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sammael world
21 février 2014

cathare....

200px-Cathar_cross

 

 

 

Le catharisme (du grec καθαρός / katharós, « pur ») est un mouvement chrétien médiéval. Il ne s'est jamais autodésigné ainsi, car ce terme, inventé par l'abbé Eckbert von Schönau (de) († 1184) pour désigner les « hérétiques », fut popularisé en français par l'occitanisme des années 1960 dressé contre le centralisme jacobin. Les « cathares », en effet, se désignaient eux-mêmes comme « Bons Hommes », « Bonnes Dames » ou « Bons Chrétiens » et leurs ennemis contemporains les appelaient les « hérétiques albigeois ».

 

Origines

La doctrine cathare, probablement influencée par des prêcheurs pauliciens, considérait l’univers comme la création d’un dieu ambivalent, le monde matériel procédant d’un mauvais principe offrant tentations et corruption, tandis que le paradis procède d’un bon principe offrant rédemption et élévation spirituelle. Le corps humain est considéré comme la prison matérielle des âmes d’anges précipitées sur terre lors d’une bataille entre les deux démiurges, bon et mauvais. Les âmes errent de corps en corps et de mort en mort, selon le principe de la métempsycose (réincarnation). Seul le baptême spirituel – le Consolament – a la capacité de briser la chaîne qui retient l’âme au corps, et de permettre ainsi après une ultime mort terrestre à l’ange de regagner le ciel. Les cathares attribuent l’Ancien Testament au dieu mauvais, et le Nouveau Testament au dieu bon, ce qui constitue une forme de marcionisme. Les cathares ont été embarrassés par la figure du Christ, dont l’incarnation n’est pas envisageable dans le cadre du dogme, car cette incarnation le jette dans le monde de la matière, et donc, sous le pouvoir du dieu mauvais. Cette dualité entre Dieu bon et Dieu mauvais a connu de nombreuses interprétations divergentes au sein même du clergé cathare (dualisme absolu et mitigé), et cela caractérise les différentes églises cathares.

Le nom de cathares a été donné par les ennemis de ce mouvement, jugé hérétique par l'Église catholique romaine et adopté tardivement par les historiens. Il provient d'un traité desaint Augustin (mort en 430) contre des hérétiques de l'Antiquité tardive, qui étaient dits « cathares », c'est-à-dire 'les purs' en grec. En 1163, le moine bénédictin Eckbert de Schönau est le premier à reprendre ce terme, qu'il tire directement du traité d'Augustin, pour nommer des hérétiques médiévaux (en l'occurrence, ceux qu'Eckbert a contribué à juger et condamner dans la région de Cologne). De nombreuses autres étymologies fantaisistes ont été proposées jusqu'à une date récente, car on n'avait pas encore établi que l'expression latine cathari, id est mundi ('cathares, c'est-à-dire purs') avait été trouvée par Eckbert de Schönau chez Augustin.

La structure du catharisme est une « communauté à deux niveaux ». Les adeptes de ce mouvement se nommaient eux-mêmes « Bons Hommes », « Bonnes Dames » ou « Bons Chrétiens », mais étaient appelés « Parfaits » par l’Inquisition, qui désignait ainsi les « parfaits hérétiques », c’est-à-dire ceux qui avaient reçu le « consolament », c’est-à-dire un rite de baptême par l'apposition des mains, et faisaient la prédication, par opposition aux simples fidèles, dont l’engagement était bien moindre.

Principalement concentré en Occitanie, dans les comtés de Toulouse et de Béziers-Albi-Carcassonne, le catharisme subit une violente répression armée à partir de 1208 lors de lacroisade contre les Albigeois puis, condamné au IVe concile de Latran en 1215, durant un siècle, la répression judiciaire de l’Inquisition.

Cependant, il est important de souligner que le mot « cathare » n'est employé que par les inquisiteurs et autres clercs. Les hérétiques du midi toulousain sont avant tout des chrétiens en recherche de leurs racines, car ils observent stupéfait la montée en puissance de l'Église et la hiérarchisation du pouvoir ecclésiastique et cherchent donc à échapper à cette emprise grandissante.

Étymologie

L’origine du terme semble remonter au grec « καθαροι » (catharoi, qui signifie 'pur'), terme qui, chez saint Augustin, désigne une secte manichéenne africaine dont les adeptes se seraient prétendus purs. L'abbé de Schönau Eckbert (en), moine rhénan, utilise le qualificatif dans un de ses treize sermons en 1163 pour désigner les hérétiques de Germanie puis dans son manuscrit en 1164 Liber contra hereses katarorum qui est un tissu de citations empruntées au De haeresibus de saint Augustin. Invité par l’archevêque de CologneRainald von Dassel à venir débattre publiquement de cette secte dont plusieurs membres viennent d’être brûlés, l’abbé avait conceptualisé le catharisme dès 1155 à partir de différentes traditions manichéennes (cathari, catharistae et catafrigae). Vers 1200, on retrouve le mot dans un ouvrage De haeresi catharorum in Lombardia puis dans Adversus catharos, de Monéta de Crémone vers 1241 et enfin Summa de catharis de Rainier Sacconi, quelques années plus tard.

Trois autres étymologies ont été proposées par Alain de Lille, dans De fide catholica, vers 1200. La première rattache le mot à casti, chaste, juste. Michel Roquebert juge cette hypothèse irrecevable. La deuxième est grecque, cathar, qui signifierait que des cathares suinte le vice. En fait Alain de Lille confond cathar, pur, et katarroos, écoulement. Mais au-delà de l’erreur de grec, le sens reste plausible. Enfin la troisième origine serait latine, de catus, le chat « car, à ce qu’on dit, ils baisent le derrière d’un chat ». Lorsque l’Église catholique n’utilise pas le terme hérétique elle emploie parfois le mot cathare, infamant. Quoi qu’il en soit, le terme n’est jamais utilisé par les hérétiques eux-mêmes. C’est apparemment Charles Schmidt qui relance l’expression en 1848 avec son Histoire ou doctrine de la secte des cathares ou albigeois. Le terme cathare manque donc de neutralité, mais c’est celui qui s’est imposé.

Apparition et expansion en Europe

Possible paternité bogomile ou provenance d’Europe de l’Est

On a longtemps hésité sur les liens entre le catharisme et le bogomilisme. Ces deux doctrines furent considérées alors comme proches du manichéisme, car le clergé romain disposait d'ouvrages de réfutation, notamment ceux d'Augustin, ancien manichéen lui-même. Le bogomilisme né en Bulgarie, subsistera en Bosnie, où il aurait été la religionofficielle jusqu'à la conquête turque, à la fin du xve siècle. La thèse de filiation directe est aujourd'hui contestée, même si les historiens admettent l'existence d'échanges et de convergences des doctrines. Le dernier colloque de Mazamet (2009) vient de confirmer les liens entre cathares et bogomiles, ainsi que les origines doctrinales des deux, qui remontent aux premiers siècles du christianisme (écrits canoniques de Paul, doctrine de Marcion, doctrine de Valentin). En outre, les recherches menées sur les sources grecques et orientales (Pierre de Sicile) montrent que la doctrine bogomile aurait été transmise par les Pauliciens expatriés volontaires ou chassés de l'Arménie (Turquie actuelle) vers laThrace bulgare au viie et au ixe siècle. La doctrine paulicienne fut fondée au viie siècle en Arménie par Constantin-Silas, aussi connu sous le nom de Constantin de Mananalis, à la suite de la transmission d'évangiles et de lettres pauliniennes par un diacre possiblement marcionite vu la région et l'époque considérées. Le lien est encore plus patent lorsque l'on examine le fondement doctrinal faisant référence au dieu étranger et inconnu notamment.

Apparition en Europe occidentale

Le château de Montségur, pris en 1244 après un siège de plusieurs mois, et remanié vers la fin duxiiie siècle.

Des communautés hérétiques sont apparues en Europe occidentale vers l'an Mil, sous différents noms selon les régions :manichéensnéo-manichéen (terme de Bernard Gui), origénistespiphlespublicainstisserands (nord de la France), bougres,patarins (terme surtout en Italie), albigeois, en Allemagne, en Autrichenote 4, en Flandre, en Champagne, en Bourgogne. Le fait que les relevés doctrinaux soient conformes à la base de la doctrine cathare (au sens large du terme) permet de relier ces différentes émergences, même si la répression les a fait disparaître de ces régions. La présence de l'évêque de France à Saint Félix Caraman, cité dans la Charte de Ninquinta (aujourd'hui largement authentifiée), prouve les liens entre ces communautés du nord et celles d'Occitanie.

Persistance dans le midi de la France

Les réactions des autorités civiles ou ecclésiastiques et des populations expliquent cette géographie du catharisme et sa persistance dans le Midi. Selon Michel Roquebert, cette tolérance religieuse est peut être due à une longue cohabitation avec d'autres confessions : arianisme de la période wisigothe, proximité de l’Espagne islamique, présence de nombreux juifs. Pour ce qui est de l'Italie du Nord, l'implantation du catharisme, très différent de celui qui se développa en France, profite du conflit entre le pape et l'empereur. C'est dans ces régions que les Bons Hommes se sont organisés en communautés d'hommes ou de femmes dirigées par des anciens, des diacres et des évêques. Ces communautés étaient constituées de plusieurs « maisons ». On y aurait souvent pratiqué des métiers liés à l’artisanat local, et fréquemment le tissage, en référence aux premières communautés chrétiennes. Plusieurs communautés constituaient une Église, ou diocèse cathare, à la tête duquel se trouvaient des évêques.

la croix du Languedoc, croix « évidée et pommetée », symbole de ralliement cathare.

Cependant des recherches récentes  ont démontré que cette hérésie a été largement instrumentalisée notamment par Raymond Vcomte de Toulouse. C'est ce qu'on peut voir dans sa lettre écrite en 1177 au chapitre général de Cîteaux. En effet, c'est avant tout pour se protéger des Anglais qu'il fait condamner en 1165 des bons hommes à Lombers.

L'importance de l'hérésie cathare a souvent été exagérée par les premiers écrivains et historiens du catharisme, puis par les mouvements régionalistes les évoquant. Les études actuelles rappellent que le phénomène cathare reste un phénomène minoritaire qui ne concerne alors qu'entre 2 et 5% de la population du midi languedocien.

Les cathares en Corse

Article détaillé : Giovannali.

Il y a un débat historique pour déterminer si les Giovannali ont une parenté avec les cathares ou non. Certains chercheurs estiment que les Giovannali sont une branche de la dissidence franciscaine sans lien avec le catharisme. Quoi qu'il en soit, ils semblent avoir représenté une menace politique pour le pouvoir local.

Les Églises cathares

Au milieu du xiie siècle (1167), les Églises cathares étaient au nombre de huit cents en France. Au xiiie siècle, en 1226, un nouvel évêché fut créé, celui du Razès, dans la région de Limoux. Ces Églises étaient indépendantes. Elles ne reconnaissent pas d'autorité supérieure à celle des citoyens, contrairement à l'Église catholique romaine qui avait une hiérarchie avec des prêtres, des évêques et le pape. Les maisons de « parfaits » étaient réunies sous l'autorité d'un diacre, et chacune était dirigée par un ancien ou une prieure. L'évêque était lui-même assisté par un « fils majeur » et un « fils mineur », qui étaient choisis parmi les diacres. Ils prenaient sa succession, le fils mineur remplaçant le fils majeur, qui devenait évêque à la mort de celui-ci ; cela se produisit fréquemment lorsque la persécution commença. Les femmes pouvaient obtenir le consolament, et accéder ainsi à la vie de « parfaite ». Même si elles n'étaient pas habituellement chargées de la prédication, comme les hommes, quelques exemples montrent qu'elles pouvaient assurer toutes les missions dévolues aux bons hommes : prédication en association avec un homme, participation aux disputes (comme le cas célèbre d'Esclarmonde de Foix) et consolament, notamment pendant la répression inquisitoriale. Par contre, nous n'avons pas trace de femme diacre ou évêque.

Le principe de cette structure hiérarchique était vraisemblablement de reproduire fidèlement celle de l'Église primitive, telle qu'elle serait décrite dans le Nouveau Testament (épîtres de Saint-Paul, et dans les Actes des apôtres, principalement). En cela, ils s'opposaient, comme leurs prédécesseurs, à l'Église accusée d'avoir perverti le christianisme authentique par son inféodation à l'empereur Constantin, validée par le concile de Nicée en 325.

La doctrine cathare

Fondements

Article détaillé : Textes cathares.

Le catharisme ne s'appuie pas sur une théologie puisqu'il considère que Dieu, inconnaissable et non accessible, est absent de ce monde. Cette doctrine est le fruit d'un travail de recherche scripturaire, prenant en compte le Nouveau Testament, notamment l'Évangile selon Jean et l'Évangile selon Lucnote 6. Le Nouveau Testament est traduit en occitan. Cette initiative est très mal perçue par la papauté qui, sous le pontificat d'Innocent III, a interdit les traductions de la Bible en langue vulgaire.

Cette interprétation des évangiles est très différente de celle qu'en fait l'Église catholique. Les cathares s'appuient aussi sur de nombreux écrits (Paul de Tarse, Marcion, Livre des deux principes, rituels, etc.). Ils s'inspirent aussi de courants de pensée plus anciens (paulinismegnosticisme), tout en gardant, sur bien des points, de notables distances avec ces philosophies ou religions, auxquelles le catharisme ne peut être assimilé d'un bloc. Les cathares interprètent d’une façon particulière les écrits de Paul de Tarse et de Marcion. Ils recherchent le sens originel du message du Christ. La foi cathare se base sur les principes suivants :

Sur la question de Dieu, du bien, du mal

Dieu, appelé le principe Bon, existe de toute éternité et n'aura pas de fin. Il est parfait et son œuvre est parfaite, inaltérable et éternelle. Il est omniscient et tout puissant dans le Bien. Dieu est le créateur de ce qui est, et ce qu'il n'a pas créé n'est rien (nihil traduit par « néant »). Les esprits, appelés anges par simplification, sont de nature divine.

Dans le Néant est le principe Mauvais, ou principe du Mal. Dieu, qui n'a pas de mal en Lui, ne peut connaître ce principe Mauvais, mais celui-ci, ambitionnant d'imiter Dieu, est parvenu à détourner une partie des esprits de la création divine. Le principe Mauvais a attiré les esprits par force (catharisme absolu ou dyarchien), ou par tentation (catharisme mitigé ou monarchien), car il n'a d'existence que pour autant qu'il puisse se mêler à la création divine (le Bien).

Cette vision de la constitution de l'univers visible est à la base du mythe de la chute du tiers des anges ou, selon les interprétations, de la troisième partie de leur composition : être, âme, et corps subtil. Introduits dans des corps charnels fabriqués par Lucifer, ces êtres sont différents de l'âme qui est de création maléfique, et qui assure la survie du corps charnel. Cette création, issue d'un créateur imparfait et non éternel, est imparfaite et corruptible. Elle a eu un commencement et elle aura une fin. Cette fin surviendra quand le Mal s'étendra sur la création et que les esprits auront réussi à s'extraire de leur prison charnelle pour retourner à Dieu. Alors, le Mal, ayant perdu les avantages du mélange, redeviendra Néant. Le Mal est donc vainqueur dans le temps, mais son accomplissement constitue sa perte. Il est donc vaincu dans l'éternité.

Les deux principes ne sont pas de même nature et de même puissance. Il ne s'agit donc pas d'un dualisme manichéen, ni d'un dithéisme. En opposition avec la doctrine chrétienne, la doctrine cathare soutient un dualisme originel, centré sur la bonne création, qui seule subsistera à la fin des temps. Le Dieu de l'Ancien Testament est en fait l'envoyé du Mal, comme le disait déjà le marcionisme (sources en Asie Mineure), et les livres de l'Ancien Testament ne sont donc pas reconnus comme canoniques, mais sont l'émanation de l'Esprit Mauvais.

Les cathares reconnaissaient un ou deux principes, selon qu'ils étaient « monarchiens », ou « dyarchiens », « mitigés » ou « absolus ». Les cathares absolus pensaient que le principe du Mal ne pouvait trouver son origine dans le principe du Bien. Autrement dit, représentant le Bien absolu, Dieu ne pouvait avoir créé un ange corruptible (Lucifer). Pour les dualistes absolus, les deux principes, le Bien et le Mal, coexistent depuis la création divine, puisque c'est hors de cette création qu'ils se trouvent.

Sur la vie

Les Bons Chrétiens, comme ils se nommaient, avaient et prêchaient un respect inconditionnel de la vie. Tout ce qui avait place dans le monde matériel méritait considération. Le mépris du corps et la volonté de purification expliquent qu'ils observaient un régime alimentaire très strict, qui peut aller jusqu'à l'endura. Les relations sexuelles, que ce soit dans le mariage ou en dehors, relevaient de la même impureté, et devaient être évitées pour les Parfaits. Les Parfaits avaient à cœur de mener leurs contemporains sur la voie du salut afin d'écourter, un tant soit peu, le cycle des passages en ce bas monde.

Sur Jésus-Christ

Selon les cathares, le Christ, fils de Dieu, et envoyé par Lui, est venu pour leur révéler leur origine céleste et pour leur montrer le moyen de retourner aux cieux. Ainsi, le Christ est uniquement l'envoyé du Père (angelos : ange, messager) venu apporter le message du salut aux hommes. Il ne s'est pas soumis au Mal par l'incarnation, et est demeuré un pur esprit. Marie n'a pour les cathares jamais nourri Jésus quand il était dans son ventre, elle n'assurait que sa protection. (Thème de l'adombration)

Sur l'Esprit-Saint et l'esprit en général

L'esprit est transmis, soit par les générations depuis le premier homme, soit par transmigration dans un nouveau-né après la mort (réincarnation).

C’est uniquement par le Saint-Esprit que l'esprit peut être libéré du monde physique, et c’est par le baptême, par imposition des mains, reçu par les apôtres et transmis par eux, que l’esprit pourra accéder au Salut. Toutefois, le baptême ne peut être administré à un jeune enfant de moins de 13 ou 14 ans, car il est jugé inapte à discerner l'importance de cet acte. Le baptême cathare devait être administré à une personne en connaissance de cause et sur la base de sa conviction.

Pratiques, sacrements et rites

Refus de l’orthodoxie

Les cathares, se considérant alors comme les seuls vrais disciples des apôtres, souhaitaient adopter le modèle de vie, les rites et les sacrements, des premières communautés chrétiennes. Ils s'appuyaient principalement sur les enseignements du Nouveau Testament, et leur unique prière était le Notre Père. Ils considéraient que toutes les pratiques etsacrements instaurés par l'Église dès les premiers siècles et petit à petit n’avaient aucune valeur :

  • le sacrement du baptême, que les prêtres confèrent notamment aux nouveau-nés ;
  • le sacrement de l'Eucharistie : ils refusent de croire en la transsubstantiation, c'est-à-dire la transformation du pain et du vin en le corps et le sang du Christ lors de leur consécration par le prêtre lors de la messe. En revanche, en mémoire de la dernière Cène du Christ avec ses apôtres, les cathares bénissaient le pain lors du repas quotidien pris avec leurs fidèles. C’était le rituel du « pain de l’Oraison » ;
  • le sacrement du mariage, celui-ci légitimant à leurs yeux l'union charnelle de l'homme et de la femme, union à l'origine du péché originel d'Adam et Ève selon leur interprétation de la Genèse ;
  • la médiation des saints et le culte des reliques ;

De même que dans certains courants de l'Église chrétienne primitive, l'idéal cathare était basé sur une vie ascétique, alors que le sacrement du mariage aurait été créé plus tardivement. Ils n'attachaient pas d'importance aux églises bâties qui n'étaient pas pour eux les seuls lieux du culte car la parole du Christ peut être enseignée partout où se réunissent les fidèles. Enfin, leur seul sacrement est le baptême par imposition des mains, ou consolament.

Le consolament

Le sacrement du consolament (consolation, en occitan, du latin consolamentum) ou « baptême d'esprit et du feu » par imposition des mains et de l'évangile de Jean sur la tête du postulant , est le seul à apporter le salut en assurant le retour au ciel de la seule partie divine de l'homme : l'esprit. Il est le point de départ d'un choix de vie en accord avec la doctrine cathare (justice et vérité), permettant à la nature divine de l'impétrant de se détacher partiellement de la nature mondaine ou charnelle, et d'accéder au salut. Le consolament officialise donc le choix du novice ou du mourant à mener une vie chrétienne. Il n'est que la reconnaissance d'un état et non un apport d'une qualité extérieure. Ce sacrement jouait un rôle fondamental dans les communautés cathares car il était à la fois sacrement d'ordination et de viatique (extrême-onction), alors appelé « consolamentdes mourants ».

Le consolament était conféré par un membre de la hiérarchie et engageait celui qui le recevait dans une vie religieuse qui, comme toute ordination, suppose de prononcer des vœux et de respecter une Règle. Ici il s'agissait de pratiquer l'ascèse, de s'engager à ne pas manger de nourritures provenant des animaux ( viandes, œufs, lait, graisses animales, …), de pratiquer la morale évangélique, comprise comme l'interdiction de jurer, de mentir, et de tuer. Il faisait d'un croyant cathare un Bon Homme ou une Bonne Dame, membre du clergé, prédicateur, et capable d'apporter lui-même le consolament aux mourants.

Le consolament était donc aussi administré aux mourants qui en faisaient la demande, c'est-à-dire aux simples croyants qui n'avaient pas franchi le pas de l'ordination durant leur vie, mais souhaitaient rencontrer le Saint-Esprit, leur donnant une chance d'accéder au salut avant de mourir. Les prières des « parfaits », Bons Hommes ou Bonnes Dames, après la mort du consolé, pouvaient durer encore quatre jours.

La vie des « parfaits » et « parfaites »

Travail manuel et vie communautaire

Étant ordonnés, les parfaits entraient dans un ordre religieux, mais sans sortir du siècle. Ils étaient en effet astreints au travail manuel pour vivre, ce qui leur donnait un avantage considérable pour leur prédication, en les maintenant au contact de la population qu'ils instruisaient directement, via des traductions des Écritures saintes en langue vernaculaire, contrairement au clergé catholique qui refusait à l'époque l'accès direct du peuple aux textes sacrés. Cela leur rapportait également l'argent du produit de leur travail. Cet argent leur permettait, par exemple, de se déplacer et, avec les dons et les legs, de créer les conditions de l'existence d'une hiérarchie. Par contre la pauvreté personnelle était prescrite.

Les cathares vivaient dans des « maisons de parfaits », intégrées aux villes et aux villages, qui leur permettaient de rencontrer la population et de prêcher, et leur servaient d'atelier. Des jeunes y étaient envoyés par leurs parents simples fidèles ou déjà ordonnés, pour leur formation en vue de leur propre ordination. Tout « parfait » rejoignait une maison de « parfaits », et y travaillait de ses mains, y compris les nombreuses épouses nobles et leur progéniture qui faisaient partie des rangs des cathares. Le sacrement de mariage n'étant pas reconnu, elles se séparaient de leur mari, généralement lui-même simple croyant.

Le consolament des mourants pouvait être conféré dans les maisons des « parfaits », dans laquelle le consolé était transporté et mourait. Lorsque vint le temps des persécutions, les « parfaits » durent se cacher chez des fidèles, mais ils y payèrent toujours leur nourriture par le travail manuel.

Vie apostolique

Se rapprochant des premiers chrétiens, les « parfaits » cathares envisageaient un salut passant par un grand zèle religieux, parfois jusqu'à l'ascétisme, afin de ne pas procréer, ils étaient astreints à la chasteténote, et devaient constamment aller par deux personnes du même sexe. Chacun avait son sòci, ou compagnon, ou sa sòcia pour les femmes. Cette prédication au coin du feu de deux personnes de même sexe conduira à l'accusation de bougrerie (c'est-à-dire d’homosexualité) fréquemment enregistrée dans les registres de l'Inquisition. Cette façon de vivre toujours au moins à deux tenait à la conviction que l'esprit seul ne peut éviter de se fourvoyer alors qu'avec au moins un compagnon ou une compagne, les tentations de la chair sont plus faciles à combattre.

Les « parfaits » ne devaient pas mentir, s'abstenir de tout vice, de toute méchanceté, en un mot être simplement de bons chrétiens selon les Évangiles. Cela devait inévitablement conduire à l'édification de toute la population chrétienne. Néanmoins, le catharisme toucha essentiellement une population bourgeoise ou noble, sauf dans la dernière période. Outre l'interdit du meurtre, les « parfaits » ne devaient pas tuer les animaux. Ils devaient s'abstenir de toute consommation de produits animaux car issus de la reproduction animale. En cela ils s'interdisaient toutes viandes ainsi que le lait et les produits dérivés. Le jeûne était de pratique courante, mais le jeûne le plus strict prévoyait du pain et de l'eau. Trois carêmes annuels étaient pratiqués. L'endura est un jeûne suivant le consolament et qui a pu conduire certains « parfaits » à la mort pendant l'inquisition en raison de situation particulières (mourants ou blessés recevant in extremis le consolament).

Dernière obligation faite surtout aux hommes : la prédication. Les « parfaits » devaient prêcher le salut par l'ordination du consolament et la morale évangélique. Cette prédication se faisait dans les maisons ateliers, mais également parfois chez des fidèles ou sur la place publique.

Refus de l'alimentation carnée

Article détaillé : végétarisme#Religions_abrahamiques.

« Dès la fin du XIIe siècle dans le Midi de la France, « manger de la viande » et se convertir au catholicisme sont synonymes. »

— René Nelli, la vie quotidienne des Cathares du Languedoc au XIIIe siècle,1969.

Pour les cathares, l'abstinence de nourriture animale n'est pas une privation. Guilhem Bélibaste, dernier « parfait » cathare connu, a dit à propos des pratiques de privations catholiques : « le jeûne que vous faites vaut autant que le jeûne du loup ». Il s'agit plutôt d’un prolongement de l’interdit du meurtre à toute vie animale. Le catharisme, là encore, se distingue par une certaine radicalité. En effet, tous les animaux, dans la perspective cathare, sont susceptibles d'avoir reçu une âme céleste.

Le végétarisme cathare était un refus de commettre la violence à l'égard d'une créature « ayant du sang », principe pour eux des « vrais chrétiens » :

« Si un criminel dangereux les attaquait, ils pouvaient se défendre ; tuer la vipère ou le loup. Encore qu'à l'époque du catharisme triomphant, un « parfait » ne l'eût sans doute point fait, car il était aussi grave de tuer une bête « ayant du sang » que de tuer un homme. »

— René Nelli, la vie quotidienne des Cathares du Languedoc au XIIIe siècle.

On retrouve, à l'autre extrémité de la période cathare, des indications explicites de l'idée d'âme reçue également par toute vie animale : Deux femmes de Montaillou (Ariège), vers 1300, discutent religion : « ma commère, ce serait un grand péché de tuer cette poule ! – Est-ce un si grand péché de tuer une poule qu'on le dit ? – Oui, car dans notre religion, les âmes humaines, quand elles sont sorties des corps des hommes et des femmes, se mettent ou s'introduisent dans des poules.  »

Le refus de tuer la volaille est un topique de la littérature médiévale: un inquisiteur dénonce à l'empereur les cathares amenés à Goslar par le duc de Lorraine vers 1053, un autre inquisiteur fait brûler un toulousain qui lui avait répondu qu'il ne voyait pas quelle faute avait commise ce coq, pour qu'il dût le tuer (vers le milieu du XIIIe siècle); le même fait brûler deux dames de Foix, en fuite, et que leur déguisement de mauresque n'avait pas mise hors de la suspicion de leur aubergiste toulousaine, qui renseignait l'Inquisition : en effet, prétextant qu'elle s'en allait faire le marché, l'aubergiste leur demanda de tuer et de déplumer les poules pendant son absence, afin de l'avancer dans son travail ; comme lorsqu'elle fut revenue les poules étaient toujours vivantes, l'aubergiste ne dit pas un mot, appâtée par la prime promise aux délateurs ; elle sortit et revint avec deux sergents de l'Inquisition, qu'elle avait déjà alertés; il n'y a pas lieu de chercher des motifs mystérieux à cette épreuve, qui remplaçait avantageusement les ordalies en usage si longtemps contre les hérétiques dans le nord de la France.

Les poulets ne sont pas seuls en cause. Les cathares fréquentaient les paysans, et essayaient de modifier leur mentalité. Ils leur recommandaient, par exemple, de traiter les animaux avec douceur. Les femmes se montraient sans doute plus sensibles que leurs maris :

« Guillemette, voyant un Croyant cathare faisant fonction de Parfait battre méchamment son ânesse, ne contient pas son indignation : « ça se dit receveur d'âmes, et ça martyrise les animaux ! » »

— René Nelli, la vie quotidienne des Cathares du Languedoc au XIIIe siècle.

La sensibilité cathare à ce sujet pouvant prendre les formes les plus désespérées :

« Un hérétique que l'on mène en prison, à travers les rues de Limoux, se met à pleurer en voyant les bouchers tuer des veaux, près de l'abattoir de la ville. Il pleurait sur le sort de tous ces gens qui pêchaient mortellement – et se perdaient – en mettant à mort une bête. »

— René Nelli, la vie quotidienne des Cathares du Languedoc au XIIIe siècle.

Si les Parfaits tombaient par hasard sur un animal pris au piège, ils avaient le devoir de le délivrer, mais, de ce fait, ils causaient un dommage au chasseur. Alors, bien que leur rituel ne leur en fît pas obligation, ils faisaient partir le lièvre et laissaient à sa place une pièce de monnaie.

La fin du mouvement cathare

Les Inquisiteurs exigeaient d'abord des sympathisants hérétiques qu'une croix latine jaune soit cousue sur leurs vêtements, l'une sur le dos et l'autre sur la poitrine, signe d'infamie.

Un sujet d'inquiétude pour l'Église

En 1119, le pape Calixte II réunit un concile à Toulouse. Celui-ci dénonce notamment les déviants qui condamnent les sacrements du baptême, de l'Eucharistie, du mariage et le sacerdoce et enjoint au comte de Toulouse de sévir contre eux. Ce canon est repris en 1139 par le concile du Latran. La présence des hérétiques dans le midi de la France inquiète l'Église catholique qui envoie Bernard de Clairvaux et le cardinal évèque d'Ostie en inspection dans la région de Toulouse et d'Albi. Motif supplémentaire de crainte, les hérétiques ont recruté à Toulouse de « riches personnages » et des chevaliers de la région se sont également laissés entraîner. Pire encore, la doctrine séduit « des clercs, des prêtres, des moines et des religieuses ». Le concile de Tours (1163) fustige « l'hérésie condamnable qui a surgi il y a longtemps dans le pays de Toulouse ». Enfin, le concile de Saint-Félix de Lauragais (1167) permet de mesurer l'ampleur de l'hérésie et redéfinit les territoires des différents évêchés en sus de celui d'Albi, Toulouse, Agen et Carcassonne.

Causes de la persécution

Au début du treizième siècle, le roi d'Aragon Pierre II et son beau-frère, le comte de Toulouse, soutiennent la cause des Cathares tandis que les rois chrétiens de Navarre épousent à chaque génération l'une des filles des émirs qui règnent sur la moitié sud de l'Espagne. Une alliance devient envisageable entre les Cathares et les Maures d'Espagne contre le catholicisme malgré leur conflit de 1212. Les princes d'Europe du Nord veulent à tout prix éviter cette nouvelle menace après l'expulsion des Sarrasins de Sicile un siècle plus tôt par les Normands. Ce sont du reste des seigneurs anglo-normands qui vont diriger les croisades d'extermination des Albigeois.

Leur obstination, leur anticléricalisme intransigeant, leur opposition à la hiérarchie catholique, à laquelle ils reprochent sa richesse ostentatoire et ses abus de pouvoir, et surtout l'assassinat du légat du Pape Pierre de Castelnau, en contradiction avec leurs propres principes, constituent les prétextes pour attirer sur les cathares les foudres de l'Église romaine, d'autant plus que leur mépris pour le corps et leur conception nihiliste de l'existence étaient perçus comme éminemment dangereux. Ils sont condamnés comme hérétiques. Ainsi que beaucoup d'autres mouvements dissidents ou contestataires, les cathares deviennent l'objet d'une lutte permanente. L'Église romaine tente d'en « purifier » la chrétienté occidentale en excluant systématiquement tout individu ou groupe mettant en péril le projet de société chrétienne qu'elle construit depuis le début du xe siècle.

Un critère qui sera souvent utilisé est leur refus du mariage, qui permettra de les nommer orgiaques et impies. Une prière des confréries corses porte toujours une mention de cette réputation de « satanales », lorsqu'elle dit, « chandeliers triangulaires aux cierges éteints », écho des vices qui se pratiquaient prétendument dans les églises, une fois les cierges soufflés, et qui renvoie à toutes les peurs de la sorcellerie, des messes noires, etc.

Les tentatives d'éradication de l'hérésie par la prédication

Dispute entre saint Dominique et des Albigeois, où les livres des deux parties furent jetés au feu pour une ordalie. L’histoire raconte que ceux de saint Dominique furent miraculeusement préservés des flammes. Peinture par Pedro Berruguete.

L'Église catholique confie aux cisterciens, au xiie siècle, puis, avec plus de succès, au xiiie siècle, aux ordres mendiants (auxfranciscains et au nouvel ordre des dominicains, ayant reçu leur constitution en 1216) le soin de combattre ce danger de l'hérésie. Les cathares sont difficiles à convaincre. La prédication ou le débat doctrinal instaurés à cette fin dans le Midi de la France par l'Église tourne court pour le moment, malgré la prédication de Saint Dominique, qui fut par la suite mise en valeur par l'Église.

La croisade contre les Albigeois

Article détaillé : croisade des Albigeois.

Face à cet échec de faire disparaître cette hérésie ainsi que celle des Vaudois, le pape Innocent III lance en 1208 contre les « Albigeois », ou cathares, la première croisade qui se déroulera sur le territoire de la chrétienté occidentale. Avec la croisade contre les Albigeois, il s'agit pour l'Église de mater une hérésie, mais aussi en partie, pour le pouvoir central de la royauté française, de soumettre les seigneurs du Sud, ses vassaux trop indépendants. Néanmoins Philippe Auguste, le roi de France, ne voudra jamais participer personnellement à cette croisade, mais il laissera ses vassaux libres de toutes actions. La guerre durera vingt ans (12091229). Il faut savoir que les domaines que tenaient le comte de Toulouse étaient d'une richesse enviable. Eudes III Duc de Bourgogne, le comte de Nevers et le comte de Saint Pol prirent la tête des troupes levées par le pape. Simon IV de Montfortdeviendra le chef de la croisade après la prise de Carcassonne. En effet, Eudes III décide de rentrer sur ses terres ainsi que le comte de Nevers et celui de Saint Pol après avoir fait leur quarantaine. Ils n'acceptent pas la proposition d'Arnaud Amaury qui est de prendre les terres de Trencavel, ne voulant pas faire d'ombrage au roi de France. Cependant Eudes III restera encore quelques jours mais finira par rentrer chez lui. C'est à ce moment qu'Arnaud Amaury donnera la tête de la croisade à Simon IV de Montfort, ainsi que les terres de Trencavel et le titre de vicomte de Carcassonne.

La lutte armée se poursuivit dans le Midi tout au long du xiiie siècle. Elle est relayée sur un plan spirituel par l'institution de l'Inquisition, créée en 1231 pour convaincre les cathares de revenir vers la foi catholique, apostolique et romaine.

La tâche de l'Inquisition fut facilitée par le refus du serment que pratiquaient les cathares. Ainsi, lorsqu'un inquisiteur interrogeait un parfait, les plus convaincus étaient faciles à détecter. Les inquisiteurs (surtout les Dominicains) notaient soigneusement tous les interrogatoires et ainsi tous les Bons Hommes furent l'un après l'autre arrêtés, à la suite, souvent, des révélations de leurs pairs. De plus, un cathare ne pouvait être sacré que par un parfait et les mourants ne pouvaient recevoir l'absolution (consolamentum des mourants) que des mains d'un parfait. Que ce soit une tactique déterminée ou pas, l'Inquisition, en faisant disparaître le clergé cathare, fit disparaître le culte avec lui, ce qui était le but recherché.

Le massacre de Béziers

La ville de Béziers abritait des cathares. Elle était tenue par les Trencavel, vassaux des comtes de Toulouse ― excommuniés par le pape en raison de leur trop grande tolérance envers les cathares. La mémoire bitterroise conserve une place particulière à une date pendant cette période : le 22 juillet 1209. Ce jour-là, la croisade des Albigeois contre les cathares se traduisit par le sac et l’incendie de Béziers, et par le massacre d'une partie de sa population (le chiffre de 20 000 personnes, souvent cité, est considérablement exagéré, car la population totale de Béziers ne dépassait pas à cette époque 8 000 habitants), cathares comme chrétiens ― il n'est plus question ici de lutte religieuse, mais de combattre les hommes de seigneurs excommuniés et rebelles ― en l'église de la Madeleine.

Le moine allemand Césaire de Heisterbach (dont Régine Pernoud précise qu'il est un auteur « peu soucieux d'authenticité ») relate dans son Livre des Miracles, qu'il écrit dix ans après les faits, qu'Arnaud Amaury, le légat pontifical, à qui on demandait comment différencier les cathares des bons catholiques de Béziers pour les épargner, déclara : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. » Cette déclaration ne se trouve dans aucun document historique, et elle n'a vraisemblablement jamais été prononcée, mais est employée fréquemment depuis le film de télévision sur les cathares La caméra explore le temps.

Le dernier voyage (De Montaillou à Villerouge-Termenès)

Les travaux inquisitoriaux de l'Evêque de Pamiers, Jacques Fournier, auront bientôt eu raison du « Dernier Parfait », Guilhem Bélibaste. Ce dernier, après avoir commis un meurtre (1305), fut contraint à l'exil, puis, après une pénible initiation, fut ordonné parfait. Pour fuir l'Inquisition, qui se faisait de plus en plus présente, il alla se réfugier en Catalogne, puis à Morella, en haut pays valencien (1309), d'où il allait régulièrement prêcher et visiter la « diaspora » des hérétiques en exil installés dans toute cette région. En 1321, Arnaut Sicre le convainc de l'accompagner chez sa tante, dans le comté pyrénéen du Pallars, à la lisière du comté de Foix. Cela s'avéra être un piège imaginé par Fournier, dont Sicre exécuta la manœuvre par cupidité et pour venger la mort de sa mère victime elle-même du bûcher. Emprisonné et jugé à Carcassonne, il fut condamné au bûcher par l'inquisiteur Jean de Beaune. C'est à Villerouge-Termenès que le « dernier Bon Homme » acheva son ultime voyage par le feu (1322). Les quelques derniers hérétiques furent emprisonnés, jusqu'à ce que, à partir de 1329, on n'entendît plus parler de « Bons Hommes » ni de « Bonnes Femmes » en pays occitan.

 

 

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14 février 2014

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Five Points (Manhattan)

Représentation d'habitations précaires dans le quartier de Five Points, publiée dans le Frank Leslie's illustrated newspaper en 1872.

Five Points était un célèbre bidonville situé dans l'arrondissement de Manhattan, à New York.

Le nom de Five Points correspond aux cinq rues qui étaient accessibles depuis l'intersection autour de laquelle le bidonville s'était développé: MulberryAnthony Street (aujourd'hui Worth Street), Cross Street (aujourd'hui Park Row), Orange Street (aujourd'huiBaxter Street) et Little Water Street (qui n'existe plus).

Le quartier s'est formé dans les années 1820, à proximité du site de l'ancienne Collect Pond, mare de 194 000 m² (19,4 hectares) qui avait été asséchée en raison de graves problèmes de pollution, après que les industries locales l'ont utilisée comme un dépotoir. En plus de cela, l'enfouissement des déchets sur le site était de piètre qualité, et le suintement de la mare dans son coin sud-est entraîna la formation de zones marécageuses où les insectes pullulaient, ce qui provoqua une chute brutale de la valeur du terrain. La plupart des riverains de classes moyennes ou aisées quittèrent en conséquence le quartier, en donnant lieu à un afflux d'immigrants pauvres, qui fut renforcé par la grande famine en Irlande dans les années 1840.

Five Points demeura ainsi un quartier très pauvre, et lors de son « apogée », seuls quelques quartiers du London's East End(quartiers les plus pauvres de la banlieue Londres) étaient en mesure de rivaliser avec lui en matière de densité de population, de maladies, de mortalité infantile, de chômage, ou encore de violence, sans faire mention des autres signes de précarité. Mais qualifier Five Points de simple bidonville serait une erreur, car la culture du quartier a eu une certaine résonance qui a donné naissance à plusieurs aspects caractéristiques de l'actuel American way of life. Five points fut en effet l'un des tout premiers melting pots, étant à l'origine peuplé d'afro-américains et d'immigrés irlandais. La cohabitation de cultures africaine, irlandaise, anglaise, et par la suite juive et italienne a en effet joué un rôle important dans la croissance des États-Unis ; or ces cultures se croisaient et se mélangaient déjà à Five Points.

Par exemple, la fusion de la gigue irlandaise et de la shuffle africaine donna très rapidement naissance aux claquettes (appelées avant cela Master Juba), et par la suite à des genres musicaux tels que le jazz ou le rock and roll. Cette fusion culturelle avait lieu à Five Points, dans des lieux comme le Almack's Dance Hall (aussi connu sous le nom de Pete Williams's Place) situé sur Orange Street (l'actuelle Baxter Street). Le terrain sur lequel la salle était construite est aujourd'hui occupé par le Columbus Park, où les premiers résidents de l'actuelle Chinatown s'étaient au départ établis.

Scène d'affrontement entre les "Dead Rabbits" et les "Bowery Boys".

Sur le plan politique, Five Points faisait partie du Old Sixth Ward (le sixième district électoral), où la corruption des partis locaux était importante, et où les postes clés étaient pour la plupart occupés par des non anglo-saxons. Même si les tensions entre les Africains et les Irlandais sont très anciennes, leur cohabitation dans le quartier de Five Points constitue le premier exemple d'intégration communautaire dans l'histoire des États-Unis. Par la suite, les populations noires migrèrent progressivement vers la côte ouest de Manhattan, avant de s'établir au nord, dans la région de ce qui constitue aujourd'hui Harlem. Mais les années passées à cohabiter avec les Irlandais, et par la suite avec les juifs et les Italiens dans un même quartier ont permis l'émergence d'un objectif commun à toutes ces minorités, et ceci se manifeste encore aujourd'hui dans les courants les plus libéraux de l'échiquier politique américain, à commencer par le parti démocrate.

Au cours des années 1880, les politiques de « nettoyage » des bidonvilles permirent de raser le quartier de Five Points, afin de reconfigurer la zone, mais cela ne fit finalement que déplacer le problème puisque les habitants du quartier migrèrent vers la Lower East Side, située plus au nord. L'emplacement de l'ancien quartier de Five Points est aujourd'hui couvert par de grands immeubles urbains et par des bâtiments administratifs, dans un espace couramment appelé Foley Square, en plus de Columbus Park et de plusieurs installations rattachées au New York City Department of Corrections (département carcéral municipal). Ces dernières installations sont celles qui sont le plus liées à l'ancien quartier de Five Points dans la mesure où l'ancienne Tombs Prison, construite en 1839 qui abritait la plupart des criminels de la ville était située au niveau de l'actuelle City Prison Manhattan, au 125 White Street.

Le quartier de Five Points est en outre en vedette dans le film de Martin ScorseseGangs of New York, sorti en 2002 et dans la série Copper. Dans le film L'ArnaqueRobert Redford prétend être originaire de Five Points.

 

Draft Riots

 

Affiche officielle du recrutement, New York 23 juin 1863.

Les Draft Riots (en français : émeutes de la conscription), que l'on nomme à l'époque Draft Week (en français : « semaine de la conscription ») sont de violentes émeutes qui se déroulent à New York du 13 au 16 juillet 1863, après l'adoption par le Congrès des États-Unis de nouvelles lois sur la conscription. Les hommes réquisitionnés sont envoyés sur les champs de bataille de la Guerre de Sécession, qui se déroule entre 1861 et 1865. Ces émeutes sont les plus importantes insurrections civiles que l'histoire américaine ait connues, en dehors de la guerre de Sécession elle-même. Pour reprendre le contrôle de la ville, le président Abraham Lincoln est contraint d'envoyer plusieurs régiments de milice et de volontaires. Les émeutiers se comptent par milliers et bien qu'ils ne représentent pas la majorité, de nombreuses personnes arrêtées ont des noms d'origine irlandaise, selon les listes compilées par Adrian Cook dans son œuvre The Armies of the Streets. En outre, des émeutes de moindre importance éclatent aussi dans d'autres villes à la même époque.

À l'origine conçues pour exprimer le mécontentement de la population vis-à-vis des lois de conscription, elles tournent rapidement aupogrom racial et de nombreux Noirs sont assassinés dans les rues. Le désordre dans la ville est tel que le général John E. Wooldéclare le 16 juillet : « La loi martiale devrait être proclamée, mais je ne dispose pas des forces nécessaires pour la faire respecter. » L'armée parvient enfin à maîtriser la foule après trois jours de troubles, grâce à l'artillerie et baïonnette au canon, mais seulement après que de nombreux immeubles ont été saccagés ou détruits, parmi lesquels de nombreuses habitations, un orphelinat pour noirs et même le musée consacré à Phineas Taylor Barnum.

