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sammael world
20 avril 2012

croyances a la mode.....

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Da Kabbalah Code Le Centre de la Kabbale :


Le sacré commercialisé


« Par notre conscience collective, nous pouvons transformer le chaos en lumière, de sorte que ceux qui ont supporté cette tragédie [la Shoah] puissent être soulagés et de sorte que ces désastres ne se renouvellent pas ». Cette phrase a été écrite par Philip Berg, le fondateur du Centre de la Kabbale, le dernier gourou dont on parle de Los Angeles à Tel Aviv en passant par Paris.
Un gourou comme les autres


Le fondateur du Centre de la Kabbale, Feivel Gruberger, naît aux Etats-Unis, à New York dans le quartier de Brooklyn. Il exerce la profession d’agent d’assurances pendant 17 ans puis en 1962, part en Israël. Il y côtoie le Rabbin Brandwein, élève du Rabbin Aschlag et auteur d’un ouvrage sur le livre du Zohar. Feivel Gruberger épouse la nièce du Rabbin Brandwein avec qui il a sept enfants.
Il faut savoir que la biographie de Feivel Gruberger reste sujette à des variantes… Toujours est-il qu’à un moment donné, il décide d’angliciser son nom. Il devient Philip Berg.


Selon l’histoire « officielle » ( ?) Philip Berg retourne ensuite aux Etats-Unis, chargé de diffuser le Zohar ainsi que l’ouvrage du Rabbin Aschlag. Une revue israëlienne francophone, « Kountrass », rapporte que Philip Berg et sa famille s’adonnaient à une vente illicite de cet ouvrage du rabbin Aschlag. Ils l’auraient « piraté sans scrupule », alors qu’un tribunal rabbinique en avait expressément interdit la vente, spécifiant qu’il s’agissait « d’un viol du droit de la propriété privée »
Dans les années 70, Philip Berg quitte son épouse et ses sept enfants pour se remarier avec une américaine, Karen. Puis le couple s’installe en Israël où il ouvre un « Centre de la Kabbale » à Tel-Aviv. En moins de dix ans, Philip Berg va se constituer une immense fortune. Entre temps, il aura continué sa métamorphose et bien que ne possédant pas le moindre doctorat, il s’autoproclamera « Docteur » puis… « le » plus grand kabbaliste du monde.
Agé aujourd’hui de 77 ans, il a deux fils, Yehuda et Michael, avec sa seconde épouse. Ces deux fils sont ses héritiers.
Centre de la Kabbale : sa prétendue origine et sa doctrine
Sommaire
• Editorial : Le tsunami et les sectes
• Le système Gurdjieff (2ème partie)
• Gourelle de Village
• Que sait-on de : Solidarité et progrès
• Eloge à Julia au travers de notre histoire
• Le Centre de la Kabbale : Le sacré commercialisé
• "La Famille" ensanglantée
• Collque de la FECRIS : santé et emprise sectaire
Selon une cassette vidéo vendue au Centre de la Kabbale à Paris, le mouvement aurait été initié dans les années 60 par le rabbin Brandwein, disciple du rabbin Halevy Aschlag. Ce dernier considérait « que la diffusion de la Kabbale auprès du grand public était un impératif sacré ». Du moins c’est ce que prétend la cassette de propagande qui véhicule l’idée que les enseignements de Philip Berg s’enracinent dans l’orthodoxie sépharade israëlienne. Dès 1943, les rabbins sépharades auraient entrepris de « traduire » et de diffuser le livre du Zohar. « L’épée et la tuerie sont dans notre monde parce que les hommes n’ont pas étudié le Zohar » peut-on entendre comme commentaire sur la cassette pour justifier le massacre des Juifs ashkénases puisque leurs rabbins… refusaient de diffuser le Zohar !!


En septembre 1994, le magazine israélien, « Tel Aviv », publiait un article révélant que les héritiers « authentiques » des rabbins Brandwein et Aschlag niaient, bien sûr, cette version des faits. Car la religion juive façon Berg est revisitée et détournée. La « vraie » Kabbale, très complexe, désigne la tradition juive, sa mystique, l’ensemble des doctrines plus ou moins secrètes qui ont pour point de départ la Torah (nom juif du Pentateuque qui, lui, représente les cinq livres de la Bible) et le Talmud (recueil de la « loi orale » complétée des enseignements des grands rabbins). Les textes de la Kabbale sont Le Livre de la Création, le Livre de l’Eclat et Le Livre de la Splendeur (appelé le Zohar).
Selon la tradition juive, il faut réunir un certain nombre de critères pour être admis à étudier la Kabbale : être juif, de sexe masculin, âgé d’au moins 40 ans, marié, être père d’au moins deux enfants et avoir acquis une connaissance approfondie des « livres sacrés » (la Torah et le Talmud)…
Philippe Berg, lui, néglige ces règles et adresse son enseignement à tous, non juifs y compris.

 


La mise en place du système Berg


De retour aux Etats-Unis, Philip Berg ouvre un centre à Los Angeles et publie des ouvrages kabbalistiques, version New Age. Il invente, aidé par son épouse, un nouveau concept bien loin des critères rigoureux des kabbalistes : il n’est pas nécessaire de comprendre la langue originelle, l’araméen, pour étudier le Zohar. Un « scannage » du regard ou de la main suffit. Une pratique « magique » !
Côté divagations et extravagances, en Israël même, le groupe a réussi à introduire le Zohar à la Knesseth car seul cet ouvrage est à même de « sauver le peuple juif ». Berg déclare aussi être « le seul capable d’endiguer tout risque de conflit nucléaire ». L’un de ses ouvrages : « Les Codes secrets de l’Univers » abonde en doctes préceptes. Petit aperçu :


• Dans le genre consolant : « il n’est pas nécessaire de comprendre les mots mais il faut les prononcer correctement ».
• Dans le genre sibyllin : « La Kabbalah explique le phénomène de multilocation (multilocalisation ?) de la façon suivante : le vrai journaliste de télévision n’est pas celui qui est vu en chair et en os par sa femme, son fils, sa fille et tous ses
collègues. Le véritable présentateur du journal est constitué par les 99 % de l’homme qui ne sont vus par personne ».
• Dans le genre inquiétant : « aucun médecin n’a jamais soigné personne. Il n’y a qu’une force énergétique qui guérit véritablement, c’est la Lumière du Créateur… Un corps malade est un corps dont le niveau de Lumière est bas ».
• Et enfin dans le genre intéressé : « La Kabbalah enseigne des prières spécifiques pour se protéger du Mauvais OEil. Ne dédaignez pas des protections comme les talismans contre la sorcellerie. » (…que le Centre de la Kabbale fournit bien sûr…)
Philip Berg, son épouse et ses deux fils multiplient la publication d’ouvrages. L’un d’eux, écrit par Karen Berg vante… les vertus amaigrissantes de la Kabbale. Où va se nicher la tyrannie de la minceur ?


Que recherchent les adeptes en quête de spiritualité ? Accéder à un savoir réputé difficile ? La sérénité et la paix intérieure ? L’un des « enseignements » dispensé dans un centre de la Kabbale promet ainsi d’apporter un changement positif dans chaque domaine de la vie : relations sociales, carrière professionnelle, santé physique. Autant viser large.

 


Expansion mondiale et stars à la pelle

 


Le Centre de la Kabbale qui utilise le patrimoine religieux et culturel du kabbalisme traditionnel, est tout simplement devenu la dernière lubie des stars aux Etats-Unis… à tel point que les journalistes qui ne veulent en aucun cas contrarier ces dernières ne font guère preuve de sens critique ! La plus emblématique de toutes demeure Madonna, chanteuse à personnalités décidément changeantes qui, elle, a trouvé son gourou à Londres, en la personne de Michael, l’un des fils de Philip Berg. La presse ne manque pas de rapporter tous les faits et gestes kabbalistiques de la star. Lors d’un récent passage en Israël cependant, Madonna, rebaptisée Esther, a été éconduite alors qu’elle voulait rencontrer de grands kabbalistes, notamment le rabbin Keduri. Ce que l’on comprend aisément lorsqu’on connaît les conditions à réunir pour avoir le droit d’étudier la Kabbale.


La nouvelle Esther Madonna se coupe de quiconque ose émettre des doutes sur les intentions réelles des gourous du Centre de la Kabbale. Elle a rompu les liens avec sa meilleure amie et n’adresse plus la parole à ses nombreux frères et soeurs… D’autre part, la chanteuse qui a atteint « le summum de la compréhension spirituelle », a, selon une source récente, été promue au plus haut grade au cours d’une cérémonie secrète. Elle vient de décider que sa fille, Lourdes, s’appellerait désormais Sarah.


Le Centre de la Kabbale revendique une cinquantaine de centres à travers le monde dont un ouvert récemment à Varsovie, en Pologne. Aux Etats-Unis le centre de Los Angeles reste le plus connu. Celui de New-York, se situe, lui, au coeur de Manhattan. Il « brille comme un bloc de marbre neuf ». Il est vrai que Madonna aurait versé 22 millions de dollars pour sa construction, tout comme elle a financé en grande partie le centre londonien. A Paris, l’antenne du Centre de la Kabbale s’est établie dans l’un des quartiers les plus « chics » de la capitale. Elle est enregistrée en préfecture en tant qu’association
sans but lucratif mais, en parallèle, une SARL « dirigée par les adeptes, gère les affaires financières ». Environ 200 personnes fréquenteraient le lieu régulièrement.


Philip Berg et sa famille ont su développer une stratégie commerciale facturant très cher des dîners, incitant à des voyages en Israël, monnayant des cours, des ouvrages, toutes sortes d’objets, de grigris, une eau kabbalistique chargée « d’énergie » censée guérir toutes sortes de maladies, même le cancer,… mais aussi des vidéos et surtout le livre sacré du Zohar en 23 volumes facturé à un tarif prohibitif. Le fameux bracelet en fil rouge qui protège du mauvais oeil, vendu lui aussi, et devenu signe distinctif du mouvement a, en fait, été copié sur l’authentique « Fil Rouge » issu de la tradition juive. Alors que ce dernier s’achète à un prix raisonnable ou peut même être obtenu gratuitement près du Mur des Lamentations à Jérusalem ou lors de la visite du Tombeau de Rachel à Bethléhem, le « fil rouge » du Centre de la Kabbale est commercialisé presque dix fois plus cher ! Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que dans ce mouvement, l’argent est perçu comme une « forme d’énergie comme l’électricité… ou le nucléaire ".


En 2004, le Centre de Los Angeles où officie le gourou fondateur aurait engrangé 4 millions de dollars. Plus de 4 millions de personnes se seraient intéressées aux activités du mouvement devenu une véritable multinationale, un empire financier de 100 millions de dollars. Selon Rick Ross, responsable d’une association de surveillance des sectes à New York, il oeuvrerait autant dans l’immobilier que dans la spiritualité.


Sous le feu des critiques


Quel que soit le pays, les ex-adeptes des Centres de la Kabbale, leurs proches, les associations de défense racontent presque tous les mêmes histoires.
Aux Etats-Unis où des bénévoles appelés « les Hevras » travaillent à plein temps dans les centres, Rick Ross (déjà cité) dit avoir reçu plus de 100 plaintes au cours de l’année écoulée. L’une d’elle concernait une jeune fille qui a travaillé deux ans avec le gourou Philip Berg à Los Angeles. Pour ses parents, elle avait subi un « lavage de cerveau ».


En France, dès 1992, époque où existait une dizaine de centres dans le monde, la revue « Tribune Juive » rapportait que le rabbinat de Paris considérait déjà l’organisation « comme une imposture et une vaste affaire commerciale » ! Une enquête du journal livrait des témoignages révélant des cas de ventes forcées du Livre du Zohar et des impostures financières. Il est aussi question d’incitation au divorce et de l’abandon de ses études par un jeune homme de 19 ans, subjugué, et qui ensuite consacrait tout son temps en jeûnes, en prières et en veillées .

Aujourd’hui, l’UNADFI a connaissance de témoignages : l’un concerne une femme qui a passé cinq ans au Centre de la Kabbale à Paris. Elle y a suivi les cours d’une manière assidue, n’omettant pas d’acheter outre le bracelet rouge, l’eau kabbalistique et les 23 volumes du livre du Zohar. Mais lorsqu’elle a remis 26.000 euros au Centre, sa fille est intervenue. Un autre témoignage émane des parents d’une jeune fille de 26 ans qui s’était coupée d’eux dès les premiers « cours d’initiation » au Centre de Paris.


En Israël où Berg a sévi, il n’est guère apprécié. Il existe un « Forum Against Cults » (Forum contre les sectes) qui regroupe trois organismes anti-sectaires. L’un d’eux, le groupe orthodoxe Lev LeA’him connaît parfaitement le Centre de la Kabbale et précise
qu’il est « fiché » comme une secte « à part entière ». Lev LeA’him a recueilli des témoignages d’ex-adeptes qui vivaient la promiscuité la plus gênante et dont il ressort qu’il leur avait été infligé un endoctrinement terrible. Le gourou et son épouse dirigeaient tout de leur vie, fixaient les mariages, détruisaient les familles, séparaient les couples, inspirant la peur et entretenant un culte de la personnalité.

Le magazine « Tel Aviv » rapporte que le couple Berg parlait de lui à la troisième personne ! Une partie des témoignages des ex-adeptes a été présentée à un comité gouvernemental de réflexion sur le phénomène des sectes en Israël. De son côté, Lev LeA’him a organisé une réunion d’une cinquantaine de victimes de Berg qui « ont évoqué les graves séquelles que leur passage dans la secte a laissées sur eux comme sur leurs enfants ».


Un article très récent d’un journal canadien « The Globe and Mail » consacre un article au Centre de la Kabbale de Toronto qui a su diversifier ses offres. Apprendre à méditer ? Recettes pour trouver l’âme soeur ? Augmenter ses facultés d’intuition ou même faire des miracles ? L’argent y reste là aussi le nerf de la guerre et chaque adepte se doit de remettre au centre 10 % de son salaire. Certains membres, rapporte l’article, ont été jusqu’à mettre leur maison en gage. Une habitante de Toronto mariée depuis 25 ans, raconte que son mari, un orthodontiste, engagé dans le mouvement, était devenu un « étranger ». Il a demandé le divorce pour se remarier avec une adepte qui avait elle-même quatre enfants. Actuellement au Canada, un éminent kabbaliste, le Rabbin Schochet, auteur de plusieurs livres sur le mysticisme juif, est poursuivi par Philip Berg pour calomnie et diffamation.


En Grande-Bretagne, un magazine de la BBC2 : « Sweeney Investigates » consacré récemment au Centre de la Kabbale a fait une forte impression. Un homme atteint d’un cancer (en rémission) a infiltré le mouvement muni d’une caméra cachée. Le temps du reportage, il a dû débourser 860 livres pour acheter l’eau kabbalistique et le livre du Zohar demeuré pour lui indéchiffrable : deux investissements censés le guérir de son cancer.

Cette somme lui a également permis de participer à un dîner au Centre. Les images de la BBC2 dévoilent une cérémonie religieuse qui s’est déroulée à l’issue de ce dîner auquel Madonna et sa famille (un mari, deux enfants…) participaient. On y voit des adeptes chanter les syllabes de « Cher-no-byl » en se tournant vers l’est et en repoussant l’air avec leurs mains, voulant par là réduire le « rayonnement » atomique… Le documentaire de la BBC2 dévoile aussi que des adeptes dorment dans des « cellules dans un sous-sol sans fenêtre ».

Il montre aussi, en résonance avec l’actualité, l’appel lancé par le Centre de la Kabbale pour réunir un million de dollars en faveur des victimes du tsunami en Asie. Le hic : le centre se sert de l’argent récolté pour investir… dans ses propres produits ! Le site internet du mouvement le confirme. On y voit des victimes des inondations tenant à la main des exemplaires du… livre du Zohar devenu un « objet » curatif ! L’un des fils de Philip Berg, Yehuda, précise ainsi sur internet que dix mille litres d’eau kabbalistique ont été envoyés en Indonésie. Cette attitude scandalise le rabbin londonien Barry Marcus qui recommande de donner à d’autres organismes que le centre de la Kabbale et conseille par ailleurs aux célébrités de reconsidérer leur engagement auprès de ce groupe de « charlatans ».


