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sammael world
20 septembre 2012

la corée.....les origines......

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Histoire de la Corée

 

Des origines jusqu'en 1948


La péninsule coréenne aurait été habitée dès le paléolithique et aurait accueilli une immigration venue de Mandchourie et de la Chine du Nord entre le VIIe et le VIe siècle avant notre ère. Selon la légende coréenne, le plus ancien État fut le Choson (le «Matin calme»), qui couvrait le nord-ouest de la Corée et le sud de la Mandchourie; il fut conquis par la Chine en 108-107 avant notre ère, qui y créa quatre «commanderies»: Lolang, Xuantu, Lindun et Zhenfan.

Les royaumes de Paekche dans le sud-ouest de la péninsule, fondée en 18 avant notre ère, et de Silla dans le sud-est, fondée en 57 avant notre ère, émergèrent aux IIIe et IVe siècles, alors que l'influence chinoise s'était affaiblie. Sur la côte sud, un troisième État, appelé Kaya, rivalisait avec les autres, mais ce fut le Koguryo qui, au Ve siècle, devint le plus puissant.

1 L'unification de la péninsule coréenne
La Corée à l'apogée de l'expansion de Koguryo au Ve siècle Le Koguryo réussit à contrôler la plus grande partie de la péninsule coréenne et de la Mandchourie. Au milieu du VIe siècle, le Silla conquit le Kaya et s'empara de territoires autour de Séoul et de la vallée du Han, tandis que le Koguryo et le Paekche perdaient graduellement des portions de leurs territoires. Ces États conservèrent une forte culture distinctive. Par exemple, le Koguryo excellait dans l'art militaire, mais le Silla mit en place des institutions sociales et politiques plus durables; le Paekche entretenait des relations avec la Chine et le Japon, et développa une grande civilisation, mais il était faible politiquement et militairement.

En 668 de notre ère, le Silla, allié à la dynastie chinoise Tang et aidé par son armée, avait, cette année-là, vaincu le Koguryo et le Paekche en 660, et établit le premier État de la péninsule coréenne unifiée après avoir reconquis en 735 les deux protectorats établis par les Chinois.

Le bouddhisme, apparu dans la péninsule au IVe siècle, était devenu une force puissante au VIe siècle et inspira fortement la vie intellectuelle et artistique du Silla. Mais la culture, l'écriture et les institutions politiques chinoises eurent aussi une grande influence, car tous les États coréens adoptèrent l'écriture chinoise pour transcrire leur langue respective. Néanmoins, la culture propre au Silla fut le principal véhicule du développement coréen de cette période. Au Xe siècle, une forme d'État typiquement coréen, fortement hiérarchisé, était déjà bien implantée et, malgré plusieurs changements et problèmes ultérieurs, cette forme de gouvernement resta en place jusqu'aux temps modernes.

2 Le Koryo (918-1392)

Au cours du IXe siècle, la monarchie et les institutions gouvernementales du Silla déclinèrent, alors que les dirigeants régionaux devenaient plus puissants. De 890 à 935, les trois anciens royaumes émergèrent à nouveau dans la péninsule. Cette fois, l'État du Nord, appelé Koryo, parvint à refaire l'unité dans la péninsule. Il fut fondé en 918 lorsqu'un guerrier nommé Wang Kon obligea le roi de Silla à abdiquer. Le Koryo réunit les dirigeants régionaux sous une autorité centrale et étendit les frontières du pays au nord du fleuve Yalu. C'est alors que le Koryo entra en conflit avec la dynastie mandchoue des Khitan (rebaptisée Liao en 947). Au cours des guerres qui durèrent de 993 à 1018, le Koryo parvint à maintenir ses positions et, en 1122, il obtint une paix définitive. Le terme de Koryo (selon la transcription, Koryo ou Goryeo) est à l'origine du nom moderne de Corée (en français),Coréia (en portugais), Corea (en espagnol et en italien), Korea (en anglais, en néerlandais, en allemand, en danois, en suédois), Koreya (en russe), Koreańska (en polonais), Koreai (en hongrois), etc. C’est sous ce nom que des marchands arabes ont parlé pour la première fois de ce pays aux Européens.

Dès le début, le bouddhisme devint la religion officielle de la cour de Koryo. Il prospéra considérablement, comme d'ailleurs en témoignent les temples et les représentations, tant peintes que sculptées, du Bouddha. La cour adopta l'écriture et le système chinois des examens pour le recrutement des fonctionnaires, classés selon leurs mérites scolaires. Toutefois, contrairement à la Chine où les concours étaient ouverts aux hommes de toutes origines, il restait, au royaume de Koryo, le monopole des familles de hauts fonctionnaires. La plupart des instituts publics d'enseignement furent fondés selon le modèle éducatif chinois et leurs contenus furent centrés sur les classiques confucéens. Le programme de l'enseignement supérieur comprenait, outre les classiques confucéens, des matières plus pragmatiques comme la législation, la calligraphie et la comptabilité. L'influence chinoise grandissante favorisa l'enseignement et l'apprentissage du chinois. Dans les universités, on n'étudiait que la littérature et les sciences chinoises, le chinois étant la «langue officielle du gouvernement et de la haute société». Dans la formation des interprètes, le chinois restait la langue la plus importante. Dès le Xe siècle, un bureau chargé de la traduction et de l'enseignement des langues étrangères (le Thongmunkwan) avait commencé à former des interprètes. En 1276, ce bureau fut renforcé tant pour contrôler la qualité de la traduction que pour enseigner les langues étrangères — surtout le chinois et le japonais — de manière plus systématique.