Les émeutiers s'en prennent aux soldats.

 

Causes

Illustration d'un édifice en feu surLexington Avenue lors des émeutes.

Lorsque la guerre de Sécession débute en avril 1861, les New-Yorkais se rallient rapidement à la cause de l'Union. Un rassemblement massif a lieu à Union Square où sont présents entre 100 000 et 250 000 hommes. Quand Abraham Lincoln lance un appel pour le recrutement de 75 000 volontaires afin de rejoindre l'armée et venir à bout de la sécession, 8 000 New-Yorkais se portent volontaires dans les dix jours. Les forces de l'Union paient un lourd tribut lors de la première bataille de Bull Run en juillet 1861, y compris celles originaires de la ville de New York, entraînant une nette baisse d'enthousiasme et d'optimisme. Une importante faction des démocrates de New York, connue sous le nom de Copperheads, s'oppose à la guerre et est favorable à une paix négociée. Le gouverneur de New York Horatio Seymour est élu en1862, sur un programme électoral pacifiste.

À la suite de l'enlisement de la guerre, une pénurie de soldats se fait sentir au sein des rangs de l'Union. Dans ce contexte, le 3 mars1863, le Congrès des États-Unis adopte la première loi de conscription de son histoire, qui autorise le président à faire appel aux citoyens âgés de 18 à 35 ans, pour une durée limitée à trois ans de service militaire. Les démocrates Copperheads, favorables à la paix, sont consternés par la nouvelle. Ils sont opposés à toute forme de service national, et en particulier à une clause qui stipule que les hommes appelés peuvent être exemptés de conscription s'ils s'acquittent d'une somme de 300 $ ou fournissent un remplaçant, que l'on nomme « taxe d'exemption », ce que les pauvres ne peuvent se permettre, créant ainsi des inégalités face à la conscription. Cette mesure est tournée en dérision sous la forme du 300 dollar man (l'homme à 300 dollars). Formellement, cependant, ces lois visent avant tout à attirer des volontaires et, en fait, peu d'hommes sont enrôlés de force.

Les troupes fédérales font feu sur la foule qui commence à se regrouper.

Dans la pratique, les hommes forment des clubs. Si l'un de ses membres du club est appelé, les autres membres se cotisent pour payer la « taxe d'exemption ». Indépendamment de l'intention de cette taxe de 300 $ (somme considérable pour l'époque), qui est à la fois un moyen de fournir les fonds nécessaires pour la guerre et de permettre aux fils des familles les plus aisées de ne pas partir au combat (ce qui s'appela par la suite draft evasion), elle amène progressivement les classes moyennes et ouvrières à considérer que la guerre est devenue une « guerre de riches faite par les pauvres ».

Le premier tirage au sort de noms a lieu le samedi 11 juillet, sans incident. Les noms sont inscrits sur des petits morceaux de papier, placés dans une boîte, puis tirés un par un. Les noms tirés sont principalement ceux d'ouvriers qui ont été publiés dans les journaux. Bien que les émeutes de New York ne commencent pas à ce moment, elles éclatent dans d'autres villes, impliquant des adversaires de la conscription, notamment à Buffalo, le 6 juillet 1863. Des spéculations sur une réaction similaire à la conscription à New York se développent. Ces évènements coïncident avec les tentatives du Tammany Hall (base du parti démocrate de New York), qui souhaite faire des immigrants irlandais des citoyens américains, pour qu'ils puissent participer aux élections locales. C'est alors que de nombreux immigrants réalisent que la citoyenneté ne leur apporte pas qu'un droit de vote, mais aussi le devoir de se battre pour leur nouveau pays. Ainsi, parmi les 184 émeutiers qui ont pu être identifiés, 117 sont nés en Irlande, 40 aux États-Unis et 27 dans d'autres pays d'Europe.

Les émeutes

Lundi

Le Bull's Head Hotel, représenté ici tel qu'il était en 1830, est incendié durant les émeutes.

Le second tirage au sort a lieu le lundi 13 juillet 1863, dix jours après la victoire de l'Union à la bataille de Gettysburg. Le matin, à 10 heures, une foule furieuse composée de 500 hommes emmenés par la Black Joke Fire Engine Company 33, attaque le bureau de l'assistant du Provost Marshal du Neuvième District, à l'angle de la Troisième Avenue et de la 47th Street, où la conscription se déroule. La foule commence à lancer de gros pavés à travers les fenêtres, puis à casser les portes et enfin détruire le bâtiment. Parmi les émeutiers, des travailleurs irlandais, s'opposent également au gradualisme politique, ils n'acceptent pas d'être mis en concurrence avec des esclaves émancipés pour obtenir un emploi.

Charge de la police sur les émeutiers aux bureaux du New York Tribune.

La milice d'État de New York est absente, elle a été envoyée en Pennsylvanie pour renforcer les troupes de l'Union, laissant à la seule police le soin de faire face aux évènements. Le chef de la police, John Kennedy, se rend sur place le lundi pour examiner la situation. Bien qu'il ne soit pas en uniforme, il est reconnu par les émeutiers qui l'attaquent. Kennedy est abandonné à demi conscient, il a le visage meurtri et tailladé, un œil blessé, les lèvres enflées, sa main coupée et son corps couvert de sang et d'ecchymoses. Les policiers contre-attaquent avec leurs gourdins etrevolvers, chargeant la foule, mais celle-ci les maîtrise. La police de New York est dans l'impossibilité d'apaiser les troubles, les policiers étant par trop inférieurs en nombre vis-à-vis des émeutiers. Leur tâche consiste surtout à limiter les dégâts et à secourir ceux qui peuvent l'être. Ils parviennent cependant à maintenir les émeutes hors de Lower Manhattan, en dessous d'Union Square. Les immigrants et autres habitants du quartier Bloody 6th Ward près du port ne participent pas aux émeutes car ils ont vécu suffisamment de violences à cause des gangs entre les années 1830 et 1850.

Un noir, qui après s'être fait torturer par des émeutiers, est pendu et brûlé, à Clarkson Street.

Le Bull's Head Hotel de la 44th Street, qui refuse de servir de l'alcool, est incendié. La résidence du maire sur la Cinquième avenue, les postes de police du Cinquième et Huitième Districts, et d'autres bâtiments sont attaqués puis incendiés. Le siège du journal à tendancerépublicaine, le New York Tribune est lui aussi attaqué. La foule est refoulée par le personnel du New York Tribune qui est équipé de deux mitrailleuses Gatling. Les compagnies de pompiers sont mobilisées, mais certains sapeurs-pompiers sont favorables aux émeutiers, car ils ont eux aussi été mis sur les listes d'enrôlement le samedi. Plus tard dans l'après-midi, les autorités tirent sur un homme et le tuent alors que les émeutiers s'attaquent à l'arsenal situé à l'angle de la Deuxième Avenue et 21st Street.

Les afro-américains deviennent les boucs émissaires et les victimes désignées de la colère des émeutiers. De nombreux immigrants et les pauvres voient les esclaves noirs affranchis comme des concurrents pour décrocher les rares emplois disponibles et les Afro-Américains sont considérés comme la cause première de la guerre fratricide qui oppose le Nord et le Sud. Ceux qui ont le malheur de tomber entre les mains des émeutiers sont battus, torturés et parfois tués. Un Noir est ainsi attaqué par une foule de 400 hommes armés de gourdins et de pavés. Il est pendu à un arbre puis brûlé. Le Colored Orphan Asylum (orphelinat pour enfants noirs) qui offre un abri à des centaines d'enfants, est attaqué par la foule. La police parvient cependant à protéger l'orphelinat suffisamment longtemps pour permettre aux enfants de prendre la fuite

Mardi

De fortes pluies tombent dans la nuit du lundi, aidant ainsi à contrôler les incendies et renvoyant les émeutiers chez eux. Cependant, la foule se rassemble à nouveau le lendemain. La vie économique de la cité s'arrête, les ouvriers ayant rejoint les manifestants. Les émeutiers commencent à s'en prendre aux maisons de républicains notables dont celle de l’activiste abolitionniste Abigail Hopper Gibbons.

Le gouverneur Horatio Seymour arrive le mardi et fait un discours à l’hôtel de ville de New York où il tente de calmer la foule en proclamant que la loi sur la conscription est inconstitutionnelle. Le général John E. Wool fait venir environ 800 soldats du port de New York et de l’Académie militaire de West Point. Il ordonne également aux milices de revenir à New York.

Mercredi et jeudi : l'ordre restauré

Affrontements entre les émeutiers et les militaires.

La situation s'améliore le mercredi 15 juillet, lorsque l'adjoint du Provost Marshal Robert Nugent reçoit l'ordre de son supérieur, le colonelJames Barnet Fry, de mettre fin à l'émeute. Comme cette information est reprise par les journaux, certains manifestants restent prudemment chez eux. Certaines milices commencent à revenir en ville et emploient des vigoureuses mesures à l'encontre du reste des émeutiers.

L'ordre commence à revenir le jeudi 16 juillet lors du retour, après une marche forcée, de nouvelles troupes fédérales, dont le 152nd New York Volunteers, le 26th Michigan Volunteers, le 30th Indiana Volunteers et le 7th Regiment New York State Militia de Frederick. En outre, le gouverneur ajoute dans la mêlée le 74ème et le 65ème régiment de la milice de l'État de New York, qui n'était pas en service fédéral et une partie du 20th Independent Battery, New York Volunteer Artillery de Fort Schuyler à Throggs Neck. Dès le 16 juillet, il y a plusieurs milliers de soldats fédéraux en ville. Un dernier affrontement a lieu le jeudi soir à proximité de Gramercy Park, entraînant la mort de nombreux émeutiers.

Conséquences

Ruines du bureau du prévôt.

Le nombre exact de victimes est inconnu, mais selon l'historien James M. McPherson, au moins 120 hommes sont tués durant les émeutes. Selon les estimations, au moins 2 000 hommes sont blessés. Les dommages causés par les émeutes s'élèveraient quant à eux à environ un million de dollars. L'historien Samuel Morison écrit que les émeutes sont « l'équivalent d'une victoire des Confédérés ». Le département du trésor de la ville indemnise par la suite environ un quart du montant des dommages. Cinquante bâtiments, dont deux églises protestantes sont complètement détruits après avoir été incendiés. Le 19 août, les tirages au sort de conscription reprennent sans qu'on ait à déplorer de nouveaux incidents. On enrôle beaucoup moins d'hommes que ne le craignait la population: sur les 750 000 conscrits du pays, seuls 45 000 partent effectivement au combat.

Le Colored Orphan Asylum brûlé et pillé par les émeutiers.

Alors que les émeutes impliquent principalement la classe ouvrière, les New-Yorkais moyens et la classe dirigeante sont divisés en ce qui concerne la conscription elle-même et l'usage du pouvoir fédéral ou de la loi martiale afin de l'imposer. De nombreux riches hommes d'affairesdémocrates tentent de faire proclamer la conscription inconstitutionnelle. Les démocrates duTammany ne souhaitent pas eux-mêmes voir la conscription proclamée inconstitutionnelle, mais souhaitent plutôt aider les pauvres à payer leur taxe d'exemption.

L'immense soutien de New York à la cause de l'Union se poursuit ensuite mais un peu à contrecœur. À la fin de la guerre, plus de 200 000 soldats, marins et miliciens ont été enrôlés dans la ville. 20 000 d'entre eux sont morts durant la guerre. Les brigades Irish et Excelsior, originaires de la cité, font partie des cinq brigades de l’armée de l’Union à avoir subi les plus lourdes pertes au combat pendant la guerre. Si l'on inclut les pertes à Bull Run, aucun régiment d’infanterie de l’Union n’a connu autant de pertes que le 69ème régiment des Fighting Irish de New York. Bien que leurs faits d'armes soient peu mis en avant par les historiens modernes, les plus de cent Medal of Honor reçues rappellent leur bravoure au combat

Culture populaire

Les émeutiers se mettent à frapper les Noirs.

Les émeutes de la conscription sont omniprésentes dans les romans On Secret Service de John Jakes (2000) et Paradise Alley de Kevin Baker (2002).

La comédie musicale Maggie Flynn jouée à Broadway en 1968 est mise en scène dans l’orphelinat pour enfants noirs qui fut assiégé durant l’émeute. Dans le roman steampunk La Machine à différences (1990) de William Gibson et de Bruce Sterling, les lecteurs apprennent que les émeutes (lors d'une guerre de Sécession finalement gagnée par États confédérés) se terminent par la création d'une commune de Manhattan (comme celle de la Commune de Paris), dirigée par Karl Marx. Dans le roman uchronique Grant Comes East de Newt Gingrich, les émeutes sont dépeintes comme bien plus graves qu'elles ne le furent en réalité, car ce livre est la suite de son précédent roman où la Confédération remporte la victoire lors de la bataille de Gettysburg.

Le film Gangs of New York de Martin Scorcese (2002) se déroule à l'époque des émeutes mais ne dépeint pas de manière fidèle les événements qui se sont alors déroulés. Il tente plutôt de décrire « la naissance de Manhattan et la manière dont les différentes vagues d'immigrants ont façonné l'évolution de la ville de New York ». Selon le journaliste et écrivain Pete Hamill : « Les voyous irlandais établirent alors un lien, entre criminalité et politique à New York, qui allait durer plus d'un siècle. »

Le roman New York, d'Edward Rutherfurd, relate ces émeutes à travers le point de vue des différents personnages. L'un des personnages, Hetty Master, contribue à l'évasion des enfants du Colored Orphan Asylum, et assiste au lynchage d'un Irlandais qui a voulu dit hugo l'aider. Un autre, Hudson, un ancien esclave du Sud, est pendu à un arbre et brûlé. Edward Rutherfurd décrit ces émeutes avec beaucoup de précision, mêlant fiction et Histoire.

27 septembre 2013

la folie de l'inquisition.....

 

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Inquisition médiévale

L’Inquisition médiévale est un tribunal ecclésiastique d'exception chargé de lutter contre les hérésies au Moyen Âge. Elle est introduite devant les tribunaux ecclésiastiques par le pape Innocent III en 11991 et atteint son apogée lors de la répression du catharisme, à la suite de quoi son activité décline, concurrencée par les juridictions nationales. En 1542, le pape Paul III remplace l'Inquisition médiévale par la Sacrée congrégation de l'Inquisition romaine et universelle.

 

Contexte

L'Inquisition est inintelligible à des esprits contemporains. Il faut se replacer dans le contexte médiéval pour la comprendre. Au Moyen Âge et surtout dans la période qui va du xe à la fin du xiiie siècle, la société est chrétienne. Il est impensable de ne pas l'être. Le concept de liberté religieuse est incompréhensible, autant que le relativisme moral. On est chrétien parce qu'on est convaincu de la vérité du Christianisme. Or, la Vérité est une et indivisible. Donc, par définition, il n'y a pas de place pour d'autres religions ou opinions. C'est dans ce contexte que se développe la lutte contre les hérésies, notamment le catharisme.

Historique

  • En 1198Innocent III devient pape.
  • Dès 1199, il prend conscience des problèmes posés par le catharisme.
  • Pendant 10 ans, il organise des missions et des débats contradictoires dans le midi de la France (Narbonne/Carcassonne) pour lutter contre l'hérésie . Ces missions sont d'abord confiées aux Cisterciens, ordre monastique chrétien.
  • En 1205, devant les piètres résultats obtenus par les Cisterciens, Diego, évêque d'Osma, et Dominique de Guzman (futur saint Dominique) partent en mission à leur tour et multiplient les débats contradictoires (Montréal, Fanjeaux, Toulouse).
  • En 1208Pierre de Castelnau, chargé par le pape de lutter contre les Cathares, est assassiné. Les soupçons se portent sur le Comte de Toulouse, Raymond VI, connu pour être conciliant avec les Cathares .
  • En 1209, constatant l'impuissance des méthodes pacifiques, le pape prêche la croisade contre les Albigeois. L'intervention militaire commence la même année. L'effort missionnaire n'est pas interrompu.
  • En 1213, Innocent III affirme la nécessité de traquer l'hérésie non sur la base de rumeurs, mais d'une enquête, en latin inquisitio . L'Inquisition se caractérise avant tout par la procédure à laquelle elle recourt : l’inquisitio, par laquelle le juge peut entamer une action d'office, par opposition à l’accusatio, dans laquelle le juge n'instruit un dossier qu'à la suite d'une accusation. Pour autant, l’inquisitio n'est pas réservée à l'hérésie : par exemple, les procès concluant à la nullité des mariages d'Henri VIII d'Angleterre relèvent tous de cette procédure. Pour l'Église, le but premier reste la conversion des égarés. Notons que l'Inquisition n'est pas compétente pour juger les fidèles des autres religions, notamment les Juifs. Elle ne s'adresse qu'aux hérétiques chrétiens.
  • En 1216, l'ordre des Dominicains est fondé. Il prend en main la lutte contre l'hérésie cathare .
  • En 1229 se termine la croisade contre les Albigeois. Raymond VI est battu et cède le Bas-Languedoc à la couronne de France. Mais le problème cathare n'est pas résolu .
  • En 1231, Grégoire IX publie Excommunicamus, acte fondateur de l'Inquisition. Les inquisiteurs seront essentiellement les Dominicains et les Franciscains car ce sont eux qui ont l'expérience des hérésies .
  • Dès 1240, l'Inquisition se répand dans toute l'Europe sauf l'Angleterre .

L'Inquisition est une institution religieuse parallèle et indépendante de la justice civile. Les inquisiteurs sont des théologiens qui ne dépendent que du pape. Leur mission est ponctuelle. La procédure n'a pas été fixée par Excommunicamus. Elle est variable selon les régions. Cependant, les procès se déroulent selon les grandes lignes suivantes .

La Procédure

Déroulement d'un procès

  • L'inquisiteur commence par une prédication générale .
  • L'inquisiteur publie l'édit de foi, qui oblige les fidèles à dénoncer les hérétiques de leur connaissance. Le nom des dénonciateurs est tenu secret pour éviter les représailles. Mais certains inquisiteurs préfèrent procéder à une confrontation contradictoire entre accusé et dénonciateur afin que l'accusé puisse démasquer un dénonciateur qui aurait intérêt à lui nuire. Rappelons qu'en cas de faux témoignage, le dénonciateur risque la peine encourue par l'accusé .
  • L’inquisiteur publie l’édit de grâce, qui accorde un délai de 15 à 30 jours aux hérétiques pour se rétracter. Passé ce délai, l’hérétique présumé est justiciable du tribunal inquisitorial.
  • Le procès n’est pas le règne de l’arbitraire. C’est tout le contraire. L’Inquisition est méthodique, formaliste, paperassière et…plus tempérée que la justice civile.
  • L’accusé est en détention préventive ou libre. Il a le droit de produire des témoins à décharge, de récuser ses juges et même de récuser l’Inquisiteur lui-même. Il bénéficie d’un défenseur.
  • Le premier interrogatoire a lieu en présence de prud'hommes, jury local composé de clercs et de laïcs dont l’avis est entendu avant la sentence.
  • Les assesseurs du procès doivent contrôler la véracité des accusations, notamment auprès des dénonciateurs.
  • Si l’accusé est reconnu coupable et maintient ses dénégations, il subit un interrogatoire complet dont le but est de recueillir ses aveux. La condamnation doit être prononcée après un aveu formel ou au vu de preuves irréfutables. En cas de doute, le mot d’ordre de l’Inquisition est qu’il vaut mieux relâcher un coupable que condamner un innocent.
  • On célèbre une messe et on prononce un sermon.
  • Après consultation du jury, la sentence est prononcée. Les acquittés sont libérés et on prononce la peine des coupables. Notons ici que le verdict relève de la délibération d’un jury et non de l’arbitraire d’un seul juge. C’est révolutionnaire à l’époque et c’est bel et bien une création de l’Inquisition .

Les Inquisiteurs

Conrad de Marbourg, le premier inquisiteur connu, détail d'un vitrail de l'église Sainte-Élisabeth, à Marbourg

L'établissement d'une institution judiciaire est officialisée par la bulle Ille humani generis (20 avril 1233), qui retire aux tribunaux ecclésiastiques la compétence contre les hérétiques lorsqu’un tribunal d'inquisition existe.

D'un point de vue canonique, les inquisiteurs sont des commissaires pontificaux, spécialement chargés de lutter contre l'hérésie et censés collaborer avec les évêques. La délégation pontificale rend théoriquement impossible le traditionnel appel au pape, prohibé par Excommunicamus. — au reste, cet appel est traditionnellement dénié dans les cas d'hérésie. Le mandat est d'abord limité au pontificat du pape ayant nommé l'inquisiteur. En 1267, Clément IV le rend perpétuel (mais toujours révocable). Parallèlement, il existe des commissions temporaires.

Cependant, les évêques n'ont pas été dessaisis de leurs prérogatives en matière d'hérésie, non plus que les légats : sur un même territoire, ces différents dispositifs peuvent coexister et donc se recouvrir, entraînant ainsi des querelles de juridiction. Autre conséquence, l'Inquisition se définit par la présence d'un inquisiteur, il est vain de vouloir définir des juridictions bien délimitées géographiquement. On peut seulement relever l'existence de centres inquisitoriaux importants comme dans le sud de la France, Toulouse et Carcassonne. Enfin, il n'existe pas une seule Inquisition, au sens d'une administration cohérente, mais de nombreux tribunaux inquisitoires, distincts et ne coopérant pas les uns avec les autres.

En 1232, la nouvelle institution s'étend en Aragon et à partir de 1235, en Italie centrale, puis en Lombardie. En France, elle s'introduit d'abord par le Nord, en avril 1233, avant de pénétrer en Languedoc en 1233-1234 avec l'établissement de deux tribunaux fixes d'Inquisition : l'Inquisition n'a donc pas eu pour but premier la lutte contre les cathares.

L'Inquisition se heurte initialement à la volonté des princes de mener eux-mêmes la lutte contre les hérétiques. Dès le départ, certains avaient tout bonnement refusé son intervention : en Espagne, seul l'Aragon l'avait accepté. En Scandinavie, l'Inquisition est quasiment absente. En Angleterre, la répression contre les Lollards — disciples de John Wyclif — reste l'affaire du roi et du clergé anglais. La République de Venise préfère également régler elle-même le sort de ses hérétiques. En France, en Aragon, dans certaines parties de l'Italie et du Saint-Empire, ainsi que dans les Pays-Bas, au contraire, les princes appuient l'Inquisition dès le début, lui permettant ainsi de travailler efficacement. Au fil du temps, la collaboration entre les deux acteurs se renforce.

La plupart du temps, les inquisiteurs sont choisis dans les nouveaux ordres religieux, dominicain et franciscain. Ceux-ci sont précisément fondés à l'époque, et leur expansion géographique est encore restreinte autour de leur aire d'origine. En Italie, l'Inquisition revient plutôt aux franciscains — François, le fondateur, est d'Assise ; dans le Midi, la répression est confiée au tout nouvel ordre des dominicains : la naissance de l'ordre en terre cathare et l'action de Dominique de Guzmán contre les hérétiques expliquent ce choix. Dominique lui-même, contrairement à une légende que les dominicains eux-mêmes ont contribué à entretenir, n'est pas « le premier inquisiteur » : d'abord, il quitte le Languedoc dès 1216 pour se consacrer à l'institution de son ordre ; ensuite, il meurt dix ans avant l'institution de la fonction. Contrairement aux bénédictins traditionnels de l'époque, ces ordres sont spécialisés dans une fonction — la prédication —, ils ne sont pas soumis au vœu de stabilité locale — pas de clôture — et n'ont pas charge d'âme, c’est-à-dire de responsabilité territoriale. Les dominicains en particulier ont pour vocation de prêcher et bénéficient d'une solide formation intellectuelle : ce sont des théologiens. Les deux ordres sont des « ordres mendiants », qui vivent des quêtes faites aux sermons et non du revenu de leur terre, ce qui leur attire la sympathie populaire : vivant pauvrement, ils sont mieux vus de la population que les riches bénédictins ou chanoines.

Compte tenu de leur compétence théologique, de leur vocation à être près du peuple, et de leur bonne image dans la société médiévale, le pape choisit préférentiellement dans leurs rangs ses représentants pour en faire des juges de l'Inquisition. Pour pouvoir se consacrer pleinement à leur tâche, ils sont fréquemment relevés de certaines des obligations que leur règle leur impose, comme celle de vie conventuelle.

Cependant, des chanoines réguliers sont également employés à l'office d'inquisiteur : ainsi, Conrad de Marbourg est un prémontré. En outre, de 1249 à 1255, ce sont des membres du clergé séculier qui dirigent le tribunal de Toulouse. L'expression « Inquisition monastique » est donc un abus de langage.

L'obtention de l'aveu

Pour obtenir l’aveu, la contrainte peut être utilisée, soit par la prolongation de l’emprisonnement, soit par la privation de nourriture, soit par la torture. Longtemps, l’Église a été hostile à cette 3e solution. La torture a été condamnée dès la fondation de l’Inquisition par le décret de Gratien (12e siècle). Mais, au 13e siècle, la redécouverte du droit romain entraine le rétablissement de la torture dans la justice civile. En 1252, Innocent IV autorise de même son usage par les tribunaux ecclésiastiques, à condition que la victime ne risque ni la mutilation ni la mort, que l’évêque du lieu ait donné son accord et que les aveux soient renouvelés librement. Elle reste cependant peu pratiquée: moins de 10% des cas  alors qu’elle est très utilisée par les tribunaux séculiers. L’Inquisition espagnole l’utilise aussi très peu  : avant 1500, sur 300 procès devant le tribunal inquisitorial de Tolède, on relève 6 cas de torture. De 1480 à 1530, sur 2000 procédures du tribunal inquisitorial de Valence, on dénombre 12 cas de torture.

Le manuel d’inquisition de Nicolas Eymerich (inquisiteur général d’Aragon) dit explicitement qu’il faut réserver la torture aux cas extrêmes et met en doute son utilité : « La question est trompeuse et inefficace ». L’historien américain du 19e siècle Henri-Charles Lea, hostile à l’Inquisition, reconnaît que « dans les fragments de procédure inquisitoriale qui nous sont parvenus, les allusions à la torture sont rares »’.

Les peines prononcées

En réalité, la plupart des condamnations prononcées par l’Inquisition sont…purement religieuses ! Réciter des prières, assister à certains offices, jeûner, effectuer des dons aux églises, faire un pèlerinage dans un sanctuaire voisin ou, dans les cas graves, à Rome, St Jacques de Compostelle ou Jérusalem. La peine prononcée peut aller jusqu’à l’emmurement. L’emmuré, ce n’est pas un emmuré vif au sens où on l’entend aujourd’hui. C’est un prisonnier, tout simplement. Il existe le ‘’mur étroit’’, la prison proprement dite, et le ‘’mur large’’, peine comparable à notre résidence surveillée. En cas de deuil, de maladie ou de fête religieuse, les prisonniers obtiennent des permissions qu’ils passent chez eux. Jean Guiraud souligne que « le pouvoir d’atténuer les peines étaient fréquemment exercé ». Dans tous les cas, les peines de prison les plus lourdes n’excèdent pas 3 ans. Il existe plusieurs cas d’inquisiteurs qui ont été révoqués et punis par Rome parce qu’ils appliquent des sentences trop sévères. L’exemple le plus connu est celui de Robert le Bougre. Ce dominicain prononce des peines telles que trois évêques se plaignent de lui au Pape. Suspendu temporairement une première fois en 1233, il récidive et est condamné à la prison à vie en 1241.

Quant aux condamnations capitales, elles sont rares . Les cas les plus graves de sorcellerie, sodomie ou hérésie (notamment les relaps comme le fut Jeanne d’Arc) sont déférés à la justice temporelle qui se charge alors des peines et de leur exécution car l’Inquisition ne peut pas faire couler le sang. Oui, la justice civile pratique le bûcher. Ce supplice entraîne le plus souvent la mort par asphyxie et non par brûlure vive car le condamné est attaché bien au-dessus du bûcher et meurt à cause des fumées toxiques avant d’être atteint par les flammes (on sait que Jeanne d’Arc fut attachée 3 m au-dessus de son bûcher et qu’elle mourut de manière sûre par asphyxie) La mort par pendaison, écartèlement ou par le supplice de la roue, qui furent largement pratiquées par la justice civile de l’Ancien Régime, sont-elles plus douces ?

Les condamnations à mort

La recherche historique ne cesse de revoir le nombre de condamnés à mort par l’Inquisition à la baisse .

  • À Albi, sur 8000 habitants et une population cathare estimée à 250 croyants, sur la période 1286-1329, 58 personnes seulement subissent des peines afflictives, ce qui ne veut pas dire la mort.
  • À Turin, on répertorie 200 condamnations en un peu plus de 80 ans (de 1312 à 1395), parmi lesquelles : 22 peines capitales, 41 ports de croix et 22 peines médicinales (amende, pèlerinage, etc.)
  • L'analyse des archives de Bernard Gui a montré qu'en seize ans (1307-1323) d'exercice à Toulouse, il a prononcé 501 peines et 243 remises de peine, la plupart du temps pour mettre fin à une détention. Plus précisément, il ordonne 29 sentences capitales, 80 condamnations au bûcher concernant des cadavres exhumés, 13 peines de mur étroit(prison ferme), 231 peines de mur large (assignation à résidence) et 107 peines infamantes. Le plus important bûcher, ordonné le 5 avril 1310, fait 17 victimes. Les condamnations à mort sont au nombre de 42, soit 3 par an sur 15 ans à une période où l’Inquisition est très active 

L'historien Yves Dossat qualifie la peine du feu d'exceptionnelle, et souligne que « les exécutions massives ne sont guère compatibles avec un tel système de répression. »

L'Inquisition et le catharisme

Le difficile travail des Inquisiteurs

En France, l'Inquisition mit fin à l'hérésie cathare. La population et la noblesse sont globalement favorables à l'Inquisition qui combat l'hérésie jugée de fléau par la société du Moyen Âge. Les assassinats d'inquisiteurs qui eurent lieu çà et là sont le fait des minorités cathares qui existaient dans le peuple comme dans l'aristocratie. Le massacre le plus célèbre est celui d'Avignonet, aboutissement d'une longue période de contestation de l'Inquisition dans le Midi. Une première crise a lieu à la fin de 1235, quand la population expulse l'inquisiteur dominicain Guillaume Arnaud, puis l'ensemble des dominicains. De retour en 1236, ceux-ci se retrouvent impuissants face au mutisme de la population, à l'inertie des autorités municipales et au manque de soutien du pape occupé par ailleurs. En 1241, les inquisiteurs partent en tournée ; en mai 1242, ils s'installent dans le château d'Avignonet. Le 28 mai 1242, ils y sont assassinés par des chevaliers cathares menés par Pierre-Roger de Mirepoix. Épouvanté par le massacre, le concile de Béziers, tenu en 1243, décide de faire tomber la place forte cathare de Montségur. Lorsque la forteresse se rend en 1244 aux croisés, la volonté de représailles explique la rigueur exceptionnelle de la répression : près de deux cents cathares sont brûlés.

La violence n'est pas l'apanage d'un seul camp. Emmanuel Le Roy Ladurie a montré qu'afin de s'imposer, les Cathares ne reculaient pas devant la terreur : "Pierre Clergue faisait couper la langue d'une ex-camarade. Les Junac, eux, étranglent de leurs blanches mains, ou peu s'en faut, le père de Bernard Marty, suspect de trahison possible à leur égard" . Spécialiste des Cathares, Michel Roquebert convient que l'Église médiévale n'aurait pas pu combattre les Cathares avec d'autres moyens que ceux progressivement mis en œuvre, de la persuasion à l'emploi de la force par le bras séculier .

De 1250 à 1257, l'Inquisition parachève son travail dans la région et met fin à l'hérésie cathare: elle remet 21 personnes à la justice civile et en condamne 239 au « mur étroit ». Le dernier éclat de violence a lieu dans la cité-État de Sirmione, en Lombardie, accusée en 1273 de cacher un évêque cathare : deux cents de ses habitants sont envoyés au bûcher par les autorités civiles. Un des derniers bûchers pour hérésie est celui de Pierre Autier, brûlé en 1310. Les derniers croyants, comme le berger Peire Maury de Montaillou, seront mis au « mur étroit » en 1318 par l'évêque inquisiteur cistercien Jacques Fournier, futur pape Benoît XII. À Villerouge-TermenèsBélibaste, qui se revendique comme un des derniers dignitaires des Églises cathares, est brûlé en 1321. Les derniers bûchers sont attestés en 1328 à Carcassonne.

Beaucoup d'évêques n'apprécient guère son irruption dans un champ qui leur était auparavant réservé : les papes émettent à plusieurs reprises des rappels à l'ordre. Ainsi, en 1279,Nicolas III condamne l'évêque de Padoue, coupable de manque de zèle dans sa coopération avec les inquisiteurs. L'attitude de la papauté elle-même est rien moins que constante : dès 1248, par exemple, Innocent IV tente de rétablir une tutelle sur eux, plaçant ceux de la région d'Agen sous le contrôle de l'évêque du diocèse, en 1248. Outrés de cette atteinte à leur liberté d'action, les juges dominicains se démettent. En outre, des rivalités entre les deux ordres mendiants se font jour : en 1266, à Marseille, les dominicains accusent les inquisiteurs franciscains et produisent des témoins qui s'avèrent être parjures. Le pape doit intervenir pour rétablir l'ordre. Au sein des ordres eux-mêmes, enfin, la vie particulière menée par les religieux inquisiteurs ne satisfait pas toujours les hiérarchies : ainsi, les chapitres provinciaux dominicains tentent de faire respecter à leurs inquisiteurs leur vœu de pauvreté, en leur imposant de se déplacer simplement, à pied.

L'Inquisition se heurte également à des oppositions ponctuelles dans la population. Outre les assassinats d'inquisiteurs en terre cathare, il faut mentionner celui de Conrad de Marbourg dès juillet 1233. En Italie, Pierre de Vérone, inquisiteur à Milan, est assassiné le 6 avril 1252. Surnommé « saint Pierre Martyr », il fera l'objet d'une dévotion importante à partir de la Renaissance et deviendra le modèle des inquisiteurs, bien qu'il n'ait occupé ce poste que quelques mois, ce qui témoigne bien de l'appui de la société de l'époque à l'institution de l'Inquisition. Sa canonisation très rapide (en moins d'un an) témoigne du soutien apporté alors par Innocent IV et par la société dans son ensemble à ses inquisiteurs. De même, celui-ci déploie des efforts importants pour traquer tous les coupables et adresse au chapitre général de l'ordre une lettre encourageant les dominicains à poursuivre leur tâche et à ne pas craindre le martyre. Ces massacres, ponctuels mais saisissants pour l'opinion publique, témoignent du climat difficile dans lequel l'Inquisition est amenée à travailler . Ils expliquent également la rigueur des premières procédures. Cependant, l'Inquisition n'aurait pu fonctionner sans le consentement global des populations concernées qui souvent, se réjouissent de la punition des hérétiques. Ainsi, les grands bûchers du Midi de la France ne sont pas l'œuvre de l'Inquisition, mais celle des croisés et autres « pèlerins ».

La petite phrase

"Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens" est une phrase apocryphe attribuée au légat Arnaud Amaury qui l'aurait prononcée en 1209 lors du sac de Béziers. Cette phrase a été trouvée dans le Livre des Miracles écrit plus de cinquante ans après les faits par Césaire de Heisterbach, moine allemand dont Régine Pernoud précise qu'il est "un auteur peu soucieux d'authenticité" .

L'Inquisition et la Papauté

La papauté est déterminée à donner à l'Inquisition les moyens d'agir efficacement : pour ce faire, elle la libère des tutelles traditionnelles. Elle est conçue comme une institution rattachée directement au pape, et non à la Curie romaine ou aux évêques. Alexandre IV (1254-1261) la soustrait également à la tutelle des légats pontificaux — le privilège sera étendu à tous les inquisiteurs en 1265. Mieux encore, Alexandre IV autorise les juges toulousains à se relever mutuellement de l'excommunication qui pèse sur les clercs répandant le sang, sans besoin de dispense pontificale ; l'autorisation est étendue à tous les inquisiteurs en 1262 par Urbain V.

Parallèlement, les prérogatives de l'Inquisition s'élargissent. Outre les cathares et les vaudois, elle est appelée à combattre des éléments de plus en plus divers : l'apostasie de juifset musulmans convertis ou encore la sorcellerie, laquelle leur est assignée formellement en 1261 par Jean XXII18. Mais on appelle aussi hérétiques les schismatiques à l'occasion de la lutte contre Frédéric II ou, au xive siècle, du Grand Schisme d'Occident — ou encore ceux qui refusent de payer les dîmes. La frontière se brouille également entre indiscipline et hérésie : Jean XXII appelle l'Inquisition contre les Spirituels, dissidents de l'ordre des franciscains, puis les béguins.

La papauté intervient aussi ponctuellement pour assurer un meilleur contrôle de l'activité des inquisiteurs : 12 ans après avoir nommé les premiers inquisiteurs, dès 1248, par exemple, Innocent IV tente de rétablir une tutelle sur eux, plaçant ceux de la région d'Agen sous le contrôle de l'évêque du diocèse, en 1248. Cependant, les inquisiteurs considèrent qu'un tel contrôle va à l'encontre de l'efficacité de leur action. Outrés de cette entrave mise à leur mission, les juges dominicains se démettent.

Après l'apogée de la seconde moitié du xiiie siècle, l'accumulation des requêtes dénonçant des abus persuade la papauté d'entreprendre une réforme d'ensemble. Clément V confie en 1306 une enquête concernant les inquisiteurs de Carcassonne à deux cardinaux, Béranger Frédol et Pierre Taillefer de La Chapelle. En 1311-1312, à la suite du concile de Vienne, il promulgue les constitutions Multorum querela et Nolentes, qui prescrivent la collaboration avec l'ordinaire pour les actes les plus importants de la procédure : recours à la torture (déjà autorisée depuis 1252, bulle Ad Extirpenda), sentence, contrôle des prisons, etc. Ici encore, l'Inquisition proteste contre ces nouvelles règles, le célèbre inquisiteurBernard Gui dénonçant leur caractère selon lui contre-productif. En 1321, Jean XXII doit réitérer les règles dans sa constitution Cum Mathaeus.

Par la suite, l'évolution ira toujours vers plus de contrôle de l'inquisiteur, et une intégration croissante au fonctionnement judiciaire local. Progressivement, l'Inquisition devient une annexe du tribunal ecclésiastique, dont l'inquisiteur devient progressivement le procureur général avant la lettre.

L'Inquisition et les Juifs

Comme on l’a dit plus haut, l’Inquisition ne peut juger que des hérétiques chrétiens. Elle n’est pas compétente pour juger des Juifs. L’imagerie populaire représentant des Juifs rôtissant sur des bûchers est, encore une fois, dénuée de fondement.

Dès 1190Clément III déclare prendre les Juifs sous sa protection. Il défend à tout chrétien de baptiser un Juif contre son gré, de gêner les célébrations judaïques ou de profaner les cimetières juifs. Ceux qui violeraient ces prescriptions risquent l’excommunication, ni plus ni moins, ce qui, à l’époque, est extrêmement grave .

En 1244, Grégoire IX reprend cet acte pontifical et lui donne force de loi . À l’époque de la lutte de l’Inquisition contre le catharisme, les Juifs sont présents à Toulouse, à Carcassonne, à Narbonne, à Agde, à Béziers, à Lunel, à Montpellier. Il existe des synagogues et des écoles rabbiniques. Certains biens juifs sont placés sous la garantie légale de l’Église. Si le xxe siècle a pu avoir l’impression que les Juifs étaient maltraités par la société chrétienne du Moyen Âge, cela est dû à deux causes : 1-certains Juifs convertis au christianisme et revenus au judaïsme furent poursuivis comme renégats, ce qui choque notre conscience moderne, mais est tout à fait logique dans l’esprit de la société médiévale. Ces cas furent rares en France. Ils concernent surtout l’Inquisition espagnole. Quoiqu’il en soit, on ne peut pas parler d’antisémitisme de l’Inquisition puisqu’il ne s’agit pas d’éliminer les Juifs comme race. Ce qui est visé, c’est la conversion théologique volontaire. Cela est plus à assimiler à de l’antijudaïsme . 2-seuls les Juifs et les Lombards peuvent prêter de l’argent au Moyen Âge. Lorsque la conjoncture économique est défavorable et que les endettés commencent à se livrer à des actes de violence sur leurs prêteurs, les rois capétiens décident d’une expulsion générale des usuriers. Le calme revenu, ces usuriers ne tardent pas à reprendre leurs anciennes affaires. L’histoire des Juifs en France est donc une suite d’allers et retours entre la France et l’étranger, ce qui n’a rien à voir avec des persécutions organisées comme on a pu le voir pendant la Seconde Guerre mondiale et ce qui n’a rien de racial ni de religieux non plus. C’est l’usurier seul qui est visé. En outre, l’Église n’a rien à voir avec cela .

En ce qui concerne l’Inquisition espagnole, fondée beaucoup plus tardivement que l’Inquisition médiévale, en 1478, elle ne s’adresse également qu’aux chrétiens. Cependant, en Espagne, les choses sont plus complexes. Trois communautés cohabitent, qui se détestent cordialement : les Juifs, les conversos (Juifs convertis au christianisme) et les « vieux chrétiens » (par opposition aux conversos). Les « vieux Chrétiens » reprochent aux conversos des conversions de façade. Les Juifs, quant à eux, reprochent aux conversos d’avoir trahi leur religion d’origine. Les conversos reprochent aux deux autres camps de les mépriser (de les discriminer comme on dirait aujourd’hui). C’est dans ce contexte explosif que les conversos font pression sur les souverains espagnols Isabelle et Ferdinand pour qu’ils demandent au pape de mettre en place une Inquisition, afin de prouver l’authenticité de leur foi ! Le plus actif de ces conversos est Pablo de Santa Maria, un ancien rabbin devenu évêque de Burgos. Les masses populaires de « vieux chrétiens » veulent aussi que lesconversos fassent leurs preuves. Ainsi, si de nombreux « Juifs » sont passés devant l’Inquisition espagnole, ce sont en fait des conversos, donc des chrétiens à part entière, abusivement nommés « Juifs » par des « vieux chrétiens » méfiants. Notons au passage que le fameux Torquemada ainsi que Sainte Thérèse d’Avila sont issus de familles deconversos.

L'Inquisition dévoyée

Avec l’extinction de l'hérésie cathare, l’Inquisition perd peu à peu sa raison d’être. A la fin du xiiie siècle, la monarchie et la puissance publique s’affirment. Forts du développement de la centralisation et des administrations, les princes entendent contrôler eux-mêmes l'Inquisition. L’État reprend en main l’ensemble du système judiciaire. Les tribunaux royaux montent en puissance. L’Inquisition existe toujours mais elle est de plus en plus contrôlée par le pouvoir séculier comme on le voit au moment du procès des Templiers en 1310. Le procès suit bien la procédure inquisitoriale, mais c’est Philippe IV le Bel qui en a l’initiative et qui le dirige en sous main pour des raisons politiques et non religieuses . De même, En 1302 et 1304, Philippe le Bel se pose comme arbitre dans le conflit qui oppose la population du Languedoc et l'Inquisition de Carcassonne. Et aussi, en 1403, le Parlement de Paris se saisit d'un conflit entre l'Inquisiteur de Cambrai et l'archevêque de Reims, et tranche en faveur de ce dernier. En 1412, le roi fait arrêter l'inquisiteur de Toulouse, jugé trop inféodé à la papauté.

Le schisme catholique et la multiplication des papes entre 1378 et 1417 retirent encore plus de crédibilité et de pouvoir à l’Inquisition. L’Inquisition médiévale tardive n’est plus indépendante. Les inquisiteurs sont des instruments au service d’autres institutions, notamment des universités ou à la botte des milieux d’influence. C’est le cas en 1431, lors duprocès de Jeanne d’Arc, où l’Inquisition est manipulée par le parti bourguignon et les Anglais qui y voient un moyen de gagner la guerre de Cent Ans45.

Dans le même ordre d’idée, on retrouve les traces des premiers procès en sorcellerie… au xive siècle seulement, dans la région toulousaine, donc assez tardivement. Ils deviendront habituels au xvie siècle avec l’intérêt grandissant pour la sorcellerie. La réponse d’une Église « libre » aurait été l’évangélisation. Mais au xvie siècle, l’Église d’État française ne s’appartient plus, elle est un instrument et la répression seule lui est dictée. Il faut dire qu’il est bien tentant, pour se débarrasser d’un ennemi, de lui faire un « bon » procès en sorcellerie. Les gens d’influence, qui ne s’y tromperont pas, useront et abuseront de ce stratagème. Là encore, c’est le pouvoir temporel qui a le sang des sorcières sur les mains.

Instrumentalisée, appelée sur le devant de la scène en cas de besoin et reléguée en arrière-plan le reste du temps, l'Inquisition perd peu à peu sa substance, alors que ses prérogatives passent aux États. Même si des tribunaux subsistent à Toulouse et Carcassonne jusqu'au xviie siècle, elle disparaît en pratique au xve siècle. Lors de la Réforme protestante, ce sont les Parlements français qui connaîtront des cas d'hérésie.

