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sammael world
20 décembre 2006

regarde

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Regarde

mes doigts, qui t'ont touchée, toi ta tiédeur et ton petit corps à croquer

- tu vois? ne ressemblent pas à mes doigts.

Mes poignets mains qui ont tenu précieusement le tendre silence de toi ( et de ton corps sourire yeux pieds mains)

sont différents de ce qu'ils étaient.

Mes bras où tout entière tu etais repliée tranquillement, comme une feuille ou quelque fleur créée de neuf par le printemps lui même, ne sont pas me bras.

Je ne me reconnais pas dans ceci que je trouve devant moi dans un mirroir.

Je ne crois pas avoir jamais vu ces choses; quelqu'un que tu aimes et qui est plus svelte plus grand que moi-même est entré il est devenu ces lèvres avec lesquelles je parle, une nouvelle personne vit et fait des gestes avec mes...ou c'est toi qui avec ma voix joue.

E.E. Cummings, extrait de "poems from the 1920s"

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18 décembre 2006

brouillard

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Brouillard dans ma tête, la nuit ne me rechauffe plus

C'est la tête qui souffre quand la main écrit

Inventons quelque part des lieux ou l'on oublie, partons

Eloignons nous de ce vide ambiant

Ou remplissons nos vies d'images, d'instants......

La bouche garde le silence pour écouter parler le coeur

Le poids de l'absence et d'une vie sans sens,

J'entends les voix du vent, oublier toutes ces habitudes,

et si cela ne suffit pas j'irai las bas.......

Rejoindre la chaleur de la nuit, et remplir ma vie de vide.

Eveillons au hasard les echos de notre vie,

Noyons nous dans des images passé.

Et que ce soit un rêve......peut être.....

S.

18 décembre 2006

JAMAIS...........

divine

Elle n'avait jamais caressé une femme.

Elle s'était souvent imaginée comme ça devait être merveileux de caresser le corps d'une femme, les rondeurs des fesses, la douceur du ventre, et surtout la peau particulièrement douce entre les cuisses.

Elle avait essayé de se caresser le soir au lit dans l'obscurité, juste pour se faire une idée de ce que l'on peut éprouver à caresser une femme.

Elle avait souvent caressé ses seins en imaginant que c'étaient ceux d'une autre.

ANAIS NIN extrait de " Lilith in Vénus Erotica "

17 décembre 2006

En vacances

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Depuis deux mois, chaque matin, elle poussait la porte et regardait la route, à l'est, puis à l'ouest, mais la route demeurait silencieuse, vomissant de temps à autre un marcheur solitaire. Dans les premiers jours de l'ère nouvelle, la route avait été noire de véhicules et grondante. Puis le flot s'etait tari. C'était ainsi depuis presque deux mois, et ce serait maintenant toujours ainsi, elle le savait.

Huit heures. Elle vit quelqu'un venir et grandir entre les hautes herbes qui émaillaient le ciment fissuré. Il flotait un air de "rien ne sert à rien", ou de "à quoi bon?" sur ses vêtements sales, sur ses paupières presque closes et sur son visage détendu. Ses yeux étaient sûrement fermés à l'intérieur. Ils se limitaient à un vague écran délavé, brun ou bleu ou blanc, elle n'aurait pas pu le dire. Il y passait le vent, la mer, les reflets des flaques d'eau.

Il marchait scrupuleusement au milieu de la route, les genoux un peu pliés. Ses lèvres étaient gelées autour d'un sifflotement absent. Il faisait avec ses souliers un petit bruit régulier et fatigant qui, pendant des kilomètres et des kilomètres, pendant des jours et des nuits, n'avait pas faibli une seule fois.

A lui seul, il rappelait les machines. Sur son pas-sage, les gens fermaient les yeux et tiraient les rideaux. Mais elle le regarda venir. Elle regardait toujours, fascinée, ceux qui passaient le long des chemins abandonnés, pelerins sans sanctuaires, les yeux vides et brillants comme des pierres magiques, et les pas incertains, et les machines qui consumaient les derniers restes des Temps Anciens.

