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sammael world
27 octobre 2012

Eugenisme...theorie raciste.....

Eugenics_congress_logo

 

 

L’eugénisme peut être défini comme l’ensemble des méthodes et pratiques visant à transformer le patrimoine génétique de l’espèce humaine, dans le but de le faire tendre vers un idéal déterminé. Il peut être le fruit d’une politique délibérément menée par un État. Il peut aussi être le résultat collectif d’une somme de décisions individuelles convergentes prises par les futurs parents, dans une société où primerait la recherche de l’ « enfant parfait », ou du moins indemne de nombreuses affections graves.

Le terme eugenics a été employé pour la première fois en 1883 par le scientifique britannique Francis Galton dont les travaux ont grandement participé à la constitution et à la diffusion de l'idéologie eugéniste. Mené par des scientifiques et des médecins, le mouvement de promotion de l'eugénisme qui se met en place au tournant du XXe siècle milite en faveur de politiques volontaristes d'éradication des caractères jugés handicapants ou de favorisation des caractères jugés bénéfiques. Son influence sur la législation s’est traduite principalement dans trois domaines : la mise en place de programmes de stérilisations contraintes, le durcissement de l’encadrement juridique du mariage et la restriction de l’immigration. L'histoire du XXe siècle a fourni des exemples de politiques eugéniques, aux États-Unis et dans de nombreux pays européens (au premier chef desquels l'Allemagne nazie), désormais majoritairement désapprouvées.

Dans la période contemporaine, les progrès du génie génétique et le développement des techniques de procréation médicale assistée ont ouvert de nouvelles possibilités médicales (diagnostic prénatal, diagnostic préimplantatoire...) qui ont nourri les débats éthiques concernant la convergence des techniques bio-médicales et des pratiques sélectives.

 

Les origines de l’eugénisme galtonien

Francis Galton, l'inventeur du terme « eugénisme ».

L'étymologie du mot « eugénisme » est grecque : eu (« bien ») et gennaô (« engendrer »), ce qui signifie littéralement « bien naître ». Ce néologisme a été utilisé pour la première fois en 1883 par le britannique Francis Galton, cousin de Charles Darwin par le biais d'Erasmus Darwin. La préoccupation de Galton pour l’amélioration de l’espèce humaine précède néanmoins largement l’invention de ce terme. À la fin des années 1850, la lecture de L'Origine des espèces de son cousin Charles Darwin renforce sa conviction sélectionniste. En 1869, dans Hereditary Genius, une étude consacrée au génie des grands hommes britanniques, il conclut à son caractère héréditaire. Il lui paraît alors nécessaire de maintenir les lignées des grands hommes de la nation par une organisation rationnelle des mariages, une discipline qu’il désigne sous le nom de « viriculture ». En 1883, Galton publie Inquiries into human faculty and its development : la viriculture y devient l’eugénisme que Galton considère comme la « science de l’amélioration des lignées » et qu’il entend appliquer aux êtres humains sur le modèle de l’élevage sélectif des animaux.

Eugénisme, spencérisme, pensée évolutionniste

L'eugénisme ou le galtonisme est également souvent amalgamé avec le spencérisme.

Or, le galtonisme est une conception conservatrice ou néoconservatrice de l'évolution des sociétés forgée par Francis Galton. C'est forcer la sélection naturelle par une sélection artificielle contre des tares supposées préjugeant à une dégénérescence de la société et des individus.

Tandis que le spencérisme est une conception libérale de l'évolution des sociétés forgée par Herbert Spencer. C'est laisser faire la sélection naturelle au seins de la société permettant une régénérescence de la société par elle-même en éliminant naturellement, sans aide extérieure, les moins adaptés à l'environnement social.

Spencerisme et galtonisme sont des pensées évolutionnistes dont la base centrale est exclusivement la sélection naturelle bien que d'autres facteurs sont mises en jeu dans l'évolution de la nature et des sociétés.

L’obsession de la dégénérescence

Pour le philosophe Jean-Paul Thomas, « l’eugénisme [...] est habité par l’obsession de la décadence ». Dans le contexte de la révolution industrielle, qui initie un mouvement d’urbanisation et de prolétarisation de la population la plus pauvre, la prolifération désordonnée des classes laborieuses constitue un motif d’inquiétude profond pour les élites victoriennes. Les maux sociaux et sanitaires (tuberculose, syphilis, alcoolisme...) qui se multiplient dans le Royaume apparaissent comme autant de manifestations de la contamination de l’espèce humaine par les tares congénitales véhiculées par les populations les plus pauvres. Comme l’indique le succès des théories malthusiennes, la différence de fécondité entre classes attire plus particulièrement l’attention des scientifiques britanniques. Galton n’échappe pas à la règle. À terme, les individus les plus pauvres, conçus comme naturellement inférieurs, lui semblent devoir irrémédiablement submerger les représentants des classes sociales aisées qui cumulent les caractéristiques physiques, intellectuelles et morales les plus hautes.

La mixophobie sociale

Pour Galton, les classes sociales possèdent des qualités propres, transmises héréditairement. La préservation des qualités des familles de bonne lignée nécessite d’éviter le mélange des sangs qui ne peut conduire qu’à la disparition des caractères les plus hauts de la race humaine. Cette représentation du monde, qui préexiste à ses travaux « eugéniques », le conduit à traduire les différences sociales sur un strict plan biologique. Elle valorise explicitement un modèle d’homme qui correspond précisément au groupe social dont Galton est issu : l’élite de la société britannique correspond pour lui aux professions libérales, aux vieilles familles de l’aristocratie terrienne et aux hommes de science. Les nouvelles fortunes, bâties sur l’industrie et le commerce, ne trouvent pas grâce à ses yeux. Sur le plan politique, l’eugénisme galtonien apparaît ainsi comme une théorie défensive qui vise à protéger un groupe social défini contre une menace largement fantasmée. Sous couvert d’une apparente scientificité, elle revient en effet à préserver le maintien de l’ordre social en exigeant une stricte limitation des unions entre les individus d’origines sociales différentes.

La civilisation contre la sélection naturelle

Les eugénistes trouvent dans la lecture de L'Origine des espèces de Darwin, et dans le déplacement de ses conclusions à l’espèce humaine, une clé explicative de leur hantise de la décadence. De leur point de vue, la civilisation, en enrayant les mécanismes de la sélection naturelle, court à sa perte. Les dispositifs sociaux de protection des plus pauvres, des malades et des plus faibles en général constituent la première de leurs cibles. Pour Clémence Royer, la première traductrice de Charles Darwin en France, la charité chrétienne puis les valeurs de solidarité développées avec les idées démocratiques ne peuvent que mener à la dégénérescence de la race humaine.

Galton partage largement les positions de Royer. Comme nombre de ses confrères eugénistes après lui, il s’est converti, après la lecture de l’ouvrage phare de son cousin, à un antichristianisme farouche. Sur le plan politique, s’il n’embrasse pas explicitement le credo de l’anthropologue français Vacher de Lapouge qui entendait substituer à la formule révolutionnaire « Liberté, égalité, fraternité » celle de « Déterminisme, Inégalité, Sélection », il s’oppose aux principes de l’égalité naturelle et donc politique des hommes.

La science et la religion du progrès

Malgré la menace de la dégénérescence, l’eugéniste reste pénétré par un optimisme sans faille, pourvu que l’homme daigne se laisser guider par les principes de la science. Le salut de la civilisation occidentale passe par la soumission du politique aux principes scientifiques. Galton place ainsi tous ses espoirs dans le pouvoir illimité de la science, présentée comme un substitut à la religion traditionnelle. Vacher de Lapouge résume cette idée, centrale chez les eugénistes, quand il affirme que « c’est la science qui nous donnera […] la religion nouvelle, la morale nouvelle, et la politique nouvelle ». Si les règles sociales sont venues parasiter le processus de sélection naturelle, il faut donc pour les eugénistes exercer, en lieu et place de la nature, les mesures sélectives indispensables à l’évolution de l’espèce humaine.

Le paradigme héréditariste

L’eugénisme s’appuie, avec la génétique balbutiante, sur la croyance que les capacités et les aptitudes humaines sont déterminées par des caractères biologiques transmissibles. À l’époque de la première formulation des théories eugénistes de Galton, les travaux de Gregor Mendel ne sont pas encore connus de la communauté scientifique. La connaissance des lois de l’hérédité n’est basée que sur l’expérience des agriculteurs dans la sélection de leurs variétés animales et végétales. Toute l’ambition de Galton est de montrer le caractère héréditaire des « capacités naturelles » de l’homme et d’en comprendre le mécanisme de transmission dans le but avoué de découvrir les moyens d’ « améliorer la race humaine » sur le modèle de l’élevage animal. Dès 1869, il lui paraît ainsi « tout à fait possible de produire une race humaine surdouée par des mariages judicieux pendant plusieurs générations consécutives ».

Souhaitant découvrir les lois de l’hérédité qui seules pourraient lui permettre de donner une base scientifique à son projet d’amélioration de l’espèce, il adopte une méthode statistique, inédite à l’époque dans le domaine de la biologie, en s’appuyant sur la loi normale gaussienne, dont la densité de distribution dessine une courbe en cloche. Il applique la distribution normale à l’étude des populations, comme l’avait fait peu avant lui le Belge Adolphe Quetelet. Il mesure ainsi les variations par rapport à la moyenne de différents éléments d’une population de pois de senteur et de leur génération suivante, et commence à collecter des données sur la taille et le poids de la population britannique.

Le plus important réside dans le présupposé de sa démarche. Galton applique un schéma explicatif très différent de son confrère belge. Là où Quetelet déduit des régularités statistiques qu’il observe des « causes constantes morales », Galton conclut invariablement à l’origine biologique et héréditaire des phénomènes qu’il étudie. Malgré une méthode innovante, les résultats de Galton furent minces. En 1892, il reconnaît que « le grand problème de l’amélioration de la race humaine n’a pas pour l’instant dépassé le stade de l’intérêt académique ».

Entre la science et l'idéologie

Alexis Carrel, prix Nobel de médecine 1912, connut un succès international avec son essai eugéniste L'homme, cet inconnu.

Une part du succès de l’eugénisme tient aux liens étroits qu’il entretient avec les principaux courants idéologiques de la fin du XIXe siècle : l'évolutionnisme, qu’il soit libéral-spencérien ou marxiste, le malthusianisme, le darwinisme social ou le racisme trouveront tous à s’articuler à l’eugénisme. Comme l’ensemble de ces idéologies, l’eugénisme tire sa légitimité des rapports qu’il entretient avec la science. L’eugénisme peut ainsi être considéré comme une « idéologie scientifique » au sens que lui donne Georges Canguilhem. Il s’appuie sur une science instituée dont il utilise le prestige pour légitimer un projet politique. L’eugénisme partage avec la science biologique des présupposés héréditaristes et, pour un temps, une même approche statistique des populations. Pour André Pichot, ce rapport n’est cependant pas univoque. Si la science biologique participe à la légitimation de la doctrine eugéniste, cette doctrine renforce en retour le rôle social de la science. Le projet eugéniste participe ainsi à la construction de l’image que la science de la fin du XIXe siècle se fait d’elle-même et qu’elle veut refléter aux yeux du reste de la société : l’eugénisme figure aux côtés de la vaccination ou de l’électricité au nombre des bienfaits que la science entend offrir à l’humanité. La génétique naissante et encore mal assurée y trouve la clé de voûte de son projet de recherche et de sa justification idéologique.

La science

Darwin et l'eugénisme

Avant même la définition du terme « eugénisme », Francis Galton s’est inspiré de la théorie de l’évolution de Charles Darwin dans ses travaux, amenant ce dernier à se prononcer sur la question de la doctrine eugéniste naissante. Dans son ouvrage La Descendance de l'homme et la sélection sexuelle, paru en 1871, Darwin reprend les conclusions de son cousin sur l’hérédité en affirmant qu'il est probable que le « talent » et le « génie » chez l'Homme soient héréditaires. Il lui paraît également vraisemblable que les protections sociales vont à l’encontre de la sélection naturelle. Il se refuse cependant à adopter les conclusions politiques de Galton, plaçant l’esprit de fraternité humaine au-dessus des lois scientifiques : « nous ne saurions restreindre notre sympathie, en admettant même que l’inflexible raison nous en fît une loi, sans porter préjudice à la plus noble partie de notre nature », déclare-t-il ainsi dans le même ouvrage. Ce n’est qu’après la mort de son cousin qui intervint en 1882 que Galton commença à appeler « eugénisme » sa philosophie sociale. Le nom de Darwin y resta cependant durablement attaché, à cause de l’implication de sa famille– outre Galton, son fils Leonard Darwin en fut l’un des promoteurs les plus influents au Royaume-Uni – et des principaux défenseurs du darwinisme dans le développement de la doctrine. Les travaux de Galton scellent en effet une union durable entre la science en général, la génétique en particulier, et la doctrine eugéniste.

La génétique des populations

Ronald Fisher, un des fondateurs de la génétique moderne, fut titulaire de la chaire Galton d’eugénisme de l’University College de Londres.

Pour André Pichot ou Troy Duster, le succès de l’eugénisme qui s’amplifie au début du XXe siècle est en partie déterminé par des causes internes à l’histoire des sciences, et notamment par la prépondérance de la génétique des populations dans le domaine de la biologie.

L’approche de Galton, qui deviendra la biométrie avec l’apport de Karl Pearson, pose en effet les jalons de la génétique des populations qui restera, avec sa variante mendélienne, l’approche dominante en matière de génétique jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. La génétique des populations se fixe l’objectif de découvrir les lois du modèle darwinien de l’évolution en s’appuyant sur des méthodes statistiques. Ses deux axes de recherche principaux sont l’étude de la fréquence de la version des gènes dans une population (fréquence allélique) et le rôle joué par la sélection naturelle dans cette répartition . En s’appuyant sur la génétique des populations, la théorie de l’évolution connut des développements importants jusqu’à la formulation de la théorie synthétique de l'évolution (ou néo-darwinisme) qui constitue toujours le schéma explicatif dominant.

Eugénisme et génétique des populations, dont les origines sont liées à travers les figures de Galton et Pearson, avaient donc des préoccupations et des méthodes très proches : il s’agissait, grâce au recours à l’étude statistique de grands segments de population, de découvrir les lois régissant l’évolution. Une grande partie des représentants de la génétique des populations de la première moitié du XXe siècle a ainsi exprimé des positions eugénistes, militant même souvent ouvertement dans les principales organisations du mouvement. Le biologiste August Weismann (1834 – 1914), auteur de la théorie du plasma germinatif, était membre de la société d’hygiène raciale allemande. L’américain Charles Davenport, l’un des principaux promoteurs de la théorie mendélienne aux États-Unis, fut l’un des leaders de l’eugénisme américain. Les prestigieux biologistes Julian Huxley, John Haldane ou Ronald Fisher, tenu pour le fondateur de la génétique moderne, militèrent quant à eux pour un eugénisme moins dur, que l’on qualifiait de « réformiste ».

Au-delà du champ de la biologie, l’inventeur Alexander Graham Bell ou Luther Burbank, un influent agronome américain, ont été d’actifs militants eugénistes. En France les plus célèbres des scientifiques eugénistes furent les prix Nobel de médecine Alexis Carrel et Charles Richet.

Convergences idéologiques

Le racisme

Charles Robert Richet, prix Nobel de médecine 1913 et président de la Société française d'eugénisme de 1920 à 1926.

Dès l’origine, l’eugénisme de Galton est imprégné du racisme de son promoteur, dont les préjugés initiaux ont été renforcés par le voyage qu’il a mené en Afrique du Sud en 1850. Racisme et eugénisme se mêlent fréquemment dans les argumentaires des eugénistes conservateurs, en particulier lorsqu’ils abordent la question de l’immigration.

Au début du XXe siècle, la « détérioration nationale » est une préoccupation qui se renforce avec la mise en place d’outils statistiques de mesure des conscrits. Sur la base de ces chiffres, on conclut régulièrement à une dégénérescence physique et intellectuelle de la population. On s’inquiète particulièrement des différences de fécondité entre les « races nordiques » et les nouveaux migrants venus de l’est. La peur de la fécondité des classes populaires s’accompagne ainsi régulièrement d’inquiétudes concernant celle des migrants catholiques irlandais et juifs polonais, russes et allemands, qui alimentent un antisémitisme latent.

Aux États-Unis la préoccupation est plus forte encore et aboutira à une limitation sévère de l’immigration. Les eugénistes sont à la pointe du combat pour une législation anti-immigration. Pour le célèbre économiste Irving Fisher la focalisation de la société sur les questions migratoires « était une occasion rêvée pour amener les gens à s’intéresser à l’eugénisme ».

Situé dans une perspective plus vaste que la simple défense de la pureté de la « race », le projet de nombreux eugénistes était d’améliorer les capacités de l’humanité dans son ensemble. Pour Charles Richet, le prix Nobel français de médecine de 1913, « lorsqu’il s’agira de la race jaune, et, à plus forte raison, de la race noire, pour conserver, et surtout pour augmenter notre puissance mentale, il faudra pratiquer non plus la sélection individuelle comme avec nos frères les blancs, mais la sélection spécifique, en écartant résolument tout mélange avec les races inférieures ». Il faut ainsi qu’une autorité conduise l’ « élimination des races inférieures » puis celle des « anormaux ».

Le régime nazi consommera tragiquement les noces du racisme et de l’eugénisme, en s’attaquant avec ses lois de stérilisation aux Noirs nés de l’occupation de la Ruhr par les troupes coloniales françaises en 1923 (un épisode dénoncé comme la Honte noire avant même l’avènement du nazisme) puis en appliquant méthodiquement le programme d’élimination des « races inférieures » aux Juifs et aux Tsiganes.