L'Inquisition et les Templiers

Entre les années 1307 et 1311 l’Inquisition, aidée par le roi de France Philippe IV le Bel et le pape Clément V, a participé au procès contre les Templiers qui étaient accusés des actes d’hérésie.

Le rôle du roi

L’étendue de l’influence de Philippe IV le Bel sur les actions de l’Inquisition n’est pas claire, mais on sait qu’il eut beaucoup de « raisons » politiques et matérielles pour vouloir faire disparaître les Templiers. Les Templiers étaient riches, privilégiés et puissants. Ils répondaient seulement au pape et n’étaient pas sous le contrôle du roi. Le roi leur devait beaucoup car dans l’année 1299 ils lui avaient prêté 500 000 livres pour la dot de sa sœur. Aussi, ils l’ont protégé d’une foule après qu’il avait dévalué la monnaie. Il pourrait avoir cru que les Templiers étaient coupables parce que dans l’année 1305, il entendit d’Esquieu de Floyran (qui n’avait pas réussi à vendre ces rumeurs à Jacques II d'Aragon)  que les Templiers pratiquaient des rites scandaleux. Cependant, Philippe IV le Bel avait désespérément besoin d’argent Comme il avait déjà pillé les Juifs et les Lombards, il croyait pouvoir faire la même chose aux Templiers. Ce roi est aussi connu comme « le roi des procès ».

Les arrestations

Le 14 septembre 1307 Philippe IV le Bel a donné des ordres secrets pour l’arrestation simultanée des Templiers à ses baillis et à ses sénéchaux partout en France, qui auraient lieu le 13 octobre 1307 Frère Guillaume de Nogaret, l’inquisiteur de France, confesseur et conseiller du roi et aumônier papal, fut responsable des arrestations. LesTempliers, qui se sentaient en sécurité dans leur innocence se sont laissés prendre sans résistance Le pape Clément V n’aimait pas que le roi soit intervenu parce que lesTempliers étaient sujets immédiats de l’Église. Clément V avait écrit à Philippe IV le Bel avant les arrestations, disant que les accusations semblaient être impossibles et que l’Ordre du Temple voulait une enquête pour prouver son innocence. Les actions suivantes du pape sont les résultats de la pression de l’influence dominatrice de Philippe IV de France et du scandale public.

Les accusations

Les Templiers furent inculpés par l’Inquisition de 127 accusations d’hérésie, du blasphème, de pratiques religieuses indécentes et d’autres défauts religieux. Quelques exemples d’accusation sont :

  • d’avoir renoncé au Christ ;
  • d’avoir craché sur la croix ;
  • des baisers indécents ;
  • d’actions homosexuelles ;
  • de blasphème ;
  • d’avoir cessé de célébrer la messe.

L’Inquisition se concentrait sur les péchés sexuels, alors ils pensaient avoir raison de faire une enquête mais ils employèrent des méthodes inappropriées.

La torture et les confessions

Dès le 15 mai 1252, la bulle Ad extirpanda a autorisé les inquisiteurs à utiliser la torture et l’effusion de sang. Les Templiers avouèrent les accusations pour arrêter la torture et pour se sauver de la mort En effet, il y eut de nombreuses morts et des suicides à cause de la torture. La majorité était détenue dans des prisons dans des conditions déplorables. Leur seule forme de nutrition était des vieux pains rassis et un peu d’eau. Les cellules étaient bâties en pierre et les prisonniers étaient enchaînés aux murs. La dislocation des articulations, la brûlure des extrémités et la mutilation, pour nommer juste quelques-unes des formes de torture étaient fréquemment employées à l’époque. Même la menace de torture a tiré des confessions. Les archives montrent une corrélation distincte entre l’utilisation de la torture et les confessions; le baiser indécent fut souvent avoué par la torture en France et en Italie, mais pas du tout en Angleterre où la torture était interdite. Il n’y eut de confessions qu’après que l’Inquisition papale fut venue prendre contrôle, introduisant la torture. Le fait qu’une confession devait être spontanée ne posait pas de problème; l’Inquisition forçait les confessions des Templiers qui seraient amenés au pape où ils avoueraient les accusations « librement ».

La défense et la fin[

Dès que la menace de torture fut « enlevée » en 1310, presque 600 Templiers, dont beaucoup avaient déjà avoué les accusations, sont venus défendre l’Ordre du Temple. Le 7 avril, neuf députés menés par Peter de Bologna et Reginald de Provins ont donné la défense de l’Ordre. Cet effort de défense se délita après une démonstration par Philippe IV le Bel. Selon le droit canon, si quelqu’un rétracte sa confession, il peut être torturé encore ou brûlé comme hérétique relaps. 54 de ces 600 défendeurs avaient rétracté leur confession et ont été condamnés sans procès et puis brûlés (Barber). Le grand maître Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay furent brûlés en mars 1314 pour le même crime; étant des hérétiques relapsi ou pour la rétraction de leur confession.

Comment est vue l'Inquisition par le peuple du xiiie siècle

On l’a déjà dit, les hommes du Moyen Âge sont profondément croyants. La Vérité du Christ n’est pas négociable. Les autres religions et les hérésies sont donc fausses. Elles indignent et scandalisent les gens de l’époque. Dans ce contexte, l’Inquisition ne révolte personne. Au contraire, elle est vue comme un bien qui délivre la société des hérésies .

De plus, la méthode judiciaire employée par l’Inquisition est progressiste par rapport à une justice civile plus expéditive et plus sévère et par rapport aux réactions incontrôlées que suscitaient les hérésies (émeutes populaires, lynchages). L’Inquisition a rationalisé la justice en s’appuyant sur l’enquête, sur le contrôle de la véracité des faits, sur la recherche de preuves et sur la délibération d’un jury qui résiste aux passions de l’opinion .

Conclusion[

La légende noire de l’Inquisition a été lancée au xviiie siècle par les philosophes et les savants des Lumières, soucieux de décrédibiliser le christianisme qui était à l’époque fortement associé au concept de monarchie. Elle continua à être forgée au xixe siècle par une IIIe république anticléricale et volontiers amnésique en créant la caricature d'unTorquemada fanatique .

En histoire, le péché majeur est l’anachronisme. Juger l’Inquisition sur des critères contemporains est toujours une faute. La foi médiévale n’est pas une croyance individuelle, mais un pilier de la société auquel on ne peut porter de coup sans risquer de nuire gravement à toute la communauté . L’Inquisition fut donc acceptée par ses contemporains non seulement comme gardienne de l’orthodoxie catholique et donc comme assurance de la cohésion de la communauté, mais aussi comme tribunal progressiste aux méthodes novatrices.

LA RENAISSANCE : L'HUMANISME CONTRE LES SUPERSTITIONS


LA RENAISSANCE :

L’HUMANISME CONTRE LES SUPERSTITIONS

 

 

 

Délivrée de la guerre de Cent ans, la France connaît un essor économique marqué par la croissance urbaine, le développement du commerce, de l’industrie et de la presse d’imprimerie.

Le déclin de la féodalité et du clergé font de la Renaissance une période de transition, de remise en question.

Un esprit de recherche tente, peu à peu, d’échapper au poids des lourdes institutions et des idées médiévales erronées.

Les astronomes dénoncent les anciennes conceptions de l’univers, les anatomistes, s’engageant dans la découverte du corps humain, contestent les théories galéniques.

 

La science et la pensée veulent faire confiance à l’expérience et aux sensations, sans se référer à une autorité.

Les premiers humanistes, tels que Brant, Erasme, Rabelais, Machiavel ou Montaigne, suscitent un mouvement qui s’écarte des doctrines rigides de l’époque pour retrouver la philosophie de l’Antiquité. L’étude des classiques redevient à la mode et permet aux humanistes de combattre les superstitions et l’obscurantisme médiéval.

Mais si cet esprit nouveau essaye de décrire la réalité de façon plus objective, il ne réussit pas à chasser complètement les explications démoniaques de la folie.

La Renaissance reste cette période la plus marquée par l’Inquisition et nombreux sont les fous, les hérétiques et les sorcières qui brûlent encore sur les bûchers.

 

 

PRATIQUES MAGIQUES ET SUPERSTITIONS

 

 

 

Les médecins, pour la plupart, restent très attachés aux superstitions. Ils sont convaincus que les trois affections de la tête alors reconnues : frénésie, manie et mélancolie - s’expliquent par une perturbation des humeurs ou un changement de la bile dés à des influences démoniaques.

Et la thérapeutique applique jusqu’à l’absurde, le principe galénique du traitement par les contraires :

La frénésie est un échauffement des méninges, il faut donc refroidir.

La mélancolie correspond à une surcharge d’atrabile qu’il est nécessaire d’évacuer par des purges, des saignées, des vésicatoires, etc .

L’épilepsie provient d’un engorgement dé à la pituite, ce venin fabriqué par les diables et les démons, et il faut dessécher .

 

Les maladies de l’esprit sont toujours considérées comme la conséquence du péché et de l’immoralité.

Félix Plater, professeur de médecine, auteur de « praxis medica », explique que les fantasmes sexuels, qui souvent conduisent à la folie, résultent d’une possession par le diable ou d’un châtiment divin.

On s’en tient donc à la bile noire, aux anges déchus attirés dans le corps, aux forces surnaturelles et aux envoûtements pour trouver la cause des troubles mentaux.

La magie et la superstition continuent d’exercer leur influence, même si la Renaissance connaît de réels progrès scientifiques. Alors que l’astronomie révèle des vérités concernant le mouvement des planètes, parallèlement se développe l’astrologie, science de la prédiction .

Même Kepler, qui devient célèbre à partir de 1609 pour ses fameuses Lois d’astrophysique, établit volontiers des horoscopes .

Rabelais, pourtant farouche adversaire du charlatanisme, s’adonne aussi à cette pratique et se fait appeler : professeur d’astrologie.

L’Eglise, qui condamne cette science divinatoire, ne peut empêcher ses papes, d’aller en cachette, consulter des astrologues. Aujourd’hui, nos chefs d’état ont tous, et c’est connu, des consultations de ce type .

Toute civilisation utilise des pratiques magiques. Les découvertes rationnelles suscitent toujours des forces opposées irrationnelles, parce que la science ne suffit pas, à elle seule, à satisfaire le rêve. C’est comme si le « trop savoir » mettait en péril l’âme et son besoin perpétuel d’inexpliqué La Renaissance n’échappe pas à cette règle. Pourtant enthousiasmée par les découvertes scientifiques, elle est attirée aussi par toutes les mancies : géomancie, aleuromancie, cléromancie, chiromancie, etc...

Et l’énorme succès de ces sciences divinatoires favorise l’apparition d’une méthode particulière d’examen du corps humain, que l’on doit à Jérome Cardan :

La métoposcopie :

Anatomiste et chiromancien passionné, auteur d’une autobiographie intitulée
« de propria vita » (1575), Cardan établit que d’après les traits et l’expression du visage, on peut déduire le caractère d’une personne .

La recherche d’une corrélation entre la constitution physique et la personnalité se poursuivra pendant toute la Renaissance.

Cette thèse sera reprise par Gall, médecin au XVIII e siècle, avec la phrénologie. Lombroso, célèbre criminaliste italien du XIX e siècle, tentera à son tour de prouver qu’il existe un lien entre la criminalité et la configuration du visage. De nos jours encore on chercher à reconnaître les indices anatomiques ou comportementaux sensés trahir une pathologie mentale ou une déviance sociale . Cardan est aussi à l’origine d’une autre méthode, beaucoup plus inspirée de la psychologie, et qui, plus tard, sera réellement reconnue pour ses vertus thérapeutiques : la « méthode Coué » .

Il en parle en ces termes: « Seule une conscience coupable rend l’homme malheureux, la fermeté d’esprit est d’un grand secours pour supporter nos maux et pour faire tourner la chance. Pour éviter d’être malheureux, il faut croire que l’on ne l’est pas ».

« Si tu es malade, il faut croire que tu ne l’es pas, te le répéter, le dire aux autres et recommencer » .

 

En dépit de sa croyance aux démons et à certaines pratiques divinatoires, Cardan a le mérite de reconnaître le pouvoir thérapeutique de la suggestion. Il conseille aux médecins, pour s’assurer de la réussite d’un traitement, de gagner le plus possible la confiance des malades :

« Pour qu’ils guérissent, il faut qu’ils aient confiance en lui, qu’il les persuade de leur prochaine guérison » .

 

Durant les siècles suivants, on verra se développer l’influence de la suggestion, d’une façon qui ne sera pas complètement éloignée de la magie, avec le mesmérisme et l’hypnose .

La Renaissance prête beaucoup d’intérêt à ces personnes qui sont présumées capables de soigner sans effectuer de traitement réel et sans utiliser de médication. Ce ne sont donc plus les Saints quiguérissent, mais des individus bien vivants, ayant reçus de Dieu le pouvoir d’agir sur les maladies.

C’est ainsi que les rois, anglais ou français, ont acquis la réputation de guérir les scrofules et les écrouelles, par simple attouchement. Ce sont les rois thaumaturges .

A la même époque, Greatrakes, un irlandais, rassemble des milliers de souffrants. Il est considéré comme un « élu de Dieu » capable d’accomplir des miracles. En fait, par une habile suggestion, il pratique surtout une forme de psychothérapie.

Aujourd’hui encore, la foule de guérisseurs, de chiropracteurs, de mages ou de gourous, bien supérieurs en nombre à nos médecins, attestent de l’efficacité des procédés surnaturels persuasifs.

L’attouchement, la chiromancie, l’astrologie et la suggestion ne sont donc pas des pratiques réservées à une époque précise de l’histoire. C’est une réaction humaine que de faire appel au surnaturel pour surmonter ses peurs, ses angoisses ou ses maladies .

 

LES PROGRES DE LA MEDECINE

 

 

Dans une époque encore entourée de superstitions et de crainte de possession, la médecine parvient malgré tout à avoir une attitude un peu plus scientifique.

Avec la possibilité de disséquer des cadavres - ce qui, auparavant, était interdit par crainte de laisser s’échapper l’âme - l’approche de l’anatomie devient plus réaliste. Léonard de Vinci réussit à faire des coupes du cerveau. Ses carnets de dessins seront très utilisés après sa mort.

 

André Vésale, médecin et chirurgien, pratique beaucoup de dissections de corps humains. C’est une véritable passion, chez lui, qui le pousse à voler les cadavres la nuit dans les cimetières.

Il publie une oeuvre énorme en 1543 : « Sept livres sur la structure du corps humain » .

Vésale corrige ainsi les erreurs de Galien, telles que la « côte manquante » de l’homme, les « lobes du foie », les « cavités du cœur » ou la « courbure du fémur » . Il différencie le cerveau humain de celui de l’animal et y distingue la substance blanche et la substance grise. Avec Vésale, l’anatomie devient une science à part entière.

 

Ambroise Paré, alors chirurgien dans les armées de François I er met au point une technique de ligature des artères après amputation, qui remplace la douloureuse cautérisation au fer rouge.

Il rédige un « Traité de la peste, de la petite vérole et de la rougeole » , dans lequel il considère ces fléaux comme des maladies et non pas comme des punitions divines. Il définit aussi plus précisément la notion de contagion.

 

 

L’HUMANISME, UNE APPROCHE DEMYSTIFIEE DE LA FOLIE

 

 

La soif de savoir, associée à un désir de liberté intellectuelle, fait naître de grands espoirs dans le progrès.

La science et la raison s’opposent aux pratiques magiques et aux explications démoniaques, pour aller dans le sens d’une meilleure connaissance du corps humain, du caractère, du comportement et des maladies.

La recherche de vérité ne passe plus par Dieu.

Un véritable esprit critique humaniste se développe et impose forcément un changement de la société, des coutumes et des modes de pensée, qui touche au problème de la folie et le remet au goût du jour. C’est ainsi qu’apparaît l’antithème du fou.

Brandt et Erasme vont se servir de la folie, non pas pour décrire l’insensé, le dément ou le malade qui souffre, mais pour réaliser une satire, une caricature des défauts et des paradoxes de la société.

 

 

-La Nef des Fous de SÉbastien Brandt (1494) :

 

C’est la Nef des pauvres, des errants, des « sans boussole »

(ou des déboussolés), « espèce de sans papiers d’autrefois », qui sont rejetés, exclus et accusés de transporter les fléaux comme la peste et la lèpre.

C’est une fiction littéraire écrite en vers:

 

« Les rues grouillent de fous

Qui battent la campagne

C’est pourquoi en ce jour

Je cherche à équiper

Toute une armée navale

Pour les embarquer tous ».

 

Brandt utilise l’image négative de la folie.

La déraison ne porte plus à rire comme au Moyen âge. Elle représente maintenant le désordre et la mort, puisque c’est l’humanité toute entière qui, symbolisée par cette Nef des fous, s’en va, insouciante, vers un naufrage inévitable.

-L’Eloge de la Folie d’Erasme (1509) :

 

C’est une réponse à la Nef des Fous.

Erasme réhabilite la folie en lui accordant une image positive :

« Si tous les hommes sont fous, un seul homme sensé ne pourrait être qu’un Fou véritable » .

La folie ne conduit plus l’humanité à un naufrage inévitable. Au contraire, elle délivre l’homme d’une sagesse trop excessive et du respect des lois trop rigides..

La déraison devient salutaire et équilibrante. Elle est le contre poids d’un conformisme qui s’avère de plus en plus pesant :

« Un sage sans passion, sourd à la voix de la nature, ne serait plus un homme... C’est une grande sagesse que de savoir être fou à propos » .

 

Erasme décrit le monde vu à travers les yeux de la folie : C’est un monde aussi cohérent que celui vu à travers les yeux de la raison.

La folie est une sagesse et celui qui la possède ne peut que mieux voir... Riche d’enseignement sur la vérité profonde de la nature humaine, elle adoucit les peines et les misères de l’existence en les rendant plus compréhensibles.

On prend conscience que la folie reste relative, puisque c’est toujours la société qui en fixe les limites.

 

Près d’un demi millénaire plus tard, le mouvement anti-psychiatrique parlera le même langage que celui d’Erasme, comme si, finalement, les considérations sociales portant sur la maladie mentale n’avaient pas évolué. Pourtant, à la suite d’Erasme, les philosophes et les écrivains humanistes s’orientent vers une révision du jugement porté sur les fous. La folie n’est pas qu’une simple déraison, elle apporte une meilleure connaissance de l’être humain. On se rend compte, par exemple, que l’espace séparant le fou du non fou est bien réduit ; le premier étant un peu le reflet du second.

 

 

En littérature, la façon de penser et de s’exprimer change.
Elle est animée d’un désir de liberté qui combat l’idée théologique de la vérité révélée du Moyen âge .

La religion et le sacré n’ont plus le pouvoir de tout expliquer. C’est avec les sentiments, la volition, l’expérience et le doute que l’on peut parler de l’être humain.

Et la philosophie, qui commence à faire des infidélités à l’Eglise, enseigne que l’homme, avant d’être intelligent, érudit et bon chrétien, est d’abord un organisme vivant qui doit apprendre à mettre toutes ses facultés, et surtout celles psychologiques, au service de sa vie.

 

Rabelais décrit les passions charnelles, ces pulsions fondamentales, que l’on passait sous silence depuis des siècles. Il y a cette vérité sur la nature humaine que l’on ne peut découvrir que par l’observation et l’expérience vécue.

Montaigne, en psychologue réaliste, décrit les sentiments, les caractères, les comportements. Il analyse les actions humaines comme dirigées par une force intérieure, une conscience organisatrice qui met tout au service de la vie.

Ses réflexions l’amènent à considérer que la folie n’est pas très éloignée de la normalité :

« Il n’y a qu’un demi-tour de cheville pour passer des plus excellentes manies aux plus détraquées » ( les Essais 1580).

Machiavel, comme Montaigne, délaisse l’abstraction. Les conseils qu’il donne au « Prince » (1513) se fondent sur une connaissance objective des interactions humaines. Les comportements sont décrits comme des phénomènes naturels, sans faire l’objet d’un jugement moral.

 

D’autres écrivains vont reconnaître cette part de folie inhérente à une nature humaine qui, jusqu’à présent, se voulait bien trop raisonnable :

Pascal : « Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie que de ne pas être fou ». ( Les pensées 1658)

La Fontaine : « On voit courir après l’ombre tant de fous qu’on n’en sait la plupart du temps le nombre » .

Fénelon : « Pour moi, je suis content de rire des fous, tous les hommes ne le sont-ils pas » ?

 

 

LES MEDECINS DEFENSEURS DES SORCIERES

 

 

Sans renier leur foi en Dieu et leur croyance au diable, quelques médecins n’approuvent pas les exécutions. Influencés par le courant humaniste littéraire, ils pensent que la science doit s’opposer à ces pratiques dignes d’une époque révolue.

Paracelse, alchimiste, astronome et médecin, célèbre pour les soins qu’il prodigue à Erasme, s’insurge contre l’autorité des anciens en matière médicale.

Selon lui, les maladies mentales, comme toutes les autres pathologies, résultent non pas de l’influence des astres ou des démons, mais de perturbations de la substance intérieure du corps, que l’on peut guérir avec des médicaments.

Il invente l’éther et fabrique beaucoup de remèdes dont il refuse de dévoiler le secret.

Il reconnaît à l’aimant des propriétés thérapeutiques et déclare obtenir des guérisons par le magnétisme.

Il constate aussi que la relation médecin malade joue un rôle important dans l’évolution des maladies.

 

Weyer, un autre médecin, s’occupe du Duc de Clèves qui souffre d’une dépression chronique.

En s’intéressant à de nombreux cas de sorcellerie et de possession, il tente de démontrer la fausseté des accusations. Il prouve que les sorcières sont bien souvent des malades mentales qui nécessitent des soins donnés par un médecin au lieu d’être interrogées et persécutées par des ecclésiastiques.

Il publie en 1563 un ouvrage intitulé « De l’imposture des démons » qui réfute point par point le Malleus malleficarum.

Comme Hippocrate, il soutient que ce sont les médecins eux-mêmes qui, quand ils sont incapables de guérir certaines maladies, font appel au démon pour les expliquer.

 

Et pendant longtemps encore, devant l’échec thérapeutique, on se contentera d’affirmer que cela tient au fait que le malade est « nerveux » ou « dérangé ».

 

 

-Classification des maladies mentales :

 

Dans le domaine clinique proprement dit, c’est encore la pensée galénique qui conserve tout son prestige

Jean Fernel, médecin de Henri II, classe ainsi les maladies mentales :

 

- Maladies avec fièvre :

 

Frénésie : par atteinte directe du cerveau.

Parafrénésie : par atteinte du nerf sympathique.

 

- Maladies sans fièvre :

 

Mélancolie : soit triste (états dépressifs)

soit avec lycanthropie

soit avec excitation (manie, délires de persécution )

 

- Affaiblissement mental :

Perte de l’intelligence due à une commotion, à une intempériefroide ou de naissance .

Etats stuporeux dus à une abondance de pituite.

Catalepsie.

L’hystérie et l’épilepsie sont classées à part.

 

Au cours de la Renaissance, même si l’Inquisition brûle énormément de sorcières, d’hérétiques et d’insensés, les progrès des sciences, la raison des philosophes démontrent que Satan n’y est pour rien dans les esprits dérangés et la folie.

 

La maladie mentale tente donc de s’arracher de ses anciennes parentés avec la sorcellerie et la démonologie pour être reconnue comme une pathologie naturelle dont on essaye de déterminer les causes et les effets.

Quelques hospices s’orientent déjà vers une indispensable prise en charge de la folie :

Bethleem en Angleterre, qui devient Bedlam en 1547, est un établissement réservé aux insensés.

L’ordre de St Jean de Dieu donne naissance aux hospices de la Charité, à Charenton, Senlis, Lyon, Lille, Dinan, etc...

L’ordre de la première Croix Rouge ouvre aussi des institutions.

Mais la bataille contre la superstition est encore loin d’être gagnée.

 

Citations :   Inquisition




"Vous [les catholiques de France] avez été, pendant plusieurs siècles, la partie la plus visible du christianisme ; ainsi, c'est par vous qu'on a pu juger de tout. Or quel jugement peut-on faire du christianisme, si on se règle sur votre conduite ? Ne doit-on pas croire, que c'est une religion qui aime le sang, et le carnage ; qui veut violenter le corps et l'âme ; qui, pour établir sa tyrannie sur les consciences, et faire des fourbes et des hypocrites, en cas qu'elle n'ait pas l'adresse de persuader ce qu'elle veut, met tout en usage, mensonges, faux serments, dragons, juges iniques, chicaneurs et solliciteurs de méchants procès, faux témoins, bourreaux, inquisitions ; et tout cela, ou en faisant semblant de croire qu'il est permis et légitime, parce qu'il est utile à la propagation de la foi, ou en le croyant effectivement ; qui sont deux dispositions honteuses au nom chrétien ?"
(Pierre Bayle / 1647-1706 / La France toute catholique sous le règne de Louis-Le-Grand, 1685)

"Il me semble que les religions manifestent déjà une forme de totalitarisme lorsque, au-delà d'un individu, elles veulent débusquer le démon qui agit en lui, et ce, au nom d'une doctrine qui s'intéresse au "tout" et non pas aux éléments qui le composent. Les Inquisiteurs n'étaient-ils pas totalitaires lorsqu'ils torturaient un pauvre diable dans l'idée de lutter contre ce Tout partout présent et agissant qu'est le Diable ?"
(Albert Jacquard / né en 1925 / Petite philosophie à l'usage des non-philosophes / 1997)

"Toute révolution prétend travailler pour le bien universel et veut propager sa doctrine dans le monde entier. En 1792, toute l'Europe était contre la Révolution française. Aujourd'hui, toute l'Europe est contre la Révolution russe. Il n'y a pas à s'échauffer. Il faut seulement se méfier des gens qui veulent le bonheur de l'humanité, d'où qu'ils soient. Les juges de l'Inquisition eux aussi, voulaient faire le bonheur de leurs victimes."
(Paul Léautaud / 1872-1956 / Journal littéraire, 4 novembre 1932)

"Des millions de morts, des millions de morts sur tous les continents, pendant des siècles, au nom de Dieu, la bible dans une main , le glaive dans l'autre : l'Inquisition, la torture, la question; les croisades, les massacres, les pillages, les viols, les pendaisons, les exterminations, les bûchers; la traite des noirs, l'humiliation, l'exploitation, le servage, le commerce des hommes, des femmes et des enfants; les génocides , les ethnocides des conquistadores très chrétiens, certes, mais aussi, récemment, du clergé rwandais aux côtés des exterminateurs hutus; le compagnonnage de route avec tous les fascismes du XXième siècle, Mussolini, Pétain, Hitler, Pinochet, Salazar, les colonels de la Grèce, les dictateurs d'Amérique du Sud; etc... Des millions de morts pour l'amour du prochain."
(Michel Onfray / né en 1959 / Traité d'athéologie / 2005)

"Toutes les fois qu'on vous [l'Eglise] retire le droit de persécuter, vous criez à la persécution. On abolit l'Inquisition, on vous persécute ; on affranchit la conscience, on vous persécute ; on décrète le mariage civil, on vous persécute."
(Eugène Pelletan, journaliste littéraire et homme politique français / 1813 - 1883 / Dieu est-il mort ?)

"Les fruits du christianisme ? Guerres de religion, boucheries, croisades, inquisition, extermination des indigènes d'Amérique et introduction des esclaves africains pour les remplacer."
(Arthur Schopenhauer / 1788-1860)

"L'Eglise catholique, représentante dégénérée du christianisme primitif, s'est développée surtout par le mensonge, la crainte, la violence et la fortune.
- Par le mensonge en promettant aux naïfs une éternité de bonheur dans un lieu imaginaire;
- Par la crainte en menaçant tous ceux qui refusaient de lui obéir de tortures infinies dans un monde problématique;
- Par la violence avec les croisades, les guerres de religion, l'Inquisition, la saint Barthélemy, les Dragonnades, la Terreur blanche et les guerres qu'elle a fomentées entre les peuples, comme celles de 1871 et de 1914.
- Par la fortune, en accaparant par les moyens les plus odieux la richesse publique et privée."

(Charles Vaudet / Le Procès du Christianisme / 1933)

Il faudrait étudier l'histoire de l'Inquisition dans chacun des pays où elle s'est implantée France, Italie, Slavie du Sud, Allemagne, Bohème, Espagne. On se bornera ici à des renseignements très sommaires.

Languedoc 
Dans cette province travaillée par l'hérésie (Les Albigeois), les deux premiers inquisiteurs commissionnés par le pape furent deux dominicains, à Toulouse, en 1233. De concert avec les dignitaires de leur Ordre et les évêques, ils commencèrent aussitôt la lutte avec une violence extrême. Le comte Raymond obtint, il est vrai, deGrégoire IX qu'il suspendit leur activité, qui causait partout des troubles effroyables (13 mai 1238), et la suspension dura jusqu'en 1241. Mais, à cette date, elle recommença, à cause, dit-on, de l'insolente croissante des hérétiques, et, sans doute, de la rébellion de Trencavel, vicomte de Béziers. Au printemps de 1242, les inquisiteurs de Languedoc, en tournée à Avignonet, furent assassinés par les hérétiques deMontségur : ils ont été béatifiés, comme martyrs, six cents ans après, par Pie IX. Cet incident coïncida avec une dernière révolte du comte Raymond contre l'autorité royale. L'horreur qu'il inspira et la défaite définitive de Raymond eurent pour effet un redoublement de la persécution inquisitoriale. C'est alors qu'entra en fonctions le célèbre frère Bernard de Caux, surnommé « le marteau des hérétiques » . Pendant les dix années qui suivirent, l'organisation se perfectionna : les dominicains eurent des tribunaux réguliers d'inquisition à Toulouse, NarbonneCarcassonne; les franciscains, à Marseille. Vers la fin du siècle, les hérétiques avaient presque complètement disparu, soit qu'ils eussent fui en Lombardie, soit qu'ils eussent été domptés ou exterminés. 

Mais les catholiques eux-mêmes, en proie à une intolérable police, commençaient à murmurer. Ils s'adressèrent d'abord au roi. Philippe le Bel écrivit au sénéchal de Carcassonne de veiller à ce qu'aucun abus ne se produisit au préjudice des sujets, par le fait des inquisiteurs. Cependant l'inquisiteur de Carcassonne, Nicolas d'Abbeville, et Foulques de Saint-Georges, prieur des dominicains d'Albi, avaient suscité contre eux des haines très vives. Lorsque éclata le différend entre Philippe IV et le Saint-Siège, le moment parut favorable aux Méridionaux pour mener contre ces « tyrans » une campagne énergique. Leur leader fut, en cette occasion, un lecteur du couvent des franciscains de Carcassonne, Bernard Délicieux, dont nous n'avons pas à raconter ici la carrière romanesque. Qu'il suffise de rappeler que Bernard réussit à persuader de la justice de la cause dont il était le tribun les commissaires envoyés par le roi, mais qu'il échoua finalement. Aussi bien Clément V, auquel les excès des inquisiteurs dominicains furent aussi dénoncés dès son avènement, prit à son tour en main la réforme de l'institution : en avril 1306, une commission de cardinaux fit enquête, à Carcassonne, sur les griefs des populations; mais cette enquête n'aboutit qu'à la réforme dite clémentine, adoptée par le concile de Vienne réforme anodine, comme on l'a vu plus haut, et qui resta lettre morte, Jean XXII, successeur de Clément V, fut, au contraire, quoiqu'il ait publié les Clémentines, un protecteur zélé des inquisiteurs : il sacrifia Bernard Délicieux; l'Inquisition reprit triomphalement le cours de ses travaux ;Bernard Gui, inquisiteur de Toulouse depuis 1306, dit qu'en quatorze ans, de 1301 à 1315, on découvrit plus de mille cas. C'est lui qui procura la capture et l'exécution du dernier ministre cathare, Pierre Autier, et de ses derniers fidèles : il n'y eut plus de patarins, après 1315, dans le midi de la France. Le rôle de l'Inquisition lanquedocienne était terminé, ou à peu près : elle avait très réellement extirpé l'hérésie et contribué, pour une large part, par les confiscations immenses que ses condamnations entraînèrent, à déposséder de ses terres l'ancienne aristocratie autochtone, au profit de la couronne capétienne.

France du Nord. 
C'est aussi en 1233 qu'apparaît dans la France du Nord le premier inquisiteur pontifical, le dominicain Robert le Bougre, un fanatique de la pire espèce. Avec la protection de Louis IX, Robert le Bougre parcourut pendant plusieurs années la Flandre, la Champagne et la Bourgogne, multipliant les holocaustes; à la fin, Grégoire IXfut obligé de lui retirer sa commission, car sa folie meurtrière était devenue manifeste, et il disparut. Il eut des successeurs dont ni les noms ni l'activité ne sont connus, mais dont on sait que les dépenses étaient défrayées par le roi. En 1253, Innocent IVnomma le provincial des dominicains à Paris comme chef des inquisiteurs de France; ceux-ci, en 1273, étaient au nombre de six (y compris ceux du Languedoc); en 1290, Nicolas IV rattacha la Lorraine, la Suisse française et la Franche-Comté à l'Inquisition de France. Le plus ancien autodafé, célébré à Paris, qui soit connu, est celui d'une certaine Marguerite Porete, qui professait des doctrines quiétistes (31 mai 1310). 

Comme tous les documents inquisitoriaux du XIVe siècle sont perdus, on ne sait rien de ce que les inquisiteurs de France firent à cette époque; l'oubli a recouvert totalement la mémoire des bourreaux et des victimes. Nul doute, cependant, qu'il y ait eu des victimes. En 1372, une sainte femme de la secte des « turlupins » fut brûlée au marché aux pourceaux de la porte Saint-Honoré; cinq autres turlupins furent bridés à Douai en mai 1421; le cas de Hugues Aubriot et l'histoire.des Vaudois fourniraient aussi, s'il en était besoin, la preuve que l'Inquisition ne chôma pas. Il n'en est pas moins certain que l'institution était en complète décadence au commencement du XVe siècle. Déjà, sous Philippe de Valois, la juridiction inquisitoriale était considérée comme une juridiction « royale » et soumise, à ce titre, à la surveillance du Parlement. Le Parlement, l'Université de Paris se substituèrent peu à peu à l'Inquisition et la suppléèrent. Elle se survécut néanmoins, quoique déconsidérée: il y eut en France des inquisiteurs en titre d'office jusqu'à la fin du Moyen âge.

Italie 
Pour beaucoup de raisons, l'hérésie n'était nulle part plus répandue qu'en Italie au commencement du XIIIe siècle. Les rudes travaux, couronnés de succès, desdominicains de Florence contre les hérétiques de cette ville persuadèrent Grégoire IX, nous l'avons vu, d'utiliser désormais, pour les opérations de ce genre, les milices desordres mendiants. Dès 1232, fra Alberico exerça les fonctions d'inquisiteur en Lombardie; en 1233, fra Rolando de Crémone (le célèbre professeur de Paris et deToulouse) à Plaisance, Pierre de Vérone (saint Pierre Martyr) à Florence, à Crémone, à Milan, etc. Pierre Martyr fut assassiné le 7 avril 1252 : cet événement (comme celui d'Avignonet) fut très bien exploité par Rome, pour sanctifier aux yeux du peuple la cause de tous les inquisiteurs en général : il n'y a pas de personnage qui ait été canonisé plus vite ni dont le culte ait été plus chaudement recommandé par le Saint-Siège que celui de Pierre de Vérone, qui fut bientôt égalé à saint Dominique lui-même et qui devint dans toute l'Italie le patron des associations piétistes de Crocesignati, espions, familiers et gardes du corps de l'Inquisition romaine. D'ailleurs, l'Inquisition se transforma promptement, en Italie, en un instrument de règne pour le Saint-Siège, en une arme au service du parti guelfe, les princes gibelins étant les protecteurs d'hérétiques avérés. Une confusion s'établit ainsi entre la foi et la politique. Les destinées de l'Inquisition furent, dès lors, liées à celles du parti guelfe et oscillèrent en même temps. La conquête de royaume de Naples par Charles d'Anjou, champion du pape, et l'écrasement des gibelins, qui en fut la conséquence, la fit fleurir dans presque toute la péninsule, en particulier à Naples et en Sicile, où elle était auparavant inconnue. A Venise seulement, l'Inquisition pontificale n'eut jamais les coudées franches, et resta soumise à la surveillance des autorités laïques. Ajoutons que, comme en France, l'histoire de l'Inquisition en Italie, à partir du XIVe siècle, est celle d'une décadence (sauf en Savoie et dans la Haute-Italie, à cause des Vaudois), qui s'accentua continuellement jusqu'à ce que la Réforme obligeât l'Église à restaurer, là comme ailleurs, sa machine à persécutions.

 

Slavie du Sud.  
La redoutable hérésie des Cathares avait eu son berceau chez les Slaves de l'Adriatique, et l'attention du Saint-Siège avait été attirée de bonne heure du côté de ce foyer brûlant d'hétérodoxie, qui s'étendait de la Bulgarie et de la Bosnie à Spalato. Les Cumans et les Bosniaques martyrisèrent de nombreux dominicains au temps de Grégoire IX. En 1298, Boniface VIII fit de la Slavonie (du Danube à la Macédoine), une province franciscaine de l'Inquisition. L'invasion des Turcs mit fin, au XVe siècle, à l'activité inquisitoriale de ce côté.

Allemagne 
Au commencement du XIIIe siècle, les nombreux hérétiques d'Allemagne avaient trouvé un adversaire impitoyable en la personne d'un prêtre séculier, à moitié fou, Conrad de Marburg, le directeur de sainte Elisabeth de Thuringe. C'est à lui que Grégoire lX s'adressa dès 1227 : il fut armé par le pape de pouvoirs quasi-illimités comme inquisiteur et réformateur général des églises d'Allemagne. Des dominicains (Conrad Tors, etc.) lui furent adjoints en 1231-1232. La persécution, d'une brutalité incroyable, fit rage, jusqu'à ce que, comme elle atteignait des personnages considérables, Conrad de Marhurg fût tué (31 juillet 1233), les archevêques et les évêques de l'Empire protestassent et une réaction se déclarât contre les persécuteurs en général. L'horreur excitée par Conrad et ses acolytes aida beaucoup l'épiscopat allemand à maintenir ses droits et à repousser l'Inquisition pontificale. Après 1233, on n'entendit plus parler d'inquisiteurs en Allemagne pendant long temps; une tentative d'Innocent IV pour en installer dans la Franche-Comté (qui dépendait de l'Empire) échoua; les seules régions de l'Empire où il y ait eu des « inquisiteurs » proprement dits, au commencement du XVe siècle, sont celles où prédominait l'influence du royaume voisin de France; partout ailleurs, l'inquisition diocésaine suffit. Mais, Innocent VI (1352) et Urbain V (1357) reprirent avec énergie la pensée de Grégoire IX. En 1367, Urbain V nomma deux inquisiteurs dominicains en Allemagne pour détruire les beghards, les flagellants, les frères et les soeurs du Libre Esprit, etc. : l'un d'eux, frère Walter Kerlinger, était chapelain de l'empereur Charles IV. Charles, en excellents termes avec Rome, prit de tout son pouvoir des mesures pour acclimater dans l'Empire l'institution inquisitoriale, sous sa forme italienne. Elle prospéra, en effet, jusqu'à la mort de Charles IV et le commencement du grand schisme; mais, privée par ces deux événements de ses puissants protecteurs, elle ne put se maintenir contre l'hostilité des évêques et la réprobation des peuples : elle ne disparut pas, mais resta, comme ailleurs à la même époque, sans importance ni efficacité. Elle se montra tout à fait impuissante à lutter contre les précurseurs de Luther.

Bohème 
Le roi de Bohème, Ottokar II, pria le pape Alexandre IV, en 1257, de l'aider à supprimer l'hérésie dans ses Etats; deux inquisiteurs franciscains lui furent envoyés. Mais c'est en 1318 seulement que l'on voit des inquisiteurs pontificaux, commissionnés par Jean XXII, agir énergiquement en Bohème et en Pologne. Puis le silence se fait de nouveau. Les précurseurs de Jean Huss à l'Université de Prague ne furent pas molestés. Huss  lui-même fut livré, comme on sait, par le concile de Constance à la justice inquisitoriale. Le procès de Jean Huss est un des plus célèbres exemples des procédés de cette justice, non pas, comme on le crut en Allemagne, où elle était peu connue, dans ce qu'elle avait de plus rigoureux, mais sous une forme atténuée et relativement bénigne.

Espagne. 
Avant les Rois catholiques, l'Inquisition des Grégoire IX, des Innocent IV, des Alexandre lV et des Urbain IV resta complètement inconnue dans le royaume de Castille et de Léon. Dans cet Etat, très indépendant de Rome, la répression de l'hérésie fut, au Moyen âge, affaire d'Etat et procurée directement par la couronne, sur l'avis de l'Eglise séculière. La situation était différente dans le royaume d'Aragon, dont la population était assez analogue à celle du Languedoc, a reçu de Grégoire IX l'Inquisition dominicaine  en 1237-1238. Les inquisiteurs éprouvèrent d'abord, dans ce pays, de grandes difficultés : l'un d'eux, fray Pons de Espira, fut tué. En 1262, Urbain IV rédigea des instructions détaillées pour l'Inquisition d'Espagne, mais l'institution continua de végéter jusqu'à la fin du XIIIe siècle. En 1327, les Cortès, avec l'assentiment du roi Jaime II, prohibèrent l'usage de la procédure inquisitoriale (notamment de la torture) comme contraire aux fueros; mais cette prohibition ne fut pas respectée. L'homme le plus connu de l'Inquisition aragonaise, pendant la seconde moitié du XIVsiècle, est sans contredit Nicolas Eymerich, l'auteur du Directorium Inquisitorium, base de toutes les compilations postérieures du même genre; mais il vivait dans un royaume où le Saint-Office n'avait jamais été fort prospère et dans un temps où, n'ayant affaire qu'à des hérétiques très pauvres, fraticelles et vaudois, il mourait, pour ainsi dire, d'inanition.

La renaissance, qui fut éclatante, se fit attendre encore un siècle après Eymerich : elle s'opéra par les soins de Ferdinand le Catholique, roi de Castille (1474) et d'Aragon(1479). L'introduction de l'Inquisition en Espagne à partir de la fin du XVe siècle s'explique par l'inefficacité des vieilles inquisitions épiscopales de Castille, qui devint manifeste lorsque, au temps de Ferdinand le Catholique, les conquêtes sous lesMaures et les conversions forcées de musulmans et de juifs, eurent multiplié dans les Etats de la couronne d'Espagne les « nouveaux chrétiens » de foi douteuse et de doctrines suspectes. Sixte IV sanctionna, le 1er novembre 1478, l'organisation de la nouvelle Inquisition d'Espagne, avec des traits caractéristiques, qui, depuis, n'ont pas été altérés. C'est une institution royale le roi est autorisé à en choisir les fonctionnaires et il pourvoit à son entretien; c'est au profit de son trésor que les biens des condamnés sont confisqués. A la direction de la machine, un chef à vie (inquisiteur général), président d'un tribunal supérieur, où siègent quelques laïques et qui soumet les évêques eux-mêmes à sa juridiction de fer; des tribunaux inférieurs dans toutes les grandes villes (notamment à Séville et à Valladolid); la procédure de toutes ces cours fut déterminé par la célèbre instruction du 29 septembre 1484. Le premier inquisiteur général, désigné par la couronne de Castille, fut Thomas de Torquemada, prieur des dominicains de Ségovie; en cinq ans, il présida à la condamnation à diverses peines de 100 000 personnes, et dont plusieurs milliers (jusqu'à 10 000?) périrent par le feu. La maison de Castille essaya d'acclimater des établissements analogues dans tous les pays que la guerre ou des alliances lui valurent successivement en Aragon (1482), dans les Baléares (1490), en Sardaigne (1492); en Sicile (1508). Philippe II a porté aussi l'Inquisition à l'espagnole en Lombardie, à Naples, dans les Pays-Bas, pour combattre à la fois l'hérésie et les rebellions politiques, les doctrines évangéliques et les franchises municipales, bref l'esprit de liberté et la liberté de l'esprit sous toutes les formes. Mais, partout, à Milan et à Naples comme en Brabant et en Hollande, des insurrections éclatèrent contre l'abominable tyrannie. La politique inquisitoriale du duc d'Albe coûta les Pays-Bas à l'Espagne. 

En Espagne même, l'institution ne s'était pas implantée sans efforts : les Cortès d'Aragon avaient longtemps protesté; mais enfin le silence s'était fait : le « succès avait dépassé les espérances » ; à la fin du XVIIe siècle, l'Inquisition nationale était encore considérée comme le palladium de la monarchie, quoiqu'on ne l'employât plus guère (car il n'y avait plus d'hérétiques) que contre les bigames, les blasphémateurs, voire les contrebandiers. La première atteinte aux privilèges exorbitants de l'Inquisition espagnole date de 1770, époque où le ministre Aranda prit quelques mesures pour garantir contre son arbitraire les officiers de la couronne et les nobles. La suppression totale de l'Inquisition en Espagne, décrétée par l'usurpateur Joseph Bonaparte en 1808, fut confirmée par les Cortès de Cadix en décembre 1813; Ferdinand VII la rétablit (21 ,juillet 1814); mais en l'énervant, car il eut la faiblesse de faire aux idées du siècle la concession d'abandonner l'usage traditionnel de la torture proprement dite : toutes les personnes désagréables au parti ultra-réactionnaire firent connaissance, pendant les premières années de la restauration bourbonnienne, avec les cachots du Saint-Office. Les prisons du Saint-Office de Madrid furent, il est vrai, saccagées en 1820 par les libéraux exaspérés; mais l'armée française ayant rendu le pouvoir à Ferdinand, I' « institution nationale » fut sauvée encore une fois (sous réserve de quelques modifications). C'est en 1834 seulement que l'Inquisition d'Espagne fut abolie; ses biens furent attribués au trésor public deux ans après. Il y eut des retours offensifs et des tentatives de résurrection jusqu'en 1868.

