fortiori, tout jugement comprenant des mesures de protection des victimes, mesures favorisées par la Loi de juillet 2010, ne devrait en aucun cas être contredit, autrement dit symboliquement annulé, par les conditions d’exercice des droits parentaux.

Deuxièmement, si indispensables soient de telles précautions, elles ne paraissent cependant pas suffisantes pour la protection effective des enfants. Il me semble que toutes les situations de violences conjugales devraient conduire les acteurs de la Protection de l’enfance à s’interroger sur les capacités parentales des deux parents. Il faut le répéter, un parent qui commet des violences contre l’autre parent de ses enfants ne peut ignorer qu’il porte atteinte à un facteur fondamental de leur bien-être affectif et psychologique. L’argument couramment avancé qu’il « n’aurait jamais commis de violences contre les enfants eux-mêmes ou en leur présence » paraît irrecevable. On s’indigne, à juste titre, de ces parents qui, après la séparation, disqualifient l’autre parent, voire l’éliminent de la vie de leur enfant ; considérant qu’ils s’attaquent ainsi aux fondements de la famille humaine dont un enfant a besoin pour bien se construire. Dans le cas des violences conjugales, on raisonne trop souvent comme si une tentative de destruction physique d’un parent par l’autre était moins préjudiciable à l’enfant que cette fameuse « aliénation mentale ». Il faut se donner les moyens d’évaluer quelle distorsion du lien parent/enfant a empêché le parent violent d’être en empathie avec son enfant lorsqu’il voit sa mère (ou son père) s’effondrer sous les coups, le visage en sang. Les reprises de contacts entre le parent violent et ses enfants après une condamnation devraient passer par une période de médiatisation des rencontres, voire de thérapie familiale spécifique, afin que le parent violent ne réduise plus son enfant à un élément de la dramaturgie conjugale mais le considère comme l’enfant qu’il est et prenne conscience de la souffrance qu’il lui a infligée. Sans cette reconnaissance minimale, le risque reste élevé que l’auteur continue à piéger l’enfant dans sa violence ou à l’instrumentaliser dans sa relation pathologique avec la victime.

Par ailleurs, il semble qu’il faudrait également évaluer la situation du parent victime. Dans un premier temps pour s’assurer qu’il est correctement protégé, entouré et soutenu pour se remettre de ses épreuves et par conséquent, pas trop envahi par sa propre souffrance pour pouvoir accueillir et soulager celle de son enfant. Ensuite, pour s’assurer que les difficultés personnelles à l’origine de son choix amoureux malheureux (basse estime de soi, liée à des expériences de maltraitance dans l’enfance, par exemple…), renforcées par les chocs traumatiques répétés subis dans le couple, sont en voie de traitement et ne risquent pas de réexposer l’enfant au danger. Il arrive malheureusement que le parent victime soit, comme l’auteur, incapable d’empathie avec son enfant et, au mépris de ses besoins et de ses sentiments de loyauté, attende de lui qu’il le venge ou le soutienne inconditionnellement.
La meilleure façon de prévenir ces dommages supplémentaires pour l’enfant serait, me semble-t-il, que le Juge des Enfants soit saisi systématiquement, au plus tard lors du jugement pénal, pour ordonner rapidement expertises familiales, Investigations d’Orientation Educatives ou toute autre mesure utile pour évaluer la situation de l’enfant et, si nécessaire, le protéger.

Enfin, il pourrait être très profitable, en termes de prévention de la répétition des violences tant au sein du couple concerné que dans le futur des enfants, de prononcer des injonctions de soins, individuels et familiaux.
Au bénéfice de l’enfant, il s’agirait d’évaluer et de traiter le cas échéant les séquelles post-traumatiques consécutives aux violences. Quand leur existence a été mise en danger et si gravement perturbée, les enfants ont impérativement besoin d’une « remise en ordre » symbolique. La Loi, normalement incarnée par les adultes protecteurs responsables de l’enfant, a été mise sens dessus dessous. Il est indispensable qu’elle soit restaurée, les décisions de Justice explicitées, les ressentis d’effroi, de peur, d’abandon et de colère… de l’enfant reconnus et accompagnés. L’enfant doit pouvoir aussi être « dé-parentalisé », être autorisé à ne pas protéger ni prendre en charge ses parents, dans un contexte sécurisé.
Pour l’auteur, l’objectif serait à minima de l’amener à prendre conscience des violences infligées aussi à l’enfant – scènes terrifiantes, peur pour le parent victime, expérience d’abandon émotionnel, s’il n’a été « que » « témoin », ou autres violences s’il a été directement victime en essayant de protéger l’autre parent par exemple.
Pour le parent victime, devrait lui être offerte une aide qui lui permette de soigner ses séquelles post-traumatiques et de se détacher des croyances négatives sur elle-même qui l’ont empêchée de repérer le danger représenté par son conjoint avant que ne se produise l’irréparable.
Au niveau familial, parallèlement, pourraient se mettre en place des entretiens parent victime/enfant(s) qui rendent à chacun sa place ; en désamorçant la « rivalité de victimes » qui peut parfois naître entre eux, en réhabilitant le parent qui, s’il s’est révélé pour l’enfant d’une vulnérabilité jusque là impensable, ne reste pas moins parent responsable de lui et capable de le protéger dans les situations normales ; en rendant son innocence à l’enfant, même si dans le drame, il a pu paraître protéger l’auteur, ou prendre parti, ou être « la cause » des violences, etc.… Plus tard, si une remise en question de ses actes est devenue possible pour l’auteur, le remplacement des visites médiatisées par des entretiens thérapeutiques familiaux parent auteur/enfant(s) devrait permettre d’aller plus loin, si possible, dans la différenciation entre la problématique de l’auteur et celle de ses enfants, pour que la violence agie comme subie devienne clairement, aux yeux de ces derniers, un grave accident de la vie et non un modèle relationnel.

 

violence psychologique..

La violence psychologique est, depuis 20101, définie en droit français comme « des actes répétés, qui peuvent être constitués de paroles et/ou d’autres agissements, d’une dégradation des conditions de vie entraînant une altération de la santé physique ou mentale ».

La loi a été votée dans le cadre de la répression des violences faites aux femmes2,3 et concerne « les violences exercées au sein du couple ou par un ancien conjoint, un ancien partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un ancien concubin »4.

La violence psychologique ne concerne pas uniquement des agissements propres aux hommes envers les femmes. Elle touche les conjoints, mais aussi les enfants, qu'ils la subissent directement ou qu'ils en soient témoins, ayant sur eux une influence néfaste considérable. Ce thème est encore peu connu en France en 2010, bien qu'il fasse l'objet de nombreuses recherches dans le monde.

Sommaire

  • 1 Le repérage de la violence psychologique
  • 2 Agressivité et colère
  • 3 Les effets de la violence psychologique
  • 4 La violence psychologique à enfant
  • 5 Effets sur les enfants de la violence psychologique
  • 6 Notions similaires et législation dans les autres pays
  • 7 Voir aussi
  • 8 Liens externes
  • 9 Bibliographie
  • 10 Notes et références

Le repérage de la violence psychologique

La violence psychologique peut se repérer objectivement à certains types de discours adressés à autrui, ainsi qu'à des comportements visant à contrôler l'autre, et ce en l'absence de toute violence physique avérée.

  • Les catégories d'agression verbale

On peut isoler 15 catégories d'agressions verbales, malheureusement fréquentes dans la communication de couple ou avec les enfants. Outre les insultes et les menaces, généralement repérées sans difficulté, on trouve le chantage, la dévalorisation, la sape, la contradiction, les jugements et critiques, les accusations et les reproches, la fausse plaisanterie, le blocage et la diversion, l'oubli, la retenue, le déni, le discrédit et le silence.

Ces trois dernières catégories ont un statut particulier, parce qu'elles sont souvent utilisées en réponse à la protestation de la victime qui se plaint de ne pas avoir été entendue ou d'avoir essuyé une remarque désagréable. Leur utilisation marque la conviction bien ancrée chez l'agresseur d'être dans son bon droit quant au discours qu'il tient à autrui, voire sa volonté explicite de blesser l'autre. Elle illustre aussi le fait que l'agresseur n'a aucune intention de s'excuser et qu'il est incapable d'éprouver de l'empathie par rapport à ce qu'il fait subir à sa victime.

Il est important en effet de prendre conscience que l'on peut blesser autrui sans le vouloir, et même sans le savoir si l'autre n'en dit rien. Ce qui fait la différence entre un agresseur qui trouve son comportement légitime et une personne dépourvue de mauvaises intentions, c'est que la seconde s'excuse si on lui fait remarquer qu'elle est désagréable. Elle montre ainsi qu'elle est capable de compatir à la détresse de son interlocuteur, déclenchée involontairement. Par contre, quelqu'un qui se sent agressé et qui n'en dit rien, préférant ressasser ses malheurs dans son coin, entre à ce moment dans une catégorie d'agression liée au silence, à la bouderie. On voit ici combien les relations agresseur-victime sont complexes et qu'une analyse fine du discours et des comportements de chacun s'impose, avant de décréter qui est le 'méchant' et qui est le 'gentil', les rôles pouvant s'inverser selon les situations dans le couple.

  • Les domaines de contrôle

On peut dénombrer 10 domaines de contrôle, dans lesquels on assujettit l'autre. On trouve ainsi le contrôle de la liberté de mouvement, des fréquentations, du comportement, des moyens financiers, des goûts, de la pensée, de l'espace sonore, du temps, de l'espace physique et de la communication. Autant certains de ces contrôles sont judicieux et nécessaires dans le cadre de l'éducation des enfants, leur offrant des limites protectrices sur lesquelles s'appuyer pour grandir, autant elles sont d'une justification douteuse entre adultes, censés être à égalité, au sein du couple par exemple.

Dans son livre consacré à la violence psychologique en famille, Yvane Wiart (Wiart, 2011a) offre des définitions précises de ces catégories d'agression verbale, assorties de nombreux exemples concrets, et elle détaille les modalités des différents domaines de contrôle d'autrui. Elle présente aussi plusieurs questionnaires permettant de découvrir si l'on est agresseur ou victime au sein de son couple, voire les deux, et des solutions pour sortir du cycle infernal de la violence psychologique. Elle rappelle aussi que la violence psychologique est un phénomène transgénérationnel. Cela signifie que la violence que l'on inflige ou celle que l'on subit est à l'image de celle que l'on a soi-même vécue dans son enfance, et que l'on a appris à considérer comme un mode de communication et de réaction normal. C'est en ce sens que les recherches sur la violence psychologique à enfant, clairement séparée de la violence physique et sexuelle, sont fondamentales pour tenter d'enrayer le phénomène.

Agressivité et colère

Agressivité et colère sont souvent confondues. On dira ainsi facilement d'une personne qui se met en colère qu'elle est agressive, même si dans ses propos elle ne s'en prend pas directement à la personne d'autrui, mais se contente de manifester vivement son mécontentement. Il est aussi tout à fait possible d'être agressif sans jamais hausser le ton, ni avoir l'air en colère. Un grand nombre des catégories d'agression verbale listées ci-dessus peuvent s'exprimer dans le plus grand calme, avec même une apparence de neutralité, voire de bienveillance ('c'est pour ton bien que je dis ça'), et c'est entre autres pour cette raison qu'elles sont difficiles à repérer comme éléments de violence psychologique. Le silence en est aussi un bon exemple, qui n'est pas forcément ostentatoire comme dans la bouderie, et peut-être facilement masqué par 'ah, j'ai pas entendu!', sans suite.

La colère est importante à ressentir et à exprimer, car elle nous indique que quelque chose dans la situation ne se passe pas bien pour nous, et qu'il est judicieux d'y prêter attention. L'exprimer à autrui vise normalement à faire prendre conscience à l'autre que quelque chose ne va pas dans la relation et que c'est important d'y remédier. Cela étant, une bonne partie de l'éducation consiste à apprendre à l'enfant à ne pas exprimer, voire à ne pas ressentir ce type d'émotion, car les protestations de l'enfant confrontent l'adulte à ses propres manquements, son absence, son indisponibilité, son manque d'attention et d'écoute réels. Ceux qui n'ont pas été entendus lors de protestations saines au départ, se réfugient ensuite dans l'agression verbale active ou passive. Soit ils se mettent en colère à la moindre occasion, soit rien ne semble pouvoir les démonter, mais leur hostilité (liée à une accumulation de colère) s'exprime autrement. Ou encore, ils peuvent être persuadés de mériter les attaques, et ils deviennent alors des victimes toutes trouvées (Bowlby, 1978, 1988).

Les effets de la violence psychologique

Évoquer la violence psychologique et ses effets fait plutôt penser à un impact psychique, pouvant conduire à une perte d'estime de soi, de motivation et à des troubles dépressifs. Si ces symptômes existent bien sûr et peuvent être graves et handicapants, plus préoccupantes encore et souvent méconnues sont les conséquences de cette violence sur la santé physique. La violence, quelle qu'elle soit, mobilise immédiatement les mécanismes du stress chez la personne agressée. Ce stress physique implique une réaction du système cardio-vasculaire, ainsi que du système immunitaire, et si d'aigu ou ponctuel il devient chronique, car la personne demeure dans une situation de violence qu'elle ne fuit pas, les conséquences à moyen et long terme sont très lourdes pour l'organisme.

Ces mécanismes ont été mis en évidence d'abord par Hans Selye (1962), créateur du concept de stress, puis par quantité d'autres chercheurs, finissant par aboutir à la notion de charge allostatique présentée comme étant à l'origine du déclenchement des maladies (Wiart, 2005; McEwen, 2002; Robert Sapolsky, 1994; Timiras, 2004). Une branche relativement récente de la recherche internationale sur les relations entre psychisme et maladie s'appelle la psycho-neuro-immunologie, et elle s'intéresse en particulier au cancer.

L'agresseur n'échappe pas non plus à la mobilisation de ses mécanismes du stress, même si son agressivité lui fournit souvent une échappatoire lui permettant de décharger la tension accumulée. C'est ce qu'Henri Laborit a montré avec ses expériences sur les rats qui stressés, finissent malades s'ils sont seuls en cage, alors qu'en présence d'un congénère qu'ils peuvent attaquer, leur santé physique est préservée. Ces mécanismes sont rappelés et détaillés concrètement dans Wiart (2011a).

La violence psychologique à enfant

En 1983, s'est tenue aux États-Unis la première conférence internationale dédiée à la violence psychologique envers les enfants. Elle a rassemblé des chercheurs et des professionnels de l'aide à l'enfance venus de 8 pays, qui ont travaillé à une définition de ce type de violence permettant de l'évaluer précisément dans un objectif d'étude, d'information et de prévention. La définition et les types d'atteintes proposés dans ce cadre sont d'ordre plus général que les catégories d'agression verbale et les domaines de contrôle présentés plus haut. Ces deux niveaux se complètent, l'approche détaillée permettant une prise de conscience concrète au quotidien du type d'interaction que l'on entretient avec les adultes ou les enfants de son environnement proche. C'est à ce niveau que chacun peut agir, s'il le souhaite, une fois perçu l'impact d'une violence psychologique non repérée comme telle, impact démontré par la recherche.

"En 1995, l’APSAC (American Professional Society on the Abuse of Children) définit les mauvais traitements psychologiques (ou encore appelés "violence psychique" ou "morale") comme constitués de comportements répétés de la part d’un parent, ou d'un incident extrême, qui font comprendre à l'enfant qu'il ne vaut rien, qu'il n'est pas normal, qu'il n'est pas aimé, que l'on ne veut pas de lui, qu'il est en danger ou que sa seule valeur réside dans la satisfaction par lui des désirs des autres. Sur la base de diverses théories du développement et de l'éducation, dont les travaux d'Abraham Maslow, les mauvais traitements psychologiques apparaissent comme une atteinte directe aux besoins fondamentaux d'estime de soi, d'amour et d'appartenance, de sécurité et d'équilibre physiologique de l'individu. Le recours au rejet, à la terreur, à l'isolation, à la corruption/exploitation et au refus de réponse affective constituent les principales catégories de violence psychique repérées par l'APSAC, auxquelles on peut ajouter les négligences sur le plan de la santé ou de l'éducation (Hart et al., 1998).

Le rejet s'exprime par le fait de rabaisser l'enfant, de dévaloriser sa personne et ses actes, par le fait de lui faire honte ou de tourner en ridicule ses manifestations normales d'affection, de chagrin ou de peur.

Terroriser l'enfant consiste à le menacer ou à avoir des comportements pouvant induire de blesser, tuer, abandonner ou placer l'enfant, des personnes qu'il aime ou des objets auxquels il tient dans des situations objectivement dangereuses.

Isoler l'enfant revient à l'empêcher de satisfaire ses besoins d'interaction et de communication avec autrui, pairs ou adultes, à l'intérieur ou à l'extérieur du foyer.

Exploiter/corrompre l'enfant consiste à l'encourager à développer des conduites inappropriées, auto-destructrices, anti-sociales, criminelles, déviantes ou inadaptées. (…) cela inclut aussi de l'inciter à adopter des comportements inappropriés à son bon développement, tels que l'inversion de rôles où c'est lui qui prend soin du parent, devant satisfaire ses besoins ou ses rêves non réalisés, ou encore l'infantilisation où il est, cette fois, empêché de grandir car cela déstabilise trop le parent. Cela consiste encore à encourager ou à contraindre l'enfant à abandonner son besoin d'autonomie par une implication excessive, l'intrusion ou la domination, par lesquelles ses opinions, ses sentiments et ses souhaits ne sont pas pris en compte, et sa vie complètement dirigée par le parent. Cela consiste enfin à interférer avec son développement cognitif, par hyperstimulation par exemple, ou au contraire à lui imposer des restrictions d'apprentissage.

Le refus de réponse affective se manifeste par le mépris des tentatives de l'enfant dans son besoin d'interagir avec le parent sur le plan affectif, par le manque d'expression d'affection, de souci et d'amour envers lui, et par l'absence de manifestations émotionnelles. Il se concrétise par un certain détachement et un manque d'implication, limitant les interactions au strict nécessaire, de manière objective et concrète.

Les négligences médicale et éducative correspondent à l'absence ou au refus de soins physiques ou psychiques, et de scolarisation de l'enfant." (Coslin et Tison, 2010) (Myers et al., 2002).

L'étude française coordonnée par Coslin et Tison a mis en évidence que les professionnels intervenant dans le cadre de l'enfance en danger, c'est-à-dire des psychologues, des médecins, des travailleurs sociaux, des écoutants de centre d'appel, des enseignants de primaire et des gendarmes, reconnaissent mal ce qui est du ressort de la violence psychologique, et ne sont donc guère à même de la dépister. Il semble qu'il y ait donc encore beaucoup à faire en France aujourd'hui, pour une prise de conscience à la fois de l'importance du phénomène et de ses conséquences néfastes, ce qui est aussi révélé par les vives réactions suscitées dès que l'on tente de remettre en cause la gifle ou la fessée éducatives, ce qui entre en réalité dans le cadre de la violence physique. (voir sites…)

Effets sur les enfants de la violence psychologique

La violence psychologique vécue au sein de la famille est à l'origine des nombreuses séquelles qui peuvent se manifester dès l'enfance et l'adolescence ou n'apparaître qu'à l'âge adulte. Elle induit des troubles relationnels et comportementaux, une faible estime de soi, des affects dépressifs, des comportements d'addiction, de l'agressivité, des difficultés de concentration et d'apprentissage, etc. Dès les années cinquante (1950), John Bowlby a attiré l'attention sur l'impact insoupçonné du défaut d'attention aux besoins d'attachement de l'enfant, dans son rapport pour l'OMS intitulé "Carence de soins maternels et santé mentale". Il a ensuite insisté, au long de sa carrière de psychiatre et de psychanalyste, sur l'importance de la prise de conscience de la réalité de la violence familiale, dans l'enfance et l'adolescence, pour la compréhension des troubles affectifs liés au développement de la personnalité (Voir Bowlby, 1988 et Wiart, 2011b). Dans cette perspective, on peut aussi se référer aux ouvrages d'Alice Miller (Miller, 1983, 1984, 1986, 1996) ou de Karen Horney (Horney, 1953, 1965).

