AU DEFAUT DU SILENCE....
Je me suis enfermé dans mon amour, je rêve.
Qui de nous deux inventera l'autre?
Visage perceur de murailles.
Ta chevelure d'oranges dans le vide du monde
Dans le vide des vitres lourdes de silence
Et d'ombres où mes mains nues cherchent tous les reflets.
La forme de ton coeur est chimérique
Et ton amour ressemble à mon désir perdu.
O soupirs d'ambre, rêves, regards.
Mais tu n'as pas toujours été avec moi, ma mémoire est encore obscurcie de t'avoir vu venir
Et partir. Le temps se sert de mots comme l'amour.
Elle m'aimait pour m'oublier, elle vivait pour mourir.
Dans les plus sombres yeux, se ferment les plus clairs.
Les lumières dictées à la lumière constante et pauvre passent avec moi toutes les écluses de la vie. Je reconnais les femmes à fleur de leurs cheveux, de leur poitrine et de leurs mains. Elle ont oublié le printemps, elles pâlissent à perte d'haleine.
Et toi, tu te dissimulais comme une épée dans la déroute, tu t'immobilisais, orgueil, sur le large visage de quelques dèesse méprisante et masquée. Toute brillante d'amour, tu fascinais l'univers ignorant.
Je t'ai saisie et depuis, ivre de larmes, je baise partout pout toi l'espace abandonné.
PAUL ELUARD