Le Portugal. 
Au PortugalAlphonse II avait refusé nettement d'admettre l'inquisition pontificale, lorsque l'Ordre dominicain s'était introduit dans ses Etats : la prohibition dura cent cinquante ans. Le premier inquisiteur au Portugal fut un franciscain, appointé, en 1376, par l'évêque de Lisbonne. Mais l'Inquisition portugaise resta sans importance jusqu'en 1531, date où Jean III la réorganisa sur le modèle de la nouvelle Inquisition d'Espagne. Le pays était devenu un refuge pour les juifs après l'expulsion générale de 1492 en Andalousie. Il réagit alors en imitant l'institution de Ferdinand le Catholique. Jean III, comme Ferdinand, fit du Saint-Office une administration de l'Etat et se réserva d'en nommer le chef, le grand inquisiteur en résidence à Lisbonne. Lorsque le Portugal fut annexé aux domaines de la maison de Castille (de 1581 à 1640), le pur régime castillan y fonctionna naturellement. La fin du XVIIe et le XVIIIsiècle furent marqués par des luttes acharnées entre le Saint-Office devenu trop puissant, - au point de gêner l'autorité monarchique elle-même, et de se soustraire fréquemment à la surveillance du Saint-Siège, - et tout ce qui n'était pas dominicain ou jésuite. Le marquis de Pombal remporta en 1767 une victoire décisive sur le Saint-Office portugais (Le Portugal au XVIIIe siècle) ; mais cette victoire ne fut complétée, par la destruction définitive de l'établissement tout entier, que sous Jean VI, en 1820. C'est en vain que les partisans de don Miguel, comme ceux de don Carlos, firent de sa restauration un article de leur programme.

L'Amérique latine. 
Par les atrocités commises en Espagne et en Portugal au nom de l'Inquisition, il est facile de deviner ce qui se passa dans les colonies espagnoles et portugaises en Amérique, au Mexique, au Pérou, en Colombie, au Brésil. Dans tous les  pays de l'Amérique du Sud, l'abolition de l'Inquisition a coïncidé avec le succès des guerres de l'Indépendance.  

 

Jadis La machinerie de la torture disposait déjà d'une variété de méthodes étonnantes qui confirme la thèse que rien ne rend aussi inventif que l'envie de cruauté.

 

La torture par l'eau

 

Le corps de l'accusé était lié sur une planche inclinée ou pendu en l'air à des cordes fortement serrées et le corps soutenu par un tabouret. La victime devait alors avaler une énorme quantité de liquide: 6 litres pour la petite torture et 12 litres pour la grande. Celui qui serrait les dents se faisait déchiqueté la bouche par le bourreau à l’aide d’une pince en fer. Celui-ci continuait alors, à l’aide d’une carafe, à faire ingurgiter l’eau dans la bouche du torturé. Beaucoup de ces victimes étouffaient ou éclataient littéralement, du fait que leurs anus et l’urètre furent consciemment bouchés ou noués.  

 

Mutilation physique

 

Une autre torture consistait à visser et à griller la langue, ou encore à écraser les mains sur une enclume ou à sectionner les mains et les pieds à l’aide d’une hache. «Les sorcières» ou les femmes jugées immorales eurent le nez et les oreilles coupés; les juifs accusés de vol, étaient pendus par les pieds entre deux chiens ou deux loups affamés. Une cruauté bien particulière consistait à étriper la victime. Leur ventre était ouvert au couteau, une partie de l'intestin était extirpée puis attachée et enroulée à une poulie.

 

«La vierge de fer» *

 

La vierge de fer représente «un chef-d’œuvre» de la ferronnerie qui devait servir à préserver la pureté de la foi: il s’agissait d’une cape allant jusqu'à terre, cependant non faite d’étoffe mais de fer. La partie supérieure de la cape représentait une tête au visage de femme. En réalité la cape était un caisson de fer équipé de portes. A l'intérieur des portes ainsi que sur le dos du caisson étaient fixés des pointes de fer. La victime, prisonnière de l'inquisition, était placée à l'intérieur du caisson. Puis les portes se refermaient lentement, de sorte que «les pointes de fer perforaient ses bras, de même que certains endroits de ses jambes, de son ventre, de sa poitrine, sa vessie, les parties de son corps se trouvant à la racine de son membre viril, ses yeux, ses épaules et son postérieur, sans toutefois la tuer», tout au moins pas immédiatement. La mort ne survenait généralement qu’après quelques jours d’atroces douleurs et de cris effroyables.

 

«Le berceau de judas»

 

«Le berceau de judas» est une méthode qui n’a pas son pareil. La victime de l’inquisition était tirée vers le haut à l'aide d'un treuil et placée sur la pointe d’une pyramide en bois. Son poids entier ne reposait plus que sur le vagin ou l'anus, le scrotum ou le coccyx. Le supplice était encore amplifié du fait que le bourreau tirait la victime vers le haut, la relâchait, la balançait ou la laissait sans cesse retomber sur la pointe.

 

«La fourche d'hérétique»

 

«La fourche de l’hérétique» avait également un sens «religieux» puisqu’elle représentait un moyen visant à défendre la vraie foi. Quatre pointes de fer perforaient la victime sous le menton et perçaient le sternum, de sorte qu'elle ne pouvait plus bouger la tête et à peine parler distinctement. Mais pour l’inquisiteur, cela suffisait, car la victime n'avait qu'à balbutier le mot «abiuro» («j’abjure») gravé dans «la fourche de l’hérétique» qu'il lui suffisait de lire.

 

«Il faut entendre les cris de ces malheureux! Il faut lire ce qui fut écrit des cachots, les femmes à leurs maris, les pères et mères à leurs enfants, les protestations de leur innocence, les adieux pour toujours.»
(L'historien Karlheinz Deschner, Eglise du malheur, Munich 1979, p. 28 de la version allemande)

 

Scie et pieu

 

Egalement de simples outils, comme «la scie» et «le pieu», pouvaient tout à fait convenir au but des inquisiteurs. Les luthériens, par exemple, après leur victoire sur les agriculteurs insurgés, ont mis à nouveau la scie à l’honneur contre quelques meneurs. Ceux-ci étaient suspendus la tête en bas et la scie, placée entre les jambes, pouvait alors commencer «son travail», en «avançant progressivement» du nombril à la poitrine. Presque encore plus cruel – si cela est encore possible: l’empalement de la victime. Celle-ci était empalée, martelée – enfoncée sur un pieu de bois ou de fer au niveau de l'anus préalablement huilé, jusqu'à ce que le pieu pénètre enfin et ressorte par l'estomac, la poitrine ou l'épaule …

 

D'autres outils de torture

 

La simple énumération des outils de torture – l’étau à genoux ou l’étau destiné aux pouces, le serre-bouche en fer, les outils pour marquer au fer rouge, les colliers de chaines, «le chapelet» à accrocher autour du cou (d’une longueur d’un mètre, d’un poids d’environ huit kilos), les anneaux de fer verrouillés au cou de l'hérétique, les cages en fer, les étaux destinés à la tête et les vis à crâne, les fouets de chaines, les collerettes épinées, la ceinture de force, le «clitoris espagnol», pourvu de pointes tranchantes, les tenailles et cisailles, la roue de torture et ainsi de suite – tout cela témoigne de la passion inventive et perverse des inquisiteurs et de leurs complices, et démontre la monstrueuse «passion pour la cruauté», caractérisant le christianisme d’Eglise qui ne sera égalé par aucune autre religion.

 

Invention de nouveaux supplices

 

On emmurait les victimes ou alors, en signe de grâce de la part des tyrans (!), on les laissait lentement mourir de faim – on les noyait lentement dans des tonneaux remplis d'urine ou de purin, on leur coupait ou sciait la langue, on les grillait, on rôtissait les hérétiques sur des fers chauffés à blanc ou encore on les étouffait en brûlant de la paille humidifiée. Après l'invention de la poudre explosive, on laissait celle-ci exploser à proximité de la pauvre victime, afin de lui déchiqueter la poitrine. L'esprit de cruauté trouvait toujours de nouveaux moyens pour augmenter les supplices des victimes de l’inquisition.

 

Les congrégations pour la doctrine de la foi

 

Le pape Paul III (1468-1549, pape à partir de 1534) organisa également en 1542 l'inquisition en tant que cardinal chargé de la commission qui, comme instance centrale pour tous les pays, devait veiller sur la pureté de la foi. Le pape Sixtus V (1521-1590, pape à partir de 1585) a fixé en 1588 son statut définitif de Congregatio Romanae et universalis Inquisitionis (Congrégation de l'inquisition romaine et universelle). Beaucoup plus tard, à savoir en 1908, cette autorité d'inquisition centrale reçut le nom d’ Offizium saint. Aujourd'hui, elle se nomme d’une façon inoffensive et anodine Congrégation pour la doctrine de la foi. Mais l'esprit inquisitorial est resté le même

 

 

Pape Paul III (1468-1549), connu pour avoir convoqué le concile de Trente (1545-1563), appelé Tridentinum, qui conduira à l’inquisition, va jusqu’à dire un jour:

«Si mon père était un hérétique, j’apporterais moi-même le bois pour le brûler.»

 (extrait d’une émission de radio du 21/07/2002 sur «Deutschland-Radio Berlin»

 

Cardinal Joseph Ratzinger, l’ancien pape Benoît XVI 

«La mission nécessaire» de l'inquisition

‘[Dieu …] «donne à chacun de la compréhension pour les hommes d'eglise qui, dans leur mission nécessaire pour la sauvegarde de la vérité, au nom de la foi et la morale, ont recouru eux aussi de temps à autre à des méthodes ne correspondant pas à l'évangile.» 

C'est un passage de ce qui a été lu publiquement le 12/03/2000 à Rome par le pape Jean-Paul II, en alternance avec d’autres représentants de haut rang du Vatican, un «Mea Culpa» pour les crimes de l'Eglise 
(réf.: http://www.theology.de/religionen/oekumene/evangelischerkatholischerdialog/meaculpa.php). 
Le texte avait été rédigé par Joseph Ratzinger, alors cardinal, et c'est d'ailleurs lui qui avait lu l'extrait cité ci-dessus 
(réf.:http://www.br-online.de/wissen-bildung/collegeradio/medien/geschichte/ inquisition/manuskript/)
Le pape et les cardinaux, avec leurs paroles doucereuses et bien tournées, n'ont, malgré tout, pas demandé pardon à leurs victimes – ce qui aurait été évident et nécessaire pour un véritable repentir. Au lieu de cela on s'adressa à Dieu dans un discours neutre, sans implication.

«L’expression «Grand inquisiteur» représente une classification historique. Quelque part nous sommes dans cette continuité. Nous essayons cependant de faire aujourd’hui à partir de notre conscience de la justice ce qui a été fait dans le passé avec des méthodes en partie critiquables. Il faut cependant dire que l’inquisition a été un progrès, car plus personne ne pouvait être jugé sans un inquisitio, c’est-à-dire sans qu’il y ait eu un examen, une enquête.» 
(Déclaration du cardinal Joseph Ratzinger, dans l’émission Contrastes du 03/03/2005 sur la chaîne de télévision allemande ARD, à propos de son titre inofficiel de «Grand Inquisiteur moderne». Quelques semaines plus tard il fut élu pape.)

PS: En complément, à voir (en allemand): la lettre bouleversante du maire de Bamberg Johannes Junius du 24/07/1628 à sa fille Veronika. Junius a été torturé et exécuté par les inquisiteurs de l'église dans la «Maison du maléfice» à Bamberg. Sa lettre à été mise en animation audiovisuelle, comme si Junius parlait à partir de l'au-delà en tant qu’âme: http://www.youtube.com/watch?v=qfRKfimBGpw 
Pour de plus amples informations sur l'inquisition à Bamberg, voir aussi (en allemand): http://www.theologe.de/erzbistum_bamberg.htm 

 

 


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L'inquisition et les femmes

 

«La poire vaginale», «les griffes à poitrine», «Les araignées espagnoles», 
la ceinture de chasteté, le masque de la honte

Dans l’église dont la structure est patriarcale et profondément masculine, les femmes devaient inévitablement être punies, souvent de manière bien pire encore que les hérétiques de sexe masculin. A l’encontre de celles-ci l'agressivité et la perversion sexuelle des inquisiteurs se déchaînèrent véritablement. Il y avait des instruments de torture spécifiques, conçus tout spécialement pour les femmes, par exemple «la poire vaginale» qui, par l’action rotative d’une vis, élargissait et déchirait l’utérus et les viscères. Il y avait des «griffes à poitrine» qui déchiquetaient les seins; «d'autres griffes» qui, chauffées au rouge, causaient «seulement» une «morsure» à la poitrine des mères célibataires, dont les enfants se tenaient à leurs pieds, arrosés de leur sang. Il y avait ce qu'on appelait les «araignées espagnoles», c.-à-d. des griffes à cinq doigts en ciseaux qui soulevaient la victime par le postérieur, la poitrine, le ventre ou la tête, mais aussi par les yeux et les oreilles à l’aide de deux griffes. «La ceinture de chasteté» contrairement à la mystification qu’il en a été faite, était en réalité également un outil de torture. Naturellement, il y avait aussi «les masques de la honte» pour les femmes, ainsi que les «poires buccales» confectionnées spécialement contre leur prétendu verbiage. Il s'agissait en fait de bâillons en fer, dont l’extrémité aiguisée en pointe avait pour effet de leur trancher la gorge. Mais au besoin des pierres suffisaient aussi pour mener à bien cette œuvre de destruction. Les femmes ayant commis l’adultère, étaient lapidées ou jetées dans une fosse aux serpents …
Jamais il n’y eut une religion qui prêcha autant l'altruisme et l’amour pour le prochain et qui, en même temps, pratiqua autant «la haine du prochain» et la haine des femmes en particulier! C'est en cela que le christianisme catholique et protestant se distingue de toutes les autres religions, à savoir de manière négative. Il ne s'est jamais distingué de manière positive en ce qui concerne l'humanité et la protection des droits de l'homme. Au contraire, il a fallu lutter pour chacun des droits de l'homme à cause de la résistance acharnée de l'église, aussi bien catholique que protestante.

Le pape dans un «souci brulant» lance la chasse aux sorcièreses

Le fait de reconnaître la femme en tant que personne humaine ayant les mêmes droits que l'homme fût de tout temps une chose impossible pour l’église. En fait, les femmes n’avaient nié que rarement les dogmes de la foi en comparaison aux hommes. Celles-ci auraient donc dû être bien moins persécutées que les hommes. Mais en les accusant de sorcellerie, on pouvait ainsi les accuser d'hérésie. La sorcellerie était une hérésie, telle était l’équation. Et ainsi, l'inquisition s'ouvrit elle-même un nouveau champs d'action justifiant son existence, se confirmant elle-même. Les envoyés du pape Grégoire IX (1167-1241, pape à partir de 1227), désignés inquisiteurs par ce dernier, ont annoncé au Pontifex Maximus une explosion du nombre de sorcières ainsi que de pactes terribles avec le diable faits par des femmes de toutes les couches de la société. Grégoire fut le premier pape qui, dans «un souci brûlant», ordonna la chasse aux sorcières. Celle-ci se perpétra jusqu’au 18ème siècle, faisant rage sous toutes ses formes et excès les plus variés.

Les victimes des persécutions

Le pape Innocent VIII (1432-1492, pape à partir de 1484) avait menacé de sentences terribles tous ceux qui s'opposeraient à son décret d’extermination des sorcières. C'est donc sous la menace de la plus haute sanction papale que commença l'extermination quasiment orgiaque des sorcières. Pendant la deuxième moitié du 17ème siècle, au cours duquel un million de personnes, bien souvent des femmes, furent victimes de ce processus d’extermination, l'évêque de Bamberg fit encore brûler 600 femmes, l'évêque de Salzburg 97, l'évêque Philippe Adolf von Ehrenberg de Würzburg fit brûler 219 sorcières et sorciers, dont 18 jeunes garçons en âge d'aller à l'école, une fille aveugle, une enfant de neuf ans et sa petite sœur. Dans la deuxième moitié du 16ème siècle, l'archevêque Jean de Trèves fit brûlé tant de sorcières que dans deux villages il ne resta plus que deux femmes. Un décan de Mayence fit brûler plus de 300 personnes dans deux villages, dans le seul but de s'accaparer leurs biens. L'esprit orgiaque de l’extermination «des sorcières» fut encore plus excité dans la mesure où les inquisiteurs, mais également les juges et les confesseurs qui, faisant fi sans vergogne du secret de confession, recevaient des primes pour chaque «sorcière exécutée». Un dicton de l’époque disait que le moyen le plus rapide et le plus facile de s'enrichir était de brûler des sorcières.
La brutalité et la cruauté sadique de cette guerre d’extermination menée par les papes avec leurs inquisiteurs contre «les sorcières» dépassent tout ce que l'on peut imaginer. On estime à environ trois millions les victimes, surtout des femmes, qui furent ainsi bestialement assassinées …

Les deux églises, catholique et évangélique, portent une dette énorme et indélébile envers les femmes, à cause de leur diabolisation, diffamation, persécution et exécution en masse. Pensons en cela aussi aux inventions perverses dont le seul et unique but était de punir «les mauvaises femmes» avec les méthodes les plus diverses …

Le supplice des femmes soupçonnées de «sorcellerie»

… Souvent, elles agonisaient pendant des années dans des cachots souterrains froids et humides, sombres et fourmillants de rats, de souris et autre vermines. Les plus jeunes femmes étaient en outre exposées aux viols par les ecclésiastiques et les gardiens de prison. On attachait de nombreuses «sorcières» sur des croix de bois ou on les fixait à un mur, on les laissait pendre en l'air à des chaînes par leurs membres déjà torturés, accrochées dans la tour à sorcière, où elles mourraient à petit feu de faim et de soif. Les supplices infligés aux sorcières par «la religion de l’amour» étaient inimaginables.

«Le marteau des sorcières» de l'église

Un livre ayant joué un rôle particulièrement effrayant dans la persécution des femmes est Le Marteau des sorcières (Malleus Maleficarum) qui a fait l'objet de 29 éditions entre 1486 et le 17ème siècle. Il a servi de manuel de référence pour déterminer les caractéristiques des «sorcières», comment les dépister et quels châtiments leur imposer, et est sans doute l’ouvrage qui a causé le plus de préjudices aux femmes de toute l'histoire. Le Marteau des sorcières traite de manière complète de tout ce qui concerne la persécution des sorcières, que ce soit au niveau théorique ou pratique. Cet ouvrage prouve de manière impressionnante que l'on peut faire de n’importe quelle idiotie une théologie des plus sérieuse, pour autant que l’on soit suffisamment pervers … Le sort des femmes sous l'inquisition, comme nous l'avons décrit ici de façon élémentaire, n'a d'égal que le sort réservé aux juifs par les inquisiteurs 


 

 

12 août 2013

la comtesse sanglante ou les origines du mythe de dracula.....

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La comtesse Sanglante

Il est impossible de s'intéresser au phénomène, réel ou imaginaire, du vampirisme sans se référer à un personnage qui défraya la chronique au XVIIE siècle en Hongrie et Transylvanie, et qui a provoqué, dans la mémoire des peuples, l'apparition d'une image surprenante, ambiguë, terrifiante, qui est loin de laisser indifférent : la comtesse Elizabeth Bathory est en effet une des incarnations les plus caractéristiques de ce que l'on a coutume de classer dans la catégorie des vampires humains, malgré les interférences inévitables qui se sont produites entre ce que l'on sait de sa vie et des zones d'ombre que l'on n'a pas osé dévoiler en plein jour. Ce fut une criminelle, assurément. Mais ce fut aussi une femme mystérieuse qui a emporté dans la tombe de lourds secrets qu'il est bien difficile de cerner en toute objectivité.

Elizabeth Bathory est née en 1560, d'une famille de sang royal, comptant dans ses proches parents le prince de Transylvanie, Sigismond Bathory, un oncle qui devint roi de Pologne, des gouverneurs de province, de hauts magistrats, des évêques et un cardinal. Cette famille remontait très loin dans le temps et comptait un certain nombre d'aventuriers hongrois descendant probablement des Huns et qui s'étaient imposés par le sang et la violence, comme il était de règle à ces époques troublées où la Hongrie allait passer d'un paganisme pur et dur à un catholicisme très inféodé à Rome. Du temps d'Elizabeth, rien n'était d'ailleurs vraiment net dans cette région bouleversée par l'apparition des Réformateurs luthériens et calvinistes et où le catholicisme romain se heurtait au Christianisme orthodoxe et aux innombrables communautés musulmanes disséminées par les Turcs. Sans parler des vestiges virulents d'un paganisme hérité du fonds asiatique :" L'ancienne terre des Daces était païenne encore, et sa civilisation avait deux siècles de retard 1 sur celle de l'Europe occidentale. Là, régnaient, gouvernées par une mystérieuse déesse Mielliki, les innombrables forces des grands bois, tandis qu'à l'Ouest, le vent habitait seul, la montagne de Nadas. Il y avait un dieu unique, Isten, et l'arbre d'Isten, l'herbe d'Isten, l'oiseau d'Isten... Dans les Carpates superstitieuses, il y avait surtout le diable, Ordôg, servi par des sorcières, elles-mêmes assistées de chiens et de chats noirs. Et tout venait encore des esprits de la nature et des fées des éléments ; de Delibab, la fée de midi aimée du vent et mère des mirages 2, des Tünders 3, sœurs de toutes merveilles et de la Vierge de la cascade peignant ses cheveux d'eau 4. Dans les cercles d'arbres sacrés, de chênes et de noyers féconds, se célébraient encore secrètement les anciens cultes du soleil et de la lune, de l'aurore, et du cheval noir de la nuit 5. C'est dans cette atmosphère très particulière, encombrée de sortilèges et de traditions ancestrales venus d'ailleurs, que se déroula l'enfance d'Elizabeth Bathory, et cela explique certainement beaucoup de choses concernant le comportement et le mode de pensée de cette comtesse qu'il faut bien se résoudre à qualifier de ", sanglante ".Il faut aussi prendre en compte la lourde hérédité d'Elizabeth : sa lignée ne comportait pas que des petits saints, bien au contraire. Un certain nombre de ses ancêtres avaient été des brutes sanguinaires, et dans sa parenté immédiate se trouvaient quelques homosexuels mâles notoires. Un de ses frères était un dépravé pour lequel tout était bon, la plus tendre fillette comme la plus ratatinée des femmes âgées. Une de ses tantes grande dame de la cour de Hongrie défrayait la chronique scandaleuse : lesbienne impénitente, on disait, tribade " à l'époque, elle était tenue pour responsable de la dépravation de douzaines de petites filles. Et puis, la propre nourrice d'Elizabeth, joIlona, qui deviendra son âme damnée, personnage trouble et inquiétant, pratiquant la magie noire et les sortilèges les plus pervers, eut une influence déterminante sur l'évolution de son esprit.

Elizabeth Bathory

Les descriptions qu'on possède d'Elizabeth Bathory, ainsi qu'un portrait qu'on en a conservé, nous la montrent d'une grande beauté : " Les démons étaient déjà en elle ; ses yeux larges et noirs les cachaient en leur morne profondeur ; son visage était pâle de leur antique poison. Sa bouche était sinueuse comme un petit serpent qui passe, son front haut, obstiné, sans défaillance. Et le menton, appuyé sur la grande fraise plate, avait cette courbe molle de l'insanité ou du vice particulier. Elle ressemblait à quelque Valois dessiné par Clouet, Henri Ill peut-être, en féminin 1. " Bref, quelque chose de mélancolique, de secret et de cruel. Le blason des Bathory n'était-il pas composé de trois dents de loup, d'un croissant de lune, d'un soleil en forme d'étoile à six pointes, le tout entouré d'un dragon qui se mord la queue ?

On ne sait pas grand-chose sur la jeunesse et l'adolescence d'Elizabeth, sinon qu'elle se réfugiait souvent dans une solitude farouche. Par ailleurs, depuis son plus jeune âge, elle souffrait de maux de tête parfois intolérables qui la faisaient se rouler par terre. Était-ce de l'épilepsie ? Il semble plutôt qu'Elizabeth était en proie à des crises d'hystérie qu'il serait tentant d'assimiler à des crises de possession démoniaque. 

Mais cette hystérie explique en partie sa déviance sexuelle : sa sensualité était exacerbée, mais morbide, et si elle ne refusa pas les contacts masculins, elle évolua toute sa vie dans des retraites peuplées uniquement de femmes ; elle ne sacrifia jamais un seul homme à ses débauches, mais uniquement des femmes, et elle était incontestablement homosexuelle. On prétend même que c'est sa tante Klara Bathory, qu'elle fréquentait assidûment, qui l'avait initiée au culte de Sapho. 
Il faut dire que l'homosexualité était à la mode, en cette fin de XvIe siècle : à Paris, la cour des Valois donnait un exemple que s'empressaient de suivre les autres cours européennes, orientales autant qu'occidentales, celle de Rome ne faisant pas exception. Et le lesbianisme descendait même dans la rue :en Allemagne et dans tout le Saint-Empire, il y avait encore des héritières de cette étrange secte de triba des flagellantes qui parcouraient, au XlVe siècle, les villes et les villages, se mettant nues en public, se fouettant mutuellement, hurlant des chants et pratiquant des attouchements indécents. Vestiges d'un culte de la Déesse des Origines ? Probablement, mais avec des rituels érotiques sanguinaires. On peut toujours se demander si Elizabeth Bathory, si précocement initiée par sa tante Klara, n'a pas consacré sa vie à cette religion instinctuelle et viscérale tout entière vouée à l'adoration de la Grande Déesse des temps obscurs, celle qu'on a prisé trop hâtivement pour la terrible Hécate lunaire, divinité grecque des carrefours (où rôde également le Diable !), et qui n'est en réalité que l'image du Soleil rouge, divinité ô combien féminine, la fameuse et cruelle Artémis des Scythes, celle qui, dans la tragédie d'Euripide, Iphigénie en Tauride, réclame incessamment le sang des mortels pour nourrir son existence surnaturelle ? Il y a là un bel exemple de vampirisme 1. Mais l'homosexualité d'Elizabeth Bathory n'était pas exclusive. On lui prête plusieurs aventures masculines avant son mariage et après son veuvage. Toute jeune, immédiatement après sa puberté, elle aurait eu une petite fille d'un paysan. Elle avait quatorze ans et elle était déjà fiancée à Férencz Nàdasdy, un comte appartenant à la meilleure noblesse hongroise, redoutable guerrier qui devint illustre et mérita, par la suite, le titre de " Héros noir de la Hongrie ". Mais on sait ce que signifiaient les mariages dans la bonne société d'alors. Il semble que, se trouvant enceinte, elle demanda à Ursula Nàdasdy, mère de son fiancé, laquelle était chargée de sa " protection ", la permission d'aller dire adieu à sa propre mère, Anna Bathory, accompagnée d'une seule femme en qui elle avait toute confiance. On ne dit pas si Anna Bathory approuva le comportement de sa fille, mais elle fit contre mauvaise fortune bon cœur. Craignant le scandale et la rupture du mariage de sa fille, elle aurait amené secrètement Elizabeth dans un de ses châteaux les plus éloignés, du côté de la Transylvanie, laissant courir le bruit que sa fille, atteinte d'une maladie contagieuse, avait besoin de repos et d'isolement absolus. Elle l'aurait alors soignée, aidée d'une femme venue du château familial de Csejthe et d'une accoucheuse qui avait fait le serment de ne rien révéler. Une petite fille serait donc née, à laquelle on aurait donné également le prénom d'Elizabeth, et qui aurait été confiée., Moyennant pension, à la femme de Csejthe qui avait accompagné sa fille. Quant à la sage-femme, elle fut renvoyée de Roumanie avec de quoi vivre largement, mais interdiction de jamais revenir en Hongrie. C'est alors qu'Elizabeth Bathory et sa mère seraient parties directement pour Varanno où devaient êtres célébrés les noces de l'héritière des Bathory avec l'héritier des Nàdasdy.
 
Château de Csejthe
Ces noces eurent lieu le 8 mai 1575. Elizabeth avait quinze ans, et son mari en avait vingt et un. L'empereur Maximilien de Habsbourg assista lui-même au mariage. Le roi Matthias de Hongrie et l'archiduc d'Autriche envoyèrent de somptueux cadeaux aux nouveaux époux qui s'en allèrent passer leur lune de miel dans le château de Csejthe, dans le district de Nyitra, région montagneuse du nord-ouest de la Hongrie, encore célèbre aujourd'hui par la qualité de ses vignobles, mais aussi pour ses châteaux forts en ruines, ses histoires de fantômes et ses traditions vivaces de vampires et de loups-garous. Mais le séjour de Férencz Nàdasdy fut de courte durée. Ses devoirs de combattant l'appelaient à la guerre à travers toute la Hongrie et les pays avoisinants. Il laissa donc sa jeune et belle épouse régner sur le château de Csejthe et sur les vastes domaines qui l'entouraient. Que se passa-t-il donc alors ? Il est probable que la sensualité d'Elizabeth, fortement éveillée par son mari - qui lui fit d'ailleurs deux enfants - se sentit quelque peu frustrée. On lui prêta plusieurs intrigues amoureuses, mais sans lendemain, dont une avec un de ses cousins, le comte Gyorgy Thurzo, futur premier ministre de Hongrie et qui fut d'ailleurs, par la suite, son juge le plus sévère.

Cela ne veut pas dire que les époux ne s'entendaient pas bien : au contraire, leurs retrouvailles étaient toujours de nouvelles lunes de miel. Mais le seul tort du mari était d'être trop souvent absent. Et, un jour de 1586 ou 1587, alors que Férencz Nàdasdy était en plein combat contre les Serbes, on raconte qu'arriva au château de Csejthe (un grand jeune homme au teint cadavérique, dont le nom est resté perdu pour l'histoire. Il était habillé de noir, avait de profonds yeux noirs et de longs cheveux noirs tombant jusqu'aux épaules. Lorsque les servantes de la comtesse racontèrent au village de Csejthe qu'il avait aussi des canines qu'elles jugeaient anormalement longues, plus personne ne douta qu'un vampire s'était installé au château, et les villageois n'allèrent plus se coucher sans avoir soigneusement barricadé leurs portes et leurs fenêtres avec des planches 1 ". Cette histoire s'inscrit très bien dans le décor que suscite le personnage hors pair de la comtesse Bathory, mais elle est plus que suspecte. Toujours est-il qu'Elizabeth s'absenta pendant plusieurs semaines. Était-elle partie avec son " vampire " ? Les villageois murmurèrent, paraît-il, que la comtesse avait été littéralement " vampirisée " par le sombre inconnu. Il est plus vraisemblable de croire que cet homme était une sorte de sorcier, ou de prêtre plein, qui initia Elizabeth à certaines pratiques magiques. Car elle ne faisait pas mystère de ses fréquentations auprès des mages, des sorcières et autres personnages, toujours féminins, qui officiaient dans les forêts, à l'abri des regards indiscrets.

Plus intrigante est la relation entretenue réellement par Elizabeth Bathory avec une mystérieuse inconnue, dont personne ne savait le nom, , et qui venait voir Elizabeth, déguisée en garçon. Une servante avait dit à deux hommes, - ils en témoignèrent au procès -, que, sans le vouloir, elle avait surpris la comtesse seule avec cette inconnue, torturant une jeune fille dont les bras étaient attachés très serrés et si couverts de sang qu'on ne les voyait plus ,. Ce n'était pas une paysanne, mais une femme de qualité qui, sans être masquée, éprouvait le besoin de se travestir, sans doute pour éviter de se faire reconnaître. " Cette visiteuse, pour laquelle on emploie le mot " dame ", était-elle une amie descendue de quelque château des environs pour ces fêtes à deux ? Amie ignorée et intermittente, en tout cas, puisqu'à Csejthe on connaissait à peu près tout le monde appartenant à la contrée. Une étrangère ? Alors, quelles étaient exactement les relations entre elle et Elizabeth ? Leurs sadiques plaisirs étaient-ils les seuls " Il est bien difficile de répondre, d'autant plus que si la comtesse Bathory a commis et fait commettre d'innombrables crimes de sang sur des jeunes filles, on a considérablement brodé sur son action. Et ce ne sont pas les minutes de son procès, pourtant fort précises quant aux témoignages recueillis, qui peuvent donner la solution des véritables motivations d'Elizabeth Bathory.

Cependant, Férencz Nàdasdy mourut soudainement en 1604. Devenue veuve, la comtesse semble n'avoir rien changé à son mode de vie. Les tortures qu'elle infligeait à ses servantes, elle les pratiquait depuis longtemps et son mari le savait parfaitement, considérant celles-ci comme de simples amusements de la part de sa femme. D'ailleurs, dans toutes les maisons nobles de ce temps, il était courant de fouetter les servantes pour un oui ou pour un non. L'état de servage n'existait plus en Hongrie, mais les vieilles habitudes ont du mal à disparaître, surtout quand elles sont acceptées, bon gré, mal gré, par celles qui en sont les victimes. L'un des témoignages du procès est catégorique : à la question de savoir depuis combien de temps la comtesse maltraitait les jeunes filles, un témoin répond : , Elle commença quand son mari était encore en vie, mais alors ne les tuait pas. Le comte le savait et ne s'en souciait guère. " On raconte une curieuse anecdote à ce sujet, non pas sur le début des sévices opérés par Elizabeth, mais sur la naissance de sa fascination pour le sang qui coule. " Un jour qu'elle avait frappé une servante assez violemment pour la faire saigner du nez, parce qu'elle lui avait tiré les cheveux en la peignant, un peu du sang de la jeune fille tomba sur le poignet d'Elizabeth. Un peu plus tard, la comtesse crut remarquer que la peau de l'endroit où était tombé le sang était devenue plus blanche et plus douce que la peau environnante. Intriguée, elle se baigna le visage avec le sang d'une des victimes de ses orgies sadiques. Son visage lui sembla rajeuni et revivifié par le traitement 1. "

Le souci primordial d'Elizabeth Bathory, depuis son plus jeune âge, avait été sa beauté: elle avait une peur atroce de vieillir et de s'enlaidir. Il n'en fallait pas plus pour s'imaginer qu'elle pouvait indéfiniment préserver sa beauté grâce à du sang frais de jeunes filles, de préférence vierges, donc revêtues de cette aura magique que confère la virginité. " Le sang, c'est la vie ! " répétait Renfield au docteur Seward. Mais pour Elizabeth Bathory, la vie, c'était la beauté et la jeunesse. Si l'anecdote est vraie, on comprend mieux ce goût du sang chez elle. Et cela nous ramène inévitablement au vampirisme.

Elizabeth Bathory passait son temps au château de Csejthe, faisant également de fréquents séjours à Presbourg et surtout dans la demeure qu'elle avait acquise à Vienne, non loin de la cathédrale, demeure qui semble avoir été marquée aussi par de sanglantes orgies. A Csejthe comme ailleurs, Elizabeth était toujours accompagnée de sa nourrice jo Ilona et de sa servante Dorottya Szentes, dite Dorko, deux femmes vieilles, vulgaires, sales, d'une totale immoralité ' et probablement sectatrices d'une de ces mystérieuses cohortes de sorcières avorteuses qui pullulaient encore dans les campagnes de l'Europe centrale. Il semble qu'elles aient été les principales pourvoyeuses de " chair freiche " de la comtesse, en même temps que ses "agents d'exécution " quand il s'agissait de frapper, de saigner, puis d'enterrer les malheureuses victimes. Autour de ce duo infernal, il y avait un homme à tout faire, Ujvari johanes, dit Ficzko, une sorte de nabot disgracieux, et une lavandière, Katalin Beniezky. Elizabeth vivait au milieu de cette troupe entièrement vouée à son service et à la satisfaction de ses instincts les plus bas. Cela constituait pour elle le personnel permanent et indispensable. Mais il y avait aussi le personnel " volant ", de belles jeunes filles dont elle faisait ses servantes, et parfois ses concubines, du moins tant qu'elle y trouvait une certaine nouveauté. Car ces " servantes " disparaissaient les unes après les autres, et il fallait bien que le " personnel permanent " se chargeât de renouveler un cheptel qui devait être toujours jeune et beau. Certes, il y en avait toujours en réserve. On prétend même que la comtesse veillait à ce que ces jeunes filles retenues prisonnières fussent bien nourries et engraissées, car elle croyait que plus elles étaient dodues, plus elles avaient de sang dans les veines, et que plus elles étaient bien portantes, plus la vertu de ce sang était efficace. Plus que jamais, le sang était la vie: Elizabeth Bathory croyait-elle pouvoir échapper au vieillissement et à la mort, et gagner ainsi une éternelle jeunesse ? Il semble qu'il faille prendre très au sérieux cette conviction.

Un autre personnage vint bientôt compléter la sinistre troupe, une certaine Darvulia Anna. On a largement brodé sur cette femme sous prétexte que son nom évoque celui de Dracula. Il n'est pas nécessaire d'en venir là, car il apparaît que Darvulia était une sorcière de la meilleure tradition, une magicienne noire qui connaissait des formules et des incantations sataniques et qui n'hésitait pas, comme le fera plus tard la Voisin, en France, au moment de l'affaire des Poisons, à procéder à des sacrifices humains pour obtenir l'aide des puissances démoniaques. Sans doute Darvulia Anna sut-elle convaincre Elizabeth Bathory, déjà quadragénaire mais toujours très belle, qu'elle connaissait les recettes infaillibles pour prolonger indéfiniment cette beauté. La comtesse ne put plus se passer de Darvulia, et il est établi que la présence de cette ( sorcière" ne fit qu'augmenter la fréquence des (, sacrifices " qu'Elizabeth offrait à la mystérieuse divinité assoiffée de sang qu'elle n'avait jamais cessé d'adorer depuis sa plus tendre enfance. Les plus belles filles de Transylvanie et de Hongrie, lorsqu'elles étaient repérées par les émissaires de la comtesse, prenaient le chemin du château de Csejthe. Tous les moyens étaient bons : menaces, intimidation, promesses d'argent, achat pur et simple dans certaines familles pauvres. Mais la plupart d'entre elles ne ressortaient jamais plus de la sinistre forteresse.

On a probablement fort exagéré les récits concernant les supplices infligés à ces innocentes jeunes filles par la comtesse Bathory et ses âmes damnées. Mais il en est de suffisamment établis pour se faire une idée de l'atmosphère malsaine et macabre qui régnait dans les souterrains du château de Csejthe. Les filles étaient frappées avec violence. Certaines avaient le cou percé selon la plus pure tradition vampirique. D'autres étaient liées avec des cordes qu'on tordait ensuite afin qu'elles puissent s'enfoncer dans les chairs, ce qui permettait de leur ouvrir les veines et de faire jaillir le sang sur la comtesse. On prétend même' qu'on remplissait parfois des baignoires de sang et qu'Elizabeth s'y baignait avec ravissement. Mais comme sa peau délicate ne supportait pas d'être essuyée avec des serviettes, ce sont d'autres filles qui devaient la débarrasser du sang en lui léchant tout le corps avec leurs langues. Celles qui, ne supportant pas une telle horreur, s'évanouissaient, étaient ensuite sévèrement châtiées avant de servir de victimes à leur tour. On imagine aisément le contexte érotique de ces rituels. Selon certaines sources, toujours quelque peu discutables, certaines de ces jeunes filles finissaient leur vie dans le lit même de la comtesse. Elizabeth faisait venir les filles qui lui plaisaient le mieux et s'abîmait avec elles des nuits entières dans des embrassements - et des embrasements - homosexuels, avant de les mordre cruellement, parfois jusqu'à la mort. On comprend que de telles relations aient pu intéresser au plus haut point un spécialiste de l'érotisme dans la souffrance comme l'a été Georges Bataille, et aussi inspirer un certain nombre de films plus ou moins érotiques, mais parfaitement sadiques.

Il y a aussi la fameuse "Vierge de Fer". Est-ce une légende ? Actuellement, cet automate monstrueux peut encore être vu au château de Riegersburg, en Styrie. Est-ce celui dont, paraît-il, se servait la comtesse Bathory? Il s'agissait d'une statue de bois articulée, avec des mécanismes de fer, en forme de femme. Image de la déesse cruelle qu'adorait Elizabeth ? Peut-être. Ce qu'il y avait de terrible dans cet automate, c'était les pointes acérées qui pouvaient transpercer les corps qu'on soumettait à l'étreinte de la " Vierge ,. Car il est possible que des filles aient été ainsi livrées à la Vierge de Fer: les bras de celle-ci se refermaient sur le jeune corps et le pressaient de plus en plus contre les pointes acérées, permettant au sang de couler en abondance, sous les yeux d'Elizabeth et de celles qui partageaient obligatoirement ses infernales jouissances. La comtesse Bathory eût certainement été très à l'aise dans l'élaboration d'un Musée des Tortures. Et même si cette histoire de Vierge de Fer est une légende racontée après coup, l'anecdote reste néanmoins significative: toute la vie d'Elizabeth était imprégnée de sang, parce que le sang, c'est la vie.

Cependant, même si l'on est un personnage considérable, même si l'on est apparenté aux plus nobles familles de Hongrie, de Roumanie et du Saint-Empire, même si l'on prend des précautions pour éviter que les langues se délient, de telles manoeuvres ne passent pas inaperçues. On n'empêche pas certaines personnes de murmurer. On n'empêche pas les allusions, et ces allusions se colportent de village en village. Trop, c'est trop... Des rumeurs incroyables parvinrent jusqu'à la cour de Vienne, et les autorités ecclésiastiques, sentant qu'il y avait sans doute des pratiques relevant de l'hérésie ou du paganisme, commencèrent à se livrer à de discrètes enquêtes. Mais comment faire pour savoir la vérité, alors qu'en principe, la belle comtesse Bathory était insoupçonnable et " intouchable " ?

Évidemment, personne n'osait porter officiellement plainte, pas même les parents des jeunes filles disparues qui craignaient trop les représailles, y compris celles de forces diaboliques qu'on disait être au service de la comtesse. Les Bathory et les Nàdasdy étaient bien trop puissants... Mais cela n'empêcha nullement le roi Matthias de Hongrie de prendre l'affaire en main. Convaincu, par certains témoignages, que l'héritière des Bathory était coupable de crimes de sang, il ordonna une enquête qu'il confia au gouverneur de la province, lui-même cousin d'Elizabeth. Le gouverneur se rendit secrètement à Csejthe et s'informa auprès de certaines personnes de confiance, en particulier le curé qui, sans avoir l'intention de le publier de son vivant, avait rédigé un long mémoire dans lequel il signalait quantités de faits pour le moins troublants. L'envoyé du roi Matthias fut très vite édifié, et, lorsqu'il eut fait son rapport, la décision du roi fut implacable: arrêter la comtesse Bathory et tous ses complices. Et cette tâche, il la confia à un autre cousin d'Elizabeth, et qui avait été un temps son amant, son premier ministre, le comte Gyorgy Thurzo.

Le 29 décembre 1610, à la tête d'une troupe armée et accompagné du curé de Csejthe - à qui il arriva d'ailleurs une curieuse aventure à cause d'un groupe de chats ! - et en présence des deux gendres d'Elizabeth Bathory, le comte Thurzo pénétra dans le grand château. La garnison n'opposa aucune résistance et les grandes portes étaient même entrouvertes. Tous purent donc pénétrer à l'intérieur sans aucune difficulté : " Ils allèrent à travers le château, et, accompagnés de gens munis de torches connaissant les entrées des escaliers les plus secrets, descendirent au souterrain des crimes, d'où montait une odeur de cadavre, et pénétrèrent dans la salle de tortures aux murs éclaboussés de sang. Là se trouvaient encore les rouages de la , Vierge de Fer ", des cages et des instruments, auprès des brasiers éteints. Ils trouvèrent du sang desséché au fond de grands pots et d'une sorte de cuve ; ils virent les cellules où l'on emprisonnait les filles, de basses et étroites chambres de pierre; un trou profond par où l'on faisait disparaître les gens; les deux branches du souterrain, l'une conduisant vers le village et débouchant dans les caves du petit château, l'autre allant se perdre dans les collines... Enfin, un escalier montant dans les salles supérieures. Et c'est là, étendue près de la porte, que Thurzo vit une grande fille nue, morte; celle qui avait été une si belle créature n'était plus qu'une immense plaie. A la lumière de la torche, on pouvait voir les traces laissées par les instruments de torture: la chair déchiquetée, les seins tailladés, les cheveux arrachés par poignées; aux jambes et aux bras, par endroits, il ne restait plus de chair sur les os 1. " Plus loin, toujours dans le souterrain, Thurzo et ses hommes découvrirent plusieurs douzaines de jeunes filles, d'adolescentes et de jeunes femmes. Certaines étaient affaiblies, presque complètement vidées de leur sang; d'autres, dans un état d'hébétude totale, étaient encore intactes : c'était le bétail réservé aux prochaines orgies. Par la suite, on exhuma une cinquantaine de cadavres de jeunes filles dans les cours et les dépendances du château.

