Les joies fugitives
Amour d'un jour
Suffit à vous briser le coeur.
Un jour, c'est court,
Le temps que fleurisse un bonheur.
Manque de pluie,
Le champ restait sec et stérile.
Le sol durci
S'habituait à être infertile.
Lorsqu'un matin,
Une ondée survint, passagère,
Et dans son sein
Se troubla et s'émut la terre.
De tendres fleurs
S'épanouirent dans la rosée,
Vibrant d'ardeur
Pour la vie qui était donnée.
Mais tout soudain,
L'eau cessa d'abreuver le champ.
Les fleurs, en vain,
Se tournaient vers le firmament ;
Puis elles périrent.
Le sol, revêtu de néant,
Parut gémir
Sous le joug des cieux inconstants.
Ainsi mon coeur,
Privé des joies de l'amitié,
Muet et songeur,
Commençait à les oublier.
Vint un visage
Qui sut bien me les rappeler.
De mon jeune âge,
Je retrouvais le doux passé.
L'enivrement
Où je plongeais comme autrefois
Fouettait mon sang
D'un farouche et brûlant émoi.
Quand, brusquement,
A peine m'en étais-je grisée,
L'éloignement
Me ravit mon rêve enchanté.
C'était fini.
Mon être, dans l'isolement,
Abasourdi,
Ne put réfréner son élan.
En moi, il pleure.
Je me ronge dans la solitude
Qu'une faveur
Ne m'a su rendre que plus rude.