Dimensions hygiénistes et esthétiques

L’eugénisme s’accorda aussi largement avec le dégoût pour le désordre, la saleté et la matérialité organique qui accompagna le développement des courants hygiénistes dans les sociétés occidentales. L’obsession pour le culte du corps parfait qui s’incarna dans la construction de stéréotypes nationaux virils constitua un des aspects de ce rapport renouvelé au corps. Le nazisme envisagea même de porter ce principe à son extrémité, en réfléchissant à une législation qui conduirait à l’élimination des prisonniers de droit commun les plus laids.

Le mouvement eugéniste

Arthur Balfour, prononça le discours d'ouverture du Ier congrès international d’eugénisme en 1912.

Loin de se cantonner à un petit cercle de croyants ou de scientifiques marginaux, la doctrine eugéniste s’est progressivement répandue dans le grand public. Au début du XXe siècle, le mot « eugénisme » devint d’usage courant (on parlait ainsi de « mariage eugénique ») et les manifestations et rassemblements visant à promouvoir la doctrine rencontrèrent de larges échos. Galton lui-même fut anobli en 1909 et reçut en 1910 la très prestigieuse médaille Copley décernée par la Royal Society. Il est le premier organisateur d’un mouvement qui devint rapidement international. En 1912, se tint ainsi à Londres le Ier congrès international d’eugénisme dont le discours d’ouverture fut assuré par l’ancien Premier ministre Arthur Balfour.

Principaux débats

Législation ou éducation

Si le principe général de l’eugénisme était fixé — il s’agissait d’améliorer génétiquement l’espèce humaine grâce aux progrès de la science —, de nombreuses questions se posèrent quant à son application concrète. Le mouvement eugéniste hésita, à l’image de Galton, entre deux possibilités : l’intervention de l'État et l’éducation des masses. Galton pensait originellement que le programme eugéniste devait s’appuyer sur la libre volonté des personnes et que seul l’inculcation d’un « mode de pensée » eugéniste pouvait avoir des effets durables. Il s’agissait d’ancrer dans les esprits une nouvelle manière de voir le monde qui devait mettre l’eugéniste au premier rang des préoccupations humaines. Plus tardivement, la position de Galton et celle d’une grande partie des eugénistes conservateurs évolua. L’intervention de l’État, concernant notamment les cas considérés comme les plus graves, devint une de leurs principales revendications. Même ceux qui, se réclamant du darwinisme social, se refusaient à voir l’État intervenir dans la vie sociale et économique estimèrent indispensable de s’écarter sur ce point de la doctrine du « laissez-faire » pour adopter des mesures de « sélection artificielle ».

Eugénisme « négatif » et « positif »

Les eugénistes se divisaient aussi sur la question des moyens à mettre en œuvre pour parvenir à leur but. Les partisans d’un « eugénisme négatif » comptaient améliorer l’être humain en éliminant les gènes indésirables de la population : la restriction du mariage, la stérilisation, voire l’élimination physique des individus porteurs des gènes indésirables furent les options défendues par l'« eugénisme négatif ». L'« eugénisme positif » comptait quant à lui améliorer l’espèce en stimulant la reproduction des individus dont le potentiel génétique lui apparaissait comme le plus élevé. Il militait par exemple pour la mise en place d’incitations financières devant favoriser la procréation des classes favorisées ou des individus jugés conformes aux canons physiques et moraux. Les eugénistes réformistes ou marxistes entendaient pour leur part lever les barrières de classes qui empêchaient selon eux les meilleurs éléments de l’humanité de pouvoir unir leur sang. La distinction entre eugénisme positif et négatif est cependant purement heuristique : les deux positions n’étaient nullement exclusives l’une de l’autre et se combinaient le plus souvent.

Eugénisme « classique » et « réformiste »

Loin d’être monolithique, le mouvement eugéniste était secoué de débats récurrents concernant les questions du mariage, du divorce ou de la sexualité. La méconnaissance des règles précises de l’hérédité ouvrait par ailleurs de nombreuses controverses au sein même de la communauté scientifique. Les milieux eugénistes qui partageaient les mêmes préoccupations et souvent les mêmes membres étaient logiquement traversés par les mêmes clivages. De manière schématique, on peut avec Daniel Kevles, distinguer deux familles principales d’eugénistes : les eugénistes « classiques » ou conservateurs qui accordent un rôle prépondérant voire exclusif à l’hérédité dans l’explication des phénomènes sociaux. Sur le plan politique, ils sont favorables au maintien de l’ordre social et sexuel. Les eugénistes « réformistes », appartenant aux milieux progressistes ou socialistes, concilient la recherche d’un horizon révolutionnaire ou la défense de revendications féministes et l’avènement d’un « homme nouveau », conçu sur des bases biologiques.

Au Royaume-Uni

Le statisticien Karl Pearson, principal disciple de Galton et fondateur de la biométrie.

L’eugénisme constitua jusqu’à la Seconde Guerre mondiale un élément incontournable du débat politique britannique : Arthur Balfour, Arthur Neville Chamberlain ou Winston Churchill pour ne citer que des Premiers ministres, défendront des points de vue eugénistes.

Karl Pearson, le principal disciple de Galton continua l’œuvre de son mentor, en s’appuyant sur une approche statistique dont il raffina les méthodes pour en faire une discipline à part entière : la biométrie. Sur le plan scientifique, il participa ainsi à l’émergence de la génétique des populations mais fut progressivement marginalisé par le développement de la génétique mendélienne. Si les travaux de son laboratoire furent régulièrement utilisés par les militants eugénistes, il rechigna tout au long de sa carrière à intervenir directement dans le débat public.

Il n’adhéra ainsi jamais à la Société pour l’éducation eugéniste (Eugenics education society), créée en 1907 et existant toujours aujourd’hui sous le nom d’Institut Galton (Galton Institute). Elle devint la principale association britannique de promotion de l’eugénisme. Francis Galton ne s’y engagea lui-même qu’après de longues hésitations, devenant en 1908 son président honoraire. La société essaima rapidement sur l’ensemble du territoire britannique et compta même une représentation locale en Australie. Si elle n’atteignit jamais la taille d’une organisation de masse — elle ne compta jamais plus de 1700 adhérents —, elle parvint toutefois à faire entendre sa voix dans le débat public. Sa composition sociale en faisait une organisation fermée mais influente. Majoritairement investie par des scientifiques, des avocats et des notables, elle pouvait se targuer de réunir quelques-uns des noms les plus prestigieux du royaume. De 1911 à 1928, son président fut ainsi le fils de Charles Darwin, Leonard Darwin.

Ses modes d’intervention ont été repris par l’ensemble des organisations similaires, aux États-Unis notamment : la publication d’une revue — l’Eugenics review —, de brochures, la réalisation d’un film et l’organisation de congrès qui traitèrent des principales préoccupations du mouvement (l’hérédité, l’hygiène, le mariage et la sexualité). L’un des effets du mouvement eugéniste fut ainsi paradoxalement de porter sur la place publique des sujets qui en avaient longtemps été exclus par la rigueur morale victorienne. La Société pour l’éducation eugéniste exerça aussi une importante activité de lobbying en organisant des délégations auprès du Parlement du Royaume-Uni sur des sujets comme les lois sur les pauvres, les maladies vénériennes ou le traitement des déficients mentaux. Elle milita notamment pour un internement en asile de ces derniers de façon à les empêcher de procréer. La loi sera votée en 1913, sans toutefois qu’apparaisse explicitement le motif qui sous-tendait la démarche des eugénistes.

Le courant conservateur, dont le principal représentant était Leonard Darwin, était majoritaire au sein de la Société eugéniste. Favorable à la stérilisation et à l’internement des déficients mentaux, les conservateurs militaient sur le plan des mœurs pour la conservation de rôles sociaux sexuellement différenciés, exprimant notamment leur opposition à la contraception, considérée comme une puissante incitation à la débauche. Opposés à l’accès des femmes aux études supérieures, ils considéraient que l’exercice des tâches de direction ne pouvait que les détourner de la fonction procréatrice qui constituait selon eux « leur devoir naturel le plus glorieux ».

Même s’ils étaient minoritaires, les « réformateurs sociaux » participèrent rapidement, parfois même au sein de la Société d’éducation eugéniste, à la promotion de la nouvelle doctrine. Les militants socialistes de la Fabian Society Sidney Webb, George Bernard Shaw ou Havelock Ellis, qui devint même vice-président de la Société eugéniste, défendaient des positions sensiblement différentes des conservateurs. Partisans d’un enseignement des principes eugénistes, ils pensaient, comme Galton, que l’éducation était le meilleur moyen de faire pénétrer les principes eugénistes dans les esprits. Ils s’attachaient surtout à articuler l’eugénisme et la « question féminine ». Pour les réformistes, l’indépendance financière des femmes devait leur permettre de choisir un mari conforme aux préoccupations eugénistes, le contrôle des naissances et la contraception de découpler sexualité et procréation. Enfin, la disparition des classes sociales devait permettre de favoriser une rationalisation des arrangements matrimoniaux, jusqu’ici contrariée par les barrières de classe. « Ces Socialistes pouvaient jouer à l'intérieur de la Société eugénique sur la nécessité de d'agir sur l'environnement. »

États-Unis

En 1922, la Société américaine d’eugénisme (American Eugenics Society) est créée pour coordonner l’action des militants eugénistes américains. Elle comptera des délégations dans 28 États. Comme sa cousine britannique, elle resta une organisation de taille modeste ne dépassant jamais les 1 200 adhérents mais regroupa principalement des scientifiques et des notables. Elle fut ainsi présidée par l’économiste Irving Fisher et financée par John D. Rockefeller. Une des principales revendications des eugénistes américains est la limitation de l’immigration en provenance du sud et de l’est de l’Europe. La Société américaine d’eugénisme se dota ainsi en 1923 d’un « comité sur l’immigration sélective » qui milita, dans la lignée des analyses de Madison Grant, en faveur d’une loi de restriction permanente de l’immigration.

En France

En France, la création de la Société française d’eugénique intervient le 29 janvier 1913. Dans les années qui ont précédé sa fondation, les préoccupations eugénistes se sont nourries du discours sur le déclin démographique du pays, alimentés par les plus éminents démographes.

Ce courant de pensée décliniste se montre particulièrement attentif aux débats qui se tiennent outre-manche sur ces questions. Un comité consultatif français qui réunit 45 personnes est ainsi formé pour participer au premier Congrès international d’eugénisme qui se tient à Londres en 1912. Il contient, outre des scientifiques, des médecins et des statisticiens, deux hommes politiques à la pointe du mouvement nataliste, Paul Doumer et Paul Strauss. De retour en France, plusieurs participants du Congrès sont convaincus de la nécessité d’organiser leurs forces. À l’appel du statisticien Lucien March, une première réunion se tient le 12 décembre 1912 à l’École de médecine de Paris avant que les statuts de l’association soient finalisés en janvier. La réunion inaugurale réunit 104 personnes dont 64,5% de médecins.

D'une manière générale en France, l'eugénisme fut surtout un hygiénisme social pasteurien et lamarckiste avec des mesures de natures environnementales et sociales contre propagation des tares que l'on croyait alors héréditaires : tuberculose, syphilis, protection des femmes enceintes et des nourrissons, éradication de l'alcoolisme.

Ainsi les scientifiques français, encore significativement de mode lamarckiste, sont restés à l'écart du mouvement eugéniste international puisqu'il leur fallait déjà approuver le darwinisme. Le néodarwiniste, Lucien Cuénot, contrairement aux restes du monde néodarwiniste minimise par exemple le rôle de la sélection naturelle et propose un mélange des classes sociales et des races pour la vigueur hybride. Cela n'était cependant pas de l'avis de certain membres de l'institut de France comme Charles Richet.

Lois eugénistes

L’influence du mouvement eugéniste sur la législation s’est traduite dans trois domaines principaux : la mise en place de programmes de stérilisations contraintes, le durcissement de l’encadrement juridique du mariage et la restriction de l’immigration, qui constitue un de ses principaux champs d’intervention aux États-Unis.

Programmes de stérilisation contrainte

Pays occidentaux

Le premier pays à adopter une législation eugéniste fut les États-Unis où ce type de dispositions relève de la compétence des états. En 1907, l’État d’Indiana autorise la stérilisation de certains types de criminels et de malades. Il est suivi en 1909 par la Californie, le Connecticut et l’État de Washington. En 1917, quinze États avaient voté des dispositifs de ce type ; ils étaient trente-trois en 1950. Les criminels récidivistes, les violeurs, divers types de malades — les épileptiques, les malades mentaux, les idiots — et parfois les alcooliques et les toxicomanes étaient visés par ces lois de stérilisation.

Pendant l’entre-deux-guerres, plusieurs États européens votent à leur tour des textes similaires : la Suisse en 1928, le Danemark en 1929, la Norvège et l’Allemagne en 1934, la Finlande et la Suède en 1935, l'Estonie en 1937. La plupart des pays protestants furent touchés, à l'exception notable de la Grande-Bretagne, où cette revendication fut toutefois portée par une partie du mouvement eugéniste.

Allemagne nazie

Affiche publicitaire pour la revue nazie Neues Volk (Nouveau Peuple), qui prônait l'eugénisme et l'euthanasie.
« 60 000 Reichsmark, c'est ce que cette personne souffrant de maladie congénitale coûte à la communauté durant toute sa vie. Lisez Neues Volk, la revue mensuelle de l'Office des politiques raciales du NSDAP. »

Avant même l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir, une majorité de scientifiques et une large partie de la classe politique allemande étaient favorables à l’eugénisme. Une politique eugéniste propre à l'Allemagne nazie, qui s’insère dans un programme plus vaste que l’on peut qualifier d’« eugénico-raciste » est mise en place dès 1933. Basée sur des techniques à prétention scientifiques et organisée par l'administration, elle est définie par un ensemble de lois et de décrets dont les objectifs consistent :

  • d'une part à favoriser la fécondité des humains considérés comme supérieurs (politique nataliste, soutien familial, pouponnières, lebensborn ...) ;
  • d'autre part à prévenir la reproduction des humains considérés comme comme inférieurs et socialement indésirables (les criminels, handicapés physiques ou mentaux, homosexuels, sourds et aveugles de naissance,alcooliques sévères etc.) ou racialement « impurs » (Juifs, Tziganes, Noirs ou Slaves) ;
  • tous les patients hospitalisés depuis au moins cinq ans.

L'Allemagne a ainsi durci la législation contre l’avortement pour les femmes considérées comme supérieures, alors que dans le même temps la circulaire secrète de 1934 aux Offices de la santé du peuple autorisait l'avortement pour les femmes si une « descendance héréditairement malade » était considérée comme prévisible. Le décret secret du 19 novembre 1940 a été plus loin en rendant obligatoire l'avortement pour les femmes « inférieures ».

La loi du 14 juillet 1933 portant sur la stérilisation eugénique est rédigée à l'aide de la participation active du médecin et haut fonctionnaire Arthur Gütt, du juriste Falk Ruttke et du psychiatre suisse Ernst Rüdin. Cette loi qui entre en vigueur le 1er janvier 1934 impose la stérilisation obligatoire pour les malades atteints de neuf maladies considérées comme héréditaires ou congénitales (cécité, alcoolisme, schizophrénie, ...). Ces stérilisations ont fait l'objet d'un quasi consensus dans la communauté médicale allemande. On estime qu’environ 400 000 personnes ont été stérilisées entre 1934 et 1945, en incluant les territoires annexés par l’Allemagne après 1937 où la loi fut aussi appliquée.

L'homosexualité, considérée par le pouvoir nazi et la très grande majorité des médecins et psychiatres de l’époque comme une « dégénérescence pathologique héréditaire », a fait l’objet d’une législation spécifique. L'Allemagne eugéniste proposait aux homosexuels le choix entre la castration volontaire ou la détention en camps de concentration.

D'autres pratiques ont été utilisées pour éliminer les personnes indésirables : camps de concentration pour les alcooliques, criminels, délinquants, asociaux divers, castration des criminels homosexuels, stérilisation des enfants métis nés de mères allemandes et pères africains, indochinois de l'armée française, extermination des tsiganes et des juifs.

Suède

La Suède a maintenu un programme eugéniste de 1936 à 1976. On estime que près de 63 000 personnes ont été stérilisées durant les quarante années de ce programme. Les femmes ayant purgé une peine de prison, les alcooliques, les malades mentaux, les « socialement inadaptés » et ceux qui étaient de différentes races étaient en particulier visé

Asie

Japon Showa

Lors de la phase de l'expansionnisme du Japon Showa, les gouvernements nippons successifs mirent en place des mesures visant la stérilisation des handicapés mentaux et des « déviants », dont notamment une Loi nationale sur l'Eugénisme, promulguée en 1940 par le gouvernement Konoe.

En vertu de la Loi Eugénique de Protection (1948), la stérilisation pouvait être imposée aux criminels « avec des prédispositions génétiques au crime », aux patients souffrant de maladies génétiques comme l'hémophilie, l'albinisme, l'Ichtyose, et de maladies mentales comme la schizophrenie, la maniaco-dépression et l'épilepsie.

D'autre part, les Lois sur la Prévention de la Lèpre de 1907, 1931 et 1953, la dernière n'étant abolie qu'en 1996, permettaient l'internement des malades dans des sanatoriums où l'avortement et la stérilisation étaient monnaie courante, en raison notamment du fait que bon nombre de scientifiques nippons soutenaient que la constitution physique prédisposant à la lèpre était héréditaire. En vertu de l'ordonnance coloniale coréenne de prévention de la lèpre, les malades coréens pouvaient aussi être soumis à des travaux forcés.

