La commune libre de Christiana
Christiana et l’une des rare expérience libertaire historique toujours en activité au Nord de l’Europe au Danemark. Fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådmandsstræde au sein de Copenhague par un petit groupe de squatteurs, de chômeurs et de hippies.
Partis d’une cinquantaines pour bâtir le projet, la crise aiguë du logement qui régner alors à Copenhague attira en quelques années plusieurs centaines de personnes. Pris d’assaut par les médias du pays l’expérience devient rapidement célèbre.
Aujourd’hui il y a plus d’un milliers d’habitants, une cinquantaine d’enfants y sont nés et la moyenne d’âge est à présent élevée, apportant la preuve de la persistance d’un noyau dur de résidents de très longue durée.
Plus d’une cinquantaine de collectifs exercent divers activités ce qui permet à la ville d’être autonome. Christiania possède une économie et sa propre monnaie, un vaste espace agricole, une fabrique de vélos, des ateliers de restauration de poêles et voitures anciennes, une boulangerie, un sauna, sa célèbre imprimerie, ses jardins et une unité d’éboueurs/recycleurs.
La vie culturelle prend une part importantes des Christianites. Il y a un cinémas, des théâtres, une radio libre et une foule de bars, restaurants et lieux de spectacles pour ce divertir.
Christiania ce caractérise aussi pour son architecture devenu célèbre depuis la création de « Pyramiden », une pyramide construite par des apprentis charpentiers allemands, en passant par des dômes géodésiques et toutes sortes de constructions aussi hétéroclites que poétiques.
Le drapeau de Christiania, trois points jaunes sur fond orange (ou inversement) représentant les trois points sur les trois « i » de Christiania, aurait été créé par Viktor Essmann, qui inventa ce nom, qui fait référence au nom du quartier, « Christianshavn » le port de Christian, en référence à Christian IV, qui fut au Danemark ce que Louis XIV fut à la France.
L’histoire de Christiania est agitée. En 1979 les habitants décident d’expulser lors de la "JunkBlokaden" les vendeurs et les usagers de drogues dures, qui menace la survie du projet.
Les plans officiels de suppression ou transformation de Christiania se sont succéder mais la plupart n’ont eu aucun effet, au moins jusqu’au milieu des années 1990. Un conflit opposa les "pushers" vendeurs de drogues douces et "activistes", les militants d’une politique plus stricte au sujet de la vente de haschich et d’alcool. Ce conflit a plusieurs fois mené Christiania au bord du gouffre. C’est grace à la défense intelligente devant les tribunaux et le Parlement du Danemark que l’avocat communiste et résistant Carl Madsen sauvat l’expérience.
Dans un mouvement général de normalisation et d’uniformisation du pays, le Premier ministre libéral-conservateur Anders Fogh Rasmussen élue en 2001 décide de s’attaquer au "cas" Christiana, accusée de favoriser le trafic de drogues. Le 1er janvier 2006, la ville perd son statut spécial de communauté alternative et le 19 mai 2007, 35 ans après la naissance de Christiania une première maison est détruite. La démolition entraîna une vive protestation qui dégénéra en conflit avec la police.
Le point fort de cette expérience libertaire est que les autorités ne peuvent pas véritablement détruire la ville puisqu’elle permet de loger plus d’un milliers de personnes. Mais le dialogue conflictuel reste omniprésent.
Christiana est diriger par une multitudes d’assembler qui gère le fonctionnement général de la ville. Dans ces assemblées, les décisions ne sont jamais prises au vote, mais quand il semble à chacun qu’un consensus a été atteint.
Les relations économiques ordinaires qui ont cours à l’intérieur de Christiania n’ont jamais eu de liens matérielle avec le monde extérieur. Plusieurs collectifs d’habitation pratiquent un partage modéré et de nombreux collectifs d’activité travaillent sans but lucratif, voire sans rémunération.
La commune libre de Christiana figure comme un exemple de réussite. Partis de rien, les habitants ont su développer un système alternatif et autonome original qui dure depuis plus de 35 ans.
Lien : Christiana.org (de)
25-03-2011 La saga de Christiana, le plus grand squat autogéré d’Europe, touche sans doute à sa fin. Le 18 février, la Cour suprême danoise a confirmé que ce quartier phare de Copenhague et des seventies, très convoité par les promoteurs immobiliers, devait céder son terrain à l'Etat danois qui en est le propriétaire.
Après plusieurs années de lutte, il semble donc que le gouvernement danois, issu d’une coalition réunissant la droite et l’extrême-droite, a eu la peau de Christiania, la « ville libre » de Copenhague, dernier bastion du Peace and Love.
Christiana est en effet un symbole de la culture alternative, qui a de quoi hérisser le poil des conservateurs et des réacs. Ce quartier fut créé le 26 septembre 1971 : quelques hippies ont alors envahi une caserne abandonnée pour y planter le « drapeau de la liberté » et créer une société alternative, guidée par les idéaux de l’amour et de la paix, où les drogues douces sont en vente libre et les maisons appartiennent à la communauté. Habitée par un millier de personnes, dont 250 enfants, Christiania est aujourd’hui devenue une attraction touristique avec jusqu'à un million de visiteurs par an.