Sur le plan physique, des liens ont été établis entre violence psychologique et problèmes respiratoires (asthme, allergies) et les affections se rapportant à une mobilisation chronique des mécanismes de réaction au stress (problèmes cardio-vasculaires, hypertension, cancer). Les travaux rapportés par l'APSAC soulignent que c'est l'absence de réaction émotionnelle aux sollicitations de l'enfant qui induit les traumatismes les plus importants tant sur le plan physique que psychique, et ils soulignent leur impact à très long terme. Ces violences sont soit par commission, c'est-à-dire que l'on tient des propos négatifs à l'enfant, on lui fait honte, soit par omission, c'est-à-dire que l'on s'abstient de lui apporter le soutien affectif dont il a besoin, on le tient à distance, on ne le complimente pas, etc. (voir Wiart, 2011a).

L'importance des répercussions de la violence psychologique à enfant est détaillée sur le site gouvernemental américain de veille sanitaire (Center for Disease Control, CDC), avec en particulier le détail de l'influence néfaste sur le développement du cerveau et de ses mécanismes de régulation des fonctions corporelles, conduisant à terme à la maladie . Ce même type d'information se retrouve dans un guide de l'OMS visant à informer la communauté internationale de l'enjeu, afin de mobiliser la recherche et d'introduire des politiques de prévention. On peut encore citer l'étude ACE (Adverse Childhood Experience). Une partie des recherches engagées dans le domaine se résume sous l'appellation 'neurobiologie développementale' qui étudie les conditions de développement du cerveau, les influences positives et négatives, et les effets à long terme sur la santé (Schore, 2003a, 2003b ; Siegel, 2002 ; Szalavitz & Perry, 2010).

Notions similaires et législation dans les autres pays[modifier]

ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE DU CONSEIL DE L'EUROPE, AUDITION DU 8 JUIN 2011, A PROPOS DE LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE ET DE LA NÉCESSITÉ DE CONSTITUER L'INFRACTION PÉNALE DANS LES ÉTATS MEMBRES

« La violence psychologique est le ciment de la violence conjugale et doit être considérée comme l'équivalent psychologique du meurtre. Sans une préparation psychique destinée à la soumettre, aucune femme n'accepterait la violence physique. C'est cette préparation psychique, cette pression psychologique, cette violence des mots créant une situation de domination, qui conduisent de manière irréversible, à la destruction morale d'un être, puis à la violence des coups, » a déclaré aujourd'hui l'avocate Yael Mellul lors d'une audition de la Commission égalité de l'APCE sur la violence psychologique.

Pour la psychiatre Marie-France Hirigoyen, ériger la violence psychologique en un délit est un moyen d’agir en amont, de prévenir ; mais sans éducation de tous les intervenants, notamment les magistrats et policiers, elle est inapplicable. « Beaucoup de femmes ne savent pas qu’elles sont victimes de violences ! A quel moment est-on dans un conflit de couples, à quel moment dans la violence ? A la base il y a un conditionnement social. La violence psychologique se met en place par des micro-violences insidieuses, l’humiliation, le dénigrement, puis par l’insulte, des menaces, des pressions financières, le harcèlement, l’isolement social. L’emprise agit à trois niveaux : cognitif, comportemental et émotionnel et elle peut conduire à une sorte d’addiction réciproque, » a-t-elle expliqué.

En conclusion, Elvira Kovács (Serbie, PPE/DC), chargé de préparer un rapport sur ce sujet, a estimé qu’il fallait ériger la violence psychologique en infraction même si elle est difficile à prouver, et l’inclure dans la Convention du Conseil de l’Europe pour prévenir et combattre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Dans son rapport, elle souhaite notamment examiner les problèmes juridiques et pratiques que pose l’établissement de la preuve de la violence psychologique.

Le lien vers la source: http://assembly.coe.int/ASP/NewsManager/FMB_NewsManagerView.asp?ID=6724&L=1

Voir aussi[modifier]

  • Violence liée au physique
  • Violence liée à l'argent
  • Harcèlement moral
  • Violence psychique

Liens externes[modifier]

  • (en) Effets à long terme, étude ACE
  • (en) Site du ministère de la santé (US), données sur la maltraitance
  • (en) Site du gouvernement américain, étude ACE
  • Guide OMS sur la prévention de la maltraitance des enfants
  • Le fonctionnement du cerveau
  • Extraits vidéos de "Mon oncle d'Amérique", film d'Alain Resnais sur la base des travaux de Laborit
  • Audition à l'Assemblée Nationale Française de Maitre Yael Mellul, Initiatrice du délit de violences psychologiques dans la loi du 9 juillet 2010 (violences faites aux femmes.)
  • Article dans LEMONDE.FR de Maitre Yael Mellul, Article: Violences conjugales : lettre ouverte à Mmes et MM. les députés, par Yael Mellul / LE MONDE
  • « La violence psychologique est le ciment de la violence conjugale » Par Yael Mellul, devant le conseil de l'Europe., 8/06/11

Bibliographie[modifier]

  • Bowlby J. (1978). Attachement et perte (Vol. 2). La séparation : angoisse et colère. Paris, PUF.
  • Bowlby J. (1988). A secure base. Version française : La relation, la psychanalyse et l'art d'être parents. Albin Michel (Septembre 2011).
  • Coslin P.G. & Tison B. (2010). Les professionnels face à l’enfance en danger : lorsque la méconnaissance fait mal. Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson.
  • Horney K. (1953). L’auto-analyse. Paris, Stock .
  • Horney K. (1965). Neurosis and human growth. : The struggle toward self-realization. London, Routledge.
  • McEwen B. (2002). The End of Stress As We Know It. Washington, Joseph Henry Press.

Stress, Adaptation, and Disease: Allostasis and Allostatic Load article en ligne (en anglais)

Neurobiologie du stress article en français

  • Miller A. (1983). Le Drame de l’enfant doué : À la recherche du vrai soi. Paris, PUF.
  • Miller A. (1984). C’est pour ton bien : Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant. Paris, Aubier.
  • Miller A. (1986). L’Enfant sous terreur : L’ignorance de l’adulte et son prix. Paris, Aubier.
  • Miller A. (1996). L’Avenir du drame de l’enfant doué : Les options de l’adulte. Paris, PUF.
  • Myers J.E.B. (2002). The APSAC handbook on child maltreatment. Thousand Oaks, Sage Publications.
  • Sapolsky R.M. (1994). Why zebras don’t get ulcers : A guide to stress, stress-related diseases, and coping. New York, W.H. Freeman.
  • Schore A.N. (2003). Affect dysregulation & disorders of the self. New York, Norton.
  • Schore A.N. (2003). Affect regulation & the repair of the self. New York, Norton.
  • Selye H. (1962). Le stress de la vie. Le problème de l'adaptation. Paris, Gallimard.
  • Siegel D.J. (2002). The developing mind : Toward a neurobiology of interpersonal experience. New York, Guilford Press.
  • Szalavitz M. and Perry B.D (2010). Born for Love : why empathy is essential - and endangered. New York, Harper Collins Publishers.
  • Timiras P. (2004). Stress, adaptation, longévité. Paris, Economica.
  • Wiart Y. (2005). Stress ? Peut-on et doit-on chercher à y échapper à tout prix ? Perspectives Psy, 44(5), p.406-410. [1]
  • Wiart Y. (2011a). Petites violences ordinaires : La violence psychologique en famille. Paris, Courrier du livre.
  • Wiart Y. (2011b). L'attachement, un instinct oublié. Paris, Albin Michel.

 

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16 octobre 2011

la tète de mort c'est la vie.......

 

 

 

 

Vanités : pourquoi l'art crâne aujourd'hui ?

Tania Brimson pour Evene.fr - Février 2010

Bijoux, vêtements, tatouages, pochettes de disques … La tête de mort connaît aujourd'hui un succès fou. Même l'art contemporain s'est mis à ricaner à coups de mâchoires disloquées, perpétuant une longue tradition : l'art des vanités. Le musée Maillol rend hommage, jusqu'au 28 juin, à ces squelettes qui ont hanté l'histoire de l'art en symbole de la fugacité de la vie et de la futilité des biens terrestres. L'occasion de se pencher sur le nouveau boom de cette iconographie macabre.

 

Si l'on peut difficilement faire plus rockeur anarchique qu'une tête de mort peinturlurée, taggée, tatouée, ciselée, alors Le Caravage doit bien être l'un des premiers punks et Zurbaran un goth avant l'heure. Drôle d'idée. Mais pas complètement absurde. L'exposition du musée Maillol souligne après tout que les contre-cultures du XXe siècle ont eu beau doter l'iconographie du crâne - symbole par excellence de la finitude de la chair -, de connotations nonchalantes sur fond de "fuck the system", elles n'en demeurent pas moins les indignes héritières d'une tradition de vanités vieille comme le monde. Chez les Romains, déjà, le squelette ironique fait son apparition dans l'art pour mettre l'homme en garde contre sa mortalité, ricanant, se dandinant, et lui murmurant à l'oreille : "Memento mori, souviens-toi que tu mourras…" Et, bien que les vanités évoluent par la suite à l'aune des rebondissements religieux, sociaux et belliqueux de l'histoire occidentale, leurs mâchoires disloquées au sourire narquois conservent au fil du temps une dimension philosophique, s'obstinant à canaliser l'orgueil matérialiste du vivant en le renvoyant constamment à sa condition éphémère. Même le pop art de WarholBasquiat et Niki de Saint Phalle reflétera les angoisses de l'anéantissement collectif pendant les années sida, à travers une flopée d'oeuvres sans chair, et en os.

Subversion moderne ?

 

Quid, alors, de cette nouvelle prolifération de la tête de mort dans nos sociétés de consommation, amenée d'abord en Harley Davidson par les terribles Hells Angels pendant les années 1950, puis en musique par les mouvements punk, gothique et new wave ? De ces squelettes que l'on exhibe à tout va (accessoires, vêtements, tatouages) en signe de contestation sociale, voire, vanité des vanités, pour défier la mort ? De cette nouvelle icône monnayable aux cavités exorbitées, totem grinçant, effet de mode, symptôme du temps des dérisions et des désillusions, entrée dans nos moeurs par la porte du consumérisme ? Douteux, complexes, corrompus, ces rapports avariés à la mort ont fini par obséder l'art contemporain, dont les grosses pointures sont nombreuses aujourd'hui à s'approprier et revisiter l'iconographie traditionnelle de la boîte crânienne. Sans doute par esprit critique, sûrement par ironie. Peut-être aussi pour donner un sens à tout ce marasme. Résultat : des expressions tiraillées entre le grand "n'importe quoi" ambiant, et les angoisses viscérales d'un monde au bord du gouffre.


Dérision, désillusion : cet art contemporain qui l'a dans l'os

"Notre promesse graphique honore les morts (et la mauvaise conscience) des générations passées, répètent les frères Chapman. Notre discours offre des restes "retirés de la vente". […] Nous avons manufacturé nos produits au service d'un impératif déconstructif et nous les avons régis selon les lois d'une dispute industrielle." La "promesse" des deux Young British Artists, en sculpture, cela donne : des crânes en putréfaction, suintant de vers, les yeux exorbités, la langue tirée. Et, dans l'idée : une volonté de rattacher les grands mythes de l'humanité et de l'histoire de l'art à un présent cruel, scatologique, désabusé, pour satisfaire une demande de la culture de masse - la fétichisation du trash. Bref, un programme sarcastique et absurde au possible, proche des élucubrations d'un autre BritartistDamien Hirst, qui affirme que "la corruption absolue, c'est la mort". Avec son 'For the Love of God', un crâne serti de quelque 8.000 diamants, le Britannique sacrilège signe sans doute l'une des premières grandes icônes du XXIe siècle, en amenant par le bling-bling la vanité à son comble, puisqu'ici, la futilité des richesses matérielles se perpétue au-delà de l'anéantissement de la chair. 

 

Ailleurs, même provoc', même dérision, même "s'en fout la mort" symptomatiques de l'émiettement spirituel et de la corruption des moeurs, dans un monde vidé de son sens. Un monde où, chez Jan Fabre, "l'oisillon de Dieu" vient bécoter des crânes composés d'ailes de coléoptères alors que la "copine" d'Adel Abdessemed se balade tranquillement en ville avec son amie (squelette). Où Cindy Sherman, reine des travestissements et de l'autoportrait détourné, nous tend des miroirs en photographiant des "natures mortes au crâne", débordantes de vie, de fleurs et de bijoux. Où, pour Helmut Newton, il est encore temps d'aller faire la radio des os de Shakespeare, plusieurs siècles après sa mort… En somme, en art contemporain comme en consommation de masse, c'est la débâcle : on rit jaune devant la mort, on se permet de jouer les vaniteux, tout en invoquant les vanités.   Lire la suite de Vanités : pourquoi l'art crâne aujourd'hui ? »

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La fange de l'Apocalypse 

 
Cette nouvelle épidémie artistique, rongée par un leitmotiv lugubre qui resurgit systématiquement dans les périodes de crise historique (peste noire, Réforme, guerres napoléoniennes, 14-18, Shoah, épée de Damoclès nucléaire, années sida), laisse toutefois songeur. On serait bien tenté, sous les couches d'ironie et de désillusion, d'entrevoir là les symptômes d'une nouvelle angoisse latente ; celle de la mort collective absolue. Une anxiété généralisée, dévastée par les premiers maux de notre XXIe siècle, encouragée par ses obsessions : catastrophes écologiques, réchauffement climatique, épidémies, surarmement nucléaire, fanatismes religieux, terrorisme, prophéties maya, crises des systèmes politiques et financiers… La liste est longue. Et son refrain, abrutissant : 11 Septembre, tsunami, guerre d'Irak, nucléarisation de la Corée du Nord, grippe H1N1, dépression économique - puis, dernièrement, Haïti. 

Bref, rien de très bon augure pour l'industrie culturelle, qui semblerait, en réponse à ces névroses de masse, s'être plongée depuis peu dans une "drôle d'époque néogothique", telle que l'a baptisée le journaliste espagnol Manuel Rivero. (1) A commencer par un regain des histoires de vampires, de terrorisme et de zombies en littérature, au cinéma et à la télévision. Puis, en 2009, une fin d'année engloutie par la vague macabre pour les grands écrans de l'Hexagone, qui achèvent l'année sur une note particulièrement sinistre avec la sortie de deux épopées apocalyptiques : 'La Route' de John Hillcoat et '2012' de Roland Emmerich. Dans le domaine de l'art contemporain, le tableau n'est pas plus ragoûtant. Courrier international clôt notamment la décennie en diffusant les vanités prophétiques du peintre américain Norbert H. Kox, "surréaliste de l'Apocalypse" autoproclamé. Distribué en masse parmi ses images les plus cinglantes : un squelette béant de la Vierge Marie, ricanant au fond du Pandémonium.


Vanité des vanités

 
Les préoccupations du genre sont légion. Et, prises dans ce contexte imbibé de sueurs froides et de mauvais présages, les lubies des frères Chapman et de Hirst au musée Maillol prennent, à leur tour, une nouvelle envergure memento mori. Le crâne grisâtre en fibre de verre de Subodh Gupta, flanqué de gamelles vides et de casseroles sèches, renvoie avec d'autant plus de hargne aux affres de la famine et de la surpopulation. L'autoportrait de Marina Abramovic, le dos courbé alors qu'elle promène son propre squelette, prend, quant à lui, des allures de danse macabre moyenâgeuse (façon minimaliste-individualiste). Bref, sous les épées de Damoclès, plus rien ne semble gratuit. Les dérisions à outrance de la fin du XXe siècle - d'abord gothique et punk, puis absorbés par la culture de masse et l'industrie du luxe -, avec leurs têtes de mort commerciales, finissent peut-être même par recouvrir un peu de cette sacro-sainte solennité caravagesque qu'elles exécraient…


Au fond, par le non-sens apparent avec lequel il pavane ses vanités, l'art contemporain émet donc en ricanant un écho à toutes ces anxiétés collectives de nouveau millénaire. Plus ou moins ouvertement, plus ou moins délibérément. Sans jamais donner de réponses. En se contentant plutôt de tendre la carotte à quiconque voudra bien donner un sens à autant devanitas. Quitte à tout envoyer paître dans l'absurde, à la manière de l'artiste Philippe Mayaux, qui règle le problème en écrivant une lettre de révolte à ses os. "Chers Os, Ma chair s'est plainte de vous […]. Par votre faute, elle se sent affublée du don inutile de l'éphémère en regardant son reflet pâlot dans le miroir noir de vanité que vous lui tendez chaque jour." 
Et la solution carpe diem : "Je vous demande de laisser la chair en paix. N'oubliez pas que vous-mêmes, chers Os, finirez dans une boîte à poussière. A bon entendeur, salut."


(1) Courrier international, numéro spécial 'Prophéties, apocalypses et fins du monde', décembre 2009.
28 août 2011

les vampires et les fées sont nos amis.......??????

61889828

 

Les Abductions Alien, la Possession Démoniaque, et la

Légende du Vampire

Cassiopaea.org

Traduction News of Tomorrow, 20 février 2008

par Laura Knight-Jadczyk

Note : Ce qui suit a été écrit vers la fin de 1994. Beaucoup d’informations ont été validé depuis par nos recherches en cours. Nous suggérons que le lecteur pourrait bien aimer lire la Chronologique du Gouvernement Secret ainsi que notre discussion sur le COINTELPRO Cosmique pour avoir une base d’information plus complète (bien que ce ne soit pas terminé !). Ces informations de plus pourraient jeter une différente lumière sur le “mode” du phénomène à l’heure actuelle, bien que les origines soient les mêmes.

Au travers des âges les gens ont été visités par toutes sortes d’êtres étranges. Certains d’entre eux étaient totalement fantastiques, par leur description et leur activité. Le type le plus commun, cependant, est humanoïde — par-là je veux dire qu’il a une certaine ressemblance à la forme physique humaine — bien que ses pouvoirs soient nettement sur-humains.

Le schéma général de nombre de ces visites est qu’une créature étrange, avec des yeux brillants et envoûtants, vient pendant la nuit et, d’une certaine manière, draine l’énergie, le sang, ou la force-vitale de la victime qui est incapable de crier à l’aide parce qu’à la fois son corps et son esprit sont paralysés.

On retrouve couramment d’autres effets, comme des lumières et des températures glaciales.


On rapporte que les êtres étranges ont pouvoirs qui comprennent la capacité de disparaître, voler, contrôler la météo, diriger le comportement des animaux, se changer en animaux, passer à travers d’objets solides et générer une progéniture hybride en ayant des rapports sexuels avec leurs victimes. L’engendrement d’une progéniture semble seulement provenir de l’interaction d’êtres “mâles” avec des femmes humaines, bien que les cas de succubes, ou créatures femelles qui ont des rapports sexuels avec les hommes sont assez courants également.

Philip Burne-Jones’ “Le Vampire”

Dans son étude classique Passport to Magonia (1969, en français : Chronique des apparitions extra-terrestres), le scientifique français Jacques Vallée y présente beaucoup d’exemples de similitudes entre les fée et les observations d’OVNI. Jean Bastide, dans La mémoire des OVNI (1978) est allé plus loin et a dit que les “contacts modernes établis avec les extraterrestres respectent précisément les mêmes règles que les contacts avec des êtres de forme plus ou moins humaine dans le passé.”


Le scientifique français Jacques Vallée

Un exemple assez classique d’une interaction supposée avec un succube est présentée dans le livre intitulé The Haunted. Ce qui suit est une transcription d’un entretien enregistré avec la victime :

Q. Comment avez-vous su que quelque chose n’allait pas ?

R. La façon dont je me suis réveillé, je pense.

Q. Il y avait quelque chose de différent ?

R. Oui, c’est comme si j’avais été – euh, jeté d’une falaise ou du genre. Vous savez, comme si une action violente m’avait réveillé.

Q. Pouvez-vous décrire ce vous avez vu ?

R. Au début je n’ai rien vu du tout. J’ai juste ressenti cette formidable sorte de panique – Je n’étais pas sûr si c’était un cauchemar ou non.