L'épanouissement de la culture du Koryo se produisit au XIe siècle; elle fut marquée par la présence d'un gouvernement stable, dont les institutions et les méthodes étaient empreintes de l'influence chinoise. Le bouddhisme inspira l'éducation et les arts. Mais, au début du XIIe siècle, la stabilité du Koryo fut remise en cause. De puissantes familles aristocratiques luttèrent contre le trône pour contrôler la région, tandis que la dynastie mandchoue des Jin exerçait une pression extérieure, provoquant des réactions divisées de la part d'un pouvoir devenu incertain. En 1170, les militaires, irrités par la discrimination dont ils étaient victimes, chassèrent les officiels civils, et les rois perdirent leur autorité, ce qui entraîna une période de conflits intérieurs. Puis les moines finirent par acquérir de plus en plus de pouvoirs. Durant les dernières années du royaume, le bouddhisme fut gravement remis en question en raison des conflits entre les fonctionnaires lettrés et les militaires, d'une part, les confucianistes et les bouddhistes, d'autre part.

Les Mongols envahirent la péninsule en 1231, ce qui déclencha une série de guerres, lesquelles se terminèrent en 1259 par la conquête du Koryo, qui devint un État vassal de la Mongolie pendant près d’un siècle, et ce, malgré la résistance dont fit preuve, durant vingt ans, le peuple de Koryo contre les envahisseurs. Les rois de Koryo ne retrouvèrent leur position dominante que sous la gestion de commissaires résidents mongols. Grâce à l'accession au pouvoir de la dynastie des Ming en Chine, en 1368, en lieu et place de la dynastie mongole des Yuan, le Koryo put se dégager du joug mongol. Le général Yi Songkae se débarrassa de ses adversaires politiques, prit le pouvoir en 1392 et établit ainsi en Corée la dynastie des Yi, qui régna sous le nom dynastique de Choson.

3 La dynastie Choson (1392-1910)

Durant le XIVe siècle, les Coréens furent fortement influencés par des théories néo-confucianistes, qui avaient été formulées par le philosophe chinois Zhu Xi. Ce système de valeurs très développé stimula les classes moyennes de l'administration du Koryo, et leur mouvement pour une réforme politique et sociale fut à l'origine de l'accession au pouvoir de la dynastie Choson (ou Joseon).

La Dynastie Choson (XVe Siècle)

Ce n’est qu’au XVIe siècle, avec l’avènement de la dynastie Choson (1392-1910), souvent connue en Occident sous le nom de «dynastie des Yi» (nom véhiculé par les Japonais) que le confucianisme devint un puissant instrument de réorganisation étatique et sociale.

Sous le règne du roi Sejong (1418-1450), le quatrième monarque de Choson, la Corée connut un épanouissement culturel et artistique sans précédent. C’est sous son règne que des savants de l’Académie royale inventèrent l’alphabet coréen, le Hangul, un système d’écriture conçu de manière scientifique, mais simple et efficace à la fois. Ce fut l'un des premiers exemples d'interventionnisme linguistique dans l'histoire du monde. Le règne du roi Sejong marqua ce qu'on appelle «l’âge d’or» de la Corée. Nombre d’inventions et d’idées nouvelles virent le jour durant cette période, dans les domaines de l’administration publique, de l’économie, des sciences naturelles, des sciences humaines, de la musique et de la médecine.

Bien que très influencé par la culture chinoise, le Choson parvint à garder une identité propre, utilisant son système d'écriture particulier, à la fois alphabétique et syllabique. L'utilisation de ce système d'écriture très compliqué a causé des problèmes très sérieux, parce que le chinois (monosyllabe) et le coréen (polysyllabique) sont des langues très différentes.

Durant les deux premiers siècles de son existence, le royaume Choson fut bien gouverné et connut la paix, mais des divisions commencèrent à apparaître parmi l'élite au XVIe siècle. C'est au cours de cette période que le royaume fut envahi en 1592 par les Japonais, qui voulaient utiliser le pays comme base de transit pour conquérir la Chine. En septembre 1593, avec l'aide de la dynastie chinoise des Ming et des efforts de son héros national, l'amiral Yi Sunsin (1545-1598), le royaume Choson réussit à chasser les Japonais. Ces derniers renouvelèrent leur tentative en 1597, mais furent définitivement refoulés en 1598. Quelques décennies plus tard, le pays dut subir une invasion par le nord, perpétrée par la nouvelle dynastie chinoise d'origine mandchoue des Qing (1636). Le Choson dut accepter de devenir vassal de la Chine, alors que le prince héritier devait rester en otage à la cour impériale des Qing. La langue chinoise pénétra de façon plus importante dans le vocabulaire des Coréens.