Corée du Nord

Selon le rapport publié en avril 2009 par l'Institut coréen pour l'unification nationale, le gouvernement de la Corée du Nord pratique également l'eugénisme : les nains devaient subir une vasectomie et être mis en quarantaine et dans les années 1980, des opérations contraceptives se pratiquaient aussi sur des femmes de moins de 1,50 mètre.

Chine

Des pays comme la Chine ont lancé depuis le milieu des années 1990 une politique d'eugénisme franchement affirmée visant à favoriser les naissances dans les milieux urbains aisés et à les limiter dans les milieux ruraux défavorisés. Les experts locaux ont précisé que « des ressources humaines de qualité » étaient nécessaires à la modernisation du pays mais que les tendances présentes laissaient présager une « qualité de population moindre » ».

Cette politique mise en place par les autorités chinoises dans les années 1970, répondait au risque de voir le pays sombrer dans une catastrophe démographique. En trois décennies, la population fut réduite de quatre cents millions d'individus. D'autre part, et à la différence de beaucoup de pays occidentaux, la RPC autorisa les minorités ethniques vivant en Chine de pouvoir avoir, elles, deux enfants par femme. Ce n'est pas dans les villes, mais plutôt dans les campagnes, avec l'introduction du libéralisme et du besoin croissant de bras, pour le paysan indépendant, que cette loi, fut le plus souvent contournée.

Singapour

Singapour a mis en œuvre dans la première moitié des années 1980 une politique incitative visant à favoriser les naissances dans les milieux aisés et à les limiter dans les milieux modestes. En 1983, le Graduate Mums Scheme entend favoriser la fertilité des femmes diplômées, notamment par le biais de réduction d’impôts au-delà du troisième enfant. Ce premier dispositif s’est accompagné en 1984 d’une politique d’incitation à la stérilisation pour les femmes de moins de 30 ans dont le revenu est inférieur à 1500 dollars, sous la forme d’une prime de 10 000 dollars. Fortement critiqué, le Graduate Mums Scheme a été abandonné en 1985, tandis que le second volet de cette politique n’a jamais rencontré d’échos significatifs auprès de la population.

Les législations concernant le mariage

Aux États-Unis, l’influence du mouvement eugéniste a aussi conduit à une évolution de la législation concernant le mariage dans une trentaine d'États : les nouvelles lois annulaient le mariage des idiots ou des malades mentaux et restreignaient le droit au mariage des individus atteints de maladie vénériennes, parfois même des alcooliques comme dans l’Indiana.

Le contrôle des mariages fut un des terrains d’intervention principaux des eugénistes français. L’examen prénuptial, institué par le régime de Vichy avec la loi du 16 décembre 1942, est la seule disposition juridique française s’étant explicitement réclamé d’un objectif « eugénique ». Il est resté obligatoire jusqu’au 1er janvier 2008.

Législation contemporaine en France

En France, la question de l'eugénisme est traitée par le code pénal, dans le Sous-titre II du Titre I du Livre II, intitulée « Des crimes contre l'espèce humaine » :

  • Article L 214-1 : « Le fait de mettre en œuvre une pratique eugénique tendant à l’organisation de la sélection des personnes est puni de trente ans de réclusion criminelle et de 7 500 000 euros d’amende ».
  • Article L 214-3 : « Cette peine est portée à la réclusion criminelle à perpétuité et de 7 500 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises en bande organisée »

L'eugénisme est plus solennellement encore, réprouvé par le Code civil en son article 16-4 : " Nul ne peut porter atteinte à l'intégrité de l'espèce humaine. Toute pratique eugénique tendant à l'organisation de la sélection des personnes est interdite"

À l'Assemblée nationale, le scrutin n°167 sur l’ensemble du projet de loi relatif à la bioéthique, a été adopté avec modifications en deuxième lecture séance du mardi 8 juin 2004 (310 votants, 304 suffrages exprimés, 187 pour, 117 contre).


Cependant, aussi claire qu'elle paraisse, la position française est en pratique bien plus ambiguë, si on considère les obligations de dépistage (visites prénatales obligatoires) et les facilités légales ainsi que l'encouragement à l'avortement lorsque l'enfant à naître présente des malformations. Dans le cas du dépistage pré-natal de la trisomie 21, il s'agit clairement d'un eugénisme « négatif » (par élimination).

Débats contemporains

Anthropométrie

Le discrédit porté sur l’eugénisme à la suite des politiques mises en œuvre notamment par le régime nazi, est à l’origine de deux positions, que l’on peut qualifier avec Jean-Paul Thomas de « continuistes » et de « discontinuistes ».

Pour les continuistes, l’issue logique d’une perspective eugéniste est illustrée par l’Histoire et les crimes commis par le régime nazi au nom des principes de cette doctrine. Les fondements mêmes de l’eugénisme, en particulier ses présupposés héréditaristes et scientistes, contiennent en germe des éléments qui conduisent nécessairement à des développements contraires aux lois de la morale. Les discontinuistes affirment au contraire qu’une position eugéniste, encadrée par des dispositions morales et juridiques suffisantes, peut signifier un progrès pour l’humanité.

Selon ses défenseurs l'eugénisme visait à assurer une humanité plus adaptée, donc en principe plus heureuse. Ce n'est donc pas sa fin en elle-même qui a été critiquable, mais bien souvent les moyens choisis. Si le diabète, l'hémophilie et d'autres maladies héréditaires venaient à être éliminées par thérapie génique, tout le monde en serait ravi ; cette forme d'eugénisme ne pose pas les difficultés de sa variante du XIXe et XXe siècles, périodes où les moyens utilisés avaient dépassé les bornes autorisées par nos propres valeurs.

Mais quid de l'orientation à choisir, même par des moyens licites ?

  • Au XVIIIe siècle, on aurait pu vouloir favoriser l'émergence d'hommes robustes capables surtout d'une grande endurance pour devenir portefaix ou travailleurs de force. La machine à vapeur permit de faire mieux pour dix fois moins cher, les réduisant au chômage et peut-être à l'inanition. L'eugénisme aurait ici augmenté le nombre des inadaptés.
  • Le XIXe siècle aurait favorisé sans doute l'apparition d'un autre type d'humain : l'employé aux écritures à la mode de Dickens, capable d'additionner douze heures par jour de longues colonnes de chiffres sans se fatiguer ni se tromper. Quel emploi la deuxième moitié du XXe siècle, où un ordinateur faisait le même travail pour juste quelques centimes et en un temps bien plus court, aurait-elle pu trouver pour un type d'homme n'ayant que ces qualités-là à offrir ? L'eugénisme aurait là encore augmenté le nombre des inadaptés.
  • La deuxième moitié du XXe siècle demandait beaucoup d'employés de guichet. Au XXIe siècle, une très grande partie de leur travail est effectuée 24 heures sur 24 et pour bien moins cher par des serveurs Internet.

« Nous devons éviter que nos jolis objectifs deviennent les geôliers de nos enfants », disait Myron Tribus (« We should ensure that our goals do not become their gaols », avec un jeu de mots entre goals/buts et gaols/geoles) en citant ces trois exemples.

Bien plus que les moyens employés, qui peuvent dans certains cas être irréprochables, c'est probablement là que se trouve la principale impasse de l'eugénisme. Même lorsque celui-ci s'attache à autre chose qu'à la simple élimination - en observant une stricte éthique - des maladies héréditaires. Car, dans certains cas particuliers, ce qui est une maladie peut être, aussi, un facteur de survie : que l'on repense par exemple à la célèbre drépanocytose, maladie héréditaire qui permet de résister au paludisme.

La variété et le nombre (la biodiversité) représentent autant d'opportunités possibles d'adaptation des systèmes vivants à des conditions futures inconnues, et donc à la survie de l'espèce. L'élimination systématique de tous les caractères jugés handicapants ou superflus à un moment donné pourrait parfaitement abréger la durée de vie d'une lignée... Les sélectionneurs de races animales, qui le savent, prennent soin de conserver (sous forme de paillettes de sperme congelées, par exemple, ou sous forme d'information : c'est l'un des enjeux du séquençage génétique) les caractères que par ailleurs ils éliminent dans les animaux de production. Ils savent qu'un demi-siècle peut s'intéresser à la seule quantité, et par exemple le demi-siècle suivant au contraire à des qualités gustatives, etc.

Mais grâce à cet exemple, on peut considérer qu'il suffirait de conserver certains caractères, tout en les supprimant de l'humanité présente, pour les réintroduire à l'avenir si le besoin s'en faisait sentir. Une telle pratique eugénique permettrait à l'humanité de maîtriser son adaptabilité et son évolution. Les auteurs de science-fiction et de politique-fiction s'interrogent néanmoins sur le sens que les eugénistes donnent au mot « bénéfique » : pour les individus, ou simplement pour l'État ?.

Sparte

Il a été longtemps soutenu qu'à Sparte l'eugénisme ait longtemps été pratiqué. Les enfants nés malades ou faibles auraient été tués dès la naissance ainsi que les handicapés mentaux et physiques. De cette manière, seuls les plus « forts » auraient subsisté et auraient pu se reproduire.

De récentes fouilles archéologiques contredisent cette légende rapportées par de rares et imprécises sources antiques. En effet, après l'analyse les ossements trouvés dans le gouffre des Apothètes, il a été conclu que seuls des restes d'adolescents et d'adultes ont été recueillis.

L'Église catholique

L'Église combat avec fermeté toute doctrine eugénique. L'eugénisme va à l'encontre des dogmes moraux transcendants et providentielles de l'église chrétienne. Elle s'est notamment exprimée à ce sujet lors de la conférence des chrétiens d'Europe à Gniezno en Pologne.

Les pays à dominante catholique, même fascistes comme quelque temps l'Espagne, le Portugal ou l'Italie ne pratiquèrent pas l'eugénisme.

Les pays à dominante protestante (scandinaves et germaniques) y cédèrent. Et, l'Angleterre vit des débats animés sur la question, pour en fin de compte ne pas adopter de politique eugéniste malgré l'insistance de Wells contre le spencérisme (la non intervention de l'état sur les "tares" de la société), le racisme, le colonialisme qui domine en politique et qui pèse sur la société et ces membres.

Néandertal

Les caractéristiques de l'homme de Néandertal auraient pu sans doute ne pas intéresser des eugénistes du XIXème siècle. Une étude génétique de 2010 sur son léger métissage avec les Cro-Magnon du continent européen (mais pas du continent africain), conduite par l'Institut Max Planck de Leipzig, suggère cependant que ce capital peut avoir apporté une petite touche originale aux populations d'Europe. Certains sites Internet ont mentionné cette étude en termes sensiblement moins scientifiques.

 

 

 

 

 

 

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16 octobre 2012

les vies antérieures............

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Avant, j'étais comme beaucoup de gens : je connaissais bien ces impressions fugitives de déjà-vu, un lieu inconnu et pourtant étrangement familier, un visage ou un regard qui nous happe singulièrement... mais la chose à vrai dire me laissait sceptique. Ces soit disant existences passées, pourquoi n'en garde-t-on aucun souvenir, qu'est-ce que c'est que ces élucubrations ?

Mais depuis, bien des choses on changé, ma compréhension s'est élargie, et je propose ici de partager le fruit de mes découvertes. Voici quelques infos à retenir !

 

Le phénomène des vie antérieures me paraît complètement valide et agissant et il s'est avéré être une excellente 'terra incognita' à explorer. Il me paraît aussi être extraordinairement complexe, et je suis sans doute loin d'en avoir saisi toutes les lois.

 

Cependant, voici quelques pistes pour partir à la recherche de nos vies antérieures :

1. S'observer sois-même et faire marcher son imagination. Partir du principe que toute notre personne est totalement imprégnée par la sommes de toutes ces vies vécues et que cela explique bien des facettes de notre 'caractère'.

Voici des exemples vraiment pèle mêle, mais c'est l'idée :

  • *être particulièrement doué pour un métier, un art, un sport, un instrument de musique, une matière intellectuelle... = avoir eu ses potentialité déjà actives dans une ou plusieurs vies précédentes ce qui fait qu'on a des 'facilités'.
  • *Se sentir décidément bien dans certains types de lieu ou d'ambiance, spontanément et sans raison particulière : avoir eu des moments heureux dans de tels lieux ou lors de circonstances analogues dans des existences antérieures
  • *Aimer de suite ou détester de suite une personne, sans aucune raison valable, c'est plus fort que tout = on a effectivement connu ces personnes, et souvent pour un grand nombre d'incarnations, et on est un peu dans le cas de figure : ami ou ennemi ?
  • *Avoir des peurs infondées et tenaces de choses et d'autres, bestioles, armes, situations critiques, et même sur des manières de mourir = on a effectivement vécu de tels moments sombres et douloureux qui ont encore des échos en nous.
  • *Apprécier telle époque historique plutôt qu'une autre, se sentir attiré par une période du passé proche ou lointain : certitude qu'on y a effectivement vécu.

Cette phase initiale est un puits sans fond, et sera toujours pleine de surprises !

2. Observer son environnement : prendre conscience qu'on a totalement choisi notre vie présente et sa configuration. Voir en quoi le choix de la parenté peut être parlant, par exemple être le reflet du parent que nous avons été dans d'autres existences. De même, l'enfant, l'amoureux, le conjoint, le meilleur ami, le collègue de travail et même parfois le voisin de palier ou la boulangère du coin : grande probabilité qu'on ai connu tous ces gens dans d'autres vies, avec des configurations multiples et d'une immense variété. Bref, on s'incarne souvent 'par paquet' sur de longs cycles d'existences, alors, on se croise en permanence ! Ainsi se tisse le karma...

3. Observer ses rêves. C'est bon signe de rêver. Si tu ne rêves jamais, alors, demande de faire un rêve. Si le rêve qui viendra alors est un rêve sombre et flippant = a priori, c'est qu'on est coincé dans une expérience traumatique vécu réellement lors d'une récente vie. La bonne nouvelle c'est qu'on peut passer cet obstacle sitôt qu'on en est conscient. Si les rêves sont bien fournis, observer des trames de vies antérieures dispersées ça et là parfois jusque dans des petits détails. Les rêves sont à mon sens une excellente source de traces des vies passées et pourquoi pas futures !

4. Provoquer le destin et demander d'avoir des pistes de ses vies antérieures, à travers des signes apparaissant dans la vie quotidienne. On serait surpris de voir comment ça marche bien si on le veut vraiment, si on ose réellement demander de tels signes. Un exemple perso juste pour illustrer l'idée : penser et sentir qu'on a pu être asiatique dans une ou plusieurs autres vies et voir à ce moment là dans sa vie actuelle pleins de synchronicités avec l'Asie, la Chine, des asiats... ça n’arrête pas !

5. Ne pas hésiter à utiliser l'hypnose et tenter (entre autre) des régressions dans ce passé oublié : un bon hypnothérapeute est un allié très utile !

6. Quelques rares personnes sur cette terre ont eu un phénomène très particulier : ils revivent de façon consciente l'intégralité de leur vies antérieures. Ils revivent mille morts mais cela leur ouvre la porte de la nature multidimensionnelle de l'être humain. Nous sommes tous des bouddhas en puissance !: )

7. Ne pas être étonné si on abouti à la conclusion qu'on a pu s'incarner sur une autre planète, c'est en effet extrêmement fréquent. La planète Terre est loin d'être le 5 étoiles de l'Univers !

 Aujourd'hui je vous propose de partir à la recherche de vous-même au travers ce formidable outil qu'est la mémoire de notre âme.
Retrouver ses vies antérieures n'est pas facile. En-dehors des cas où il nous est nécessaire de revoir certaines choses, le voile qui couvre nos souvenirs reste souvent si bien en place qu'on croirait une barrière.
Eh bien, il arrive qu'effectivement certains souvenirs ne puissent nous être accessibles en raison de leur nature. Ils pourraient nous blesser plutôt que de nous aider à avancer.
Ce n'est évidemment pas ce type de souvenirs que je me propose de vous aider à récupérer. Le rituel que je mets à votre disposition ici est doux et sans danger car il n'a pas vocation à briser les barrières protectrices imposées par l'âme.
Vous ne retrouverez que des éléments qui vous permetrront de comprendre votre cheminement actuel de manière à pouvoir dénouer certains blocages énergétiques, et ainsi avancer plus facilement. Car il n'est pas nécessaire selon moi de passer son temps à souffrir de répéter inlassablement les mêmes schémas sans comprendre pourquoi, quel est l'enseignement qu'il nous faut tirer d'une situation.
Moi par exemple je fais partie des personnes qui ont pris des engagements avant de s'incarner. Si je n'avais pas été aidé par mon âme dans la compréhension de ceci, je serais encore à me poser bien des questions sur certains plans de ma vie actuelle. Mais je dois ajouter une chose, j'ai également reçu de l'aide pour décrypter certains messages. Et si tout le monde peut en recevoir, tout le monde ne le perçoit pas de manière directe, comme moi qui communique avec mon guide spirituel par exemple.
Aussi, voilà un moyen d'obtenir une information et surtout ensuite, la compréhension de celle-ci.

[i][b]Vous aurez besoin d'encens de rose ou de jasmin, de cristal de roche et d'une belle obsidienne noire ( pas toute petite ! ).
Le rituel se fait en trois temps. Tout d'abord, il faut vous mettre en condition, vous préparer spirituellement à vous ouvrir à votre âme. Ceux d'entre vous dont le canal interne est ouvert n'auront pas de difficulté, pour les autres, il faudra peut-être s'y reprendre à plusieurs fois.
Ensuite, il vous faudra vous habituer à recevoir des informations que vous n'aurez pas forcément demandées. Vous ne verrez pas ce que vous voudrez. Seulement ce dont vous aurez besoin et puisque le canal vers votre mémoire sera ouvert, votre âme en profitera pour vous obliger à faire quelques réajustements dans votre vie actuelle en mettant l'accent sur certaines de vos erreurs passées de cette présente existence.
Enfin, une fois que ce travail préparatoire sera achevé, et si vous le désirez encore, vous pourrez vous mettre en condition pour la réception.