Le rabbin londonien Yitzchak Schochet dont le père fait actuellement l’objet d’une plainte au Canada (voir ci-dessus) estime que ce mouvement est « une secte » et le Grand Rabbin de Grande-Bretagne, Jonathan Sacks, a publié un communiqué en avril 2004 pour faire savoir que les activités du centre de Londres n’étaient pas liées à sa communauté.. En France, Haïm Korsia, président du Consistoire israélite français, pointe lui aussi des « comportements sectaires ». Pour sa part, le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag, estime qu’il s’agit d’une récupération de « l’élan mystique » et que faire passer « les livres sacrés en hébreu » pour des talismans est un « détournement de sens » qui ne sert qu’à exploiter la crédulité des adeptes dans un but lucratif .

 


Madonna explique la Kabbale aux enfants Le Centre londonien a lancé un programme destiné aux enfants : « Spirituality for kids », ce qui provoque les foudres des autorités juives et notamment du rabbin londonien Arkus, directeur d’une organisation de lutte contre les sectes. De tels programmes existent déjà aux Etats-Unis. Madonna qui a écrit trois livres pour enfants reverse intégralement les droits à « Spirituality for kids ». La chanteuse qui participe à la promotion du Centre de la Kabbale à Londres explique la Kabbale aux enfants dans un film vidéo, enfants à qui il est également distribué un exemplaire du livre du Zohar. En 2004, en Israël, près de 400 enfants juifs et musulmans ont ainsi participé à un « séminaire » …

 



Siège UNADFI: 130 rue de Clignancourt, 75018 Paris Tél: 01 44 92 35 92 -

 

 

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4 juillet 2012

APOSTASIE

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Apostasie

L'apostasie (du grec ancien ἀπόστασις (apostasis), « se tenir loin de ») est l'attitude d'une personne, appelée un apostat, qui renonce publiquement à une doctrine ou une religion.

 

Description

En grec, ce nom (apostasia) dérive du verbe aphistêmi, qui signifie littéralement « s’éloigner de » ; il a le sens de « désertion, abandon » (Ac 21:21). En grec classique, on l’employait pour parler des défections politiques, et c’est vraisemblablement dans ce sens que le verbe est employé en Actes 5:37 à propos de Judas le Galiléen qui « a entraîné » (apéstêsé, une forme d’aphistêmi) des partisans à sa suite. Dans la Septante, ce mot se retrouve en Genèse 14:4 au sujet d’un autre cas de rébellion. Toutefois, dans les Écritures grecques chrétiennes, il est utilisé essentiellement à propos de défections religieuses, pour parler de quelqu’un qui renonce à la vraie cause, qui cesse d’adorer et de servir Dieu, et qui, par conséquent, renie ce qu’il professait auparavant et abandonne totalement ses principes ou sa foi. Les chefs religieux de Jérusalem accusèrent Paul d’une telle apostasie envers la Loi de Moïse.

L'apostasie peut également signifier la renonciation de se soumettre à l'autorité représentant ladite doctrine (comme l'autorité religieuse ou celle d'un parti politique).

Dans le contexte religieux (le plus courant), l'apostasie signifie le renoncement par un individu adulte et responsable, à faire partie d'une organisation religieuse. Le renoncement sous la contrainte (politique, parentale...) n'est pas considéré comme de l'apostasie, il en va de même pour un individu qui perd ses facultés cognitives.

S'appuyant sur les lois issues des directives européennes, certaines personnes ayant été baptisées enfants, donc sans consentement, se font rayer des registres des « églises », ou tout simplement parce qu'elles ne veulent plus cautionner les propos de ces mouvements religieux. Cette procédure est communément appelée débaptisation. Dans l'église catholique le nom n'est pas rayé du registre, l'acte d'apostasie est inscrit en marge, mais aux termes de la loi française n° 78-17 du 6 janvier 1978 consolidée par la loi n°2004-801 du 6 août 2004, on peut exiger de plein droit que le nom soit rayé de façon à n’être plus lisible de tout fichier non automatisé, notamment manuscrit, et effacé de tout fichier automatisé de l'église concernée.

En Iran, conformément à la loi islamique en vigueur depuis la révolution de 1979, les condamnés pour apostasie encourent la peine capitale. En 2011, l’apostasie est toujours passible de la peine de mort en Arabie saoudite

 

16 juillet 2013

la psychiatrie au service du formatage.....

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DSM : quand la psychiatrie fabrique des individus performants et dociles

PAR LAURA RAIM (23 MAI 2013)

Sommes-nous tous fous ? C’est ce que laisserait supposer la nouvelle version du DSM, la bible des psychiatres recensant troubles mentaux et comportements « anormaux ». Plus on compte de malades, plus le marché de l’industrie pharmaceutique s’élargit. Surtout, le DSM apparaît comme un moyen de faire rentrer dans la norme ceux qui seraient jugés « déviants » – une part de plus en plus grande de la population. Ces « mal ajustés » de notre société orientée vers la rentabilité économique, où l’individu se doit d’être performant et adaptable. Enquête sur un processus de normalisation qui, sous couvert de médicalisation, façonne les individus.

 

Vous êtes timide ? Peut-être souffrez-vous de « phobie sociale ». Votre tristesse passagère, liée à un événement douloureux comme la perte d’un proche, n’est-elle pas plutôt une dépression ? Le territoire du pathologique semble s’étendre sans fin. Ces troubles psychiatriques sont recensées par le « DSM-5 », cinquième version du catalogue des affections mentales, ouvrage de référence des psychiatres, sorti le 19 mai. Avec son lot de « nouveautés ». Rares sont ceux qui ne se reconnaîtront pas dans l’un des 400 troubles répertoriés ! Avec ses critères toujours plus larges et ses seuils toujours plus bas, le DSM fabriquerait des maladies mentales et pousserait à la consommation de psychotropes, estiment ses détracteurs.

Alors que la première version du « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux » (Diagnostic and statistical manual of mental disorders - DSM), publié en 1952, ne recensait qu’une centaine d’affections, son contenu n’a cessé d’enfler au fil des révisions, tous les vingt ans. Ses détracteurs pointent le risque de « médicaliser » à outrance des comportements finalement normaux. Selon la version antérieure, le DSM-4 (sorti en 1994), la moitié de la population des États-Unis pouvait être considérée comme souffrant de troubles mentaux, estime l’historien Christopher Lane. 38 % des Européens souffrirait de désordre mental [1] ! Pourquoi une telle inflation ? Sommes-nous en train de tous devenir fous ?

Les critiques du DSM mettent en avant la responsabilité des laboratoires pharmaceutiques. Ces firmes chercheraient à étendre le « marché des troubles ». Et ont noué à partir des années 80 des liens étroits avec les psychiatres influents, à commencer par les rédacteurs du DSM : 70% des auteurs ont ainsi déclaré avoir des rapports financiers avec les labos [2]. Les ventes d’antidépresseurs et de neuroleptiques aux États-Unis représentent 24 milliards de dollars. En France, elles ont été multipliées par sept en deux décennies, et représentaient plus d’un demi milliard d’euros au début des années 2000. Au-delà des conflits d’intérêts, cette « pathologisation du normal » révèle bien d’autres choses. Avant d’être un outil de diagnostic de maladies mentales, le DSM ne serait-il pas plutôt un dispositif de normalisation des conduites, dans une société orientée vers la rentabilité économique ?

Rentrer dans la norme

Dans ce répertoire des affections mentales, il est davantage question de comportement que de souffrance. Un choix revendiqué par les auteurs : « Pour être le plus objectif possible et s’assurer qu’un même patient aurait le même diagnostic qu’il soit à Paris, New York ou Tokyo, l’Association des psychiatres américains (APA) a décidé d’écarter toute théorie explicative, source de dissensus parmi les différents courants de la pensée psychiatrique, et de rester au niveau de l’observable, sur lequel tout le monde peut-être d’accord. Or l’observable, c’est le comportement », explique le psychiatre Patrick Landman [3]. Président du collectif Stop DSM, il s’oppose depuis trois ans à la « pensée unique DSM ». Se contenter d’observer les comportements pour établir un diagnostic permet d’échapper aux biais culturels, moraux ou théoriques des différents cliniciens. Mais cette standardisation se fait au prix d’une grande simplification de la complexité des problèmes rencontrés en psychiatrie.

 

L’abondance des troubles du comportement et de la personnalité dans le DSM« est emblématique d’une psychiatrie qui se préoccupe moins de la vie psychique des gens que de leur comportement », ajoute le psychiatre Olivier Labouret [4]. Un comportement qui doit avant tout être conforme à la norme. « Il n’est pas anodin que le DSM n’emploie pas le mot "maladie", qui renvoie à la souffrance ou à la plainte émanant du patient, mais le mot "trouble", qui est la mesure extérieure d’une déviation de la norme, souligne le psychiatre. Le trouble, c’est ce qui gêne, ce qui dérange ».

Quand l’homosexualité était une « affection mentale »

Ces normes développées par la psychiatrie n’ont pas attendu les versions successives du DSM pour se manifester. Dans son cours au Collège de France sur les « anormaux », le philosophe Michel Foucault expliquait comment à partir du milieu du XIXe siècle, la psychiatrie commence à faire l’impasse sur le pathologique, la maladie, pour se concentrer sur « l’anormal » : la psychiatrie a« lâché à la fois le délire, l’aliénation mentale, la référence à la vérité, et puis la maladie, explique le philosophe. Ce qu’elle prend en compte maintenant, c’est le comportement, ce sont ses déviations, ses anomalies ». Sa référence devient la norme sociale. Avec ce paradoxe : la psychiatrie exerce son pouvoir médical non plus sur la maladie, mais sur l’anormal.

Une analyse qui rejoint celle de l’antipsychiatrie américaine. Pour le professeur de psychiatrie Thomas Szasz, les « maladies mentales » ne sont que des « mythes » servant à médicaliser les comportements jugés indésirables ou immoraux au sein de la société [5]« Le sort de l’homosexualité, inclus puis exclu du DSM au gré de l’évolution des mentalités aux États-Unis, illustre à quel point le manuel reflète moins l’état d’une recherche scientifique sur les maladies que les normes de "l’acceptable" d’une époque », rappelle le philosophe Steeves Demazeux, auteur de Qu’est-ce que le DSM ?.

Traquer les « déviants » ?

Tous les comportements ne subissent pas le même traitement. « Si vous parlez à Dieu, vous êtes en train de prier, si Dieu vous parle, vous êtes schizophrène », écrivait ainsi Thomas Szasz. Et des « paraphilies » (pour ne pas dire « perversions »), telles que le masochisme et le fétichisme, demeurent dans la catégorie des « troubles sexuels », témoignant de la culture puritaine américaine dans laquelle baignent les auteurs, et à laquelle la population est invitée à se conformer. La psychiatrie, qui détecte et désigne les déviants à l’époque moderne, ne ferait selon Szasz que remplacer l’Inquisition qui traquait les sorcières au Moyen-Age. Les inquisiteurs avaient pour guide le Malleus Maleficarum, les psychiatres… le DSM.

 

Sans doute les normes d’une époque ont-elles toujours influencé le partage des eaux entre le normal et le pathologique. Mais cette influence a longtemps été cantonnée en arrière-plan. Le DSM-3 franchit un cap dans les années 80 en faisant de ces normes les critères directs et explicites de chaque trouble. Un exemple : « Avec le DSM-5, il faut avoir moins de trois accès de colère par semaine pour être un enfant "normal", explique Patrick Landman. Les autres – ceux qui dévient de cette norme – seront désormais étiquetés « trouble de dérégulation d’humeur explosive » ! Et pourront être « normalisés » par des médicaments. En prenant par exemple de la ritaline, cette molécule à base d’amphétamines consommée à haute dose aux États-Unis, pour améliorer la concentration des écoliers. Près de huit millions d’enfants et d’adolescents américains de 3 à 20 ans prennent des antidépresseurs ou des calmants. Le DSM non seulement reflète les normes sociales du moment, mais les renforce en les transformant en normes médicales.

Le « bon fonctionnement de l’individu », un enjeu économique

Un des critères d’une grande partie des troubles – que ce soit la schizophrénie, l’hyperactivité ou le trouble des conduites – est l’« altération significative du fonctionnement social ou professionnel ». Le choix des termes n’est pas innocent : la « fonction » d’un organe, d’un appareil ou d’un outil se rapporte toujours à une totalité subordonnante. On parle ainsi du bon ou du mauvais fonctionnement du foie ou du rein relativement à l’organisme. Parler de la « fonction » ou du « bon fonctionnement » de l’individu trahit le fait que celui-ci n’est pas une fin en soi. L’individu doit « fonctionner » correctement dans l’entité qui le subordonne : l’entreprise, l‘école, la société. C’est cela que l’Échelle d’évaluation globale du fonctionnement (EGF) du DSM-4 (datant de 1994) se propose de mesurer. Êtes-vous au « top » de votre « fonctionnement social, professionnel ou scolaire ». Ou celui-ci subit-il une « altération importante » ou « légère » ? Si vous êtes « intéressé et impliqué dans une grande variété d’activités, socialement efficace, en général satisfait de la vie », vous avez des chances d’obtenir une note de 90 sur une échelle allant de 0 à 100...

Et votre « fonctionnement social » intéresse au plus haut point votre pays. Car pour les États, c’est leur puissance économique qui est en jeu : « L’Union européenne évalue entre 3 et 4 % du PIB les coûts directs et indirects de la mauvaise santé mentale sur l’économie », indique en 2009 le rapport du Conseil d’analyse stratégique sur la santé mentale. Invalidité, accidents du travail, absentéisme, baisse de la productivité... Autant d’impacts de la santé psychologique des travailleurs sur l’économie. Le rapport évoque les « nouveaux impératifs de prévention des formes de détresse psychologique et de promotion de la santé mentale positive ou optimale. ». Concrètement ? Il s’agit d’investir dans « le capital humain » des personnes, en dotant « chaque jeune d’un capital personnel », dès la petite enfance. Objectif : que chacun développe très tôt les« compétences clés en matière de santé mentale ». Des « aptitudes qui se révèlent in fine plus adaptées aux demandes du marché du travail », explique le Conseil d’analyse stratégique...

Le travailleur idéal : performant, invulnérable et sûr de lui

Et pour cause : l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit en 1993 ces compétences psychosociales comme « la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne ». Autrement dit, « être capable de s’adapter aux contraintes sans jamais questionner le bien-fondé ou la justice de la situation, voilà ce qui est attendu de quelqu’un de "normal", résume Olivier Labouret. Le DSM reflète l’idéal transhumaniste de l’homme que l’on peut programmer et améliorer pour qu’il soit compétitif sur le marché du travail ».

Les patients les mieux « notés » sur l’Échelle d’évaluation globale du fonctionnement du DSM ont « un niveau supérieur de fonctionnement dans une grande variété d’activités » et ne sont « jamais débordés par les problèmes rencontrés ». A la plus grande satisfaction de leur employeur ! « L’homme idéal sous-jacent du DSM est performant, invulnérable et sûr de lui », poursuit le psychiatre. En cela, le DSM traduit une conception évolutionniste de la psychologie : seul l’individu "vulnérable" ou "fragile" n’arrive pas à s’adapter à la réalité socio-économique, puisque la majorité semble y arriver. »

La psychiatrie au service de la productivité ?

Ce normativisme social au service de la productivité économique n’est pas nouveau. Mais la « bible des psychiatres » applique et renforce les normes, de manière systématique et globale. Ses effets sont repérables dans toutes les institutions, bien au-delà de l’hôpital. Aux États-Unis et en Australie, les mutuelles, les tribunaux et les écoles s’y réfèrent pour étayer leurs décisions. Et les gouvernements mènent des politiques de santé publique ciblant des « catégories DSM » de la population.