Au cours des deux siècles qui suivirent, le royaume Choson fut gouverné par des rois compétents, malgré l'apparition périodique de conflits entre différentes factions. Mais des changements sociaux, économiques et religieux mirent à l'épreuve le système politique et social du royaume Choson. Le christianisme fut introduit 1784 par la Chine et propagé après 1833 par des missionnaires français. En 1864, le roi Taewonkun déclara le christianisme hors la loi et repoussa les interventions militaires de la France (1866) et des États-Unis (1871). Il tenta aussi d'éliminer la corruption et de restaurer le prestige de l'État. Les réactions politiques suscitées par ces réformes provoquèrent néanmoins la chute du Taewonkun. Le Choson demeura un royaume relativement isolé du monde occidental, mais fidèle dans son alliance avec la Chine. En réalité, la Corée devint l'enjeu des puissances chinoise, japonaise et russe. En 1876, les Japonais obligèrent le pays à établir des relations diplomatiques avec eux, tout en affaiblissant les liens traditionnels du royaume avec la Chine. La victoire du Japon sur la Chine (1895) et sur la Russie (1905) permit l'annexion officielle de Choson par le Japon en 1910, ce qui mit fin à la plus longue dynastie (celle des Choson) qu'ait connue l'histoire du monde.

En 1897, le 26e roi de la dynastie Choson (1392-1910), agissant sous l'influence des idées occidentales et poussé par les Japonais, se déclara «empereur des Han» (le nom ancien des tribus coréennes, à ne pas confondre avec la dynastie chinoise du même nom) et proclama ainsi son égalité avec l'empereur de Chine tout en affirmant son indépendance politique. Un nouveau nom pour le pays a été donné: Taehancheguk («le Grand Empire Han»).

Au chapitre de la langue, le coréen, qui n'avait jusqu'alors qu'un statut de langue orale, commença à s'affirmer comme langue écrite à partir des réformes amorcées en 1894.  Le statut officiel du chinois mandarin fut supprimé et le coréen est devenu la seule langue officielle (kugo); les anciens noms péjoratifs accolés au coréen (onmun «langue de mauvais goût», pancheol «dialecte», etc.) tombèrent en désuétude. Néanmoins, l'enseignement du chinois classique se poursuivit dans les écoles ainsi que l'influence du système d'écriture japonais (la combinaison de caractères chinois et des lettres coréennes). Le premier journal en langue coréenne, le Tongnipsinmun (Journal de l'Indépendance) fut publié en 1896. Il se développa alors en Corée une période de purification linguistique destinée à supprimer l'écriture chinoise dans la langue coréenne écrite. Après la signature des traités d'amitié et de commerce (1882-1886), l'enseignement des langues occidentales (anglais, allemand et français) et des sciences humaines dans les nouvelles écoles permit aux Coréens de se rendre compte des dimensions du monde.

4 La domination japonaise (1910-1945)
[Zainihon Daikanminkoku Dan (Mindan)] L'occupation japonaise avait commencé avec le «traité de protection» de 1905, imposé au pays après la guerre russo-japonaise, par lequel le Japon prenait le contrôle des Affaires étrangères de Choson, puis de la police et de l'armée, de la monnaie et du système bancaire, des communications ainsi que de tous les secteurs vitaux. L'assassinat de la reine coréenne pro-russe mit fin à la dynastie Choson en 1910 et, le 29 août de la même année, la Corée fut annexée par le Japon, malgré l'hostilité des Coréens. Cette occupation allait durer trente-cinq ans, soit jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De 1910 à 1918, le Japon consolida ses positions en éliminant les nationalistes, en prenant le contrôle des terres et en imposant des changements administratifs draconiens.

Au plan linguistique, le Japon fit tout pour éliminer la langue coréenne et la remplacer par le japonais. Le chinois fut placé au même rang que les autres langues étrangères, le japonais devenant la langue officielle de la Corée. La politique linguistique reposa sur l'enseignement forcé du kokugo, la «langue nationale», c'est-à-dire le japonais. Dès 1911, un décret impérial fut promulgué en Corée sur l'éducation; il était destiné à «faire des Coréens un peuple fidèle». Après le soulèvement coréen du 1er mars 1919, un second décret impérial établit en 1922 un système d'enseignement primaire en six années, comme au Japon, et supprima les écoles traditionnelles coréennes qui assuraient l'éducation en coréen. Dans ces nouvelles écoles, on utilisa uniquement des manuels japonais identiques à ceux de la métropole. Un autre décret impérial fut promulgué en 1937. C'est alors que la japonisation devint plus sévère. Naisen ittai était le slogan officiel, c'est-à-dire «faire des Coréens des Japonais à part entière» (littéralement Japon et Corée, un seul corps). Des linguistes coréens patriotes tentèrent de réagir contre la normalisation japonaise en publiant une première grammaire moderne (Tachan munjôn) en 1909, suivie d'une grammaire nationale (kugô munbôp) en 1910 et d'une phonétique (Mal-ûi sori) en 1914. Des sociétés savantes se formèrent pour définir la langue coréenne. Lorsque cde fut le temps de rédiger un dictionnaire, plusieurs linguistes coréens furent arrêtés «pour activités anti-japonaises» et certains moururent en prison. En 1933, commença le Projet d'unification de l'orthographe du coréen effectué par la Société d'étude de la langue coréenne. Mais les conditions coloniales qui régnait alors en Corée ne permit pas de mener à bine cette entreprise.