Vous le voyez donc, ce n'est pas léger. C'est sans danger pourtant, mais la vérité est qu'il faut élever son taux vibratoire pour réaliser une telle opération. Alors il vaut mieux le faire bien. Je vous conseille de bien respecter chaque étape.
Au moment que vous jugerez le plus opportun, faîtes brûler l'encens de rose ( de préférence mais il s'agit d'en trouver ) ou de jasmin. Placez-vous ( allongé ou assis, comme vous voudrez mais assis serait mieux ) non loin de l'encensoir et fermez-les yeux.
Demandez à la Déesse de vous bénir et de vous protéger tandis que les vapeurs d'encens emplissent doucement la pièce. Faîtes-lui part de votre désir de vous comprendre mieux vous-même, de vous connaître et demandez-lui de vous aider à vous connecter à votre âme.
Ensuite, restez ainsi, les yeux fermés et laissez les images ou les idées défiler dans votre tête. Quand vous en aurez envie, ouvrez les yeux, quittez la pièce, mais laissez l'encens brûler, se consumer ( sauf si vous devez quitter la maison, on est d'accord ! ).
Le lendemain, munissez-vous du cristal de roche ( vous pouvez en utiliser jusqu'à trois si vous le souhaitez ) et allongez-vous. Gardez la ou les pierres en main. Il est temps de méditer. Vous allez vous concentrer sur le premier souci qui vous viendra en tête et rester dessus jusqu'à ce qu'il vous paraisse finalement moins énorme et complexe que vous ne le voyez.
A ce moment-là, respirez un bon coup, les yeux toujours clos, et visualisez une belle boule de lumière blanche ou sombre, faîtes selon ce que vous préférez ( ça viendra tout seul ) et regardez-la vous absorber. Mais tout va bien, vous n'avez pas de crainte. D'ailleurs, vous vous sentez bien. Restez ainsi le temps que vous voudrez, vous saurez quand rouvrir les yeux. Tout se sera dissipé alors, dans la douceur et au sortir de cette étape, vous aurez la sensation d'avoir fait une sieste.
Si vous n'êtes pas parvenu à vous laisser absorber par la boule de lumière, recommencer le lendemain ou le jour d'après. Mais pas tout de suite. Il vous faut encore un peu de préparation. Vous pouvez alors répéter la première étape sans restez devant l'encensoir cette fois. Laissez simplement l'encens se consumer tandis que vous évoluerez dans la maison. 


Si tout s'est bien déroulé, le lendemain, munissez-vous de l'obsidienne. Pas mouchetée, ( trop faible ) pas oeil céleste ou arc-en-ciel, ( trop puissante ) mais noire !
Allongez-vous une nouvelle fois et gardez la pierre bien en main. D'entrée, vous saurez si vous êtes à l'aise ou pas. Si ce n'est pas le cas, arrêtez là. C'est que vous n'êtes pas prêt, il vaut mieux attendre encore trois jours, sans nouvelle préparation, pour poursuivre le rituel.
Si tout va bien, fermez les yeux et faîtes le vide de votre esprit. Prenez le temps qu'il faut. Quand vous y serez parvenu, vous ressentirez un bien-être intérieur, une plénitude qui vous indiquera que vous êtes parvenu à vous rapprocher du Coeur de votre Etre. Quand vous le souhaiterez, ouvrez les yeux.
Dans les jours qui suivront, vous devriez retrouver vos premiers souvenirs. Vous serez également amené à comprendre pourquoi ceux-là et surtout ce que vous pouvez en tirer pour comprendre votre situation actuelle.
Par contre, le canal ouvert ne se refermera pas. Vous resterez en contact avec votre âme, ce qui est plutôt une bonne chose.

 

http://www.clairvision.org/francais/regression-therapie-des-vies-anterieures-pour-une-liberation-ici-et-maintenant.html

un lien a étudier et a lire pour s'informer......je vous met ici un court extrait mais je vous invite a lire et étudier le texte complet .....

 

CHAPITRE 8

SE SOUVENIR DE SES VIES ANTÉRIEURES

8.1 Pourquoi ne se souvient-on pas de ses vies antérieures?

Avant d'examiner le mécanisme au moyen duquel il est possible de se souvenir de ses vies antérieures, examinons les raisons pour lesquelles la plupart des gens, dans les circonstances normales, sont incapables de s'en souvenir.

Il faut tout d'abord rappeler que la plupart des gens sont incapables de se souvenir de leurs rêves. Comment dans ces conditions pourrait-on attendre d'eux qu'ils soient capables de se souvenir de leurs vies antérieures? Fondamentalement, les raisons de cette incapacité sont les mêmes. Pour nous permettre de bien comprendre cette situation, récapitulons quelques détails d'anatomie subtile – la connaissance des corps subtils qui constituent l'être humain dans sa totalité.

 

    1. Chacun est familier avec le corps physique – celui que les chirurgiens peuvent ouvrir et couper. Comme il est constitué par les nourritures que nous absorbons, la tradition védantique l'a appelé anna–maya–kośa 'l'enveloppe-faite-de-nourriture'. 

 

    1. Au-delà du corps physique, se trouve le corps éthérique, constitué d'énergie vitale qui est le Qi de la médecine chinoise traditionnelle, et le prāṇa de la littérature sanskrite. Ceci explique le nom prāṇa–maya–kośa 'enveloppe faite de prāṇa' donné à cette couche dans les Védanta. Exactement comme l'eau imprègne une éponge, l'enveloppe de prāṇa ou corps éthérique, pénètre en totalité le corps physique. il s'étend d'ailleurs un peu au-delà des limites de ce corps physique.

 

Tant que vous êtes en vie, vos corps physiques et éthériques ne se séparent jamais. Il est par conséquent possible de considérer les deux comme formant une seule et même structure, que, pour notre propos, nous avons nommé le 'complexe inférieur'.

 

    1. Au-delà des corps physique et éthérique se trouve le corps astral, la couche de mental/manas ou esprit réagissant, dans laquelle se trouvent localisées nos émotions et la plupart de nos pensées. Comme nous l'avons vu précédemment, les samskaras ont leur siège dans le corps astral.

 

 

    1. L'Ego est au centre de tous les autres corps. Dans un stade ultérieur, lorsque je traiterai des processus alchimiques plus avancés je serais conduit à distinguer clairement l'Ego, le Moi et L'Esprit. Mais dans le contexte de ce livre, ces distinctions ne se révèleraient pas d'une grande utilité. Aussi, pour simplifier, nous pourrons considérer que les mots Ego (ou Ego supérieur), Moi (ou Moi supérieur) et Esprit sont en fait des synonymes et se réfèrent à la flamme immortelle qui est le centre de l'être humain.

 

Il est important de noter que le corps astral et l'Ego sont étroitement liés. On pourrait même dire que l'Ego est enchevêtré dans le tissu du corps astral. C'est pourquoi, lorsque vous fermez les yeux, à moins d'avoir suivi un cheminement d'évolution spirituelle, vous n'êtes pas capable de distinguer ce qui dans votre conscience vient du mental et ce qui appartient au Moi supérieur. Vous pouvez savoir, au moyen de votre intellect, que vous avez un Moi supérieur et que ce Moi est le support de votre conscience, comme un écran blanc sur lequel différents films sont projetés. Mais en pratique, le Moi est masqué par le mental/manas de telle sorte qu'il vous est impossible de vous connecter directement à sa lumière. Par conséquent, le premier objectif d'un cheminement spirituel est de séparer le Moi du corps astral.

Aussi longtemps que ceci ne se produira pas, pour citer une comparaison que l'on trouve souvent dans la littérature sanskrite, les deux restent mélangés comme l'eau et le lait dans le même verre. En conséquence, nous pouvons simplifier notre structure à quatre étages en la coupant en deux.

  • Un complexe supérieur [A], constitué du corps astral [2]et du Moi (Ego) [1], qui ne se sépareront pas tant que vous n'aurez pas 'trouvé votre Moi véritable (Ego)'

  • Un complexe inférieur [B], composé du corps éthérique [3] et du corps physique [4], qui ne se sépareront pas, tant que vous serez vivant.



8.2 Plein de trous comme une passoire ou une meule de gruyère

Qu'arrive-t-il quand vous dormez? Le complexe inférieur(corps physique + corps éthérique) restent dans votre lit pendant que le complexe supérieur (corps astral + Moi) s'en vont et voyagent dans différentes sphères. Les deux complexes restent reliés entre eux par ce que certains ouvrages ésotériques désignent sous le nom de corde d'argent. Ainsi, l'éveil et le sommeil correspondent à deux directions différentes prises par le corps astral. Pendant le jour, le corps astral connaît le monde physique par l'intermédiaire des sens du corps physique. Pendant la nuit, il se retire du corps physique et dirige ses activités en direction des différents mondes astraux avec, comme résultat, les rêves et autres états de conscience profonde. Quand il est temps de se réveiller, le corps astral quitte la sphère astrale et réintègre le corps physique.

La raison pour laquelle nous ne nous souvenons que difficilement de nos rêves et autres activités astrales nocturnes, c'est que dans le stade actuel du développement de l'être humain, le corps astral fuit comme une passoire. Il est plein de trous, comme une meule de gruyère. Pire encore, les ponts de communication entre le complexe inférieur (corps physique + corps éthérique) et le corps astral ne sont pas développés correctement. Aussi, même si le corps astral pouvait retenir quelque chose de ses expériences nocturnes, les souvenirs correspondants n'auraient que peu de chances de se frayer un chemin jusqu'à votre conscience éveillée.

Dans sa situation actuelle, le corps astral manque douloureusement de structure et encore plus d'unité. Il apparaît comme un tas de pièces détachées mal assorties. On pourrait le comparer à un puzzle dont les pièces ne s'adapteraient pas les unes aux autres. Chaque pièce du puzzle a ses propres samskaras et ses propres émotions, ses goûts et ses dégoûts. Chaque pièce correspond à une facette différente de votre personnalité. En termes de vies antérieures, chacune de ces pièces a été ajoutée à une période différente de votre passé, sous l'influence d'expériences intervenues dans des vies différentes.

En pratique, cela signifie qu'en tant qu'être psychologique, vous êtes composé de parties différentes ayant chacune son goût propre, son propre passé et ses propres désirs. Par exemple, une part de vous-même peut aimer la lecture d'ouvrages concernant la spiritualité alors qu'une autre partie est particulièrement attirée par les jeux de hasard et les paris sur les courses de chevaux et qu'une troisième aspire à des voyages autour du monde. Chacune de ces parties est l'un des multiples 'traits de caractère' qui constituent votre personnalité. Le terme 'caractère' est tout à fait approprié. En ancien grec, il signifiait une marque imprimée, gravée ou estampillée sur une pièce de monnaie ou un sceau. On parle également de caractère d'imprimerie. Cela correspond parfaitement au mécanisme que nous avons décrit concernant les samskaras. Dans ce contexte, nous pourrions définir un caractère comme une armée de samskaras imprimés sur une certaine partie du corps astral et s'efforçant chacun de satisfaire à tout prix ses propres désirs en fonction de son existence passée.

Le drame de l'existence est que chacun de ces samskaras travaille de façon purement égoïste et ne se préoccupe pas du tout de ce que veulent les autres parties. Par exemple, la partie qui adore les jeux de hasard et les paris se moque complètement de la sagesse décrite dans les livres que votre caractère spirituel accumule avec délice. Aussi, l'interaction de ces différents caractères va souvent vous mettre dans des situations douloureusement contradictoires. Chacun de ces caractères est comme un dictateur potentiel qui a pour seul objectif de s'emparer de votre vie et de la transformer en fonction de ses propres goûts et dégoûts. Par exemple, le 'lecteur' qui est en vous ne pensera qu'à transformer votre maison en une gigantesque librairie alors que le 'joueur' adorerait vous voir obtenir un job en tant que reporter sportif. Le seul intérêt commun partagé par chacun de ces caractères est d'annexer votre Moi autant que possible parce que si votre Moi devait reprendre les rênes, cela signifierait pour eux la fin de tout espoir de suprématie. En conséquence, la réalité sur la vie de la plupart des gens est que le Moi est anesthésié et maintenu endormi dans un coin pendant que des caractères différents se battent sauvagement pour acquérir la souveraineté et la direction des opérations.

8.3 La mosaïque explosée.

Qu'arrive-t-il à votre mort? Le complexe supérieur (corps astral + Ego) se sépare du complexe inférieur (corps physique + corps éthérique) exactement comme lorsque vous vous endormez. Mais, cette fois, la corde d'argent est brisée, et le complexe inférieur est abandonné. Le corps physique commence à se désagréger et le corps éthérique se désintègre dans les couches éthériques de la planète. Il serait inexact de croire que le complexe supérieur va s'en aller et voyager dans les mondes spirituels et revenir exactement dans le même état pour une nouvelle incarnation, après un brin de toilette et quelques améliorations effectuées par les anges.



La situation réelle est dramatiquement différente. Quand la plupart des gens meurent, leur corps astral est gagné par le chaos à cause du manque d'unité précédemment décrite. La multiplicité des caractères n'est pas seulement fonctionnelle, elle reflète le fait que la structure du corps astral est une mosaïque ou une collection de pièces qui sont artificiellement maintenues ensemble tant que vous êtes en vie. Quand vient l'heure de la mort, l'illusion d'unité se dissipe. La façade de la personnalité se lézarde et le corps astral montre ce qu'il est en réalité – une mosaïque explosée.

Pratiquement, cela signifie qu'aussitôt après que la corde d'argent ait été brisée, la plupart des composants du corps astral vont s'envoler chacun dans une direction, comme les oiseaux s'échappent lorsque vous ouvrez la cage.

Pour la personne qui vient juste de mourir, c'est une expérience extrêmement dramatique. Imaginez-vous, mort, flottant dans l'espace astral de couleur pourpre. Vous pouvez voir votre 'amateur de lectures' qui s'éloigne de vous dans une direction alors que le 'flambeur, habitué des champs de course' s'enfuit en direction opposée et que la part de vous-même qui peut s'exprimer en japonais s'enfuit dans une troisième direction. Vous êtes littéralement décapé, démembré. Les parties de vous-même qui étaient tournées vers la joie, la sexualité et les désirs s'en vont vers le monde vital, pendant que les aspects mentaux partent pour le monde mental – et que vous reste-t-il? Votre Ego ou Moi supérieur, avec quelques lambeaux de corps astral. Alors l'Ego ainsi dépouillé peut commencer son voyage au pays des Esprits.

Ceci éclaire ce que Gurdjieff voulait dire quand il déclarait que, pour la grande majorité des êtres humains, cela n'a aucun sens de parler de réincarnation, tout simplement parce qu'ils n'ont pas de corps astral. Plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent des êtres humains ont un corps astral qui n'est rien de plus qu'un vol de papillons. Il va de soi que ces gens vont pourtant se réincarner, mais qu'est-ce qui va se réincarner? Leur Moi supérieur, c'est à dire justement la part d'eux-mêmes dont ils n'ont jamais réussi à avoir nettement conscience pendant leur vie et qui n'a eu virtuellement aucune part dans leurs activités. Pratiquement tout ce qu'ils avaient l'habitude de considérer comme étant 'eux-mêmes' va se désintégrer et retourner à la poussière astrale. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner s'ils ne sont pas capables de se souvenir de grand chose dans leur prochaine vie puisqu'ils ont perdu la plus grande partie de la substance astrale dans laquelle les impressions de cette vie étaient enregistrées. Gurdjieff résume cette situation de façon sévère en déclarant: «La poussière retourne à la poussière.»

8.4 Le Blanc comme vraie couleur du deuil

Malheureusement, tous les fragments du corps astral ne retournent pas à la poussière astrale. Nombre d'entre eux ont une fâcheuse tendance à rester là où ils sont et à se coller aux êtres humains vivants pour essayer de continuer leurs activités.

L'explosion du corps astral est la raison pour laquelle la coutume traditionnelle des Hindous était de ne porter que des vêtements blancs et d'observer au cours des semaines qui suivent le décès de quelqu'un de leur famille un jeûne partiel en évitant principalement les protéines. Les Hindous considèrent que certaines des parties vitales inférieures du défunt peuvent essayer de s'accrocher comme des parasites à d'autres membres de la famille. Le fait de porter du blanc, la couleur de la pureté et d'éviter la consommation de viande et de céréales est considéré comme un ensemble de mesures protectrices destinées à limiter les possibilités de telles intrusions clandestines. Cette coutume est toujours observée de nos jours, même par la population éduquée de l'Inde.

On peut trouver une théorie similaire dans les coutumes de la Chine ancienne. Il est enseigné que le Po, qui correspond aux parties vitales inférieures de l'être humain reste sur terre après la mort alors que leHun, constitué par les composants les plus spirituels, monte au ciel. Le Po peut même apparaître aux membres de la famille ou aux amis dans les heures ou les jours qui suivent le décès du défunt, comme une effrayante réplique de la personne décédée. Le parallèle avec nombre d'histoires de fantômes est évident. Une analyse détaillée de ces mécanismes peut être trouvée dans mon ouvrage intitulé: Entités, Parasites du Corps d'Énergie.

8.5 Étourderies dues à un manque de présence

Concentrons maintenant notre attention, sur la partie qui n'a pas été annihilée. Le Moi ou Ego étant la flamme éternelle dans un être humain reste intact au cours de cette transition qu'est la mort. La vraie question est évidemment: qu'est-ce qui persiste d'autre? Quels sont les mécanismes par lesquels quelques composants du corps astral sont perdus alors que d'autres restent attachés au Moi et le suivent dans son voyage entre la mort et la prochaine naissance?

