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sammael world
17 novembre 2013

la vie?? .........la faim du tigre

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Pourquoi se préoccuper de tout cela? Puisqu’il y a la vie, et que nous sommes dedans, eh bien, nous vivons !
Bien sûr… Il n’y a qu’à vivre… C’est ce que nous faisons tous, c’est ce que tu fais d’habitude. Mais il suffit d’un instant… Tu es assis sur une pierre chaude ou sur la plage, ou sur le bois poli de la chaise où tu t’assieds jour après jour pour travailler. Tu te reposes ou tu travailles, ou tu manges ou tu bois ton café. Toute la vie coule autour de toi. Et toi avec.
Milliards d’hommes, milliards de milliards d’êtres vivants et d’étoiles. Et toi avec. Sans que tu t’en soucies.
Depuis vingt ans ou quarante ou soixante, tu fais partie de tout. Ce tout qui se dilate ou se contracte ou qui monte ou descend, qui vient de quelque part et va quelque part.
Et toi avec.
Tu y es à ta place, avec ta forme à toi, et ta fonction, que tu ignores. Tu travailles, tu dors, tu respires sans te préoccuper. Tu existes. Comme le grain de sable sur la plage.
La marée te roule et te mouille, le soleil te sèche, le vent t’emporte et te laisse tomber. Tu tiens ta place de grain de sable. Milliards de milliards sur la grande plage. Et toi avec. Tu nais, tu vis, tu fais des enfants, tu travailles pour eux, pour les autres, contre les autres, contre les tiens, tu aimes, tu hais, tu te bats, tu es heureux, malheureux, tu manges, tu pleures, heureux au fond malgré tous les malheurs, sans réfléchir, le train t’emporte, tout va, tu vas, tu es assis sur une pierre de vacances ou sur ta chaise de travail…
Et tout à coup, suspendu entre le vent, la marée et le soleil, suspendu immobile abandonné tout seul, tout à coup suspendu brutalement lucide, un instant, un éclair, tu n’es plus dans le coup
Tout à coup, tu vois le fonctionnement autour de toi. L’énorme prodigieux tourbillon qui entraîne tout et tout depuis des milliards de temps jusqu’au fond des milliards d’éternités, au fond des milliards d’espaces jusqu’au fond des milliards d’infinis. Milliards de milliards de multiples créatures en mouvement, atomes, cellules, individus, étoiles, galaxies, univers, tout en vient et tout y va.
Et toi avec.
Où?
Un instant, un éclair suspendu, tu as vu. Le temps de comprendre que tu n’es rien, sans importance, nul, moins que zéro. Milliards de milliards de multitudes emportées. Et toi avec, parmi les multitudes de multitudes dont chaque grain a autant d’importance que toi. Ni plus ni moins. Ni moins la patte de mouche ni plus la Lune. Comme la Lune. Comme la Lune, toi, ta famille, humanité, galaxies, univers : zéro, poussière de poussière, rien, rien, dans le Tout.
Le Tout tourbillonnant immobile en voyage depuis où jusques à quand. Toi zéro. Toi, tes coliques, ton envie de sexe et de Légion d’honneur, ton petit ventre à soupe, tes seins d’amour, tes moustaches, ta robe de soie, ta fameuse cervelle, ta belle jambe, toi zéro. Tu as repris ta place dans le vent et la marée. Mais inquiet. Brûlant le sable, dure la chaise. A quoi bon ces durillons aux fesses, ces mains calleuses, cette fumée par les oreilles? A quoi bon cette bataille? Naître, vivre, mourir? Vivre? Vivre? Pourquoi? Pourquoi?
Ce n’est pas toi qui répondras, ni moi non plus. Mais, sans espoir de réponse, si tu ne cries pas la question, alors tu n’es qu’un os…

 

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L’individu ne s’est pas fait, il n’a pas voulu sa vie, et sa vie se continue sans le secours de sa volonté.
A aucun moment, il ne continue d’exister parce qu’il le veut. C’est une organisation totalement indépendante de sa conscience et de ses décisions qui le maintient en vie. Son intelligence est trop faible, son attention trop instable, son ignorance trop grande pour qu’il puisse assurer cette tâche, même pendant quelques instants. Si un individu devenait tout à coup responsable de son corps, celui-ci sombrerait aussitôt dans le désordre et la décomposition. Le gouvernement d’un monde aussi complexe que le corps humain réclame une connaissance totale des ressources de la matière et des lois de notre univers.
Il exige un éveil perpétuel, une attention ininterrompue, une capacité de réception, de coordination et de décision qui ne laisse en dehors du circuit de la vie aucune parcelle de l’organisme. Tout cela est très loin au-dessus des possibilités de connaissance, de compréhension et de volonté humaines. L’homme est logé en lui-même à la façon d’un passager incompétent. Il ignore tout de la conduite d’un organisme qui ne dépend pas de lui, et qu’il est tout juste capable de détraquer par son comportement.
Ce n’est pas l’homme qui a décidé de son commencement, ce n’est pas lui qui fait le nécessaire à tout instant pour continuer de fonctionner, ce n’est pas lui qui doit décider du moment où son fonctionnement s’arrêtera. Le suicide est considéré par la plupart des religions comme le pire des péchés et provoque toujours, chez les proches de celui qui s’y est livré, une stupéfaction mêlée d’une sorte d’horreur. Car c’est c’est une intervention de l’individu dans un domaine qui n’est pas le sien.

 

rené barjavel "la faim du tigre"

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