 

En France, si le manuel n’a pas encore force de loi, sa présence s’intensifie.« On utilise en France surtout la classification de l’OMS, la Classification internationale des maladies (CIM). Mais celle-ci est quasiment calquée sur le DSM, que la Haute autorité de Santé reconnaît déjà officiellement d’ailleurs, explique Patrick Landman. Le DSM est enseigné dès les premières années de médecine. Tous les généralistes y sont donc formés. « Quant au champ de la recherche, on ne peut pas publier un article si l’on n’utilise pas les codes du DSM. Et les laboratoires, qui financent les formations post-universitaires, ne jurent que par lui. »

La violence du système néo-libéral occultée

Bon nombre de souffrances, difficultés, émotions, traits de caractère ou préférences sexuelles, se retrouvent inscrits dans le DSM, alors qu’ils ne devraient pas relever du champ médical. La grande majorité des praticiens et des patients ne songent pas à questionner le statut de ces « troubles » ainsi officialisés. Ni à remettre en cause les normes sociales qui ont présidé à la formation de ces catégories. Ce sont toujours les êtres humains qui, « inadaptés », souffriraient de « dysfonctionnements ». Ils sont invités à identifier leurs troubles et recourir à un traitement qui leur permettra de rapidement redevenir « fonctionnels »… Notamment sur le marché du travail. Une violence symbolique du système néolibéral, qui se dénie comme telle, du fait de son déplacement dans le champ psychologique et médical, déplore Olivier Labouret.« La pression normative écrasante qui en résulte, désormais occultée, empêche toute possibilité de comprendre et de réformer l’ordre du monde ».

Nous sommes désormais non plus malades, mais « mal ajustés ». Un mot de la psychologie moderne, utilisé plus que tout autre, estime Martin Luther King en 1963 : « Certainement, nous voulons tous éviter une vie mal ajustée , admet-il.Mais il y a certaines choses dans notre pays et dans le monde auxquelles je suis fier d’être mal ajusté (…). Je n’ai pas l’intention de m’ajuster un jour à la ségrégation et à la discrimination. Je n’ai pas l’intention de m’ajuster à la bigoterie religieuse. Je n’ai pas l’intention de m’ajuster à des conditions économiques qui prennent les produits de première nécessité du plus grand nombre pour donner des produits de luxe au petit nombre ».

Laura Raim

Notes

[1Étude de 2011 publiée dans la revue European Neuropsychopharmacology

[2Lire notamment Jean-Claude St-Onge, Tous fous ?, Ed. Ecosociété, 2013.

[3Auteur de Tristesse business. Le scandale du DSM 5, éd. Max Milo, 2013.

[4Auteur de l’ouvrage Le nouvel ordre psychiatrique, éd. Erès, 2012

[5Son raisonnement est le suivant : pour qu’il y ait maladie, il faut qu’il y ait lésion. De deux choses l’une : soit il y a lésion du cerveau, il s’agit alors d’une maladie du cerveau (même si elle perturbe le comportement, comme l’épilepsie) et non pas de l’esprit. Soit il y a une souffrance mentale mais pas de lésion, alors il ne s’agit pas de maladie.

21 août 2011

La dépression ou l’art de se leurrer......

 

1 avril 2005

par Alice Miller

Depuis ma jeunesse, l’écrivain russe Anton Tchékhov compte parmi les auteurs que je préfère. Je me souviens très bien de l’appétit avec lequel j’ai, vers l’âge de 16 ans, dévoré son récit “La salle n°6″, et de l’admiration que j’éprouvais pour l’acuité de son regard et la finesse de sa psychologie, et plus encore pour le courage avec lequel il aborde la vérité et la donne à voir, sans chercher à épargner quiconque lui est apparu comme une crapule.
C’est seulement beaucoup, beaucoup plus tard que j’ai lu sa correspondance et que j’y ai trouvé, ainsi que dans les biographies qui lui sont consacrées, des informations sur son enfance. Il m’est alors apparu que ce courage de dire la vérité, que j’admirais tant chez Tchékhov, trouvait ses limites dès que son père était en cause. Voici ce que dit de lui sa biographe Elsbeth Wolffheim:

“A l’école, il était rabaissé et humilié, mais ce n’était rien à côté de ce qu’il subissait à la maison. Le père de Tchékhov était irascible et grossier, il traitait ses proches avec une rigueur extrême. Les enfants prenaient des raclées presque tous les jours, ils devaient se lever à cinq heures du matin, aider au magasin avant l’école, recommencer après, si bien qu’ils trouvaient à peine le temps de faire leurs devoirs. De plus, en hiver, il faisait un froid glacial dans le sous-sol où le magasin était installé, au point que l’encre y gelait. Jusque tard dans la soirée, les trois frères servaient les clients tout comme les jeunes apprentis, ils étaient battus par leur patron comme eux et parfois, debout, s’endormaient d’épuisement. Le père (…) prenait part avec un zèle fanatique à la vie de la paroisse, il dirigeait le choeur, et ses fils devaient y chanter ” (Elsbeth Wolffheim “Anton Tchekhov”, Rowohlt 2001, p.13).

Tchékhov écrivit un jour que lorsqu’il chantait dans ce choeur, il se sentait comme un déporté en camp de travail (ibid. p.14), et dans une lettre à son frère, il lui suffit de quelques lignes pour tracer de son père un portrait conforme à la vérité, mais cette vérité semblait ne trouver aucune place dans sa vie: “le despotisme et le mensonge ont gâché notre enfance au point de se sentir mal et d’être pris de peur lorsque le souvenir remonte” (Wolffheim, p.15). De telles affirmations sont extrêmement rares, le fils s’est préoccupé toute sa vie, au prix de lourds sacrifices financiers, de l’entretien de son père. Pour ce qui est des sacrifices psychiques qu’il a également consentis en réprimant sa vérité propre, personne dans son entourage n’en a eu la moindre idée, parce que l’opinion générale était qu’il y avait de la vertu à se comporter ainsi. Pourtant, le refoulement des sentiments authentiques en relation avec les traitements épouvantables infligés à l’enfant a nécessité beaucoup d’énergie et pourrait bien avoir déclenché la tuberculose que Tchekhov a attrapée très tôt, ainsi que ses accès de dépression, que l’on appelait alors mélancolie. Il mourut finalement à l’âge de 44 ans (j’ai abordé ce point de façon plus complète dans “Notre corps ne ment jamais”).

La lecture du livre récemment paru de Ivan Bounine (“Tchékhov”, le rocher, 2004) m’a appris que mes réflexions peuvent être confirmées par les paroles de Tchékhov lui-même. Il exprime ici des louanges à l’égard de ses parents, bien qu’il ait parfaitement dû savoir quel travestissement il infligeait ainsi à la réalité :

“Mon père et ma mère sont les seuls êtres au monde auxquels je ne refuserai jamais rien. Si je réussis un jour dans ma vie, je le leur devrai entièrement. Ce sont des gens merveilleux. L’amour infini qu’ils portent à leurs enfants les place au-dessus de tout éloge, efface tous les défauts [qu'a pu développer en eux une existence trop dure -c'est la fin de la phrase dans l'édition françaiseNDT] “. (p.23)

D’après Bounine, Anton Tchékhov aurait même à plusieurs occasions souligné ce point devant des amis : “je n’ai jamais enfreint le quatrième commandement”. (citation extraite de l’édition française)

Trahir ainsi ce qu’on sait intimement n’a rien d’exceptionnel. De la même façon, beaucoup de gens passent leur vie à nourrir sur leurs parents des jugements complètement faux, à cause d’une peur refoulée, la peur du tout petit enfant devant ses parents. Cette trahison de leur vrai soi, ils la paient par des dépressions, des suicides ou des maladies graves, qui sont facteurs de mort précoce. Pour ce qui concerne les suicides, on retrouve presque à chaque fois des épisodes de l’enfance extrêmement traumatisants qui ont été totalement niés ou qui n’ont jamais été reconnus comme tels. Tous ces gens ne voulaient rien connaître de leurs souffrances précoces et vivaient dans une société qui ignore tout autant ces souffrances. La place accordée à l’histoire individuelle de l’enfant et à son importance pour sa vie ultérieure a toujours été nulle ou beaucoup trop faible, et il en est de même aujourd’hui encore. Voilà pourquoi tout le monde s’étonne quand par exemple une vedette très en vue se suicide et qu’il est alors révélé qu’elle souffrait de dépression. Il ou elle avait pourtant tout ce que tant d’autres aimeraient tellement avoir, c’est ce qu’on entend alors de tous côtés, qu’est-ce qui a donc bien pu lui manquer ?

Le décalage entre la réalité refoulée et la façade “heureuse” m’est aussi apparu en regardant un documentaire sur la chanteuse Dalida, qui a souffert pendant de longues années de dépression grave et a mis fin à ses jours à l’âge de 54 ans. Il y a eu un grand nombre d’interviews de personnes qui prétendaient la connaître très bien et l’aimer, et qui étaient très proche d’elles dans la vie privée ou professionnelle. Sans aucune exception, ces personnes ont affirmé que ses crises de dépression et son suicide étaient pour elles absolument incompréhensibles. Sans arrêt revenaient ces phrases : “elle avait tout ce que l’on désire habituellement : la beauté, l’intelligence, un énorme succès. Pourquoi donc alors ces dépressions à répétition ? “

Le fait que tous les proches de Dalida ne se soient doutés de rien m’a permis de saisir dans quelle solitude, tant intérieure qu’extérieure, la vie de cette vedette a dû se dérouler, et le grand nombre de ses admirateurs n’y a rien changé. J’avais l’intuition que l’on pourrait trouver dans l’enfance de la chanteuse de quoi expliquer son suicide, mais cet aspect n’a été évoqué par personne au cours de l’émission. En cherchant sur Internet, je n’ai rien trouvé d’autre que ce qui est répété partout, c’est à dire que Dalida aurait eu une enfance heureuse et des parents aimants. Pourtant, quoi de plus éclairant que la vie des célébrités pour établir à quel point la dépression est répandue. Malgré tout, la question de l’origine, de la racine de cette souffrance n’est presque jamais posée. Du coup, la dépression apparaît comme inévitable et inexplicable. Il y a en particulier une question qui n’est jamais posée : comment Dalida enfant a-t-elle donc bien pu vivre le fait d’être élevée par des religieuses ?
Comme j’ai lu beaucoup de choses sur ce type d’internats, je sais qu’il n’est pas rare que des enfants doivent y subir des violences d’ordre sexuel, physique ou psychique, qu’il leur faut considérer comme des manifestations d’amour et d’attention, ce qui leur apprend à accepter le mensonge comme une chose normale. Je sais aussi que les tentatives de faire connaître à l’opinion publique les conditions de vie scandaleuses qui règnent dans ces établissements font face à l’obstruction des institutions religieuses. La plupart des anciennes victimes font tout pour oublier les tourments qui leur ont été infligées dans leur enfance, d’autant plus qu’elles savent qu’elles ne trouveront dans la société pour ainsi dire aucun témoin lucide pour prendre leurs souffrances au sérieux. Seule l’indignation de la société pourrait les aider à ressentir leur propre indignation et à se rebeller contre le mensonge. Mais lorsque cette assistance vient à manquer pour ainsi dire à chaque fois qu’elle est sollicitée, lorsque toutes les autorités se solidarisent avec le mensonge, c’est comme si on imposait de force la dépression à ces personnes.
La vie de Dalida, comme celle de nombreuses célébrités, reste mystérieuse, et c’est justement cela qui semble fasciner le public.

Bien des vedettes mondialement célèbres, qu’on les ait jalousées ou adulées, ont au fond été extrêmement seules. Comme l’exemple de Dalida le montre, elles n’ont jamais été comprises, parce qu’elles ne pouvaient pas se comprendre elles-mêmes. Et elles n’étaient pas en situation de pouvoir se comprendre parce que leur entourage ne leur renvoyait pas de la compréhension, mais uniquement de l’admiration. Finalement, elles mirent fin à leurs jours. Ce cycle nous en dit long sur les mécanismes de la dépression. Sur la voie du succès, c’est de la compréhension que ces gens recherchent, ils se donnent un mal infini pour l’obtenir et pour qu’un public toujours plus vaste s’enthousiasme pour eux. Mais cet enthousiasme ne les nourrit pas aussi longtemps que la compréhension leur manque. Alors, malgré leur carrière, la vie n’a finalement aucun sens pour eux, tellement ils restent étrangers à eux-mêmes. Et ils restent étrangers à eux-mêmes parce qu’ils veulent oublier complètement ce qui est arrivé au début de leur vie et nient leurs souffrances précoces. Comme la société toute entière fonctionne de cette façon, ces vedettes ne pouvaient être comprises de personne et souffraient donc de leur solitude.

Ce déni complet de la souffrance que nous éprouvons au début de notre vie est lourd de conséquences. Imaginons-nous quelqu’un qui voudrait entreprendre une randonnée et se foulerait le pied dès le début de sa course. Même si il essayait de ne pas tenir compte de sa souffrance et de poursuivre sa randonnée parce qu’il s’en était fait une joie, les autres vont se rendre compte tôt ou tard qu’il boîte. Ils vont lui demander ce qui lui est arrivé. Il leur racontera alors son histoire, ils comprendront pourquoi il boîte et lui conseilleront de se faire soigner.

Il en va autrement quand il s’agit des blessures psychiques précoces, qui jouent dans la vie des hommes un rôle comparable à celui du pied foulé au début d’une randonnée. Aucune considération philosophique ne permettra de s’en débarrasser, elles vont peser de tout leur poids sur sa vie, avec cependant cette différence qu’en règle générale personne ne leur accordera d’attention. Sur ce point, la société toute entière est assez d’accord avec la personne qui souffre et qui ne peut pas raconter ce qui lui est arrivé. Il est aussi possible que cet individu blessé dans son intégrité n’en ait aucun souvenir. Si il lui faut passer toute sa vie parmi des gens qui prennent à la légère les traumatismes subis dans l’enfance, il joue le jeu. De ce fait, sa vie se déroulera donc à peu près comme la randonnée d’un homme qui s’est foulé le pied juste au début, mais ne veut pas l’admettre et fait comme si en fait rien ne lui était arrivé. Mais si d’aventure il rencontre des gens qui ont connaissance des répercussions des traumatismes précoces, il a l’opportunité de rompre avec son déni et d’ouvrir ainsi la voie à la guérison des blessures qu’il a subies autrefois.

Beaucoup de gens n’ont pas cette chance. Car justement, plus ils sont célèbres, plus on trouve autour d’eux des admirateurs superficiels et sans réflexion, et aucun d’entre eux ne mesure la détresse dans laquelle se trouve leur idole, ou n’a ne serait-ce que l’envie de la mesurer. Les exemples ne manquent pas. Que l’on pense à la vie de la merveilleuse Marilyn Monroe, placée en foyer par sa mère et violée à l’âge de 9 ans; revenue plus tard dans sa famille, elle a été harcelée sexuellement par son beau-père. Jusqu’à la fin de sa vie, elle n’a eu confiance qu’en son charme, si bien que la dépression et les drogues ont eu raison d’elle. Voici en quels termes elle a parlé de son enfance, des phrases que l’on retrouve fréquemment sur Internet :

“Je n’étais pas orpheline. Une orpheline n’a pas de parents. Tous les autres enfants à l’orphelinat n’avaient plus de parents. J’avais encore une mère. Mais elle ne voulait pas de moi. J’avais honte d’expliquer ça aux autres enfants là-bas… “

Bien des gens souhaiteraient sans doute que leur propre vie soit une réussite semblable, et ne peuvent pas comprendre pourquoi une star n’arrive pas à en jouir. Quand un individu est particulièrement doué, il peut aussi utiliser ce talent pour renforcer ses mécanismes de défense contre la vérité et la maintenir ainsi éloignée de lui-même et des autres.

Dans ce mécanisme cyclique, une exception est constituée par les gens qui ont subi des traumatismes qui n’ont pas été causés par les parents. Ces personnes ont plus de chances de trouver de l’empathie dans la société parce que chacun peut se représenter ce que cela signifie par exemple que d’avoir grandi dans un camp, ou, pour un otage aux mains de terroristes, d’avoir passé quelques jours dans un état d’impuissance affreux. Alors, ceux qui ont subi de tels traumatismes peuvent s’attendre à être compris, aussi bien par leurs parents adoptifs que par leurs amis ou ce qui reste de la famille, et à ce qu’on leur témoigne de la compassion.