Elizabeth Bathory ne se trouvait pas dans le château. Il est vraisemblable de penser qu'après une nuit d'orgie rituelle, elle s'était retranchée dans son repaire constitué par le petit château, son domaine réservé où peu de gens avaient le droit de s'introduire. Lorsque le comte Thurzo se présenta devant elle, elle ne songea pas un seul instant à nier l'évidence. Aux accusations que lui porta légalement son cousin et ex-amant, elle répondit que tout cela relevait de son droit de femme noble, et qu'elle n'avait de comptes à rendre à personne. Sans se laisser impressionner, Thurzo la fit mettre sous surveillance, et la comtesse s'enferma dans un mutisme hautain dont elle ne se départit jamais plus.

Mais la procédure de la justice était en marche et plus rien ne pouvait l'arrêter désormais. Le roi Matthias était décidé à aller jusqu'au bout, Gyorgy Thurzo et les membres des familles Bathory et Nàdasdy également, même s'ils craignaient de supporter les conséquences d'un étalage public des turpitudes de la comtesse. En fait, chacun se trouvait embarrassé, car tout cela éclaboussait la plus haute société austro-hongroise de l'époque. Matthias de Hongrie était le plus acharné à vouloir justice, le comte Thurzo le plus réservé, et aussi le plus calme. Il devait y avoir procès : il aurait lieu, mais on prendrait soin de n'y point faire paraître la principale inculpée, ce qui était une façon élégante de ne pas mouiller certains membres de l'aristocratie qui avaient, sans nul doute, d'une façon ou d'une autre, été complices de la meurtrière. Il fallait des accusés pour en faire des coupables. On se rabattit sur l'entourage immédiat d'Elizabeth. On savait que ceux-là, qui appartenaient aux classes les plus obscures de la société, n'étaient pas dangereux et que leur condamnation servirait d'exutoire.

On a retrouvé le procès-verbal des interrogatoires qui furent menés pendant l'instruction. On est en droit de se demander si ces dépositions ont été acquises au moyen de la torture, méthode pratiquée couramment à l'époque, et c'est pourquoi il convient de les prendre avec toutes les réserves qui s'imposent. Mais ces dépositions ne sont nullement en contradiction avec d'autres témoignages, et avec les bruits qui circulaient depuis fort longtemps sur les atrocités qui se commettaient aussi bien à Vienne qu'à Csejthe à la demande formelle de la comtesse Bathory. Et même s'il faut faire la part de l'exagération et du lavage de cerveau qu'ont subi les témoins, les récits sont hallucinants. Il y a là un accent de vérité qui ne trompe pas: ces témoins, participants actifs des turpitudes d'Elizabeth, donc motivés par une foi énigmatique d'origine païenne et ancestrale, sont parfaitement conscients de ce qu'ils racontent, et d'ailleurs, ils ne manifestent jamais le moindre remords, le moindre sentiment de culpabilité quant à ce qui leur est reproché. A les entendre, tout ce qui s'est passé au château de Csejthe est parfaitement naturel et ne souffre pas d'être discuté. Qu'on en juge sur pièces .

Ainsi, le premier témoin, Ficzko, après avoir avoue avoir tué trente-sept jeunes filles et participé à leur inhumation, est amené à parler de l'origine des victimes et du sort qui leur était réservé : (, Dorko et une autre allèrent en chercher. Elles leur dirent de les suivre dans une bonne place de service. Pour une de ces dernières, venant d'un village, il fallut un mois pour la faire arriver et on la tua tout de suite. Surtout des femmes de différents villages s'entendaient pour fournir des jeunes filles 2. Même une fille de l'une d'elles fut tuée; alors la mère refusa d'en amener d'autres. Moi-même, je suis allé six fois en chercher avec Dorko. Il y avait une femme spéciale qui ne tuait pas, mais qui enterrait... Une femme, Szabo, a amené des filles, et aussi sa propre fille, quoique sachant qu'elle serait tuée. jo Ilona aussi en a fait venir beaucoup. Kata n'a rien amené, mais elle a enterré toutes les filles que Dorko assassinait. " On voit ainsi que la comtesse sanglante avait constitué une véritable meute pour rabattre, par tous les moyens, les filles dont elle avait besoin pour assouvir ses passions, ou plutôt pour procéder à ces étranges sacrifices.

Où cela devient presque insupportable, c'est lorsque les témoins donnent des détails sur les supplices. C'est toujours Ficzko qui parle: " Elles (les complices d'Elizabeth) attachaient les mains et les bras très serrés avec du fil de Vienne, et les battaient à mort, jusqu'à ce que tout leur corps fût noir comme du charbon et que leur peau se déchirât. L'une supporta plus de deux cents coups avant de mourir. Dorko leur coupait les doigts un à un avec des cisailles, et ensuite leur piquait les veines avec des ciseaux... jo Ilona apportait le feu, faisait rougir les tisonniers, les appliquait sur la bouche et mettait le fer dedans. Quand les couturières faisaient mal leur travail, elles étaient menées pour cela dans la salle de torture. Un jour, la maîtresse elle-même a mis ses doigts dans la bouche de l'une et a tiré jusqu'à ce que les coins se fendent. Il y avait aussi une autre femme qui s'appelait Ilona Kochiska, et qui a aussi torturé des filles. La maîtresse les piquait d'épingles un peu partout; elle a assassiné la fille de Sitkey parce qu'elle avait volé une poire... La maîtresse a toujours récompensé les vieilles quand elles avaient bien torturé les filles. Elle-même arrachait la chair avec des pinces, et coupait entre les doigts. Elle les a fait mener sur la neige, nues, et arroser d'eau glacée; elle les a arrosées elle-même et elles en moururent... Dans le coche, quand la maîtresse voyageait, elles étaient pincées et piquées d'épingles. "

Le témoignage de la nourrice, jo Ilona, n'est pas moins édifiant: ", Elle battait les filles cruellement et Darvulia mettait les jeunes servantes dans l'eau froide et les laissait toute la nuit. La comtesse elle-même déposait dans leur main une clef ou une pièce d'argent rougie au feu. A Sravar, Elizabeth a, devant son mari Férencz Nàdasdy, dévêtu une petite parente de son mari, l'a enduite de miel et laissée un jour et une nuit dans le jardin pour que les insectes et les fourmis la piquent. Elle, jo Ilona, était chargée de mettre entre les jambes des jeunes filles du papier huilé et de l'allumer... Dorko coupait avec des ciseaux les veines des bras ; il y avait tant de sang qu'il fallait jeter de la cendre autour du lit de la comtesse, et celle-ci devait changer de robe et de manches. Dorko incisait aussi les plaies boursouflées et Elizabeth arrachait avec des pinces la chair du corps des filles... C'est de Darvulia qu'Elizabeth apprit les plus graves cruautés ; elles étaient très intimes. jo Ilona savait, et avait même vu, qu'Elizabeth a brûlé le sexe de certaines filles avec la flamme d'un cierge. " Tout cela est corroboré par Dorko : (, La comtesse torturait les filles avec des cuillères rougies au feu, et leur repassait la plante des pieds avec un fer rouge. Leur arrachait la chair aux endroits les plus sensibles des seins et d'ailleurs avec de petites pinces d'argent. Les mordait en les faisant amener au bord de son lit quand elle était malade. En une seule semaine, cinq filles étaient mortes. "

Le reste est à l'avenant et nous prouve que le marquis de Sade, dans son délire somme toute parfaitement inoffensif, n'a rien inventé. Car ces témoignages, quelles que soient les réserves qu'on peut émettre à leur propos, sont terriblement accablants. Et, sans trop risquer de se tromper, il faut bien se résoudre à accepter comme un minimum absolu le chiffre ahurissant de six cents jeunes filles sacrifiées par la comtesse Elizabeth Bathory et ses complices. La comtesse fut évidemment reconnue coupable par les juges qui se penchaient sur son cas. Mais la question se posait quant à la peine qu'elle devait encourir. On sait que le roi Matthias était résolu à condamner la comtesse à mort, quels que fussent ses liens avec l'illustre famille des Bathory. Mais la famille Bathory, et le comte Gyorgy Thurzo le premier, n'avaient aucune envie de salir leur nom en faisant procéder à l'exécution publique d'une des plus grandes dames de l'Empire. Il y eut des négociations, des compromis. On se dit qu'il valait mieux faire passer Elizabeth pour folle que pour une criminelle. Le verdict tomba: les principaux complices, Jo Ilona, Ficzko, Dorko et Katalin Beniezky furent condamnés à la décapitation et rapidement exécutés. Quant à la comtesse de sang royal Elizabeth Bathory, elle fut condamnée à être murée vive dans ses appartements privés du petit château de Csejthe. Sous la surveillance des juges et du comte Thurzo, des maçons murèrent donc les fenêtres et les portes de ses appartements, ne laissant qu'une petite ouverture par laquelle on passerait tous les jours de l'eau et de la nourriture. Elizabeth Bathory se laissa enfermer sans prononcer une parole. Elle vécut quatre ans dans la solitude et l'obscurité. Aux dires de ceux qui la virent dans son dernier sommeil, en dépit de son âge - très avancé pour l'époque - de cinquante-quatre ans, sa beauté était inaltérée. Et l'on retrouva, dans ses appartements, de nombreux grimoires, et surtout des invocations sataniques dans lesquelles elle conjurait le Diable de faire mourir ses ennemis, le comte Thurzo en tête, et de leur envoyer des démons sous forme de chats noirs. C'est ce qui était arrivé au curé de Csejthe Igrsqu'il avait accompagné les justiciers dans les souterrains du château. Coïncidence? Il est bien certain que la magie, et une magie des plus noires et des plus sinistres, est la seule explication plausible de l'invraisemblable comportement de la comtesse Elizabeth Bathory.

En fait., bien des questions se posent. Dans son invocation, faite la veille de son arrestation, Elizabeth Bathory implorait l'aide des puissances maléfiques, demandant particulièrement à Satan, qu'elle appelle le Suprême Commandeur des Chats, de lui envoyer quatre-vingt-dix-neuf chats contre ses ennemis. Or, le curé de Csejthe, auteur du mémoire qu'il espérait bien transmettre un jour, était l'un de ses plus ardents ennemis, bien qu'il fût réduit au silence par peur des représailles. D'après le témoignage du prêtre, lors de la perquisition dans le château, il fut assailli par six chats qui le griffèrent et le mordirent avant d'être chassés par les hommes d'armes et de dispar ECitre comme des fantômes. Hallucination ? Superstition ? Rien n'est bien clair dans cette histoire pourtant réelle de la comtesse Bathory.

Était-elle sorcière ? Incontestablement, ou du moins magicienne, prêtresse d'une religion noire et rouge héritée de la nuit des temps. Il serait vain de prétendre qu'elle était folle. Il serait stupide de ne voir en elle qu'une dépravée sexuelle assouvissant ses désirs pervers sous le couvert de ce qu'elle croyait être son impunité. Certes, la composante sexuelle, sadique et lesbienne, ne fait aucun doute dans son comportement. Mais ce n'est pas suffisant pour expliquer de telles horreurs. Et pourquoi n'a-t-elle sacrifié, ou fait sacrifier, à son culte sanguinaire que des femmes, des filles vierges ? Le sang des vierges a donc tant de vertu qu'il puisse procurer à ceux qui savent en profiter l'immortalité dans la beauté et le printemps éternel ?

Ici, la relation entre le personnage d'Elizabeth Bathory, personnage réel, rappelons-le, et le sinistre comte Dracula, personnage romanesque mais surgi d'une longue tradition et intégré dans un ouvrage de fiction initiatique, est absolument nette. Oui, la comtesse Bathory est une femme vampire se régénérant dans le sang des jeunes vierges qu'elle sacrifie en l'honneur d'une mystérieuse et cruelle déesse des anciens jours. Elle mordait ses victimes, nous dit-on. On n'ajoute pas qu'elle buvait leur sang, mais elle s'en inondait, ce qui revient au même. Aurait-elle pu survivre autant d'années, dans toute sa beauté, sans cette thérapeutique " quelque peu spéciale ? 


Elizabeth Bathory a emporté son secret dans la tombe, si tant est qu'elle ait réellement une tombe. Car les vampires, c'est bien connu, ne meurent jamais vraiment. 

Arrestation

Enquête

Entre 1602 et 1604, le pasteur luthérien István Magyari vient se plaindre à la fois publiquement et à la cour de Vienne suite à certaines rumeurs concernant des atrocités commises par Élisabeth Báthory.

Les autorités mettent un certain temps avant de répondre aux plaintes de Magyari. Finalement, en 1610, l'empereur Matthias Ier du Saint-Empire charge György Thurzó, palatin de Hongrie, de l'enquête. En mars 1610, Thurzó demande à deux notaires de rassembler des preuves.

Avant même d’avoir obtenu des résultats, Thurzó commence à négocier avec le fils d’Élisabeth et ses deux beaux-fils. Un procès et une exécution auraient causé un scandale public et jeté la disgrâce sur une famille noble et influente qui, à l’époque, règne sur la Transylvanie ; la fortune d’Élisabeth – considérable – aurait été saisie par la couronne. Thurzó se résout à assigner la comtesse à résidence.

Accusations

On dénombre plus de 300 témoignages collectés en 1610 et 1611. Les rapports du procès comprennent les témoignages des quatre accusés, ainsi que ceux de treize autres témoins, notamment le « castellan », et le reste du personnel du château de Sárvár.

Ses premières victimes seraient de jeunes paysannes de la région, attirées à Čachtice par des offres de travail bien payé pour être servantes au château. Plus tard, elle aurait commencé à tuer des filles de la petite noblesse, envoyées chez elle par leurs parents pour y apprendre l’étiquette. Des rapts semblent aussi avoir été pratiqués.

Les descriptions de tortures mises en évidence durant le procès sont souvent basées sur l'ouï-dire. Parmi les atrocités décrites (et probables), on cite notamment :

  • de longs passages à tabac, entraînant souvent la mort ;
  • des brûlures et autres mutilations des mains, parfois aussi sur le visage et les parties génitales ;
  • des morsures atteignant des parties de peau du visage, des bras et du corps ;
  • une exposition au froid entraînant la mort ;
  • une mise à mort par dénutrition.

L’utilisation d’aiguilles sera aussi mentionnée au procès par les collaborateurs. Certains témoins mentionnent des proches qui seraient morts au château. D’autres rapportent des traces de torture sur des cadavres ; certains étaient enterrés au cimetière, d’autres dans des lieux divers.

Selon les confessions des accusés, Élisabeth Báthory aurait torturé et tué ses victimes non seulement à Čachtice, mais également dans ses propriétés à Bécko, Sárvár,DeutschkreutzBratislavaVienne et, même, sur le chemin entre ces différents lieux.

En plus des accusés, plusieurs personnes sont mentionnées comme ayant fourni des jeunes filles à Élisabeth Báthory. Le nom d'Anna Darvulia – dont on ne sait presque rien – est ainsi cité : c'était sans doute une femme des environs, dont on dit qu’elle aurait joué un rôle important dans le déclenchement des agissements sadiques d'Élisabeth Báthory. Elle serait cependant morte avant cette dernière.

Le nombre total de jeunes filles torturées et tuées par Báthory reste inconnu, bien qu’on en mentionne une centaine entre les années 1585 et 1610. Les estimations diffèrent grandement. Szentes et Fickó en rapportent respectivement 36 et 37 au cours de leur période de service. Les accusés estiment le nombre à une cinquantaine ou plus. Le personnel du château de Sárvár évalue le nombre de corps retirés du château à 100, peut-être même 200. Un témoin au tribunal évoquera un carnet, dans lequel un total de 650 victimes aurait été consigné par Báthory elle-même. Ce carnet n’a été mentionné nulle part ailleurs et n’a jamais été découvert ; cependant, ce nombre fait partie de la légende entourant Báthory.

Mais les chefs d'accusation sont parfois pris avec prudence par les historiens Comme le souligne la BBC, « la nature du procès rend toutes les preuves fournies suspectes, car elles ont été extirpées sous la torture ou des menaces de torture. ». Point que souligne également l'historien Miklós Molnàr, spécialiste de la Hongrie. Il n'est donc pas exclu que les témoins aient inventé ou exagéré des faits dans le seul but de mettre fin à leur supplice. Par ailleurs, Molnar souligne aussi que la comtesse n'a pas eu la possibilité de se défendre contre ces accusations. Mais il précise toutefois : « Il est possible qu'elle ait commis ces crimes, rien n'est exclu, mais rien n'est prouvé. »

Certaines légendes populaires véhiculent aussi l'idée selon laquelle la comtesse se serait baignée dans le sang de ses victimes pensant que cela lui permettrait de conserver sa jeunesse. Mais comme le notent les historiens comme Radu Florescu, Raymond Mcnally et Molnàr, « cette accusation est absente des procès-verbaux et des correspondances » et n'est soutenue par aucune preuve, ni aucun témoin.

En 1984, l'historien hongrois László Nagy avanca une théorie selon laquelle Élisabeth Báthory n'aurait pas commis ces crimes et aurait été victime d’une conspiration. Cette théorie a été cependant rejetée par György Pollák en 1986. Néanmoins, en 1997, le Mourre, dictionnaire encyclopédique de référence en histoire, mentionne la thèse de László Nagy et la considère comme possible :

« Il est possible que les horrifiques chefs d'accusations aient été inventés par certains membres de la famille pour soustraire Erzsébet à l'accusation suprême de haute trahison, car elle voulait contribuer avec ses gens d'armes et avec sa fortune personnelle à la lutte de son cousin Gabriel Báthory, prince de Transylvanie, contre les Habsbourg. Pour dissimuler l'action politique de la comtesse et pour éviter ainsi que la famille ne fut compromise, son mari a préféré qu'elle fut accusée de crimes de droit commun. »

Procès

Thurzó se rend à Čachtice le 29 septembre 1610, et fait arrêter Élisabeth Báthory, ainsi que quatre de ses serviteurs, accusés d’être ses complices. On dit que les hommes de Thurzó auraient trouvé le corps d’une fille morte et celui d'une mourante. Une autre femme est trouvée blessée, d’autres enfermées.

Tandis que la comtesse est assignée à résidence – et elle le restera jusqu'à sa mort –, ses complices sont poursuivis. Un procès, préparé à la hâte, se tient le 7 janvier 1611 à Bytča, présidé par le juge de la Cour royale suprême, Theodosious Syrmiensis de Szuló, et vingt juges associés. Élisabeth elle-même ne comparaît pas au procès.

Les accusés au procès sont :

  • Dorottya Szentes, désignée aussi sous le nom de Dorkó,
  • Ilona Jó,
  • Katalin Benická,
  • Le nain János Újváry, Ibis ou Ficzkó.

Dorkó, Ilona et Ficzkó sont reconnus coupables et exécutés. Dorkó et Ilona ont les doigts arrachés, avant d’être jetées au feu, tandis que Ficzkó, dont la culpabilité est jugée moindre en raison de son jeune âge, est décapité avant d’être jeté aux flammes. Un échafaud public est érigé près du château pour montrer que justice a été rendue. Katalin Benická est condamnée à une sentence de prison à vie, car elle a agi uniquement sous la contrainte et l’intimidation des autres, comme en attestent les témoignages.

Dernières années et mort

Élisabeth, jamais poursuivie au tribunal, reste assignée à résidence dans une seule pièce de son château et ce, jusqu’à sa mort.

Le roi Matthias Ier du Saint-Empire incite Thurzó à la traîner en justice. Deux notaires sont envoyés pour collecter de nouveaux témoignages20. Cependant, les lettres échangées entre l’Empereur et le Palatin, entre 1611 et 1613, laissent penser que Thurzó n’était pas enclin à attaquer la comtesse.

Le 21 août 1614, Élisabeth Báthory meurt dans son château. Elle est enterrée à l’église de Čachtice.

Elle avait rédigé un testament quelque temps auparavant, léguant deux de ses châteaux à sa fille Katharina, mais Pal étant l'unique héritier mâle, c'est à lui que reviendront tous les biens d'Élisabeth.

Ascendance

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
16. Étienne Báthory de Ecsed
 
 
 
 
 
 
 
 
8. André Báthory de Ecsed
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
17. Barbara Buthkay
 
 
 
 
 
 
 
 
4. André Báthory de Ecsed
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
18. Nicolas Drágfy de Béltek
 
 
 
 
 
 
 
 
9. Juliana Drágfy de Béltek
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
19. Eufémia Jakcs de Kusaly
 
 
 
 
 
 
 
 
2. Georges Báthory de Ecsed
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
20. Jean Rozgonyi de Rozgony
 
 
 
 
 
 
 
 
10. Étienne Rozgonyi de Rozgony
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
21. Marguerite Modrár
 
 
 
 
 
 
 
 
5. Catherine Rozgonyi de Rozgony
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
22. Nicolas Héderváry de Hédervár
 
 
 
 
 
 
 
 
11. Catherine Héderváry de Hédervár
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
23. Ursula Henning
 
 
 
 
 
 
 
 
1. Élisabeth Báthory de Ecsed
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
24. Étienne Báthory de Somlyó
 
 
 
 
 
 
 
 
12. Nicolas Báthory de Somlyó
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
25. Dorothée Várday de Kisvárda
 
 
 
 
 
 
 
 
6. Étienne Báthory de Somlyó
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
26. Jean Bánffy de Losonc
 
 
 
 
 
 
 
 
13. Sophie Bánffy de Losonc
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
27. Marguerite Malacz
 
 
 
 
 
 
 
 
3. Anne Báthory de Somlyó
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
28. Jean Telegdy de Kincstartó
 
 
 
 
 
 
 
 
14. Étienne Telegdy de Kincstartó
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
29. Isabelle Báthory de Ecsed
 
 
 
 
 
 
 
 
7. Catherine Telegdy de Kincstartó
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
30. Georges Bebek de Pelsőcz
 
 
 
 
 
 
 
 
15. Marguerite Bebek de Pelsőcz
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
31. Françoise Héderváry de Hédervár
 
 
 
 
 
 
 

Folklore et culture populaire

Élisabeth Báthory inspirera de nombreuses légendes au cours des xviiie et xixe siècles. Comme on l'a dit, le motif le plus récurrent dans les récits la concernant est celui qui la représente se baignant dans le sang de ses victimes, afin de garder beauté et jeunesse. Cette légende est apparue pour la première fois en 1729 sous la plume de László Turóczi, un jésuite érudit, dans le livre Tragica historia, le premier écrit consacré à Báthory. Des historiens modernes comme Radu Florescu et Raymond T. McNally en ont conclu que les théories présentant la vanité comme motif des meurtres d’Élisabeth provenaient essentiellement de stéréotypes liés au rôle social des femmes à l’époque. On ne pouvait pas envisager que les femmes soient capables de violence gratuite.

Au début du xixe siècle, la thèse de la vanité fut remise en question et le plaisir sadique fut considéré comme un motif plus plausible de ses crimes. En 1817, les rapports de témoignages, retrouvés en 1765, sont publiés pour la première fois prouvant que les histoires de bain de sang n’étaient que légende. Néanmoins, la légende a persisté dans l’imaginaire populaire, au point que certains motifs sont souvent pris pour des faits historiques. Certaines versions de l’histoire visaient clairement à véhiculer une morale dénonçant la vanité féminine, tandis que d’autres visaient à distraire et faire frissonner par le caractère sensationnaliste et macabre. Les croyances autour de la comtesse constituent, de nos jours, des sources d'inspirations importantes dans la culture populaire en musique, dans les films, les livres, les jeux et les jouets. Elle inspirera également de nombreux personnages fictifs d'après l'image macabre façonnée par les légendes.

 

19 mai 2013

la loge de thulé ou les délires du 3e reich.....

thule_logo

 

La Société Thulé ou l'ordre de Thulé (en allemand Thule-Gesellschaft) a été une société secrète allemande de Munich, qui à l'origine était un groupe d'études ethnologiques s'intéressant tout spécialement à l'Antiquité germanique et au pangermanisme aryen. Ses mythes racistes et occultistes inspirèrent le mysticisme nazi et l'idéologie nazie.

 

Historique

Origines

Elle tire son nom de Thulé, partie la plus septentrionale d'Europe et lieu mythique pour les anciens Grecs et Romains. Le nom de Thulé figure notamment dans l'Énéide du poète romain Virgile, et il est généralement admis que l'Ultima Thulé des anciens Grecs désignait les terres les plus au nord et tout particulièrement la Scandinavie. Certains membres de ce groupe pensaient que Thulé était ce qui subsistait d'un continent aujourd'hui disparu, appelé Hyperborée, et que ce continent était le berceau de la race aryenne. « Ultima Thulé » aurait été la capitale du premier continent colonisé par les Aryens.

Au départ, Thulé était une société de recherches ethnographiques. Sous la direction du professeur Félix Niedner, elle édita, à partir de 1912, une compilation en vingt-quatre volumes, Altnordische Dichtung und Prosa (en français Prose et poésie de l'Antiquité nordique). La guerre de 1914-18 dispersa ses collaborateurs. Un grand nombre en furent victimes. La paix revenue, le groupe se reforma, mais prit une orientation nouvelle sous l'influence de l'écrivain et professeur d'histoire Paul Rohrbach, qui a publié de nombreux ouvrages relatifs à l'Asie et au pangermanisme. Ce fut aussi Paul Rohrbach qui introduisit le Dr Karl Haushofer dans le groupe Thulé et qui finalement lui en confia la direction. Un autre membre influent fut Dietrich Eckart, lequel y introduisit le théoricien nazi Alfred Rosenberg. Jusque-là le groupe Thulé n'était qu'une sorte d'académie dilettante, légèrement snob.

La Société Thulé, elle, a été créée par le faux baron Rudolf von Sebottendorf le 17 août 1918. Diffusée à Munich, l'idéologie de cette société prônait l'antisémitisme1, l'antirépublicanisme, le paganisme et le racisme. Son symbole, la croix de Wotan, divinité pré-germanique, n'est pas sans rappeler la croix gammée. Le salut de Thulé « Heil und Sieg » (Salut et victoire) fut repris par Hitler qui le transforma en « Sieg Heil ». Ce salut, en liaison avec le bras levé, était un rituel magique utilisé pour la formation de voltes. Himmler y a largement puisé son fantasme d'une société allemande blonde aux yeux bleus, à l'image des anciens héros germaniques. Chef des SS, il participa aussi bien à la solution finale qu'à une autre opération moins connue, celle du « Lebensborn ». Il s'agissait d'un lieu où les femmes allemandes au physique conforme aux idéaux du nazisme pouvaient « rencontrer » des soldats SS.

Des liens ont été imaginés avec l'hypothétique Société du Vril.

Vers 1923, Rudolf Hess, revenu à Munich, devient l'un des animateurs de l'Ordre de Thulé, dont Hermann Göring est l'un des membres les plus célèbres. L'étrange voyage de Hess, considéré alors comme le dauphin de Hitler, vers le Royaume-Uni en 1941, expédition par laquelle il voulait négocier une paix séparée et qui a abouti à son incarcération, aurait selon certains un rapport avec son appartenance à la Société Thulé et aux desseins de cette organisation à ce moment de la guerre.

Évolution et fin

Avec la croissance du NSDAP, le déclin de la société Thulé s'explique très bien vers 1937. Sebottendorf se serait suicidé en se jetant dans le Bosphore en 1945. Une résurgence de La Société Thulé apparut discrètement au Chili parmi les réfugiés nazi qui avaient pris la "Route des Rats", un réseau préparé de longue date pour faire s'évader les criminels du Reich.

Idéologie

L'idéologie de l'Ordre était fondée sur la croyance en l'existence de surhommes et d'une race humaine supérieure : les Aryens qui auraient vu le jour dans l'hypothétique Hyperborée. L'un de ses textes de référence est les Protocoles des Sages de Sion. Ce texte fut repris par Adolf Hitler comme pièce maîtresse de la propagande antisémite du Troisième Reich et par Alfred Rosenberg dans son ouvrage Le Mythe du XXe siècle.

L'idéologie professée par la société Thulé s'inspire d'un corpus d'éléments ésotériques et mystiques puisés dans l'Ariosophie de Guido von List, chez Jörg Lanz von Liebenfels, un autre faux baron s'appelant simplement Lanz, Rudolf von Sebottendorf, Helena Petrovna Blavatsky, Arthur de Gobineau, et des théories aryano-centristes de certains archéologues allemands.

Selon plusieurs auteurs grecs et latins, il aurait existé dans des temps très reculés un continent situé à l'Extrême-Nord, qu'ils appelaient Hyperborée (Ultima Thulé), lequel aurait été peuplé d'hommes transparents. Ceux-ci, en s'alliant aux autres hommes, auraient donné naissance à des êtres humains de plus en plus opaques, mais leurs descendants auraient néanmoins conservé leurs facultés, supérieures à celles des humains ordinaires.

Un des paradoxes de cette société est que plusieurs membres lisaient le Talmud dans le but de pratiquer l'occultisme et de formuler une théosophie anti-juive, alors que le Talmud est pourtant essentiel à la religion juive.

Liste controversée des membres

Personne ne connaît exactement la liste complète des membres, ce qui a amené certains auteurs à échafauder des théories diverses sur l'adhésion de personnalités à une « section secrète » de la société Thulé notamment au sein de l'élite SS.

Des auteurs comme Werner Gerson dans l'ouvrage cité ci-après, Jacques Bergier dans le Matin des Magiciens, et Trevor Ravenscroft dans la Lance du Destin, rapportent que les membres de Thulé, considéraient Rudolf Steiner et ses disciples comme leurs pires ennemis. Steiner a été Secrétaire général de la section allemande de la Société théosophique, avant la fondation de la Société Thulé. Comme certains membres de la Société Thulé auraient aussi été membres de la Société théosophique, l'amalgame était facile.

René Alleau affirme avoir découvert en Allemagne la liste des membres de la Société Thulé, publiée en 1933 par R. von Sebottendorf, laquelle comprend 226 noms, mais pas celui de Rudolf Steiner. Dans sa liste, von Sebottendorf ne mentionne pas Hitler comme membre de la Société Thulé, mais écrit en 1933, qu'il fut fréquemment « l'hôte de la Thulé ».

Quelques-uns des autres membres cités par divers auteurs sont : Rudolf von Sebottendorf, Adolf Hitler, Jörg Lanz von Liebenfels, Guido von List, Hermann Göring, Heinrich Himmler, Rudolf Hess, Alfred Rosenberg, Julius Streicher, Hans Frank, Bernhard Stempfle, Theo Morell.

La société secrète THULÉ a entraîné Hitler, par des rituels sataniques, pour devenir l’Antéchrist

Cette organisation occulte a influencé toutes les loges maçonniques et les sociétés secrètes allemandes des années 1920
                                                                                                                                                      de George Preda

Dans l’ascension d’Hitler et les événements qui ont précédé la deuxième guerre mondiale, ainsi qu’au cours de celle-ci, les aspects occultes et la magie noire ont joué un rôle très important. Bien que l’histoire officielle ne leur accorde pas trop d’importance, ces éléments occultes ont pleinement contribué au drame auquel la société humaine a été confrontée à la moitié du XX-ème siècle (nous parlons de la deuxième guerre mondiale). Seulement en déchiffrant et en mettant face à face tous les indices de nature occulte nous pouvons vraiment comprendre comment il a été possible que cette conflagration politique ait lieu et quelles sont les forces qui se sont trouvées derrière elle.
 
Ces dernières années ont été publiées de plus en plus d’informations qui donnent le contour du même scénario : l’appartenance d’Hitler à des sociétés secrètes qui pratiquaient la magie noire ont facilité son ascension politique et l’acquisition de certaines capacités charismatiques, qui l’ont aidé à manipuler la population civile et les militaires du troisième Reich. En même temps, ses plans de contrôler le monde ressemblent beaucoup à la politique du „Nouvel Ordre Mondial” et ont certainement été en accord total avec les plans de la franc-maçonnerie mondiale.
 
Des détails inédits viennent configurer le paysage bizarre des préoccupations d’Hitler pour la magie noire et l’occultisme: on parle du fait qu’il a été le possesseur d’un fragment de la lance qui est supposée avoir tué Jésus (la CIA aurait réussi à voler ce fragment même avant la défaite d’Hitler), des magiciens tibétains présents dans son entourage, de l’importance qu’il accordé aux prédictions astrologiques, etc. Le symbole spécifique au nazisme est la variante inversée (donc maléfique) de l’ancien symbole spirituel, profondément bénéfique, de la svastika. Il paraît que les occultistes du siècle passé avaient identifié dans la personne d’Hitler, dès les années ’30, comme l’Antéchrist.
 
Non seulement Hitler, mais aussi tous les personnages importants de l’Allemagne Nazie faisaient partie des sociétés secrètes et des loges maçonniques, ayant une orientation vers le satanisme et la magie noire. Surtout après 1920, l’occultisme et les rituels sataniques, de magie noire ont proliféré dans les milieux politiques allemands. Sur la base de ces informations il a été affirmé que la deuxième guerre mondiale a été une sui generis rituel satanique avec un immense nombre de victimes sacrifiées au bénéfice des forces de l’obscurité et du mal.
 
Certains auteurs mentionnent la division de la société Thulé en deux branches, l’une purement occulte, dite ésotérique, à laquelle appartenait, paraît-il, le célèbre Rudolf Steiner, le fondateur de la doctrine anthroposophique et une branche „exotérique” avec des préoccupations de conspirations politiques.
 
La conspiration orchestrée par l’Ordre Thulé
 
L’influence de l’ordre Thulé sur les événements de l’Allemagne des années 1918-1920 qui ont mené à la formation du Parti Nazi (National Socialiste) et l’élection d’Adolf Hitler comme leader de celui-ci et leader du troisième Reich n’a jamais été exercée ouvertement, la société ne se manifestant pas visiblement sur la scène politique. Tous ses symboles (le poignard et la svastika) se retrouvent pendant la „contre-révolution” de 1919, et son idéologie (la partie qui pouvait être rendue publique) est l’idéologie même du troisième Reich.
 
Après la révolution communiste de Bavière en 1918, la Société Thulé est devenue le centre de la sous culture contre-révolutionnaire. Un réseau d’espionnage a été organisé avec des caches pour les armes. Les enceintes du club Thulé sont devenues le nid de la résistance de la révolution.
 
Le Parti des Ouvriers a été créé par Anton Drexler avec l’accord de la loge Thulé, et Hitler a été au début un simple espion infiltré par les membres Thulé dans ce Parti. Il est bientôt devenu un membre actif et influent. Après quatre mois de l’entrée d’Hitler dans le Parti des Ouvriers, celui-ci change son nom en Parti National-Socialiste des Ouvriers (connu aussi comme le Parti Nazi) et adopte le symbole de la svastika inversée (le symbole de la société Thulé) comme emblème.
 
À partir de 1919 la société Thulé a généré la formation d’un grand nombre de groupements secrets et de loges maçonniques auxquelles appartenaient tous les personnages politiques et militaires importants, sans savoir qu’ils étaient ainsi entrés dans la ligne d’influence contrôlée par l’Ordre Thulé.
 
En novembre 1919, la société fait une de ses quelques déclarations publiques: „Nous allons lutter jusqu’à ce que la svastika triomphe à la fin de cette époque sombre”. Avec d’autres groupements ultranationalistes, Thulé a entraîné des combattants et a accumulé en secret des armes. Non pas par hasard, pendant la contre-révolution qui a fait venir au pouvoir le Parti Nazi, les armes les plus usuelles étaient les poignards avec le signe de la svastika sur le manche (les deux des symboles du groupement Thulé).
 
Le masque spirituel de l’idéologie Thulé
 
Apparemment, la société Thulé croyait dans "la communication avec une hiérarchie des Supra hommes – Les Chefs Secrets du Troisième Ordre". La qualité qui rendait ces êtres des supra hommes était leur spiritualité occulte. Même le nom choisi – Thulé – provient de la dénomination traditionnelle d’un centre spirituel secret où est stockée la spiritualité planétaire et où vivent les grands sages qui veillent sur notre planète. D’autant plus, ils croyaient en la Doctrine Secrète de Mme Blavatsky, dans laquelle elle affirme que certains supra hommes ont survécu à la destruction de l’Atlantide, en gardant le haut niveau de conscience qu’ils possédaient à l’époque. Ces supra hommes étaient les Ariens.
 
Ces deux croyances ont été combinées en une seule par la Société Thulé et Hitler, étant complètement inversées et perverties, et culminant avec le génocide de la Deuxième Guerre Mondiale. Lorsqu’un groupe de gens introduit dans la structure de ses idées dites spirituelles le fait qu’ils sont de façon inhérente supérieurs à un autre groupe de gens, le génocide est inévitable. Trevor Ravenscroft, l’auteur de l’excellent ouvrage “The Spear of Destiny” (La lance du Destin) révèle les pratiques magiques utilisées par cette société secrète, qui prouvent de façon indubitable le fait que là il ne s’agit ni de spiritualité, ni d’idéaux élevés, mais purement et simplement de satanisme et de démence.
 
Le satanisme et la magie noire, la pratique occulte de la société Thulé
 
Les membres de la société secrète Thulé étaient des satanistes qui pratiquaient la magie noire et qui étaient "préoccupés de faire descendre le niveau de conscience – à l’aide des rituels qu’ils réalisaient – au niveau de conscience des intelligences diaboliques, non-humaines, de l’univers, pour obtenir des moyens de communication avec celles-ci." (Ravenscroft, p. 161). Ravenscroft affirme aussi, que "la participation à ces rituels sadiques éveillait chez les participants des visions pénétrantes des Intelligences Maléfiques, qui accordaient à ceux-ci des pouvoirs magiques phénoménaux."
 
À l’intérieur de cette société secrète était pratiquée une forme de Magie Sexuelle qui provenait d’une loge dont le membre était Aleister Crowley. Crowley a été reconnu comme étant le principal adorateur de Satan du 19-ème siècle. "Les origines de cette magie médiévale peuvent être retrouvées chez le franc-maçon Robert Little, le fondateur de la Société des Rosicruciens en 1865.” (Ravenscroft, Spear of Destiny, p. 164-5).
 
„La société Thulé organisait régulièrement des réunions occultes, durant lesquelles ses members communiquaient avec des démons qui leur apparaissaient comme des esprits guide.  Dietrich Eckart, Alfred Rosenberg et Adolf Hitler invoquaient l’Antéchrist pour qu’il se manifeste pendant les réunions médiumniques du Groupe Thulé de Munich." (Ravenscroft, Spear of Destiny, p. 168)
 
Eckart est un autre personnage clef, parce qu’il avait la conviction que son esprit-guide lui avait confié le privilège de préparer “Le Grandiose Avenir”, l’Antéchrist. “Dès le début de leur association, Eckart a cru que Hitler était l’Antéchrist, pour cette raison il n’a manqué aucune connaissance occulte, rituelle ou perversion dans son désir d’„entraîner” Hitler pour ce rôle. Une fois que sa préparation a été complète, Hitler a été „rené”, doté du pouvoir supra personnel et avec le jugement dont il avait besoin pour accomplir le mandat qui lui avait été prédestiné." (p. Ravenscroft, p. 93-4). Hitler dans sa folie, avait comparé sa „renaissance” avec la renaissance de la croyance chrétienne.
 
Pour être plus clair, nous soulignons que “la sacralité rituelle” mentionnée ici et simulée par les membres de Thulé est une “sacralité” satanique. Les rituels sataniques sont en fait des activités néfastes réalisées pour permettre aux énergies démoniaques de se manifester dans les participants. Ces activités consistent à psalmodier de façon blasphématrice des formules de magie noire et d’autres actions de ce genre, toutes planifiées en détail, avec grand soin. Leur effet est dévastateur, à cause des forces démoniaques qui se déversent sur les participants, produisant chez eux des expériences intérieures terribles qui purement et simplement changent leur vie.
 
Ravenscroft interprète les effets de ces rituels sur Hitler: "... les perversions sexuelles ont joué un rôle central dans la vie d’Hitler... les perversions sexuelles monstrueuses ont été le centre de toute son existence, la source de ses pouvoirs médiumniques et de clairvoyance et la motivation qui se trouvaient derrière toute action à travers laquelle il s’est vengé avec sadisme sur l’humanité." (Ibid., p. 171). 
histoire mystique de thulé

La SOCIETE THULE s'occupait de choses matérielles et politiques tandis que la Société Vril avait des occupations qui concernaient surtout l'AU-DELA. Mais elles avaient quand même quelques points communs. Toutes deux étudiaient l'ATLANTIDE, Thulé, l' "Ils des Bienheureux" de GILGAMESH (mythe sumérien du déluge), les rapports originels entre les Germains et les Mésopotamiens ainsi que les anciens sanctuaires comme Stonehenge avec ses pierres dressées.

"
ULTIMA THULE" aurait été la capitale du premier continent colonisé par les ARYENS. Celui-ci s'appelait " HYPERBOREE " et aurait été plus vieux que la Lémurie et l'Atlantide (continents engloutis, habités jadis par de grandes civilisations). En Scandinavie il y a une légende autour de l' "ULTIMA THULE", ce pays merveilleux dans le Grand Nord ou le soleil ne se coucherait jamais et ou vivraient les ancêtres de la race aryenne.

La qualité qui rendait ces êtres des "supra hommes" était leur spiritualité occulte. Même le nom choisi " Thulé " provient de la dénomination traditionnelle d’un centre spirituel secret où est supposée être stockée la spiritualité planétaire et où sont sensés vivre les grands sages qui veillent sur notre planète.Ils croyaient donc également en la Doctrine Secrète de madame
BLAVATSKY, dans laquelle elle affirme que certains supra hommes ont survécu à la destruction de l’ATLANTIDE, en gardant le haut niveau de conscience qu’ils possédaient à l’époque. Ces "supra hommes" étaient les "ARYENS".


 

Le continent HHYPERBOREE aurait été situé dans la mer du Nord et aurait été englouti lors d'une époque glaciaire. On suppose que ses habitants vinrent jadis du système solaire d'Aldébaran qui est l'astre principal dans la constellation du Taureau : ils mesuraient environ quatre mètres, avaient la peau blanche et étaient blonds aux yeux bleus. Ils ne connaissaient pas les guerres et ils étaient végétariens (Hitler aussi, d'ailleurs). D'après les prétendus textes de Thulé, les Hyperboréens étaient très en avance dans leur technoloje et ils se seraient servis des "VRIL-YA", engins volants que nous désignons aujourd'hui du nom d' "OVNIs".

Gràce à l'existence de deux champs magnétiques inversement rotatifs, ces disques volants auraient été capables de lévitation, ils auraient atteint des vitesses énormes et accompli des manoeuvres en vol, performances que nous observons également chez les OVNIs. Ils auraient utilisé la force Vril comme potentiel énergétique, c'est-à-dire comme carburant (Vril = éther, ou prana, chi, force cosmique, Orgon. Mais ce Mot est dérivé aussi du "vri-IL" akkadien qui signifie "semblable à la plus grande divinité" ou "égal à Dieu".) Ils soustrayaient donc de l'énergie gratuite au champ magnétique terrestre.


Lorsque le continent HYPERBOREE commença à s'enfoncer, les habitants se seraient mis à creuser des tunnels gigantesques dans la croûte terrestre avec de grosses machines et ils se seraient établis sous la région de l'Himalaya. Ce royaume souterrain a le nom d' "AGARTHA" ou "AGARTHI", et sa capitale s'appelle "SHAMBALLAH".

Les PERSES appelèrent ce royaume souterrain "
ARIANA" ou "ARIANNE", le pays d'origine des ARYENS. Précisons ici que Karl Haushofer affirma que Thulé était en fait, l'Atlantide et il disait, contrairement à tous les autres chercheurs du Tibet et de I'Inde, que les survivants de Thulé-Arlantide s'étaient partagés en deux groupes, un bon et un méchant. Les bons qui, d'après leur oracle, prirent le nom d'AGARTHI s'installèrent dans la région de l'Himalaya, les méchants qui s'appelaient, d'après Haushofer les Shamballah et qui voulaient réduire les hommes à l'esclavage se dirigèrent vers l'Ouest. Haushofer affirmait qu'un combat durait depuis des d'années entre ceux d'AGARTHIet ceux de SHAMBALLAH, combat que reprit à son compte la Société de Thulé avec le troisième Reich représentant ceux d'AGARTHI contre ceux de SHAMBALLAH, les francs-maçons et les sionistes. C'était probablement aussi la mission de Haushofer.

Le souverain de ce royaume serait "Rigden lyepo", le roi du monde, et son représentant sur Terre serait le dalaï-lama. Haushofer était persuadé que ce royaume souterrain sous l'Himalaya était le lieu d'origine de la race aryenne. Il en aurait soi-disant eu la preuve lors de ses nombreux voyages au Tibet et en lnde.