La question est importante. En effet, les parties du corps astral qui subsistent et accompagnent le Moi seront le coeur même de votre personnalité dans la prochaine vie. Après la mort, l'Ego passe à travers différentes couches astrales et part ensuite pour le monde des Esprits. Après un séjour dans ces mondes, il retourne sur terre en repassant par les couches astrales. Or, c'est en passant par ces couches astrales, dans son voyage de retour vers la Terre que l'Ego recueille les composants de son corps astral futur. Les parties du corps astral que l'Ego a conservé autour de lui agissent comme un noyau attirant les substances astrales selon leurs propres natures – qui se traduiront dans la vie suivante par des goûts et des dégoûts, aussi bien que par des potentiels émotionnels et mentaux. C'est ainsi, tout ce qui reste attaché à l'Ego après la mort conditionne ce que nous serons dans notre prochaine vie.

Avant de chercher à comprendre comment une certaine mémoire peut subsister dans le noyau central autour de l'Ego, voyons tout d'abord comment la plus grande part a pu être perdue. Lorsqu'ils accomplissent la grande majorité de ce qu'ils font dans leur vie, les gens sont totalement inconscients. Nous avons tendance à effectuer nos activités quotidiennes de façon entièrement mécanique. Nous parlons sans but réel. Nous faisons des choses sans même savoir que nous les faisons. Nous ne sommes pas réellement attentifs à nos actes. Même si nous nous entraînons à être conscient, des portions entières de nos journées peuvent s'écouler avant que nous ne retrouvions le fil de notre conscience. En bref, nous ne vivons pas réellement notre vie, nous la dormons.

En termes de corps subtils, cela signifie que l'Ego ne prend aucune part à ces actions. Les perceptions sensorielles sont reçues dans le corps astral, dans les pièces du puzzle astral. Ensuite, ces pièces réagissent mécaniquement en fonction de leurs goûts et de leurs dégoûts, ce qui signifie de leurs propres samskaras. Les actions réflexes sont accomplies de façon plus ou moins mécanique et l'Ego est court-circuité. Tout reste confiné dans la périphérie de la couche astrale. Rien n'est imprimé dans la proximité de l'Ego, tout simplement parce que l'Ego est absent de l'épisode. Comment l'Ego pourrait-il se souvenir d'un épisode s'il n'y est pas impliqué? C'est là que réside la raison principale du manque de mémoire de L'Esprit: l'inconscience! En termes d'empreinte astrale, il n'y a rien d'autre que de la poussière, qui plus tard, retournera à la poussière.

8.6 Mémoire type 1 – intensité

Il y a pourtant quelques situations dans lesquelles ce schéma de manque de mémoire ne s'applique pas. Supposez que vous vous reposiez sur la berge d'une rivière et que soudain, apparaisse un crocodile, venant de nulle part, qui se jette sur vous. Il est très probable que vous allez devenir super conscient, au moins pour un moment. Imaginez... C'est votre personnalité tout entière qui va se trouver impliquée dans cette situation. Vous êtes totalement présent. Chaque émotion que vous allez ressentir, chaque sensation, chaque perception sera imprimée dans les couches les plus profondes de votre corps astral. Le paroxysme de conscience montre que votre Ego émerge de ses brumes au moins pour un moment. Il y a une irruption de l'Ego dans le monde physique et simultanément un afflux brutal d'informations dans vos couches astrales les plus profondes. Tout un ensemble de perceptions, de sensations et d'émotions sont stockées tout prêt du centre même de votre architecture intérieure. La trace laissée dans votre corps astral par un tel 'package émotionnel' peut en vérité être regardé comme un samskara de première importance. Compte tenu de la profondeur de l'empreinte, toutes les conditions sont réunies pour que vous gardiez avec vous ce fragment de corps astral, pour qu'il reste avec votre Ego, même après le dépouillement intervenant au moment de la mort et pour que vous le rameniez avec vous dans votre prochaine vie.

C'est ainsi que la première catégorie de souvenirs de vie antérieure est constituée par diverses expériences dont la caractéristique commune est l'intensité. Des expériences extrêmement douloureuses peuvent être rangées dans cette catégorie. Chaque fois que vous atteignez un sommet dans la douleur, physique ou émotionnelle, vous devenez automatiquement extrêmement conscient. L'intensité n'est pas d'ailleurs forcément liée à la douleur. Par exemple si, ayant traversé le Pacifique sur un radeau, vous voyez la terre apparaître dans le lointain, ou si vous arrivez soudain à obtenir après des années d'efforts ce que vous recherchiez, l'euphorie du moment vous assurera une empreinte profonde qui sera la source d'une possible remémoration dans une vie future. C'est bien entendu pour cette raison que nombre de régressions dans les vies antérieures dévoilent ce genre d'épisodes intenses.

8.7 Souvenirs type 2 – ouvertures spontanées

De temps à autre, sans aucune raison particulière provenant du monde extérieur, le Moi Supérieur fait irruption, remonte à la surface et se montre à découvert. Un éveil spontané et temporaire se produit. Il peut être ressenti comme une révélation intérieure, un de ces rares moments pendant lesquels on peut voir clairement l'éternité. On se tient à un croisement du temps avec un sentiment intuitif de notre nature éternelle et de son immensité. Mais l'expérience n'a pas besoin d'être grandiose, il peut s'agir simplement d'un moment magique, de quelques secondes au cours desquelles le coeur explose d'une joie sans cause particulière. Ensuite, le sanctuaire se referme de nouveau parce que notre structure tout entière n'est pas préparée à maintenir la connexion.

Pendant ce moment d'ouverture, un lien a été établi entre la surface et les profondeurs, entre la conscience du monde physique et celle du Moi supérieur. Les conditions nécessaires sont remplies pour qu'une empreinte soit faite, suffisamment profonde pour qu'elle puisse durer au-delà du chambardement astral qui suit la mort. Les circonstances, les sentiments, les sensations et les perceptions intervenant au cours d'un tel moment sont mémorisées au-delà du temps.

8.8 Souvenirs type 3 – le corps d'immortalité

La pratique constante de la vigilance de la conscience qui est la base même de nombreux itinéraires de transformation du Moi tend à multiplier les occasions pendant lesquelles le Moi supérieur s'implique dans la vie quotidienne. Il en résulte une multiplication des germes de souvenirs futurs.

Dans les chapitres précédents nous avons souligné les transformations qui conduisent des émotions aux sensations, de manas à buddhi, de la réaction et du conditionnement à la spontanéité de l'Ego. Cette transformation graduelle accompagne le développement d'une nouvelle couche, d'un 'corps astral transformé' appelé Moi-Esprit (Spirit-Self) par Steiner et qui correspond à la vijñāna–maya–kośa de la tradition védantique. Le corps astral, siège des samskaras perd sa prédominance et se trouve progressivement remplacé par cette nouvelle couche dans laquelle l'Ego s'exprime lui-même directement. Parallèlement au remplacement des émotions par des sentiments, un nouveau mode de penser fait son apparition. Il n'est désormais plus déconnecté de l'Ego, mais émane au contraire de lui. Ce développement du corps astral transformé correspond à l'épanouissement d'une nouvelle conscience intérieure directement connectée au Moi Supérieur.

Une autre différence majeure entre corps astral et corps astral transformé est que le corps astral est constitué de composants séparés essayant en permanence d'échapper à l'autorité de l'Ego. Le corps astral transformé, au contraire, est unifié autour de l'Ego, complètement envahi par sa lumière et sa vie. Il ne peut pas être séparé de l'Ego car il n'est rien d'autre en fait que la radiation de l'Ego. Le corps astral est composé de poussière astrale coagulée alors qu'en ce qui concerne le corps astral transformé, c'est le Moi lui-même qui est vivant. La substance dont est composé le corps astral transformé peut être virtuellement considérée comme le Moi par excellence. Le Moi le génère comme l'araignée sécrète sa toile.

En conséquence, le corps astral transformé reste intact après la mort, alors que le corps astral vole en éclats. Les souvenirs stockés dans le corps astral transformé sont donc gardés éternellement. Du point de vue de la structure, nous pouvons en conséquence distinguer deux types différents de matériaux venant des vies antérieures: les samskaras qui ont été imprimés si profondément dans le corps astral qu'ils restent accrochés au Moi de vie en vie et les souvenirs du corps astral transformé qui demeurent perpétuellement dans la substance impérissable du corps d'immortalité.

Pourtant, la situation n'est pas tranchée de façon aussi claire. Il y a en effet une longue période de transition pendant laquelle la conscience opère partiellement dans le corps astral et partiellement dans le corps astral transformé, la proportion dépendant de votre niveau de développement. Structurellement, il en résulte un réseau astral composé de morceaux enchevêtrés de ces deux véhicules. Quelques souvenirs sont emmagasinés, à la fois dans le corps astral et dans le corps astral transformé ou même à moitié dans l'un, à moitié dans l'autre.

Qu'il n'y ait pas de confusion ! En ce qui concerne la vaste majorité des êtres humains, le corps astral transformé reste un idéal éloigné. Le mécanisme des souvenirs des vies antérieures à travers le corps d'immortalité ne s'applique pas, tout simplement parce que le corps astral transformé n'est pas construit. Seules les personnes qui ont suivi, dans cette vie ou dans une vie précédente, un long processus de développement spirituel ont acquis des rudiments de corps astral transformé. Dans la grande majorité des cas, quand une expérience de vie antérieure se produit c'est par l'intermédiaire des empreintes laissées par les samskaras, comme cela est décrit dans la section 'Souvenirs type 1 – intensité'.


CHAPITRE 9

COMMENT RETROUVER LA MÉMOIRE

9.1 Intrusion dans les souvenirs des vies antérieures

Après avoir analysé la manière dont quelques souvenirs sont conservés d'une vie à l'autre, regardons maintenant le problème sous un autre angle. Au moyen de quels mécanismes peut-on recouvrer quelques-uns de ces souvenirs? Comment peut-on se souvenir de certains évènements concernant ses vies passées?

S'il est un sanctuaire intérieur dans lequel les souvenirs de notre lointain passé peuvent être trouvés, cet endroit est situé bien au-delà de notre conscience éveillée de tous les jours.

La vie consciente de la plupart des gens est confinée à la 'mémoire verbale', la couche la plus superficielle du corps astral. Souvenez-vous du chemin suivi par l'Ego après la mort. S'étant débarrassé de certains morceaux du corps astral, il voyage à travers différentes couches astrales et ensuite dans les mondes des Esprits. Ensuite, l'Ego retourne dans les mondes de l'astral, rassemblant de la matière astrale autour de lui. Le noyau qui subsiste après le grand bouleversement joue un rôle clé dans la qualité de la matière astrale qui est ainsi rassemblée. Le corps astral transformé ou même simplement son ébauche pourrait même jouer un bien plus grand rôle encore dans la structuration d'un corps astral harmonieux. Malheureusement, chez la vaste majorité des êtres humains, le corps astral transformé est à peine esquissé et ne joue qu'un rôle négligeable. C'est ainsi qu'en définitive, c'est le noyau dur des samskaras des existences passées qui joue le rôle prédominant en attirant la matière de notre prochain corps astral. Ce noyau dur est en fait bien mince et s'entoure d'un grand nombre de couches différentes.

Après la naissance, vous apprenez progressivement à utiliser votre mental. Cela signifie que vous expérimentez des pensées ou des émotions dans votre corps astral. Mais cela se produit principalement par des stimulations externes. Les couches superficielles du corps astral sont façonnées de l'extérieur par votre éducation et par tout ce que vous recevez de vos parents et de votre culture. Dans les couches superficielles du corps astral, vous travaillez avec les éléments reçus du monde extérieur. Il en résulte une polarisation du corps astral et une tension entre les impulsions profondes provenant des impressions venant des vies antérieures ainsi que des impressions rassemblées au cours de cette vie. Une part importante de vos capacités mentales, de votre sensibilité artistique, de votre stabilité émotionnelle et d'autres qualités dépendent de la manière dont est réussi le mariage entre les influences internes et externes, c'est à dire entre le matériel que vous avez apporté avec vous en provenance de vos vies antérieures et celui que vous avez accumulé dans la vie présente.

La couche superficielle, ce qui signifie votre esprit conscient, est constamment influencée par des émotions et des réactions diverses venant des samskaras des profondeurs. Mais ces samskaras ne sont jamais visibles car la zone tampon est trop épaisse.

Si vous voulez vous souvenir de vos vies antérieures, il vous faut creuser dans les couches les plus profondes de votre inconscient. Ceci requiert une énergie qui vous permette de les percer et d'atteindre ainsi les parties du corps astral proches du noyau central du Moi – les parties dans lesquelles les souvenirs des vies antérieures sont inscrits. C'est cette énergie qui fait toute la différence entre les régressions et les autres techniques de psychothérapie. Pourquoi la psychanalyse ne conduit-elle pas aux régressions dans les vies antérieures? Simplement parce que la psychanalyse manque de cette énergie permettant cette percée. Pourquoi tant d'initiés, Chrétiens, Gnostiques, Hindous et Bouddhistes se souviennent-ils de leurs vies antérieures? C'est parce que, ayant trouvé leur Moi, ils ont accès à l'énergie mentale et au matériel qui est localisé tout près du Moi. Pourquoi les régressions sont-elles plus faciles à obtenir de nos jours qu'au cours des années soixante-dix et pourquoi ce phénomène se développe-t-il aussi vite aujourd'hui ? Parce que, à cause d'un éveil de la conscience collective, l'énergie nécessaire est d'un accès bien plus facile aujourd'hui qu'il n'avait coutume de l'être.

Le fait que l'état de régression provienne de cette énergie explique pourquoi, une fois que vous êtes familier avec la technique ISIS, vous n'avez que très peu de choses à faire pour permettre à un 'client' de régresser. L'énergie fait le travail pour vous, à travers vous. Pour les mêmes raisons, vous n'avez pas besoin d'une grande connaissance pour être un bon connecteur. Ce dont vous avez besoin, c'est d'être capable de vous régler, de vous accorder et de laisser la force agir par votre intermédiaire, à travers vous. Si vous êtes trop savant, alors il vous faut oublier tout ce que vous savez. Toute l'information requise pour conduire une bonne régression est contenue dans l'énergie et si vous essayez d'appliquer ce que vous savez et non pas ce que vous dicte l'énergie, les résultats seront médiocres et vous manquerez souvent ce qui est le plus important.

Cela explique également pourquoi, après que vous ayez conduit un grand nombre de sessions ISIS, vos clients se mettent à régresser avant même que vous ayez commencé à mettre en oeuvre les techniques. L'énergie s'écoule à travers vous comme un fleuve de vie, elle ne se soucie guère des techniques.

Qui sont les bons sujets pour les régressions? Ce sont ceux qui peuvent se connecter à cette énergie, qui peuvent s'ouvrir à elle et la recevoir, qu'ils soient jeunes ou vieux, en pleine santé ou malades. Qu'ils croient ou non aux vies antérieures n'a aucune importance, à condition qu'ils puissent être ouverts. Quelques incrédules notoires sont capables de se connecter immédiatement, alors que d'autres qui croient dur comme fer à la réincarnation ont tendance à nourrir de grands espoirs qui, en fait, bloquent le flot d'énergie. Leurs idées préconçues empêchent purement et simplement l'énergie de s'exprimer.

9.2 Le flash d'astralité

Étant donné que les samskaras sont emmagasinés dans des zones du corps astral que votre conscience éveillée ne peut habituellement pas atteindre, il s'ensuit qu'un souvenir concernant une vie antérieure ne peut être retrouvé que si un lien est établi entre la mémoire consciente et ces couches profondes du corps astral.

Certains signes indiquent quand cette connexion a été faite. Par exemple, une certaine sensation fait son apparition dans la pièce. L''atmosphère' change complètement, comme si un flash d'énergie astrale était intervenu autour de vous. Si vous avez pratiqué les techniques mentionnées dans L'Éveil du Troisième Œil, vous pourrez peut-être reconnaître certains autres signes. En particulier, la pièce apparaît soudain plus noire à vos yeux, les couleurs ont l'air plus lumineuses, comme si chaque couleur était composée par des milliers de points brillants? Bien entendu, ce n'est pas la pièce qui devient noire, mais votre perception qui s'ouvre à l''obscurité visible' surimposée à la lumière de la pièce. Vous pouvez aussi ressentir parfois une sensation caractéristique dans les reins, à cause de l'étroite connexion de ces organes avec le corps astral.

Même si vous n'êtes pas familier avec ces signes, vous pouvez apprendre facilement à reconnaître ce 'flash d'astralité' qui accompagne l'état de régression. L'énergie dans la pièce devient soudain plus 'dense'et l''état de la conscience' devient dans une certaine mesure similaire à celui des rêves. (Souvenez-vous de l'état dans lequel vous vous sentez à votre réveil, juste après un rêve!) Cela ne veut nullement dire que régression et rêves sont identiques! Les deux états sont tout à fait différents. Pourtant les deux impliquent une réorientation de la conscience vers les couches astrales ce qui explique cette même ambiance.

9.3 Le contenu des souvenirs de vies antérieures

L'analyse des mécanismes de la mémoire des vies antérieures présentée dans le chapitre précédent nous permet de tirer quelques conclusions quant au contenu de ce type de souvenirs. Il ne faut bien entendu jamais oublier que nous abordons un domaine qui est bien loin des aspects ordinaires de l'existence. Il importe donc de se garder de toute généralisation hâtive. Avec les régressions, tout est virtuellement possible! Il ne faut donc pas présumer que toutes les régressions dans les vies antérieures seront du même type que celles indiquées ci-dessous. Cependant, une claire compréhension de certains mécanismes permettra aux connecteurs de mieux venir en aide à leurs clients. La méconnaissance de ces principes peut conduire à d'énormes erreurs qui feront avorter la régression dès les premières minutes de l'expérience.