La politique linguistique reposa sur l'enseignement forcé du kokugo, la «langue nationale», c'est-à-dire le japonais. Les autorités japonaises encouragèrent les populations locales à abandonner d'elles-mêmes le coréen pour la «langue nationale». Dès 1911, un décret impérial (Rescrit) sur l'éducation fut promulgué en Corée sur l'éducation; très similaire à celui de Taiwan, il était destiné à «faire des Coréens un peuple fidèle». Les article 2 et 5 se lisent comme suit: :

Article 2

Les activités pédagogiques doivent être basées sur la pensée fondamentale du Rescrit impérial concernant l'éducation, et éduquer les Coréens à devenir de pieux sujets de l'Empire.

Article 5

L'éducation normale doit viser comme objectif, de dispenser aux enfants des connaissances et des habiletés normales, et de leur inculquer les caractéristiques de la citoyenneté japonaise et la diffusion de la langue nationale.

Après le soulèvement coréen du 1er mars 1919, un second décret impérial établit en 1922 un système d'enseignement primaire en six années, et supprima les écoles traditionnelles coréennes qui assuraient l'éducation en coréen. Dans ces nouvelles écoles, on utilisa uniquement des manuels japonais identiques à ceux de la métropole. Un autre décret impérial fut promulgué en 1937. C'est alors que la japonisation devint plus sévère. Naisen ittai était le slogan officiel, c'est-à-dire «faire des Coréens des Japonais à part entière» (littéralement «Japon et Corée, un seul corps»).

La troisième version du programme japonais en éducation (en 1938) supprima l'enseignement de la langue coréenne, demeuré facultatif, et accentua la japonisation dans les programmes d'études.  Le Règlement sur les écoles primaires, qui a été révisé la même année, déclarait : 

Article 1er

L'école primaire, tout en portant une attention prudente au développement physique des enfants, doit inculquer chez les enfants les principaux moraux de la nation et leur dispenser des connaissances normales essentielles à la vie nationale, et éduquer les Coréens à devenir de pieux sujets de l'Empire

Plus loin, l'article 16 obligeait les écoles à utiliser le japonais (la «langue nationale») comme langue d'enseignement. Ainsi, l'enseignement du coréen fut interdit dans les écoles primaires dès 1939, les élèves étant surpris à parler coréen étaient punis ett devaient parfois porter une pancarte infamante. Les Coréens furent obligés d'adopter des noms japonais s'ils voulaient bénéficier de droits comme citoyens. Cette obligation de renoncer à leur nom a vivement marqué les mentalités en Corée, où elle se heurta à une vive résistance. Le gouvernement japonais interdit aux Coréens de parler coréen dans la rue et décerna des diplômes d'honneur aux «familles qui n'utilisaient que le japonais à la maison». Toutes les publications en langue coréenne furent interdites: les premiers rédacteurs du grand dictionnaire de coréen furent arrêtés en 1942; l'année suivante, la Société pour l'étude de la langue coréenne, fondée en 1921, fut dissoute. Les écrivains coréens furent forcés de publier seulement en japonais. L'enseignement de l'anglais régressa (supplanté par le japonais) et fut même interdit à la suite de la guerre entre le Japon et les Alliés. 

Parallèlement, l'enseignement de la langue allemande fut renforcé vers la fin de l'occupation japonaise. Suivant une tradition instaurée par les Japonais, la plupart des lycées coréens enseignaient l'allemand. Curieusement, la mobilisation des jeunes conscrits coréens dans l'armée japonaise se fit sans difficultés majeures; beaucoup de Coréens réquisitionnés furent employés à la garde des prisonniers de guerre. Puis, après la guerre, les Américains les considéreront comme des «criminels de guerre» parce qu'ils les assimileront à des «collaborateurs du Japon», la politique de japonisation s'étant retournée contre ces Coréens abandonnés par les Japonais.

Mais avant la guerre, le Japon intensifia son contrôle en supprimant les mouvements nationalistes de gauche et en favorisant ceux de droite. Les efforts d'assimilation, incluant des mesures draconiennes telles que l'interdiction de la langue coréenne et même des noms de famille coréens, ne prirent fin qu'avec la défaite du Japon (1945) pendant la Seconde Guerre mondiale. Parallèlement, les Japonais favorisèrent la chasse aux mots chinois dans la langue coréenne et dévalorisèrent l'usage des caractères chinois restés populaires en Corée. Cette période d'occupation a entraîné un rejet systématique de la culture japonaise par les Coréens et la montée du nationalisme coréen, bien que la langue coréenne s'imprégna de quantités de mots japonais. Les intellectuels, exaspérés par la politique japonaise d’assimilation, revendiquèrent leurs différences et luttèrent pour se distancier culturellement de leurs oppresseurs. Les mouvements pour l’indépendance développèrent chez les Coréens un fort sentiment d’identité nationale et de patriotisme.