Q. Qu’est-ce qui vous a convaincu que vous n’étiez pas en train d’avoir un cauchemar ?

R. Ses écailles.

Q. Ses écailles. Vous voulez dire à cause de ces écailles serpentines – comme un serpent ?

R. Oui.

Q. Vous avez dit “elle.” Ces écailles étaient sur une femme ?

R. Oui.

Q. Pourriez-vous la décrire ?

R. Pour être honnête, je déteste même penser à elle. Sa peau était blanc papier, mais elle était recouverte à certains endroits par la surface écailleuse que j’ai mentionné, et ensuite à d’autres endroits par des plaies ouvertes, du genre de celles que vous penseriez qu’un lépreux a. Et du pus s’écoulait de ces plaies.

Q. Quel âge avait-elle ?

R. Je dirais qu’elle avait à peu près soixante-cinq ou soixante-dix ans. Je ne peux pas en être sûr.

Q. Quoi d’autre avez-vous d’abord remarqué sur elle ?

R. Elle avait de longs cheveux blancs desséchés, ses yeux étaient tout rouge et l’intérieur de sa bouche et ses gencives étaient vertes. Certaines de ses dents étaient absentes mais celles qu’elle avait étaient très longues comme celles des vampires.

Vampire en tant que Banshee

Q. Et son corps ?

R. C’était la chose bizarre. Son corps lui-même était ferme, vous savez, comme celui d’une plus femme plus jeune.

Q. Qu’a-t-elle fait ?

R. Elle m’a paralysé d’une certaine façon. Je l’ai vue émerger des ombres auprès de notre lit et je pressentais ce qu’elle avait faire sans pouvoir l’arrêter.

Q. Et ensuite ?

R. Ensuite elle m’est montée dessus dans une position dominante et se mit à me chevaucher. Je ne peux pas l’expliquer autrement.

Q. Était-ce plaisant ?

R. Non, non. En fait, je ne souviens pas du tout avoir ressenti quoi que ce soit, en dehors d’une panique et terreur complète.

Q. Que faisait Janet pendant tout cela ?

R. C’est seulement plus tard, après mon réveil, que j’ai réalisé que Janet était descendue en bas pour dormir sur le canapé, ce qu’elle fait parfois lors des mois chauds.

Q. Qu’est-ce que l’être a fait ensuite ?

R. Elle en arrivait à l’orgasme sexuel. Elle m’a juste regardé et a souri en montrant ces incroyables dents. J’ai essayé de regarder ailleurs mais quelque chose retenait mes yeux à elle. Je pouvais savoir quand elle avait des orgasmes parce qu’elle donnait alors de petites secousses et son sourire s’élargissait.

Q. Elle avait des orgasmes ?

R. Oh oui, vous l’auriez remarqué à ses expressions et ses mouvements.

Q. Ensuite que s’est-il passé ?

R. Ensuite elle a disparu.

Q. Juste comme ça ?

R. Juste comme ça. Juste disparu. Et c’est là que j’ai remarqué la substance collante partout sur moi.

Q. Substance collante ?

R. Oui. Je suppose que vous la compareriez à du sperme, de par la texture, quoi qu’il en soit… C’était émis du vagin de la créature. Et j’étais également endolori.

R. Oui, comme si j’avais eu des relations sexuelles prolongées, bien que cela n’ait duré que quelques minutes. Mais ensuite je me suis demandé si je ne m’étais pas évanoui entre temps parce que, comme je l’ai dit, mes organes génitaux étaient extrêmement douloureux.

Q. Que s’est-il passé ensuite ?

R. Je suis allé dans la salle de bain et me suis regardé. Le liquide sur mon corps avait une odeur très âcre. J’ai pris une douche et l’ai rincé aussi vite que je pouvais. J’ai dû frotter très fort.

La conviction que ce sont des êtres surnaturels peut être retrouvée dans toutes les sociétés du monde. C’est un thème courant dans toutes les religions aussi bien que dans le folklore. Il semble que, sous l’apparence du phénomène OVNI/Abduction alien, les rapports sont aussi fréquents de nos jours qu’ils le furent auparavant. Un incident avec lequel on peut faire de saisissants parallèles, fut rapporté dans un livre récent :

“Cette fois, pendant qu’il s’allonge sur la table, après qu’on lui ai fait boire un liquide à l’odeur de cannelle, il vit une femme aux cheveux blancs marcher sur lui. Il a dit qu’elle semblait douce et peut-être attentionnée. Elle s’est mise sur lui, a initié une relation sexuelle, et quand ce fut terminé elle s’en alla.

“Il s’est rappelé une fois, lorsqu’il avait treize ans, s’être réveillé en apercevant une femme étrange, aux yeux foncés, avec des cheveux blancs bouclés, qui l’approchait dans un environnement inconnu. Elle s’est mise sur lui et engagea une relation sexuelle, bien que pour Casey ce n’était pas du tout érotique.” (Intro The Fringe, de Karla Turner, Ph.D., 1992)

Une Encyclopédie des Fées (Briggs, 1976) donne de nombreux exemples d’abductions féériques. Les similitudes entre les abductions féériques et les abductions OVNI sont également intéressantes à noter. Les personnes qui ont affirmé avoir eu des interactions avec des fées rapportaient généralement des marques sur leurs corps correspondant aux rapports d’abductions alien. Les abductions féériques et les abductions OVNI montrent aussi des similitudes frappantes avec les activités des incubes et des succubes. Une boisson épaisse est presque toujours donnée à l’abducté. La victime est paralysée et s’en va en lévitant. Les fées voyageaient dans des globes de lumière circulaires qui sont de même couramment rapportés dans les abductions OVNI. Une autre similarité avec le scénario d’abduction OVNI est la créature de type bigfoot qui était appelée “bogie” dans les contes de fée traditionnels. Beaucoup de soi-disantes fées et aliens. ressemblent et agissent d’une façon très similaire aux descriptions faites aux démons dans l’histoire.

Vampire en tant qu’Alien.

Le fait est qu’il y a une tradition qui s’étend sur des milliers d’années et qui parle d’êtres enlevant des humains et leurs progénitures ; ces êtres volent dans des globes de lumière, peuvent paralyser leurs victimes, induire une amnésie à propos des évènements, forcer leurs victimes à boire d’étranges boissons, avoir des relations sexuelles avec eux et, dans nombre de cas, les conduire finalement à la folie, à la ruine du corps, ou même prendre le contrôle de leurs corps pour leur propre usage. Cette possession peut être permanente ou semi-permanente. (La possession survient après une longue période d’usure de la volonté, à cause de rencontres forcées répétées qui incluent généralement le drainage de l’énergie via contact sexuel.)

Certains occultistes voient toute activité sexuelle comme faisant partie de la nature la plus basse de l’homme. D’autres la voient comme une bénédiction. Cornelius Agrippa décrit la copulation comme “pleine d’apports magiques,” et Aratus a dit ceci :

“De même que l’union physique de l’homme et de la femme conduit au fruit de la composition de chacun, de même l’union intérieure et secrète de l’homme et de la femme est la copulation de l’âme masculine et féminine, et est désignée à produire le fruit adéquat de la vie divine.”

Nombre d’occultistes croient que la mystérieuse énergie psychique produisant tout phénomène est, par nature, sexuelle. À ce propos, l’activité poltergeist est généralement associée avec un adolescent perturbé qui est incapable d’”ancrer” son énergie sexuelle. Il est attesté que les courants sexuels de la libido sont des manifestations d’une énergie qui peut être transférée d’une personne à une autre. Il est suggéré que de cette manière, un vieux peut drainer la force vitale de jeunes personnes. Par exemple, le Roi David couchait régulièrement avec une jeune vierge lorsqu’il était âgé, et la même technique remportait un certain succès en Grèce et en Rome antique. On rapporte que l’Empereur Barberousse tenait de jeunes garçons contre son ventre et parties génitales pour “savourer et absorber leur énergie” ; le Pape Innocent VIII utilisait de jeunes enfants en bonne santé qui devaient le caresser afin de lui transférer leurs énergies.

Des médecins du passé sont même allés jusqu’à formuler l’hypothèse que l’énergie vitale était fortement concentrée dans le sang de jeunes enfants et suggérèrent que le vampirisme devait être employé par ceux que l’âge affaiblissent.

Les légendes de vampire se sont maintenues depuis le commencement de l’histoire écrite. Le problème est de faire le tri entre faits et fiction. Le fait est que les rapports d’Europe de l’Est nous disent que quelque chose appelée vampirisme atteignait des proportions quasiment épidémiques au 18ème siècle. Les histoires sont plutôt fantastiques et de nombreux détails doivent être attribués aux imaginations terrifiées des paysans superstitieux, bien qu’une grande partie de la documentation est si détaillée et les témoins si réputés qu’il semble impossible qu’il n’y ait rien qui se passe là. La question est, qu’est-ce donc ? L’idée d’un cadavre sortant de son cercueil la nuit pour boire le sang des vivants semble tout bonnement irrationnel et je pense que nous pouvons la rejeter comme venant de rapports confus sur un phénomène d’une nature toute différente.

Bien avant l’histoire écrite, la boisson et l’effusion rituelle de sang était l’élément vital du sacrifice, augmentant le pouvoir et apaisant les dieux. Pour la vie, on doit avoir du sang. D’où naquit cette idée ?

Depuis très longtemps les occultistes ont parlé et écrit de matérialisations de démons buveurs de sang. Dion Fortune croyait que le corps astral d’une personne vivante pouvait sortir et prendre une autre forme, par exemple celle d’un oiseau, d’un animal ou d’un vampire. Le vampirisme est considéré comme contagieux ; la personne vampirisée, étant vidée de vitalité, est imaginée comme étant un vide psychique qui draine l’énergie des personnes rencontrées dans la vie quotidienne. Cette énergie est ensuite mis à disposition de la prochaine collecte de l’entité vampirique.

Le vampire cultuel, en grande partie créé par Bram Stoker en 1897, porte des connotations sexuelles qui pourraient être plus qu’un simple accident. Le mélange de violence, séduction psychique, sexe et perte de la force vitale rendit le vampirisme très populaire. Il y a eu de nombreux individus qui ont été appelés ou se sont eux-mêmes appelés vampires ; et aucun de ces pervers ne s’est réellement levé d’entre les morts bien qu’ils ait commis des meurtres et/ou ont bu du sang. Ils n’étaient pas des vampires dans le sens surnaturel du mot. Mais le lien entre le vampirisme surnaturel et le sexe est profond. Nous devons nous demander quelle est l’extraordinaire fascination que le vampirisme a sur le subconscient de la plupart des gens ? Il semble que ce soit le mélange d’excitation sexuelle, de consentement à la possession avec la promesse d’immortalité et le mal palpitant. Le sexe et le surnaturel : une association imbattable.

L’acteur anglais Christopher Lee expliqua l’attraction du vampire en disant :

“Il offre l’illusion de l’immortalité… le désir du subconscient – que nous avons tous – d’un pouvoir sans limite … un être au cerveau et à la force physique formidable…”

Mais cet écrivain pense que cette fascination pourrait avoir une raison plus significative ; une qui est plus profonde et plus irrésistible.

L’illusion de l’immortalité ! C’est très semblable à ce qui a été offert aux nombreux abductés OVNI :

“…Frank et James… on a dit à eux-deux que de nouveaux corps étaient en quelque sorte en train d’être fabriqués ou préparés pour nous.” (Turner, 1992)

L’un des effets les plus courants de l’activité vampirique est un épuisement physique inexpliqué. Ce phénomène se produit fréquemment dans les scénarios d’abduction par les OVNI comme nous pouvons le voir dans ce qui suit :

“Tout le long de l’automne et l’hiver, nous nous sommes littéralement sentis assiégés par des forces et entités que nous ne pouvions pas comprendre… la matin suivant, je ne pouvais simplement pas me lever. Peu important mes tentatives efforcées ou le nombre de thés que je buvais, j’étais dans une stupeur toute la journée, bien que je n’avais aucune raison d’être si épuisé…” (Turner, 1992)

“…mais tout aussi soudainement qu’elle avait été excitée, elle fut drainée de toute son énergie et tomba s’est presque évanouie par terre… Megan s’est écroulée sur le canapé, incapable de parler ou même ouvrir ses yeux pendant presque une heure.”

Alien ou Démons ?

Un autre phénomène psychique des plus courants est celui du poltergeist. Une phénomène qui lui est lié est celui de l’agresseur invisible. D’importantes marques de griffures apparaissent sur le corps de certaines victimes de poltergeist et une fois un officier de police en enquête a vu des coupures apparaitre spontanément sur les jambes et la poitrine d’une victime de poltergeist qui criait. Un exemple comprenant des éléments de sexe, de stigmates de poltergeist et d’un possible vampirisme, d’un cas très récemment examiné d’abduction OVNI :

“…il s’est levé de son lit avec une étrange femme alien. sur lui. “Elle essayait de m’exciter,” a-t-il dit. “Elle s’est mise sur moi et essaya de me faire réagir, vous savez, sexuellement. Mais j’ai continué à refuser, je l’ai repoussée et lui ai supplié de me laisser… elle était nue, pourtant, lorsqu’elle me toucha elle était très froide.” …”J’ai trouvé ces marques ce matin,” a-t-il indiqué… trois grandes marques de piqûres sur la peau derrière son mollet disposées en un triangle équilatéral.” (Turner, 1992)

“…Il était seul dans l’appartement d’un ami, s’effondrant dans le lit après avoir marché des heures seul dans la rue, et quand il s’est réveillé il était couvert de bleus et de griffures partout sur son dos.”

“…J’étais assis sur le canapé, tard dans la nuit. Et tout d’un coup, le canapé commença à sauter tout seul, et puis ce tabouret se mit à sauter. Je veux dire, vraiment sauter. Ça me secouait !” 

“Le lit tout entier se mit à bouger, et quand j’ai essayé de bouger, j’ai constaté que j’étais paralysé. Je ne pouvais même pas parler, mais d’une certaine façon je me suis finalement débrouillé pour chuchoter une prière, demandant au dieu de la vérité et de l’amour de faire partir cette force effrayante. J’ai répété cette prière en continu, jusqu’à ce que la paralysie s’arrête, mais le lit bougeait de plus en plus violemment à mesure que ma force augmentait… J’ai essayé de réveiller Casey et lui dire ce qu’il s’était passé, mais il s’est retourné en dormant sans répondre… à cet instant, trois femmes sont entrées et m’ont approché. Elle m’ont tenu confortablement et m’ont dit, “Tu as fait ce qu’il fallait, Tu as réussi le test.” 

Il y a pour sûr, d’étonnants parallèles. La première chose que l’on remarque en étudiant profondément ce phénomène est que certaines rencontres avec des entités semblent être accidentelles et d’autres semblent être clairement dirigées vers une personne spécifique. Nous pouvons nous demander si les rencontres apparemment accidentelles sont aussi accidentelles qu’elles le paraissent. La manifestation survient-elle en réponse à un besoin caché, un état psychologique qui réclame une intervention extérieur d’une quelconque sorte ? À cet égard, l’ufologue français Jean-François Boeded, suggéra dans son livre Fantastiques rencontres au bout du monde (1982) que nous devrions considérer les observations comme débutant bien avant l’expérience réelle. Il se réfère à de nombreux cas pour lesquels les témoins eurent des prémonitions que quelques choses allait arriver, ou pour une quelconque raison ils sont retournés chez eux par une route différente, ou ont pris un chemin inhabituel. D’une certaine manière, il semblerait que les témoins étaient alors en train d’être préparés pour l’expérience qu’ils allaient subir.

Vampire en tant qu’Incube

Ce phénomène fait partie intégrante de l’abduction alien, des syndrômes du vampirisme et de la possession. Quand les entités impliquées dans les possessions sont interrogées durant un exorcisme sur comment elles sélectionnaient une cible de possession elles répondaient souvent que le sujet avait été choisi avant sa naissance. Dans la plupart des cas, la ligne de contact et l’attaque graduellement construite peuvent être retracées jusqu’à l’enfance. On pourrait dire, qu’en général, le processus de la possession a déjà commencé avant que la cible ou les personnes autour d’elle soient conscientes des signes.

Dans la plupart des cas il y a une sensation de la présence avant qu’une rencontre réelle ne survienne. L’abduction alien de Betty Andreasson est un classique. Le scénario qui est décrit est assez habituel dans de nombreux cas d’abduction. Pour la comparaison, jetons un œil à une version résumée.

Une lumière est apparue à la fenêtre. Le reste de sa famille semblait être dans un état d’animation suspendue. Quatre petites créatures sont entrées dans la pièce en passant tout droit à travers la porte. L’une des créatures a communiqué télépathiquement avec elle et l’emmena dehors, où un vaisseau ovale l’attendait. À bord elle fut soumise à un examen physique douloureux. Une sonde fut pressée dans son nez. Une autre sonde fut insérée dans son nombril et on lui a dit qu’on la mesurait pour la procréation. Nichée, on la fit s’asseoir dans une chaise en verre où elle fut enfermée par un couvercle transparent et immergée dans un fluide ; elle pouvait respirer par des tuyaux attachés à son nez et sa bouche. Un liquide sucré suinta dans sa bouche. Quand elle fut libérée de la chaise elle découvrit qu’elle avait voyagé jusqu’à la planète des aliens. Deux des créatures qui l’emmenaient traversèrent avec elle des tunnels et une série de chambres. La première était pleine de petites créatures de style reptile ; la seconde était un grande de couleur verte où flottèrent au-dessus de pyramides jusqu’à une ville de formes cristallines mystérieuses. Elle fut emmenée à l’intérieur d’une des formes en cristal où elle fit face à un oiseau géant qui éclata en lumière et s’effondra ensuite en un tas de braises. Une voix lui a dit qu’elle avait été choisie pour une mission spéciale qui lui sera révélée. Quand Betty déclara qu’elle croyait en Dieu, la voix lui a dit que c’était pour ça qu’elle avait été choisie… le chef, Quazgaa, lui a dit que des secrets avaient été verrouillés dans son esprit. Elle fut ensuite réescortée chez elle où elle vit le reste de sa famille toujours en état d’animation suspendue. Les aliens mirent la famille au lit.

Vampire ou Alien ? Alien ou Vampire ?

Ce qui suit est un témoignage résumé d’un cas manifeste d’infestation démoniaque, d’une obsession et d’une possible possession ultime qui fut abondamment documentée et décrite dans The Demon Syndrome de Nancy Osborn :

“La pièce était baignée par une lueur lumineuse, brumeuse. Un fort parfum d’ozone… une rafale de vent frais déferla par la fenêtre ouverte… Ann trouvait bizarre que la lumière de la lune soit si brillante lors d’une nuit nuageuse. Elle se leva. Trois silhouettes noires se matérialisèrent comme si elles entraient par la fenêtre ouverte… son mari… continuait à dormir, inconscient… Deux des silhouettes restaient en arrière-plan mais la troisième s’approcha avantage… elle était plus grande que les deux autres… Tandis que le meneur s’avançait les deux plus petites créatures semblaient flotter en arrière-plan, bavardant inintelligiblement… le mystérieux intrus n’avait pas de corps complet… Il était habillé d’un linceul noir flottant avec deux bras et mains s’étendant des bords… mais il n’y avait pas de prolongements humains. Pas de bras et mains normales et ordinaires, mais fendues comme celles d’un cochon. Les dents et la bouche semblaient inhumaines. Quatre crocs en saillie là où auraient dû être les incisives, et des parties proéminentes, rugueuses, des sortes d’épines, ressemblaient le plus aux dents humaines. Son visage avait une forme d’amande et sa peau avait une teinte rose. Mais ce furent les yeux qui ont le plus effrayé Ann, à cause de leur cramoisi brûlé… La créature n’avait qu’une petite quantité de cheveux secs qui se tenaient tout droit, et les oreilles étaient pointues… il n’y avait pas de pieds…la chose se déplaçait en glissant et en flottant…

[L’entité parle] ’Je suis venu pour t’emmener avec moi, Ann Haywood. Tu as été choisie pour faire une avec nous. Tourne-toi vers moi et je te donnerai paix et réconfort.’ …une sensation d’euphorie la submergea. C’était une sensation chaude, calme… elle fit des efforts et se remit à prier… ’Toi et ton fichu Dieu ! Il ne t’es plus d’aucune utilité. Le comprends-tu ? Je suis venu pour toi. Détends-toi et lâche prise. Tu ne seras plus jamais malade ou préoccupée. C’est un endroit de paix et de chaleur comme tu l’as expérimenté il y a quelques minutes. Alors lâche prise, lâche prise !’ Pendant que le monstre l’amadouait, il s’approchait de plus en plus près d’Ann. Finalement sa bouche s’ouvrit en grand et il commença à recouvrir son visage avec son jabot collant. La chaleur de son souffle et l’insupportable puanteur en émanant semblait affaiblir Ann. La salive de l’être était affreusement visqueuse et froide pendant que le monstre aspirait sa force vitale… Ann se débattit violemment… la créature siffla de déception : ’Je suis ta paix, et je suis ton force. Je vais prendre soin de toi à partir de maintenant. Il n’y a pas de dieu.’ Les trois entités partirent à travers le mûr de la chambre, dans la nuit…” (Osborn, 1982)

Et, – c’est une similarité qui fait frissonner – nous trouvons certaines images en commun qui apparaissent aussi dans d’autres cas d’abduction alien et d’infestation démoniaque.