Il est exact d’affirmer que nous possédons en tant qu’enfants de nombreuses ressources qui nous rendent capables de survivre même à des blessures graves. Mais pour se débarrasser de leurs séquelles, nous avons besoin de trouver des témoins lucides dans la société. Cependant, on fera le constat de leur inexistence dans la plupart des cas où les parents sont les auteurs des mauvais traitements. Un enfant qui a subi la maltraitance de ses parents se retrouve adulte sans témoins, et reste de ce fait isolé : non seulement des autres, mais aussi de lui-même, parce qu’il a refoulé la vérité, et que personne ne l’aide à appréhender la réalité de ce qu’il a vécu enfant. Car la société se tient toujours aux côtés des parents. Chacun sait qu’il en est ainsi et du coup, à quoi bon oser s’approcher de sa vérité ? Mais si cette personne arrive à ressentir et à exprimer sa colère dans le cadre d’une thérapie réussie, elle se verra sans doute confrontée à l’hostilité de toute sa famille et de ses amis, qui vont l’attaquer parce qu’elle a transgressé un tabou et que cette transgression fait également peur aux autres. Ces gens peuvent aller jusqu’à employer tous les moyens contre cette personne de façon à pouvoir garder intact leur propre refoulement.

Parmi ceux qui ont survécu à des mauvais traitements précoces, il y en a peu qui sont en état de supporter ces agressions et qui sont capables d’accepter de se retrouver isolés plutôt que de trahir leur vérité. Cependant il est permis d’espérer qu’avec la diffusion de la connaissance de la dynamique émotionnelle de ces processus, les choses changeront, et que grâce à l’éclosion de groupes de personnes plus éclairées, on ne soit plus condamné à une solitude absolue. Voilà pourquoi je considère la théorie de la résilience comme dangereuse, parce qu’elle est susceptible de diminuer le nombre des témoins lucides plutôt que de l’augmenter. Si la résilience innée pouvait suffire à se dégager des causes des traumatismes, alors l’empathie des témoins lucides ne serait plus nécessaire. Je pense que l’indifférence à l’égard des mauvais traitements infligés aux enfants est déjà suffisamment grande, il n’y a pas besoin de la renforcer davantage.

Les personnes éclairées sont toutefois toujours difficiles à trouver, même parmi les spécialistes. Par exemple, quelqu’un qui veut se renseigner sur la vie de Virginia Woolf et fait des recherches sur Internet tombe sur une page où des psychiatres de renom lui apprennent qu’elle était “malade mentale”, et que cette affection n’avait aucun rapport avec la violence sexuelle à laquelle elle avait été soumise pendant des années au cours de son enfance. Bien que dans ses écrits biographiques, Virginia Woolf décrive de façon saisissante la terreur dans laquelle elle a vécu son enfance (“Skizzierte Erinnerungen”, Francfort sur le Main), en 2004, le refus d’établir une relation entre ces traumatismes lourds et ses dépression ultérieures est encore complet.

Il faut dire que de son vivant, on n’imaginait même pas qu’il puisse y en avoir une. L’écrivain qu’elle était lisait ses textes aux membres de son cercle littéraire, mais n’en restait pas moins seule, car la signification de ce qu’elle avait vécu étant petite lui échappait à elle autant qu’à son entourage, et même à son mari Léonard (comme en témoigne ce qu’il a écrit sur sa femme après sa mort). Elle était entourée de gens qui partageaient ses ambitions artistiques et les encourageaient, mais elle-même n’était pas en état de comprendre la sensation de solitude absolue qui resurgissait régulièrement. Cela peut finalement paver la voie au suicide, parce que le sentiment présent d’isolement rappelle en permanence l’abandon et la menace pour son existence vécus par le petit enfant.

Quand une prétendue maladie mentale a conduit quelqu’un au suicide, on lui trouve presque à chaque fois des causes génétiques. Les biographes décrivent la vie de leurs protagonistes dans tous ses détails, mais omettent le plus souvent d’accorder à l’enfance l’attention qu’elle mériterait.
Récemment est parue une riche biographie de Jean Seberg, que l’auteur, Alain Absire, a présentée sous la forme romanesque (“Jean S.”, Fayard 2004). Elle a tenu le rôle principal dans 35 films, dont certains sont très connus, comme “A bout de souffle”. Manifestement, Jean Seberg avait montré dès l’enfance un intérêt très vif pour le théâtre, et elle avait beaucoup souffert de la rigidité morale d’un père protestant luthérien, qu’elle idéalisa par la suite. Lorsque, alors qu’elle n’avait pas encore terminé sa scolarité, elle fut retenue pour son premier rôle au cinéma parmi des milliers de candidates, son père fut dans l’incapacité de se réjouir avec elle et ne sut que lui prodiguer des mises en garde. C’est ainsi qu’il se comportait chaque fois qu’elle connaissait un succès : au nom de son amour paternel, il lui faisait des sermons. Toute sa vie, elle fut incapable de s’avouer à quel point l’attitude de son père la blessait, et elle endura les tortures que lui faisaient subir les partenaires qu’elle se choisissait d’après un modèle déterminé.

Naturellement, on ne peut pas dire que le caractère de son père était la cause de sa vie gâchée. C’était son propre déni des souffrances causées par ce père-là qui entraînaient ses graves crises de dépression. Ce déni dominait sa vie et la conduisait à retomber régulièrement sous le pouvoir d’hommes qui ne la comprenaient pas plus qu’ils ne la respectaient. Elle répétait compulsivement ce choix de partenaire autodestructeur parce qu’elle ne voulait pas prendre conscience des sentiments que l’attitude de son père faisait naître en elle. Elle était incapable de trouver un partenaire satisfaisant, ou bien il lui fallait le quitter dès qu’elle en avait trouvé un qui n’avait pas avec elle un comportement destructeur. A quel point avait-elle donc dû désirer que son père la reconnaisse un jour pour tous ses succès… Mais il ne lui renvoyait que des critiques.

Manifestement Jean Seberg n’avait pas la moindre idée du caractère tragique de son enfance, sinon elle ne serait pas devenue esclave de l’alcool et des cigarettes, et il ne lui aurait pas fallu se suicider. Elle partage son sort avec de nombreuses autres vedettes, qui ont espéré échapper à leurs sentiments véritables au moyen de drogues, ou dont la vie a été interrompue prématurément par une overdose, comme ce fut le cas pour Elvis Presley, Jimi Hendrix ou Janis Joplin.

La vie (et la mort) de toutes ces vedettes au sommet de la réussite prouve bien que la dépression n’est pas une souffrance causée par le présent, qui tout au contraire leur a apporté la réalisation de quasiment tout ce dont elles ont pu rêver, mais une souffrance due à la séparation de leur propre soi, dont l’abandon précoce n’avait jamais pu être pleuré comme il l’aurait dû, et qui de ce fait n’a jamais pu vivre. Tout se passe comme si le corps utilisait la dépression pour protester contre cette infidélité à soi-même, contre le mensonge, contre cette coupure de ses véritables sentiments, parce qu’il ne peut tout simplement pas vivre sans sentiments authentiques. Il a besoin du libre flux des émotions, qui aussi se modifient constamment : fureur, tristesse, joie. Quand elles sont coincées dans la dépression, le corps ne peut pas fonctionner normalement.

Pour l’y contraindre malgré tout, toutes sortes de moyens sont utilisés : drogues, alcool, nicotine, médicaments, fuite dans le travail. Tout cela pour ne pas avoir à comprendre la révolte du corps, pour ne jamais risquer de découvrir que les sentiments ne nous tuent pas, mais peuvent au contraire nous libérer de la prison qui a pour nom dépression. Bien sûr, la dépression peut revenir si nous recommençons à ignorer nos sentiments et nos besoins, mais avec le temps nous pouvons apprendre à toujours mieux nous y prendre avec elle. Etant donné que les sentiments nous renseignent sur ce qui nous est arrivé dans notre enfance, nous pouvons comprendre ce qu’ils nous disent, nous n’avons plus à les craindre autant qu’avant, la peur diminue et nous sommes mieux préparés à faire face à une nouvelle phase dépressive. Toutefois, il ne nous devient possible de laisser libre cours aux sentiments que lorsque nous nous n’avons plus à craindre nos parents intériorisés.

Je suppose que l’idée que nos propres parents ne nous ont pas aimés est insupportable à la plupart des gens. Plus les faits s’accumulent et mettent en lumière cette déficience, plus les gens s’accrochent à l’illusion qu’ils auraient été aimés. . Ils s’accrochent aussi aux sentiments de culpabilité, dont la fonction devrait être de leur confirmer que c’est bien à cause d’eux, de leurs erreurs et de leurs déficiences si leurs parents ne leur ont pas manifesté d’amour. Dans la dépression, le corps se rebelle contre ce mensonge. Beaucoup préfèrent mourir, ou mourir symboliquement en étouffant leurs sentiments, plutôt que de revivre l’impuissance du petit enfant que les parents utilisent pour servir leur orgueil ou pour projeter sur lui comme sur une cible leurs sentiments de haine accumulés.

Le fait que la dépression compte au nombre des maladies les plus courantes de notre époque n’est plus un secret parmi les spécialistes. C’est un sujet qui est souvent abordé dans les médias, où l’on discute de ses causes et des différents types de traitements. Dans la plupart des cas, on a l’impression que la seule chose qui compte, c’est de trouver la prescription médicale appropriée à chaque individu. Dans les milieux psychiatriques, on affirme aujourd’hui que des médicaments qui ne rendent pas dépendants et ne présentent pas d’effets secondaires on enfin été mis au point. Du coup, le problème semble résolu. Mais pourquoi alors tant de gens se plaignent-ils malgré tout de souffrir de dépressions, si la solution est si simple ? Naturellement il y a des gens qui souffrent de dépression et qui ne veulent pas prendre de médicaments, mais même parmi ceux qui en prennent, il en est qui sont malgré tout toujours sujets à des accès de dépression, et que même des années de psychanalyse, différents types de psychothérapies ou des séjours en centre de soins n’ont pu aider à se libérer.

Qu’est-ce qui caractérise une dépression ? Avant tout l’absence d’espoir, la perte d’énergie, une grande fatigue, la peur, le manque de motivation, de centres d’intérêt. L’accès à ses propres sentiments est bloqué. Tous ces symptômes peuvent être présents ensemble ou isolément, même chez un individu qui de l’extérieur semble bien fonctionner, qui est même très productif au travail, qui éventuellement peut même avoir une activité thérapeutique et chercher à aider les autres. Mais à lui-même, il ne peut apporter aucune aide. Pourquoi ?
En 1979, dans “le Drame de l’enfant doué”, j’ai expliqué comment certaines personnes réussissent à se tenir éloignées de la dépression grâce à des fantasmes de grandiosité ou à des actions extraordinaires, et comment cela peut justement se produire dans le cas de psychanalystes ou de thérapeutes qui apprennent dans leur formation à comprendre les autres, mais pas à se comprendre eux-mêmes. J’en ai cherché les raisons dans l’enfance de ceux qui choisissent ces métiers et montré qu’ils ont dû apprendre très tôt à ressentir la détresse de leurs pères et mères, et à y réagir tout en mettant de côté leurs propres sentiments et besoins. La dépression est le prix que paye l’adulte pour ce renoncement à être soi-même. Toujours, il s’est demandé en quoi les autres ont besoin de lui, et c’est ainsi qu’il en est venu non seulement à négliger ses propres sentiments et besoins originels, mais aussi à ne même pas les connaître. Mais le corps, lui, les connaît et insiste pour que l’individu puisse vivre ses véritables sentiments authentiques et se donne le droit de les exprimer. Pour des personnes qui ont été utilisées dès leur petite enfance pour les besoins de leurs parents, cela n’a cependant rien d’une évidence.

De cette façon, nombreux sont ceux qui au cours de leur vie perdent complètement le contact avec l’enfant qu’ils ont été. En fait, ils ne l’avaient jamais eu, mais avec l’âge, il leur devient encore plus difficile de l’établir. D’un autre côté, l’accroissement de la dépendance que l’âge impose au corps agit comme un rappel de la situation de l’enfant. On parle alors de dépression sénile, et l’on pense qu’il faudrait l’accepter comme quelque chose de naturel.

Mais il n’en est rien. Une personne qui connaît son histoire n’est pas obligée de devenir dépressive avec l’âge. Et si elle traverse des phases dépressives, il lui suffit de laisser ses sentiments authentiques s’exprimer pour les faire disparaître. Car à tout âge, la dépression n’est rien d’autre que la fuite devant la masse des sentiments que les blessures de l’enfance pourraient faire remonter. C’est ce qui crée un vide intérieur chez la personne touchée. Quand il faut éviter à tout prix les souffrances psychiques, il n’y a finalement pas grand-chose qui soit capable de maintenir la vitalité. Des prestations hors du commun sur le plan intellectuel peuvent aller de paire avec une médiocre vie intérieure d’enfant sous-développé émotionnellement. Cela est vrai à tout âge.

La dépression, qui reflète ce vide intérieur, est, je le répète, le résultat de l’évitement de toutes les émotions qui sont reliées aux blessures précoces. Cela conduit à ce qu’une personne dépressive ne soit pour ainsi dire pas capable d’éprouver des sentiments conscients, à moins que, déclenchés par un événement extérieur, il ne soit débordé par des sentiments qui restent totalement incompréhensibles, parce que l’histoire véritable et non idéalisée de son enfance lui est inconnue, et qu’il vit cette irruption des sentiments comme une catastrophe soudaine.

Les patients qui séjournent dans un centre de santé mentale s’entendent toujours dire qu’ils n’ont pas à aller fouiller dans leur enfance, qu’ils n’y trouveront pas de réponses et qu’ils feraient mieux de se décider à tout oublier pour trouver leurs marques dans la nouvelle situation. Rien n’est plus éclairant que les efforts qui sont faits pour éviter tout ce qui pourrait jouer sur les nerfs des patients, ce qui conduit à interdire les visites des proches. Le point de vue selon lequel de telles rencontres, justement parce qu’elles ont un effet émotionnel fort sur le patient, peuvent le stimuler (car les émotions ne sauraient avoir un effet nuisible, mais bien au contraire bénéfique), n’est la plupart du temps toujours pas accepté dans ces centres. On peut ressentir les effets tragiques que ce type de prescriptions provoque parfois dans la vie des individus à la lecture de la correspondance entre le poète Paul Celan et sa femme. On lui interdisait de façon stricte de recevoir sa visite, ce qui renforçait encore son isolement et sa maladie.

Dans le cas du roi Louis II de Bavière, nous avons affaire à une façon spectaculaire de crier inconsciemment sa solitude à la face du monde et de raconter ce qu’a été son enfance. Ce roi a construit des châteaux fastueux qu’il n’a jamais habités. Dans l’un, il a passé en tout onze jours, et il n’a jamais séjourné dans les autres. Ces merveilleux châteaux ont été construits avec beaucoup de soin et d’après les principes de la technique la plus moderne. Aujourd’hui, ils sont visités par des foules de touristes, admirés par certains, suscitant les sourires de ceux qui n’y voient que du kitsch, tandis que qu’un petit nombre les considère comme le fruit bizarre d’un esprit malade. Car de son vivant déjà, la “schizophrénie” avait été diagnostiquée chez Louis II, un diagnostic qui est toujours considéré comme juste aujourd’hui et qui en fait n’explique rien. Ou alors, c’est dire que ce comportement aberrant a pour cause une maladie génétique et qu’il est donc vain de chercher à lui donner un sens.

Munis de ces informations trompeuses, les visiteurs passent d’une salle à l’autre, dans ces luxueux châteaux qu’un roi “malade” fit construire avec l’argent de ses sujets. Et jusqu’alors, personne ne semble s’être posé la question : que s’est-il passé au seuil de cette vie royale ? Pourquoi cet homme construisait-il des châteaux dans lesquels il n’habitait pas ? Que voulait-il dire par là ? Voulait-il raconter une histoire que son corps avait mémorisée et qu’il connaissait bien, mais que sa conscience devait écarter parce qu’il est interdit d’accuser ses propres parents ?