5 La partition de la Corée (1948)

En février 1945, à la conférence de Yalta, peu de temps avant la fin de la guerre dans le Pacifique, les États-Unis et l'URSS s'entendirent pour diviser la Corée au niveau du 38e parallèle pour veiller à la reddition et au désarmement des troupes japonaises. Voici comment le Département d'État américain explique la situation:

Japan surrendered in August 1945, and Korea was liberated. However, the unexpectedly early surrender of Japan led to the immediate division of Korea into two occupation zones, with the U.S. administering the southern half of the peninsula and the U.S.S.R taking over the area to the north of the 38th parallel. Le Japon s'est rendu en août 1945 et la Corée a été libérée. Cependant, la reddition du Japon, hâtive et inattendue, mena à la division immédiate de la Corée dans deux zones d'occupation, les États-Unis administrant la moitié du sud de la péninsule et l'URSS s'emparant de la zone située au nord du 38e parallèle.

La reddition du Japon ne fut pas «hâtive et inattendue» («the unexpectedly early surrender»), puisque les États-Unis savaient depuis des mois que le Japon avait l'intention de capituler, soit bien avant que les bombes atomiques soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki. En réalité, les Américains virent d'un mauvais oeil l'entrée de l'URSS (le 8 août 1945) dans le conflit contre le Japon, car ils craignaient une mainmise soviétique sur l'ensemble de la péninsule coréenne. C'est alors que Washington proposa que les Soviétiques occupent le pays depuis le nord jusqu'au 38e parallèle et que les États-Unis occupent le reste. Staline accepta aussitôt! Il est donc farfelu de croire que les État-Unis voulurent simplement administreradministering») un territoire, tandis que l'URSS s'emparait du Nord («taking over the area to the north»). C'est beaucoup plus simple: les soi-disant libérateurs de la Corée avaient décidé de s'en partager les dépouilles afin d'assurer leur influence dans cette région devenue hautement stratégique pour leurs intérêts. Autrement dit, les efforts des Coréens en vue d’établir un gouvernement indépendant furent réduits à néant par l’«influence» l'occupation des États-Unis au sud et celle de l'Union soviétique au Nord.

Puis les deux grandes puissances utilisèrent leur présence militaire pour imposer des gouvernements amis. L'URSS supprima les nationalistes modérés dans le Nord et apporta son soutien à Kim il Sung, un communiste qui avait mené une guérilla anti-japonaise en Mandchourie. Dans le Sud, il existait un mouvement de gauche très développé, opposé à plusieurs mouvements nationalistes de droite. Incapables de trouver un mouvement modéré favorable aux Américains, qui aurait pu rapprocher les deux extrêmes, les États-Unis finirent par éliminer la gauche et apporter leur soutien à Li Sungman [Syngman Rhee], un nationaliste qui s'était opposé aux Japonais et avait vécu en exil aux États-Unis.

Tous les Coréens furent favorables à la réunification, mais, dans le contexte de la guerre froide, les conférences américano-soviétiques pour l'unification (1946 et 1947) suscitèrent une méfiance réciproque. En 1947, les deux grandes puissances commencèrent à organiser des gouvernements distincts. Des élections organisées par les États-Unis le 10 mai 1948 (observées par les Nations unies) aboutirent à la victoire du parti de Li Sungman — qui fut élu président — et à la création de la république de Corée, proclamée le 15 août 1948. En réaction, le Nord fit de même et, le 25 août 1948, créa la République populaire démocratique de Corée proclamée le 18 septembre 1948. Kim il Sung devint premier ministre du nouveau gouvernement. Dès lors, l'armée soviétique et l'armée américaine se retirèrent temporairement des deux moitiés de pays qu'elles occupaient et laissèrent face à face les deux États.

Le 25 juin 1950, les forces nord-coréennes, sans avoir été provoquées, franchirent le 38e parallèle et attaquèrent le Sud, ce qui déclencha la guerre de Corée, qui devait durer trois ans. Plus de 1,4 million de Coréens perdirent la vie au cours du conflit. Aux États-Unis, on vit dans cette guerre la preuve flagrante que le communisme représentait la plus grave menace à la sécurité nationale.


Voyage dans l’imaginaire coréen. Légendes, mythes et contes de Corée

Hye-Gyeong Kim

 

En 2000, paraissait en coréen, traduit du japonais, l’ouvrage de l’historien coréen Shon Chin-T’ae (손진태) (1900- ?) Légendes, mythes et contes  de Corée (한국 민화에 대하여). Ce livre écrit dans les années 1930 marque un tournant dans la recherche ethnologique en Corée.

Shon Chin-T’ae, né en 1900, à Pusan dans la province du Kyǒngsang, part en 1921 effectuer ses études d’histoire au Japon, à l’université de Waseda, où dès cette période, il porte un grand intérêt au folklore. Pendant ses études, il revient souvent en Corée pour les vacances et commence la collecte de son matériau scientifique. Il termine ses études en 1927, travaille dans l’édition au Japon, part ensuite voyager dans toute la Corée, alors un seul pays, et rassemble les contes, les légendes et les mythes racontés par les gens du peuple.

En 1933, il retourne définitivement en Corée et enseigne à l’actuelle université de Yǒnse. En 1945, il est nommé professeur au département d’histoire de l’Université nationale de Séoul et devient, en 1950, président de la faculté de lettres de l’Université nationale de Séoul et vice-ministre de l’Éducation Nationale.