Elle ne fit pas un geste quand il s'arreta devant elle. Le soleil, la terre et les étoiles s'arrètèrent avec lui, et le vent, les nuages, et les feuilles des buissons. Les yeux s'accrochèrent à elle et la secouèrent. Il traversa la moitié de la rue pendant quelle cherchait son regard. Ne vivait il pas encore un peu? Savait il ce qui l'attendait à la fin de la route? Rien. Le vide même qu'il fuyait. N'avait il pas envie de s'arrêter et de rentrer chez lui?

Mais elle ne rencontra rien. Ses prunelles béaient comme des puits. Elle sentit son odeur de route, de cuir et de sueur, et elle sut qu'il n'était plus que cela quand il fut tout prés et qu'il ouvrit la bouche.

"Ne pas penser. Une vrai recette. Jamais penser. Comme si rien ne s'était passé..."

Il soufflait plutot qu'il ne parlait. Autrefois, il avait dû réfléchir des journées entières. Il tripota les boutons de sa veste, puis ses mains retombèrent, et tout de suite, il eut l'air d'oublier, de dormir. Ses yeux vides et sa respiration chaude comme une route d'été se détachèrent d'elle, et elle soupira.

Il diminua tout doucement de la route. Le bruit monotone de ses pieds décrut. Il sema de l'ennui au long du ruban droit, vide, gris et ponctué de machines. Quand il eu disparu, elle se retourna.

- Encore un, dit elle.

- Ah, dit son mari. Un quoi?

Il tendit ses yeux vers la route comme on tend ses mains dans la chaleur du feu, le soir, quand elles sont froides et fatiguées.

_ Un errant. Un de ceux qui marchent la nuit et le jour et qui attendent la fin des vacances eternelles. As tu remarqué leurs têtes? Ils ont l'air mort. Autrefois, on ne voyait des gens avec cette allure-là que les samedis et les dimanches, dans les cinemas, ou se promenant sans fin dans les rues, ou en semaine, les vieux, les retraités. Puis la semaine de quatre jours. Puis la semaine de trois jours et la journée de quatre heures. Tout ce temps libre et vide. Puis , il y a deux mois, les machines ont mis toute la terre à la retraite et ils ont tous vielli, on ne leur avait pas appris à vivre, tout simplement, ils n'étaient rien sans " oui monsieur, non monsieur", ils se sont tous défaits comme les miettes d'un gateau trop sec. Adieu les villes. Mortes les villes. La route les happe, la route les suce au passage. Ils étaient 23 , ce matin, et 17 hier, et demain...

- Qu'est ce que ca peut nous faire? On est bien tranquilles, nous.

Elle se mit à trembler malgré la tièdeur de l'air.

- Pourquoi me dis tu cela maintenant?

- Je ne sais pas, dit elle. J'ai peur. J'ai trop réfléchi. C'est comme si subitement on avait privé les hommes d'une mauvaise drogue. Ils cherchent autre chose. Certains trouvent la route. Quelquefois, je regarde la route et j'ai aussi envie de partir. Mais je ne partirai jamais. Tu es là. Toi non plus, n'est ce pas, tu ne me quitteras jamais. Nous sommes si tranquilles, si heureux.

Il ne repondit pas. Il était tourné vers elle, mais ses yeux glissaient sur la route, montaient et descendaient les collines bleues. Il rêvait. Depuis deux mois, ils n'avaient rien eu d'autre à faire que d'être ensemble. Les longues journées. Les livres migraine. Les livres. Assez. Assez.

Deux mois. S'évader, s'évader des fils tous gluants de sa tendresse, de la cage qu'elle tressait eutour de lui avec ses doigts roses, ses bras blèmes et ses lamentations. S'en aller loin des soirées silencieuses et de ses contact tiède et moite, sur les routes, les routes dures, froides amies, pour revenir en courant et le coeur battant, et ne pas s'effriter, se detruire et diluer le souvenir des bons jours, insensiblement, l'un en face de l'autre.

S'echapper. Les routes. Elle aurait tant de peine. Il battit désespérement des bras. Il dut fermer les yeux tant la route lui griffait le visage.

- La route. Ne parle plus de la route.

Elle lui prit le bras, tres vite. Il sentit le contact de ses doigts et de ses ongles sur sa peau, sans y penser. Fini. Trop tard.