Revenons à l'exemple du féroce crocodile qui se jette soudain sur vous dans une vie antérieure. Quel sera le contenu exact du corps astral? Ce sera l'état dans lequel se trouvait votre mental à ce moment précis, en commençant par la peur, bien entendu et toute l'ambiance émotionnelle qui l'accompagne – vous pourriez dire le 'goût' de la situation – les pensées qui vous viennent ainsi que toutes les perceptions et sensations de cet instant: les couleurs du paysage, les odeurs du marécage, la sensation de chaleur, le contact de vos habits et le vent sur votre peau, un enregistrement de ces instants, semblable à un film, avec les plus minuscules détails, aussi bien en vous qu'à l'extérieur.

Maintenant, voyons ce qui n'a pas été enregistré? Ce sont tous les éléments de votre vie qui étaient dans votre esprit à ce moment précis. Votre adresse par exemple ou la date, le nom du pays, même votre nom. Parce que, le premier réflexe, lorsque l'on est confronté à un crocodile, n'est pas de se dire: «Nous sommes en 1854, je suis en Afrique, mon nom est Wolfgang et je suis explorateur.»

Une autre chose qui n'est pas notée non plus ce sont les jugements que vous pouvez avoir portés plus tard sur la situation tels que: «Comme j'ai été brave!» ou «Quel imbécile j'ai fait!» ou «J'aurais dû agir de façon complètement différente!» Tous ces commentaires, ces jugements ne peuvent pas avoir été enregistrés dans le 'film' car ils sont intervenus plus tard. Le processus d'enregistrement peut être comparé à celui de la boite noire d'un avion de ligne. Elle enregistre tous les paramètres à un moment critique.

9.4 L'art d'accoucher

Ainsi, un souvenir véritable d'une vie antérieure est habituellement très simple. C'est un package d'émotions, de sensations, de sentiments et d'images relatives à un moment particulier – le moment où sous la pression de l'émotion votre Moi s'est 'réouvert'. Tout a été enregistré et emmagasiné avec la plus grande précision et le client revit la scène exactement comme si le crocodile était en face de lui. Son corps peut même prendre la même attitude que dans la scène et toutes les émotions et toutes les sensations sont évoquées comme si elles se produisaient ici et maintenant.

Pourtant, revivre l'épisode n'est nullement traumatisant. Le client reste en effet parfaitement conscient de qui il est maintenant, de la pièce dans laquelle la session est conduite, du matelas sur lequel il est allongé, de la voix du connecteur, etc. Plus encore chaque fois que l'état ISIS est atteint, une certaine ouverture métaphysique se produit qui ajoute un arrière plan de grande sérénité à l'expérience, quelle que puisse être l'intensité de l'épisode. Il faut aussi considérer que la charge émotionnelle du samskara pesait lourdement sur les épaules du client. En conséquence, revivre ce traumatisme passé s'accompagne d'un immense soulagement, comme si un poison violent venait d'être éliminé.

Revenons à la manière dont le client entre dans l'expérience de régression. Dans quelques cas extrêmes la scène tout entière va revenir en une seconde comme un flash-back, accompagnée de tous ses détails. Mais, dans la plupart des cas, tous les composants de la scène ne reviennent pas en même temps. L'expérience commence graduellement. Quelques détails seulement reviennent à la mémoire du client. Par exemple, le client croit entr'apercevoir quelque chose ou ressentir une émotion. Il dit au connecteur: «J'ai peur» ou «Je déteste cette personne». Ou l'expérience peut débuter par une sensation, de froid par exemple et le client se met à frissonner, même par un jour de canicule. Ou le client déclare: «Je viens de recevoir un coup dans les côtes.» ou «Il y a un poids énorme sur mes épaules.» Ces premières impressions sont souvent très faibles. Elles constituent le premier fil conducteur qui doit être suivi avec la plus grande attention pour récupérer progressivement de plus en plus d'éléments de la scène et ce, jusqu'à ce qu'elle soit reconstituée dans son ensemble.

Le connecteur a une tâche extrêmement délicate. Une méconnaissance des mécanismes de la mémoire peut conduire à poser au client les mauvaises questions au risque de perdre le fil au lieu d'entrer de façon déterminante dans l'état de régression. À ce stade les clients dérivent entre deux états de conscience: l'état normal de veille et l'état de régression. Ils ne perçoivent que quelques sensations de la scène ou des détails. Ils ont besoin d'aide pour entrer plus avant dans l'état de régression et c'est le rôle du connecteur de leur fournir cette aide en leur posant certaines questions. Mais il est capital que ces questions soient judicieusement choisies.

Supposez par exemple que le connecteur demande: «Quel est votre nom?» ou «Dans quel pays vous trouvez-vous?» Cela ne fera que créer une certaine confusion dans l'esprit des clients car, à ce stade, ils n'ont pas la moindre idée de ces détails. Ils ne perçoivent encore qu'à peine dix pour cent de la scène. Comment pourraient-ils bien savoir de quel pays il s'agit? Comme nous l'avons vu précédemment, quand on est attaqué par un crocodile, on ne se polarise pas d'habitude sur les considérations géographiques. Dans l'état où ils sont, les clients ne peuvent tout simplement pas répondre à ce genre de questions – ces détails sont, pour eux, hors d'atteinte. Aussi, que va-t-il se passer? Pour trouver une réponse, le client va être obligé de réfléchir, c'est à dire de retourner à son état de conscience habituel. En moins d'une seconde, ils sera sorti de l'état de régression et toute l'expérience sera irrémédiablement gâchée. Pour la même raison, à ce stade extrêmement fragile, si le client ne peut pas répondre à l'une de vos questions, n'insistez surtout pas, posez une autre question. Plus tard, lorsque le client sera fermement établi dans l'état de régression, la situation sera complètement différente, si aucune réponse n'est donnée à une question, cela sera très probablement dû à un mécanisme de résistance et le connecteur devra insister.

Dans les premières minutes d'une régression, les bonnes questions sont celles qui obtiennent une réponse immédiate ne nécessitant aucun effort. Elles se réfèrent à des éléments qui sont à la portée du client, même s'il n'en est pas encore conscient. Par exemple, «Êtes vous grand ou petit?» ou «Quel temps fait-il autour de vous: froid ou chaud?» Pour répondre, le client n'a pas à réfléchir, mais juste à ressentir. De cette manière, vous lui permettez de pénétrer plus avant dans la scène en ajoutant graduellement des éléments supplémentaires, jusqu'à ce qu'il plonge complètement dans l'expérience et se mette à revivre l'épisode. Somme toute, le processus n'est pas très différent d'un accouchement.

9.5 Exemples de plongée réussie

Ces mécanismes ne s'appliquent pas seulement au souvenir des épisodes de vies antérieures, mais aussi à des scènes de la petite enfance ainsi que nous le verrons dans les exemples suivants.

 

Étude de cas – Simone, âgée de cinquante deux ans.

Le début de la session a été douloureux et agité, comme si Simone était grosse de cette expérience, mais incapable d'en accoucher. Après une demi-heure de travail – comme dans un accouchement? – l'atmosphère change de façon soudaine dans la pièce et l'on peut recenser tous les éléments constitutifs du flash d'astralité évoqué précédemment.

Que ressentez-vous maintenant? – Je ne sais pas, je me sens très étrange. [A ce stade, le client ne peut rien voir de l'épisode. Mais la solution est proche, d'où la sensation d'étrange.]

Est-ce que vous vous sentez de sexe masculin ou féminin? - Euh, Ni masculin ni féminin [Cette question est prématurée et n'aide pas réellement à engager le processus.Mais la question suivante déclenche un déclic.]

Selon vous fait-il jour ou nuit? – Nuit.

Avez-vous le sentiment d'être grand ou petit? – Petit, petit... vide... tout seul... [Simone se met en boule et croise ses bras contre sa poitrine. Elle est un pas plus loin dans l'expérience, mais tout est encore flou. Grâce aux questions suivantes la situation commence à lui apparaître clairement.]

Que voulez-vous? – Ma mère! Je veux ma mère!

Est-elle avec vous? – Non! Non! Non! J'ai faim et personne ne me donne à manger. [Simone se met à crier avec de gros sanglots, suçant son pouce. À partir de là, elle peut voir tous les détails: les meubles de la pièce, la couleur des rideaux, etc. Ensuite, la régression se déroule plus ou moins toute seule.]

 

Étude de cas – Un homme de vingt-sept ans. Au début de la session, un point très douloureux se révèle sous l'omoplate gauche. Après avoir travaillé sur le point pendant quelques minutes, l'énergie se met à changer dans la pièce. La douleur disparaît et le client devient très tranquille.

Que ressentez-vous? – [Pas de réponse. Tout est encore très flou.]

Comment sentez-vous votre corps, gros ou petit? – Gros.

Sentez-vous que vous bougez ou que vous êtes immobile? – Immobile.

Dans quelle position? – Allongé sur le dos. Dans un lit.

Vous vous sentez jeune ou vieux? – Vieux. [Toutes ces réponses viennent immédiatement et sans effort de réflexion. Le ton de voix du client change progressivement, ce qui montre que le client commence à être plus sûr de ce qu'il ressent. Le déclic se produit après la question suivante.]

En bonne santé ou malade? – Fatigué, très fatigué. C'est comme si j'allais mourir... et que je l'accepte. Cela a été bon! Mais en même temps, je me sens en colère. [Le client est maintenant complètement dans l'épisode et à partir de là, il y reste.]

Y-a-t-il une raison pour cette colère? – J'étais sur le point de dire quelque chose à mon fils.

Comme quoi par exemple? – J'étais sur le point de lui dire que l'aimais. J'ai le sentiment que ma vie a été gâchée parce que je n'ai jamais pu lui dire que je l'aimais.

Avez-vous le sentiment d'être seul ou y-a-t-il quelqu'un à côté de vous? – Je ne suis pas seul il y a quelques esprits autour de moi.

À quoi ressemblent-ils? – Ils sont amicaux. Ils me connaissent. Ils sont autour de mon corps et ils attendent que je meure complètement. Ils me disent: «Vous êtes déjà passé par-là avant.» Ils ressemblent à des amis que vous n'avez pas revus depuis un bout de temps.Mais je veux parler à mon fils.

9.6 L'ouverture métaphysique

Une fois que les clients sont fermement établis dans l'état de régression, on peut leur poser toutes sortes de questions. La manière dont chaque phrase est pesée et formulée est encore importante pour que la session puisse continuer correctement, mais il y a beaucoup moins de risques que l'expérience soit soudain interrompue et perdue.

Le contenu de la conscience du client pendant qu'il est dans un état de régression est un mélange étrange dans lequel le passé et le présent sont superposés l'un sur l'autre. Le client revit l'épisode exactement comme s'il se déroulait la sous ses yeux. Il ressent les émotions et les sensations correspondantes. C'est comme s'il entrait dans un autre corps, comme s'il était une autre personne – une autre personne qui lui serait très familière.

Vous pouvez avoir une idée de cette continuité si vous vous rappelez comment vous vous sentiez étant jeune enfant. C'était un 'vous' très différent de ce que vous êtes maintenant, mais il y a cependant une certitude intérieure, sans l'ombre d'un doute, que c'était bien vous-même. Au cours de la régression, c'est une extension de cette expérience qui se manifeste. Vous avez la même certitude intérieure de votre identité, même si le 'vous' de votre vie antérieure est de loin plus différent de votre 'vous' actuel que ne l'est celui de votre petite enfance. Mais, c'est toujours le même 'vous'. L'expérience de cette identité est d'une nature métaphysique et ne peut pas être totalement comprise aussi longtemps que vous n'êtes pas passé par-là vous-même.

Ainsi, pendant la régression, vous avez la superposition de deux 'vous' – vous dans le passé et vous dansle présent. Dans la technique de régression ISIS, l'hypnose n'est pas utilisée ni quoi que ce soit qui puisse diminuer votre conscience du présent. Vous restez parfaitement conscient de vous-même ici et maintenant et à tout moment, vous pouvez choisir de vous déconnecter de l'état de régression pour n'être plus conscient que de la pièce dans laquelle vous êtes, de votre corps et de votre 'vous' présent.

La superposition des deux 'vous', le passé et le présent, est une expérience absolument fascinante. Car vous avez changé. Le 'goût' de votre environnement intérieur est devenu complètement différent. Et cependant, c'est le même 'vous', il ne peut y avoir le moindre doute. Peu importe l'époque à laquelle s'est déroulé l'épisode que vous revivez. Que ce soit il y a des centaines ou même des milliers d'années n'a aucune importance, la continuité du Moi n'est en rien affectée par le temps.

Et voilà, vous vous trouvez à la croisée du temps. Réalisant soudain que 'vous' pourriez finalement être très différent de ce que vous avez cru être jusqu'à ce jour. Vous devenez soudain conscient du fait que vous vivez votre vie dans une boite d'allumettes. Vous réalisez que vous avez tendance à confiner votre existence à un nombre très limité d'émotions et de sentiments, à suivre toujours les mêmes routines répétitives. Au même moment, vous pouvez voir que vous êtes infiniment moins limité et qu'il n'est pas obligatoire qu'il en soit ainsi. La superposition de vos personnalités passée et présente vous permet de jeter un coup d'oeil dans l'incroyable profondeur de votre Moi. C'est une immensité sans fin, une explosion immobile. Soudain, vous êtes, vous existez au sens fort du terme. C'est l'expérience la plus déterminante que peut vous offrir la technique des régressions – et également la plus propre à vous guérir. Un simple aperçu de votre nature réelle peut vous apporter plus de changement que des années de discussion et d'analyses de vos problèmes. Car, en définitive, on ne se débarrasse pas de ses problèmes en s'occupant des samskaras, mais en prenant possession de son Moi."


4 octobre 2012

la guerre de l'opium......

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Première guerre de l'opium

Première guerre de l'opium
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Informations générales
Date août 1839 - août 1842
Lieu Chine
Issue Victoire britannique, traité de Nankin
Changements territoriaux Cession de Hong Kong
Belligérants
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni Chine Empire de Chine
Commandants
Charles Elliot
Anthony Blaxland Stransham
Daoguang
Lin Zexu
Forces en présence
20 000 hommes 91 680 hommes
 

La première guerre de l'opium est un conflit militaire, motivé par des raisons commerciales, entre le Royaume-Uni et l'empire Qing en Chine de 1839 à 1842. Il est considéré comme la première manifestation du déclin de l'Empire de Chine, incapable de résister à l'Occident, déclin qui entraîne la Chine dans une longue période d'instabilité, jalonnée par la chute du système impérial, remplacé en 1912 par la République de Chine, l'intervention japonaise et, finalement, la proclamation de la République populaire de Chine en 1949.

 

Le commerce extérieur de la Chine avant les guerres de l’opium

Le commerce extérieur direct de la Chine avec les pays européens débute dès le XVIe siècle, avec pour premiers partenaires économiques les Portugais (1517) qui se sont installés à Canton (sud-est de la Chine), ils ont fondé en 1550 la cité de Macao. Ensuite viennent les Espagnols aux Philippines (1565), ils y fondent Manille en 1571. Ces pays sont notamment motivés par un objectif missionnaire.

Les Hollandais se positionnent en Indonésie, Batavia (actuelle Jakarta), d’abord installés à Penghu (1603) à côté de Taïwan, puis à Taïwan (1624). Les Russes viennent en voisins par voie terrestre.

En 1685, sous le règne de l’empereur Kangxi (1662-1723), un édit impérial autorise l’ouverture de tous les ports chinois aux bateaux étrangers ; le premier navire arrive à Canton en 1689. Cependant, ce commerce reste très limité car soumis à des règles très strictes : taxes pour les négociants étrangers, obligation de passer par un seul intermédiaire (le marchand de l’empereur) qui prélève des taxes au profit de l’État. En 1720, cet intermédiaire est remplacé par un organisme collégial : le Co-hong.

Sous le règne de l’empereur Qianlong (1736-1796), la politique commerciale s’inverse, elle est limitée dans son étendue et dans son intensité. En 1757, un édit impérial énonce que le Co-hong fixera maintenant les prix et les quantités des marchandises échangées, que les frontières maritimes vont être fermées (sauf Canton) et que les étrangers ne pourront pas s’installer où ils veulent à Canton (pas le droit d’apprendre le Chinois), le but étant d'empêcher les contacts directs.

La Chine est un empire plutôt fermé sur lui-même, autant commercialement que dans le domaine de l'échange des idées et des innovations. Ceci est dû à un protectionnisme strict appliqué par la bureaucratie impériale, idéologiquement soutenu à la fois par les élites, soucieuses de ne pas ébranler les rites d'une société traditionnelle très conservatrice (voire immobiliste) et par la population qu'une méfiance extrême confinant à la xénophobie maintient à distance de l'étranger.

Rien n'y est plus important que la répétition du connu (qui puise sa force de conviction dans le respect des ancêtres et dans la croyance que la perfection a été atteinte) sans se permettre de déroger à la règle sous peine de châtiments. Dès lors, quel besoin, quel intérêt y aurait-il à acheter des produits étrangers, donc inconnus, donc non-inclus dans la tradition, leur utilité fût-elle avérée? Ceux-ci étant par essence "imparfaits" en comparaison, et non-conformes aux rites...

Ainsi les tentatives précédentes des marins étrangers d'établir des comptoirs et de commercer avec l'Empire qui se considère au centre du monde, n'ont pas toujours été fructueuses: ségrégation, brimades, interdiction de communiquer avec la population, arbitraire impérial, taxation frauduleuse, confiscation de biens, etc...