La même année, la guerre de Corée éclate (1950-1953) ; Shon Chin-T’ae est kidnappé et emmené en Corée du Nord. L’information selon laquelle il serait mort en 1950 n’a jamais pu être confirmée.

Historien, ethnologue, Shon Chin-T’ae crée à son retour du Japon en 1933 l’Association pour la recherche sur l’ethnologie coréenne et publie la première revue d’ethnologie du folklore intitulée Folklore coréen. Le point de vue qu’il développe, de 1920 à 1930, en matière de recherche sur le folklore est de reconnaître l’universalité de la culture populaire, en dépassant la situation du moment (dans cette période, la Corée est occupée par le Japon). Il n’aborde pas seulement les contes, mythes et légendes, mais s’intéresse aussi aux religions primitives du peuple, telles que le chamanisme, par exemple.

En tant qu’historien, il se fixe comme objectif, à la fin des années 1930, de construire une pratique scientifique neuve. Il publie des ouvrages sur l’histoire de la Corée, qui ne sont pas seulement l’histoire de la royauté et de la noblesse, mais aussi l’histoire du peuple coréen. Son action, en avance sur son temps, a été décisive pour la recherche en histoire et en ethnologie, et l’est aujourd’hui encore.

Au mois de décembre 2002, il a été désigné par le ministère de la Culture et du Tourisme coréen comme « personnage représentatif de la culture coréenne ».

Légendes, mythes et contes de Corée (한국 민화에 대하여)

Durant des années, Shon Chin-T’ae sillonna le pays et écouta les histoires racontées par les gens simples. L’ouvrage qui s’ensuivit est un recueil de contes, de mythes, de légendes populaires de Corée. Publié pour la première fois au Japon en 1930 sous le titre Collection de contes populaires de Chosǒn, il présente cent cinquante-quatre contes rassemblés par l’auteur lui-même. Ce livre sera traduit pour la première fois en coréen en 2000.

L’ouvrage se divise en quatre parties : les mythes et légendes ; les contes folkloriques, les histoires ironiques et anecdotes ; les contes populaires. On trouve dans cet ouvrage des thèmes chers aux Coréens, l’honneur, la famille, les valeurs traditionnelles, la nature, traités avec humour et parfois ironie.

Dans le premier chapitre consacré aux mythes et aux légendes, on découvre la manière dont le peuple coréen se représente l’origine du monde, du temps, le soleil, la lune, les étoiles, la montagne, la mer, les rivières… Dans le deuxième chapitre intitulé « Contes folkloriques sur la croyance », sont évoqués les coutumes et les tabous des Coréens, par exemple celle de l’heure des offrandes aux ancêtres ou pour quelle raison on ne doit pas jeter les rognures d’ongles des mains et des pieds n’importe où ni n’importe comment. Des fables, des histoires ironiques sont rassemblées dans le troisième chapitre de cet ouvrage. On y rencontre le bestiaire coréen, du tigre un peu ridiculisé, métaphore de la critique des grands, jusqu’aux dérangeantes puces. On découvre aussi comment les trois sœurs naïves ne savent pas du tout se comporter la nuit de leurs noces, mais aussi comment les hommes mariés agissaient préventivement contre l’adultère de leur femme. Enfin, dans le quatrième chapitre, on peut lire vingt-trois contes populaires sur les quatre géants, les dimensions de la baleine et la taille de la crevette, le voleur à neuf têtes…

Ce livre n’est pas une adaptation de contes souvent transformés en histoires à raconter aux enfants, mais le fruit d’un travail de chercheur, historien, ethnologue, profondément convaincu de la valeur de la culture populaire et désireux de saisir, dans cette période trouble de l’occupation japonaise, les éléments qui cimentent la culture nationale de la Corée.

Cet ouvrage est particulièrement intéressant au sens où il est un travail de recherche, avec toute la rigueur scientifique que cela suppose, mais aussi le respect de la parole populaire, retranscrite fidèlement.

De Pusan à la frontière chinoise, de ville en village et en hameau, ces histoires retracent l’itinéraire de Shon Chin-T’ae à travers le pays. Jour après jour, il collecte les histoires issues de la culture populaire et de la tradition orale alors fortement ancrée.

Il n’hésite pas à multiplier les narrations, à donner plusieurs versions, à varier les locuteurs, sans jamais commenter ou intervenir. Il collecte ces histoires fantastiques ou superstitieuses, souvent considérées par leurs auteurs comme déraisonnables, au point que bon nombre d’entre eux ne veulent plus les raconter à leurs enfants et à leurs petits-enfants, au risque de voir un pan entier de la culture orale s’éteindre.

Transmises oralement à travers les générations, ces histoires le plus souvent racontées par les gens des campagnes, jeunes ou vieux, leur permettent d’interpréter le monde. Ces contes témoignent de l’humour et de l’ironie, parfois féroce, avec laquelle les gens du peuple marquent l’histoire du pays, la vie quotidienne, le rapport avec les riches et les puissants de l’époque. Venues de la lointaine tradition, les légendes disent l’histoire de ceux qui sont partis à la découverte du monde et qui, une fois revenus, réintègrent le monde des vivants ou le monde céleste, pour former une nouvelle vision du monde et travailler à la stabilité des rapports entre les individus.