- Viens, rentrons, dit elle. Il fait froid.

Elle l'emmena en courant derrière la maison, là d'ou l'on ne pouvait voir la route.

Gérard Klein "les perles du temps" 1958 (science fiction......je crois....)

17 décembre 2006

Angoisse

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Se peut il qu'elle me fasse pardonner les ambitions continuellement écrasées? qu'une fin aisées répare les ages d'indigence, qu'un jour de succés nous endorme sur la honte de notre inhabileté fatale,

(O palmes! diamant! amour, force! plus haut que toutes joies et gloires! de toutes facons, partout, démon dieu, jeunesse de cet être ci; moi!)

Que des accidents de féerie scientifique et des mouvements de fraternité sociale soient chéris comme restitution progressive de la franchise premiere?

Mais la vampire qui nous rend gentils commande que nous nous amusions avec ce qu'elle nous laisse, ou qu'autrement nous soyons plus drôles.

Rouler aux blessures, par l'air lassant et la mer; aux suplices, par le silence des eaux et de l'air meurtriers; aux tortures qui rient, dans leur silence atrocement houleux.

RIMBAUD

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13 décembre 2006

Eths - Infini


Eths - Infini
Vidéo envoyée par sammael-seth
decouvert sur le tard mais j'aime, mmm j'adore, bien violent et profond ca fait plaisir de decouvrir encore des bons groupes........
13 décembre 2006

depart

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Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.

Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.

Assez connu. Les arrêts de la vie.

O Rumeurs et visions!

Départ dans l'affection et le bruit neufs!

RIMBAUD

13 décembre 2006

conte

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Un prince était vexé de ne s'être employé jamais qu'à la perfection des générosités vulgaires. Il prévoyait d'étonnantes révolutions de l'amour, et soupçonnait ses femmes de pouvoir mieux que cette complaisance agrémentée de ciel et de luxe. Il voulait voir la vérité, l'heure du désir et de la satisfaction essentiels. Que ce fut ou non une aberration de piété, il voulu. Il possédait au moins un assez large pouvoir humain.

Toutes les femmes qui l'avaient connu furent assassinées. Quel saccage du jardin de la beauté! sous le sabre, elles le bébirent. Il n'en commanda point de nouvelles. Les femmes réapparurent.

Il tua tous ceux qui le suivaient, aprés la chasse ou les libations. Tous le suivaient.

Il s'amusa à égorger les bêtes de luxe. Il fit flamber les palais. Il se ruait sur les gens et les taillait en pièçes? La foule, les toits d'or, les belles bêtes existaient encore.

Peut on s'extasier dans la destruction, se rajeunir par la cruauté! le peuple ne murmura pas. Personne n'offrit le concours de ses vues.

Un soir il galopait fièrement. Un génie apparut, d'une beauté ineffable, inavouable même. De sa physionomie et de son maintien ressortait la promesse d'un amour multiple et complexe! d'un bonheur indicible, insupportable même!

Le prince et le Génie s'anéantirent probablement dans la santé essentielle. Comment n'auraient ils pas pu en mourir? ensemble donc ils moururent.

Mais le prince décéda, dans son palais, à un âge ordinaire.

Le prince était le génie.

Le génie etait le prince.

La musique savante manque à notre désir.

RIMBAUD

12 décembre 2006

la mort

catacombes

" celui qui voit sa fin est à même de l'éviter. Celui qui voit celle des autres peut la leur délivrer "

Eldrad Ulthran

" les morts doivent rejoindre nos rangs, de crainte que nous rejoignions les leurs."

Yriel

pix: catacombes des capucins, palerme 1982, J.L. Sieff

12 décembre 2006

alchimie du verbe

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A moi. L'histoire d'une de mes folies.

Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.

J'aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petit livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rythme naïfs.

Je révais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais a tous les enchantements.

J'inventai la couleur des voyelles! A: noir, E: blanc, I: rouge, O: bleu, U: vert. Je reglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accéssible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je reservais la traduction.

Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges.

RIMBAUD

Toujours vrai, toujours d'actualité, continuer a rever, a imaginer autre chose que la pauvre réalité.........continuer a fixer les vertiges, essayer d'avoir encore des vertiges.

S.

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