L'empereur en plusieurs circonstances, ne considère pas que la Chine puisse avoir un intérêt à commercer avec le reste du monde. L'Europe "sinomaniaque" de la fin du XVIIIe siècle s'entiche de la civilisation chinoise et raffole de ses bibelots. Les Britanniques importent ainsi de plus en plus de marchandises chinoises (thé, soie, porcelaine, objets laqués…).

Cet état de fait crée un déséquilibre commercial. Mais si les négociants étrangers demandent de l’aide à leur gouvernement, c'est avant tout pour mettre fin aux brimades et surtout aux ségrégations quasi institutionnalisées dont ils sont les victimes. Deux missions diplomatiques verront le jour : la première en 1793 menée par Lord Macartney pour ouvrir d’autres ports. Elle est rejetée par Qianlong qui refuse (en 1796, Qianlong abandonne son trône), la seconde en 1816, dirigée par Lord Amherst, n’a pas plus de succès.

De plus, la Chine, étant autosuffisante, ne veut pas d'échange « marchandise contre marchandise », mais exige d'être payée en monnaie d'argent uniquement. Ceci n'est pas du goût des Britanniques qui, contrairement aux Espagnols, grâce à leurs colonies en Amérique du Sud, ont peu d’argent et beaucoup de marchandises en nature, venant principalement de leurs colonies aux Indes.

Pour répondre à la demande au Royaume-Uni, les Britanniques achètent d’énormes quantités de thé aux Chinois. Ces derniers, voyant que le commerce du thé est très lucratif, se mettent à convertir leurs plantations au détriment d'autres cultures, principalement celle du coton. Du même coup, la Chine ne peut plus vivre en autarcie et doit accepter les échanges de marchandises.

Offensive commerciale des puissances étrangères

Les Chinois connaissaient déjà l’opium, ils ne l’utilisaient pas comme drogue ou stimulant, mais plutôt comme analgésique. C'est à partir du XVIIe siècle, qu'ils ont commencé à l’utiliser comme drogue. Les premiers à leur en vendre furent les Portugais, l’opium venant d’Inde.

Les Britanniques décident de se lancer dans ce commerce des plus lucratifs. Les choses vont s’intensifier au fil du temps et en 1729 entraient environ 200 caisses d’opium par an en Chine. À la fin du XVIIIe siècle, plus de 4 000, et en 1838 plus de 40 000 (vendues par les Américains et les Britanniques).

Les Britanniques exigent de se faire payer en lingots d'argent, récupérant ainsi le précieux métal qu'ils avaient cédé dans le commerce du thé. La balance commerciale entre la Chine et l'Empire britannique s'inverse rapidement et spectaculairement en faveur des Britanniques. La corruption des fonctionnaires chinois qui contrôlent le trafic de drogue en Chine devient préoccupante et la drogue provoque des ravages dans la population. L'Empereur décide alors de réagir en s'en prenant aux intérêts britanniques.

En 1798, le gouvernement du Premier ministre britannique William Pitt envoie une ambassade à Pékin pour négocier un accord sur les échanges commerciaux sur la base de cette situation nouvelle. L’empereur, refusant de se faire « forcer la main » à cause de l’opium, préfère fermer son pays aux commerçants et aux missionnaires européens.

La réponse des Chinois

Les Chinois vont tenter de réagir avec l’interdiction de fumer l'opium.

Les premières mesures de prohibition

La cour décida de prohiber l’opium. En 1729, un premier édit, proclamé par l’empereur Yong Zheng (1723-1736), promulgue l'interdiction du trafic d’opium, le considérant dorénavant comme de la contrebande.

Cependant le trafic continue, et en 1796, un nouvel édit, proclamé par l’empereur Jiaqing (1796-1821), va confirmer l’interdiction du trafic de l’opium sous peine de mort. Cette fois, des sanctions contre les opiomanes seront également prises.

En 1800, l’empereur va proclamer un nouvel édit qui va confirmer la prohibition de l’opium et interdire sa culture sur le sol chinois ; les dépôts d’opium sont déplacés à Huangpu.

En 1809, une mesure administrative va être prise pour tenter d’entraver le trafic : les navires qui déchargent à Huangpu doivent fournir un certificat sur lequel est indiqué qu’il n’y a pas d’opium à bord. La corruption régnant parmi les fonctionnaires ne permet pas l'application stricte de ces mesures.

Rien ne semble pouvoir arrêter ce commerce très lucratif : en 1813, une caisse d’opium indien se vend 2 400 roupies (prix de revient de 240 roupies). En 1821, un nouveau décret chinois annonce que le commerce n’est plus possible à Huangpu, le marché se déplace à Lingding où il va se développer de 1821 à 1839. La Compagnie britannique des Indes orientales (East India Company) décide alors de contourner l'interdiction et augmente ses ventes illégales d'opium en Chine ; de 100 tonnes vers 1800 à 2 600 tonnes en 1838. Le commerce des Britanniques en Chine devient enfin excédentaire, en 1835, il y a 2 millions de fumeurs d’opium en Chine.

La guerre au trafic d’opium

Les autorités chinoises vont répondre de façon plus efficace. L’empereur Daoguang (1820-1850) demande conseil à une dizaine d’experts avant de prendre une décision. Au sein de la cour, il y a des partisans et des adversaires de l’opium : certains veulent légaliser le trafic ou plutôt la production chinoise, et d’autres voient le problème financier que la drogue va poser à la Chine. Un débat va s’engager pendant deux ans. Un de ces rapports va être présenté par le gouverneur général des provinces de Hubei et du Hunan, Lin Zexu (1775-1850).

Celui-ci est plutôt partisan de l’ouverture de la Chine au monde extérieur. C’est un farouche adversaire du trafic et son rapport défend l’interdiction de l’opium. Il propose une série de mesures pour limiter le trafic et la consommation de l’opium. Son texte est fondé sur sa pratique dans ses deux provinces : confisquer les stocks de drogue et accessoires de l’opiomanie.

L’empereur nomme en décembre 1838 Lin Zexu commissaire impérial de la province du Guangdong (Canton), il a pour charge de mettre un terme à l’usage de l’opium. Canton est, à l'époque, le port par lequel on importe la majorité de l'opium.

L’action de Lin Zexu

En mars 1839, Lin Zexu arrive à Canton et établit la liste de toutes les fumeries d’opium, des tenanciers des fumeries et des vendeurs.

Il confisque tous les stocks d’opium de la ville : il donne ordre aux propriétaires de ces stocks de venir remettre la drogue et en échange il leur donne du thé. Ils doivent aussi s’engager par écrit à renoncer à faire du commerce avec les Chinois (vu que tous les propriétaires sont étrangers).

Le surintendant du commerce britannique devra alors coopérer avec Lin. En avril 1839, Lin fait parvenir à la Reine du Royaume-Uni, Victoria, un message pour lui dire que la consommation d’opium est interdite en Chine et lui demande d'en faire cesser le trafic.

Le 3 juin 1839, la drogue saisie est détruite, soit 200 000 caisses (1 188 tonnes). Lin édicte un règlement qui stipule que les bateaux étrangers qui entrent dans les eaux territoriales chinoises seront fouillés. L’opinion publique est favorable à cette interdiction.

Au nom de la défense du commerce, lord Melbourne, le Premier ministre de la reine Victoria, convainc le Parlement britannique d'envoyer un corps expéditionnaire à Canton, déclenchant du même coup la première guerre de l’opium.

La fièvre monte

Au Royaume-Uni, environ 300 sociétés commerciales britanniques demandent au gouvernement britannique d’intervenir auprès des autorités chinoises. Certains veulent une intervention officielle des Britanniques pour qu’on leur paie leur marchandise détruite. Une campagne de presse est organisée pour déplorer tous ces incidents entre Britanniques et Chinois.

En Chine, les choses se tendent encore plus et il y a même des affrontements armés entre navires britanniques et jonques chinoises : le premier a lieu en septembre 1839 et le deuxième en novembre 1839. Lin Zexu interdit le port de Canton aux navires britanniques en décembre 1839, l’empereur décide de « fermer pour toujours » Canton aux Britanniques en janvier 1840.

Cette nouvelle parvient au Royaume-Uni. Un débat a lieu en avril 1840 à la Chambre des Communes entre les partisans d'opérations militaires pour la réparation des torts envers leurs commerçants et ceux qui veulent que le Royaume-Uni renonce à vendre de l’opium et du même coup renonce à une guerre. Les premiers auront gain de cause.

La guerre

En avril 1840, une armada britannique est mise sur pied : 16 vaisseaux de ligne, 4 canonnières, 28 navires de transport, 540 canons et 4 000 hommes. Sous le commandement de l’amiral Elliot, ils arrivent au large de Canton en juin 1840. Un croiseur britannique bombarde Canton et occupe l'archipel voisin des Chousan (d'où est tiré le terme de « diplomatie de la canonnière »). Les britanniques attaquent Canton mais sans succès, car Lin a fait planter des pieux retenus par des chaînes dans le port pour empêcher les bateaux d'accoster. Il y a aussi une milice qui défend la ville.

Les Britanniques conquièrent Hong Kong (alors un avant-poste mineur) et en font une tête de pont. Les combats commencent réellement en juillet, quand les HMS Volage et HMS Hyacinth défont 29 navires chinois. Les Britanniques capturent le fort qui gardait l'embouchure de la rivière des Perles — la voie maritime entre Hong Kong et Guangzhou.

La cour chinoise prend peur, Lin Zexu tombe en disgrâce (condamné à l’exil) et il est remplacé par un aristocrate, Qishan.

Des négociations ont lieu à Canton : Qishan fait démolir les fortifications de Lin, dissoudre la milice en novembre 1840 et réduire le nombre de soldats.

Les Britanniques revendiquent :

  • La reprise du commerce avec le Royaume-Uni
  • Le remboursement des stocks d’opium détruits
  • La passation de Hong Kong (anciennement Îles Victoria) dans leur giron.

Qishan refuse. Les Britanniques tentent de le faire plier en attaquant et s’emparant de quelques ouvrages de fortification. Qishan prend peur et accepte les revendications.

La cour chinoise pense que l'acceptation de Qishan ne concerne que la reprise du commerce. En apprenant que cela va beaucoup plus loin, l’empereur décide de destituer Qishan (condamné à mort pour mauvais services, puis à l'exil) et déclare la guerre aux Britanniques le 29 janvier 1841. L’empereur remplace Qishan par Yishan.

En 1841, les forces britanniques occupent la région autour de Guangzhou, puis prennent la ville voisine de Ningpo (de nos jours Ningbo) et le poste militaire de Chinhai.

Dans la province de Canton, les Britanniques se rendent vite maîtres des endroits stratégiques. Yishan met plusieurs semaines à arriver à Canton; l'assaut qu'il lance contre les Britanniques est repoussé et les Chinois se replient à l’intérieur de la ville. Yishan demande l’armistice et une convocation d’armistice (convention sur le rachat de Canton) est signée le 27 mai 1841. Cette convocation engage les Chinois à racheter Canton pour 6 millions de dollars aux Britanniques (dont un million le jour même). Mais elle repose sur un double malentendu utilisé par les diplomates britanniques : les Chinois considèrent cette action comme un prêt commercial alors que les Britanniques n’ont renoncé ni à l’indemnisation des stocks d’opium ni à Hong Kong.

Capitulation chinoise

Les Britanniques veulent encore faire peur aux Chinois afin d’obtenir davantage avec une nouvelle négociation. En août 1842, une escadre britannique remonte le Yangzi Jiang jusqu'à Nankin, obligeant le gouvernement de l'empereur Tao-kouang à capituler et à signer le traité de Nankin le 29 août 1842. Ce traité donne aux Britanniques le libre commerce de l'opium, la fin de l'obligation de négocier uniquement avec les Co Hong et surtout la concession de l'île de Hong Kong qui sera reprise par la suite.

La victoire facile des forces britanniques, dirigées par le général Anthony Blaxland Stransham, affecte gravement le prestige de la dynastie Qing et a pu contribuer au déclenchement de la rébellion Taiping (1850-1862).

Les traités

Le 29 août 1842, les représentants de la Cour signent à bord d’une canonnière britannique le fameux traité de Nankin. Ce traité sera complété par la suite par deux autres traités conclus le 28 juillet 1843 et le 8 octobre 1843 (traité de Humen). Ces 3 traités reconnaissent aux Britanniques des droits :

  • 1re clause : la cession de Hong Kong qui deviendra une place militaire et économique
  • 2e clause : 5 ports sont ouverts : Xiamen, Canton, Fuzhou, Ningbo et Shanghai. Les Britanniques obtiennent le droit de s’installer dans ces ports et d’y vivre avec leur famille (pour les marchands). Le traité de Humen autorise la construction d'édifices dans ces ports.
  • 3e clause : indemnités de guerre (frais + opium) : 21 millions de yuans, soit 1/3 des recettes du gouvernement impérial. Échéancier de 4 ans.
  • 4e clause : douanes : les commerçants britanniques sont assujettis au paiement de droit sur les importations et exportations ; le montant est désormais fixé par les Chinois et les Britanniques.
  • 5e clause : droit de la juridiction consulaire : en cas de litige entre un Chinois et un Britannique, une juridiction britannique tranchera sur base des lois britanniques.
  • 6e clause : la nation la plus favorisée : si la Chine signe un traité avec une autre puissance, le privilège accordé à la nation en question sera de fait accordé au Royaume-Uni.

D’autres nations (États-Unis d'Amérique, France) demandent les mêmes privilèges que ceux accordés au Royaume-Uni.

  • États-Unis : en 1842, revendiquent les mêmes droits commerciaux et légaux. En 1844, ils les obtiennent par le traité de Wangxia (village près de Macao)
  • France : Avant la guerre de l’opium, les Français étaient mal placés commercialement puis ils obtiennent les mêmes droits en octobre 1844 par le traité de Whanpoa. Ils obtiennent de plus le droit de construire des églises et des cimetières. Quelques jours après, ils obtiennent le droit d’évangéliser.

Les conséquences économiques et sociales de la 1re guerre de l’opium

Après les traités de Nanquin, l’économie chinoise s’ouvre aux puissances étrangères et vice-versa. La Chine exporte plus de 100 millions de livres sterling de thé, deux fois plus qu'auparavant. De 12 000, les chinois exportent désormais 20 000 balles de soies en 1840, par le biais des Britanniques. Les commerces étrangers s’emploient à renforcer leur position et s’installent surtout à Shanghai (concession britannique en 1841, concession américaine en 1845, puis concession internationale). Shanghai devient une concession française en 1849 (enclave juridique avec ressemblance avec les quartiers français). Le commerce de l’opium continue de se développer. Il n’est toujours pas légal mais toléré : 40 000 caisses en 1838, 50 000 en 1850, 80 000 en 1863 (double en 25 ans).

Conséquences financières

Avant 1821, la caisse est vendue entre 1 000 et 2 000 reales (monnaie d'or mexicaine alors très apprécié dans le commerce en Orient). Après 1838, entre 700 et 1 000 reales. La monnaie était le liang (traduit par taël en français). Le liang correspond à un poids d’argent variable. (37 g environ) et 1 liang = 1 000 sapèque (en cuivre). Les Chinois paient en liang. La monnaie d’argent se raréfie en Chine, la valeur augmente au détriment de la monnaie en cuivre. L'inflation monte :

  • Avant 1820, 1 liang = 1 000 sapèques
  • En 1845, 1 liang = 2 200 sapèques.

Cette hausse se reflète sur les Chinois qui n’ont que des sapèques, les impôts doublent.

Conséquences sociales

À la campagne, les paysans s’endettent de plus en plus auprès des propriétaires fonciers. Les paysans mendient, se font bandits, rejoignent des sociétés secrètes.

En ville : le sort des artisans n’est guère plus enviable. Les produits étrangers (cotonnades et fils) peuvent se déverser sur le marché chinois. Chômage pour certains, d’autres meurent de faim. Entre 1841 et 1849, on dénombre 100 soulèvements populaires environ. La Révolte des Taiping par exemple. Cette colère populaire se déverse contre les étrangers (mouvements d’hostilité) comme à Canton ou à Fuzhou.

La population se retourne aussi contre la cour, mais la révolte sera matée. En 1851, l'empereur Xian Feng accède au trône, les négociateurs des traités tombent en disgrâce et les Chinois veulent reprendre ce qu’ils ont consenti à donner sous la disgrâce.

Chronologie

  • 1729 : premier édit chinois de l’empereur Yongzheng déclarant le trafic d’opium comme de la contrebande
  • 1796 : second édit chinois proclamé par l’empereur Jiaqing et rendant le trafic d’opium passible de la peine de mort
  • décembre 1838 : nomination par l’empereur de Lin Zexu au poste de commissaire impérial du Guangdong
  • mars 1839 : Lin Zexu confisque tous les stocks d’opium de Canton
  • avril 1839 : Lin Zexu adresse à la reine Victoria un message lui demandant l’arrêt du trafic d’opium
  • juin 1839 : destruction de la drogue confisquée ; nouveau règlement stipulant que tout navire étranger pénétrant dans les eaux territoriales chinoises sera systématiquement fouillé ; le premier ministre britannique, lord Melbourne, convainc le parlement britannique de déclarer la guerre à la Chine.
  • septembre 1839 : premier affrontement entre les flottes chinoise et britannique
  • décembre 1839 : fermeture du port de Canton aux navires britanniques
  • avril 1840 : débat à la Chambre des communes entre les partisans de la guerre et les opposants ; victoire des partisans
  • juin 1840 : arrivée à Canton d’une armada britannique sous les ordres de l’amiral Charles Elliot qui ne put accoster au port grâce aux défenses mises en place par Lin Zexu ; conquête de Hong Kong par les Britanniques ; disgrâce et remplacement de Lin Zexu par Qishan novembre 1840 : dissolution de la milice et réduction des effectifs par Qishan ; début des négociations ; Qishan refuse les exigences mais, devant les assauts britanniques, finit par accepter.
  • janvier 1841 : remplacement de Qishan par Yishan ; déclaration de guerre aux Britanniques
  • mai 1841 : signature d’une convention d’armistice et rachat de Canton aux Britanniques
  • août 1842 : signature d’un traité concédant aux Britanniques le libre commerce de l’opium
  • juillet 1844 :signature d'un deuxième traité établissant les bases du commerce entre le Royaume-Uni et la Chine et ouvrant la Chine au commerce d'autres pays comme les États-Unis ou la France.