“Un voyage astral dans un endroit inconnu et exotique était habituel. Elle a vu les pyramides égyptiennes… ce fut à ce moment qu’Ann se sentait faire partie de l’éternité… immortelle… en sécurité, joyeuse et libre de toute douleur.”

Dans une interview avec un membre de la presse, Ann Haywood essayait d’expliquer comment la Dame la transportait dans le temps vers des lieux lointains.

“Elle met sa robe autour de moi et ensuite mon esprit se sépare de mon corps. Je pouvais regarder derrière moi et le voir allongé là. Puis nous montons, passons à travers le plafond, sortons pas le toit et volons dans l’espace. Une nuit la Dame m’a fait retourner dans le temps. Nous étions dans un pays étranger et les gens portaient des vêtements démodés. La Dame a pris l’apparence d’une belle femme dans une robe bleue. Elle a accompli des miracles pour eux…”

Soudainement le visage d’Ann pâlit et elle demanda à ce qu’on l’excuse. On entendit son cri de douleur venant de la salle de bain, là elle avait trouvé refuge. Quand Ann sortit, elle renâclait et tenait son abdomen. La Dame l’avait sauvagement attaquée pour avoir révélé qu’à travers l’histoire, les créatures comme la Dame avait pris la forme de saints. Elles utilisaient ensuite la crédulité de l’humanité pour tromper et désinformer les gens de sortent qu’ils croient que des miracles sont accomplis. Ann supplia le reporter de supprimer cette portion de l’interview.” (Osborn, 1982)

 

Et, – ce qui évoque les vampires et le cas de Karla Turner – , Ann Haywood a également souffert : le contact avec la Dame était toujours physiquement drainant. Ann se sentait usée à chaque fois que la créature l’emmenait. Et sa santé se détériorait après chaque attaque. Le démon la tuait lentement, physiquement et mentalement. Si elle voulait faire l’amour avec son mari la Dame lui disait “Ann ne perds pas ton temps en copulations insensées. J’ai besoin de ta force. Tu es à moi…”

Le démon d’Ann est aussi beaucoup plus bavard et nous devrions nous arrêter un instant pour savoir si ses propos sont factuels ou sont davantage de mensonges et tromperies. Dans le cas d’abduction alien le scénario suit le syndrôme de l’infestation du démon jusqu’à un point : les aliens sont rarement, sinon jamais, forcés à admettre leurs infâmes intentions. Les démons, lorsque interrogés sous certaines circonstances, deviennent assez verbeux.

“La Dame s’est transformée en léopard et ensuite en une bête ressemblant à un loup. ’Nous pouvons prendre n’importe quelle forme, celle de notre choix… Mon espèce contrôle ce monde. Le destin est changé à jamais quand l’un de nous apparaît… Bientôt, pas seulement toi, Ann, mais le monde entier nous connaîtra. Avant l’an deux mille, personne ne niera notre existence. Mais avant quand ton âme redevienne esprit, une autre doit te remplacer. Il y en a une qui est à présent influencée.’

“Les loupés mécaniques furent courants quand Ann était présente. Eugene Wyatt menait l’interview originale avant d’assigner un reporter à l’article spécial qui était préparé pour sa publication dans le Tennessean [numéro du 4 juin 1978]. L’enregistrement était enregistré sur un équipement professionnel. Cependant, la machine a déchiré la cassette. … M. Wyatt a dit dans un rapport : l’ordinateur bugga immédiatement et a dû être redémarré deux fois. Quand on a essayé d’éditer l’histoire sur le terminal d’un vidéo-écran, ça a aussi raté. Toute la partie de l’alimentation a dû être remplacée. Elle avait tout simplement brûlé.

“Quand une télévision locale a fait quelques enregistrements avec Ann chez elle et le passa plus tard sur un écran de leur studio, un rouge aveuglant apparu du film. Le technicien a dit qu’il n’avait jamais vu une anomalie similaire.” (Osborn, 1982)

Ceci est un résumé des remarques d’Ann lors de plusieurs interviews :

“Je dis qu’il y a des mondes invisibles et des êtres qui les peuplent. Le simple fait que nous ne pouvons pas les voir ne veut pas dire qu’ils n’existent pas… Tout animal a un ennemi naturel. Et c’est pareil pour l’humanité. Ce n’est pas la maladie ou la mort, mais de terribles créatures qui nous observent tous jusqu’à que nous devenions faibles. Puis ils planent autour de nous comme des vautours piochant un cadavre. Quand ça arrive, nous nous brisons en notre esprit. C’est alors que les gens font des choses terribles, indescriptibles. Ils se suicident ou tuent d’autres personnes et créent simplement de la souffrance pour tout le monde. Souvent, les victimes finissent dans des hôpitaux psychiatriques…

Un de ces monstre vit à l’intérieur de moi… elle ne me fait mal que si je la défie. J’essaye de rester sur son bon côté. Elle est très capricieuse et a un tempérament terrible. La Dame n’aime pas non plus la religion. Elle ne croit pas en Dieu comme moi. …la Dame ne parle directement à personne, à part moi. Je peux lui parler à voix haute ou en pensée. Elle sait tout ce que toi et moi disons et pensons. Quand elle parle, elle a une voix de femme. Quand elle se met en colère son ton est plus grave.

La Dame semble tout savoir… parfois nous parlons de l’endroit où elle veut m’emmener. Elle dit que j’y trouverai paix et repos, aucun soucis, aucune maladie et que je n’aurais pas à mourir d’une douloureuse mort physique comme tout le monde… je ne suis jamais allé jusqu’à l’endroit où elle veut m’emmener parce que j’avais peur de ne pas pouvoir revenir… quand je suis avec elle c’est d’habitude un sentiment très agréable – quand elle est de bonne humeur – c’est chaud et paisible… tous mes problèmes s’effacent… c’est juste un silence complet et nous sommes ensemble…

…une chose que la Dame n’aime pas, c’est que je prie beaucoup. Elle pense que je ne devrais jamais faire ça. Si je n’arrête pas quand elle me le demande elle se met en colère… mes prières interfèrent avec ma relation avec elle… Je ne pense pas qu’elle craigne Dieu. Quand je vais à l’église, elle ne me laisse pas me concentrer sur ce que dit le prêtre. …elle me distrait d’une manière ou d’une autre et elle attend simplement à la ligne de propriété de l’église que je sorte… j’ai d’abord pensé qu’elle venait du Diable… j’en pleure beaucoup… quand ça me déprime, la Dame m’éjecte d’un coup hors de ma mauvaise humeur. …elle me raconte quelque chose sur son côté du monde – où je pourrais aller et ce que je pourrais faire et cela change ma perspective et me ragaillardit. … aucune souffrance, aucun soucis, aucune mort, un pays qui est rempli de promesses, où l’idée que vous pouvez faire quelque de vous-mêmes n’existe pas – vous êtes déjà quelque chose… c’est comme un tiraillement acharné et je suis au milieu.

Si je n’aimais pas ma famille, je serais déjà partie avec elle. Souvent je suis tentée de céder… Elle essaye aussi de me convaincre que je ne peux aider personne qui a un problème comme le mien. Elle dit que le mien n’est pas une maladie mentale… C’est un conflit de réalité… Au début j’étais vraiment terrifiée. Je me retournais et elle était là. J’avais peur d’aller me coucher la nuit, parce qu’elle vient principalement la nuit, quand tout est calme, ou dans la journée quand je suis seule à la maison. Mais habituellement elle apparaît la nuit, quand je m’allonge. Elle vient, et nous partons ensemble. Elle met la cape autour de moi et c’est comme si je partais dans un monde onirique. La Dame m’emmène dans des endroits magnifiques ici sur cette planète ou sur d’autres planètes, et parfois dans le très lointain passé. Occasionnellement, nous visitons même le futur, mais je n’y comprends rien…

Je ne peux toujours pas m’habituer à son apparence… elle n’est pas comme nous. Pas du tout. Elle ne semble pas même avoir la même constitution corporelle que les humains. Quand elle me touche avec ses mains, c’est comme toucher de la glace sèche… ses mains se collent tout simplement sur ma peau, et laissent des marques rouges aux endroits qu’elle touche… Le contact physique pique de froid mais brûle aussi un peu… quand elle le veut elle peut contrôler mes pensées.

Si elle veut que je dise quelque chose à son propos pendant qu’elle écoute une conversation, elle me fera souvenir des choses. Mais si elle n’aime pas une personne, toute information à son propos sera effacée de mon esprit comme si elle n’existait pas. Elle dit qu’il est temps pour moi de parler d’elle. De plus, elle dit que bientôt le monde entier connaîtra son espèce…

elle m’a dit que j’étais choisie… elle a besoin de gens… elle a besoin de mon souffle. La Dame en a besoin afin de survivre dans le monde des humains. Elle doit en prendre tous les jours afin d’exister sur notre plan. Je l’alimente chaque jour avec mon souffle vital, parfois aussi souvent que trois ou quatre fois par jour. Plus il y a utilisation d’énergie, de sa part comme de la mienne, plus il faut d’alimentations de souffle… c’est la même sensation que vous avez si vous hyperventilez… la Dame a besoin de souffle pour pouvoir rester ici-bas…

Je sais que je vais devoir abandonner ma famille parce qu’ils sont Chrétiens. J’étais sauvée à un moment avant que la Dame ne fasse irruption dans ma vie. Elle dit ’Je ne comprends pas pourquoi tu crois en de vieux livres qui parle d’un Dieu que tu dois adorer. Ce Dieu appartient à d’autres personnes mais pas à toi. As-tu déjà vu Dieu ? Tu me vois et tu sais que je suis réelle, que j’existe.’ …c’est comme s’il y avait une armée qui se construit. Une chose puissante des deux côtés… elle a dit qu’elle me convaincrait tôt ou tard qu’il n’y a pas de Dieu. …elle s’épanouit sur la méchanceté.” (Osborn, 1982)

 

Dans n’importe quel cas de vampirisme psychique ou de véritable possession il y a habituellement un vrai point d’entrée, le point par lequel l’esprit entre en relation avec l’individu et une décision est faite par la victime pour permettre ce contact. Cela se produit souvent juste parce que la victime n’est pas consciente de l’importance de l’évènement. Cela semble être un évènement mineur et peu résulter de la fatigue, d’une excitation mentale, frustration, douleur et d’autres facteurs psychologiques qui prédéterminent une constitution psychique affaiblie. Ces êtres, qu’ils soient démons, vampires ou aliens, ont la capacité de contrôler nos pensées jusqu’à un certain degré, nos corps physiques, la météo et des évènements dans nos vies, au point de pouvoir être usé jusqu’à la corde sous de telles attaques et abandonner le contrôle à un autre. Dans le cas d’abduction alien, le processus de l’abduction lui-même pourrait faire partie du processus d’éreintement tout autant que l’interaction avec vol d’énergie.

Le cas Betty et Barney Hill, et tous les cas d’abductions ultérieures ayant un aspect similaire, décrivent un test médical simulé dans lequel une longue aiguille est insérée dans le nombril. Un calendrier français du quinzième siècle, le Kalendrier des Bergiers, montre des tortures infligées par des démons sur des personnes qu’ils ont prises. Les démons sont représentés perçant l’abdomen de leurs victimes avec de longues aiguilles. 

L’hypothèse, de Jacques Vallée, du système de contrôle est intéressante à cet égard :

« Je pense qu’il y a un système autour de nous qui transcende le temps comme il transcende l’espace. Le système pourrait être bien se situer lui-même dans l’espace cosmique, mais ses manifestations ne sont pas des vaisseau spatiaux dans le sens ordinaire, c’est-à-dire matériel. Les OVNIs sont des manifestations physiques qui ne peuvent être comprises séparément de leur réalité psychique et symbolique. Ce que nous voyons en effet ici n’est pas une invasion alien. C’est un système de contrôle qui agit sur les humains et les utilise. »

Le fait que les abductions alien modernes reflètent les infestations démoniaques et le vampirisme fait partie d’un pattern de l’histoire. Ce qui, selon Vallée, implique un concepteur de pattern. Mais ce qui est ou qui est ce concepteur de pattern, ou bien pour quelle raison le système de contrôle fonctionne ainsi, Vallée ne le dira pas ou ne peut le dire.

Toutefois, nous pouvons conjecturer un peu et tirer quelques conclusions provisoires. Mais d’abord j’aimerais montrer qu’en dépit de la douleur et de la peur vécues dans une abduction, pour un très grand nombre d’abductés, les aliens représentent le bien plutôt que le mal : les abductés pensent que les aliens sont nos supérieurs intellectuels et moraux qui sont venus ici pour nous aider à résoudre nos problèmes. Gardons à l’esprit que cela pourrait être un mensonge dangereux et rusé. Un exemple de la façon par laquelle ce mensonge est malignement propagé est le fait que beaucoup d’individus sans connaissances approfondies de la métaphysique historique sont mystifiés par les apparents “avantages” de l’abduction alien. Bien sûr, il pourrait y avoir plusieurs raisons à cela. C’est peut-être parce que le contact avec le côté “obscur” provoque chez l’individu un mouvement intérieur vers davantage de “lumière”, ou c’est peut-être, en fait, un mensonge pour amener à l’acquiescement de la part de la victime.

John E. Mack, M.D., professeur de psychiatrie à Harvard écrit dans Abduction :

L’idée que des hommes, femmes, et enfants puissent être enlevés contre leur gré de leurs maisons, voitures et cours de récréation par d’étranges être humanoïdes, emportés dans des vaisseaux spatial, et soumis à des procédures gênantes et menaçantes est terrifiante, et pourtant tellement bouleversante pour nos conceptions de ce qui est possible dans notre univers, que la réalité du phénomène a été en largement rejetée d’un revers de la main ou bizarrement déformée dans la plupart des récits des médias. … Mon propre travail avec des abductés m’a impressionné à cause de la dimension de puissante croissance personnelle qui accompagne les expériences traumatisantes… surtout quand ces personnes reçoivent l’aide appropriée pour explorer leurs histoires d’abductions. … Supposons que [l’Intelligence Cosmique] … n’est pas indifférente au destin de la Terre, considérant ses formes de vie et sa beauté transcendante comme l’une de ses meilleurs et plus avancées créations. Et imaginons que le déséquilibre créé par le surdéveloppement de certaines facultés humaines … fut diagnostiquées… comme le problème fondamental. Qu’est-ce qui peut être fait en tant que correctif ? Les deux approches naturelles que nous pourrions concevoir seraient l’approche génétique et l’approche environnementale. Il est possible qu’à travers un vaste programme d’hybridation affectant d’innombrables personnes, et une invasion simultanée de nos conscience avec des images transformatrices de notre auto-destruction, un effort est en train de se faire pour placer la planète sous une sorte de procédure judiciaire ?” (Mack, 1993)

John Mack pensait que nous devions aimer les aliens.

Ces derniers temps, des officiers du renseignement militaire, des physiciens engagés pour travailler sur des projets secrets, et beaucoup d’autres impliqués dans le cover-up se sont manifestés pour informer le public. Ils l’ont peut-être fait pour une raison parmi plusieurs possibles. L’une d’entre elles pourrait être parce que, puisqu’ils ont percé plus profondément le voile du secret, ils ont été si horrifiés de ce qu’ils ont découvert que leurs consciences les ont entraîné à se manifester. Il a aussi été conjecturé que le gouvernement lui-même les avait envoyé pour “révéler” des vérités puisque la possibilité d’une révélation forcée devient imminente. Nous pourrions ne jamais entièrement connaître leurs motivations.

Nous savons seulement que certaines des informations qui sont propagées correspondent exactement aux récits du nombres croissant de citoyens qui se sont rappelés consciemment ou sous hypnose, des scènes d’horreurs inouïes et d’abus aux mains de certains des visiteurs alien.

Il y a ceux qui disent que nous ne pouvons pas conjecturer ou faire des hypothèses sur le but de la présence alien sur notre planète parce que nous avons affaire à une intelligence tellement plus avancée que la notre que la logique humaine ne peut s’y appliquer. Je pense que nous avons besoin de faire la distinction entre l’intelligence alien et les aliens intelligents. Le Rasoir d’Occam dit que lorsque l’on cherche à comprendre un problème, ce qui peut être fait avec moins de suppositions/concepts est fait en vain avec plus.

La Bible pourrait avoir un indice pour nous dans Matthieu 24 où Jésus dit :

“Car alors, il y aura de grandes tribulations – affliction, détresse et oppression – qui n’ont jamais été telles depuis le commencement du monde jusqu’à présent, et qui ne le seront jamais. Et, si ces jours n’étaient abrégés, personne pourrait le supporter et y survivre ; mais, à cause des élus ces jours seront abrégés. Si quelqu’un vous dit alors : Vois, le Christ est ici, le Messie ! ou : Il est là !, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes ; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire , s’il était possible, même les élus… Si donc on vous dit : Vois, Il est dans le désert, n’y allez pas ; s’ils vous disent, Vois, Il est dans des lieux secrets ou chambres intérieures, ne le croyez pas… Où qu’il y ait un corps déchu, là s’attrouperont les vautours.” (Versets 21 à 28, Amplified, Zondervan, 1985)

L’humanité est, en effet, un corps déchu. Une unité d’âme fragmentée. Quand un animal dans la nature s’affaiblit, les vautours se mettent à tourner autour en décrivant de grands cercles au-dessus de lui, attendant l’effondrement. C’est alors qu’ils s’installent pour se nourrir, ne laissant rien d’autre que des os. Nous avons violé et pillé notre planète à un tel point qu’elle ne peut nous supporter plus longtemps. En dépit des efforts d’élévation de conscience des partisans du New Age, nous continuons de combattre et haïr nos frères jusqu’à ce que presque toute société sur la surface de la planète soit au bord de l’effondrement.

La science a postulé un processus long et graduel d’évolution et s’est efforcée avec tout son pouvoir de conformer toutes les données à ce moule. Ce qui ne correspond pas est réinterprété ou ignoré. Non seulement il est supposé que nous aurions évolué en tant qu’êtres humains depuis des ancêtres primates, mais qu’en tant que culture, nous serions également en train d’évoluer. La science nous a donné le programme spatial, le laser, la télévision, la pénicilline, les antibiotiques sulfamidés et une multitude d’autres développement utiles qui semblerait rendre nos vies plus tolérables ou fructueuses.