Louis II, le premier né, a été soumis dès sa naissance à une éducation rigide qui fit de lui un enfant solitaire, assoiffé d’amour et de contact. Le point clé, c’est que ces besoins les plus élémentaires étaient négligés d’une façon ahurissante. Cet enfant très sensible ne trouve pas sa place auprès de parents qui le jugent bête et laissent les domestiques s’occuper de lui. C’est auprès d’eux que le garçon reçoit le pain qu’on lui refuse au château pour qu’il apprenne à discipliner sa faim. Que de telles méthodes d’éducation soient tout simplement sadiques et renvoient donc à l’enfance de ses parents, l’enfant ne peut pas le comprendre. Même si l’adulte devait le comprendre un jour, cela ne lui servira pas à grand-chose, parce que ce que son corps veut, c’est que les émotions enfouies et les véritables sentiments refoulés puissent être retrouvés. Mais de toute sa vie, cela ne fut pas possible à Louis II : d’où ce comportement aberrant, appelé schizophrénie. Le roi respectait ses parents, comme il se doit. Il ne s’autorisait jamais à laisser monter en lui son sentiment de frustration, et, plus âgé, ne dirigeait jamais sa colère vers d’autres cibles que des domestiques. Son incapacité à exprimer son impuissance, alors même qu’il était condamné à être privé de nourriture dans un cadre de vie luxueux, l’a amené à ne plus pouvoir ressentir autre chose que de la peur.

C’est cette peur qui fut à l’origine de la solitude qui fut la sienne à l’âge adulte. Il fuyait les gens, était poursuivi par des cauchemars, vivait dans la crainte d’une agression soudaine. Il est extrêmement vraisemblable que cette crainte puisse être rattachée à des événements réels vécus dans l’enfance. Car Louis II vivait sa sexualité en secret, il se faisait envoyer des photos de beaux jeunes gens qui croyaient avoir été choisis comme modèles de nus par des artistes. Mais une fois dans les appartements du roi, celui-ci abusait d’eux. De tels abus, une telle tromperie sont inconcevables si l’abuseur n’a pas été lui-même abusé. On est donc porté à en conclure que Louis II a subi des violences sexuelles dans son enfance. Rien n’impose que cela se soit nécessairement produit dans le cercle familial. Par les mémoires d’Heroard, médecin de la cour de France, nous sommes en effet renseignés sur ce que le roi Louis XIII a pu subir de la part de la domesticité quand il était enfant (AM “l’Enfant sous terreur”, Aubier 1986 pp. 153-159).

Tout cela n’aurait pas nécessairement mené à la “schizophrénie” si au cours de son adolescence il s’était trouvé quelqu’un pour aider le jeune Louis à voir quelle était sa situation, à déceler tout ce qu’il y avait de cruel dans le comportement de ses parents, à s’y opposer ou à tout le moins à s’avouer sa colère, ou encore à s’interroger plus tard avec lui à propos de ce que ses projets de châteaux remuaient en lui. Il est possible qu’il ait voulu inconsciemment donner forme par sa créativité à quelque chose qu’il lui était interdit de penser consciemment: le fait qu’enfant, malgré le grand luxe qui l’entourait, il ait dû vivre comme un moins que rien. Pour ses parents, son existence ne comptait pas, ils ne reconnaissaient pas ses capacités (le père ne le considérait pas comme assez intéressant pour le prendre avec lui dans ses promenades) et ne le nourrissaient même pas suffisamment, si bien que de temps en temps, il devait aller chez des paysans en dehors du château pour manger à sa faim.
Parmi les très nombreux documents que l’on trouve sur Internet à son sujet, voici ce que l’on peut lire sur son enfance :

“La façon de vivre des deux princes était très simple. Parmi d’autres singularités, la bonne éducation de l’époque imposait de ne pas laisser les enfants manger à leur faim, et le futur roi était très content quand la fidèle servante Lisi et les laquais lui rapportaient parfois à manger de la ville, ou lui donnaient un peu de leur nourriture, plus abondante que la sienne.
Si il arrive que les jeunes princes fassent une bêtise de leur âge ou viennent à manquer à un de leurs devoirs, ils sont impitoyablement punis. Par cette éducation sévère, leur père le roi Max II veut faire de ses fils des princes capables et travailleurs. (…)
Max II n’arrive pas à établir une relation de confiance avec ses fils, particulièrement avec le prince héritier, dont la nature est très différente de la sienne; il se sent profondément étranger à ses préoccupations et montre peu d’intérêt pour son développement. Voici ce que raconte à ce propos dans ses souvenirs Franz von Pfistermeister, qui fut pendant de longues années le secrétaire de cabinet de Max II, puis de Louis II:
“”Le roi ne voyait ses deux petits garçons, les princes Louis et Otto, qu’une à deux fois par jour, le midi au deuxième déjeuner et le soir à table au souper, fort rarement dans les pièces où se déroulaient leur vie et leur éducation. A ces occasions, il se contentait en général de leur présenter sa main pour le salut et prenait congé au plus vite. Alors que le prince héritier approchait déjà de sa majorité, de longs et importants efforts de conviction avaient été nécessaires pour amener le roi à prendre avec lui son fils aîné lors de sa promenade matinale dans le jardin anglais (de 9 à 10 heures). Cela ne se reproduisit cependant que quelques fois. Le roi déclara: ” Pourquoi me faut-il parler avec ce jeune monsieur? Il ne porte intérêt à rien de ce que je projette”.
Le souvenir des situations d’échec vécues tout au long de ces années d’éducation et de la froideur des rapports avec son père a pesé sur Louis toute sa vie. A 30 ans, il écrit au prince héritier Rudolf d’Autriche: “Tu peux t’estimer très heureux d’avoir joui d’une éducation en tous points excellente et empreinte de compréhension, de surcroît, c’est une chance que l’empereur s’intéresse personnellement avec tant d’ardeur à ta formation. Avec mon père, il en est malheureusement allé tout autrement, il m’a toujours traité de haut en bas (en français dans le texte NDT), et tout au plus honoré de quelques mots froids et protecteurs en passant. Cette curieuse façon de faire, tout comme ses autres méthodes éducatives, était appréciée de lui pour la raison singulière que son père en usait de même”.
Sa mère, la reine Marie, qui fut dans sa jeunesse une beauté admirée, est une femme facile à vivre, mais limitée, et qui ne s’intéresse en rien aux choses de l’esprit. Paul Heyse, l’un des membres du cercle de poètes munichois réuni autour de Max II, disait d’elle:
“Malgré bien des tentatives, tous les efforts pour éveiller chez la reine un intérêt pour la littérature et la poésie échouèrent. Elle ne se trouvait à son aise que dans les bavardages et les conversations faciles…”
La reine Marie ne sait pas très bien s’y prendre pour gagner le coeur de ses enfants. Franz von Pfistermeister raconte dans ses mémoires:
“La reine elle aussi s’y entendait fort peu pour attirer vers elle ses petits princes. Certes elle leur rendait visite plus souvent dans leurs appartements, mais elle ne savait pas se comporter avec eux comme les enfants l’attendent. Cela non plus n’attirait pas les garçonnets vers leur mère”.

Même quand on a connaissance d’éléments précis de l’enfance d’une personne, il est très rare que l’on établisse un rapport avec les souffrances de l’âge adulte. On parle d’une destinée tragique, sans chercher à en comprendre la nature. Il ne semble pas y avoir eu dans la vie de Louis II quelqu’un qui l’ait et se soit interrogé sur le sens profond que les châteaux avaient pour lui. Aujourd’hui encore, malgré un grand nombre de films sur le “pauvre” roi, il ne s’est manifestement trouvé personne pour rechercher dans son enfance le moment où cette prétendue “schizophrénie” a pris naissance. Pendant ce temps, de nombreux scientifiques étudient consciencieusement tous les détails de ses réalisations architecturales et leur consacrent des livres. Le produit final d’une folie suscite un grand intérêt. Mais sa naissance est entourée d’un profond silence, parce que nous ne pouvons pas comprendre la genèse de cette maladie sans mettre à jour le manque d’amour et la cruauté des parents. Et cela rend la plupart des gens malades, parce que cela pourrait leur rappeler leur propre sort.

C’est la peur qu’éprouvent les enfants bafoués ou même tyrannisés devant le visage véritable, sans fard ni masque, de leurs parents, la peur qui nous entraîne vers l’automystification, et partant, vers la dépression. Ce n’est pas uniquement l’individu isolé, mais la quasi-totalité d’entre nous, toute la société, qui croit que les médicaments ont résolu le problème une fois pour toutes. Mais comment cela se pourrait-il? La plupart des personnes dont j’ai évoqué le suicide prenaient des médicaments, mais leur corps ne se laissait pas tromper et refusait une vie qui au fond n’en était pas une. La plupart des gens gardent l’histoire de leur enfance profondément enfouie dans leur inconscient et ont du mal, s’ils ne sont pas accompagnés, à établir le contact avec leurs souvenirs originels, même si ils le veulent. Ils n’ont pas d’autre choix que de se faire aider par des spécialistes pour qu’il leur apparaisse qu’ils se sont racontés des histoires, et pour se libérer de la morale traditionnelle. Pourtant si les spécialistes ne font rien de plus que de prescrire des médicaments, ils contribuent à consolider la peur, et de surcroît rendent encore plus difficile l’accès à ses sentiments propres, dont les potentialités libératrices restent inutilisées.

Pour ce qui me concerne, c’est surtout à la peinture spontanée que je dois mon éveil. Mais cela ne veut pas dire que la peinture pourrait être recommandée comme une recette pour soigner la dépression. Nicolas de Staël, dont j’admirais beaucoup autrefois le talent, a peint dans les six derniers mois de sa vie 354 grands tableaux. Il se consacrait avec ardeur à son oeuvre, à Antibes, séparé de sa famille, et puis “il s’est précipité dans la mort depuis la terrasse qui avait été son atelier pendant ses six derniers mois” (“Nicolas de Staël”, éditions du Centre Pompidou, 2003). Il avait alors 40 ans. Son talent, que tant de peintres lui enviaient, ne l’avait pas préservé de la dépression. Peut-être quelques questions auraient-elles suffi à l’amener à réfléchir sur lui-même. Sa peinture, son talent, n’avaient jamais été reconnus par son père, qui avant la révolution russe avait été général. Il se peut que de Staël ait espéré, dans son désespoir, qu’il réussirait un jour à peindre le tableau capital, celui qui lui apporterait la reconnaissance de son père et son amour. Il est possible qu’il y ait un rapport entre ce besoin irrépressible de multiplier les productions à la fin de sa vie et cette détresse. Seul de Staël lui-même aurait pu le découvrir, si les questions capitales n’avaient été impossibles à poser. Alors il aurait peut-être pris conscience du fait que l’appréciation du père n’est pas déterminée par la qualité de la création du fils, mais uniquement par la capacité du père à se rendre compte de la qualité d’un tableau.

Ce qui a été capital dans mon cas, c’est que je me suis toujours posé de telles questions. Je me suis fait raconter mon histoire disparue par mes tableaux, plus exactement par ma main toute seule, elle qui de toute évidence savait tout, mais attendait que je sois prête à ressentir avec le petit enfant en moi. Et alors j’ai vu tout à coup cet enfant qui était utilisé par ses parents, mais qui n’était jamais vu, considéré ou encouragé, et qui devait cacher profondément sa créativité pour ne pas se faire punir en plus à cause d’elle.

Il ne faut pas analyser les tableaux de l’extérieur. A un peintre, cela n’apporterait pas grand- chose. Pourtant, ses propres tableaux peuvent réveiller chez lui des sentiments. Si il est en état de les vivre et de les prendre au sérieux, il pourra se rapprocher de lui-même et passer par-dessus les barrières de la morale. Alors, il lui sera possible de se confronter à son passé et à ses parents intériorisés, et de se comporter avec eux autrement qu’auparavant. A partir de sa conscience en développement et non plus de sa peur enfantine.

En effet, si je peux ressentir ce qui me fait mal et ce qui me fait plaisir, ce qui me contrarie ou même me met en colère et pourquoi; si je sais de quoi j’ai besoin et ce que je ne veux en aucun cas, alors je me connais assez bien pour aimer ma vie et la trouver intéressante, indépendamment de mon âge et de mon statut social. Alors il est fort peu vraisemblable que survienne le besoin d’en finir avec la vie, à moins que le processus de vieillissement, un affaiblissement croissant du corps, ne suscitent de telles pensées. Mais dans ce cas, un être humain sait aussi qu’il a vécu sa vraie, sa propre vie.

(Traduit de l’allemand par Pierre Vandevoorde)

 

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16 janvier 2015

les réalités........

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La réalité n’est pas aussi simple et évidente qu’on voudrait le penser. Certaines des choses que l’on prend au sérieux et au premier degré sont notoirement fausses. Des scientifiques et des philosophes ont fait de grands efforts pour changer nos perceptions communes de celle-ci. Les 10 exemples ci-dessous vont vous en donner la preuve.

 

1. La grande glaciation.

La grande glaciation est la théorie de l’état final vers laquelle notre univers se dirige. L’univers a une offre limitée de sources énergétiques. Selon cette théorie, quand cette énergie sera à court de ressources, l’univers va dégénérer en un état congelé. L’énergie thermique produite par le mouvement des particules, la perte de chaleur et la loi naturelle de l’univers indiquent que ces particules vont ralentir le mouvement de la terre et éventuellement l’arrêter un jour.

 

2. Le solipsisme (le repli sur soi).

Le Solipsisme  est une théorie philosophique qui affirme que la réalité est comprise comme étant totalement subjective et que rien n’existe a part la conscience d’un individu. A première vue, cela peut sembler idiot mais peut-on nier dans notre âme et conscience l’existence du monde qui nous entoure? A moins de mettre toute votre volonté, il est pratiquement impossible de vérifier quoi que ce soit à part votre propre conscience.

Vous ne me croyez pas? Pensez un instant et pensez à tous les rêves possibles que vous avez eus dans votre vie. N’est-il pas possible que tout ce qui est autour de vous ne soit rien de plus qu’un rêve incroyablement complexe? Mais nous ne pouvons douter de certaines personnes et choses car nous pouvons les entendre, les voir, les sentir et les goûter, n’est-ce pas? Oui et non. Les personnes qui consomment du LSD par exemple, peuvent avoir accès aux hallucinations les plus convaincantes mais nous ne prétendons pas que leurs visions soient «la réalité». Vos rêves simulent les sensations, après tout, ce que vous percevez c’est ce que les différentes parties de votre cerveau vous indiquent.

En conséquence, quelle est la partie de l’existence sur laquelle nous ne pouvons douter? Aucune. Pas le moment où on mange du poulet au diner avec nos doigts. Pas le moment où on ressent les touches du clavier sous nos doigts. Et chacun de nous ne peut être sûr que de ses propres pensées.

 

3. La philosophie idéaliste

 

George Berkeley, le père de l’Idéalisme, a soutenu tout qui existait en tant « qu’idée » dans l’esprit d’un individu. La théorie de Berkeley était considérée comme idiote à l’égard de ses camarades. L’histoire raconte que l’un de ses détracteurs a bousculé une pierre avec ses yeux fermés et a dit: « Voilà, je l’ai réfuté! »

L’idée étant que si la pierre n’existe réellement que dans son imagination, les pierres ne peuvent être bousculées par son regard. Certaines affirmations de Berkeley sont difficiles à comprendre, surtout à l’heure actuelle. Il a fait valoir qu’il existe un Dieu tout-puissant et omniprésent qui peut tout voir à la fois. Réaliste ou pas?

 

4. Platon et Logos.

 

Tout le monde a entendu parler de Platon. C’est le philosophe le plus célèbre au monde. Comme tous les philosophes, il avait beaucoup de choses à dire concernant la réalité. Il a fait valoir qu’au-delà de notre réalité perçue, se trouve un monde de formes « parfaites ». Tout ce que nous voyons est juste une ombre, une imitation de la façon de ce que sont vraiment les choses. Il a également fait valoir que par les études philosophiques, nous avons une chance d’avoir un aperçu de ce que sont vraiment les choses grâce à la découverte des formes parfaites de toutes les choses que nous percevons.

En plus de cette déclaration étonnante, Platon , étant moniste, a dit que tout est fait à partir d’une seule substance. Ce qui selon lui, veut dire que les diamants, l’or et les excréments de chien sont tous composés de la même matière première mais sous des formes différentes. Un fait qui a été prouvé dans une certaine mesure par les activités scientifiques menées à l’échelle atomique et moléculaire.