Citation

« (...) Les lois interdisant la consommation de l’opium sont maintenant si sévères en Chine que si vous continuez à le fabriquer, vous découvrirez que personne ne l’achètera et qu’aucune fortune ne se fera par l’opium. (...) Tout l’opium qui est découvert en Chine est jeté dans l’huile bouillante et détruit. Tout bateau étranger qui, à l’avenir, viendra avec de l’opium à son bord, sera mis à feu, et tous les autres biens qu’il transportera seront inévitablement brûlés en même temps. Alors, non seulement vous ne parviendrez pas à tirer quelque profit de nous, mais vous vous ruinerez dans l’affaire. Ayant voulu nuire à autrui, vous serez la première à en souffrir. Notre Cour Céleste n’aurait pas gagné l’allégeance d’innombrables pays si elle n’exerçait un pouvoir surhumain. Ne dites pas que vous n’avez pas été avertie à temps. À la réception de cette lettre, Votre Majesté sera assez bonne pour me faire savoir immédiatement les mesures qui auront été prises (...). »

Lettre du commissaire impérial extraordinaire Lin Zexu à la reine Victoria, 1839.

 

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Seconde guerre de l'opium

Seconde guerre de l'opium
La bataille de Palikiao.jpg
Le pont de Pa-Li-Kiao, le soir de la bataille, Émile Bayard
Informations générales
Date octobre 1856 - octobre 1860
Lieu Empire de Chine
Issue Victoire occidentale, traité de Tianjin
Belligérants
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau français Empire français
États-Unis États-Unis
Chine Empire de Chine
Commandants
Flag of the United Kingdom.svg Michael Seymour
James Bruce
Garnet Joseph Wolseley
Flag of France.svg Jean-Baptiste Louis Gros Auguste-Léopold Protet
Charles Cousin-Montauban
États-Unis James Armstrong
Chine Sengge Rinchen
Forces en présence
Royaume-Uni : 11 000 hommes
France : 6 700 hommes, 173 navires de guerre
Etats-Unis : 3 navires
200 680 hommes
 
 

La seconde guerre de l'opium dura de 1856 à 1860 et opposa la Chine à la France et au Royaume-Uni (soutenus par les Etats-Unis et la Russie). Cette guerre peut être vue comme le prolongement de la première guerre de l'opium, d'où le nom que l'on lui a attribué.

 

Chronologie des principaux événements

Avant les guerres de l’opium

1731 : interdiction de l’importation de l’opium en Chine par les Qing
1757 : La Compagnie des Indes acquiert des droits de culture de l’opium au Bengale
1765 : La Compagnie des Indes acquiert des droits de culture de l’opium au Bihar

Première guerre de l’opium (1839-1842)

1816 : La compagnie des Indes développe le commerce de l’opium en Chine
5 janvier 1840 : Lin Zexu ordonne la fermeture du port de Canton
1842 : Traité de Nankin
(Révolte des Taiping (1851-1864))
25 février 1850 : Mort de l’empereur Daoguang remplacé par Xianfeng

Deuxième guerre de l’opium (1856-1860)

8 octobre 1856 : Un bateau contrebandier anglais est arrêté, l’Angleterre se prépare à attaquer
23 octobre 1856 : cinq mille soldats anglais investissent Canton
1857 : Bombardement de Canton par les Anglais et les Français
1858 : Traité de Tianjin
24 juin 1859 : Les forces franco-anglaises tentent de pénétrer dans Tianjin et se font refouler
17 juillet 1860 : Les armées anglaise et française débarquent sur le sol chinois
2 septembre 1860 : Les armées anglaise et française prennent Tianjin
5 octobre 1860 : Les armées anglaise et française campent sous les murailles de Pékin, elles vont piller le « Palais d’été »
13 octobre 1860 : La ville de Pékin tombe
17 octobre 1860 : Le « Palais d’Eté » est incendié
24 octobre 1860 : Traité de Pékin

Après les guerres de l’opium

1861 : Mort de l’empereur Xianfeng. Avènement de l’empereur Tongzhi âgé de 5 ans, sa mère Cixi prend la régence

Contexte

Le traité de Nankin, faisant suite à la première guerre de l'opium, laissait cinq ports à disposition des Occidentaux pour le commerce.

Malgré cet accord, les puissances européennes, dont la balance commerciale était largement déficitaire, désiraient étendre leur commerce vers le Nord et vers l’intérieur de la Chine.

Par ailleurs, le commerce de l'opium était toujours illégal en Chine. Cependant, le vice-roi de la ville de Canton le pratiquait tout en faisant condamner à mort les étrangers accusés de ce commerce. C'est ainsi que la France et les États-Unis demandèrent, en 1854, des révisions dans le traité de Huangpu et le traité Wangxia. Le Royaume-Uni fit la même demande, citant les articles sur le « traitement égalitaire » dans les statuts des nations les plus favorisées.

En 1854, les ministres occidentaux et américains contactèrent de nouveau les autorités chinoises et demandèrent des révisions des traités :

  1. Pouvoir pénétrer sans hostilité dans Canton.
  2. Pouvoir étendre le commerce à la Chine du Nord et le long du fleuve Yangzi.
  3. Le commerce de l’opium était toujours illicite, ils voulaient le légaliser.
  4. Les Occidentaux voulaient traiter avec la cour directement à Beijing.

La cour impériale de la dynastie Qing rejeta alors les demandes de révision du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis d'Amérique. Dès lors, les puissances occidentales cherchèrent d'autres moyens pour arriver à rééquilibrer une balance commerciale très déficitaire.

La guerre

Les puissances occidentales estimaient que seule la guerre pouvait amener l'Empire chinois à changer de position. Dès lors, les puissances occidentales attendirent l'événement qui pouvait amener le conflit. Cet événement eut lieu le 8 octobre 1856, lorsque des officiers chinois abordèrent l’Arrow, un navire anglais enregistré à Hong Kong sous pavillon britannique, suspecté de piraterie et de trafic d'opium. Ils capturèrent les douze hommes d’équipage et les emprisonnèrent. Cet épisode est souvent appelé « l'incident de l'Arrow ».

Les Britanniques demandèrent officiellement la relaxe de ces marins en faisant valoir la promesse par l'empereur de la protection des navires britanniques. Ces arguments furent ignorés par les autorités chinoises. Les Britanniques évoquèrent ensuite l’insulte faite au drapeau britannique par les soldats de l'Empire Qing.

La première partie de la guerre

Bien qu'affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer aux Indes, la révolte des Cipayes (1857-1858), les Britanniques répondirent à l’incident de l’Arrow en 1857 en attaquant Canton depuis la rivière des Perles. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonna aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris sans difficulté le fort voisin de Canton, l’armée britannique attaqua la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l'USS Levant, bombardèrent Canton. Les habitants ainsi que les soldats résistèrent à l'attaque et forcèrent les assaillants à battre en retraite vers Humen.

Le parlement britannique décida d'obtenir coûte que coûte réparation de la part de la Chine pour l’incident de l'Arrow, demanda à la France, aux États-Unis et à la Russie de s’allier à elle. La France rejoignit les Britanniques contre la Chine après l’exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine (incident dit du père Chapdelaine), par les autorités locales chinoises dans la province du Guangxi. Les Américains et les Russes firent des offres d’aide aux Britanniques et aux Français, mais, finalement, ne les aidèrent pas militairement.

Les Britanniques et les Français désignèrent des ministres plénipotentiaires chargés des négociations avec les Chinois. Le représentant britannique était Lord Eldgin, l'ambassadeur français le baron Gros.

Ye Mingchen fut capturé et Baigui, le gouverneur de Guangdong, se rendit. Un comité mixte de l’Alliance fut formé. Baigui fut maintenu à son poste original pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintint Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen fut exilé à Calcutta, en Inde, où il se laissa mourir de faim.

La coalition se dirigea ensuite vers le nord pour prendre les forts de Dagu, qui défendaient l'embouchure de la rivière Hai He en aval de Tianjin, en mai 1858.

L'enseigne de vaisseau Henri Rieunier (1833-1918), de l'artillerie de marine, assistera à toutes les opérations de la première partie de la guerre de Chine, ses écrits exceptionnels sont conservés et relatent les évènements, comme suit:

« L'aviso "Marceau" participe à la prise d'assaut de Canton, grand port de la Chine méridionale, le 28 décembre 1857 par les flottes combinées de l'Angleterre et de la France, à la suite d'attaques contre des navires marchands anglais. Le 20 février à Canton, Henri Rieunier embarque sur la canonnière la "Mitraille" dont il dirige les batteries d'artillerie. Le 16 mars 1858, l'amiral de Genouilly, avec l'escadre quitte Canton pour la Chine du nord. Le 20 mai 1858, agissant de concert avec les Anglais, il s'empare des forts de Ta-Kou à l'embouchure du Peï-ho dans le Petchili avant de remonter le Peï-ho jusqu'à Tien-Tsin en direction de Pékin. La "Mitraille" dont l'équipage fut décimé - 2 officiers tués, un blessé - participe à leur attaque et à leur prise. Henri Rieunier fut chargé de miner et de faire sauter le fort sud de l'embouchure de Peï-ho, en juin 1858. La route de Pékin ouverte, le gouvernement chinois signe à Tien-Tsin les 27 et 28 juin 1858 avec l'Angleterre et la France, les traités qui mirent fin à la première expédition de Chine de la 2ème guerre de l'opium. L'affaire de Chine étant ou paraissant réglée, l'amiral Rigault de Genouilly porte ses forces sur la Cochinchine...etc »

Le traité de Tianjin

En juin 1858, le traité de Tianjin conclut la première partie de la guerre à laquelle la France, la Russie et les États-Unis étaient parties prenantes. Ce traité ouvrit onze ports supplémentaires au commerce occidental. Mais, dans un premier temps, les Chinois refusèrent de le ratifier.

Les points principaux du traité étaient :

  1. Le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-Unis auront le droit d’établir des missions diplomatiques à Pékin, jusque-là, cité interdite.
  2. Dix ports chinois supplémentaires seront ouverts au commerce étranger, y compris Niuzhuang, Danshui, Hankou et Nankin.
  3. Le droit pour tous les navires étrangers, y compris les navires commerciaux, de naviguer librement sur le Yangzi Jiang
  4. Le droit pour les étrangers de voyager dans les régions intérieures de la Chine dont ils étaient jusqu’à présent bannis.
  5. La Chine doit payer une indemnité au Royaume-Uni et à la France de deux millions de taels d’argent chacune.
  6. La Chine doit payer une indemnité aux marchands britanniques de deux millions de taels d’argent pour destruction de leurs propriétés.

Les négociations se poursuivirent et, en novembre 1858, le gouvernement central accepta de légaliser le commerce de l’opium : en 1886 le commerce de l’opium porta sur 180 000 caisses (environ 10 000 tonnes). Dès 1878, on estime à environ 100 millions le nombre de consommateurs d'opium chinois (occasionnels ou réguliers).

Les Chinois acceptèrent que les droits de douane soient extrêmement faibles et que la gestion des douanes passe sous contrôle étranger.

La ratification eut lieu plus d'un an après. Le gouvernement chinois laissa traîner les choses et les Britanniques et Français eurent recours à la force pour aller plus vite : 11 000 Britanniques et 7 000 Français s’embarquèrent sur les eaux chinoises.

Le traité d'Aigun avec la Russie

Le 28 mai 1858, le traité d'Aigun est signé avec la Russie pour réviser les frontières entre la Chine et la Russie telles qu’elles avaient été définies par le traité de Nertchinsk en 1689.

Les Russes s’étendent vers la Chine, car ils ne peuvent s’étendre vers le Proche Orient (guerre de Crimée perdue, 1856). Il y a très longtemps que Russes et Chinois s’étaient entendus sur des frontières communes. Par la suite, les Russes avaient essayé de repousser les frontières (au-delà du fleuve Amour, en chinois Heilong Jiang) et avaient installé deux forts. Les Russes profitent de la deuxième guerre de l'Opium pour consolider leur avancée. Ils collaborent en sous main avec Français et Britanniques et se posent en médiateur. La Russie gagne la rive gauche du fleuve ainsi que le contrôle d’un territoire hors gel le long de la côte Pacifique, où elle fonde la ville de Vladivostok (le souverain de l’est) (anciennement Haishenwei) en 1860.

Les Russes ont les mêmes privilèges que les autres pays et la Chine reconnaît formellement leurs annexions de plus d'un million de kilomètres carrés de territoires.

La seconde partie de la guerre

Prise des forts du Peï-Ho le 21 août 1860.

En 1859, après le refus de la Chine d’autoriser l’établissement d’ambassades à Pékin comme stipulé dans le traité de Tianjin, une force navale sous le commandement de l’amiral Sir James Hope encercla les forts gardant l’embouchure de la rivière Hai He, mais subit des dommages et fit retraite sous la couverture d’un escadron naval commandé par Josiah Tattnall. La force arriva à Pékin et occupa la ville le 6 octobre. Nommant son frère, le prince Gong comme négociateur, l’empereur chinois Xianfeng se réfugia dans son palais d’été de Chengde. Les troupes franco-britanniques incendièrent les deux palais d’été, le nouveau et l’ancien, à Pékin, après plusieurs jours de pillage. Le vieux palais d'été fut totalement détruit. Les trésors s'y trouvant furent préalablement répertoriés par le général français et son homologue britannique, et rapportés à Paris et Londres pour entrer dans des collections d'État ou encore des ventes aux enchères. Cependant, Pékin elle-même ne fut pas prise, les troupes restant cantonnées en dehors de la ville.

La convention de Pékin

Après la fuite de Pékin de l’empereur Xianfeng et de sa suite, en juin 1858, le traité de Tianjin est finalement ratifié par le frère de l’empereur, le prince Gong, lors de la convention de Pékin le 18 octobre 1860, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium.

Le commerce de l’opium est légalisé et les chrétiens voient leurs droits civils pleinement reconnus, incluant le droit de propriété privée et celui d’évangéliser.

La convention de Pékin inclut :

  1. La reconnaissance par la Chine de la validité du traité de Tianjin
  2. L’ouverture de Tianjin en tant que port commercial, destiné au commerce avec Beijing
  3. La cession du district de Kowloon au Royaume-Uni
  4. La liberté de culte en Chine. Les missionnaires catholiques français ont le droit d’acheter des terres et de construire des églises.
  5. L’autorisation pour les navires britanniques d’amener de la main-d’œuvre chinoise à l'étranger pour remplacer les esclaves récemment affranchis. Ces coolies partiront pour les mines ou les plantations de Malaisie, d’Australie, d’Amérique latine, des États-Unis.
  6. Le paiement aux Britanniques et aux Français d’une indemnité augmentée à huit millions de taels d’argent chacun.

Les conséquences

Les conséquences de la seconde guerre de l’opium sont :

Au niveau économique, l’empire doit donner de grosses sommes d’argent aux pays contre qui elle a été en guerre. De plus, la balance commerciale du pays reste déficitaire, car les exportations de thé ne suffisent toujours pas à équilibrer l’argent que les Chinois utilisent pour acheter l’opium. Durant les guerres de l’opium, les Russes ont profité du chaos régnant dans le pays pour envahir quelques territoires chinois. La Chine doit verser 50 millions de roubles1 au tsar pour tout récupérer.

La Chine est considérablement affaiblie par les deux guerres qui viennent de la ravager, mais aussi la révolte des Taiping qui continuera à faire rage jusqu'en 1864. Les puissances de l’époque en ont profité pour s'emparer de territoires. Ainsi, la Chine perd l’Annam au profit de la France, la Corée qui devient indépendante et beaucoup d’autres régions du grand empire chinois.

Au niveau culturel, les pays qui ont gagné la guerre ont pillé de nombreux trésors comme les objets du « Palais d’Eté », qui a même été brûlé par les armées françaises et anglaises par la suite. Au niveau de la société, les pays vainqueurs peuvent continuer le commerce de l'opium, ce qui fait que de très nombreux consommateurs sortent de la clandestinité.

La Chine vit une période difficile à surmonter, et l’impératrice Cixi décide qu’il est temps que la Chine commence à se moderniser en prenant exemple sur les pays plus développés. Elle s’industrialise, commence à créer des armes, ses ports se développent et les bateaux à vapeur apparaissent, les lignes de chemin de fer arrivent dans le pays… Une des conséquences principale de la deuxième guerre de l’opium est donc la modernisation de la Chine, qui s’ouvre enfin sur le monde extérieur, ce qui lui permet de se développer.

L’empire chinois a donc perdu toute sa puissance à cause des guerres de l’opium. Leurs conséquences ont été catastrophiques pour le pays qui mettra des décennies à s’en remettre.

Reportages photographiques

Cette guerre fut l'une des premières guerres à être suivie et documentée par des photographes, parmi lesquels Felice Beato, John Papillon chez les Anglais et Antoine Fauchery chez les Français.

 

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