Toutefois, nous pouvons facilement voir que ce n’est pas le cas. Après trois siècles de domination par la science, on pourrait dire que jamais auparavant l’homme n’a été si périlleusement amené à deux doigts de la destruction totale. Nos vies, en tant qu’individus, groupes, et cultures, se détériorent uniformément. L’air que nous respirons et l’eau que nous buvons est polluée à un point qui dépasse presque le tolérable. Notre nourriture est chargée de substances qui contribuent peu à notre alimentation, et pourraient, en fait, être préjudiciables pour notre santé. Le stress et la tension sont devenus une part acceptée de notre vie et il peut être montré qu’ils ont tué des millions de personnes. Haine, envie, avidité et la discorde se multiplient exponentiellement. Le crime augmente neuf fois plus vite que la population. Nous avalons d’interminables quantités de pilules pour nous réveiller, aller dormir, faire le travail, calmer nos nerfs et nous faire nous sentir bien. Les habitants de la terre dépensent plus d’argent en drogues récréationnelles qu’ils n’en dépensent en logement, vêtements, nourriture, éducation ou tout autre produit ou service. (Ce qui équivaut à un demi-trillion de dollars chaque année.) Des millions de personnes sont sans nourriture ou abri adéquat. Deux cents quarante millions d’enfants vont mourir de faim avant l’an 2000 pendant que nous payons des millions de dollars aux idoles du spectacle afin qu’ils jouent pour nous tandis que nous nous bousculons pour obtenir de la crème, du savon ou du dentifrice qui nous rendront sexy et attirant. Il n’est donc pas étonnant que nous ayons attiré les vautours du cosmos !

Une présence Alien sur notre planète est réelle. Ceux qui choisissent de fermer leurs yeux à cette réalité le font à leur propre péril. Ces derniers temps, les films et émissions de télé importantes ont augmenté la conscience qu’a le public du sujet. Toutefois, l’approche prise par les médias a généralement eu tendance à placer le sujet dans le monde du divertissement de la science-fiction. Les médias d’information ridiculisent systématiquement les témoignages et les tabloïdes exagèrent les témoignages jusqu’à l’absurdité de sorte que le public ne sait absolument pas que les enjeux de ce jeu sont réels et que l’on joue pour de bon. Le livre, Clear Intent, de Lawrence Fawcett et Barry J. Greenwood (Prentice-Hall, 1984), fournit des preuves massives, écrasantes et irréfutables basées sur les propres documents du gouvernement que nos plus hauts fonctionnaires publiques et que l’élite de notre sécurité et des organisations de renseignement ont délibérément et avec persistance menti aux citoyens contribuables au sujet des Aliens lors de ces 40 dernières années ou plus.

Je ne vais pas dire qu’aucune protection contre ce type d’invasion ne soit pratiquement possible. Toute les recherches ne sont pas ici et ce que j’ai examiné me fait penser que ces êtres peuvent piller notre monde, nos vies, nos esprits, à volonté. Mais, on doit se demander pourquoi se donnent-ils autant de peine à nous persuader à accepter leur contrôle total s’ils peuvent le prendre à volonté. Peut-être peuvent-ils simplement nous piller physiquement. J’ai rencontré des cas où les aliens semblaient en découdre très mal dans l’interaction et aucun autre contact ne suivit. Il est encore trop tôt pour révéler les méthodes utilisées pour repousser ou contrôler les évènements sans plus de recherches, mais, cela suffit pour dire que je crois qu’un certain processus est singulièrement efficace.

Je découvre de plus en plus de preuves que ceux qui pensent qui sont médiums ou qui ont des “rêves” ou visions prophétiques, ou d’autres expériences psychiques sont, en fait, visités régulièrement par des aliens. Jacques Vallée extrapole sur le grand nombre d’observations et/ou contacts possibles. Il conjecture qu’il doit littéralement y avoir des millions de personnes, y compris celles qui ne sont pas rapportées par peur du ridicule, et celles qui ne se souviennent plus, à cause peut-être de techniques de contrôle mental. Il continue en disant qu’il trouve difficile de croire que les membres d’une civilisation avec des capacités de voyage spatiotemporel viendraient en de tels nombres pour faire des choses “stupides” comme enlever des gens et accomplir des expériences primitives ou des examens. Je dois l’accepter. Nos docteurs et scientifiques peuvent accomplir de nombreuses procédures attribuées aux aliens avec beaucoup moins de douleurs et trauma.

C’est mon point de vue que Nous n’avons pas affaire ici, à une technologie matérialiste, terrestre ! Bon Dieu, ces types traversent les murs, font flotter des gens au-dessus de leur corps, contrôlent les esprits, paralysent les corps, influencent la météo etc. etc. Toutes ces capacités sont celles que nous avons historiquement attribuées aux anges, démons ou vampires.

Quand nous examinons le problème alien nous voyons à maintes reprises des termes décrivant une “lumière”, des “lumières” ou des phénomènes apparentés. L’observateur a donc tendance a considérer que l’expérience est “bonne pour lui.”

L’Apôtre Paul a écrit dans II Corinthiens :

“…Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres..”

Cela nous donne une injection directe pour observer leurs actions, ou fruits plutôt que l’apparence ou ce que nous disent ces êtres.

En plus de cela, Jésus a dit dans Matthieu 12:33 :

“Ou dites que l’arbre est bon et que son fruit est bon, ou dites que l’arbre est mauvais et que son fruit est mauvais ; car on reconnaît et juge l’arbre par ses fruits.”

L’essentiel de tout cela, c’est qu’il semble que les seuls critères que nous pourrions avoir pour juger tout phénomène est le fruit qu’il porte, puisqu’il est possible pour des choses de se présenter d’une manière positive et en fait, ne pas l’être. Presque sans exception, les individus qui ont subi des “abductions”, quand les mémoires-écran ou de surface ont été sondé d’une manière compétente, révèlent des souvenirs d’évènements aux implications si effrayantes que la première interprétation doit être attentivement examinée. La peur soulevée par ces expériences est tangible. Pourtant, les Aliens persuadent d’une certaine manière l’expérimentateur que c’est “pour son bien” ou pour “le bien de la planète” ou “l’amélioration de notre race”. Mais Jésus nous a dit que Satan était un menteur et le père des mensonges.

II Timothée 1.7 dit : “Car Dieu ne nous a point donné un esprit de timidité — de lâcheté, d’une peur lâche et servile et obséquieuse — mais un Esprit de force, de charité et de prudence.” et I Jean 4:18 nous dit : “Il n’y a pas de peur dans l’amour — l’appréhension n’existe pas ; mais l’amour parfait chasse la peur et expulse toute trace de terreur.” Pourtant, l’effet cumulatif de l’interférence alien a été la peur, la confusion et la déformation de la réalité au point où de nombreuses vies sont irrévocablement déchirées.

Maintenant, je suppose qu’il pourrait être argumenté que nous sommes mis au défi d’aimer nos abducteurs alien pour pleinement tester notre capacité d’atteindre l’amour parfait. Toutefois, je pense qu’il y a beaucoup d’autres questions à examiner avant que cette conclusion ne soit adoptée.

Que cela veut-il dire pour nous en termes pratiques, ici, sur terre, aujourd’hui ?

Cela voudrait dire que les intelligences Alien, suivant un sentier de service de soi, ont influencé les dirigeants de nos sociétés afin de nous guider sur un sentier d’auto-destruction afin qu’ils, les Aliens, puissent se réunir autour du corps déchu de notre race et se nourrir de nos émotions, nos énergies, notre propre chair. Ils sont là, ils nous terrifient délibérément de toutes les manières qu’ils peuvent pour nous maintenir confus et déséquilibrés. Ils nourrissent notre culture de distorsions et mensonges philosophiques pour égarer le plus de monde possible. Ils contrôlent les lions de l’industrie, du gouvernement et de la culture de telle manière que ce qui existe dans notre monde soit perverti par une existence en “méandre”, qui va de guingois, anormalement sans dessus-dessous, disloquée, gouvernée par la tromperie et le mensonge. Nous vivons dans un monde effrayant, à l’envers, où tout ce que nous chérissons comme bon, noble, honnête et juste a été perturbé, souillé, déformé et enlaidi. Et il y a plus horrible : nous acceptons que c’est normal ! Mais il y a plus effroyable encore, nous refusons de regarder ces choses et allons même jusqu’à affirmer qu’ils n’existent pas ailleurs que dans nos esprits. Et il semble qu’ils peuvent piller notre réalité à volonté sans notre consentement.

En examinant le phénomène OVNI/Alien, nous voyons des choses qui ne concordent simplement pas. Le niveau de confusion dans ce domaine est affreux. Tout semble être mensonges et mystifications. Des couches de mensonges sur des couches de mensonges. Confusion, confusion et davantage de confusion.

Il est temps pour le monde de se réveiller à ce phénomène. Dans le passé, nous avions affaire à des désincarnés et des démons. Nous avons affaire à des désincarnés et des démons maintenant, seulement nous les appelons “aliens”. Ils ont probablement toujours été des “aliens !”

L’attaque de ces êtres est lente, prudente et insidieusement trompeuse. La seule défense que nous avons c’est la connaissance : pour être capable d’identifier à chaque instant où nous nous tenons, ce qu’il se passe, et quel choix faire. “Si tu demeures dans Mon Monde ; retient rapidement mes Enseignements et vis en accord avec eux… tu connaitras la vérité, et la vérité te libèrera.” Cette vérité inclue la réalité de l’esprit et des des possessions démoniaques.

Nous avions été averti qu’il y aurait des forces en jeu en ces temps qui désorienteraient et tromperaient tellement qu’elles “mystifieraient et égareraient, si possible, même les élus…” je considère ça comme voulant dire que les élus sont, en fait, les premières cibles. Et mon travail avec des abductés le confirme dans certains cas.

Mais, la plus grande de toute les tromperies, comme je l’ai déclaré auparavant, est l’enseignement qu’il n’y a pas de forces négatives, et que s’il y en a, dans tous les cas, nous n’avons pas à nous en inquiéter parce que si nous avons juste des pensées gentilles, que nous méditions régulièrement, et utilisons nos affirmations, rien d’infect n’entrera jamais dans notre réalité.

Après trente-cinq ans d’étude et d’enseignement de la métaphysique, incluant une analyse approfondie de la possession démoniaque, je peux vous assurer que le mal s’insinue dans nos vies sous l’apparence du bien et de la vérité. La difficulté en parlant du mal de nos jours ne se trouve pas dans l’étrange ou le bizarre, mais plutôt dans l’insistance des médias que les points de vues religieux du bien et du mal sont dépassés. Le problème est encore plus aggravé par le New Age enseignant que le “mal” n’existe tout simplement pas à moins qu’un individu le crée dans sa réalité. C’est un point important parce que le processus du mal suit la ligne de l’érosion de notre spiritualité par l’érosion de la connaissance. Quelle meilleure façon de protéger les activités malfaisantes que de nier qu’elles existent ? Il est vrai, dans un sens absolu, que le mal est “créé par soi-même”. Mais très souvent les sois qui créent le mal et veulent le perpétuer sont ceux des niveaux de densité supérieur contre qui nous n’avons aucune défense excepté la connaissance de ce qu’ils sont et de comment ils opèrent. Nous devons connaitre les mensonges afin de percevoir la vérité.

Il y a ceux qui parlent “d’anges déchus” qui sont devenus les “favoris de Satan.” Toutefois beaucoup d’enseignements anciens décrivent cette attitude, cette essence du mal, comme existant “Depuis le début.” Cela implique qu’il a toujours eu un sentier de “l’obscurité” ou “service de soi” depuis l’instant de la création. Cela signifie qu’il existe d’un côté de la pièce le fait d’aimer son frère en tant qu’acte d’amour pour Dieu et soi ; et de l’autre, la philosophie opposée de l’amour de soi-même en tant que Dieu et l’utilisation des autres pour perpétuer cet amour de soi, [et que ces deux côtés] sont pareillement valides. On devrait même dire que sans cette tension d’opposition, rien n’existerait ou ne pourrait exister.

Il semble qu’à un niveau absolu, rien dans l’existence ne peut réellement être appelé “mauvais”. Sans crucifixion il ne pourrait y avoir de résurrection. Sans obscurité pour la purification, il n’y aurait aucun grand afflux de lumière. C’est la force de l’obscurité qui emporte les péchés de notre Terre. C’est la Lumière qui apporte ensuite la vérité pour emplir l’espace créé.

Si nous retirons les termes lumière et obscurité ou bien et mal, nous restons avec les termes cliniques de polarités positive et négative. Il y a un pinacle de polarité négative et il y a ces entités de nombreux mondes qui suivent ce sentier. Nous devons comprendre que c’est un chemin. Il a sa validité dans le monde de la création. S’il était prévu de le détruire, Dieu ne pourrait-il pas soulager tous nos problèmes, se dépêcher et faire revenir cette énergie à Lui-même ?

Il y a ceux qui croient que diriger son attention sur ces idées “leur donne de l’énergie.” C’est seulement vrai si l’on se focalise ainsi avec une intention de participation. Toutefois, une compréhension complète de ces forces est absolument nécessaire afin de savoir comment leur donner moins d’énergie.

“La seule chose qui soit nécessaire au triomphe du mal est que les hommes bons ne fassent rien.”

L’effet le plus certain de la possession est la perte de la qualité de l’identité à être humain. Ceci est intéressant si l’on tient compte du fait que de nombreuses personnes enlevées rapportent que leurs abducteurs sont particulièrement “inhumains” et apparemment sans émotion. Il y a une certaine essence, une certaine valeur qui est isolée et d’innombrables personnes que nous chérissons et protégeons, qui sont attaquées, minées, ou anéanties par la possession diabolique. Cela n’a rien à voir avec les fonctions de nos corps. Les gens possédés peuvent agir et agissent efficacement dans leur travail et dans la société en général. En fait, plus la possession est parfaite, moins il y aura de perturbations dans les rôles de tous les jours.

Mais ceux qui sont parfaitement possédés manquent de ces qualités du soi intérieur et de l’interconnexion avec les autres êtres humains que nous percevons comme humain. Nous pouvons considérer [le sentiment] “d’humanité” comme variable – ont peut penser que tout le monde ne l’a pas à un degré égal – certains semblent en avoir qu’un peu – [ce qui montre que] l’humanité que nous avons peut varier ou complètement défaillir.

La plupart des religions à travers le monde voient ce [cette aptitude à] l’’humanité’ comme un cadeau de Dieu dans la multiplicité de ses identités. Le processus de possession consiste en une érosion de l’humanité que Dieu confère.

La possession n’est pas un processus de magie. L’esprit est réel ; l’esprit est un pattern puissant de l’énergie ; l’énergie/esprit est la base de toute matière. Tout comme les dépôts de fer forment des patterns sur un papier sous l’emprise d’un aimant, de même nos corps et toute forme d’atomes de la réalité tridimensionnelle répondent à l’instance électromagnétique de l’esprit. Et, sachant cela, il semble qu’il y ait une guerre de l’esprit se déroulant à l’heure actuelle et que la majeure partie de cette guerre, la bataille de cette guerre, se tient au travers des interactions entre aliens et hommes, entre des hommes et d’autres hommes et en l’homme lui-même.

On m’a dit dans une session d’hypnose avec un patient qu’il y a littéralement une guerre menée à des niveaux de plus haute densité dans notre ciel. J’ai demandé pourquoi on ne pouvait pas la percevoir. On m’a dit que je le pourrais si je faisais simplement attention à la météo et l’activité tectonique sur notre planète. J’ai reçu d’intéressantes confirmations de cette déclaration plusieurs jours plus tard dans le numéro de novembre 1994 d’Earth magazine :

“Des choses étranges se produisent dans les couches supérieures de l’atmosphère terrestre. Quelque chose là-haut libère de brefs, intenses éclairs de rayons gamma. Et de mystérieuses formes luisent au-dessus des orages.” (Upward Lightning, Steve Mirsky)

Si cette activité peut en fin de compte se traduire par des évènements d”’écrous et boulons” dans notre ciel, je pense qu’avec circonspection, nous pouvons dire que oui. Un de mes sujets parlait d’une énorme armada de vaisseaux spatial se dirigeant vers nous en “chevauchant l’onde“, apparemment une grande explosion de force cosmique se dirigeant vers nous en réponse à la grande activité négative sur notre planète. Tout ça est plutôt effrayant et nous devons nous demander si c’est encore un autre mensonge pour susciter en nous de la peur ou si une partie de cela est vrai et une partie fausse ? La difficulté que nous avons est de comprendre quelles puissances ces êtres possèdent et si nous pouvons nous défendre et comment.

Si le lecteur s’attend à ce que vienne avec des réponses immédiates, il sera déçu. L’information que j’ai jusqu’ici nécessite davantage de recherche et d’application avant que je la présente. Mes propres expériences et les expériences que deux personnes avec qui j’ai travaillé m’ont montré qu’il pouvait pratiquement être impossible de faire quoi que ce soit de physique pour se protéger. La seule chose que je pense à cet égard est : si ces êtres peuvent avoir ce qu’ils veulent simplement en s’installant et en le prenant, passeraient-ils autant de temps à créer de la terreur et de la confusion ? Au lieu de cela, peut-être que la terreur et la confusion est exactement ce qu’ils veulent engendrer parce qu’ils s’en nourrissent.

La seule chose que je peux dire jusqu’ici est que je pense que nous sommes malignement trompés. Nous avons des archives historiques de ces phénomènes remontant à des milliers d’années. Nous avons aussi des archives historiques sur les façons et les moyens d’affronter ce phénomène de matière à nous protéger nous-mêmes. Nous devons réexaminer notre passé et apprendre ce que les anciens savaient. Nous devons éliminer les nuages du mythe et de la distorsion entourant la vérité et découvrir quels pouvoirs nous avons vraiment et comment les manifester. Et ensuite, plus significativement, nous devons savoir quand et comment manifester nos vraies capacités. Ces types ne passeraient pas autant de temps à nous terroriser et essayer d’entrer furtivement par la porte de derrière s’il leur était possible d’entrer directement. Il y a quelque chose que nous avons qu’ils veulent. Il y a un pouvoir que nous avons qu’ils ne veulent pas que nous découvrions. Nous devons découvrir ce que c’est. Ce pourrait être notre seul espoir.

 

 

28 août 2011

la psychogénéalogie, thérapeuthique déviante.....

 

 LA PSYCHOGENEALOGIE

La hantise de nos arbres généalogiques

Géraldine Fabre

 

Docteur en Sciences, Membre de l’Observatoire Zététique

 

Extrait des actes du colloque national :« Science, pseudo-sciences et thérapeutiques déviantes »

Approche pratique et éthique (in Découvertes sur les sectes et religions n°72 –GEMPPI)

                             Organisé par le GEMPPI en Partenariat avec le CEREM

 

Qui s’est déroulé le Samedi 21 octobre 2006 à l’Espace Ethique Méditerranéen,  Hôpital adultes de La Timone. 264, rue St Pierre 13005 Marseille  -  (www.medethique.com)

 

La psychogénéalogie peut être définie comme une méthode de psychanalyse qui consiste à rechercher dans le vécu de nos ancêtres les sources de nos comportements, de nos éventuels troubles psychologiques ou maladies. L’engouement actuel pour la généalogie contribue au développement de cette discipline qui lui devient presque indissociable. La théorie qui sous-tend cette thérapie, est issue des observations qu’Anne Ancelin Schützenberger, psychothérapeute, groupe-analyste et psychodramatiste, a réalisées au cours de sa carrière.

S’il est évident que l’éducation reçue de nos parents, les enseignements transmis par nos grands-parents, les relations avec les membres de notre famille nous influencent tout au long de notre vie, les interprétations de la psychogénéalogie, découvrant les fantômes qui « hanteraient » nos arbres généalogiques,  vont bien au-delà de ces évidences et peuvent parfois s’avérer dangereuses.

La psychogénéalogie en quelques mots

La théorie de la psychogénéalogie est basée sur différents concepts de psychanalyse, dont les principaux sont  l’inconscient collectif,  les loyautés familiales invisibles et les notions de crypte et defantômes.

Pour le psychanalyste Carl Gustav Jung, l’inconscient collectif se manifeste sous forme d’archétypes, c’est-à-dire d’images anciennes, que l’on retrouve dans les mythes et légendes, et qui seraient communes à toute l'humanité. Cette idée, qui sous-entend une certaine hérédité, a été reprise par Jacob Lévi Moreno qui, la développant, a postulée l’existence d’un co-inconscient familial ou groupal, vecteur de la transmission transgénérationnelle dans une même famille.