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5. Le présent.

Le temps est quelque chose que nous percevons naturellement, si nous arrivons à le visualiser dans le moment présent, nous arrivons généralement à le diviser en passé, présent et futur. Le présent fait valoir que le passé et le futur sont des concepts imaginaires et que seul le présent est réel.
En d’autres termes, le petit-déjeuner d’aujourd’hui et tous les mots de cet article cesseront d’exister quand vous les aurez lus, jusqu’à ce que vous lisiez de nouveau l’article . L’avenir est tout aussi imaginaire parce que le temps ne peut exister avant et après qu’il ne se soit déroulé, affirme Saint Augustin.

 

6. L’éternalisme.

 

L’éternalisme est exactement le contraire  du moment présent. Il s’agit d’une théorie philosophique qui dit que le temps a plusieurs niveaux et qu’il peut être comparé à un gâteau quatre-quarts (cependant, contrairement à l’époque, le biscuit n’est pas incontestablement à l’origine d’un débat philosophique). Chaque instant existe simultanément mais la mesure est déterminée par l’observateur. Tout dépend de l’angle sous lequel vous observez les choses.

Ainsi les dinosaures, la seconde guerre mondiale et les célébrités existent tous simultanément mais nepeuvent être observés à partir d’un emplacement spécifique. Si l’on mène ce point de vue dans la réalité, alors l’avenir est sans espoir et la volonté menant à la liberté est illusoire.

 

7. Le cerveau dans un bocal

L’expérience du « cerveau dans un bocal » est une question discutée par les penseurs et les scientifiques qui, comme la plupart des gens, croient que la compréhension qu’a l’homme de la réalité dépend uniquement de ses sentiments subjectifs.

Alors quel est le débat? Imaginez que vous êtes un cerveau dans un bocal géré par des étrangers ou des scientifiques fous. Comment le sauriez-vous? Et pouvez-vous nier la possibilité que ce soit votre réalité?

Il s’agit d’une interprétation moderne du problème de démon cartésien. Cette expérience de pensée mène à la même conclusion: nous ne pouvons affirmer l’existence réelle d’aucune chose sauf notre conscience. Si cela vous fait penser au film « The Matrix », c’est parce qu’à la base cette idée fait partie de la même histoire. Malheureusement dans la réalité nous n’avons pas de pilules rouges …

 

8. La théorie des multivers

 

Celui qui n’a pas passé les dix dernières années sur une île déserte a au moins entendu parler une fois dans sa vie des « multivers » ou des univers parallèles.. Comme beaucoup l’ont constaté, les mondes parallèles sont en théorie des mondes très semblables aux nôtres, avec peu (ou dans certains cas ont de grandes différences) de changements ou de différences. La théorie des multivers spécule qu’il pourrait exister un nombre infini de ces réalités alternatives.

Quel est le but? Dans une réalité parallèle, vous avez déjà tué les dinosaures et vous êtes enterré 2,5 mètres sous terre (parce que c’est ce qui s’est passé là-bas.) Dans une autre réalité parallèle, vous êtes peut-être un puissant dictateur. Encore dans une autre réalité parallèle , vous n’êtes peut-être pas encore né car vos parents ne se connaissent pas encore. Là au moins maintenant vous pouvez visualiser les choses…

 

9. Le réalisme fictif.

C’est la partie la plus fascinante de la théorie des multivers. Superman est réel . Oui, certains d’entre vous choisiraient probablement une autre histoire pour la commodité du raisonnement. Mais Harry Potter pourrait aussi être réel. Cette partie de la théorie fait comprendre que comme il y a un nombre infini d’univers, tout doit exister et émaner de quelque part. Ainsi l’ensemble de ce qu’on préfère et qualifie comme fiction et imaginaire peuvent rejaillir d’un autre univers d’où proviennent tous les bons éléments qui se sont mis en place pour que cela arrive.

 

10. Le phénoménisme.

Tout le monde est intéressé par ce qui se passe aux choses quand nous ne les regardons pas. Les scientifiques ont soigneusement étudié ce problème et certains d’entre eux en sont arrivés à une conclusion simple, que tout disparait. Mais pas tout à fait comme ça. Les Philosophes phénoménalistes croient que les objets n’existent qu’en tant que phénomène de conscience. Ainsi, votre ordinateur portable est seulement présent ici pendant que vous en êtes conscient et que vous croyez en son existence mais au moment ou vous vous en détournez, il cesse d’exister jusqu’à ce que vous ou quelqu’un d’autre interagisse avec lui. Rien n’existe sans perception. C’est la racine du phénoménisme.

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13 janvier 2015

la voie de l'encre......

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LA VOIE DE L’ENCRE

Konnichiwa les adeptes du pigment. Il y a quelques temps, je suis tombé, un peu par hasard, sur un documentaire particulièrement intéressant, et que je me dois de vous présenter. La Voie de l’Encre, c’est son titre, est un film de 70 minutes réalisé en 2011 par Pascal Bagot et Pamela Valente, et produit par Lardux Films. Il est accessible gratuitement sur le net, mais également disponible à la vente en DVD pour 10 euros (voir les liens en bas de page.) Et il vaut le détour. Après avoir visionné ce documentaire passionnant, je n’ai eu qu’une envie, m’entretenir avec Pascal, initiateur du projet. C’est avec une immense sympathie qu’il a bien voulu répondre à mes questions. Mais avant de lui laisser la parole, parlons un peu du docu.

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La Voie de l’Encre, nous plonge dans le monde très fermé du tatouage traditionnel japonais. Hé oui, vous allez vous y habituer, si je ne parle pas que de ça, j’avoue sans honte que je trouve la place réservée au tatouage japonais assez faible sur notre chère toile, je saisis donc chaque occasion qui m’est donnée de promouvoir cet art si mal mis en valeur sur son propre sol. Quand je parle de « tatouage japonais », j’entends tatouage pratiqué par des tatoueurs japonais, et non pas seulement « style japonais » ou « tatouage traditionnel ». Pour autant, c’est bien du traditionnel que nous allons parler aujourd’hui car Pascal nous emmène au cœur de cette pratique passionnante et ancestrale qu’est le Tebori (手彫り qui signifie littéralement « couper à la main »), le tatouage ancestral, à la main, pratiqué aujourd’hui encore, avec la même passion, le même savoir faire et la même exigence qu’il y a des siècles.

Pascal ne fait pas que regarder le tebori, il le vit. Car oui, il a décidé de s’allonger et de subir un tatouageparticulièrement long, pour mieux comprendre cet art qui le fascine. Pour notre plus grand plaisir, il nous ouvre les portes de l’une des « familles » de tatoueur les plus renommées, celle de Horitoshi 1.

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Le film nous offre donc de longues pensées du maître, un aperçu très précis de comment est pratiqué letebori, et de nombreuses informations techniques passionnantes. Il nous informe aussi beaucoup sur la vision de ces grands maîtres sur leur art et l’importance qu’ils accordent à conserver la tradition.

En outre, Pascal donne la parole à des tatoués, loin des clichés sur la mafia. Des hommes passionnés, fiers, et fidèles.

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Des hommes, mais aussi des femmes. Tatoueuse, tatouée, la précieuse parole de chaque intervenant est un véritable don. Car même si le documentaire est orienté sur le tatouage tebori, il n’en oublie pas pour autant de traiter du tatouage plus actuel, au dermographe, subissant les assauts de la mode, comme partout ailleurs, et se développant aussi, comme toujours au Japon, avec une identité propre.

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Pour ce qui est de la forte symbolique qui fait la réputation du tatouage traditionnel japonais, là encore, le film se fait limpide. A l’aide d’animations, il illustre et vulgarise parfaitement les légendes, mythologies, et autres explications sur tel ou tel motif, de sorte qu’on ne se sent jamais perdu, et toujours intéressé. Bref, en un mot comme en mille : ce documentaire est un incontournable pour tous les passionnés de tatouage, tous styles confondus, car le traditionnel japonais est un des trois piliers de cette discipline qui nous réunit ici même.

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Je ne peux que te conseiller de voir le film, puis de lire l’interview qui suit de l’auteur. Tu peux évidemment la lire de suite, mais il me semble qu’elle apporte plus après le visionnage. Rien ne t’empêche de la lire deux fois cela dit…

Tu trouveras le film ici, mais je ne peux évidemment que t’encourager à acheter le DVD.

 

Et maintenant, place à l’auteur.

Bonjour Pascal, peux-tu te présenter rapidement à nos lecteurs ?

Bonjour, j’ai 37 ans et j’habite à Paris, je suis journaliste et pour ce qui nous concerne ici, je travaille sur le tatouage japonais depuis une petite dizaine d’années.

En 2011, tu réalises La Voie de l’Encre, documentaire sur le tatouage traditionnel au Japon, dont tu es toi même adepte. Qu’est-ce qui t’a poussé vers une pratique du tatouage si spécifique ?

En tant que journaliste cette passion est liée à mon attirance pour le Japon, avec laquelle j’ai longtemps vécu avant de sauter le pas. J’ai un peu bourlingué en Asie, sac sur le dos, mais je me suis persuadé qu’il serait plus intéressant de l’aborder avec un « angle d’attaque ». L’idée étant, contrairement à mes voyages précédents, de dépasser la surface des choses et de découvrir le pays de l’intérieur. J’étais lecteur depuis plusieurs années d’un magazine sur le tatouage (Tatouage magazine), dans lequel j’ai découvert le travail d’Horitoshi I. Ce fut une vraie claque, un coup de foudre. Dans ce que je vois comme un art, j’étais fasciné par le contraste entre la radicalité des créations, qui peuvent s’étendre sur tout le corps, et l’expression de la sensibilité des Japonais à la Nature. Professionnellement je me suis aussi intéressé au sujet. J’ai commencé mes recherches et plus je travaillais dessus plus j’avais l’impression qu’il y avait de choses à explorer, découvrir, expliquer. Une passionnante aventure.

Dans le film, on ressent bien la fierté autour du tebori. Que ce soit celle de Horitoshi sensei, ou celle des tatoués. Penses-tu que ce soit cette fierté qui maintienne en vie cette tradition ?

Elle y participe sans aucun doute. Horitoshi I dans le documentaire exprime très clairement son attachement à perpétuer cette tradition du tatouage à la main, un engagement total depuis 40 ans. Sa fierté est aussi aujourd’hui dans la transmission de son savoir à la dizaine d’apprentis qui ont appris à ses côtés et diffuse brillamment la culture du tatouage japonais un peu partout dans le monde. De leur côté, je pense que les tatoués sont aussi fiers de la persévérance et de la patience nécessaires pour mener à bien ce genre de projet, long, cher et contraignant.

A part Horitoshi sensei, un autre grand nom, mais du tatouage « moderne », apparaît dans le film, je parle bien sûr de Shige. Raconte nous cette rencontre avec Yoko, son incroyable modèle.

La première fois que j’ai rencontré Yoko et Shige c’était lors d’une convention de tatouage à Tahiti, Tattoonesia (lien du blog officiel mais plus en activité depuis 2011 : http://tattoonesia.blogspot.jp/), en 2006. Je travaillais alors comme pigiste (journaliste free-lance) pour un Tatouage magazine, et j’ai été envoyé là-bas pour couvrir l’événement. Le Japon était le pays invité d’honneur et Shige son « ambassadeur ». Il est venu avec deux de ses clients, dont Yoko, avec qui nous sommes devenus ami. J’étais absolument époustouflé par son charisme, sa beauté, son tatouage fabuleux qui lui recouvrait déjà la totalité du corps. Nous avons fait une première interview durant laquelle elle dévoilait un peu, sa relation profonde au tatouage. Quelques années plus tard je lui ai proposé de participer au documentaire et elle a très spontanément accepté. Elle était tellement heureuse et fière du travail réalisé par Shige. Celui-ci aussi par ailleurs, elle était sa meilleure ambassadrice, il l’emmenait avec lui lors de ses déplacements à l’étranger dans les conventions. Elle a remporté plusieurs prix et beaucoup contribué à la reconnaissance de son travail. Je suis très fier qu’elle ait accepté de participer au film dans lequel elle parle longuement et librement, en totale cohérence avec sa démarche.

Revenons-en à l’irezumi traditionnel, et à ton tatouage en particulier. Comment s’est décidé le motif ? Est-ce une collaboration entre l’artiste et toi ?

Le motif s’est décidé très simplement. J’étais absolument fasciné par les dragons d’Horitoshi I et je voulais un tatouage grand format, dans le dos, un kamenoko- « dos de tortue ». Le dragon est de plus une figure universelle, bienveillante, ça m’allait bien. Je lui ai demandé une variation autour d’un tatouage qu’il avait réalisé sur un autre client et qui m’obsédait véritablement. Quand je suis arrivé là-bas pour notre premier rendez-vous, plusieurs personnes m’attendaient. Horitoshi I, enfoncé dans son fauteuil, en retrait, son manager, un apprenti pour la traduction, encore une autre personne. Nous avons alors défini le tatouage. J’ai demandé la connexion du dragon avec le ciel et l’eau, la réunion des deux éléments me paraissait être une bonne structure. Quant aux fleurs, j’ai choisi la feuille rouge des érables ; c’était l’automne et ça me paraissait être une bonne raison pour inscrire ce tatouage dans cette saison. Il n’y a pas eu d’esquisse préparatoire,Horitoshi I a travaillé, à l’exception de la réalisation de la tête, entièrement en free-hand. Quand tu fais 10 000 kms pour commencer un aussi long projet, il faut avoir confiance… La composition lui revient totalement. Le choix des couleurs a fait l’objet de quelques discussions mais le maître a toujours le dernier mot. Et il a raison.

Comment as-tu choisi Horitoshi I ? As-tu contacté d’autres grands noms du tebori avant lui, comme Horiyoshi III par exemple ?

Comme je te l’ai dit, le travail d’Horitoshi I a eu une très forte résonance en moi. Je n’avais encore aucun tatouage, j’attendais le bon créneau ; je regardais pourtant le travail des tatoueurs dans les magazines et en premier lieu j’ai été très impressionné par le travail de Filip Leu. Un dragon qu’il avait dessiné sur le bras d’une femme m’a beaucoup fait réfléchir. Le travail d’Horiyoshi III, d’Horimitsu de Yokohama… circulait également. Mais les dragons d’Horitoshi… C’était totalement inouï. Les images de ses tatouages me sont restées suffisamment longtemps en tête pour qu’un jour je n’ai plus à réfléchir : c’était une évidence, c’était lui.

Un tel tatouage est un investissement qu’on imagine particulièrement onéreux. De plus tu voyages au Japon à chaque séance pour le réaliser. Pourrais-tu nous donner une estimation du prix de revient global ?

Un peu plus de 15 000 euros.

Enfin, la question qui brûle les lèvres de tout le monde : où en est ton encrage aujourd’hui, plus de 3 ans après le film. Est-il terminé ?

Oui, le tatouage est terminé. Je suis allé au Japon en octobre dernier pour tatouer les yeux du dragon ainsi que le nom du tatoueur. Il aura fallu 8 ans et plus de 130 heures de travail. 2014 a donc été une année importante pour moi, avec également l’ouverture de l’exposition « Tatoueurs, tatoués » ( le programme de l’expo) au Musée du quai Branly. Un travail qui a nécessité deux ans de préparation. Je me suis chargé entre autres de la section Japon et les visiteurs peuvent aujourd’hui venir découvrir l’histoire passionnante du tatouage japonais à travers une réunion inédite d’estampes, d’outils, de photographies… Tu parlais de Horiyoshi III et de Shige, ils ont tous les deux participé à cette exposition avec la création de deux superbes œuvres originales, aux côtés des tatoueurs Horimitsu (Famille Horitoshi) et Sabado.

Merci beaucoup de ton temps et de tes réponses.

 Toutes les infos sur le film et comment le commander en DVD ici.

Le site de Horitoshi 1 : www.horitoshi1.com

 

 source: http://www.inkage.fr/blog/la-voie-de-lencre/

http://www.lardux.com/spip.php?idArt=482&idDoc=1226&page=video

19 décembre 2014

mémoires et conditionnement.....