Le signe distinctif de Thulé aurait été la svastika aux branches tournées vers la gauche. Selon les dires de lamas tibétains et du dalaï-lama en personne, les gens d'Agarthi existent encore aujourd'hui. Le royaume souterrain, qui est bien ancré dans presque tous les enseignements orientaux, se serait répandu au long des millénaires sous toute là surface de la Terre avec des centres immenses sous le Sahara, sous la montagne du Matto Grosso et sous la montagne Santa Catarina au Brésil, sous le Yucatan au Mexique, sous le mont Shasta en Californie, en Angleterre, en Egypte et en Tchécoslovaquie.

Hitler aurait eu particutièrement à coeur de trouver les entrées du royaume souterrain d'
AGARTHA et d'entrer en contact avec les descendants des " hommes-Dieu " aryens d'Aldébaran-Hyperborée. Dans les légendes et les traditions de ce royaume souterrain, on rapporte, entre autres, qu'il y aura sur notre globe une méchante guerre mondiale (la troisième) qui prendra fin à cause de tremblements de terre et d'autres cntastrophes naturelles y compris le renversement des pôles qui entraîneront la mort des deux tiers de l'humanité. Après cette "dernière" guer re, les différentes races de l'intérieur de la Terre se réuniont de nouveau avec les survivants de la surface du globe et introduiront l' "AGE D'OR" millénaire (l'ère du Verseau). Hitler voulait créer un "AGARTHA" ou l' "ARIANA" à la surface de la Terre avec la race des maîtres aryens, et ce lieu devait être l'Allemagne. Durant le Troisième Reich, il y eut deux grandes expéditions des SS dans les Himalayas pour trouver des entrées du royaume souterrain. D'autres expéditions eurent lieu dans les Andes, dans les montagnes du Matto Grosso et de Santa Catarina au Brésil, en Tchécoslovaquie et en Angleterre.

Et puis certains auteurs affirment que les gens de Thulé croyaient qu'indépendamment du système de tunnels et de villes souterraines, la Terre était CREUSE, avec deux grandes entrées, l'une au pôle Nord et l'autre au pôle Sud. On s'en référa aux lois de la nature : "tel le microcosme, tel le macrocosme". Qu'il s'agisse d'une cellule du sang, d'une cellule du corps ou d'un ovule, d'une comète ou d'un atome, ils ont tous un noyau et une cavité entourée d'une enveloppe, la "corona radiata", la vie propre se passe donc à l'intérieur. Les gens de Thulé en avaient conclu que la Terre devait être constituée selon le même principe. Même les druses confirmaient ce fait, car se sont des cavités rocheuses dont la vie propre, c'est-à-dire les minéraux et cristaux, se trouve à l'intérieur.

La Terre devrait, par conséquent, être creuse aussi - ce qui correspondrait, d'ailleurs, aux dires des lamas tibétains et du dalai-lama - et elle devrait avoir un noyau, un soleil central qui confère à son intérieur un climat régulier et une lumière solaire permanente.

La vraie vie de notre planète se passerait à l'intérieur de celle-ci, la race des maîtres vivrait au-dedans et les mutants à la surface. Ce serait la raison qui explique pourquoi nous ne pouvons découvrir aucune vie sur les autres planètes de notre système solaire puisque les habitants y vivraient aussi à l'intérieur. Les entrées principales seraient au pôle Nord et au pôle Sud, pôles traversés par la lumière du soleil central qui crée les "aurores boréales", les prétendues lumières des pôles. La masse solide occuperait plus de volume à l'intérieur de notre planète que la masse des eaux. D'après l'explorateur des pôles Olaf Jansen et d'autres explorateurs, l'eau à l'intérieur serait de l'eau douce, ce qui expliquerait que la glace de l'Arctique et de l'Antarctique n'est pas constituée deau salée mais d'eau douce. Cette thèse sur la constituticon de notre Terre est étayée par les témoignages des explorateurs des pôles Cook, Peary, Amundsen, Nansen, Kane et aussi par l'amiral E. Byrd. Ils eurent tous les mêmes expériences étranges qui ne concordent pas avec les théories "scientifiques" établies :

Tous constataient que le vent s'échauffait au-dessus du 76ème degré de latitude, que les oiseaux volaient au-dessus de la glace en direction du Nord et que des animaux, tels que les renards, se dirigeaient dans la même direction, qu'on trouvait de la neige colorée et grise qui, en fondant, livrait un pollen de fleurs multicolores ou de la cendre volcanique. La question se pose : D'où vient la pollen de fleurs qui se trouve au pôle Nord ? D'où vient la poussière volcanique puisque aucun volcan n'est signalé sur les cartes officielles disponibles ? De plus, il arrivait à certains des chercheurs de se trouver parfois dans une mer d'eau douce, et tous relatent avoir aperçu deux soleils à un certain moment du voyage. En outre, ils trouvèrent des mammouths à la chair encore fraîche et dont l'estomac contenait, parfois, de l'herbe fraîche.

Pour les gens de Thulé, ces mythes sur la TERRE CREUSE étaient, manifestement, assez étoffés pour être pris au sérieux. Une expédition au moins, eut lieu, pendant la Deuxième Guerre mondiale, en Antarctique.

Lorsqu'en 1532 les conquérants espagnols sous la direction de Pizarro arrivèrent en Amérique du Sud, les indigènes les appelèrent les Vicarochas (maîtres blancs). Dans leur légende, il est question d'une race de maîtres géants a la peau blanche qui, des siècles plus tôt, descendaient du ciel avec des "disques volants". Ces derniers avaient régné longtemps sur une partie de leurs villes et avaient ensuite disparu, après avoir promis de revenir. Les indigènes crurent voir le retour des Vicarochas dans les Espagnols à la peau claire et leur remirent donc, au début, leur or. Il se passa la même chose au Tibet et dans d'autres régions des Himalayas lorsque les premiers voyageurs blancs arrivèrent. Les Tibétains les regardaient médusés en leur demandant pourquoi ils venaient d'en bas (du pied des montagnes) puisqu'ils arrivaient d'habitude d'en haut.

L'idéologie des dirigeants allemands du Reich était, en fait, basée sur le thème d' El Shaddaï qui eut pour conséquence la persécution des Juifs, sur la révélation d'Isaïe, sur le savoir des templiers. Ces thèmes étaient sous-jacents dans toutes les actions entreprises, y compris dans le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale...

hitler et thulé

 

ADOLF HITLER était initié à la Franc-Maçonnerie comme un moyen de recueillir davantage d'influence et le pouvoir, mais il n'a obtenu que le second degré et plus rien, il n'y a en fait aucune preuve à l'appui. Franc-Maçonnerie comme aujourd'hui était un ordre de fraternité d'affaires, politiques et autres de haut niveau de connexions. Son initiation a été principalement sous la direction de Maître Eckhart, mais ADOLF HITLER était opposé aux idéaux de la Franc-Maçonnerie humaniste.

Fin octobre 1918, Sebottendorf donna la mission aux frères de loge KARL HARRER et ANTON DREXLER de former un cercle de travailleurs. Celui-ci devint, plus tard, le parti des travailleurs allemands, le DAP (Deutsche Arbeiterpartei). La revue de la Société Thulé était le " Völkischer Beobachler " (l'Observateur du peuple). Il fut directement repris par le NSDAP qui se forma à partir de la DAP. En octobre 1918, le jeune occultiste et ésolériste
ADOLF HITLER (qui s'appelait, en fait, Adolf Schicklgruber; Hitler était le nom de jeune fille de sa mère) rentre dans le DAP, le parti de THULE, et il est remarqué pour ses talents d'orateur.


Trevor Ravenscroft décrit dans "Der Speer des Schicksals" (L'épée du destin) ce qu'a aussi rapposé un ami de jeunesse d'Hitler, WAUFER JOHANNES STEIN qui devint, plus tard, le conseiller du franc-maçon WINSTON CHURCHILL : Hitler, déjà grand adepte du mysticisme à l'âge de 20 ans, essaya d'atteindre des niveaux de conscience élevés à l'aide de drogues. Par l'intermédiaire du libraire PRETZSCHE à Vienne, adepte du mysticisme germanique et de la doctrine de la race des maîtres aryens qui en découlait, Hitler se forgea les bases de sa vision future du monde et avec son aide, il fit usage du "peyolt", drogue hallucinogène pour accéder à l'illumination mystique.


Hitler, déjà dépendant de drogues quand il était jeune homme, prit de forts narcotiques toute sa vie. D'après le journal de bord de son médecin personnel, THEODOR MORELL, Hitler reçut pendant les six ans que dura la guerre des injections de différents calmants, de strychnine, de cocaïne, de dérivés morphiniques et d'autres drogues.

A cette époque-là, Hitler eut aussi connaissance des "
protocoles des sages de sion
", ce qui le renforça dans son aversion pour les juifs. Puis Hitler fut engagé par le DAP, le parti de Thulé, comme orateur électoral et apprit, plus tard, à bien lire et écrire gràce à DIETRICH ECKART, anti-bolchevique et frère de la Société Thulé. Il l'introduisit dans les cercles munichois et berlinois, et Hitler adopta presque en totalité les conceptions de la Société Thulé. En 1924, lorsque Hitler se trouva en prison à Landsberg à la suite du putsch munichois manqué, Haushofer passa plusieurs heures par jour avec lui à lui transmettre ses théories et ses projets. Il lui passa, entre autres, le livre de lord Bulwer-Lytton " THE COMING RACE " (La race à venir).

La description de Bulwer-Lytton d'une race aryenne hautement développée qui vit sous terre est presque identique à celle que nous venons de parler. Dans son livre les vaiseaux en forme de soucoupe jouent un rôle essentiel. Il y eut, de plus, la publication du livre de Ferdinand Ossendowski "Bêtes, hommes et dieux" qui dévoila les légendes d'Agartha et de Shamballah. Hitler était, de fair complètement absorbé par sa recherche du royaume souterrain et par la doctrine de la race aryenne propre aux membres de la Société Thulé.

HAUSHOFER et HESS prirent en charge l'instruction politique d'Hitler. A Landsberg, Hitler écrivit "MEIN KAMPF" en faisant un amalgame des théories de Haushofer, des pensées de Rosenberg et de la propagande politique. Rudolf Hess s'occupait de la formulation exacte et et tapait le texte à la machine. L'influence de
KARL HAUSHOFER désigné comme le "grand magicien du troisième Reich" montre quel rôle jouèrent le mysticisme et l'occultisme dans le Reich. On prêtait à Haushofer le "don de prophétie", c'est la précision de ses prédictions qui lui fit bénéficier d'une ascension fulgurante dans les milieux influents occules de l'époque d'avant-guerre en Allemagne.

Jack Fisherman écrit à ce sujet dans " The Seven Men of Spandau " que
RUDOLF HESS, entre autres, était complètement obnubilé par les idées et les théories de Haushofer. Son voyage étrange en Angleterre le prouve. Haushofer avait en effet, fait un rêve ou "il apercevait Rudolf Hess traversant les couloirs de chateaux anglais et apportait la paix aux deux plus grandes nations nordiques". Et comme Hess était persuadé de la justesse des prophéties de Haushofer, il suivit ce rêve à la lettre.

Les dirigeants du troisième Reich prirent à leur compte, l' "équipement" magique de la Société Thulé. Le salut de Thulé "Heil und Sieg" (Salut et victoire) fut repris par Hitler qui le transforma en " Sieg Heil ". Ce salut, en liaison avec le bras levé, est un rituel magique utilisé pour la formation de voltes. Franz Bardon a décrit en détail les voltes magiques et leurs utilisations. Franz Bardon, appelé aussi Frabato, fut, pour moi, le magicien allemand le plus connu (1909-1958). Hitler lui proposa des postes élevés dans le gouvernement à condition qu'il mette à sa disposition ses talents de magicien pour l'aider à gagner la guerre. En outre, Bardon devait révéler à Hitler les adresses des 98 autres "99èmes loges" répandues sur Terre. Lorsque celui-ci refusa de l'aider, il fut soumis aux pires tortures. (Frabalo, Franz Bardon, p. 173)

Mais les Allemands ne furent pas tes seuls à utiliser les rites magiques à des fins politiques. Le "signe de la victoire" des Anglais, signe avec les doigts écartés, ne fut connu jusqu'en 1940 que par les plus grands des initiés des hauts grades franc-maçonniques. Lorsque WINSTON CLIURCHILL, franc-maçon d'un grade élevé, craignit, en 1940, que l'Angleterre ne soit ensorcelée par le signe magique d'Hitler qui avait, apparemment, du succès (le salut à Hitler), son mentor en magie, le sataniste
ALEISTER CROWLEY, lui conseilla de contrecarrer ce danger par le signe magique des doigts écartés.

Les
SS appelés aussi l' ORDRE NOIR n'était nullement un régiment de police mais un véritable ordre religieux avec une structure hiérarchique. Qui aurait pu penser que ce brutal parti nazi était un ordre sacré ? Une telle affirmation peut paraître ridicule après coup mais ce n'est pas la première fois dans l'histoire qu'un ordre sacré est responsable d'actes d'une atrocité sans nom. Les Jésuites, mais aussi les Dominicains qui dirigeaient l'inquisition au Moyen Age, en sont des exemples éclatants. L'ORDRE NOIR était la manifestation concrète des conceptions ésotériques et occultes de la Société Thulé.

A l'intérieur des
SS se trouvait une autre société secrète, l'élite, le cercle le plus intime des SS, les SS "SOLEIL NOIR". Notre soleil tournerait autour du SOLEIL NOIR un grand soleil central, le SOLEIL PRIMORDIAL qui est représenté, par la croix aux branches isocèles. Cette croix fut dessinée sur les avions et les chars du troisième Reich.

La Société Thulé et ceux qui allaient devenir, plus tard, les SS travaillèrent en étroite collaboration non seulement avec la colonie tibétaine à Berlin, mais aussi avec un ordre de magie noire tibétain. Hitler était en contact permanent avec un moins tibétain aux gants verts qui était désigné comme le "gardien de la clef" et qui aurait su où se trouvait l'entrée de l'Agartha (l'Ariana).

Le 25 avril 1945, les Russes découvrirent les cadavres de six Tibétains disposés en cercle dans une cave berlinoise, au milieu se trouvait celui de l'homme aux gants verts. On aurait dit un suicide collectif. Le 2 mai 1945, après l'entrée des Russes à Berlin, on trouva plus de 1.000 hommes morts qui étaient, sans aucun doute, originaires des régions himalayennes et avaient combattu avec les Allemands. Que diable faisaient donc des Tibétains à des milliers de kilomètres de chez eux dans des uniformes allemands?

D'innombrables jeunes hommes furent formés par le "
SOLEIL NOIR" pendant le troisième Reich, ils étaient consacrés dans le château-fort de Wewelsburg et envoyés au Tibet pour y continuer à survivre et se préparer à affronter le grand combat final de cette fin de siècle.

D'après les dires de Fraftz Bardon, Adolf Hitler était aussi membre d'un' loge "F.O.G.C." (ordre franc-maçonnique de la centurie d'or), connue, en fait, comme la 99ème loge. En ce qui concerne les 99èmes loges, il y en a 99 disséminées dans le monde et chacune est composée de 99 membres. Chaque loge est sous la domination d'un démon et chaque membre a un propre "démon" bien à lui. Le démon aide la personne à acquérir argent et puissance mais, en échange, l'âme de cette personne est tenue de servir ce démon après sa mort. De plus, chaque année, un membre se voit sacrifier au démon de la loge, en vertu de quoi un nouveau membre est admis. Les membres des 99èmes loges sont aussi des dirigeants très influents dans l'économie et la finance et sont plus présents aujourd'hui que jamais. Les loges F.O.G.C., c.-à-d. les 99èmes loges
SATANIQUES.

Franz Bardon confirma qu'Hitler et l'ordre de Thulé ne furent qu'un instrument entre les mains d'un groupe de magiciens noirs tibétains. Seul celui qui sait cela est en mesure de comprendre la phrase d'Hitler lors de son discours du 30 janvier 1945 :
"Ce n'est pas "I'Asie centrale"" qui sortira victorieuse de cette guerre mais l'Europe et à la pointe de celle-ci la nation qui, depuis 1.500 ans, s'est révélée comme la puissance prédominante capable de représenter l'Europe contre l'Est et qui la représentera aussi dans l'avenir :je parle de notre grand Reich allemand, la nation allemande !" (extrait de "Hitler-Reden und Proklamationen 1932-1945" - Discours et proclamations d'Hitler de 1932 à 1945 - de Max Domarus).

Ce qu'est devenu Hitler a suscité beaucoup de mythes. D'après les dires de Franz Bardon et Miquel Serranos (ex-embassadeur chilien en Autriche), Hitler s'est enfui en Amérique du Sud avec l'aide de la 99ème loge. On dit même que le cadavre que l'on trouva et dont la denture a été identifiée comme étant fausse par le dentiste d'Hitler aurait été placé là par la 99ème loge.

Un journal allemand à grand tirage publia le 5 mars 1979 que l'on avait trouvé l'avion privé d'Hitler dans la jungle en Amérique du Sud. Joseph Greiner (auteur de "Das Ende des Hitler-Mythos" - "La fin du mythe Hitler") affirme qu'Hitler a décollé avec son avion le 30 avril 1945 de l'aéroport de Tempelhof à Berlin. Ce qui me semble le plus probable, au cas ou il a survécu, c'est qu'il s'est servi des engins volants développés par la "
SOCIETE VRIL", pour quitter l'Allemagne. Qu'Hitler soit mort ou non à cette époque-là, depuis lors, en tout cas, c'est certain !

Karl Haushofer, après avoir échoué dans sa "mission", a, d'abord, assassiné sa femme le 14 mars 1946 avant de se faire "Hara-kiri" ainsi qu'il l'avait juré aux "
BONNETS JAUNES ". Il y eut aussi une autre société secrète qui annonça la venue d'un Messie aryen, la "SOCIETE EDELWEISS". Hermann Göring, le responsable des finances des nazis, en était membre.

 

délires ou réalité...............a suivre.......

 


 

 

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15 avril 2013

leo taxil........

Les_Mystères_de_la_franc-maçonnerie_dévoilés_par_Léo_Taxil

 

Marie Joseph Gabriel Antoine Jogand-Pagès, dit Léo Taxil, né à Marseille le 21 mars 1854 et mort à Sceaux le 31 mars 1907, est un écrivain français anticlérical et antimaçon auteur, à l'aide de quelques collaborateurs dont Paul Rosen, d'un canular célèbre auquel furent pris le pape Léon XIII qui condamna son ouvrage et les évêques de France.

 

Biographie

Né dans une famille bourgeoise aux opinions plutôt royalistes et très cléricales, il est envoyé après une fugue dans une institution de correction tenue par les jésuites, qui lui inspirent, selon lui, une aversion profonde et un anticléricalisme violent. Devenu journaliste et républicain, il fréquente les milieux anticléricaux de Marseille, tout en offrant ses services à la police pour dénoncer des républicains. Puis il quitte Marseille pour des raisons obscures et fait un bref séjour en Suisse, avant de rejoindre Paris. À partir de 1875, il s'engage dans la lutte anticléricale, fondant la Librairie anticléricale puis des journaux comme La République anticléricale, et adopte le pseudonyme de « Léo Taxil » ("Léo" pour Léonidas, le prénom d'un aïeul maternel, et "Taxil" en référence à un seigneur hindou, Taxiles (en), allié d'Alexandre le Grand). Se réclamant dans ses écrits de Voltaire, il tourne en dérision l'enseignement du dogme et de la morale catholiques, de ceux qu'il appelle les « calotins », et accuse le clergé de tous les vices et de toutes les turpitudes à connotations sexuelles, en premier lieu Mgr Dupanloup. Il participe également à des banquets républicains et organise de nombreuses conférences qui, la notoriété venant, attirent un public enthousiaste.

En 1879, il passe devant la cour d'assises de la Seine pour avoir écrit À bas la Calotte, qui lui vaut d'être poursuivi pour avoir insulté une religion reconnue par l'État et outragé la morale publique, mais il est acquitté. Puis en 1881, il écrit La Marseillaise anticléricale.

Le public, lassé,finit par bouder les dernières parutions de sa "Librairie anticléricale". C'est alors que Léo Taxil conçoit une nouvelle mystification. En 1886, alors qu'il était excommunié, il annonce sa conversion, fait un pèlerinage à Rome et reçoit l'absolution de Léon XIII, désavouant ses travaux antérieurs. Il commence alors une campagne contre les Francs-maçons, dont il a été exclu dès le 1er degré pour « fraude littéraire ». Selon ses dires, il faisait partie de la loge Le temple des amis de l'honneur français. Dès lors, il se lance dans une violente carrière antimaçonnique, et publie des ouvrages exactement dans la même veine que ses précédents anti-cléricaux, mais dirigés cette fois contre les franc-maçons, qui sont à leur tour accusés des pires déviances sexuelles.

En 1887, il est reçu en audience par le pape Léon XIII, qui blâme l'évêque de Charleston pour avoir dénoncé les confessions antimaçonniques comme une fraude. En 1892, Taxil commence à publier un journal La France chrétienne anti-maçonnique.

Entre le 20 novembre 1892 et le 20 mars 1895, il fait paraître avec Carl Hacks, sous le pseudonyme du Docteur Bataille, Le Diable au XIXe siècle, un ouvrage prétendant dresser l'état de l'occultisme, accusant les loges d'adorer le démon et dénonçant une vaste conspiration maçonnique mondiale, qui fait un grand bruit. À côté de figures bien réelles de la maçonnerie comme Albert Pike, accusé par Taxil de "communiquer avec le démon", il met en scène des personnages de fiction, comme Sophie Walder, Grande Maîtresse du Lotus de France, Suisse et Belgique, et Diana Vaughan, haute dignitaire luciférienne, qui aurait écrit pour lui ses confessions, où elle parle du culte satanique appelé « palladisme ». Ces assertions sont « confirmées », à la même époque, par l'installation à Paris d'une Américaine du nom de Diana Vaughan qui attire aussitôt l'attention et que Taxil présente aux journalistes catholiques influents. Devant les prétendues révélations de Diana Vaughan, une polémique naît. Un "congrès antimaçonnique", réuni à Trente avec la participation de Taxil en 1896, prétend en vain de trancher la question de leur véridicité.

Article détaillé : Canular de Taxil.

Abel Clarin de La Rive mena une véritable enquête qui finit par confondre Taxil. Celui-ci préferra prendre les devants et annoncer lui-même son imposture. Taxil décide donc de présenter ce qu'il appelle sa mystification lors d'une conférence le 19 avril 1897 dans la grande salle de la Société de géographie de Paris. À la stupeur de l'auditoire, qui compte un certain nombre d'ecclésiastiques, il fait savoir que cette Diana n'était qu'un canular parmi toute une série; il s'agit, dit Taxil, d'une simple dactylographe employée par une maison américaine qui vend des machines à écrire2 et qui lui avait permis d'utiliser son nom. Il avait commencé, dit-il, douze ans plus tôt, en persuadant le commandant de Marseille que le port était infesté de requins et qu'un navire avait été envoyé pour les détruire. Il avait ensuite inventé une ville sous-marine dans le Lac Léman et attiré des touristes et des archéologues pour la retrouver. Il remercie les évêques et les journaux catholiques d'avoir si bien contribué à son canular final, à savoir sa "conversion". L'assistance reçoit ces révélations avec indignation et le tumulte dans la salle tourne au pugilat. Lorsque Taxil veut s'en aller, il est malmené au point que des agents de police doivent l'accompagner jusqu'à un café voisin. Il quitte alors Paris.

Il finit sa carrière comme correcteur à l'imprimerie de Sceaux.

Autour de Taxil, on trouve parmi les personnages qui l'inspiraient (lui ou des membres de son équipée) des individus comme Lechartier, Paul Rosen ou Henri de Guillebert des Essars, dont certains successeurs infiltreront la Revue Internationale des Sociétés Secrètes de Mgr Jouin pour servir de lieu de diffusion, dans l'entre-deux-guerres, aux idées du « complot judéo-maçonnique ». Le métaphysicien René Guénon, qui a suivi de près les linéaments de l'affaire Taxil, a permis de jeter une lumière sur les continuateurs de Taxil.

Le Diable au XIXe siècle, écrit sous le pseudonyme collectif de Dr Bataille avec Charles Hacks
Affiche promotionnelle pour La Bible amusante (1890)

Léo Taxil a fait paraître certains de ses ouvrages sous divers pseudonymes : Paul de Regis, Adolphe Ricoux, Prosper Manin, Miss Diana Vaughan, Jeanne Savarin, Carlo Sebastiano Volpi

 

 

 

30 janvier 2013

premier serial killer....

th

 

H. H. Holmes

 

H.H. Holmes
Information
Nom de naissance Herman Webster Mudgett
Surnom H.H. Holmes, Docteur Henry Howard Holmes
Naissance 16 mai 1860
Gilmanton, New Hampshire, (États-Unis)
Décès 7 mai 1896 (à 35 ans)
Prison de Moyamensing, Philadelphie, Pennsylvanie, (États-Unis)
Cause du décès Pendaison
Sentence Peine capitale
Meurtres
Nombre de victimes Entre 27 et 100 (probablement 200)
Période 1888 - 1894
Pays États-Unis, Canada
États Chicago, Illinois, Irvington, Indiana, Philadelphie, Pennsylvanie et Toronto, Ontario
Arrestation 17 novembre 1894

Herman Webster Mudgett ou H. H. Holmes (16 mai 1860 - 7 mai 1896), plus connu sous le pseudonyme de Docteur Henry Howard Holmes, est un tueur en série américain. Holmes captura et tua probablement une centaine de clients à son hôtel de Chicago, qu'il avait ouvert à l'occasion de l'Exposition universelle de 1893. Il avoua vingt-sept meurtres, bien que seulement neuf aient été confirmés, mais on pense tout de même qu'il en aurait en réalité commis plus d'une centaine. Holmes est souvent considéré comme le premier tueur en série américain.

L'affaire était célèbre en son temps, et reçut beaucoup de publicité grâce à une série d'article du journal de William Randolph Hearst. L'intérêt pour les crimes de Holmes fut ravivé en 2003 par le best-seller The Devil in the White City (sorti en France en 2011 sous le titre Le Diable dans la ville blanche aux éditions du Cherche Midi), qui juxtapose les évènements de l'Exposition universelle de 1893 avec l'histoire de Holmes. En 2004, le cinéaste John Borowski réalisa le premier film documentaire centré sur la vie entière du Docteur torture, intitulé H. H. Holmes: America's first serial killer et un livre intitulé The strange case of Dr H.H. Holmes, qui contient Holmes' Own Story (« la propre histoire de Holmes ») et The Holmes-Pitezel Case (« l'affaire Holmes-Pitezel »), ainsi que d'autres histoires vraies contemporaines de l'affaire. En plus, l'histoire de Mudgett a été très récemment racontée dans une biographie de Harold Schechter intitulée Pervers : L'histoire vraie définitive de H.H. Holmes, dont les crimes grotesques ont bouleversé le tournant du siècle de Chicago.

 

Biographie

Jeunesse et vie privée

Mudgett est né à Gilmanton dans l’état du New Hampshire Ses parents, Levi Horton Mudgett et Theodate Page Price, étaient tout deux descendants des premiers pionniers de cette région. D’après le profil "Most Evil" de Holmes de 2007, son père était un alcoolique violent et sa mère une fervente méthodiste qui lisait la bible à Herman. Il prétend que, lors de son enfance, des camarades de classe l’ont forcé à voir et toucher un squelette humain après avoir appris sa peur du docteur local. Les tyrans l’amenèrent là initialement pour lui faire peur, mais Mudgett fut plutôt fasciné, et devint rapidement obsédé par la mort.

Mudgett eut un diplôme d'assistant pharmacien et fabriqua par la suite un faux diplôme du département de médecine de l’Université du Michigan en 1884 pour pouvoir exercer en tant que médecin. Alors qu’il y étudiait, Mudgett volait des corps du laboratoire et les défigurait, pour ensuite prétendre que les gens avaient été tués accidentellement dans le but d’obtenir de l’argent des assurances sur des polices qu’il avait prises sur chacune des personnes décédées. Après son diplôme, il déménagea à Chicago afin de poursuivre une carrière en pharmaceutique. Dès sa jeunesse, il prit le nom de H. H. Holmes. C’est d’ailleurs sous ce nom qu’il étudia et s’engagea également dans plusieurs compagnies nébuleuses, dans l’immobilier et des affaires promotionnelles.

Le 4 juillet 1878, Holmes épousa Clara Lovering à Alton dans le New Hampshire ; leur fils, Robert Lovering Mudgett, vit le jour le 3 février 1880 à Loudon dans le New Hampshire. Il est à noter qu'à l'âge adulte, Robert devint expert-comptable et fut le directeur général d’Orlando en Floride.

Le 28 janvier 1887, alors qu'il était encore marié à Clara, Holmes épousa Myrta Belknap à Minneapolis au Minnesota ; ils eurent une fille, Lucy Theodate Holmes, qui vit le jour le 4 juillet 1889 à Englewood dans l’Illinois6. Elle devint par la suite enseignante.

Holmes vivait avec Myrta et Lucy à Wilmette dans l’Illinois, et passait la majorité de son temps à Chicago pour son travail. Il fit la demande pour obtenir le divorce de Clara après s’être marié avec Myrta, mais le divorce ne fut finalisé qu’en 1891, soit plus de quatre ans après son deuxième mariage. Le 9 janvier 1894, il épousa Georgiana Yoke à Denver au Colorado alors qu’il était encore marié à Myrta. Il entretint également une relation avec Julia Smythe, la femme d’un de ses anciens employés ; Julia devint plus tard une des victimes de Holmes. Polygame et continuant ses escroqueries à l'assurance, il a jusqu'à sept identités différentes.

Chicago et le « Château des meurtres »

Alors qu’il était à Chicago lors de l’été 1886, Holmes passait devant la pharmacie de Dr. E.S. Holton, au coin des rues S. Wallace et W. 63rd, dans le voisinage de Englewood. Holton étant atteint d'un cancer, c’est sa femme qui s’occupe du commerce.

De plus en plus occupée, la femme du Dr. Holton engage Holmes comme assistant. Après quelques mois à peine, Holmes apparaît comme le parfait assistant et plaît énormément à Mme Holton, dont le commerce ne cesse de s’élargir et qui en fait son gérant. En 1887, après la mort de son mari, Mme Holton vend le commerce à Holmes. Lorsque Mme Holton engage un avocat pour poursuivre Holmes qui ne paye pas ses traites, elle disparaît mystérieusement4. Alors que les gens s'interrogent sur le retour éventuel de l’ancienne propriétaire, Holmes ne fait que mentionner que cette dernière est partie en Californie et qu’elle n’a laissé aucune adresse ou numéro de téléphone.

Par la suite, Holmes acheta un terrain en face de la pharmacie, où il construisit un immense édifice de trois étages que les gens du voisinage qualifieront de « château ». Cet édifice ouvrit comme hôtel pour l’exposition universelle de 1893, avec une partie de la structure utilisée à des fins commerciales. Le rez-de-chaussée du Château comprenait la pharmacie relocalisée de Holmes et une variété de magasins, alors que les deux étages du dessus comprenaient le bureau de Holmes ainsi que plus de 100 chambres sans fenêtres avec des portes s’ouvrant sur des murs de briques, des couloirs avec des angles étranges, des escaliers ne menant nulle part, des trappes, des portes s’ouvrant seulement de l’extérieur, des tuyaux d'arrivée de gaz ainsi qu’une foule de constructions étranges et labyrinthique. Holmes changea de constructeur à plusieurs reprises afin d'être le seul à comprendre pleinement la disposition de la maison, et ainsi affaiblir les chances d’être signalé à la police.

Après la fin de construction de l’hôtel, Holmes choisit ses victimes, principalement des femmes, parmi ses employés. Plusieurs d’entre eux avaient d’ailleurs été obligés de sortir leurs polices d’assurance-vie pour lesquels Holmes allait payer la prime et ainsi devenir le bénéficiaire. Ses victimes incluaient aussi des amies de cœur ainsi que des touristes qui venaient trouver refuge dans l’hôtel. Il les torturait, puis les tuait. Certaines des victimes étaient enfermées dans des chambres insonorisées munies de lignes de gaz qui lui permettait de les asphyxier à n’importe quel moment. D’autres victimes étaient enfermées dans un énorme coffre-fort insonorisé près de son bureau où elles étaient laissées à suffoquer.

Les corps des victimes étaient jetés par une chute secrète vers le sous-sol où certains étaient méticuleusement disséqués, écorchés, puis transformés en modèles de squelettes pour ensuite être vendus à des écoles de médecine. Holmes pratiquait aussi la crémation de certains corps, ou les plaçait à des endroits servant à produire le cuir pour destruction. Holmes avait également deux fournaises géantes ainsi que des bacs remplis d’acide, des bouteilles de différents poisons, et même un appareil de torture servant à étirer le corps humain. Via les connexions qu’il s’était faites durant ses études en médecine, il vendait les squelettes et organes sans difficulté.

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Capture et arrestation

Le 17 novembre 1894 Holmes est arrêté à Chicago après avoir été traqué depuis Philadelphie par la Pinkerton National Detective Agency. Il est détenu à ce moment-là sur mandat pour vol de chevaux, sous le nom d'Howard. Libéré, il est dénoncé par Marion Hedgepeth, un compagnon de cellule qui n'a pas touché sa part dans une escroquerie, et révèle à la police son vrai nom.

Par la suite, le gardien au château informe la police qu'il n'a jamais été autorisé à nettoyer les étages supérieurs. Les enquêteurs commencent à mener des investigations pour finalement découvrir les méthodes d'exécution de Holmes et sa façon de faire disparaître les corps.

Le 19 août 1895, un incendie d'origine inconnue ravage le bâtiment. Actuellement, le site est occupé par l'United States Post Office.

Le nombre des victimes de Holmes a été estimé entre 20 et 100, avec une possibilité de 200. Sur la base des rapports de l'époque sur les personnes disparues, les témoins interrogés, qui étaient les voisins de Holmes, ont déclaré avoir vu Holmes plusieurs fois accompagné de jeunes femmes, sans jamais voir ces dernières ressortir de chez lui.

L'écart entre les chiffres concernant les victimes sont attribués à L'Exposition universelle de 1893 à laquelle un grand nombre de personnes sont venues assister, mais pour certaines ne sont jamais reparties. Selon la police, le nombre exact est de 27 victimes, bien que les corps retrouvés étaient dans un tel état de démembrement et de décomposition qu'il était difficile de dire combien de victimes il y avait exactement. Parmi les victimes, il y avait en majorité des femmes blondes, mais aussi des hommes et des enfants.

Procès et exécution

Holmes a avoué après sa condamnation 27 meurtres à Chicago, Indianapolis et Toronto, ainsi que 6 tentatives de meurtres. Holmes a été payé 7500 dollars de l'époque (197 340 dollars aujourd'hui) par Les Journaux de Hearst en échange de sa confession. Holmes donna divers récits contradictoires sur sa vie, affirmant d'abord être innocent, puis qu'il était possédé par Satan. La facilité avec laquelle Holmes mentait mettait en difficulté les chercheurs pour savoir la vérité sur ses déclarations.

Le 7 mai 1896 Holmes est pendu à la Prison de Moyamensing, également connue comme étant la Prison du Comté de Philadelphi. Au moment d'être pendu, Holmes ne montre aucun signe de peur, d'anxiété ou de dépression. Lors de la pendaison, le cou de Holmes ne cassa pas immédiatement. Il mit plus de quinze minutes à mourir, et fut déclaré mort vingt minutes après avoir été pendu.

Les dernières volontés de Holmes étaient que son corps soit enterré dans le béton pour que personne ne puisse venir le mutiler comme il l'avait fait avec ses victimes. La demande a été accordée.

En 2011, Jeff Mudgett, l'arrière petit-fils d'Holmes écrit le livre Bloodstains se disant inspiré de journaux intimes transmis de génération en génération dans la famille. Dans cet ouvrage, il affabule, prétendant qu'H.H. Holmes serait également Jack l'Éventreur

 

Anatomistes et résurrectionnistes

Personne ne contestera le fait que la recherche médicale est une discipline nécessaire qui permet de sauver de nombreuses vies humaines. Néanmoins son histoire est peuplée de zones sombres qui ont marqué les esprits. Ainsi, au 19ème siècle, l'avancée des connaissances anatomiques s'est-t-elle faite au détriment de quelques vies humaines. Se procurer des sujets d'étude était, en effet, devenue un véritable casse-tête, d'autant que le système de réfrigération que nous connaissons aujourd'hui était inexistant. Mais pour les ressurectionnistes, la mort est devenu une entreprise très lucrative. Parmi ces pourvoyeurs de cadavres, certains n'ont pas hésité à commettre des meurtres pour répondre à la demande de leurs clients anatomistes.

 

En 1543, André Vésale (1514-1564) publie un ouvrage monumental, De humani corporis fabrica (Sur le fonctionnement du corps humain), qui souligne l’importance de la dissection. Ce travail novateur révolutionne l'anatomie humaine et entraîne une résurgence de la dissection à vocation scientifique. En Europe du Sud, apparaissent les premiers théâtres anatomiques, conçus d'abord comme des structures démontables. Les dissections publiques attirent un large public qui s'étend bien au-delà des seuls médecins et étudiants. Les théâtres se pérennisent et des structures permanentes apparaissent dans toute l'Europe (Copenhague en 1640, Madrid vers 1689, Amsterdam en 1691, Berlin en 1720...) et jusqu'aux États-Unis. Les connaissances anatomiques progressent au même rythme, si bien qu'à la fin du 18ème siècle, les médecins ont finalisé la description du corps humain et établi les bases de l'histologie. Cette évolution des sciences médicales entraîne un accroissement de la demande en corps humains.
Jusqu'au 19ème siècle, les dissections sont réalisées essentiellement sur les cadavres de condamnés à mort. Or, la peine capitale n'est pas si fréquente et ce système ne permet pas de répondre à la demande croissante des écoles de médecine. En Angleterre, par exemple, il faut attendre l'Anatomy Act de 1832 pour voir s'étendre légalement les dons de cadavres aux personnes décédées dont les corps n'ont pas été réclamés par des proches ou aux personnes n'ayant pas les moyens de se payer une sépulture décente. Par ailleurs, la pratique de l'anatomie est désormais soumise à l'obtention d'une licence émanant du Home Secretary (le ministère de l'intérieur). Cette loi a été votée en réponse à un scandale sans précédent, l'affaire Burke & Hare qui devait ruiner la carrière de leur renommé client, le Dr. Robert Knox, professeur d'anatomie à la Barclay's Anatomy School à Édimbourg.

William Burke et William Hare, sont deux immigrants irlandais venus d'Ulster à Edimbourg pour se faire embaucher comme journaliers à New Union Canal. Ils trouvent un logement chez Maggie Laird et Nell Macdougal, deux femmes de petite vertue, installées dans le sordide quartier de West Port. La journée, les deux associés se donnent l'apparence d'honnêtes ouvriers, tandis que la nuit, ils se livrent à des activités bien plus sinistres et profitables: la profantion de tombes, le vol de cadavres et le meurtre. Leur méthode est si méticuleuse et innovante, qu'elle s'inscrira plus tard dans les archives sous le label de Burking.
Burke et Hare choisissent leurs victimes parmi les déshérités qui errent dans la vieille ville d'Édimbourg. Afin de ne pas endommager les cadavres, les deux complices mettent au point leur propre technique d'étouffement qui consiste à comprimer la cage thoracique de leurs victimes. Au cours de l'année 1828, ils assassinent au moins 16 personnes et revendent les corps au docteur Knox qui les payent entre 8 et 14£ (9 et 16 euros environ). Les autorités sont finalement alertées par les étudiants de l'école de médecine après l'assassinat d'une certaine Mme Docherty. Ils ont, en effet, reconnu l'une des résidentes du quartier gisant sur leur table de dissection. Burke, qui connaissait la victime, est seul convaincu de meurtre. Par ailleurs, ses complices, William Hare et Maggie Laird, ont témoigné contre lui. Il est pendu le 28 janvier 1829 et, ironie de l'histoire, son corps est donné à une école d'anatomie puis exposé à l'Université de Médecine.

Dans la plupart des cas, fort heureusement, la ressurectionistes se contentaient de déterrer les cadavres dans les cimetières. Cette pratique existe dès le 18ème siècle mais au 19ème siècle un intense trafic de contrebande se développe, notamment entre l'Irlande, la Grande-Bretagne et l'Écosse. Selon le professeur Sylvio Leblond (1901-1990), spécialiste de l'histoire de la médecine, les écoles d'anatomie payent les corps entre deux et 14 guinés à Londres. Il évoque, par exemple, le témoignage du professeur James Macartney (1770-1843), professeur d'anatomie au Trinity Collège à Dublin. En 1828, il comparait devant la Chambre des Communes à Londres et raconte comment les étudiants irlandais se procurent du matériel de dissection. Déguisés de haillons et équipés d'un cercueil remplis de pierres, ils se rendent dans les cimetières, se mêlent aux cortèges funéraires et se débrouillent pour échanger les bières.
Le vol de cadavres a été pratiqué dans de nombreux autres pays comme la France (où les ressurectionnistes étaient appelés des Corbeaux) ou le Canada, et notamment dans la ville et la Province de Québec, ainsi qu'à Montréal. Dans un article intitulé Anatomistes et résurrectionnistes au Canada, le docteur Leblond a écrit : « Le Canadien du 10 février 1840 raconte qu'un cadavre en état de nudité complète, a l'exception d'un sac ou il était renfermé, a été trouvé ce matin dans une allée près du marché St-Paul. II paraît qu'il avait été enlevé au cimetière de l'Hôpital de la Marine et des Émigrés par des gens qui font métier de vendre des corps aux étudiants en médecine. On dit qu'il a été commis depuis quelque temps, un grand nombre des ces violations de sépulture dans différents cimetières de la ville et nous apprenons avec plaisir que Messieurs les marguillers ainsi que la police, offrent des récompenses pour l'appréhension de ceux qui exercent une industrie si révoltante. Le même journal annonce le 18 février 1843:"Avis aux étudiants en médecine: Après huit heures, au cimetière, on tire!".

 

On pourrait multiplier ainsi les exemples de médecins, étudiants, fossoyeurs, gangs et autres particuliers qui se sont livrés à ces macabres exactions. Le phénomène finit néanmoins par alerter le législateur et des mesures sont prises par les différents gouvernements pour y mettre fin (mais avec plus ou moins de succès). On a vu qu'à Londres, le 1er août 1832, la Chambre des Communes vote l'Anatomy Act, qui sera ensuite ratifié par la Chambre des Lords. Au Canada, le Medical Act ratifié en 1788, est complété en 1843 par une loi visant à réguler et faciliter l'étude de l'anatomie mais qui n'est pas appliquée. L'Acte d'Anatomie de 1883 oblige finalement les hôpitaux et hospices à remettre leurs morts non réclamés aux salles de dissection des écoles de médecine. Cependant, il faut encore attendre l'intervention du Cardinal Taschereaux pour que les vols de cadavres cessent au Québec. Aux États-Unis, la première loi régissant la pratique de l'Anatomie date de 1831. Elle est votée dans le Massachussets. En 1878, après l'Affaire Harrison (dont le tombeau a été profané), les autorités de l'Ohio aux États-Unis, sont inondées de pétitions qui les forcent à présenter un édit de régulation de l'étude anatomique. Il faut toutefois attendre 1881 pour que l'acte soit approuvé par une commission de révision au sénat.

 

 

 

 

10 janvier 2013

le bohémian club.............

BohemianClubOwl1

 

Bohemian Club

Le Bohemian Club, créé en 1872 par cinq journalistes du San Francisco Examiner (qui en furent exclus par la suite) et situé à San Francisco en Californie, est l'un des clubs les plus fermés du monde. Véritable club néo-conservateur de l'élite et des personnes d'influence, il regroupe quelque 2 000 membres (uniquement des hommes, pour la plupart des Américains, mais aussi quelques Européens et Asiatiques) qui se réunissent tous les ans lors des deux dernières semaines du mois de juillet au Bohemian Grove. La cotisation est de 25 000 $ et la liste d'attente est de 21 ans au minimum. Le nom du club est inspiré du mouvement culturel « Bohème ».

 

Le Bohemian Grove

Le Bohemian Grove est une propriété privée de 11 km² appartenant au club, située à Monte Rio en Californie. Les membres du club s'y réunissent chaque année, les deux dernières semaines de juillet.

La Cremation of care

Lors de l'été 2000, le théoricien du complot Alex Jones aurait infiltré le Bohemian Grove et filmé la cérémonie pour réaliser son documentaire Dark secrets inside Bohemian Grove. Le reportage montre que des cérémonies païennes d'inspiration druidique s'y dérouleraient. La cérémonie du Cremation of care, qui ouvre les deux semaines annuelles de séminaire au Bohemian Grove reprend des rites druidiques et babyloniens au bord d'un lac artificiel et au pied d'une statue de hibou en ciment de 12 mètres (le hibou est le symbole du club, que l'on retrouve sur son logo). Durant la cérémonie, des haut-parleurs sont posés à côté du hibou, donnant l'illusion qu'il parle, agissant ainsi en tant que maître de cérémonie. La voix enregistrée de l'ancien-journaliste Walter Cronkite, un membre du Bohemian Club, est utilisée comme voix du hibou pendant la cérémonie. Les parties du manuscrit peuvent contenir des allusions aux prisonniers prétendus des druides représentant les tribus ennemies. À la fin de la cérémonie, une barque contenant un cercueil dérive jusqu'au pied du hibou. Le cercueil contient une effigie d'enfant, qui est alors brûlée sur un bûcher. L'incinération symbolise la disparition des soucis pour les membres du club.