Le ministre des Finances danois a toutefois entamé des négociations avec les Christianites afin d’éviter la solution musclée de l’expulsion. Espérons qu’en mettant une nouvelle fois l’imagination au pouvoir, nos valeureux Astérix de la contre-culture parviennent à trouver une solution pour ne pas disparaître…
Christiania (Danemark)
Christiania (Fristaden Christiania) est un quartier de Copenhague au Danemark, autoproclamé « ville libre de Christiania », fonctionnant comme une communauté intentionnelle autogérée, fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådmandsstræde par un groupe de squatters, de chômeurs et de hippies. Le quartier est une rare expérience historique libertaire toujours en activité en Europe du Nord.
Christiania a créé son propre drapeau, comportant trois points jaunes sur fond orange ou inversement, représentant les points des trois « i » de Christiania. Il aurait été créé par Viktor Essmann, créateur du nom de la communauté choisi en référence à « Christianshavn » (le port de Christian IV).
En 2003, la cité comptait près de 1000 habitants sur 34 hectares, elle possédait sa propre monnaie et toutes sortes d'activités culturelles et sportives, ainsi qu'un vaste espace agricole.
Le quartier a été l'objet de multiples controverses. La vente du cannabis y est toujours pratiquée à l'air libre. Son statut légal est également la cause de conflits et de négociations.
Histoire
Naissance de Christiania
La ville libre vue de l'église Notre-Sauveur
Après que les clôtures entourant l'ancien quartier militaire de Bådsmandsstræde ont été détruites par des résidents, le projet fut initié en 1971 par le journaliste provo Jacob Ludvigsen par le biais d'un article dans son journal underground Hovedbladet annonçant l'ouverture de la « ville libre ». La charte, que Ludvigsen rédigea conjointement avec d'autres participants, déclarait :
« L'objectif de Christiania est de créer une société autogérée dans laquelle chaque individu se sent responsable du bien-être de la communauté entière. Notre société doit être économiquement autonome et nous ne devons jamais dévier de notre conviction que la misère physique et psychologique peuvent être évitées »
Une histoire mouvementée
L'histoire de Christiania est agitée. Les résidents y étaient connus pour leur intérêt pour les pratiques orientales, le yoga, et toutes substances capables de produire des états modifiés de conscience. Au cours de la « JunkBlokaden » de 1979, des représentants de Christiania ont expulsé les vendeurs et usagers de drogues dures, l'héroïne principalement, qui menaçaient sa survie (dix morts par overdose étaient survenues l'année précédente). Un long conflit larvé a opposé les « pushers », vendeurs de haschich, et les « activistes », militants plus politiques, au sujet de la vente de haschich et d'alcool. Ce conflit a plusieurs fois mené Christiania au bord de la rupture.
La vente libre de cannabis représentait un marché de 26,8 millions d'euros par an selon la police. Le 4 janvier 2005, les stands de vente de cannabis sont finalement détruits par leur propriétaire pour persuader le gouvernement de laisser la ville libre continuer d'exister. Avant la destruction, le musée national du Danemark a pu prendre un des plus beaux stands qui est désormais en exposition dans ce musée. Aujourd'hui, les stands de Pusher Street ont été reconstruits et proposent toujours de larges variétés de marijuana et de résines de cannabis, ainsi que des préparations culinaires à base de cannabis ( sucettes, brownies, biscuits ) et des accessoires ( pipes à marijuana, pipes à eau, feuilles à rouler, cartons pour les filtres, grinders... )
Des projets officiels de suppression ou de transformation de Christiania ont été nombreux, mais la plupart sans effet, au moins jusqu'au milieu des années 1990. L'avocat communiste et résistant Carl Madsen eut droit à la reconnaissance des résidents pour ses plaidoiries devant les tribunaux et le Parlement.
Après avoir été toléré comme « expérimentation sociale » et suite à un mouvement général de normalisation et d'uniformisation du pays, le Premier ministre libéral-conservateur Anders Fogh Rasmussen décide de s'attaquer au « cas » Christiana, accusée de favoriser le trafic de drogues. 1er janvier 2006, la ville a perdu son statut spécial de communauté alternative. Le 19 mai 2007, 35 ans après la naissance de Christiania : une première maison est détruite. La démolition entraîna une vive protestation qui dégénéra en conflit avec la police conduisant à l'arrestation de 59 personnes, laquelle avait déjà eu fort à faire lors des émeutes, deux mois avant, suite à la démolition d'Ungdomshuset.
La commune libre de Christiania et le gouvernement danois ont conclu, le 21 juin 2011, un accord qui permet aux habitants du plus célèbre quartier alternatif d’Europe d’en racheter à l’État la plus grande partie.