Le concept de loyauté familiale invisible a été développé par le psychanalyste Ivan Boszormenyi-Nagy. Pour lui, il y aurait dans chaque famille des règles de loyauté et un système de comptabilité inconscients qui fixent la place et le rôle de chaque membre et ses obligations familiales. Dans cette perspective, Anne Ancelin Schützenberger affirme que l’acquittement des dettes familiales est très souvent transgénérationnel : « Ce que nous avons reçu de nos parents, nous le rendons à nos enfants. »<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]--> Ces règles de loyauté sont dites invisibles car pour les psychogénéalogistes, elles sont inconscientes. Le choix d’une profession, l’échec inconscient à un concours, le développement d’une maladie, etc. sont souvent interprétées en psychogénéalogie comme des loyautés familiales, nous maintenant en servitude.

Pour expliquer le comportement parfois incompréhensibles de certains de leurs patients, agissant de manière irrationnelle et contraire à leur volonté, Nicolas Abraham et Maria Török inventèrent les notions de crypte et de fantômes. Selon eux, un secret, un non-dit peuvent être enfermés dans unecrypte de l’inconscient familial. Ce secret peut par la suite en surgir et influencer le comportement des descendants de la famille. Un fantôme serait donc une formation de l’inconscient, né du secret inavouable d’un autre membre de la famille et qui se serait transmis d’un inconscient à l’autre à travers les générations.

Comme on le voit dans cette brève présentation, la psychogénéalogie postule l’existence d’un inconscient familial, vecteur de la transmission entre les générations, l’existence de règles de loyautés propres à chaque famille et la capacité pour un secret, un événement passé traumatisant de resurgir après plusieurs générations et d’influencer le comportement des descendants de la famille.

L’utilisation de la psychogénéalogie

Le diagnostic d’une maladie transgénérationnelle est établi par le psychogénéalogiste à partir d’un génosociogramme. Outil de base de la psychogénéalogie, c’est un arbre généalogique constitué par le patient, complété des éléments de vie importants (professions, lieux d’habitation, contexte socio-économique, etc.) et des dates d'événements marquants (naissances, mariages, décès, accidents, licenciement, maladie, etc.). Ce n’est donc pas un document objectif. Il ne se limite d’ailleurs pas à la filiation directe ; le patient peut y ajouter toutes les personnes de sa famille ayant un rôle important à ses yeux (oncles, tantes, neveux, cousins, etc.).

Dans cette représentation graphique, le psychogénéalogiste recherche les répétitions, de dates, de prénoms, de maladies, de professions, etc. et essaie ensuite de les interpréter. Pour leur donner un sens, certains psychogénéalogistes utilisent lalangue des oiseaux, « traduction » basée sur de simples procédés homophoniques. Le choix des prénoms d’un enfant est souvent considéré comme révélateur d’une transmission familiale plus ou moins consciente. Ainsi, Gisèle signifierait « gis-en-elle », René = « re-naît », Dorothée serait « dort ôté », en souvenir d’un enfant mort, Sylvie = « S’il vit », Vivien = « Vie vient », témoignant de la volonté familiale de rappeler l’absent. Ces interprétations symboliques ou purement intuitives ne sont basées que sur de simples analogies et ne sont étayées par aucune preuve scientifique. Affirmations gratuites, elles sont également invérifiables.

En recherchant dans l’histoire de la famille de ses patients, Anne Ancelin Schützenberger releva des répétitions de structure ou d’âge : le cancer de ses patients s’était en effet parfois déclenché  à la date anniversaire ou à l’âge auquel leur mère, leur grand-père, leur grand-tante étaient précédemment morts d’un cancer ou d’un accident. Ces répétitions ou synchronies constituent ce qu’elle appelle lesyndrome d’anniversaire.

En psychogénéalogie, ces coïncidences ont un sens et révèlent une loyauté familiale invisible. Selon l’exemple donné par Anne Ancelin Schützenberger, si Charles souffre d’un cancer des testicules, c’est par loyauté inconsciente envers son grand-père qui est mort, au même âge, d’un coup de pied de chameau porté à cet endroit.

Les psychogénéalogistes avancent des probabilités très faibles d’observer ces correspondances. Bien que les recherches statistiques sur les transmissions transgénérationnelles soient quasi inexistantes, mathématiquement, il est facile de démontrer que ces coïncidences peuvent tout aussi bien être hasardeuses : les probabilités de correspondance sont en effet bien supérieures à ce que les psychogénéalogistes affirment.

Sur le même principe, Salomon Sellam a défini le syndrome du gisant. Ce trouble transgénérationnel serait dû à la hantise d’un ancêtre. L’identification de ce syndrome passe par une correspondance de dates révélée par l’arbre généalogique. Chaque personne est caractérisée par trois dates : date de conception, date de naissance et point G correspondant à la date de naissance à laquelle on ajoute 9 mois. Chaque ancêtre est également caractérisé par trois dates : sa date de conception, sa date de naissance et sa date de décès. Le psychogénéalogiste diagnostiquera un syndrome du gisant si deux de ces dates coïncident. Salomon Sellam affirme que la probabilités d’observer de telles correspondances est très faible (1 une sur 365 soit 0,2%) et elle le convainc que ces coïncidences ne sont pas dues au hasard. En réalité, la probabilité de trouver une telle correspondance dans un arbre comportant 4 ancêtres est déjà de 71% ; elle monte à 95 % avec 10 ancêtres… Nous sommes donc tous potentiellement hantés par un de nos ancêtres.

Pourquoi est-ce convaincant ?

Aux premiers abords, les théories et les interprétations de la psychogénéalogie peuvent sembler très convaincantes.

Les dates utilisées sont perçues comme des données objectives et les arbres généalogiques tiennent donc lieu de démonstrations « scientifiques ». Sur les génosociogrammes, les correspondances sont facilement visualisables. Même si elles ne sont dues qu’au hasard, il est difficile de s’en rendre compte tant l’évaluation de probabilités est contre-intuitive et prend souvent notre bon sens en défaut. De plus, les psychogénéalogistes insistent sur le caractère extraordinaire de ces coïncidences. Refusant ainsi qu’elles ne soient dues qu’au hasard, ils déduisent de ces observations une intentionnalité inconsciente.

Leurs interprétations péremptoires peuvent également sembler logiques et cohérentes. Elles sont facilement compréhensibles, basées la plupart du temps sur des analogies (langue des oiseaux). Mais elles sont surtout invérifiables et irréfutables et il faut les admettre pour pourvoir « guérir ».

Les psychogénéalogistes observent des répétitions de structures, des coïncidences de dates et déduisent de ces corrélations des causalités. C’est une erreur de raisonnement que nous commettons tous au quotidien. Mais, constater une corrélation temporelle entre deux événements, une coïncidence de dates entre deux personnes est-ce suffisant pour affirmer qu’un des événements a impliqué l’autre, que ces deux personnes sont liées ? Non. Constater que Charles et son grand-père ont tous les deux été atteints, au même âge, aux testicules ne permet pas d’affirmer que Charles développe un cancer à cause du coup de pied du chameau reçu par son grand-père.

Est-ce que ça « marche » ?

Les psychogénéalogistes prétendent que la mise en lumière d’une loyauté familiale invisible suffit à permettre au patient de sortir du schéma de répétition et donc à le « guérir » de sa maladie transgénérationnelle. Ils revendiquent donc de nombreuses « guérisons ».

Cet argument d’efficacité est souvent avancé pour valider la théorie qui sous-tend une thérapeutique mais il constitue une faute de logique, appelé aussi le sophisme du pragmatisme. En effet, il ne suffit pas que Charles ait guéri de son cancer pour prouver que celui-ci était dû au coup de pied de chameau reçu par son grand-père.

Les nombreuses « guérisons » avancées comme preuves de l’existence de ces transmissions transgénérationnelles ne constituent en réalité qu’une collection d’arbres et de témoignages. Ils peuvent de plus résulter d’un tri sélectif des données, seuls les résultats probants étant mis en avant. Sans autre preuve, les théories de la psychogénéalogie ne sont que des hypothèses restant à confirmer. Un exemple ne démontre rien. Une observation peut mettre en évidence un phénomène, (synchronie, syndrome du gisant), mais son interprétation par une mémoire transgénérationnelle inconsciente n'est qu'une hypothèse que cette simple observation ne suffit à prouver.

Pourquoi est ce que ça marche ?

La principale qualité d’un psychogénéalogiste est certainement l’écoute attentive qu’il se doit d’accorder à ses patients. En effet, les patients doivent confier à leur thérapeute leur histoire et celle de leurs familles. Le contexte de la maladie, du trouble psychologique qui les ont amenés à consulter est donc pris en compte. Aucun détail n’est oublié puisque tout a un sens.

Mais ce qui contribue au succès de la psychogénéalogie est sans aucun doute les réponses qu’elle prétend apporter. Les interprétations des psychogénéalogistes répondent à une véritable quête de sens de la part de leurs patients. Frappé par la maladie, ils ont en effet besoin de comprendrepourquoi : pourquoi est-ce que cette maladie les touche ? Pourquoi cela leur arrive-t-il maintenant ? Aucun médecin n’est capable de répondre à ces interrogations alors que la psychogénéalogie donne des explications en apparence cohérentes et rationnelles, mais surtout invérifiables et probablement libératrices. 

Enfin, en rejetant la faute de la maladie ou du mal-être sur un autre membre de la famille, la psychogénéalogie déculpabilise et déresponsabilise le patient. Cet effet de « déculpabilisation » joue très vraisemblablement un rôle dans les améliorations ressenties par les patients des psychogénéalogistes.

Pourquoi est ce dangereux ?

Bien qu’elle revendique une certaine efficacité, la psychogénéalogie n’est pas une psychothérapie inoffensive. 

Prétendant faire ressortir de l’inconscient familial des souvenirs refoulés à l’origine de problèmes psychologiques, la psychogénéalogie glisse parfois vers la manipulation par suggestion. Comme d’autres thérapies du même type, elle amène le patient à croire fermement à la véracité de faux souvenirs induits et aux explications invérifiables données par la thérapie.

Rejetant la « faute », la cause de la maladie sur un autre membre de la famille, elle peut également être la source de conflits et de rupture familiale. Si elle déculpabilise le patient, elle rejette en effet la culpabilité sur un de ses proches dont le comportement serait à l’origine de sa propre maladie.

De plus, cette thérapie enferme le patient dans son propre schéma de raisonnement. La maladie transgénérationnelle diagnostiquée, le patient se doit en effet de continuer la thérapie pour en sortir afin d’éviter de transmettre à son tour la maladie à sa descendance.

Enfin, les interprétations de certains psychogénéalogistes sont plus que douteuses. Les transmissions transgénérationnelles sont pour eux la source de toutes les maladies, même celles d’origine génétique comme l’écrit Baudouin Labrique :

Les maladies dites génétiques sont en fait des somatisations de conflits non résolus pouvant remonter jusqu'à la quatrième génération dans la famille.”

 

Bibliographie

Broch H., (1985), Le paranormal, Seuil. 
Canault N. (1998), Comment paye-t-on les fautes de ses ancêtres ? , Desclée De Brouwer.
Ancelin Schützenberger A., (2000), Aie, mes aieux ! , 15e édition, Desclée De Brouwer.
Van Eersel P. et Maillard C., (2002), J’ai mal à mes ancêtres, Albin Michel.
Sellam S. (2004), Le syndrome du Gisant, un subtil enfant de remplacement, Bérangel.

Fabre G. (2005), Psychogénéalogie (I) – Aïe, mes aïeux !. Publié sur le site de l’Observatoire Zététique et disponible en ligne : http://www.observatoire-zetetique.org

Fabre G. (2006), Psychogénéalogie (II) - Le syndrome du Gisant. Publié sur le site de l’Observatoire Zététique et disponible en ligne :http://www.observatoire-zetetique.org

 

GEMPPI:groupe d'etudes des mouvements de pensée en vue de la prévention de l'individu 


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21 août 2011

La dépression ou l’art de se leurrer......

 

1 avril 2005

par Alice Miller

Depuis ma jeunesse, l’écrivain russe Anton Tchékhov compte parmi les auteurs que je préfère. Je me souviens très bien de l’appétit avec lequel j’ai, vers l’âge de 16 ans, dévoré son récit “La salle n°6″, et de l’admiration que j’éprouvais pour l’acuité de son regard et la finesse de sa psychologie, et plus encore pour le courage avec lequel il aborde la vérité et la donne à voir, sans chercher à épargner quiconque lui est apparu comme une crapule.
C’est seulement beaucoup, beaucoup plus tard que j’ai lu sa correspondance et que j’y ai trouvé, ainsi que dans les biographies qui lui sont consacrées, des informations sur son enfance. Il m’est alors apparu que ce courage de dire la vérité, que j’admirais tant chez Tchékhov, trouvait ses limites dès que son père était en cause. Voici ce que dit de lui sa biographe Elsbeth Wolffheim:

“A l’école, il était rabaissé et humilié, mais ce n’était rien à côté de ce qu’il subissait à la maison. Le père de Tchékhov était irascible et grossier, il traitait ses proches avec une rigueur extrême. Les enfants prenaient des raclées presque tous les jours, ils devaient se lever à cinq heures du matin, aider au magasin avant l’école, recommencer après, si bien qu’ils trouvaient à peine le temps de faire leurs devoirs. De plus, en hiver, il faisait un froid glacial dans le sous-sol où le magasin était installé, au point que l’encre y gelait. Jusque tard dans la soirée, les trois frères servaient les clients tout comme les jeunes apprentis, ils étaient battus par leur patron comme eux et parfois, debout, s’endormaient d’épuisement. Le père (…) prenait part avec un zèle fanatique à la vie de la paroisse, il dirigeait le choeur, et ses fils devaient y chanter ” (Elsbeth Wolffheim “Anton Tchekhov”, Rowohlt 2001, p.13).

Tchékhov écrivit un jour que lorsqu’il chantait dans ce choeur, il se sentait comme un déporté en camp de travail (ibid. p.14), et dans une lettre à son frère, il lui suffit de quelques lignes pour tracer de son père un portrait conforme à la vérité, mais cette vérité semblait ne trouver aucune place dans sa vie: “le despotisme et le mensonge ont gâché notre enfance au point de se sentir mal et d’être pris de peur lorsque le souvenir remonte” (Wolffheim, p.15). De telles affirmations sont extrêmement rares, le fils s’est préoccupé toute sa vie, au prix de lourds sacrifices financiers, de l’entretien de son père. Pour ce qui est des sacrifices psychiques qu’il a également consentis en réprimant sa vérité propre, personne dans son entourage n’en a eu la moindre idée, parce que l’opinion générale était qu’il y avait de la vertu à se comporter ainsi. Pourtant, le refoulement des sentiments authentiques en relation avec les traitements épouvantables infligés à l’enfant a nécessité beaucoup d’énergie et pourrait bien avoir déclenché la tuberculose que Tchekhov a attrapée très tôt, ainsi que ses accès de dépression, que l’on appelait alors mélancolie. Il mourut finalement à l’âge de 44 ans (j’ai abordé ce point de façon plus complète dans “Notre corps ne ment jamais”).

La lecture du livre récemment paru de Ivan Bounine (“Tchékhov”, le rocher, 2004) m’a appris que mes réflexions peuvent être confirmées par les paroles de Tchékhov lui-même. Il exprime ici des louanges à l’égard de ses parents, bien qu’il ait parfaitement dû savoir quel travestissement il infligeait ainsi à la réalité :

“Mon père et ma mère sont les seuls êtres au monde auxquels je ne refuserai jamais rien. Si je réussis un jour dans ma vie, je le leur devrai entièrement. Ce sont des gens merveilleux. L’amour infini qu’ils portent à leurs enfants les place au-dessus de tout éloge, efface tous les défauts [qu'a pu développer en eux une existence trop dure -c'est la fin de la phrase dans l'édition françaiseNDT] “. (p.23)

D’après Bounine, Anton Tchékhov aurait même à plusieurs occasions souligné ce point devant des amis : “je n’ai jamais enfreint le quatrième commandement”. (citation extraite de l’édition française)

Trahir ainsi ce qu’on sait intimement n’a rien d’exceptionnel. De la même façon, beaucoup de gens passent leur vie à nourrir sur leurs parents des jugements complètement faux, à cause d’une peur refoulée, la peur du tout petit enfant devant ses parents. Cette trahison de leur vrai soi, ils la paient par des dépressions, des suicides ou des maladies graves, qui sont facteurs de mort précoce. Pour ce qui concerne les suicides, on retrouve presque à chaque fois des épisodes de l’enfance extrêmement traumatisants qui ont été totalement niés ou qui n’ont jamais été reconnus comme tels. Tous ces gens ne voulaient rien connaître de leurs souffrances précoces et vivaient dans une société qui ignore tout autant ces souffrances. La place accordée à l’histoire individuelle de l’enfant et à son importance pour sa vie ultérieure a toujours été nulle ou beaucoup trop faible, et il en est de même aujourd’hui encore. Voilà pourquoi tout le monde s’étonne quand par exemple une vedette très en vue se suicide et qu’il est alors révélé qu’elle souffrait de dépression. Il ou elle avait pourtant tout ce que tant d’autres aimeraient tellement avoir, c’est ce qu’on entend alors de tous côtés, qu’est-ce qui a donc bien pu lui manquer ?

Le décalage entre la réalité refoulée et la façade “heureuse” m’est aussi apparu en regardant un documentaire sur la chanteuse Dalida, qui a souffert pendant de longues années de dépression grave et a mis fin à ses jours à l’âge de 54 ans. Il y a eu un grand nombre d’interviews de personnes qui prétendaient la connaître très bien et l’aimer, et qui étaient très proche d’elles dans la vie privée ou professionnelle. Sans aucune exception, ces personnes ont affirmé que ses crises de dépression et son suicide étaient pour elles absolument incompréhensibles. Sans arrêt revenaient ces phrases : “elle avait tout ce que l’on désire habituellement : la beauté, l’intelligence, un énorme succès. Pourquoi donc alors ces dépressions à répétition ? “

Le fait que tous les proches de Dalida ne se soient doutés de rien m’a permis de saisir dans quelle solitude, tant intérieure qu’extérieure, la vie de cette vedette a dû se dérouler, et le grand nombre de ses admirateurs n’y a rien changé. J’avais l’intuition que l’on pourrait trouver dans l’enfance de la chanteuse de quoi expliquer son suicide, mais cet aspect n’a été évoqué par personne au cours de l’émission. En cherchant sur Internet, je n’ai rien trouvé d’autre que ce qui est répété partout, c’est à dire que Dalida aurait eu une enfance heureuse et des parents aimants. Pourtant, quoi de plus éclairant que la vie des célébrités pour établir à quel point la dépression est répandue. Malgré tout, la question de l’origine, de la racine de cette souffrance n’est presque jamais posée. Du coup, la dépression apparaît comme inévitable et inexplicable. Il y a en particulier une question qui n’est jamais posée : comment Dalida enfant a-t-elle donc bien pu vivre le fait d’être élevée par des religieuses ?
Comme j’ai lu beaucoup de choses sur ce type d’internats, je sais qu’il n’est pas rare que des enfants doivent y subir des violences d’ordre sexuel, physique ou psychique, qu’il leur faut considérer comme des manifestations d’amour et d’attention, ce qui leur apprend à accepter le mensonge comme une chose normale. Je sais aussi que les tentatives de faire connaître à l’opinion publique les conditions de vie scandaleuses qui règnent dans ces établissements font face à l’obstruction des institutions religieuses. La plupart des anciennes victimes font tout pour oublier les tourments qui leur ont été infligées dans leur enfance, d’autant plus qu’elles savent qu’elles ne trouveront dans la société pour ainsi dire aucun témoin lucide pour prendre leurs souffrances au sérieux. Seule l’indignation de la société pourrait les aider à ressentir leur propre indignation et à se rebeller contre le mensonge. Mais lorsque cette assistance vient à manquer pour ainsi dire à chaque fois qu’elle est sollicitée, lorsque toutes les autorités se solidarisent avec le mensonge, c’est comme si on imposait de force la dépression à ces personnes.
La vie de Dalida, comme celle de nombreuses célébrités, reste mystérieuse, et c’est justement cela qui semble fasciner le public.