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Jusqu'où la famille nous conditionne-t-elle ?

Georges Chapouthier

 

Nous avons plusieurs mémoires. Si nos gènes nous prédisposent 
à en privilégier certaines, notre environnement familial
 exerce une influence bien plus importante.

L’étude des mémoires animales nous montre qu’il n’y a pas, dans l’espèce humaine, une seule, mais des mémoires. La mémoire humaine est une sorte de mosaïque de capacités très différentes, apparues au cours de l’évolution chez nos ancêtres animaux. Ces différents types de mémoire peuvent donner aux individus, à l’intérieur même d’une famille, des profils mnésiques particuliers et variés.


Inné et acquis


Comme la plupart des phénomènes biologiques, les mémoires comprennent des bases innées et des processus acquis. Il existe des prédispositions, largement innées et génétiques, à certaines mémoires. Ainsi, au sein d’une même famille, un enfant sera spontanément doté par certaines mémoires procédurales : il se révélera, dès son jeune âge, particulièrement adapté à des acquisitions gestuelles comme l’apprentissage de la marche, du vélo ou d’un instrument de musique. Tandis qu’un autre présentera des aptitudes particulières dans certaines mémoires épisodiques, par exemple, auditives ou visuelles. 


Mais il existe des éléments beaucoup plus importants que ces prédispositions : la manière dont on éduque les enfants peut ainsi avoir des conséquences considérables sur leurs aptitudes mnésiques et, sur leur mode de vie ultérieur. D’une part, parce que toute mémoire s’entraîne, se développe avec l’exercice, qui peut accroître ou, au contraire, combattre le jeu des prédispositions. D’autre part, une petite fille que l’on forcera à la couture ou un gaucher de naissance que l’on obligera à écrire avec la main droite en subiront, dans leur vie ultérieure, de grandes influences. Si elles s’appuient sur des prédispositions, les mémoires humaines sont donc largement du domaine de l’acquis : on parle alors de modifications « épigénétiques ». L’aptitude à acquérir des conditionnements ou des empreintes, à mémoriser des règles ou des épisodes de vie est au départ génétique, mais ce que l’on apprend ou ce de quoi l’on s’imprègne (pour l’empreinte) reste épigénétique, donc acquis.


Au sein d’une même famille, les parents peuvent ainsi modifier les différentes mémoires de leurs enfants, davantage pousser un enfant vers le sport ou vers les études, donnant ainsi volontairement plus de poids aux mémoires procédurales ou déclaratives. D’autres parents insisteront sur des mémoires différentes. Mozart avait sans doute des prédispositions à la mémoire musicale, mais le fait d’avoir grandi dans une famille très portée sur la musique a certainement eu une influence considérable.


Un cerveau toujours juvénile pour jouer encore


L’aspect acquis, épigénétique, des mémoires est d’autant plus important dans l’espèce humaine que l’homme conserve, durant toute sa vie, des caractères juvéniles, non seulement dans son corps de singe nu aux grands yeux , mais aussi dans la très grande plasticité juvénile de son cerveau, qui lui permet d’apprendre, de manière considérable jusqu’à un âge avancé, grâce à ses cent mille milliards de connexions neuronales. Ces capacités extrêmes de mémorisation se manifestent notamment dans l’importance du jeu. 


La plupart des animaux jouent seulement quand ils sont jeunes, afin de mettre au point et de mémoriser leurs comportements ultérieurs d’adultes. Les hommes, eux, jouent tout le temps. Que l’on songe à l’importance des jeux sportifs ou des jeux de hasard, mais aussi au fait que des activités humaines essentielles, comme la création artistique, la recherche scientifique ou l’activité sexuelle, comprennent une part non négligeable de jeu. Les mémoires prodigieuses de l’espèce humaines résultent donc de la combinaison des aptitudes d’un cerveau surpuissant et de sa grande plasticité juvénile .


Ce caractère juvénile du cerveau humain serait pour beaucoup dans l’extrême variété des adaptations possibles des mémoires au sein d’une même famille, et l’extrême modification épigénétique possible des performances mnésiques. Les mémoires humaines peuvent ainsi s’adapter à tout. Ces effets épigénétiques pourraient même être transgénérationnels : on peut ainsi imaginer que le mode de vie des grands-parents puisse, par des apports culturels transmis entre générations, affecter le mode de vie de leurs petits-enfants et leurs aptitudes de mémoire, sans passer nécessairement par la transmission génétique des prédispositions. Ainsi pourraient s’expliquer, de manière épigénétique, les familles de musiciens ou de médecins.


À côté des processus innés de l’hérédité darwinienne, les mémoires témoignent de processus culturels qui conservent, par rapport à la transmission génétique, une relative autonomie.

Nos différentes mémoires

Parmi ces mémoires, on distingue, très schématiquement, des mémoires inconscientes, dites implicites ou procédurales, qui concernent les gestes ou les habitudes, et des mémoires conscientes, dites explicites ou déclaratives, qui concernent les modes de pensée et les souvenirs.


Les mémoires procédurales


• L’habituation à un stimulus fait que vous ne vous réveillez plus au son habituel de votre réveille-matin, dont vous avez (trop) mémorisé les caractéristiques.


• Les conditionnements font que nous sommes capables d’apprendre inconsciemment d’innombrables actions automatiques comme la marche, la nage, la frappe sur un clavier d’ordinateur, etc. 


• Les empreintes constituent des sortes d’adoptions très fortes d’un goût précoce, comme l’attrait d’un visage
humain, une attirance pour les animaux,
ou une répulsion pour quelque chose, comme le goût d’un aliment particulier. Notre attachement, si important, à notre propre espèce humaine est une empreinte. Des enfants sauvages, élevés par des animaux, apprennent à
se reconnaître et à se comporter comme les animaux 
par lesquels ils ont été « imprégnés ».

 

Les mémoires déclaratives


• Les mémoires de règles (mémoire sémantique) font que nous apprenons
à obéir à de nombreuses règles, notamment sociales, mais aussi que nous effectuons toutes sortes de comportements en prévoyant leurs résultats.


• Les mémoires des souvenirs, des épisodes de la vie (mémoire épisodique). Ce sont elles que nous avons tendance à appeler spontanément notre « mémoire ».


• La mémoire autobiographique nous permet, tout au long de notre vie, de nous rappeler qui nous sommes. Elle nous donne une identité individuelle au cours du temps. Elle combine des éléments sémantiques et des souvenirs épisodiques.


• Enfin signalons que les aptitudes sensorielles donnent des aspects particuliers aux souvenirs épisodiques qui sont, selon les cas, plus visuels, plus auditifs ou plus olfactifs.

Georges Chapouthier
Georges Chapouthier

Neurobiologiste et philosophe, directeur de recherche émérite au CNRS, il est l’auteur, entre autres, de Biologie de la mémoire (Odile Jacob, 2006) et, avec Frédéric Kaplan,L’Homme, l’animal et la machine (Biblis, 2013).

 

Le débat de l'inné et de l'acquis en psychologie


La question de l'inné et de l'acquis reste très débattue et en constante évolution en psychologie. La question est assez ancienne, et trouve, par exemple, une illustration historique dans le cas de Victor, l'enfant sauvage de l'Aveyron. La position actuelle est certainement des plus nuancées.

L'inné

Il est tout à fait évident que nous naissons tous avec des tendances préexistantes en terme de comportement et de personnalité, tendances liées à notre patrimoine génétique hérité. Le rôle de l'inné ne fait aucun doute. De plus en plus d'ailleurs, les recherches s'orientent vers des pistes biologiques pour améliorer notre compréhension de certaines pathologies, tant physiques (ce qui va généralement de soi) que psychologiques (ce qui reste encore un peu tabou pour certains). 

Des études gémellaires (sur des jumeaux) mettent en évidence des probabilités accrues de développer certaines pathologies identiques chez des jumeaux qui ont pourtant été accidentellement séparés à la naissance. 

Parents, nous savons également qu'à milieu identique, dès la naissance, des petits traits de personnalité sont déjà présents, un peu plus chez les uns et un peu moins chez les autres.

L'acquis

L'acquis a pourtant clairement son mot à dire et ne peut en aucun cas être sous-estimé ! Il est tout aussi évident, par exemple, que la culture d'origine, le contexte historique, l'origine sociale dans une culture donnée, vont modeler les structures psychologiques, les comportements, les 'personnalités' des individus, leur façon de parler, de réagir à certaines situations. 

Ensuite, l'acquis est bien évidemment familial: la façon dont nos parents nous auront éduqués, les valeurs enseignées, les réactions observées et apprises, les atmosphères, les ambiances vont particulièrement peser sur notre rapport au monde.

En guise de conclusion

Comme toujours, tout est à nuancer et méfiez-vous du simplisme ! Certains, nés dans un milieu très défavorisé, s'en sortiront très bien du fait de ce 'petit quelque chose en eux'... D'autres, ayant tout pour réussir, partiront sur une mauvaise pente. Ainsi, peut-être, l'éducation aura-t-elle pour principal objectif de développer et promouvoir ce que nous avons en nous dès la naissance, mais qui n'est jamais ni gagné ni perdu d'avance !!

 

L'inné et l'acquis dans la structure du cerveau

Nous sommes génétiquement programmés pour apprendre, c'est-à-dire pour échapper à un strict déterminisme génétique. Mais jusqu'à quel point pouvons-nous nous adapter ? Quelles sont les limites du cerveau humain et peut-on les modifier ?

Quelle part de notre comportement, de nos actes, de nos idées, de notre conscience est déterminée par le contenu chromosomique de l'oeuf fécondé dont nous sommes issus - en un mot, est innée ? Quelle part au contraire est acquise lors de l'interaction de l'individu avec son environnement immédiat : physique, social ou culturel ? Cette question a donné lieu au cours de l'histoire à des prises de position passionnées où les idées préconçues d'inspiration morale, religieuse ou philosophique l'emportaient souvent sur la stricte objectivité scientifique1.

Mon propos n'est pas de trancher ce débat, mais plutôt d'essayer de définir les limites dans lesquelles il doit être tenu. Pour ce faire, je rapporterai quelques observations récentes d'anatomistes, psychobiologistes, généticiens ou neurobiologistes qui s'intéressent à la morphogenèse fonctionnelle du système nerveux central des vertébrés supérieurs. Je ne ferai qu'occasionnellement référence à l'espèce humaine, me limitant aux problèmes déjà fort complexes posés par l'organisation cérébrale de petits mammifères comme la souris. Le lecteur sera évidemment tenté d'extrapoler à l'homme les résultats obtenus chez l'animal. Cette démarche est souvent légitime mais, en certains cas, une extrapolation hâtive risque de mener à des simplifications abusives masquant un problème fondamental plus complexe. Rappelons toutefois, comme l'écrivait Buffon : « S 'il n'existait pas d'animaux, la nature de l'homme serait encore plus incompréhensible » .

Avant d'en venir à la description des faits d'actualité, il n'est pas inutile d'évoquer le point de vue d'un grand naturaliste du siècle « philosophique », Jean-Baptiste de Lamarck. Dans le second tome de sa Philosophie zoologique 1809, tome consacré presque exclusivement à des questions de neurobiologie et de psychologie, il tente une première conciliation rationnelle entre les données scientifiques et les idées philosophiques de son époque. Il écrit : « Il appartient principalement au zoologiste qui s'est appliqué à l'étude des phénomènes organiques de rechercher ce que sont les idées, comment elles se produisent, comment elles se conservent. [...]

Je suis persuadé que tous les actes d'intelligence sont des phénomènes naturels et, par conséquent, que ces actes prennent leur source dans des causes uniquement physiques.[...] On ne saurait douter maintenant que les actes d'intelligence ne soient uniquement des faits d'organisation, puisque, dans l'homme même, qui tient de si près aux animaux par la sienne, il est reconnu que des dérangements dans les organes qui produisent ces actes en entraînent dans la production des actes dont il s'agit, et dans la nature même de leurs résultats . » Ces faits d'organisation, Lamarck ne les conçoit pas de façon statique. Introduisant une distinction capitale, il ajoute en effet : « On peut, sans doute, apporter en naissant les dispositions particulières pour des penchants que les parents transmettent par l'organisation mais, certes, si l'on n'eût pas exercé fortement et habituellement les facultés que ces dispositions favorisent, l'organe particulier qui en exécute les actes ne se serait pas développé. »

Depuis le début du XIXe siècle, d'immenses progrès ont été accomplis dans une discipline dont le fondateur de la « biologie » avait saisi la richesse ; mais, aujourd'hui encore, ces vues de Lamarck sont vivantes par leur lucidité presque prophétique. On sait maintenant que l'« organisation » dont parle Lamarck est constituée par un ensemble complexe de milliards de cellules nerveuses, ou neurones, en contact les unes avec les autres par leurs prolongements axoniques ou dendritiques. Comme l'exprime avec beaucoup d'exactitude J.Z. Young dans son livreA M odel of the ß/IIßrain : « Le cerveau constitue une sorte d'ordinateur qui donne des ordres qui sont eux-mêmes traduits en actes et permettent à l'organisme de survivre, comme un "homéostat", dans un environnement particulier. Cet ordinateur est de type analogique, et non pas digital, en ce sens qu'il est lui-même une représentation physique du monde extérieur perçu par les organes des sens. [...] La machine analogique du cerveau est présélectionnée pour effectuer des opérations avec l'environnement de l'organisme[...] . Sa construction s'effectue en partie ou largement par l'hérédité, mais l'apprentissage peut influencer cette construction. Le cerveau est donc un ordinateur capable de s'automodifier  »

A l'exception d'une mince frange structurale constituée par les arborisations terminales de certains neurones corticaux, la mise en place de l'organisation cérébrale résulte de l'expression séquentielle, de l'oeuf à l'adulte, d'un programme génétique parfaitement déterminé. Il est clair que, dans un certain nombre de cas bien établis, une interaction avec l'environnement est nécessaire au déroulement de ce programme, mais il est non moins clair que ce programme a été sélectionné compte tenu de cette interaction.

Certains comportements élémentaires sont programmés dès l'oeuf et feront l'objet d'un « exercice fonctionnel » qui les stabilisera ; mais ils n'ont pas à être appris. Ils sont innés ou instinctifs. C'est le cas de la construction du nid chez les oiseaux, du comportement sexuel, de certaines formes d'agressivité, etc.. Nous avons même vu que l'aptitude à apprendre est, chez la souris, conditionnée par des facteurs héréditaires. Placées dans le même environnement, les souris nées « intelligentes » apprendront plus vite que celles nées moins intelligentes.

Toutefois, on ne saurait trop insister sur le fait que, si la capacité à apprendre est génétiquement programmée, les « réussites » de l'apprentissage ne s'inscrivent pas immédiatement dans le programme de leurs auteurs. En aucun cas, ce qui a été appris chez l'adulte n'est transmissible directement par l'hérédité. On trouvera une excellente discussion de ce problème par A. Weismann dans ses Réflexions sur la musique chez les animaux et chez l'homme . En revanche, la réussite de l'apprentissage peut indirectement , par le jeu des mutations et de la sélection, entraîner une modification du programme génétique. Par exemple, la capacité d'apprentissage présente une valeur sélective considérable pour l'animal qui la possède : dans une population hétérogène de souris, les mutants capables d'apprendre à fuir plus vite que leurs congénères ont plus de chances d'échapper à leurs prédateurs, et donc de survivre. « Il n'y a aucune difficulté à admettre , écrit Darwin dans l'Evolution des espèces , que la sélection naturelle puisse conserver et accumuler constamment les variations de l'instinct aussi longtemps qu'elles sont profitables aux individus . »

Cet élargissement, par mutations, de la capacité d'apprendre se poursuit jusqu'à l'homme. « L'adaptabilité "infinie" du cerveau de l'homme lui confère une valeur sélective exceptionnelle » , écrit Haeckel dans son Histoire de la création naturelle . Cette adaptation s'effectue, comme le souligne J.Z. Young, beaucoup plus rapidement que par l'entremise du système génétique. Ce qui semble donc très caractéristique des vertébrés supérieurs, c'est précisément la propriété d'échapper au déterminisme génétique absolu menant aux comportements stéréotypés du type de ceux décrits par l'excellent zoologue K. Lorenz ; c'est la propriété de posséder à la naissance certaines structures cérébrales non déterminées qui, par la suite, sont spécifiées par une rencontre le plus souvent imposée, parfois fortuite, avec l'environnement physique, social ou culturel. Mais, comme le suggèrent les expériences chez les souris, cette adaptabilité n'est pas « infinie », même chez l'homme, contrairement à ce qu'écrit Haeckel. Les limites de cette adaptabilité phénotypique sont, je l'ai déjà dit, déterminées génétiquement.