La profonde originalité de l’ouvrage repose sur l’identité de ceux qui racontent. Il ne s’agit pas ici d’histoires venues de la lointaine mythologie coréenne mais de la parole de monsieur Untel, de tel village, tel jour. Cet ouvrage est donc le recueil d’une culture vivante. Dans ce monde dominé aujourd’hui par la technologie, ces légendes et mythes illustrent un passé qui, loin de disparaître, témoigne de son étonnante vigueur imaginative.

Fidèle à la posture de chercheur qui intervient le moins possible, Shon Chin-T’ae rapporte les histoires et donne des points de repère, tels que les locuteurs le disent. Ainsi, de l’actuelle Corée du Nord à la Corée du Sud, ces conteurs deviennent les garants de ce qu’ils racontent et placent le lecteur en fidèle observateur de la tradition.

Shon Chin-T’ae entreprend ce travail dans la période d’occupation japonaise qui marqua durement le peuple coréen. Il parcourt la Corée du nord au sud nous montrant combien le patrimoine folklorique de la Corée se joue des frontières. Dans cette période de lourdes menaces sur l’identité coréenne, il montre que la culture populaire est un moyen de produire une histoire vivante du pays qui concourt à maintenir l’identité et la solidarité du peuple coréen0.

Chaque histoire est datée et le nom du village ou du hameau est signalé, de sorte que l’on peut suivre l’itinéraire emprunté par Shon Chin-T’ae et découvrir la méthode utilisée pour la collecte du matériau.

En témoignant de l’imaginaire social, le livre nous donne à voir comment le peuple se saisit du patrimoine mythologique et le prolonge en incarnant des aspects de la condition humaine ; Shon Chin-T’ae s’inscrit résolument dans le courant moderne de la recherche historique.

Avec l’édition de ces contes, on peut découvrir ou redécouvrir la Corée, telle qu’elle se présente au début du xxe siècle, dans ses contextes symboliques, linguistiques, politiques et sociaux.

Avec ce travail d’ethnologue, Shon Chin-T’ae construit aussi une pratique scientifique interdisciplinaire qui fera largement école en Corée et dont l’influence continue d’agir aujourd’hui. C’est d’ailleurs dans la même période qu’il organise cette discipline scientifique en créant une société savante et une revue.

Parmi cent cinquante-quatre mythes, légendes et contes de ce livre, nous présentons ici deux mythes qui reflètent l’imaginaire des Coréens à propos du soleil, de la lune et des étoiles, avant que les humains ne les aient explorés scientifiquement.

Le soleil, la lune et les étoiles

(Histoire racontée par le jeune Chang Dong-Wǒn, à Hamhǔng, province du Hamkyǒng du Sud, le 14 août 1923.)

1-Jadis, il y a de cela de longues, longues années, vivait une mère avec ses trois fillettes et son nouveau-né. Une nuit, au retour des courses, la mère se trouva dans la montagne face à face avec un tigre qui s’apprêtait à la dévorer.

2-« Ne vaudrait-il pas mieux dévorer mes quatre enfants qui sont à la maison, au lieu de me dévorer moi ? » dit-elle. Le tigre lui demanda alors le prénom de ses enfants. La mère lui donna les noms de ses fillettes : « Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni », tandis qu’elle lui disait que le bébé n’avait pas encore de prénom. Le tigre pourtant la dévora et alla frapper à la porte de chez elle : « Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni, ouvrez vite la porte », s’écria-t-il.

3-Les fillettes, ne reconnaissant pas la voix de leur mère, eurent des soupçons.

4-« Si vous êtes vraiment notre maman, montrez-nous votre main », demandèrent alors les enfants. Après avoir observé cette main, les enfants lui dirent : « Pourquoi votre main est-elle aussi jaune que cela ?

5– J’ai glaise le mur de la grand-maison, c’est pour cette raison que mes mains sont devenues ainsi », répondit le tigre.

6-« S’il en est ainsi, montrez-nous vos jambes », demandèrent alors les enfants.

7-Le tigre tendit ses pattes. Les fillettes les regardèrent en détail et lui demandèrent : « Pourquoi vos jambes sont-elles si noires ?

8– J’ai été battu à la grand-maison et cela m’a laissé une trace bleue sur les jambes. C’est pour cela qu’elles sont devenues ainsi », répliqua le tigre.

9Pensant qu’il s’agissait tout de même de leur mère, elles ouvrirent la porte. À la demande du tigre : « Passez-moi le bébé », les fillettes le lui passèrent. L’ayant pris, le tigre se dirigea vers la cuisine. Peu de temps après, les enfants entendirent mâcher durement quelque chose, ududuk, ududuk…

10Justement, les enfants avaient très faim. « Maman, qu’est-ce que tu manges toute seule ? Donne-nous-en un peu», demandèrent-elles. Mais elles ne reçurent aucune réponse. Les fillettes allèrent à la porte et jetèrent alors un coup d’œil furtif par un trou fait dans le ch’anghoji, pour voir ce que celle-ci mangeait. Elles découvrirent le tigre en train de mâcher les os des doigts du bébé. Elles voulurent alors s’enfuir, mais elles pensèrent que si elles étaient prises au moment de filer, il leur arriverait un grand malheur. Si bien qu’elles mirent au point la ruse suivante. « Maman, nous avons tellement envie d’aller aux toilettes. C’est possible ? » demandèrent-elles. Mais le tigre ne leur donna pas la permission et leur dit : « Non, c’est impossible. » Les enfants lui demandèrent de nouveau : « Est-il permis alors de faire caca sur le seuil de la porte de derrière ? » Cette fois, le tigre donna la permission. Faisant semblant d’aller faire leurs besoins, les petites s’échappèrent par la porte de derrière et grimpèrent dans un grand arbre qui s’élevait au milieu de la cour, à côté du puits.