Bien des vedettes mondialement célèbres, qu’on les ait jalousées ou adulées, ont au fond été extrêmement seules. Comme l’exemple de Dalida le montre, elles n’ont jamais été comprises, parce qu’elles ne pouvaient pas se comprendre elles-mêmes. Et elles n’étaient pas en situation de pouvoir se comprendre parce que leur entourage ne leur renvoyait pas de la compréhension, mais uniquement de l’admiration. Finalement, elles mirent fin à leurs jours. Ce cycle nous en dit long sur les mécanismes de la dépression. Sur la voie du succès, c’est de la compréhension que ces gens recherchent, ils se donnent un mal infini pour l’obtenir et pour qu’un public toujours plus vaste s’enthousiasme pour eux. Mais cet enthousiasme ne les nourrit pas aussi longtemps que la compréhension leur manque. Alors, malgré leur carrière, la vie n’a finalement aucun sens pour eux, tellement ils restent étrangers à eux-mêmes. Et ils restent étrangers à eux-mêmes parce qu’ils veulent oublier complètement ce qui est arrivé au début de leur vie et nient leurs souffrances précoces. Comme la société toute entière fonctionne de cette façon, ces vedettes ne pouvaient être comprises de personne et souffraient donc de leur solitude.

Ce déni complet de la souffrance que nous éprouvons au début de notre vie est lourd de conséquences. Imaginons-nous quelqu’un qui voudrait entreprendre une randonnée et se foulerait le pied dès le début de sa course. Même si il essayait de ne pas tenir compte de sa souffrance et de poursuivre sa randonnée parce qu’il s’en était fait une joie, les autres vont se rendre compte tôt ou tard qu’il boîte. Ils vont lui demander ce qui lui est arrivé. Il leur racontera alors son histoire, ils comprendront pourquoi il boîte et lui conseilleront de se faire soigner.

Il en va autrement quand il s’agit des blessures psychiques précoces, qui jouent dans la vie des hommes un rôle comparable à celui du pied foulé au début d’une randonnée. Aucune considération philosophique ne permettra de s’en débarrasser, elles vont peser de tout leur poids sur sa vie, avec cependant cette différence qu’en règle générale personne ne leur accordera d’attention. Sur ce point, la société toute entière est assez d’accord avec la personne qui souffre et qui ne peut pas raconter ce qui lui est arrivé. Il est aussi possible que cet individu blessé dans son intégrité n’en ait aucun souvenir. Si il lui faut passer toute sa vie parmi des gens qui prennent à la légère les traumatismes subis dans l’enfance, il joue le jeu. De ce fait, sa vie se déroulera donc à peu près comme la randonnée d’un homme qui s’est foulé le pied juste au début, mais ne veut pas l’admettre et fait comme si en fait rien ne lui était arrivé. Mais si d’aventure il rencontre des gens qui ont connaissance des répercussions des traumatismes précoces, il a l’opportunité de rompre avec son déni et d’ouvrir ainsi la voie à la guérison des blessures qu’il a subies autrefois.

Beaucoup de gens n’ont pas cette chance. Car justement, plus ils sont célèbres, plus on trouve autour d’eux des admirateurs superficiels et sans réflexion, et aucun d’entre eux ne mesure la détresse dans laquelle se trouve leur idole, ou n’a ne serait-ce que l’envie de la mesurer. Les exemples ne manquent pas. Que l’on pense à la vie de la merveilleuse Marilyn Monroe, placée en foyer par sa mère et violée à l’âge de 9 ans; revenue plus tard dans sa famille, elle a été harcelée sexuellement par son beau-père. Jusqu’à la fin de sa vie, elle n’a eu confiance qu’en son charme, si bien que la dépression et les drogues ont eu raison d’elle. Voici en quels termes elle a parlé de son enfance, des phrases que l’on retrouve fréquemment sur Internet :

“Je n’étais pas orpheline. Une orpheline n’a pas de parents. Tous les autres enfants à l’orphelinat n’avaient plus de parents. J’avais encore une mère. Mais elle ne voulait pas de moi. J’avais honte d’expliquer ça aux autres enfants là-bas… “

Bien des gens souhaiteraient sans doute que leur propre vie soit une réussite semblable, et ne peuvent pas comprendre pourquoi une star n’arrive pas à en jouir. Quand un individu est particulièrement doué, il peut aussi utiliser ce talent pour renforcer ses mécanismes de défense contre la vérité et la maintenir ainsi éloignée de lui-même et des autres.

Dans ce mécanisme cyclique, une exception est constituée par les gens qui ont subi des traumatismes qui n’ont pas été causés par les parents. Ces personnes ont plus de chances de trouver de l’empathie dans la société parce que chacun peut se représenter ce que cela signifie par exemple que d’avoir grandi dans un camp, ou, pour un otage aux mains de terroristes, d’avoir passé quelques jours dans un état d’impuissance affreux. Alors, ceux qui ont subi de tels traumatismes peuvent s’attendre à être compris, aussi bien par leurs parents adoptifs que par leurs amis ou ce qui reste de la famille, et à ce qu’on leur témoigne de la compassion.

Il est exact d’affirmer que nous possédons en tant qu’enfants de nombreuses ressources qui nous rendent capables de survivre même à des blessures graves. Mais pour se débarrasser de leurs séquelles, nous avons besoin de trouver des témoins lucides dans la société. Cependant, on fera le constat de leur inexistence dans la plupart des cas où les parents sont les auteurs des mauvais traitements. Un enfant qui a subi la maltraitance de ses parents se retrouve adulte sans témoins, et reste de ce fait isolé : non seulement des autres, mais aussi de lui-même, parce qu’il a refoulé la vérité, et que personne ne l’aide à appréhender la réalité de ce qu’il a vécu enfant. Car la société se tient toujours aux côtés des parents. Chacun sait qu’il en est ainsi et du coup, à quoi bon oser s’approcher de sa vérité ? Mais si cette personne arrive à ressentir et à exprimer sa colère dans le cadre d’une thérapie réussie, elle se verra sans doute confrontée à l’hostilité de toute sa famille et de ses amis, qui vont l’attaquer parce qu’elle a transgressé un tabou et que cette transgression fait également peur aux autres. Ces gens peuvent aller jusqu’à employer tous les moyens contre cette personne de façon à pouvoir garder intact leur propre refoulement.

Parmi ceux qui ont survécu à des mauvais traitements précoces, il y en a peu qui sont en état de supporter ces agressions et qui sont capables d’accepter de se retrouver isolés plutôt que de trahir leur vérité. Cependant il est permis d’espérer qu’avec la diffusion de la connaissance de la dynamique émotionnelle de ces processus, les choses changeront, et que grâce à l’éclosion de groupes de personnes plus éclairées, on ne soit plus condamné à une solitude absolue. Voilà pourquoi je considère la théorie de la résilience comme dangereuse, parce qu’elle est susceptible de diminuer le nombre des témoins lucides plutôt que de l’augmenter. Si la résilience innée pouvait suffire à se dégager des causes des traumatismes, alors l’empathie des témoins lucides ne serait plus nécessaire. Je pense que l’indifférence à l’égard des mauvais traitements infligés aux enfants est déjà suffisamment grande, il n’y a pas besoin de la renforcer davantage.

Les personnes éclairées sont toutefois toujours difficiles à trouver, même parmi les spécialistes. Par exemple, quelqu’un qui veut se renseigner sur la vie de Virginia Woolf et fait des recherches sur Internet tombe sur une page où des psychiatres de renom lui apprennent qu’elle était “malade mentale”, et que cette affection n’avait aucun rapport avec la violence sexuelle à laquelle elle avait été soumise pendant des années au cours de son enfance. Bien que dans ses écrits biographiques, Virginia Woolf décrive de façon saisissante la terreur dans laquelle elle a vécu son enfance (“Skizzierte Erinnerungen”, Francfort sur le Main), en 2004, le refus d’établir une relation entre ces traumatismes lourds et ses dépression ultérieures est encore complet.

Il faut dire que de son vivant, on n’imaginait même pas qu’il puisse y en avoir une. L’écrivain qu’elle était lisait ses textes aux membres de son cercle littéraire, mais n’en restait pas moins seule, car la signification de ce qu’elle avait vécu étant petite lui échappait à elle autant qu’à son entourage, et même à son mari Léonard (comme en témoigne ce qu’il a écrit sur sa femme après sa mort). Elle était entourée de gens qui partageaient ses ambitions artistiques et les encourageaient, mais elle-même n’était pas en état de comprendre la sensation de solitude absolue qui resurgissait régulièrement. Cela peut finalement paver la voie au suicide, parce que le sentiment présent d’isolement rappelle en permanence l’abandon et la menace pour son existence vécus par le petit enfant.

Quand une prétendue maladie mentale a conduit quelqu’un au suicide, on lui trouve presque à chaque fois des causes génétiques. Les biographes décrivent la vie de leurs protagonistes dans tous ses détails, mais omettent le plus souvent d’accorder à l’enfance l’attention qu’elle mériterait.
Récemment est parue une riche biographie de Jean Seberg, que l’auteur, Alain Absire, a présentée sous la forme romanesque (“Jean S.”, Fayard 2004). Elle a tenu le rôle principal dans 35 films, dont certains sont très connus, comme “A bout de souffle”. Manifestement, Jean Seberg avait montré dès l’enfance un intérêt très vif pour le théâtre, et elle avait beaucoup souffert de la rigidité morale d’un père protestant luthérien, qu’elle idéalisa par la suite. Lorsque, alors qu’elle n’avait pas encore terminé sa scolarité, elle fut retenue pour son premier rôle au cinéma parmi des milliers de candidates, son père fut dans l’incapacité de se réjouir avec elle et ne sut que lui prodiguer des mises en garde. C’est ainsi qu’il se comportait chaque fois qu’elle connaissait un succès : au nom de son amour paternel, il lui faisait des sermons. Toute sa vie, elle fut incapable de s’avouer à quel point l’attitude de son père la blessait, et elle endura les tortures que lui faisaient subir les partenaires qu’elle se choisissait d’après un modèle déterminé.

Naturellement, on ne peut pas dire que le caractère de son père était la cause de sa vie gâchée. C’était son propre déni des souffrances causées par ce père-là qui entraînaient ses graves crises de dépression. Ce déni dominait sa vie et la conduisait à retomber régulièrement sous le pouvoir d’hommes qui ne la comprenaient pas plus qu’ils ne la respectaient. Elle répétait compulsivement ce choix de partenaire autodestructeur parce qu’elle ne voulait pas prendre conscience des sentiments que l’attitude de son père faisait naître en elle. Elle était incapable de trouver un partenaire satisfaisant, ou bien il lui fallait le quitter dès qu’elle en avait trouvé un qui n’avait pas avec elle un comportement destructeur. A quel point avait-elle donc dû désirer que son père la reconnaisse un jour pour tous ses succès… Mais il ne lui renvoyait que des critiques.

Manifestement Jean Seberg n’avait pas la moindre idée du caractère tragique de son enfance, sinon elle ne serait pas devenue esclave de l’alcool et des cigarettes, et il ne lui aurait pas fallu se suicider. Elle partage son sort avec de nombreuses autres vedettes, qui ont espéré échapper à leurs sentiments véritables au moyen de drogues, ou dont la vie a été interrompue prématurément par une overdose, comme ce fut le cas pour Elvis Presley, Jimi Hendrix ou Janis Joplin.

La vie (et la mort) de toutes ces vedettes au sommet de la réussite prouve bien que la dépression n’est pas une souffrance causée par le présent, qui tout au contraire leur a apporté la réalisation de quasiment tout ce dont elles ont pu rêver, mais une souffrance due à la séparation de leur propre soi, dont l’abandon précoce n’avait jamais pu être pleuré comme il l’aurait dû, et qui de ce fait n’a jamais pu vivre. Tout se passe comme si le corps utilisait la dépression pour protester contre cette infidélité à soi-même, contre le mensonge, contre cette coupure de ses véritables sentiments, parce qu’il ne peut tout simplement pas vivre sans sentiments authentiques. Il a besoin du libre flux des émotions, qui aussi se modifient constamment : fureur, tristesse, joie. Quand elles sont coincées dans la dépression, le corps ne peut pas fonctionner normalement.

Pour l’y contraindre malgré tout, toutes sortes de moyens sont utilisés : drogues, alcool, nicotine, médicaments, fuite dans le travail. Tout cela pour ne pas avoir à comprendre la révolte du corps, pour ne jamais risquer de découvrir que les sentiments ne nous tuent pas, mais peuvent au contraire nous libérer de la prison qui a pour nom dépression. Bien sûr, la dépression peut revenir si nous recommençons à ignorer nos sentiments et nos besoins, mais avec le temps nous pouvons apprendre à toujours mieux nous y prendre avec elle. Etant donné que les sentiments nous renseignent sur ce qui nous est arrivé dans notre enfance, nous pouvons comprendre ce qu’ils nous disent, nous n’avons plus à les craindre autant qu’avant, la peur diminue et nous sommes mieux préparés à faire face à une nouvelle phase dépressive. Toutefois, il ne nous devient possible de laisser libre cours aux sentiments que lorsque nous nous n’avons plus à craindre nos parents intériorisés.

Je suppose que l’idée que nos propres parents ne nous ont pas aimés est insupportable à la plupart des gens. Plus les faits s’accumulent et mettent en lumière cette déficience, plus les gens s’accrochent à l’illusion qu’ils auraient été aimés. . Ils s’accrochent aussi aux sentiments de culpabilité, dont la fonction devrait être de leur confirmer que c’est bien à cause d’eux, de leurs erreurs et de leurs déficiences si leurs parents ne leur ont pas manifesté d’amour. Dans la dépression, le corps se rebelle contre ce mensonge. Beaucoup préfèrent mourir, ou mourir symboliquement en étouffant leurs sentiments, plutôt que de revivre l’impuissance du petit enfant que les parents utilisent pour servir leur orgueil ou pour projeter sur lui comme sur une cible leurs sentiments de haine accumulés.

Le fait que la dépression compte au nombre des maladies les plus courantes de notre époque n’est plus un secret parmi les spécialistes. C’est un sujet qui est souvent abordé dans les médias, où l’on discute de ses causes et des différents types de traitements. Dans la plupart des cas, on a l’impression que la seule chose qui compte, c’est de trouver la prescription médicale appropriée à chaque individu. Dans les milieux psychiatriques, on affirme aujourd’hui que des médicaments qui ne rendent pas dépendants et ne présentent pas d’effets secondaires on enfin été mis au point. Du coup, le problème semble résolu. Mais pourquoi alors tant de gens se plaignent-ils malgré tout de souffrir de dépressions, si la solution est si simple ? Naturellement il y a des gens qui souffrent de dépression et qui ne veulent pas prendre de médicaments, mais même parmi ceux qui en prennent, il en est qui sont malgré tout toujours sujets à des accès de dépression, et que même des années de psychanalyse, différents types de psychothérapies ou des séjours en centre de soins n’ont pu aider à se libérer.

Qu’est-ce qui caractérise une dépression ? Avant tout l’absence d’espoir, la perte d’énergie, une grande fatigue, la peur, le manque de motivation, de centres d’intérêt. L’accès à ses propres sentiments est bloqué. Tous ces symptômes peuvent être présents ensemble ou isolément, même chez un individu qui de l’extérieur semble bien fonctionner, qui est même très productif au travail, qui éventuellement peut même avoir une activité thérapeutique et chercher à aider les autres. Mais à lui-même, il ne peut apporter aucune aide. Pourquoi ?
En 1979, dans “le Drame de l’enfant doué”, j’ai expliqué comment certaines personnes réussissent à se tenir éloignées de la dépression grâce à des fantasmes de grandiosité ou à des actions extraordinaires, et comment cela peut justement se produire dans le cas de psychanalystes ou de thérapeutes qui apprennent dans leur formation à comprendre les autres, mais pas à se comprendre eux-mêmes. J’en ai cherché les raisons dans l’enfance de ceux qui choisissent ces métiers et montré qu’ils ont dû apprendre très tôt à ressentir la détresse de leurs pères et mères, et à y réagir tout en mettant de côté leurs propres sentiments et besoins. La dépression est le prix que paye l’adulte pour ce renoncement à être soi-même. Toujours, il s’est demandé en quoi les autres ont besoin de lui, et c’est ainsi qu’il en est venu non seulement à négliger ses propres sentiments et besoins originels, mais aussi à ne même pas les connaître. Mais le corps, lui, les connaît et insiste pour que l’individu puisse vivre ses véritables sentiments authentiques et se donne le droit de les exprimer. Pour des personnes qui ont été utilisées dès leur petite enfance pour les besoins de leurs parents, cela n’a cependant rien d’une évidence.

De cette façon, nombreux sont ceux qui au cours de leur vie perdent complètement le contact avec l’enfant qu’ils ont été. En fait, ils ne l’avaient jamais eu, mais avec l’âge, il leur devient encore plus difficile de l’établir. D’un autre côté, l’accroissement de la dépendance que l’âge impose au corps agit comme un rappel de la situation de l’enfant. On parle alors de dépression sénile, et l’on pense qu’il faudrait l’accepter comme quelque chose de naturel.

Mais il n’en est rien. Une personne qui connaît son histoire n’est pas obligée de devenir dépressive avec l’âge. Et si elle traverse des phases dépressives, il lui suffit de laisser ses sentiments authentiques s’exprimer pour les faire disparaître. Car à tout âge, la dépression n’est rien d’autre que la fuite devant la masse des sentiments que les blessures de l’enfance pourraient faire remonter. C’est ce qui crée un vide intérieur chez la personne touchée. Quand il faut éviter à tout prix les souffrances psychiques, il n’y a finalement pas grand-chose qui soit capable de maintenir la vitalité. Des prestations hors du commun sur le plan intellectuel peuvent aller de paire avec une médiocre vie intérieure d’enfant sous-développé émotionnellement. Cela est vrai à tout âge.

La dépression, qui reflète ce vide intérieur, est, je le répète, le résultat de l’évitement de toutes les émotions qui sont reliées aux blessures précoces. Cela conduit à ce qu’une personne dépressive ne soit pour ainsi dire pas capable d’éprouver des sentiments conscients, à moins que, déclenchés par un événement extérieur, il ne soit débordé par des sentiments qui restent totalement incompréhensibles, parce que l’histoire véritable et non idéalisée de son enfance lui est inconnue, et qu’il vit cette irruption des sentiments comme une catastrophe soudaine.

Les patients qui séjournent dans un centre de santé mentale s’entendent toujours dire qu’ils n’ont pas à aller fouiller dans leur enfance, qu’ils n’y trouveront pas de réponses et qu’ils feraient mieux de se décider à tout oublier pour trouver leurs marques dans la nouvelle situation. Rien n’est plus éclairant que les efforts qui sont faits pour éviter tout ce qui pourrait jouer sur les nerfs des patients, ce qui conduit à interdire les visites des proches. Le point de vue selon lequel de telles rencontres, justement parce qu’elles ont un effet émotionnel fort sur le patient, peuvent le stimuler (car les émotions ne sauraient avoir un effet nuisible, mais bien au contraire bénéfique), n’est la plupart du temps toujours pas accepté dans ces centres. On peut ressentir les effets tragiques que ce type de prescriptions provoque parfois dans la vie des individus à la lecture de la correspondance entre le poète Paul Celan et sa femme. On lui interdisait de façon stricte de recevoir sa visite, ce qui renforçait encore son isolement et sa maladie.

Dans le cas du roi Louis II de Bavière, nous avons affaire à une façon spectaculaire de crier inconsciemment sa solitude à la face du monde et de raconter ce qu’a été son enfance. Ce roi a construit des châteaux fastueux qu’il n’a jamais habités. Dans l’un, il a passé en tout onze jours, et il n’a jamais séjourné dans les autres. Ces merveilleux châteaux ont été construits avec beaucoup de soin et d’après les principes de la technique la plus moderne. Aujourd’hui, ils sont visités par des foules de touristes, admirés par certains, suscitant les sourires de ceux qui n’y voient que du kitsch, tandis que qu’un petit nombre les considère comme le fruit bizarre d’un esprit malade. Car de son vivant déjà, la “schizophrénie” avait été diagnostiquée chez Louis II, un diagnostic qui est toujours considéré comme juste aujourd’hui et qui en fait n’explique rien. Ou alors, c’est dire que ce comportement aberrant a pour cause une maladie génétique et qu’il est donc vain de chercher à lui donner un sens.