Références notables au Bohemian Club

Le 26 octobre 2007, à Minneapolis, Bill Clinton fut abordé durant un discours par un homme prétendant que les attentats du 11 septembre étaient une imposture et mentionnant le Bohemian Club. Clinton infirma l'imposture du 11 septembre mais ajouta sarcastiquement « Avez-vous dit le Bohemian Club ? C'est là que tous ces riches républicains vont et posent nus devant des arbres, pas vrai ? Je n'ai jamais été au Bohemian Club mais vous devriez. Cela vous ferait du bien, vous y prendriez du bon air. »
La personne fut escortée dehors par la sécurité durant la remarque de Clinton.

Analyses

Le sociologue G. William Domhoff pense que le Bohemian Club fait partie d'une culture de cohésion de la classe sociale dominante américaine. Il dénie toute intention complotiste au BC, expliquant que ce club n'est là que pour le délassement des élites et leur cohésion

Le Bohemian Club (Bohemian Grove)

 

Chouette Molech, Moloch au Bohemian Club
 

 

Le Bohemian Club est situé au 20601 Bohemian Avenue à Monte Rio dans un vaste domaine de 1500 hectares de nature sauvage, de forêts de séquoias et de lacs en Californie.


Tous les juillets le Bohemian Club organise un meeting où les personnes les plus puissantes du monde se rencontrent pendant 2 semaines. Ils se réunissent pour parler du monde, faire des rituels satanique, des sacrifices, des orgies et beaucoup d'autres choses bizarre que les chefs du monde devraient se dispenser de faire du fait de leur statuts et importance qu'ils ont dans la société.

Le Bohemian Club à été fondé en 1872 par 5 journalistes du San Francisco Examiner et c'est l'un des club les plus fermés au monde. Pour plusieurs années, les membres du club se réunissaient dans ce qui est aujourd'hui Muir Woods et Samuel P. Taylor State Park. Les campements réguliers de Juillet ont véritablement commencés en 1899. Les participants sont exclusivement masculins, ils sont aussi en majorité Américain bien qu'il y ait des Européens invités comme Michel Rocard l'ancien premier ministre français et Valery Giscard d'Estaing le fondateur de la constitution Européenne et ancien Président de la République Française.

 

Introduction au Bohemian Club

Bohemian Club Logo

Les membres du club sont majoritairement des politiciens, chanceliers, musiciens, directeurs de médias, des chefs d'entreprise etc... Hollywood, London, Paris Fever, New York, y sont tous là...

Après 40 ans d'appartenance et de loyauté au club, les membres deviennent des ''Vieux Gardes''. Les membres peuvent aussi inviter d'autres personnes au club, bien que ces personnes sont souvent sujet à des observations rigoureuses et des contrôles de sécurité. La plupart de ces invités sont limités à se réunir en Juin pour le ''Spring Jinks'', bien avant le campement officiel qui se déroule le 15 Juillet. L'initiation coute 25,000$ en plus d'un paiement annuel, et la liste d'attente est de plus de 25 ans.

Le slogan du club est 'Weaving Spiders Come Not Here' = 'Araignées Tisseuses Ne Venez Pas Ici', faisant référence aux propositions de business par des personnes venant de l'extérieur du club. Bien qu'il existe des évidences dénonçant des activités politique et économique à l'intérieur du Club.

Le Club est fameux pour avoir développé le Projet Manhattan lors d'un meeting en Septembre 1942 qui amena subséquemment à la bombe atomique. Les personnes présentes à cette réunion furent: Ernest Lawrence, quelques Officiers Militaire, le président de Harvard, et les représentants de Standard Oil et General Electric.

La majorité des membres du BC sont fier du développement du Projet Manhattan dans leur Club, et aiment raconter cette histoire aux nouveaux membres.

BC Slogan

Le côté occulte et obscur du Bohemian Club

Le Bohemian club possède un hibou taillée dans la roche de 12 mètres de haut, symbolisant Moloch, une divinité Cananéenne du 3ème millénaire Avant Jésus Christ, c'est aussi une divinité sumérienne et de Lilith.

Outre les discours, arrangements, repas et spectacles, beaucoup de rituels à caractère druidique et païen y ont lieu. La plus grosse cérémonie est celle du ''Cremation of Care'' qui se passe au pied de la statue Moloch.

Autres représentations de Moloch:

Moloch, Molech le Taureaux

Moloch d'aujourd'hui au Bohemian Club

Bohemian Club 1990

 

Les puissants qui nous gouvernent, sont censés être des exemples sur tous les points de vue par rapport à la mentalité de la société. Mais la réalité est différente. Ils participent à des rituels druidiques, sataniques, babyloniens et aussi à des rituels à caractère sexuelle comme des orgies. Il faut réalisé la gravité de la situation ici, il est strictement interdit que nos chefs participent à ce genre de démence.

Les membres participent aussi à des sacrifices humains, comme le montre la photo ci-dessous. Personne n'est vraiment certain si les sacrifices ont toujours lieu. Les sumériens eux aussi participaient dans des sacrifices macabres où des parents offraient leurs enfants au dieu Moloch.

 

Squelette Bohemian Club

Squelette d'un enfant (regardez la taille des mains comparées au reste du corps) lors d'un rituel au BC

 

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Pochette Original du ''Cremation of Care'', un des rituels du Bohemian club.

 

L'infiltration d'Alex Jones dans le Bohemian Grove

Informations provenant de InfoWars.com: Infiltration in the Bohemian Grove.

Depuis l'été 2000, la vidéo d'Alex Jones 'Dark Secrets Inside Bohemian Grove' est le seul document, grace à une parfaite infiltration, parlant et dénonçant les activités sataniques à l'intérieur du Bohemian Club.

Il a réussit à s'infiltrer dans le Bohemian Club avec l'aide d'un journaliste de la chaine news CBS. Ils ont passé 4 heures à l'intérieur du Grove. Avec l'aide d'une caméra caché planquée dans un sac, ils ont pu filmer la cérémonie, les symboles du club et certains membres. On peut aussi voir sur les vidéos combien l'endroit est beau! Mais... Beau quand il n'y a plus personne bien entendu ...

Quelques Vidéos de Youtube sur le Bohemian Club

Rituel du ''Cremation of Care''.

Il n'y a pas beaucoup de ressource vidéo en français, si vous parlez anglais et que vous êtes français c'est plutôt chanceux. Faites une recherche sur Youtube pour Bohemian Grove et Bohemian Club, et autres sortes de mots clés.

Quelques membres du Bohemian Club

David Rockefeller: Banquier, et membre du Groupe Bilderberg, du CFR et de la Commission Trilatérale
Nelson Rockefeller: Banquier, et membre du CFR, et de MAJI-MJ12. Très lié au lobby militaro-industriel américain, c'est lui qui a placé au pouvoir Nixon et Kissinger.
Henry Kissinger: Ancien ministre des affaires étrangères sous la présidence de Nixon, membre du Groupe Bilderberg, du CFR, de la Commission Trilatérale, et de MAJI-MJ12.
Herbert Hoover: Président des Etats-Unis de 1929 à 1933
Dwight Einsenhower Chef de guerre durant la seconde guerre mondiale et président des Etats-Unis de 1953 à 1961
Richard Nixon: Président des Etats-Unis de 1969 à 1974
Gerald Ford: Président des Etats-Unis de 1974 à 1976
Ronald Reagan: Président des Etats-Unis de 1981 à 1988
George H.W. Bush: président des Etats-Unis de 1989 à 1992, père de George W. Bush, ex-directeur de la CIA, membre des Skull and Bones, du CFR, de MAJI, entre autres
George W. Bush: Président des Etats-Unis de 2000 à 2008, membre des Skull and Bones
Jeb Bush: Le frère de George W. Bush, et gouverneur de Floride
Dick Cheney: Vice-président des Etats-Unis de 2001 à 2008, ministre de la défense de 1989 à 1992
Colin Powell: Ancien ministre de la défense de Bush
Caspar Weinberger: Ancien ministre de la défense Américaine
Eliott Richardson Ancien ministre de la défense Américaine
William Casey: Ancien directeur de la CIA
William Webster: Ancien directeur du FBI
George Schulz: Ancien ministre des affaires étrangères sous Reagan, ancien ministre de la défense de H. Walker Bush, membre du CFR
Malcom Forbes: Milliardaire américain
James Baker: Ancien ministre des affaires étrangères de H. Walker Bush
Arnold Schwarzenegger: gouverneur de Californie
Alan Greenspan: Président de la banque centrale américaine la FED
Charles Schwab: Président de Charles Schwab & Co, l'une des plus grosses sociétés de gestion financière et d'investissements boursiers du monde
Vernon Walters: Ancien chef d'état major de l'Armée américaine
David Packard: Fondateur de la société Hewlett-Packard
Lou Gerstner: Président d'IBM
Alex Mandl: Vice-président d'AT&T
Antonin Scala: Juge à la Cour Suprême américaine
Joseph Califano: Ancien ministre de la Justice sous Nixon et Reagan
Pete Wilson: Ancien gouverneur de Californie
Helmut Schmidt: Ancien premier ministre allemand
Valery Giscard d'Estaing: Ancien président français, membre du Groupe de Bilderberg, concepteur de la Constitution Européenne.
Michel Rocard: Ancien premier ministre français, membre du Groupe de Bilderberg
Tony Blair: Ex premier ministre britannique, également membre du Groupe de Bilderberg
Ferdinando Salleo: Dernier gouverneur de Hong-Kong
Miguel de la Madrid: Ancien président du Mexique
Edward Teller: Père de la bombe atomique américaine
Walter Cronkite: Journaliste vedette de la chaine CBS
Francis Ford Coppola: Cinéaste, il a réalisé le film Le Parrain qui reste un chef d'oeuvre encore aujourd'hui.
Franck Borman: Astronaute
Alexander Shulgin: Chimiste moléculaire, inventeur de l'Ecstasy et de plus de 200 autres substances "psychédéliques" (génératrices d'états modifiés de la conscience)
Charlton Heston: Acteur, et président le la NRA (National Rifle Association), le lobby américain des propriétaires d'armes à feu
Bono: Chanteur du groupe U2
Et beaucoup d'autres...

Quelques Photos

Reagan & Nixon Bohemian Club 23 Juillet 1967
Réunion au Bohemian Club le 23 Juillet 1967. On peut voir à gauche Reagan et a droite Nixon Président des USA a l'époque. C'est durant ce meeting que Nixon cédera la place a Reagan pour etre le candidat du parti républicain en novembre 1967.

 

Alan Greenspan Bohemian Club
Alan Greenspan sur la gauche président de la banque centrale des USA

 

George H Walker Bush Bohemian Club 1993
George H. Walker Bush sortant de son avion en juillet 1993

 

Kissinger Lewis Bohemian Club 1986
Kissinger se dirigeant au meeting en 1986

 

Dick Cheney Bohemian Club Profil
Dick Cheney au centre vue de profil

 

Bush Pere et Fils Bohemian club
Bush Père et fils lors d'un meeting au Bohemian Club

 

Eisenhower Bohemian Club
Einsenhower ancien Président des USA au Bohemian Club

 

 

 

Source : http://www.nouvelordremondial.cc

 

4 octobre 2012

la guerre de l'opium......

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Première guerre de l'opium

Première guerre de l'opium
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Informations générales
Date août 1839 - août 1842
Lieu Chine
Issue Victoire britannique, traité de Nankin
Changements territoriaux Cession de Hong Kong
Belligérants
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni Chine Empire de Chine
Commandants
Charles Elliot
Anthony Blaxland Stransham
Daoguang
Lin Zexu
Forces en présence
20 000 hommes 91 680 hommes
 

La première guerre de l'opium est un conflit militaire, motivé par des raisons commerciales, entre le Royaume-Uni et l'empire Qing en Chine de 1839 à 1842. Il est considéré comme la première manifestation du déclin de l'Empire de Chine, incapable de résister à l'Occident, déclin qui entraîne la Chine dans une longue période d'instabilité, jalonnée par la chute du système impérial, remplacé en 1912 par la République de Chine, l'intervention japonaise et, finalement, la proclamation de la République populaire de Chine en 1949.

 

Le commerce extérieur de la Chine avant les guerres de l’opium

Le commerce extérieur direct de la Chine avec les pays européens débute dès le XVIe siècle, avec pour premiers partenaires économiques les Portugais (1517) qui se sont installés à Canton (sud-est de la Chine), ils ont fondé en 1550 la cité de Macao. Ensuite viennent les Espagnols aux Philippines (1565), ils y fondent Manille en 1571. Ces pays sont notamment motivés par un objectif missionnaire.

Les Hollandais se positionnent en Indonésie, Batavia (actuelle Jakarta), d’abord installés à Penghu (1603) à côté de Taïwan, puis à Taïwan (1624). Les Russes viennent en voisins par voie terrestre.

En 1685, sous le règne de l’empereur Kangxi (1662-1723), un édit impérial autorise l’ouverture de tous les ports chinois aux bateaux étrangers ; le premier navire arrive à Canton en 1689. Cependant, ce commerce reste très limité car soumis à des règles très strictes : taxes pour les négociants étrangers, obligation de passer par un seul intermédiaire (le marchand de l’empereur) qui prélève des taxes au profit de l’État. En 1720, cet intermédiaire est remplacé par un organisme collégial : le Co-hong.

Sous le règne de l’empereur Qianlong (1736-1796), la politique commerciale s’inverse, elle est limitée dans son étendue et dans son intensité. En 1757, un édit impérial énonce que le Co-hong fixera maintenant les prix et les quantités des marchandises échangées, que les frontières maritimes vont être fermées (sauf Canton) et que les étrangers ne pourront pas s’installer où ils veulent à Canton (pas le droit d’apprendre le Chinois), le but étant d'empêcher les contacts directs.

La Chine est un empire plutôt fermé sur lui-même, autant commercialement que dans le domaine de l'échange des idées et des innovations. Ceci est dû à un protectionnisme strict appliqué par la bureaucratie impériale, idéologiquement soutenu à la fois par les élites, soucieuses de ne pas ébranler les rites d'une société traditionnelle très conservatrice (voire immobiliste) et par la population qu'une méfiance extrême confinant à la xénophobie maintient à distance de l'étranger.

Rien n'y est plus important que la répétition du connu (qui puise sa force de conviction dans le respect des ancêtres et dans la croyance que la perfection a été atteinte) sans se permettre de déroger à la règle sous peine de châtiments. Dès lors, quel besoin, quel intérêt y aurait-il à acheter des produits étrangers, donc inconnus, donc non-inclus dans la tradition, leur utilité fût-elle avérée? Ceux-ci étant par essence "imparfaits" en comparaison, et non-conformes aux rites...

Ainsi les tentatives précédentes des marins étrangers d'établir des comptoirs et de commercer avec l'Empire qui se considère au centre du monde, n'ont pas toujours été fructueuses: ségrégation, brimades, interdiction de communiquer avec la population, arbitraire impérial, taxation frauduleuse, confiscation de biens, etc...

L'empereur en plusieurs circonstances, ne considère pas que la Chine puisse avoir un intérêt à commercer avec le reste du monde. L'Europe "sinomaniaque" de la fin du XVIIIe siècle s'entiche de la civilisation chinoise et raffole de ses bibelots. Les Britanniques importent ainsi de plus en plus de marchandises chinoises (thé, soie, porcelaine, objets laqués…).

Cet état de fait crée un déséquilibre commercial. Mais si les négociants étrangers demandent de l’aide à leur gouvernement, c'est avant tout pour mettre fin aux brimades et surtout aux ségrégations quasi institutionnalisées dont ils sont les victimes. Deux missions diplomatiques verront le jour : la première en 1793 menée par Lord Macartney pour ouvrir d’autres ports. Elle est rejetée par Qianlong qui refuse (en 1796, Qianlong abandonne son trône), la seconde en 1816, dirigée par Lord Amherst, n’a pas plus de succès.

De plus, la Chine, étant autosuffisante, ne veut pas d'échange « marchandise contre marchandise », mais exige d'être payée en monnaie d'argent uniquement. Ceci n'est pas du goût des Britanniques qui, contrairement aux Espagnols, grâce à leurs colonies en Amérique du Sud, ont peu d’argent et beaucoup de marchandises en nature, venant principalement de leurs colonies aux Indes.

Pour répondre à la demande au Royaume-Uni, les Britanniques achètent d’énormes quantités de thé aux Chinois. Ces derniers, voyant que le commerce du thé est très lucratif, se mettent à convertir leurs plantations au détriment d'autres cultures, principalement celle du coton. Du même coup, la Chine ne peut plus vivre en autarcie et doit accepter les échanges de marchandises.

Offensive commerciale des puissances étrangères

Les Chinois connaissaient déjà l’opium, ils ne l’utilisaient pas comme drogue ou stimulant, mais plutôt comme analgésique. C'est à partir du XVIIe siècle, qu'ils ont commencé à l’utiliser comme drogue. Les premiers à leur en vendre furent les Portugais, l’opium venant d’Inde.

Les Britanniques décident de se lancer dans ce commerce des plus lucratifs. Les choses vont s’intensifier au fil du temps et en 1729 entraient environ 200 caisses d’opium par an en Chine. À la fin du XVIIIe siècle, plus de 4 000, et en 1838 plus de 40 000 (vendues par les Américains et les Britanniques).

Les Britanniques exigent de se faire payer en lingots d'argent, récupérant ainsi le précieux métal qu'ils avaient cédé dans le commerce du thé. La balance commerciale entre la Chine et l'Empire britannique s'inverse rapidement et spectaculairement en faveur des Britanniques. La corruption des fonctionnaires chinois qui contrôlent le trafic de drogue en Chine devient préoccupante et la drogue provoque des ravages dans la population. L'Empereur décide alors de réagir en s'en prenant aux intérêts britanniques.

En 1798, le gouvernement du Premier ministre britannique William Pitt envoie une ambassade à Pékin pour négocier un accord sur les échanges commerciaux sur la base de cette situation nouvelle. L’empereur, refusant de se faire « forcer la main » à cause de l’opium, préfère fermer son pays aux commerçants et aux missionnaires européens.

La réponse des Chinois

Les Chinois vont tenter de réagir avec l’interdiction de fumer l'opium.

Les premières mesures de prohibition

La cour décida de prohiber l’opium. En 1729, un premier édit, proclamé par l’empereur Yong Zheng (1723-1736), promulgue l'interdiction du trafic d’opium, le considérant dorénavant comme de la contrebande.

Cependant le trafic continue, et en 1796, un nouvel édit, proclamé par l’empereur Jiaqing (1796-1821), va confirmer l’interdiction du trafic de l’opium sous peine de mort. Cette fois, des sanctions contre les opiomanes seront également prises.

En 1800, l’empereur va proclamer un nouvel édit qui va confirmer la prohibition de l’opium et interdire sa culture sur le sol chinois ; les dépôts d’opium sont déplacés à Huangpu.

En 1809, une mesure administrative va être prise pour tenter d’entraver le trafic : les navires qui déchargent à Huangpu doivent fournir un certificat sur lequel est indiqué qu’il n’y a pas d’opium à bord. La corruption régnant parmi les fonctionnaires ne permet pas l'application stricte de ces mesures.

Rien ne semble pouvoir arrêter ce commerce très lucratif : en 1813, une caisse d’opium indien se vend 2 400 roupies (prix de revient de 240 roupies). En 1821, un nouveau décret chinois annonce que le commerce n’est plus possible à Huangpu, le marché se déplace à Lingding où il va se développer de 1821 à 1839. La Compagnie britannique des Indes orientales (East India Company) décide alors de contourner l'interdiction et augmente ses ventes illégales d'opium en Chine ; de 100 tonnes vers 1800 à 2 600 tonnes en 1838. Le commerce des Britanniques en Chine devient enfin excédentaire, en 1835, il y a 2 millions de fumeurs d’opium en Chine.

La guerre au trafic d’opium

Les autorités chinoises vont répondre de façon plus efficace. L’empereur Daoguang (1820-1850) demande conseil à une dizaine d’experts avant de prendre une décision. Au sein de la cour, il y a des partisans et des adversaires de l’opium : certains veulent légaliser le trafic ou plutôt la production chinoise, et d’autres voient le problème financier que la drogue va poser à la Chine. Un débat va s’engager pendant deux ans. Un de ces rapports va être présenté par le gouverneur général des provinces de Hubei et du Hunan, Lin Zexu (1775-1850).

Celui-ci est plutôt partisan de l’ouverture de la Chine au monde extérieur. C’est un farouche adversaire du trafic et son rapport défend l’interdiction de l’opium. Il propose une série de mesures pour limiter le trafic et la consommation de l’opium. Son texte est fondé sur sa pratique dans ses deux provinces : confisquer les stocks de drogue et accessoires de l’opiomanie.

L’empereur nomme en décembre 1838 Lin Zexu commissaire impérial de la province du Guangdong (Canton), il a pour charge de mettre un terme à l’usage de l’opium. Canton est, à l'époque, le port par lequel on importe la majorité de l'opium.

L’action de Lin Zexu

En mars 1839, Lin Zexu arrive à Canton et établit la liste de toutes les fumeries d’opium, des tenanciers des fumeries et des vendeurs.

Il confisque tous les stocks d’opium de la ville : il donne ordre aux propriétaires de ces stocks de venir remettre la drogue et en échange il leur donne du thé. Ils doivent aussi s’engager par écrit à renoncer à faire du commerce avec les Chinois (vu que tous les propriétaires sont étrangers).

Le surintendant du commerce britannique devra alors coopérer avec Lin. En avril 1839, Lin fait parvenir à la Reine du Royaume-Uni, Victoria, un message pour lui dire que la consommation d’opium est interdite en Chine et lui demande d'en faire cesser le trafic.

Le 3 juin 1839, la drogue saisie est détruite, soit 200 000 caisses (1 188 tonnes). Lin édicte un règlement qui stipule que les bateaux étrangers qui entrent dans les eaux territoriales chinoises seront fouillés. L’opinion publique est favorable à cette interdiction.

Au nom de la défense du commerce, lord Melbourne, le Premier ministre de la reine Victoria, convainc le Parlement britannique d'envoyer un corps expéditionnaire à Canton, déclenchant du même coup la première guerre de l’opium.

La fièvre monte

Au Royaume-Uni, environ 300 sociétés commerciales britanniques demandent au gouvernement britannique d’intervenir auprès des autorités chinoises. Certains veulent une intervention officielle des Britanniques pour qu’on leur paie leur marchandise détruite. Une campagne de presse est organisée pour déplorer tous ces incidents entre Britanniques et Chinois.

En Chine, les choses se tendent encore plus et il y a même des affrontements armés entre navires britanniques et jonques chinoises : le premier a lieu en septembre 1839 et le deuxième en novembre 1839. Lin Zexu interdit le port de Canton aux navires britanniques en décembre 1839, l’empereur décide de « fermer pour toujours » Canton aux Britanniques en janvier 1840.

Cette nouvelle parvient au Royaume-Uni. Un débat a lieu en avril 1840 à la Chambre des Communes entre les partisans d'opérations militaires pour la réparation des torts envers leurs commerçants et ceux qui veulent que le Royaume-Uni renonce à vendre de l’opium et du même coup renonce à une guerre. Les premiers auront gain de cause.

La guerre

En avril 1840, une armada britannique est mise sur pied : 16 vaisseaux de ligne, 4 canonnières, 28 navires de transport, 540 canons et 4 000 hommes. Sous le commandement de l’amiral Elliot, ils arrivent au large de Canton en juin 1840. Un croiseur britannique bombarde Canton et occupe l'archipel voisin des Chousan (d'où est tiré le terme de « diplomatie de la canonnière »). Les britanniques attaquent Canton mais sans succès, car Lin a fait planter des pieux retenus par des chaînes dans le port pour empêcher les bateaux d'accoster. Il y a aussi une milice qui défend la ville.

Les Britanniques conquièrent Hong Kong (alors un avant-poste mineur) et en font une tête de pont. Les combats commencent réellement en juillet, quand les HMS Volage et HMS Hyacinth défont 29 navires chinois. Les Britanniques capturent le fort qui gardait l'embouchure de la rivière des Perles — la voie maritime entre Hong Kong et Guangzhou.

La cour chinoise prend peur, Lin Zexu tombe en disgrâce (condamné à l’exil) et il est remplacé par un aristocrate, Qishan.

Des négociations ont lieu à Canton : Qishan fait démolir les fortifications de Lin, dissoudre la milice en novembre 1840 et réduire le nombre de soldats.

Les Britanniques revendiquent :

  • La reprise du commerce avec le Royaume-Uni
  • Le remboursement des stocks d’opium détruits
  • La passation de Hong Kong (anciennement Îles Victoria) dans leur giron.

Qishan refuse. Les Britanniques tentent de le faire plier en attaquant et s’emparant de quelques ouvrages de fortification. Qishan prend peur et accepte les revendications.

La cour chinoise pense que l'acceptation de Qishan ne concerne que la reprise du commerce. En apprenant que cela va beaucoup plus loin, l’empereur décide de destituer Qishan (condamné à mort pour mauvais services, puis à l'exil) et déclare la guerre aux Britanniques le 29 janvier 1841. L’empereur remplace Qishan par Yishan.

En 1841, les forces britanniques occupent la région autour de Guangzhou, puis prennent la ville voisine de Ningpo (de nos jours Ningbo) et le poste militaire de Chinhai.

Dans la province de Canton, les Britanniques se rendent vite maîtres des endroits stratégiques. Yishan met plusieurs semaines à arriver à Canton; l'assaut qu'il lance contre les Britanniques est repoussé et les Chinois se replient à l’intérieur de la ville. Yishan demande l’armistice et une convocation d’armistice (convention sur le rachat de Canton) est signée le 27 mai 1841. Cette convocation engage les Chinois à racheter Canton pour 6 millions de dollars aux Britanniques (dont un million le jour même). Mais elle repose sur un double malentendu utilisé par les diplomates britanniques : les Chinois considèrent cette action comme un prêt commercial alors que les Britanniques n’ont renoncé ni à l’indemnisation des stocks d’opium ni à Hong Kong.

Capitulation chinoise

Les Britanniques veulent encore faire peur aux Chinois afin d’obtenir davantage avec une nouvelle négociation. En août 1842, une escadre britannique remonte le Yangzi Jiang jusqu'à Nankin, obligeant le gouvernement de l'empereur Tao-kouang à capituler et à signer le traité de Nankin le 29 août 1842. Ce traité donne aux Britanniques le libre commerce de l'opium, la fin de l'obligation de négocier uniquement avec les Co Hong et surtout la concession de l'île de Hong Kong qui sera reprise par la suite.

La victoire facile des forces britanniques, dirigées par le général Anthony Blaxland Stransham, affecte gravement le prestige de la dynastie Qing et a pu contribuer au déclenchement de la rébellion Taiping (1850-1862).

Les traités

Le 29 août 1842, les représentants de la Cour signent à bord d’une canonnière britannique le fameux traité de Nankin. Ce traité sera complété par la suite par deux autres traités conclus le 28 juillet 1843 et le 8 octobre 1843 (traité de Humen). Ces 3 traités reconnaissent aux Britanniques des droits :

  • 1re clause : la cession de Hong Kong qui deviendra une place militaire et économique
  • 2e clause : 5 ports sont ouverts : Xiamen, Canton, Fuzhou, Ningbo et Shanghai. Les Britanniques obtiennent le droit de s’installer dans ces ports et d’y vivre avec leur famille (pour les marchands). Le traité de Humen autorise la construction d'édifices dans ces ports.
  • 3e clause : indemnités de guerre (frais + opium) : 21 millions de yuans, soit 1/3 des recettes du gouvernement impérial. Échéancier de 4 ans.
  • 4e clause : douanes : les commerçants britanniques sont assujettis au paiement de droit sur les importations et exportations ; le montant est désormais fixé par les Chinois et les Britanniques.
  • 5e clause : droit de la juridiction consulaire : en cas de litige entre un Chinois et un Britannique, une juridiction britannique tranchera sur base des lois britanniques.
  • 6e clause : la nation la plus favorisée : si la Chine signe un traité avec une autre puissance, le privilège accordé à la nation en question sera de fait accordé au Royaume-Uni.

D’autres nations (États-Unis d'Amérique, France) demandent les mêmes privilèges que ceux accordés au Royaume-Uni.

  • États-Unis : en 1842, revendiquent les mêmes droits commerciaux et légaux. En 1844, ils les obtiennent par le traité de Wangxia (village près de Macao)
  • France : Avant la guerre de l’opium, les Français étaient mal placés commercialement puis ils obtiennent les mêmes droits en octobre 1844 par le traité de Whanpoa. Ils obtiennent de plus le droit de construire des églises et des cimetières. Quelques jours après, ils obtiennent le droit d’évangéliser.

Les conséquences économiques et sociales de la 1re guerre de l’opium

Après les traités de Nanquin, l’économie chinoise s’ouvre aux puissances étrangères et vice-versa. La Chine exporte plus de 100 millions de livres sterling de thé, deux fois plus qu'auparavant. De 12 000, les chinois exportent désormais 20 000 balles de soies en 1840, par le biais des Britanniques. Les commerces étrangers s’emploient à renforcer leur position et s’installent surtout à Shanghai (concession britannique en 1841, concession américaine en 1845, puis concession internationale). Shanghai devient une concession française en 1849 (enclave juridique avec ressemblance avec les quartiers français). Le commerce de l’opium continue de se développer. Il n’est toujours pas légal mais toléré : 40 000 caisses en 1838, 50 000 en 1850, 80 000 en 1863 (double en 25 ans).

Conséquences financières

Avant 1821, la caisse est vendue entre 1 000 et 2 000 reales (monnaie d'or mexicaine alors très apprécié dans le commerce en Orient). Après 1838, entre 700 et 1 000 reales. La monnaie était le liang (traduit par taël en français). Le liang correspond à un poids d’argent variable. (37 g environ) et 1 liang = 1 000 sapèque (en cuivre). Les Chinois paient en liang. La monnaie d’argent se raréfie en Chine, la valeur augmente au détriment de la monnaie en cuivre. L'inflation monte :

  • Avant 1820, 1 liang = 1 000 sapèques
  • En 1845, 1 liang = 2 200 sapèques.

Cette hausse se reflète sur les Chinois qui n’ont que des sapèques, les impôts doublent.

Conséquences sociales

À la campagne, les paysans s’endettent de plus en plus auprès des propriétaires fonciers. Les paysans mendient, se font bandits, rejoignent des sociétés secrètes.

En ville : le sort des artisans n’est guère plus enviable. Les produits étrangers (cotonnades et fils) peuvent se déverser sur le marché chinois. Chômage pour certains, d’autres meurent de faim. Entre 1841 et 1849, on dénombre 100 soulèvements populaires environ. La Révolte des Taiping par exemple. Cette colère populaire se déverse contre les étrangers (mouvements d’hostilité) comme à Canton ou à Fuzhou.

La population se retourne aussi contre la cour, mais la révolte sera matée. En 1851, l'empereur Xian Feng accède au trône, les négociateurs des traités tombent en disgrâce et les Chinois veulent reprendre ce qu’ils ont consenti à donner sous la disgrâce.

Chronologie

  • 1729 : premier édit chinois de l’empereur Yongzheng déclarant le trafic d’opium comme de la contrebande
  • 1796 : second édit chinois proclamé par l’empereur Jiaqing et rendant le trafic d’opium passible de la peine de mort
  • décembre 1838 : nomination par l’empereur de Lin Zexu au poste de commissaire impérial du Guangdong
  • mars 1839 : Lin Zexu confisque tous les stocks d’opium de Canton
  • avril 1839 : Lin Zexu adresse à la reine Victoria un message lui demandant l’arrêt du trafic d’opium
  • juin 1839 : destruction de la drogue confisquée ; nouveau règlement stipulant que tout navire étranger pénétrant dans les eaux territoriales chinoises sera systématiquement fouillé ; le premier ministre britannique, lord Melbourne, convainc le parlement britannique de déclarer la guerre à la Chine.
  • septembre 1839 : premier affrontement entre les flottes chinoise et britannique
  • décembre 1839 : fermeture du port de Canton aux navires britanniques
  • avril 1840 : débat à la Chambre des communes entre les partisans de la guerre et les opposants ; victoire des partisans
  • juin 1840 : arrivée à Canton d’une armada britannique sous les ordres de l’amiral Charles Elliot qui ne put accoster au port grâce aux défenses mises en place par Lin Zexu ; conquête de Hong Kong par les Britanniques ; disgrâce et remplacement de Lin Zexu par Qishan novembre 1840 : dissolution de la milice et réduction des effectifs par Qishan ; début des négociations ; Qishan refuse les exigences mais, devant les assauts britanniques, finit par accepter.
  • janvier 1841 : remplacement de Qishan par Yishan ; déclaration de guerre aux Britanniques
  • mai 1841 : signature d’une convention d’armistice et rachat de Canton aux Britanniques
  • août 1842 : signature d’un traité concédant aux Britanniques le libre commerce de l’opium
  • juillet 1844 :signature d'un deuxième traité établissant les bases du commerce entre le Royaume-Uni et la Chine et ouvrant la Chine au commerce d'autres pays comme les États-Unis ou la France.

Citation

« (...) Les lois interdisant la consommation de l’opium sont maintenant si sévères en Chine que si vous continuez à le fabriquer, vous découvrirez que personne ne l’achètera et qu’aucune fortune ne se fera par l’opium. (...) Tout l’opium qui est découvert en Chine est jeté dans l’huile bouillante et détruit. Tout bateau étranger qui, à l’avenir, viendra avec de l’opium à son bord, sera mis à feu, et tous les autres biens qu’il transportera seront inévitablement brûlés en même temps. Alors, non seulement vous ne parviendrez pas à tirer quelque profit de nous, mais vous vous ruinerez dans l’affaire. Ayant voulu nuire à autrui, vous serez la première à en souffrir. Notre Cour Céleste n’aurait pas gagné l’allégeance d’innombrables pays si elle n’exerçait un pouvoir surhumain. Ne dites pas que vous n’avez pas été avertie à temps. À la réception de cette lettre, Votre Majesté sera assez bonne pour me faire savoir immédiatement les mesures qui auront été prises (...). »

Lettre du commissaire impérial extraordinaire Lin Zexu à la reine Victoria, 1839.

 

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Seconde guerre de l'opium

Seconde guerre de l'opium
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Le pont de Pa-Li-Kiao, le soir de la bataille, Émile Bayard
Informations générales
Date octobre 1856 - octobre 1860
Lieu Empire de Chine
Issue Victoire occidentale, traité de Tianjin
Belligérants
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau français Empire français
États-Unis États-Unis
Chine Empire de Chine
Commandants
Flag of the United Kingdom.svg Michael Seymour
James Bruce
Garnet Joseph Wolseley
Flag of France.svg Jean-Baptiste Louis Gros Auguste-Léopold Protet
Charles Cousin-Montauban
États-Unis James Armstrong
Chine Sengge Rinchen
Forces en présence
Royaume-Uni : 11 000 hommes
France : 6 700 hommes, 173 navires de guerre
Etats-Unis : 3 navires
200 680 hommes
 
 

La seconde guerre de l'opium dura de 1856 à 1860 et opposa la Chine à la France et au Royaume-Uni (soutenus par les Etats-Unis et la Russie). Cette guerre peut être vue comme le prolongement de la première guerre de l'opium, d'où le nom que l'on lui a attribué.

 

Chronologie des principaux événements

Avant les guerres de l’opium

1731 : interdiction de l’importation de l’opium en Chine par les Qing
1757 : La Compagnie des Indes acquiert des droits de culture de l’opium au Bengale
1765 : La Compagnie des Indes acquiert des droits de culture de l’opium au Bihar

Première guerre de l’opium (1839-1842)

1816 : La compagnie des Indes développe le commerce de l’opium en Chine
5 janvier 1840 : Lin Zexu ordonne la fermeture du port de Canton
1842 : Traité de Nankin
(Révolte des Taiping (1851-1864))
25 février 1850 : Mort de l’empereur Daoguang remplacé par Xianfeng

Deuxième guerre de l’opium (1856-1860)

8 octobre 1856 : Un bateau contrebandier anglais est arrêté, l’Angleterre se prépare à attaquer
23 octobre 1856 : cinq mille soldats anglais investissent Canton
1857 : Bombardement de Canton par les Anglais et les Français
1858 : Traité de Tianjin
24 juin 1859 : Les forces franco-anglaises tentent de pénétrer dans Tianjin et se font refouler
17 juillet 1860 : Les armées anglaise et française débarquent sur le sol chinois
2 septembre 1860 : Les armées anglaise et française prennent Tianjin
5 octobre 1860 : Les armées anglaise et française campent sous les murailles de Pékin, elles vont piller le « Palais d’été »
13 octobre 1860 : La ville de Pékin tombe
17 octobre 1860 : Le « Palais d’Eté » est incendié
24 octobre 1860 : Traité de Pékin

Après les guerres de l’opium

1861 : Mort de l’empereur Xianfeng. Avènement de l’empereur Tongzhi âgé de 5 ans, sa mère Cixi prend la régence

Contexte

Le traité de Nankin, faisant suite à la première guerre de l'opium, laissait cinq ports à disposition des Occidentaux pour le commerce.

Malgré cet accord, les puissances européennes, dont la balance commerciale était largement déficitaire, désiraient étendre leur commerce vers le Nord et vers l’intérieur de la Chine.

Par ailleurs, le commerce de l'opium était toujours illégal en Chine. Cependant, le vice-roi de la ville de Canton le pratiquait tout en faisant condamner à mort les étrangers accusés de ce commerce. C'est ainsi que la France et les États-Unis demandèrent, en 1854, des révisions dans le traité de Huangpu et le traité Wangxia. Le Royaume-Uni fit la même demande, citant les articles sur le « traitement égalitaire » dans les statuts des nations les plus favorisées.

En 1854, les ministres occidentaux et américains contactèrent de nouveau les autorités chinoises et demandèrent des révisions des traités :

  1. Pouvoir pénétrer sans hostilité dans Canton.
  2. Pouvoir étendre le commerce à la Chine du Nord et le long du fleuve Yangzi.
  3. Le commerce de l’opium était toujours illicite, ils voulaient le légaliser.
  4. Les Occidentaux voulaient traiter avec la cour directement à Beijing.

La cour impériale de la dynastie Qing rejeta alors les demandes de révision du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis d'Amérique. Dès lors, les puissances occidentales cherchèrent d'autres moyens pour arriver à rééquilibrer une balance commerciale très déficitaire.

La guerre

Les puissances occidentales estimaient que seule la guerre pouvait amener l'Empire chinois à changer de position. Dès lors, les puissances occidentales attendirent l'événement qui pouvait amener le conflit. Cet événement eut lieu le 8 octobre 1856, lorsque des officiers chinois abordèrent l’Arrow, un navire anglais enregistré à Hong Kong sous pavillon britannique, suspecté de piraterie et de trafic d'opium. Ils capturèrent les douze hommes d’équipage et les emprisonnèrent. Cet épisode est souvent appelé « l'incident de l'Arrow ».

Les Britanniques demandèrent officiellement la relaxe de ces marins en faisant valoir la promesse par l'empereur de la protection des navires britanniques. Ces arguments furent ignorés par les autorités chinoises. Les Britanniques évoquèrent ensuite l’insulte faite au drapeau britannique par les soldats de l'Empire Qing.

La première partie de la guerre

Bien qu'affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer aux Indes, la révolte des Cipayes (1857-1858), les Britanniques répondirent à l’incident de l’Arrow en 1857 en attaquant Canton depuis la rivière des Perles. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonna aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris sans difficulté le fort voisin de Canton, l’armée britannique attaqua la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l'USS Levant, bombardèrent Canton. Les habitants ainsi que les soldats résistèrent à l'attaque et forcèrent les assaillants à battre en retraite vers Humen.

Le parlement britannique décida d'obtenir coûte que coûte réparation de la part de la Chine pour l’incident de l'Arrow, demanda à la France, aux États-Unis et à la Russie de s’allier à elle. La France rejoignit les Britanniques contre la Chine après l’exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine (incident dit du père Chapdelaine), par les autorités locales chinoises dans la province du Guangxi. Les Américains et les Russes firent des offres d’aide aux Britanniques et aux Français, mais, finalement, ne les aidèrent pas militairement.

Les Britanniques et les Français désignèrent des ministres plénipotentiaires chargés des négociations avec les Chinois. Le représentant britannique était Lord Eldgin, l'ambassadeur français le baron Gros.

Ye Mingchen fut capturé et Baigui, le gouverneur de Guangdong, se rendit. Un comité mixte de l’Alliance fut formé. Baigui fut maintenu à son poste original pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintint Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen fut exilé à Calcutta, en Inde, où il se laissa mourir de faim.

La coalition se dirigea ensuite vers le nord pour prendre les forts de Dagu, qui défendaient l'embouchure de la rivière Hai He en aval de Tianjin, en mai 1858.

L'enseigne de vaisseau Henri Rieunier (1833-1918), de l'artillerie de marine, assistera à toutes les opérations de la première partie de la guerre de Chine, ses écrits exceptionnels sont conservés et relatent les évènements, comme suit:

« L'aviso "Marceau" participe à la prise d'assaut de Canton, grand port de la Chine méridionale, le 28 décembre 1857 par les flottes combinées de l'Angleterre et de la France, à la suite d'attaques contre des navires marchands anglais. Le 20 février à Canton, Henri Rieunier embarque sur la canonnière la "Mitraille" dont il dirige les batteries d'artillerie. Le 16 mars 1858, l'amiral de Genouilly, avec l'escadre quitte Canton pour la Chine du nord. Le 20 mai 1858, agissant de concert avec les Anglais, il s'empare des forts de Ta-Kou à l'embouchure du Peï-ho dans le Petchili avant de remonter le Peï-ho jusqu'à Tien-Tsin en direction de Pékin. La "Mitraille" dont l'équipage fut décimé - 2 officiers tués, un blessé - participe à leur attaque et à leur prise. Henri Rieunier fut chargé de miner et de faire sauter le fort sud de l'embouchure de Peï-ho, en juin 1858. La route de Pékin ouverte, le gouvernement chinois signe à Tien-Tsin les 27 et 28 juin 1858 avec l'Angleterre et la France, les traités qui mirent fin à la première expédition de Chine de la 2ème guerre de l'opium. L'affaire de Chine étant ou paraissant réglée, l'amiral Rigault de Genouilly porte ses forces sur la Cochinchine...etc »

Le traité de Tianjin

En juin 1858, le traité de Tianjin conclut la première partie de la guerre à laquelle la France, la Russie et les États-Unis étaient parties prenantes. Ce traité ouvrit onze ports supplémentaires au commerce occidental. Mais, dans un premier temps, les Chinois refusèrent de le ratifier.

Les points principaux du traité étaient :

  1. Le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-Unis auront le droit d’établir des missions diplomatiques à Pékin, jusque-là, cité interdite.
  2. Dix ports chinois supplémentaires seront ouverts au commerce étranger, y compris Niuzhuang, Danshui, Hankou et Nankin.
  3. Le droit pour tous les navires étrangers, y compris les navires commerciaux, de naviguer librement sur le Yangzi Jiang
  4. Le droit pour les étrangers de voyager dans les régions intérieures de la Chine dont ils étaient jusqu’à présent bannis.
  5. La Chine doit payer une indemnité au Royaume-Uni et à la France de deux millions de taels d’argent chacune.
  6. La Chine doit payer une indemnité aux marchands britanniques de deux millions de taels d’argent pour destruction de leurs propriétés.

Les négociations se poursuivirent et, en novembre 1858, le gouvernement central accepta de légaliser le commerce de l’opium : en 1886 le commerce de l’opium porta sur 180 000 caisses (environ 10 000 tonnes). Dès 1878, on estime à environ 100 millions le nombre de consommateurs d'opium chinois (occasionnels ou réguliers).

Les Chinois acceptèrent que les droits de douane soient extrêmement faibles et que la gestion des douanes passe sous contrôle étranger.

La ratification eut lieu plus d'un an après. Le gouvernement chinois laissa traîner les choses et les Britanniques et Français eurent recours à la force pour aller plus vite : 11 000 Britanniques et 7 000 Français s’embarquèrent sur les eaux chinoises.

Le traité d'Aigun avec la Russie

Le 28 mai 1858, le traité d'Aigun est signé avec la Russie pour réviser les frontières entre la Chine et la Russie telles qu’elles avaient été définies par le traité de Nertchinsk en 1689.

Les Russes s’étendent vers la Chine, car ils ne peuvent s’étendre vers le Proche Orient (guerre de Crimée perdue, 1856). Il y a très longtemps que Russes et Chinois s’étaient entendus sur des frontières communes. Par la suite, les Russes avaient essayé de repousser les frontières (au-delà du fleuve Amour, en chinois Heilong Jiang) et avaient installé deux forts. Les Russes profitent de la deuxième guerre de l'Opium pour consolider leur avancée. Ils collaborent en sous main avec Français et Britanniques et se posent en médiateur. La Russie gagne la rive gauche du fleuve ainsi que le contrôle d’un territoire hors gel le long de la côte Pacifique, où elle fonde la ville de Vladivostok (le souverain de l’est) (anciennement Haishenwei) en 1860.