Vie politique
Les 9 lois de Christiania
Christiania est en grande partie influencée par la pensée anarchiste même si aujourd'hui très peu de ses habitants s'en réclament. Il est ponctuellement arrivé que des Christianites soient élus au conseil municipal, voire au Parlement (Tine Schmedes, une député christianite y donna le sein à son bébé, créant un scandale). L'autorité y est exercée par le « Fællesmøde » (assemblée générale). Le pouvoir réel y est exercé, non sans difficulté, par les assemblées de quartiers, les « Områdemøder », l'assemblée des entreprises (lucratives ou non), « Virksomhedsmøde », et l'assemblée des finances, « Økonomimøde » qui gère les ressources de Christiania (versements de la commune au titre de l'aide sociale, « loyer de Christiania » versé par une large part des habitants, contributions volontaires des collectifs à but lucratif). Dans ces assemblées, les décisions ne sont jamais prises au vote, mais par consensus. Les Christianites considèrent qu'est Christianite celui ou celle qui dort à Christiania, mais ce point a fait l'objet de débats houleux. Il a existé entre neuf et dix quartiers à Christiania.
À Christiania les voitures, les armes, les gilets pare-balles et les drogues dures sont interdits. Après les deux premiers étés où les Christianites se sentirent débordés par un raz-de-marée de campeurs, le camping n'y est plus possible. Les vendeurs de haschich de Pusher Street, la zone où ils vendent à l'air libre, interdisent qu'on les photographie.
Christiania est en conflit perpétuel avec les autorités pour maintenir sa propre existence. Celle-ci est largement due au fait que détruire Christiania signifierait, pour les autorités, trouver un relogement pour un millier de personnes. En outre, plusieurs centaines de Christianites bénéficient d'aide sociale, qui a été fixée à un niveau particulièrement bas pour les résidents de Christiania ; si ceux-ci étaient relogés, le coût des prestations qui leur sont versées augmenterait considérablement.
Économie
Les relations économiques ordinaires ont cours à l'intérieur de Christiania, qui n'a jamais réussi à devenir matériellement indépendante du monde extérieur. Plusieurs collectifs d'habitation pratiquent un partage modéré de certaines ressources matérielles, et de nombreux collectifs d'activité travaillent sans but lucratif, voire sans rémunération.
Plus d'une cinquantaine de collectifs divers exercent des activités industrielles, artisanales, commerciales, culturelles, sanitaires, théâtrales, etc. Christiania possède son jardin d'enfants, sa boulangerie, son sauna, son unité d'éboueurs/recycleurs, ses bulldozers, sa fabrique de vélos, son imprimerie, sa radio libre, un atelier de restauration de poêles anciens, un autre de restauration de voitures anciennes, son propre cinéma (« Byens Lys », « Les Lumières de la Ville ») et une foule de bars, restaurants et lieux de spectacles. Les égouts de Christiania ont été rénovés et agrandis par les Christianites eux-mêmes.
Démographie
Lors de sa création, Christiania bénéficie de la crise aiguë du logement régnant alors à Copenhague, ainsi en quelques années la population dépassa plusieurs centaines de personnes pour se stabiliser l'hiver aux alentours du millier.
Au moins une cinquantaine d'enfants sont nés à Christiania et y ont été élevés. Curieusement, au moins jusqu'en 2006, la proportion approximative d'un tiers de femmes pour deux tiers d'hommes n'a jamais changé. La plus forte proportion d'étrangers est bien sûr composée de Scandinaves ; il faut noter la présence de quelques dizaines d'Inuits, qui s'explique par le fait que le Groenland est un territoire danois. Quoique la population ait eu un caractère marqué d'instabilité, la moyenne d'âge est à présent élevée, apportant la preuve de la persistance d'un noyau dur de résidents de très longue durée.
Culture
La contribution de Christiania à la vie culturelle de Copenhague est hors de toute proportion avec le nombre des Christianites ; les Danois de plus de 40 ans se souviennent de l'armée des Pères Noël créée par le théâtre de rue « Solvognen » (Chariot du soleil) qui, le jour de Noël 1973, envahit le célèbre « Magasin du Nord » et se mit à distribuer gratuitement des livres aux clients présents. Les affiches de Christiania ont été préservées dans le livre Plakater compilé par Fabbrikken, l'un des collectifs d'habitation de Christiania. Un grand nombre d'entre elles sont dues à Silketrykkeriet, l'atelier d'imprimerie sur soie implanté dans le bâtiment de Fabbrikken. Un livre de photographies sur Christiania, intitulé Christiania, a été publié par Mark Edwards aux éditions « Information ». La télévision danoise possède des centaines d'heures de documentaires et d'émissions sur la communauté, et la presse danoise a publié des milliers d'articles sur ce lieu unique. Une collection complète de ces articles y est conservée. En revanche, la Bibliothèque royale de Copenhague conserve très peu de documents sur Christiania.
L'architecture de Christiania est célèbre, depuis la création de « Pyramiden », une pyramide faite de matériaux de construction par Helge, à Bananhuset (la Maison-Banane), construite par des apprentis charpentiers allemands, en passant par des dômes géodésiques et toutes sortes de constructions aussi hétéroclites que poétiques, et des intérieurs d'une grande poésie, en particulier le bar « Månefiskeren » (Pêcheur de Lune). Une maison faite d'un bateau coupé en deux s'est retrouvée au musée d'art moderne de Louisiania.