Munis de ces informations trompeuses, les visiteurs passent d’une salle à l’autre, dans ces luxueux châteaux qu’un roi “malade” fit construire avec l’argent de ses sujets. Et jusqu’alors, personne ne semble s’être posé la question : que s’est-il passé au seuil de cette vie royale ? Pourquoi cet homme construisait-il des châteaux dans lesquels il n’habitait pas ? Que voulait-il dire par là ? Voulait-il raconter une histoire que son corps avait mémorisée et qu’il connaissait bien, mais que sa conscience devait écarter parce qu’il est interdit d’accuser ses propres parents ?

Louis II, le premier né, a été soumis dès sa naissance à une éducation rigide qui fit de lui un enfant solitaire, assoiffé d’amour et de contact. Le point clé, c’est que ces besoins les plus élémentaires étaient négligés d’une façon ahurissante. Cet enfant très sensible ne trouve pas sa place auprès de parents qui le jugent bête et laissent les domestiques s’occuper de lui. C’est auprès d’eux que le garçon reçoit le pain qu’on lui refuse au château pour qu’il apprenne à discipliner sa faim. Que de telles méthodes d’éducation soient tout simplement sadiques et renvoient donc à l’enfance de ses parents, l’enfant ne peut pas le comprendre. Même si l’adulte devait le comprendre un jour, cela ne lui servira pas à grand-chose, parce que ce que son corps veut, c’est que les émotions enfouies et les véritables sentiments refoulés puissent être retrouvés. Mais de toute sa vie, cela ne fut pas possible à Louis II : d’où ce comportement aberrant, appelé schizophrénie. Le roi respectait ses parents, comme il se doit. Il ne s’autorisait jamais à laisser monter en lui son sentiment de frustration, et, plus âgé, ne dirigeait jamais sa colère vers d’autres cibles que des domestiques. Son incapacité à exprimer son impuissance, alors même qu’il était condamné à être privé de nourriture dans un cadre de vie luxueux, l’a amené à ne plus pouvoir ressentir autre chose que de la peur.

C’est cette peur qui fut à l’origine de la solitude qui fut la sienne à l’âge adulte. Il fuyait les gens, était poursuivi par des cauchemars, vivait dans la crainte d’une agression soudaine. Il est extrêmement vraisemblable que cette crainte puisse être rattachée à des événements réels vécus dans l’enfance. Car Louis II vivait sa sexualité en secret, il se faisait envoyer des photos de beaux jeunes gens qui croyaient avoir été choisis comme modèles de nus par des artistes. Mais une fois dans les appartements du roi, celui-ci abusait d’eux. De tels abus, une telle tromperie sont inconcevables si l’abuseur n’a pas été lui-même abusé. On est donc porté à en conclure que Louis II a subi des violences sexuelles dans son enfance. Rien n’impose que cela se soit nécessairement produit dans le cercle familial. Par les mémoires d’Heroard, médecin de la cour de France, nous sommes en effet renseignés sur ce que le roi Louis XIII a pu subir de la part de la domesticité quand il était enfant (AM “l’Enfant sous terreur”, Aubier 1986 pp. 153-159).

Tout cela n’aurait pas nécessairement mené à la “schizophrénie” si au cours de son adolescence il s’était trouvé quelqu’un pour aider le jeune Louis à voir quelle était sa situation, à déceler tout ce qu’il y avait de cruel dans le comportement de ses parents, à s’y opposer ou à tout le moins à s’avouer sa colère, ou encore à s’interroger plus tard avec lui à propos de ce que ses projets de châteaux remuaient en lui. Il est possible qu’il ait voulu inconsciemment donner forme par sa créativité à quelque chose qu’il lui était interdit de penser consciemment: le fait qu’enfant, malgré le grand luxe qui l’entourait, il ait dû vivre comme un moins que rien. Pour ses parents, son existence ne comptait pas, ils ne reconnaissaient pas ses capacités (le père ne le considérait pas comme assez intéressant pour le prendre avec lui dans ses promenades) et ne le nourrissaient même pas suffisamment, si bien que de temps en temps, il devait aller chez des paysans en dehors du château pour manger à sa faim.
Parmi les très nombreux documents que l’on trouve sur Internet à son sujet, voici ce que l’on peut lire sur son enfance :

“La façon de vivre des deux princes était très simple. Parmi d’autres singularités, la bonne éducation de l’époque imposait de ne pas laisser les enfants manger à leur faim, et le futur roi était très content quand la fidèle servante Lisi et les laquais lui rapportaient parfois à manger de la ville, ou lui donnaient un peu de leur nourriture, plus abondante que la sienne.
Si il arrive que les jeunes princes fassent une bêtise de leur âge ou viennent à manquer à un de leurs devoirs, ils sont impitoyablement punis. Par cette éducation sévère, leur père le roi Max II veut faire de ses fils des princes capables et travailleurs. (…)
Max II n’arrive pas à établir une relation de confiance avec ses fils, particulièrement avec le prince héritier, dont la nature est très différente de la sienne; il se sent profondément étranger à ses préoccupations et montre peu d’intérêt pour son développement. Voici ce que raconte à ce propos dans ses souvenirs Franz von Pfistermeister, qui fut pendant de longues années le secrétaire de cabinet de Max II, puis de Louis II:
“”Le roi ne voyait ses deux petits garçons, les princes Louis et Otto, qu’une à deux fois par jour, le midi au deuxième déjeuner et le soir à table au souper, fort rarement dans les pièces où se déroulaient leur vie et leur éducation. A ces occasions, il se contentait en général de leur présenter sa main pour le salut et prenait congé au plus vite. Alors que le prince héritier approchait déjà de sa majorité, de longs et importants efforts de conviction avaient été nécessaires pour amener le roi à prendre avec lui son fils aîné lors de sa promenade matinale dans le jardin anglais (de 9 à 10 heures). Cela ne se reproduisit cependant que quelques fois. Le roi déclara: ” Pourquoi me faut-il parler avec ce jeune monsieur? Il ne porte intérêt à rien de ce que je projette”.
Le souvenir des situations d’échec vécues tout au long de ces années d’éducation et de la froideur des rapports avec son père a pesé sur Louis toute sa vie. A 30 ans, il écrit au prince héritier Rudolf d’Autriche: “Tu peux t’estimer très heureux d’avoir joui d’une éducation en tous points excellente et empreinte de compréhension, de surcroît, c’est une chance que l’empereur s’intéresse personnellement avec tant d’ardeur à ta formation. Avec mon père, il en est malheureusement allé tout autrement, il m’a toujours traité de haut en bas (en français dans le texte NDT), et tout au plus honoré de quelques mots froids et protecteurs en passant. Cette curieuse façon de faire, tout comme ses autres méthodes éducatives, était appréciée de lui pour la raison singulière que son père en usait de même”.
Sa mère, la reine Marie, qui fut dans sa jeunesse une beauté admirée, est une femme facile à vivre, mais limitée, et qui ne s’intéresse en rien aux choses de l’esprit. Paul Heyse, l’un des membres du cercle de poètes munichois réuni autour de Max II, disait d’elle:
“Malgré bien des tentatives, tous les efforts pour éveiller chez la reine un intérêt pour la littérature et la poésie échouèrent. Elle ne se trouvait à son aise que dans les bavardages et les conversations faciles…”
La reine Marie ne sait pas très bien s’y prendre pour gagner le coeur de ses enfants. Franz von Pfistermeister raconte dans ses mémoires:
“La reine elle aussi s’y entendait fort peu pour attirer vers elle ses petits princes. Certes elle leur rendait visite plus souvent dans leurs appartements, mais elle ne savait pas se comporter avec eux comme les enfants l’attendent. Cela non plus n’attirait pas les garçonnets vers leur mère”.

Même quand on a connaissance d’éléments précis de l’enfance d’une personne, il est très rare que l’on établisse un rapport avec les souffrances de l’âge adulte. On parle d’une destinée tragique, sans chercher à en comprendre la nature. Il ne semble pas y avoir eu dans la vie de Louis II quelqu’un qui l’ait et se soit interrogé sur le sens profond que les châteaux avaient pour lui. Aujourd’hui encore, malgré un grand nombre de films sur le “pauvre” roi, il ne s’est manifestement trouvé personne pour rechercher dans son enfance le moment où cette prétendue “schizophrénie” a pris naissance. Pendant ce temps, de nombreux scientifiques étudient consciencieusement tous les détails de ses réalisations architecturales et leur consacrent des livres. Le produit final d’une folie suscite un grand intérêt. Mais sa naissance est entourée d’un profond silence, parce que nous ne pouvons pas comprendre la genèse de cette maladie sans mettre à jour le manque d’amour et la cruauté des parents. Et cela rend la plupart des gens malades, parce que cela pourrait leur rappeler leur propre sort.

C’est la peur qu’éprouvent les enfants bafoués ou même tyrannisés devant le visage véritable, sans fard ni masque, de leurs parents, la peur qui nous entraîne vers l’automystification, et partant, vers la dépression. Ce n’est pas uniquement l’individu isolé, mais la quasi-totalité d’entre nous, toute la société, qui croit que les médicaments ont résolu le problème une fois pour toutes. Mais comment cela se pourrait-il? La plupart des personnes dont j’ai évoqué le suicide prenaient des médicaments, mais leur corps ne se laissait pas tromper et refusait une vie qui au fond n’en était pas une. La plupart des gens gardent l’histoire de leur enfance profondément enfouie dans leur inconscient et ont du mal, s’ils ne sont pas accompagnés, à établir le contact avec leurs souvenirs originels, même si ils le veulent. Ils n’ont pas d’autre choix que de se faire aider par des spécialistes pour qu’il leur apparaisse qu’ils se sont racontés des histoires, et pour se libérer de la morale traditionnelle. Pourtant si les spécialistes ne font rien de plus que de prescrire des médicaments, ils contribuent à consolider la peur, et de surcroît rendent encore plus difficile l’accès à ses sentiments propres, dont les potentialités libératrices restent inutilisées.

Pour ce qui me concerne, c’est surtout à la peinture spontanée que je dois mon éveil. Mais cela ne veut pas dire que la peinture pourrait être recommandée comme une recette pour soigner la dépression. Nicolas de Staël, dont j’admirais beaucoup autrefois le talent, a peint dans les six derniers mois de sa vie 354 grands tableaux. Il se consacrait avec ardeur à son oeuvre, à Antibes, séparé de sa famille, et puis “il s’est précipité dans la mort depuis la terrasse qui avait été son atelier pendant ses six derniers mois” (“Nicolas de Staël”, éditions du Centre Pompidou, 2003). Il avait alors 40 ans. Son talent, que tant de peintres lui enviaient, ne l’avait pas préservé de la dépression. Peut-être quelques questions auraient-elles suffi à l’amener à réfléchir sur lui-même. Sa peinture, son talent, n’avaient jamais été reconnus par son père, qui avant la révolution russe avait été général. Il se peut que de Staël ait espéré, dans son désespoir, qu’il réussirait un jour à peindre le tableau capital, celui qui lui apporterait la reconnaissance de son père et son amour. Il est possible qu’il y ait un rapport entre ce besoin irrépressible de multiplier les productions à la fin de sa vie et cette détresse. Seul de Staël lui-même aurait pu le découvrir, si les questions capitales n’avaient été impossibles à poser. Alors il aurait peut-être pris conscience du fait que l’appréciation du père n’est pas déterminée par la qualité de la création du fils, mais uniquement par la capacité du père à se rendre compte de la qualité d’un tableau.

Ce qui a été capital dans mon cas, c’est que je me suis toujours posé de telles questions. Je me suis fait raconter mon histoire disparue par mes tableaux, plus exactement par ma main toute seule, elle qui de toute évidence savait tout, mais attendait que je sois prête à ressentir avec le petit enfant en moi. Et alors j’ai vu tout à coup cet enfant qui était utilisé par ses parents, mais qui n’était jamais vu, considéré ou encouragé, et qui devait cacher profondément sa créativité pour ne pas se faire punir en plus à cause d’elle.

Il ne faut pas analyser les tableaux de l’extérieur. A un peintre, cela n’apporterait pas grand- chose. Pourtant, ses propres tableaux peuvent réveiller chez lui des sentiments. Si il est en état de les vivre et de les prendre au sérieux, il pourra se rapprocher de lui-même et passer par-dessus les barrières de la morale. Alors, il lui sera possible de se confronter à son passé et à ses parents intériorisés, et de se comporter avec eux autrement qu’auparavant. A partir de sa conscience en développement et non plus de sa peur enfantine.

En effet, si je peux ressentir ce qui me fait mal et ce qui me fait plaisir, ce qui me contrarie ou même me met en colère et pourquoi; si je sais de quoi j’ai besoin et ce que je ne veux en aucun cas, alors je me connais assez bien pour aimer ma vie et la trouver intéressante, indépendamment de mon âge et de mon statut social. Alors il est fort peu vraisemblable que survienne le besoin d’en finir avec la vie, à moins que le processus de vieillissement, un affaiblissement croissant du corps, ne suscitent de telles pensées. Mais dans ce cas, un être humain sait aussi qu’il a vécu sa vraie, sa propre vie.

(Traduit de l’allemand par Pierre Vandevoorde)

 

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6 août 2011

cynisme.....

 

Le cynisme était une attitude face à la vie provenant d'une école philosophique de la Grèce antique, fondée par Antisthène, et connue principalement pour les propos et les actions spectaculaires de son disciple le plus célèbre, Diogène de Sinope. Cette école a tenté un renversement des valeurs dominantes du moment, enseignant la désinvolture et l'humilité aux grands et aux puissants de la Grèce antique. Radicalement matérialistes et anticonformistes, les Cyniques, et à leur tête Diogène, proposaient une autre pratique de la philosophie et de la vie en général, subversive et jubilatoire.

Par une dérivation du terme, on parle de nos jours de cynisme pour désigner un mode de pensée qui diffère tellement des normes établies (en particulier dans le domaine de la morale) qu'il en deviendrait choquant. On peut attacher à ce cynisme une sorte d'humour noir (tantôt involontaire, tantôt malveillant), pince-sans-rire, mordant et ironique, souvent employé pour manifester une certaine rébellion face à un monde incompréhensible en raison de la multiplicité des conventions factices, socialement admises, qui le régissent — à la différence du sarcasme, qui ne recherche pour sa part qu'une démonstration de force. Au-delà de cette indifférence affichée à la morale et aux convenances, le « cynique » moderne n'a plus grand-chose à voir avec les philosophes antiques dont il sera question ici.

Sommaire

Histoire

Platon définissait Diogène de Sinope comme un Socrate devenu fou dont le but est de subvertir tout conformisme, tout modèle moral. Sa philosophie se traduit par des actes volontairement provocateurs. Ainsi, il aurait transgressé les fondements de la culture au point d'uriner et aboyer comme un chien ou de se masturber en public ; il n'hésitait pas à mendier, ne respectant aucune opinion admise et provoquant même les puissants. Le mouvement cynique, inscrit dans la société antique, se présente avant tout comme un modèle de contestation.

Le terme « cynisme » provient du grec ancien κύων / kuôn, qui signifie « chien », en référence à l'attitude d'Antisthène, l'inspirateur du cynisme, puis de celle de Diogène de Sinope, généralement considéré comme le premier véritable cynique et qui souhaitait être enterré « comme un chien ». Selon d'autres sources ce dernier « faisait ses discours dans un gymnase appelé Cynosarge, tout près des portes de la ville » . Le Cynosarge(littéralement « chien agile ») était le nom du gymnase dans lequel Antisthène enseignait. Les métaphores autour du chien ont ensuite abondé, si bien qu'il est difficile d'en isoler l'exacte origine historique. La plus significative est celle présentant l'animal comme modèle.

Le héros et modèle des philosophes cyniques est Héraclès (Hercule en romain), car c'est un héros qui ne se laisse influencer par personne, est libre et n'a pas d'attachement particulier. Le cynisme utilise ainsi beaucoup d'images et de modèles, dans le but de toucher toutes les classes de la population, sans se focaliser sur les élites intellectuelles.

Cette école philosophique, peu appréciée de la tradition scolastique, académique et moderne, est surtout connue, par l'intermédiaire de Diogène Laërce, pour les petites anecdotes instructives décrivant, notamment, la manière de philosopher de Diogène de Sinope. Platon ayant défini l'homme comme un « bipède sans plumes », Diogène visita un jour l'un des banquets du Sage en tenant au bout d'une laisse... un coq plumé ! « Voici l'homme de Platon », déclara-t-il à l'assistance.

Loin de s'encombrer de discours théoriques abstraits et pédants, Diogène et ses disciples pratiquaient une philosophie concrète, particulièrement inconciliable avec l'idéalisme platonicien, jugé inutile et bien trop loin de la Vérité matérielle du monde pour être pris au sérieux.

L'école cynique a été vivace durant toute l'Antiquité, de la Grèce jusqu'à Rome. Elle influença considérablement la morale stoïcienne qui développa à sa suite les notions de vie selon la nature, de l'indépendance du sage et de cosmopolitismeZénon de Citium, fondateur dustoïcisme, a en effet été disciple du cynique Cratès.

Principaux thèmes

L'autosuffisance

Au centre de la philosophie cynique se trouve l'idée d'autosuffisance. Le sage est celui qui est capable de se contenter du minimum, de manière à ne souffrir d'aucun manque et de pouvoir aisément faire face aux situations les plus difficiles.

Le sage cynique choisit donc de vivre dans l'abstinence, la frugalité. Il ne recherche aucune richesse, ni honneur, ni célébrité, ni privilège, il n'a pas de maison, il se contente des nourritures les plus simples et refuse tout ce qui ne lui semble pas absolument nécessaire.

Il se pare ainsi d'une simple besace et d'un unique manteau pour l'hiver et l'été. Il dort dans les temples. Il mendie sa pitance.

La voie la plus courte vers la vertu

Face aux écoles philosophiques dispensant un apprentissage long et technique, le cynisme se présente comme la voie la plus courte vers lavertu. Pour les cyniques, le simple fait de vivre le plus simplement possible suffit à devenir sage. Il n'y a pas de savoir technique supplémentaire nécessaire.

Les philosophes de l'école cynique se refuseront toujours aux grands discours, préférant les maximes sibyllines et ironiques, l'efficacité du quotidien, la preuve par le fait et non par la parole. En d’autres termes, la vérité éthique, démontrée par l'expérience et non les vérités théoriques résultant de systèmes complexes.

La philosophie cynique a pour but ultime la sagesse, une éthique de vie. Selon Antisthène, aucun discours n'a de valeur, aucune étude ni savoir. Cependant il soutient, à la suite de Socrate, que la vertu s'enseigne. Seules comptent la sagesse et la vertu, double finalité de la philosophie cynique. Une fois cette vertu atteinte, le philosophe peut se considérer comme libre, car vivant dans l’atuphia, l’« absence de vanité », et l'ataraxie, "la paix du psyché".

Nature, universalité et cosmopolitisme

Le modèle du cynisme est l'animal. La société est perçue comme corruptrice et changeante, là où la nature est vertueuse et universelle. Diogène se revendique ainsi cosmopolitain, c'est-à-dire citoyen du monde. Son souci est de vivre selon des règles de vertu universelles.

Les armes du cynique sont la transgression, l'ironie et le quotidien de façon plus générale. En transgressant tous les interdits, le cynique veut démontrer qu'aucune des règles sociales n'est essentielle, et que seule compte l'éthique naturelle, universelle : la vertu.

L'école cynique prône donc la vertu et la sagesse, qualités qu'on ne peut atteindre que par la liberté. Cette liberté, étape nécessaire à un état vertueux et non finalité en soi, se veut radicale face aux conventions communément admises, dans un souci constant de se rapprocher de laNature.

 

 

Smoke and Shadow by sincity07

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