Les Russes ont les mêmes privilèges que les autres pays et la Chine reconnaît formellement leurs annexions de plus d'un million de kilomètres carrés de territoires.

La seconde partie de la guerre

Prise des forts du Peï-Ho le 21 août 1860.

En 1859, après le refus de la Chine d’autoriser l’établissement d’ambassades à Pékin comme stipulé dans le traité de Tianjin, une force navale sous le commandement de l’amiral Sir James Hope encercla les forts gardant l’embouchure de la rivière Hai He, mais subit des dommages et fit retraite sous la couverture d’un escadron naval commandé par Josiah Tattnall. La force arriva à Pékin et occupa la ville le 6 octobre. Nommant son frère, le prince Gong comme négociateur, l’empereur chinois Xianfeng se réfugia dans son palais d’été de Chengde. Les troupes franco-britanniques incendièrent les deux palais d’été, le nouveau et l’ancien, à Pékin, après plusieurs jours de pillage. Le vieux palais d'été fut totalement détruit. Les trésors s'y trouvant furent préalablement répertoriés par le général français et son homologue britannique, et rapportés à Paris et Londres pour entrer dans des collections d'État ou encore des ventes aux enchères. Cependant, Pékin elle-même ne fut pas prise, les troupes restant cantonnées en dehors de la ville.

La convention de Pékin

Après la fuite de Pékin de l’empereur Xianfeng et de sa suite, en juin 1858, le traité de Tianjin est finalement ratifié par le frère de l’empereur, le prince Gong, lors de la convention de Pékin le 18 octobre 1860, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium.

Le commerce de l’opium est légalisé et les chrétiens voient leurs droits civils pleinement reconnus, incluant le droit de propriété privée et celui d’évangéliser.

La convention de Pékin inclut :

  1. La reconnaissance par la Chine de la validité du traité de Tianjin
  2. L’ouverture de Tianjin en tant que port commercial, destiné au commerce avec Beijing
  3. La cession du district de Kowloon au Royaume-Uni
  4. La liberté de culte en Chine. Les missionnaires catholiques français ont le droit d’acheter des terres et de construire des églises.
  5. L’autorisation pour les navires britanniques d’amener de la main-d’œuvre chinoise à l'étranger pour remplacer les esclaves récemment affranchis. Ces coolies partiront pour les mines ou les plantations de Malaisie, d’Australie, d’Amérique latine, des États-Unis.
  6. Le paiement aux Britanniques et aux Français d’une indemnité augmentée à huit millions de taels d’argent chacun.

Les conséquences

Les conséquences de la seconde guerre de l’opium sont :

Au niveau économique, l’empire doit donner de grosses sommes d’argent aux pays contre qui elle a été en guerre. De plus, la balance commerciale du pays reste déficitaire, car les exportations de thé ne suffisent toujours pas à équilibrer l’argent que les Chinois utilisent pour acheter l’opium. Durant les guerres de l’opium, les Russes ont profité du chaos régnant dans le pays pour envahir quelques territoires chinois. La Chine doit verser 50 millions de roubles1 au tsar pour tout récupérer.

La Chine est considérablement affaiblie par les deux guerres qui viennent de la ravager, mais aussi la révolte des Taiping qui continuera à faire rage jusqu'en 1864. Les puissances de l’époque en ont profité pour s'emparer de territoires. Ainsi, la Chine perd l’Annam au profit de la France, la Corée qui devient indépendante et beaucoup d’autres régions du grand empire chinois.

Au niveau culturel, les pays qui ont gagné la guerre ont pillé de nombreux trésors comme les objets du « Palais d’Eté », qui a même été brûlé par les armées françaises et anglaises par la suite. Au niveau de la société, les pays vainqueurs peuvent continuer le commerce de l'opium, ce qui fait que de très nombreux consommateurs sortent de la clandestinité.

La Chine vit une période difficile à surmonter, et l’impératrice Cixi décide qu’il est temps que la Chine commence à se moderniser en prenant exemple sur les pays plus développés. Elle s’industrialise, commence à créer des armes, ses ports se développent et les bateaux à vapeur apparaissent, les lignes de chemin de fer arrivent dans le pays… Une des conséquences principale de la deuxième guerre de l’opium est donc la modernisation de la Chine, qui s’ouvre enfin sur le monde extérieur, ce qui lui permet de se développer.

L’empire chinois a donc perdu toute sa puissance à cause des guerres de l’opium. Leurs conséquences ont été catastrophiques pour le pays qui mettra des décennies à s’en remettre.

Reportages photographiques

Cette guerre fut l'une des premières guerres à être suivie et documentée par des photographes, parmi lesquels Felice Beato, John Papillon chez les Anglais et Antoine Fauchery chez les Français.

 

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20 septembre 2012

la corée.....les origines......

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Histoire de la Corée

 

Des origines jusqu'en 1948


La péninsule coréenne aurait été habitée dès le paléolithique et aurait accueilli une immigration venue de Mandchourie et de la Chine du Nord entre le VIIe et le VIe siècle avant notre ère. Selon la légende coréenne, le plus ancien État fut le Choson (le «Matin calme»), qui couvrait le nord-ouest de la Corée et le sud de la Mandchourie; il fut conquis par la Chine en 108-107 avant notre ère, qui y créa quatre «commanderies»: Lolang, Xuantu, Lindun et Zhenfan.

Les royaumes de Paekche dans le sud-ouest de la péninsule, fondée en 18 avant notre ère, et de Silla dans le sud-est, fondée en 57 avant notre ère, émergèrent aux IIIe et IVe siècles, alors que l'influence chinoise s'était affaiblie. Sur la côte sud, un troisième État, appelé Kaya, rivalisait avec les autres, mais ce fut le Koguryo qui, au Ve siècle, devint le plus puissant.

1 L'unification de la péninsule coréenne

La Corée à l'apogée de l'expansion de Koguryo au Ve siècle Le Koguryo réussit à contrôler la plus grande partie de la péninsule coréenne et de la Mandchourie. Au milieu du VIe siècle, le Silla conquit le Kaya et s'empara de territoires autour de Séoul et de la vallée du Han, tandis que le Koguryo et le Paekche perdaient graduellement des portions de leurs territoires. Ces États conservèrent une forte culture distinctive. Par exemple, le Koguryo excellait dans l'art militaire, mais le Silla mit en place des institutions sociales et politiques plus durables; le Paekche entretenait des relations avec la Chine et le Japon, et développa une grande civilisation, mais il était faible politiquement et militairement.

En 668 de notre ère, le Silla, allié à la dynastie chinoise Tang et aidé par son armée, avait, cette année-là, vaincu le Koguryo et le Paekche en 660, et établit le premier État de la péninsule coréenne unifiée après avoir reconquis en 735 les deux protectorats établis par les Chinois.

Le bouddhisme, apparu dans la péninsule au IVe siècle, était devenu une force puissante au VIe siècle et inspira fortement la vie intellectuelle et artistique du Silla. Mais la culture, l'écriture et les institutions politiques chinoises eurent aussi une grande influence, car tous les États coréens adoptèrent l'écriture chinoise pour transcrire leur langue respective. Néanmoins, la culture propre au Silla fut le principal véhicule du développement coréen de cette période. Au Xe siècle, une forme d'État typiquement coréen, fortement hiérarchisé, était déjà bien implantée et, malgré plusieurs changements et problèmes ultérieurs, cette forme de gouvernement resta en place jusqu'aux temps modernes.

2 Le Koryo (918-1392)

Au cours du IXe siècle, la monarchie et les institutions gouvernementales du Silla déclinèrent, alors que les dirigeants régionaux devenaient plus puissants. De 890 à 935, les trois anciens royaumes émergèrent à nouveau dans la péninsule. Cette fois, l'État du Nord, appelé Koryo, parvint à refaire l'unité dans la péninsule. Il fut fondé en 918 lorsqu'un guerrier nommé Wang Kon obligea le roi de Silla à abdiquer. Le Koryo réunit les dirigeants régionaux sous une autorité centrale et étendit les frontières du pays au nord du fleuve Yalu. C'est alors que le Koryo entra en conflit avec la dynastie mandchoue des Khitan (rebaptisée Liao en 947). Au cours des guerres qui durèrent de 993 à 1018, le Koryo parvint à maintenir ses positions et, en 1122, il obtint une paix définitive. Le terme de Koryo (selon la transcription, Koryo ou Goryeo) est à l'origine du nom moderne de Corée (en français),Coréia (en portugais), Corea (en espagnol et en italien), Korea (en anglais, en néerlandais, en allemand, en danois, en suédois), Koreya (en russe), Koreańska (en polonais), Koreai (en hongrois), etc. C’est sous ce nom que des marchands arabes ont parlé pour la première fois de ce pays aux Européens.

Dès le début, le bouddhisme devint la religion officielle de la cour de Koryo. Il prospéra considérablement, comme d'ailleurs en témoignent les temples et les représentations, tant peintes que sculptées, du Bouddha. La cour adopta l'écriture et le système chinois des examens pour le recrutement des fonctionnaires, classés selon leurs mérites scolaires. Toutefois, contrairement à la Chine où les concours étaient ouverts aux hommes de toutes origines, il restait, au royaume de Koryo, le monopole des familles de hauts fonctionnaires. La plupart des instituts publics d'enseignement furent fondés selon le modèle éducatif chinois et leurs contenus furent centrés sur les classiques confucéens. Le programme de l'enseignement supérieur comprenait, outre les classiques confucéens, des matières plus pragmatiques comme la législation, la calligraphie et la comptabilité. L'influence chinoise grandissante favorisa l'enseignement et l'apprentissage du chinois. Dans les universités, on n'étudiait que la littérature et les sciences chinoises, le chinois étant la «langue officielle du gouvernement et de la haute société». Dans la formation des interprètes, le chinois restait la langue la plus importante. Dès le Xe siècle, un bureau chargé de la traduction et de l'enseignement des langues étrangères (le Thongmunkwan) avait commencé à former des interprètes. En 1276, ce bureau fut renforcé tant pour contrôler la qualité de la traduction que pour enseigner les langues étrangères — surtout le chinois et le japonais — de manière plus systématique.

L'épanouissement de la culture du Koryo se produisit au XIe siècle; elle fut marquée par la présence d'un gouvernement stable, dont les institutions et les méthodes étaient empreintes de l'influence chinoise. Le bouddhisme inspira l'éducation et les arts. Mais, au début du XIIe siècle, la stabilité du Koryo fut remise en cause. De puissantes familles aristocratiques luttèrent contre le trône pour contrôler la région, tandis que la dynastie mandchoue des Jin exerçait une pression extérieure, provoquant des réactions divisées de la part d'un pouvoir devenu incertain. En 1170, les militaires, irrités par la discrimination dont ils étaient victimes, chassèrent les officiels civils, et les rois perdirent leur autorité, ce qui entraîna une période de conflits intérieurs. Puis les moines finirent par acquérir de plus en plus de pouvoirs. Durant les dernières années du royaume, le bouddhisme fut gravement remis en question en raison des conflits entre les fonctionnaires lettrés et les militaires, d'une part, les confucianistes et les bouddhistes, d'autre part.

Les Mongols envahirent la péninsule en 1231, ce qui déclencha une série de guerres, lesquelles se terminèrent en 1259 par la conquête du Koryo, qui devint un État vassal de la Mongolie pendant près d’un siècle, et ce, malgré la résistance dont fit preuve, durant vingt ans, le peuple de Koryo contre les envahisseurs. Les rois de Koryo ne retrouvèrent leur position dominante que sous la gestion de commissaires résidents mongols. Grâce à l'accession au pouvoir de la dynastie des Ming en Chine, en 1368, en lieu et place de la dynastie mongole des Yuan, le Koryo put se dégager du joug mongol. Le général Yi Songkae se débarrassa de ses adversaires politiques, prit le pouvoir en 1392 et établit ainsi en Corée la dynastie des Yi, qui régna sous le nom dynastique de Choson.

3 La dynastie Choson (1392-1910)

Durant le XIVe siècle, les Coréens furent fortement influencés par des théories néo-confucianistes, qui avaient été formulées par le philosophe chinois Zhu Xi. Ce système de valeurs très développé stimula les classes moyennes de l'administration du Koryo, et leur mouvement pour une réforme politique et sociale fut à l'origine de l'accession au pouvoir de la dynastie Choson (ou Joseon).

La Dynastie Choson (XVe Siècle)

Ce n’est qu’au XVIe siècle, avec l’avènement de la dynastie Choson (1392-1910), souvent connue en Occident sous le nom de «dynastie des Yi» (nom véhiculé par les Japonais) que le confucianisme devint un puissant instrument de réorganisation étatique et sociale.

Sous le règne du roi Sejong (1418-1450), le quatrième monarque de Choson, la Corée connut un épanouissement culturel et artistique sans précédent. C’est sous son règne que des savants de l’Académie royale inventèrent l’alphabet coréen, le Hangul, un système d’écriture conçu de manière scientifique, mais simple et efficace à la fois. Ce fut l'un des premiers exemples d'interventionnisme linguistique dans l'histoire du monde. Le règne du roi Sejong marqua ce qu'on appelle «l’âge d’or» de la Corée. Nombre d’inventions et d’idées nouvelles virent le jour durant cette période, dans les domaines de l’administration publique, de l’économie, des sciences naturelles, des sciences humaines, de la musique et de la médecine.

Bien que très influencé par la culture chinoise, le Choson parvint à garder une identité propre, utilisant son système d'écriture particulier, à la fois alphabétique et syllabique. L'utilisation de ce système d'écriture très compliqué a causé des problèmes très sérieux, parce que le chinois (monosyllabe) et le coréen (polysyllabique) sont des langues très différentes.

Durant les deux premiers siècles de son existence, le royaume Choson fut bien gouverné et connut la paix, mais des divisions commencèrent à apparaître parmi l'élite au XVIe siècle. C'est au cours de cette période que le royaume fut envahi en 1592 par les Japonais, qui voulaient utiliser le pays comme base de transit pour conquérir la Chine. En septembre 1593, avec l'aide de la dynastie chinoise des Ming et des efforts de son héros national, l'amiral Yi Sunsin (1545-1598), le royaume Choson réussit à chasser les Japonais. Ces derniers renouvelèrent leur tentative en 1597, mais furent définitivement refoulés en 1598. Quelques décennies plus tard, le pays dut subir une invasion par le nord, perpétrée par la nouvelle dynastie chinoise d'origine mandchoue des Qing (1636). Le Choson dut accepter de devenir vassal de la Chine, alors que le prince héritier devait rester en otage à la cour impériale des Qing. La langue chinoise pénétra de façon plus importante dans le vocabulaire des Coréens.

Au cours des deux siècles qui suivirent, le royaume Choson fut gouverné par des rois compétents, malgré l'apparition périodique de conflits entre différentes factions. Mais des changements sociaux, économiques et religieux mirent à l'épreuve le système politique et social du royaume Choson. Le christianisme fut introduit 1784 par la Chine et propagé après 1833 par des missionnaires français. En 1864, le roi Taewonkun déclara le christianisme hors la loi et repoussa les interventions militaires de la France (1866) et des États-Unis (1871). Il tenta aussi d'éliminer la corruption et de restaurer le prestige de l'État. Les réactions politiques suscitées par ces réformes provoquèrent néanmoins la chute du Taewonkun. Le Choson demeura un royaume relativement isolé du monde occidental, mais fidèle dans son alliance avec la Chine. En réalité, la Corée devint l'enjeu des puissances chinoise, japonaise et russe. En 1876, les Japonais obligèrent le pays à établir des relations diplomatiques avec eux, tout en affaiblissant les liens traditionnels du royaume avec la Chine. La victoire du Japon sur la Chine (1895) et sur la Russie (1905) permit l'annexion officielle de Choson par le Japon en 1910, ce qui mit fin à la plus longue dynastie (celle des Choson) qu'ait connue l'histoire du monde.

En 1897, le 26e roi de la dynastie Choson (1392-1910), agissant sous l'influence des idées occidentales et poussé par les Japonais, se déclara «empereur des Han» (le nom ancien des tribus coréennes, à ne pas confondre avec la dynastie chinoise du même nom) et proclama ainsi son égalité avec l'empereur de Chine tout en affirmant son indépendance politique. Un nouveau nom pour le pays a été donné: Taehancheguk («le Grand Empire Han»).

Au chapitre de la langue, le coréen, qui n'avait jusqu'alors qu'un statut de langue orale, commença à s'affirmer comme langue écrite à partir des réformes amorcées en 1894.  Le statut officiel du chinois mandarin fut supprimé et le coréen est devenu la seule langue officielle (kugo); les anciens noms péjoratifs accolés au coréen (onmun «langue de mauvais goût», pancheol «dialecte», etc.) tombèrent en désuétude. Néanmoins, l'enseignement du chinois classique se poursuivit dans les écoles ainsi que l'influence du système d'écriture japonais (la combinaison de caractères chinois et des lettres coréennes). Le premier journal en langue coréenne, le Tongnipsinmun (Journal de l'Indépendance) fut publié en 1896. Il se développa alors en Corée une période de purification linguistique destinée à supprimer l'écriture chinoise dans la langue coréenne écrite. Après la signature des traités d'amitié et de commerce (1882-1886), l'enseignement des langues occidentales (anglais, allemand et français) et des sciences humaines dans les nouvelles écoles permit aux Coréens de se rendre compte des dimensions du monde.

4 La domination japonaise (1910-1945)

[Zainihon Daikanminkoku Dan (Mindan)] L'occupation japonaise avait commencé avec le «traité de protection» de 1905, imposé au pays après la guerre russo-japonaise, par lequel le Japon prenait le contrôle des Affaires étrangères de Choson, puis de la police et de l'armée, de la monnaie et du système bancaire, des communications ainsi que de tous les secteurs vitaux. L'assassinat de la reine coréenne pro-russe mit fin à la dynastie Choson en 1910 et, le 29 août de la même année, la Corée fut annexée par le Japon, malgré l'hostilité des Coréens. Cette occupation allait durer trente-cinq ans, soit jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De 1910 à 1918, le Japon consolida ses positions en éliminant les nationalistes, en prenant le contrôle des terres et en imposant des changements administratifs draconiens.

Au plan linguistique, le Japon fit tout pour éliminer la langue coréenne et la remplacer par le japonais. Le chinois fut placé au même rang que les autres langues étrangères, le japonais devenant la langue officielle de la Corée. La politique linguistique reposa sur l'enseignement forcé du kokugo, la «langue nationale», c'est-à-dire le japonais. Dès 1911, un décret impérial fut promulgué en Corée sur l'éducation; il était destiné à «faire des Coréens un peuple fidèle». Après le soulèvement coréen du 1er mars 1919, un second décret impérial établit en 1922 un système d'enseignement primaire en six années, comme au Japon, et supprima les écoles traditionnelles coréennes qui assuraient l'éducation en coréen. Dans ces nouvelles écoles, on utilisa uniquement des manuels japonais identiques à ceux de la métropole. Un autre décret impérial fut promulgué en 1937. C'est alors que la japonisation devint plus sévère. Naisen ittai était le slogan officiel, c'est-à-dire «faire des Coréens des Japonais à part entière» (littéralement Japon et Corée, un seul corps). Des linguistes coréens patriotes tentèrent de réagir contre la normalisation japonaise en publiant une première grammaire moderne (Tachan munjôn) en 1909, suivie d'une grammaire nationale (kugô munbôp) en 1910 et d'une phonétique (Mal-ûi sori) en 1914. Des sociétés savantes se formèrent pour définir la langue coréenne. Lorsque cde fut le temps de rédiger un dictionnaire, plusieurs linguistes coréens furent arrêtés «pour activités anti-japonaises» et certains moururent en prison. En 1933, commença le Projet d'unification de l'orthographe du coréen effectué par la Société d'étude de la langue coréenne. Mais les conditions coloniales qui régnait alors en Corée ne permit pas de mener à bine cette entreprise.

La politique linguistique reposa sur l'enseignement forcé du kokugo, la «langue nationale», c'est-à-dire le japonais. Les autorités japonaises encouragèrent les populations locales à abandonner d'elles-mêmes le coréen pour la «langue nationale». Dès 1911, un décret impérial (Rescrit) sur l'éducation fut promulgué en Corée sur l'éducation; très similaire à celui de Taiwan, il était destiné à «faire des Coréens un peuple fidèle». Les article 2 et 5 se lisent comme suit: :

Article 2

Les activités pédagogiques doivent être basées sur la pensée fondamentale du Rescrit impérial concernant l'éducation, et éduquer les Coréens à devenir de pieux sujets de l'Empire.

Article 5

L'éducation normale doit viser comme objectif, de dispenser aux enfants des connaissances et des habiletés normales, et de leur inculquer les caractéristiques de la citoyenneté japonaise et la diffusion de la langue nationale.

Après le soulèvement coréen du 1er mars 1919, un second décret impérial établit en 1922 un système d'enseignement primaire en six années, et supprima les écoles traditionnelles coréennes qui assuraient l'éducation en coréen. Dans ces nouvelles écoles, on utilisa uniquement des manuels japonais identiques à ceux de la métropole. Un autre décret impérial fut promulgué en 1937. C'est alors que la japonisation devint plus sévère. Naisen ittai était le slogan officiel, c'est-à-dire «faire des Coréens des Japonais à part entière» (littéralement «Japon et Corée, un seul corps»).

La troisième version du programme japonais en éducation (en 1938) supprima l'enseignement de la langue coréenne, demeuré facultatif, et accentua la japonisation dans les programmes d'études.  Le Règlement sur les écoles primaires, qui a été révisé la même année, déclarait : 

Article 1er

L'école primaire, tout en portant une attention prudente au développement physique des enfants, doit inculquer chez les enfants les principaux moraux de la nation et leur dispenser des connaissances normales essentielles à la vie nationale, et éduquer les Coréens à devenir de pieux sujets de l'Empire

Plus loin, l'article 16 obligeait les écoles à utiliser le japonais (la «langue nationale») comme langue d'enseignement. Ainsi, l'enseignement du coréen fut interdit dans les écoles primaires dès 1939, les élèves étant surpris à parler coréen étaient punis ett devaient parfois porter une pancarte infamante. Les Coréens furent obligés d'adopter des noms japonais s'ils voulaient bénéficier de droits comme citoyens. Cette obligation de renoncer à leur nom a vivement marqué les mentalités en Corée, où elle se heurta à une vive résistance. Le gouvernement japonais interdit aux Coréens de parler coréen dans la rue et décerna des diplômes d'honneur aux «familles qui n'utilisaient que le japonais à la maison». Toutes les publications en langue coréenne furent interdites: les premiers rédacteurs du grand dictionnaire de coréen furent arrêtés en 1942; l'année suivante, la Société pour l'étude de la langue coréenne, fondée en 1921, fut dissoute. Les écrivains coréens furent forcés de publier seulement en japonais. L'enseignement de l'anglais régressa (supplanté par le japonais) et fut même interdit à la suite de la guerre entre le Japon et les Alliés. 

Parallèlement, l'enseignement de la langue allemande fut renforcé vers la fin de l'occupation japonaise. Suivant une tradition instaurée par les Japonais, la plupart des lycées coréens enseignaient l'allemand. Curieusement, la mobilisation des jeunes conscrits coréens dans l'armée japonaise se fit sans difficultés majeures; beaucoup de Coréens réquisitionnés furent employés à la garde des prisonniers de guerre. Puis, après la guerre, les Américains les considéreront comme des «criminels de guerre» parce qu'ils les assimileront à des «collaborateurs du Japon», la politique de japonisation s'étant retournée contre ces Coréens abandonnés par les Japonais.

Mais avant la guerre, le Japon intensifia son contrôle en supprimant les mouvements nationalistes de gauche et en favorisant ceux de droite. Les efforts d'assimilation, incluant des mesures draconiennes telles que l'interdiction de la langue coréenne et même des noms de famille coréens, ne prirent fin qu'avec la défaite du Japon (1945) pendant la Seconde Guerre mondiale. Parallèlement, les Japonais favorisèrent la chasse aux mots chinois dans la langue coréenne et dévalorisèrent l'usage des caractères chinois restés populaires en Corée. Cette période d'occupation a entraîné un rejet systématique de la culture japonaise par les Coréens et la montée du nationalisme coréen, bien que la langue coréenne s'imprégna de quantités de mots japonais. Les intellectuels, exaspérés par la politique japonaise d’assimilation, revendiquèrent leurs différences et luttèrent pour se distancier culturellement de leurs oppresseurs. Les mouvements pour l’indépendance développèrent chez les Coréens un fort sentiment d’identité nationale et de patriotisme.

5 La partition de la Corée (1948)

En février 1945, à la conférence de Yalta, peu de temps avant la fin de la guerre dans le Pacifique, les États-Unis et l'URSS s'entendirent pour diviser la Corée au niveau du 38e parallèle pour veiller à la reddition et au désarmement des troupes japonaises. Voici comment le Département d'État américain explique la situation:

Japan surrendered in August 1945, and Korea was liberated. However, the unexpectedly early surrender of Japan led to the immediate division of Korea into two occupation zones, with the U.S. administering the southern half of the peninsula and the U.S.S.R taking over the area to the north of the 38th parallel. Le Japon s'est rendu en août 1945 et la Corée a été libérée. Cependant, la reddition du Japon, hâtive et inattendue, mena à la division immédiate de la Corée dans deux zones d'occupation, les États-Unis administrant la moitié du sud de la péninsule et l'URSS s'emparant de la zone située au nord du 38e parallèle.

La reddition du Japon ne fut pas «hâtive et inattendue» («the unexpectedly early surrender»), puisque les États-Unis savaient depuis des mois que le Japon avait l'intention de capituler, soit bien avant que les bombes atomiques soient larguées sur Hiroshima et Nagasaki. En réalité, les Américains virent d'un mauvais oeil l'entrée de l'URSS (le 8 août 1945) dans le conflit contre le Japon, car ils craignaient une mainmise soviétique sur l'ensemble de la péninsule coréenne. C'est alors que Washington proposa que les Soviétiques occupent le pays depuis le nord jusqu'au 38e parallèle et que les États-Unis occupent le reste. Staline accepta aussitôt! Il est donc farfelu de croire que les État-Unis voulurent simplement administreradministering») un territoire, tandis que l'URSS s'emparait du Nord («taking over the area to the north»). C'est beaucoup plus simple: les soi-disant libérateurs de la Corée avaient décidé de s'en partager les dépouilles afin d'assurer leur influence dans cette région devenue hautement stratégique pour leurs intérêts. Autrement dit, les efforts des Coréens en vue d’établir un gouvernement indépendant furent réduits à néant par l’«influence» l'occupation des États-Unis au sud et celle de l'Union soviétique au Nord.

Puis les deux grandes puissances utilisèrent leur présence militaire pour imposer des gouvernements amis. L'URSS supprima les nationalistes modérés dans le Nord et apporta son soutien à Kim il Sung, un communiste qui avait mené une guérilla anti-japonaise en Mandchourie. Dans le Sud, il existait un mouvement de gauche très développé, opposé à plusieurs mouvements nationalistes de droite. Incapables de trouver un mouvement modéré favorable aux Américains, qui aurait pu rapprocher les deux extrêmes, les États-Unis finirent par éliminer la gauche et apporter leur soutien à Li Sungman [Syngman Rhee], un nationaliste qui s'était opposé aux Japonais et avait vécu en exil aux États-Unis.

Tous les Coréens furent favorables à la réunification, mais, dans le contexte de la guerre froide, les conférences américano-soviétiques pour l'unification (1946 et 1947) suscitèrent une méfiance réciproque. En 1947, les deux grandes puissances commencèrent à organiser des gouvernements distincts. Des élections organisées par les États-Unis le 10 mai 1948 (observées par les Nations unies) aboutirent à la victoire du parti de Li Sungman — qui fut élu président — et à la création de la république de Corée, proclamée le 15 août 1948. En réaction, le Nord fit de même et, le 25 août 1948, créa la République populaire démocratique de Corée proclamée le 18 septembre 1948. Kim il Sung devint premier ministre du nouveau gouvernement. Dès lors, l'armée soviétique et l'armée américaine se retirèrent temporairement des deux moitiés de pays qu'elles occupaient et laissèrent face à face les deux États.

Le 25 juin 1950, les forces nord-coréennes, sans avoir été provoquées, franchirent le 38e parallèle et attaquèrent le Sud, ce qui déclencha la guerre de Corée, qui devait durer trois ans. Plus de 1,4 million de Coréens perdirent la vie au cours du conflit. Aux États-Unis, on vit dans cette guerre la preuve flagrante que le communisme représentait la plus grave menace à la sécurité nationale.


Voyage dans l’imaginaire coréen. Légendes, mythes et contes de Corée

Hye-Gyeong Kim

 

En 2000, paraissait en coréen, traduit du japonais, l’ouvrage de l’historien coréen Shon Chin-T’ae (손진태) (1900- ?) Légendes, mythes et contes  de Corée (한국 민화에 대하여). Ce livre écrit dans les années 1930 marque un tournant dans la recherche ethnologique en Corée.

Shon Chin-T’ae, né en 1900, à Pusan dans la province du Kyǒngsang, part en 1921 effectuer ses études d’histoire au Japon, à l’université de Waseda, où dès cette période, il porte un grand intérêt au folklore. Pendant ses études, il revient souvent en Corée pour les vacances et commence la collecte de son matériau scientifique. Il termine ses études en 1927, travaille dans l’édition au Japon, part ensuite voyager dans toute la Corée, alors un seul pays, et rassemble les contes, les légendes et les mythes racontés par les gens du peuple.

En 1933, il retourne définitivement en Corée et enseigne à l’actuelle université de Yǒnse. En 1945, il est nommé professeur au département d’histoire de l’Université nationale de Séoul et devient, en 1950, président de la faculté de lettres de l’Université nationale de Séoul et vice-ministre de l’Éducation Nationale.

La même année, la guerre de Corée éclate (1950-1953) ; Shon Chin-T’ae est kidnappé et emmené en Corée du Nord. L’information selon laquelle il serait mort en 1950 n’a jamais pu être confirmée.

Historien, ethnologue, Shon Chin-T’ae crée à son retour du Japon en 1933 l’Association pour la recherche sur l’ethnologie coréenne et publie la première revue d’ethnologie du folklore intitulée Folklore coréen. Le point de vue qu’il développe, de 1920 à 1930, en matière de recherche sur le folklore est de reconnaître l’universalité de la culture populaire, en dépassant la situation du moment (dans cette période, la Corée est occupée par le Japon). Il n’aborde pas seulement les contes, mythes et légendes, mais s’intéresse aussi aux religions primitives du peuple, telles que le chamanisme, par exemple.

En tant qu’historien, il se fixe comme objectif, à la fin des années 1930, de construire une pratique scientifique neuve. Il publie des ouvrages sur l’histoire de la Corée, qui ne sont pas seulement l’histoire de la royauté et de la noblesse, mais aussi l’histoire du peuple coréen. Son action, en avance sur son temps, a été décisive pour la recherche en histoire et en ethnologie, et l’est aujourd’hui encore.

Au mois de décembre 2002, il a été désigné par le ministère de la Culture et du Tourisme coréen comme « personnage représentatif de la culture coréenne ».

Légendes, mythes et contes de Corée (한국 민화에 대하여)

Durant des années, Shon Chin-T’ae sillonna le pays et écouta les histoires racontées par les gens simples. L’ouvrage qui s’ensuivit est un recueil de contes, de mythes, de légendes populaires de Corée. Publié pour la première fois au Japon en 1930 sous le titre Collection de contes populaires de Chosǒn, il présente cent cinquante-quatre contes rassemblés par l’auteur lui-même. Ce livre sera traduit pour la première fois en coréen en 2000.

L’ouvrage se divise en quatre parties : les mythes et légendes ; les contes folkloriques, les histoires ironiques et anecdotes ; les contes populaires. On trouve dans cet ouvrage des thèmes chers aux Coréens, l’honneur, la famille, les valeurs traditionnelles, la nature, traités avec humour et parfois ironie.

Dans le premier chapitre consacré aux mythes et aux légendes, on découvre la manière dont le peuple coréen se représente l’origine du monde, du temps, le soleil, la lune, les étoiles, la montagne, la mer, les rivières… Dans le deuxième chapitre intitulé « Contes folkloriques sur la croyance », sont évoqués les coutumes et les tabous des Coréens, par exemple celle de l’heure des offrandes aux ancêtres ou pour quelle raison on ne doit pas jeter les rognures d’ongles des mains et des pieds n’importe où ni n’importe comment. Des fables, des histoires ironiques sont rassemblées dans le troisième chapitre de cet ouvrage. On y rencontre le bestiaire coréen, du tigre un peu ridiculisé, métaphore de la critique des grands, jusqu’aux dérangeantes puces. On découvre aussi comment les trois sœurs naïves ne savent pas du tout se comporter la nuit de leurs noces, mais aussi comment les hommes mariés agissaient préventivement contre l’adultère de leur femme. Enfin, dans le quatrième chapitre, on peut lire vingt-trois contes populaires sur les quatre géants, les dimensions de la baleine et la taille de la crevette, le voleur à neuf têtes…

Ce livre n’est pas une adaptation de contes souvent transformés en histoires à raconter aux enfants, mais le fruit d’un travail de chercheur, historien, ethnologue, profondément convaincu de la valeur de la culture populaire et désireux de saisir, dans cette période trouble de l’occupation japonaise, les éléments qui cimentent la culture nationale de la Corée.

Cet ouvrage est particulièrement intéressant au sens où il est un travail de recherche, avec toute la rigueur scientifique que cela suppose, mais aussi le respect de la parole populaire, retranscrite fidèlement.

De Pusan à la frontière chinoise, de ville en village et en hameau, ces histoires retracent l’itinéraire de Shon Chin-T’ae à travers le pays. Jour après jour, il collecte les histoires issues de la culture populaire et de la tradition orale alors fortement ancrée.

Il n’hésite pas à multiplier les narrations, à donner plusieurs versions, à varier les locuteurs, sans jamais commenter ou intervenir. Il collecte ces histoires fantastiques ou superstitieuses, souvent considérées par leurs auteurs comme déraisonnables, au point que bon nombre d’entre eux ne veulent plus les raconter à leurs enfants et à leurs petits-enfants, au risque de voir un pan entier de la culture orale s’éteindre.

Transmises oralement à travers les générations, ces histoires le plus souvent racontées par les gens des campagnes, jeunes ou vieux, leur permettent d’interpréter le monde. Ces contes témoignent de l’humour et de l’ironie, parfois féroce, avec laquelle les gens du peuple marquent l’histoire du pays, la vie quotidienne, le rapport avec les riches et les puissants de l’époque. Venues de la lointaine tradition, les légendes disent l’histoire de ceux qui sont partis à la découverte du monde et qui, une fois revenus, réintègrent le monde des vivants ou le monde céleste, pour former une nouvelle vision du monde et travailler à la stabilité des rapports entre les individus.

La profonde originalité de l’ouvrage repose sur l’identité de ceux qui racontent. Il ne s’agit pas ici d’histoires venues de la lointaine mythologie coréenne mais de la parole de monsieur Untel, de tel village, tel jour. Cet ouvrage est donc le recueil d’une culture vivante. Dans ce monde dominé aujourd’hui par la technologie, ces légendes et mythes illustrent un passé qui, loin de disparaître, témoigne de son étonnante vigueur imaginative.

Fidèle à la posture de chercheur qui intervient le moins possible, Shon Chin-T’ae rapporte les histoires et donne des points de repère, tels que les locuteurs le disent. Ainsi, de l’actuelle Corée du Nord à la Corée du Sud, ces conteurs deviennent les garants de ce qu’ils racontent et placent le lecteur en fidèle observateur de la tradition.

Shon Chin-T’ae entreprend ce travail dans la période d’occupation japonaise qui marqua durement le peuple coréen. Il parcourt la Corée du nord au sud nous montrant combien le patrimoine folklorique de la Corée se joue des frontières. Dans cette période de lourdes menaces sur l’identité coréenne, il montre que la culture populaire est un moyen de produire une histoire vivante du pays qui concourt à maintenir l’identité et la solidarité du peuple coréen0.

Chaque histoire est datée et le nom du village ou du hameau est signalé, de sorte que l’on peut suivre l’itinéraire emprunté par Shon Chin-T’ae et découvrir la méthode utilisée pour la collecte du matériau.

En témoignant de l’imaginaire social, le livre nous donne à voir comment le peuple se saisit du patrimoine mythologique et le prolonge en incarnant des aspects de la condition humaine ; Shon Chin-T’ae s’inscrit résolument dans le courant moderne de la recherche historique.

Avec l’édition de ces contes, on peut découvrir ou redécouvrir la Corée, telle qu’elle se présente au début du xxe siècle, dans ses contextes symboliques, linguistiques, politiques et sociaux.

Avec ce travail d’ethnologue, Shon Chin-T’ae construit aussi une pratique scientifique interdisciplinaire qui fera largement école en Corée et dont l’influence continue d’agir aujourd’hui. C’est d’ailleurs dans la même période qu’il organise cette discipline scientifique en créant une société savante et une revue.

Parmi cent cinquante-quatre mythes, légendes et contes de ce livre, nous présentons ici deux mythes qui reflètent l’imaginaire des Coréens à propos du soleil, de la lune et des étoiles, avant que les humains ne les aient explorés scientifiquement.

Traduction

Le soleil, la lune et les étoiles

(Histoire racontée par le jeune Chang Dong-Wǒn, à Hamhǔng, province du Hamkyǒng du Sud, le 14 août 1923.)

1-Jadis, il y a de cela de longues, longues années, vivait une mère avec ses trois fillettes et son nouveau-né. Une nuit, au retour des courses, la mère se trouva dans la montagne face à face avec un tigre qui s’apprêtait à la dévorer.

2-« Ne vaudrait-il pas mieux dévorer mes quatre enfants qui sont à la maison, au lieu de me dévorer moi ? » dit-elle. Le tigre lui demanda alors le prénom de ses enfants. La mère lui donna les noms de ses fillettes : « Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni », tandis qu’elle lui disait que le bébé n’avait pas encore de prénom. Le tigre pourtant la dévora et alla frapper à la porte de chez elle : « Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni, ouvrez vite la porte », s’écria-t-il.

3-Les fillettes, ne reconnaissant pas la voix de leur mère, eurent des soupçons.

4-« Si vous êtes vraiment notre maman, montrez-nous votre main », demandèrent alors les enfants. Après avoir observé cette main, les enfants lui dirent : « Pourquoi votre main est-elle aussi jaune que cela ?

5– J’ai glaise le mur de la grand-maison, c’est pour cette raison que mes mains sont devenues ainsi », répondit le tigre.

6-« S’il en est ainsi, montrez-nous vos jambes », demandèrent alors les enfants.

7-Le tigre tendit ses pattes. Les fillettes les regardèrent en détail et lui demandèrent : « Pourquoi vos jambes sont-elles si noires ?

8– J’ai été battu à la grand-maison et cela m’a laissé une trace bleue sur les jambes. C’est pour cela qu’elles sont devenues ainsi », répliqua le tigre.

9Pensant qu’il s’agissait tout de même de leur mère, elles ouvrirent la porte. À la demande du tigre : « Passez-moi le bébé », les fillettes le lui passèrent. L’ayant pris, le tigre se dirigea vers la cuisine. Peu de temps après, les enfants entendirent mâcher durement quelque chose, ududuk, ududuk…

10Justement, les enfants avaient très faim. « Maman, qu’est-ce que tu manges toute seule ? Donne-nous-en un peu», demandèrent-elles. Mais elles ne reçurent aucune réponse. Les fillettes allèrent à la porte et jetèrent alors un coup d’œil furtif par un trou fait dans le ch’anghoji, pour voir ce que celle-ci mangeait. Elles découvrirent le tigre en train de mâcher les os des doigts du bébé. Elles voulurent alors s’enfuir, mais elles pensèrent que si elles étaient prises au moment de filer, il leur arriverait un grand malheur. Si bien qu’elles mirent au point la ruse suivante. « Maman, nous avons tellement envie d’aller aux toilettes. C’est possible ? » demandèrent-elles. Mais le tigre ne leur donna pas la permission et leur dit : « Non, c’est impossible. » Les enfants lui demandèrent de nouveau : « Est-il permis alors de faire caca sur le seuil de la porte de derrière ? » Cette fois, le tigre donna la permission. Faisant semblant d’aller faire leurs besoins, les petites s’échappèrent par la porte de derrière et grimpèrent dans un grand arbre qui s’élevait au milieu de la cour, à côté du puits.

11-La terrible bête sauvage chercha les fillettes jusqu’au puits. Le tigre remarqua à la surface de l’eau le reflet de trois visages d’enfants. C’est ainsi qu’il découvrit les trois fillettes dans l’arbre.

12-« Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni, comment êtes-vous arrivées à monter là-haut ? demanda-t-il.

13– Nous avons emprunté l’huile de sésame à la grand-maison, nous avons huilé l’arbre et nous sommes montées », mentirent les enfants.

14-Le tigre fit comme elles avaient dit, mais il glissait, si bien qu’il ne put monter.

15-« Mes petites, comment êtes-vous arrivées à monter ? » demanda-t-il à nouveau.

16-Sans réfléchir, l’une des trois sœurs lui dit : « Va emprunter à la grand-maison une hache pour faire quelques entailles à l’arbre. » Le tigre fit ainsi et commença à grimper facilement, ch’ǒk, ch’ǒk.

17-Ne pouvant rien faire, les trois sœurs se mirent à prier le Seigneur des Cieux : « Hanǔnim, envoie-nous une corde d’argent. » Le Ciel écouta leur prière et fit descendre trois cordes d’argent. Aussitôt, chacune saisit une corde et les trois cordes s’élevèrent d’un trait vers le ciel, tsuk, tsuk.

18-Sur l’arbre, le tigre demanda encore : « Haesuni, Talsuni, Pyǒlsuni, comment êtes-vous arrivées à monter ?

19– Prie Hanǔnim de t’envoyer une corde pourrie », mentirent-elles à nouveau. Le tigre pria d’après le conseil des enfants. Pour le tigre aussi, évidemment, une corde descendit du ciel. Et pendant qu’il s’élevait vers le ciel, la corde, parce qu’elle était pourrie, se rompit. Le tigre, tombant dans le puits, mourut.

20-Parvenues au ciel, les trois petites filles furent transformées : Haesuni devint le soleil, Talsuni la lune et Pyǒlsuni les étoiles

L’origine de la Grande Ourse

(Histoire racontée par la grand-mère d’Ippuni, 69 ans, à Hamhǔng, province de Hamkyǒng du Sud, le 28 août 1923.)

21Il était une fois une veuve qui vivait quelque part. Elle avait sept fils tous dévoués à leur mère. En hiver, pour que la vieille mère puisse dormir au chaud, ils allaient dans la montagne chercher des bûches de bois et allumaient le feu dans l’ondol.

22Mais la mère disait tout le temps qu’elle avait froid et avait l’air toujours triste. Même s’ils mettaient tant de bûches qu’ils en risquaient de brûler le sol, la mère disait encore qu’elle avait froid. Et même pendant les périodes de chaleur caniculaire, elle disait avoir froid. Ses fils ne pouvaient plus la comprendre.

23Un jour, le fils aîné se réveilla dans la nuit et remarqua que sa mère n’était plus à la maison. Il eut une intuition si bien qu’il attendit le retour de sa mère et passa une nuit blanche. En fin, à l’aube, la mère rentra furtivement.

24La nuit d’après, le fils aîné suivit sa mère en cachette. Elle arriva au bord d’un ruisseau qui courait à l’entrée du village, remonta le bas de sa jupe et franchit le ruisseau en répétant : « Ah ! Elle est glaciale » – c’était l’hiver. Ensuite, elle se dirigea vers une pauvre chaumière, de l’autre côté de la rivière. S’arrêtant devant cette maison, la mère dit : « Monsieur, vous êtes là ? » De la chaumière, un vieux sortit et dit : « C’est vous, madame ? », et il l’accueillit.

25Ce vieil homme était veuf, pauvre et vivait en tressant des sandales de paille, pour gagner sa vie. Les deux rentrèrent et se grattèrent le dos l’un l’autre.

26Le fils aîné comprit sa mère. Il rentra immédiatement à la maison, réveilla ses petits frères et leur raconta tout. Aussitôt, les sept frères fabriquèrent un passage à gué, pour que leur mère puisse franchir sans peine la rivière en hiver. Ensuite, ils firent semblant de rien et allèrent dormir.

27Au moment où la mère s’en retourna à la maison, elle fut surprise de trouver le passage à gué, qui n’existait pas à l’aller. Pourtant, même en rêve, elle ne pouvait imaginer que ce fût ses fils qui l’avaient fait. Tout de même, elle ne savait pas comment remercier la personne qui avait fait cela et pria le Ciel : « Dieu des Cieux, fais que la personne qui a fabriqué ce passage à gué devienne la Grande Ourse, au nord ou bien au sud. »

28Par la suite, après la mort des sept enfants, suivant la prière de leur mère, ils devinrent la Grande Ourse dans le ciel du Nord.

 

 

 

 

 

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