les molècules de la solitude.......
Les molécules de la
solitude
Par
Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
Chez
les solitaires et chez ceux qui vivent bien entourés, les gènes du système immunitaire
s’expriment différemment. Voilà peut-être pourquoi les premiers semblent plus fragiles
face aux maladies.
Sans
disposer d’aucune explication, on a observé depuis longtemps que les personnes
socialement isolées présentent une mortalité plus élevée. Une équipe américaine
vient de publier dans la revue Génome
Biology une étude donnant un début d’explication. Les chercheurs se
sont intéressés aux leucocytes,
c’est-à-dire les globules blancs,
première ligne de défense de l’organisme contre les agresseurs en tout genre.
Quatorze
étudiants volontaires se sont prêtés à l’expérience, dont six se rangeaient
dans les 15 % supérieurs de l’échelle de solitude mise au point à l’université
californienne de Los Angeles (UCLA) et déjà utilisée dans d’autres expériences.
Car il ne suffit pas de vivre en célibataire pour être déclaré solitaire. Il
faut aussi ne pas compter trop d’amis ni de famille autour de soi… Les sept
autres volontaires se situaient, eux, dans les 15 % inférieurs de cette
échelle.
Vers
un médicament contre la solitude ?
L’équipe
(qui comportait des scientifiques de l’UCLA et de l’université de Chicago)
s’est focalisée sur l’expression du génome des globules
blancs, témoignage de l’activité du système immunitaire. Les chercheurs ont
suivi 209 gènes pour vérifier de quelle manière ils étaient lus, ou « exprimés
», c’est-à-dire traduits en protéines. Le
résultat est éloquent : tous ces gènes sont différemment utilisés par les deux
groupes. Pour 78 d’entre eux, leur activité est sur exprimée chez les
solitaires, ce qui signifie que ces gènes, plus souvent lus, servent à synthétiser
davantage de protéines. A l’inverse, 131 gènes sont sous-exprimés.
Parmi les
gènes surexprimés chez les solitaires, beaucoup sont impliqués dans
l’activation du système immunitaire et dans les réactions inflammatoires. Dans
les 131 dont l’activité est moindre, on trouve des gènes intervenant dans la
défense contre les virus et les anticorps.
« Ces découvertes nous fournissent des cibles moléculaires pour tenter de combattre les effets sur la santé de l’isolement social » explique Steve Cole, un des chercheurs de l’équipe. Une pilule pour aider les solitaires, en somme…