11-La terrible bête sauvage chercha les fillettes jusqu’au puits. Le tigre remarqua à la surface de l’eau le reflet de trois visages d’enfants. C’est ainsi qu’il découvrit les trois fillettes dans l’arbre.

12-« Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni, comment êtes-vous arrivées à monter là-haut ? demanda-t-il.

13– Nous avons emprunté l’huile de sésame à la grand-maison, nous avons huilé l’arbre et nous sommes montées », mentirent les enfants.

14-Le tigre fit comme elles avaient dit, mais il glissait, si bien qu’il ne put monter.

15-« Mes petites, comment êtes-vous arrivées à monter ? » demanda-t-il à nouveau.

16-Sans réfléchir, l’une des trois sœurs lui dit : « Va emprunter à la grand-maison une hache pour faire quelques entailles à l’arbre. » Le tigre fit ainsi et commença à grimper facilement, ch’ǒk, ch’ǒk.

17-Ne pouvant rien faire, les trois sœurs se mirent à prier le Seigneur des Cieux : « Hanǔnim, envoie-nous une corde d’argent. » Le Ciel écouta leur prière et fit descendre trois cordes d’argent. Aussitôt, chacune saisit une corde et les trois cordes s’élevèrent d’un trait vers le ciel, tsuk, tsuk.

18-Sur l’arbre, le tigre demanda encore : « Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni, comment êtes-vous arrivées à monter ?

19– Prie Hanǔnim de t’envoyer une corde pourrie », mentirent-elles à nouveau. Le tigre pria d’après le conseil des enfants. Pour le tigre aussi, évidemment, une corde descendit du ciel. Et pendant qu’il s’élevait vers le ciel, la corde, parce qu’elle était pourrie, se rompit. Le tigre, tombant dans le puits, mourut.

20-Parvenues au ciel, les trois petites filles furent transformées : Haesuni devint le soleil, Talsuni la lune et Pyǒlsuni les étoiles

L’origine de la Grande Ourse

(Histoire racontée par la grand-mère d’Ippuni, 69 ans, à Hamhǔng, province de Hamkyǒng du Sud, le 28 août 1923.)

21Il était une fois une veuve qui vivait quelque part. Elle avait sept fils tous dévoués à leur mère. En hiver, pour que la vieille mère puisse dormir au chaud, ils allaient dans la montagne chercher des bûches de bois et allumaient le feu dans l’ondol.

22Mais la mère disait tout le temps qu’elle avait froid et avait l’air toujours triste. Même s’ils mettaient tant de bûches qu’ils en risquaient de brûler le sol, la mère disait encore qu’elle avait froid. Et même pendant les périodes de chaleur caniculaire, elle disait avoir froid. Ses fils ne pouvaient plus la comprendre.

23Un jour, le fils aîné se réveilla dans la nuit et remarqua que sa mère n’était plus à la maison. Il eut une intuition si bien qu’il attendit le retour de sa mère et passa une nuit blanche. En fin, à l’aube, la mère rentra furtivement.

24La nuit d’après, le fils aîné suivit sa mère en cachette. Elle arriva au bord d’un ruisseau qui courait à l’entrée du village, remonta le bas de sa jupe et franchit le ruisseau en répétant : « Ah ! Elle est glaciale » – c’était l’hiver. Ensuite, elle se dirigea vers une pauvre chaumière, de l’autre côté de la rivière. S’arrêtant devant cette maison, la mère dit : « Monsieur, vous êtes là ? » De la chaumière, un vieux sortit et dit : « C’est vous, madame ? », et il l’accueillit.

25Ce vieil homme était veuf, pauvre et vivait en tressant des sandales de paille, pour gagner sa vie. Les deux rentrèrent et se grattèrent le dos l’un l’autre.

26Le fils aîné comprit sa mère. Il rentra immédiatement à la maison, réveilla ses petits frères et leur raconta tout. Aussitôt, les sept frères fabriquèrent un passage à gué, pour que leur mère puisse franchir sans peine la rivière en hiver. Ensuite, ils firent semblant de rien et allèrent dormir.

27Au moment où la mère s’en retourna à la maison, elle fut surprise de trouver le passage à gué, qui n’existait pas à l’aller. Pourtant, même en rêve, elle ne pouvait imaginer que ce fût ses fils qui l’avaient fait. Tout de même, elle ne savait pas comment remercier la personne qui avait fait cela et pria le Ciel : « Dieu des Cieux, fais que la personne qui a fabriqué ce passage à gué devienne la Grande Ourse, au nord ou bien au sud. »

28Par la suite, après la mort des sept enfants, suivant la prière de leur mère, ils devinrent la Grande Ourse dans le ciel du Nord.

 

 

 

 

 

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