La nature des modifications biochimiques associées avec le comportement d'apprentissage est encore fort mal connue. J'ai signalé l'accroissement des épines dendritiques chez le jeune rat soumis à un environnement « riche ». Mais on ne sait pratiquement rien des mécanismes intervenant chez l'adulte lors d'un apprentissage particulier. Il n'est même pas certain qu'un accroissement du nombre de synapses soit nécessaire. La modification de synapses existantes pourrait suffire, et il a été suggéré que les modifications de ce genre seraient très discrètes : des changements conformationnels au niveau de membranes synaptiques, par exemple5.

Une des manières d'accroître l'interaction structurante avec l'environnement afin de spécifier des synapses non déterminées est, nous l'avons vu, de prolonger la maturation du cerveau après la naissance. Une autre est le maintien chez l'adulte d'une plasticité fonctionnelle permettant l'adaptation d'une structure donnée à une fonction différente mais en général voisine de celle pour laquelle elle a été programmée génétiquement, donc sélectionnée, au cours de l'évolution. Il se produirait en quelque sorte un « transfert » de fonction : les résultats spectaculaires des « rééducations » obtenues après des lésions graves du système nerveux ou des organes des sens montrent que cette plasticité du cerveau de l'adulte est réelle, bien qu'elle soit limitée et inférieure à celle du sujet jeune.

Cette capacité à apprendre, cette plasticité fonctionnelle confèrent à l'homme sa valeur sélective exceptionnelle. Elles lui permettent de tirer profit, en s'y adaptant très rapidement, de l'environnement culturel et social qui de son côté évolue et progresse avec une vitesse beaucoup plus grande que ses structures génétiques. Il est alors légitime de se demander si, compte tenu de ce progrès accéléré, les limites de l'adaptabilité du cerveau humain fixées par l'hérédité ne se révéleront pas dans quelques années insuffisantes. En fait, il n'est pas impensable que l'homme lui-même compense cette dysharmonie et « élargisse » artificiellement ces limites : par exemple, en enrichissant l'environnement de l'enfant ou en contrôlant l'expression des gènes, peut-être au niveau de certains relais hormonaux. On sait déjà l'importance des hormones sexuelles6 ou thyroïdiennes7 dans l'établissement de certains comportements et dans la différenciation d'importantes structures cérébrales. Pourquoi ne pas imaginer qu'à l'aide d'effecteurs chimiques bien choisis et d'un environnement adéquat on obtienne prochainement ne serait-ce qu'un doublement du nombre des épines dendritiques du cortex de l'homme ?

Nos pensées ont-elles le pouvoir d’influer sur la réalité?

«  Tout ce que nous sommes est le résultat de ce que nous avons pensé. L’esprit est tout. Nous devenons ce que nous pensons.  » – attribué à Gautama Siddhartha, le Bouddha

Selon le Dr Joe Dispenza, chaque fois que nous apprenons ou expérimentons quelque chose de nouveau, des centaines de millions de neurones se réorganisent.

Le Dr. Dispenza est connu dans le monde entier pour sa théorie novatrice concernant la relation entre l’esprit et la matière. Sans doute mieux connu comme l’un des scientifiques figurant dans le célèbre document-fiction «  What the Bleep Do We Know  », son travail a permis de révéler les propriétés extraordinaires de l’esprit et sa capacité à créer des connexions synaptiques lorsque nous concentrons avec soin notre attention.

Imaginez  : lors de chaque nouvelle expérience, une connexion synaptique est établie dans notre cerveau. Avec chaque sensation, vision, ou émotion jamais explorées jusque là, la formation d’une nouvelle relation entre deux parmi plus de 100 milliards de cellules cérébrales est inévitable.

Mais ce phénomène doit avoir une concentration renforcée afin d’apporter un réel changement. Si l’expérience se répète dans un laps de temps relativement court, la connexion devient plus forte. Si l’expérience ne se reproduit pas pendant une longue période, la connexion peut être affaiblie ou perdue.

La science croyait que notre cerveau était statique et programmé avec peu de probabilités de changement. Cependant, des recherches récentes en neuroscience ont découvert que l’influence de chaque expérience corporelle au sein de notre organe de réflexion (le froid, la peur, la fatigue, le bonheur) s’emploie à façonner notre cerveau.

Si une brise fraîche réussit à hérisser tous les poils de l’avant-bras , l’esprit humain est-il capable de créer la même sensation avec des résultats identiques  ? Il est peut-être capable de beaucoup plus.

«  Et si juste par la pensée, nous amenions notre chimie interne à être si souvent délogée de la portée normale au point que le système d’autorégulation de l’organisme finisse par redéfinir ces états anormaux comme des états normaux  ?  » interroge le Dr Dispenza dans son livre de 2007, Evolve your Brain, the Science to transform your mind. «  C’est un processus subtil, mais peut-être n’y avons-nous jamais porté beaucoup d’attention jusque là.  »

Le Dr Dispenza soutient que le cerveau est en réalité incapable de différencier une sensation physique réelle d’une expérience interne. De cette façon, notre matière grise pourrait facilement être forcée à revenir elle-même vers un état de santé précaire lorsque notre esprit est chroniquement dirigé vers des pensées négatives.

Le médecin illustre ce point en se référant à une expérience dans laquelle des sujets devaient s’exercer à actionner leur annulaire contre un dispositif à ressort une heure par jour pendant quatre semaines. Après avoir tiré à plusieurs reprises contre le ressort, le doigt de ces sujets est devenu 30  % plus fort. En même temps, un autre groupe de sujets a été invité à s’imaginer eux-mêmes tirant contre le ressort, mais sans jamais toucher physiquement l’appareil. Après quatre semaines de cet exercice exclusivement mental, ce groupe a connu une augmentation de 22  % de la force du doigt.

Pendant des années, les scientifiques se sont penchés sur la façon dont l’esprit domine la matière. De l’effet placebo (dans lequel une personne se sent mieux après avoir pris de faux médicaments) aux pratiquants de Tummo (une pratique du bouddhisme tibétain où les individus transpirent réellement en méditant à des températures sous zéro), l’influence d’une partie «  spirituelle  » d’un être humain sur l’indéniable être physique défie les conceptions traditionnelles de la pensée, selon lesquelles la matière est régie par des lois physiques et l’esprit est un simple sous-produit des interactions chimiques entre les neutrons.

Au-delà de la croyance

Les recherches du Dr Dispenza découlent d’une période critique de sa vie. Après qu’il ait été heurté par une voiture alors qu’il roulait à vélo, les médecins ont insisté pour que certaines vertèbres du Dr Dispenza soient soudées pour lui permettre de marcher à nouveau, une opération susceptible de lui causer des douleurs chroniques pour le reste de sa vie.

Cependant, le Dr Dispenza, chiropraticien, a décidé de défier la science et de réellement changer l’état de son handicap grâce à la puissance de son esprit. Et cela a fonctionné. Après neuf mois d’un programme thérapeutique ciblé, le Dr Dispenza a marché à nouveau. Encouragé par ce succès, il a décidé de consacrer sa vie à l’étude de la relation entre l’esprit et le corps.

Avec l’intention d’explorer la puissance de l’esprit pour guérir le corps, le «  médecin du cerveau  » s’est entretenu avec des dizaines de personnes qui ont vécu ce que les médecins appellent une «  rémission spontanée  ». Ce sont des individus atteints de maladies graves qui avaient décidé d’ignorer le traitement conventionnel, mais avaient néanmoins étaient complètement guéris. Le Dr Dispenza a constaté que ces sujets ont tous partagé la compréhension selon laquelle leurs pensées dictaient l’état de leur santé. Après qu’ils se soient concentrés à changer leur pensée, leurs maladies ont été miraculeusement guéries.

Dépendants des émotions

Similairement, le Dr Dispenza a constaté que les humains possèdent réellement une dépendance inconsciente à certaines émotions positives et négatives. Selon ses recherches, les émotions condamnent une personne à un comportement répétitif, développant une «  dépendance  » à la combinaison de substances chimiques spécifiques pour chaque émotion qui inonde le cerveau avec une certaine fréquence.

Le corps réagit à ces émotions avec certains produits chimiques qui, à leur tour, influencent l’esprit à obtenir la même émotion. En d’autres termes, on pourrait dire qu’une personne craintive est «  accro  » à la sensation de peur. Le Dr Dispenza constate que lorsque le cerveau d’un tel individu est capable de se libérer de la combinaison chimique appartenant à la peur, les récepteurs du cerveau pour ces substances s‘ouvrent. La même chose est vraie avec la dépression, la colère, la violence, et d’autres passions.

Néanmoins, beaucoup restent sceptiques face aux conclusions du Dr Dispenza, en dépit de son aptitude à démontrer que les pensées peuvent modifier les conditions physiques d’un être. Généralement associée à un genre de pseudoscience, la théorie de «  croire en votre propre réalité  » ne semble pas scientifique.

La science peut ne pas être prête à reconnaître que le physique peut être changé par la puissance de l’esprit, mais le Dr Dispenza assure que ce processus se produit néanmoins.

«  Nous ne devons pas attendre que la science nous donne la permission de faire ce qui est inhabituel ou d’aller au-delà de ce qu’on nous a dit être possible. Sinon, nous faisons de la science une autre forme de religion. Nous devons être non conformistes, nous devrions nous exercer à pratiquer l’extraordinaire. Lorsque nous devenons cohérents avec nos aptitudes, nous sommes littéralement en train de créer une nouvelle science  » écrit le Dr Dispenza.

 

 

22 mai 2014

le luddisme.......

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"Chers esclaves de la machine,

Voilà deux siècles, j’étais à la tête d’une insurrection qui faisait trembler les gras pourceaux britons du capitalisme robotisé naissant. La révolution industrielle commençait seulement, l’homme-machine était loin, et déjà nous n’en voulions pas. Artisans du textile du Yorkshire, du Lancashire, du Nottinghamshire, etc., nous prenions les armes contre ces machines qui réduisaient notre savoir-faire à des cacahuètes et menaçaient nos emplois. Pas question de se laisser mettre au rebut sans résister. Alors nous avons fait face : destruction de métiers à tisser et de stocks de coton, confrontations directes avec l’armée, sabotages divers et variés. Une guerre, pas moins. Le peuple à nos côtés : comme l’écrira l’historien anglais Eric Hobsbawm, il existait « une sympathie débordante pour tous les briseurs de machine dans l’ensemble de la population ». Mieux : ce mouvement «  n’était certainement pas le propre des ouvriers du textile ni de l’Angleterre, écriront John et Paula Zerzon ; les travailleurs agricoles, les mineurs, les meuniers, et bien d’autres se retrouvèrent dans la destruction des machines, souvent à l’encontre de ce que l’on qualifie généralement de leurs ’propres intérêts économiques’ ».

Puisque nous avions le nombre pour nous, la majorité, nous avons persisté malgré la lourde répression. Des premières manifestations de 1811 (60 machines détruites à Nottingham en mars) à celles de 1826 (bris de machines à Blackburn), notre juste colère disposait d’une longue mèche, explosion durable.

D’aucuns ont écrit que je n’existais pas. Que Ned Ludd, dit Captain Ludd, dit Général Ludd, dit King Ludd (pas moins...), figure de proue des révoltés, n’était qu’une légende montée en épingle par les agitateurs, un symbole repris à toutes les sauces. Qu’importe. Ils peuvent réfuter l’étincelle tant qu’ils veulent, remettre en cause cette version de l’histoire où dès 1780 je m’emparais d’une masse et brisais en mille miettes les nouvelles machines de mon atelier, la suite ne fait pas de doute : confrontés aux premières vagues du capitalisme industriel, les ouvriers et artisans anglais se levèrent en bloc, comme un seul homme, luddites jusqu’au trognon. La suite s’annonçait bien. Comment imaginer qu’un système qui par essence prive les hommes de leur savoir-faire et les transforme en supplétifs des machines, en esclaves, puisse durablement se perpétuer avec leur consentement ? Impensable.

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Il paraît qu’à votre époque de désolation beaucoup d’entre vous restent marxistes, partisans de la lutte des classes et des théories afférentes. Logique et sain. De là à penser que le barbudoteuton ne se trompa jamais, il y a un pas. Pour qualifier notre révolte, ce vieux Karl se permit de nous traiter de réactionnaires qui n’avaient pas appris « à distinguer la machinerie de son utilisation capitaliste, et donc à transférer ses attaques du moyen matériel de production lui-même, à la forme sociale d’exploitation de celui-ci  ». En son temps, pourquoi pas, on pouvait encore y croire, penser que la technique était neutre, qu’elle ne portait pas en elle-même ses propres destructions sociales, ses balles dans les pied de l’humain. Pour Karl, nous étions en proie à une peur irrationnelle, les premiers technophobes, intégristes du retour à la terre. Et pourtant, comme l’écrivent Cédric Biagini et Guillaume Carnino dans On arrête parfois le progrès : «  le luddite se campe sur une position résolument technophile, puisqu’il revendique la destruction des machines au nom de son propre savoir-faire, c’est à dire au nom de la technique dont il est le dépositaire. » La technique maîtrisée et mise au service de l’humain, oui, la technologie débridée emportée par le vent malsain de sa propre course, non. C’est pourtant simple. Vous dites votre monde en « crise » économique, vous pointez (à juste titre) les maîtres de la finance, les laquais des bourses. Mais que seraient ces tartufes assassins sans le secours de la technique hypertrophiée ? Sans l’emprise sur les imaginaires que leur offre le monde des écrans et des gadgets ? Sans le contrôle généralisé des affects et des comportements ? Peanuts.

Je discutais hier avec mes amis grenoblois de Pièces et Main d’Oeuvre (spiritisme powa), et ces frères de pensée me disaient l’étonnement qu’ils pouvaient ressentir face à des travailleurs, voire des militants, refusant de lier leur sort actuel à la technologie, au moins en partie. Taper sur la machine serait tabou, hors-de-propos, anachronique. Et pourtant. Votre chômage n’a jamais été aussi élevé, les machines jamais aussi présentes. Vos conditions de travail sont désespérantes, aliénantes. La fraternité entre travailleurs, celle qui rendait le sort des ouvriers d’antan un peu moins glaçant, n’est plus qu’un vague souvenir, trop contre-productif. Souffrance au travail est devenu un pléonasme. Et jamais vous ne mettez en cause ces machines qui désormais sont partout dans votre quotidien, sont LE quotidien, les frontières de votre monde. Pas même un peu. Quelles tristes œillères recouvrent vos yeux prozac ? Quelle camisole spectaculaire ligote votre intellect ?

Un certain Lémi, ahuri notoire, me racontait il y a peu, par retour de courrier de l’au-delà, le débat animé qu’il avait eu avec un bibliothécaire de son voisinage. L’établissement de ce dernier venait de se doter en machines flambant neuves chargées, à moyen terme, de se substituer aux hommes ; des simples puces électroniques permettant d’enregistrer l’emprunt et le retour des livres. Un désastre pour les bibliothécaires. Surprise : la majorité des travailleurs du lieu avaient voté pour cette évolution. Avaient élu la machine qui les mettraient rapidement, pour certains en tout cas, au rebut. Sans se poser de questions. Des moutons couronnant leur boucher.

Il y aurait beaucoup à dire sur ce genre de comportement, sur l’aveuglement hypnotisé qu’ils traduisent. Il y aurait, surtout, beaucoup à faire pour enrayer ce mouvement, pour balancer un bon coup de pied dans les soubassements de la « fourmilière-machine » qui vous tient lieu de société. Il ne s’agit pas de se défaire de ce que la technique peut avoir de meilleur, de renvoyer dos à dos toutes les innovations (certaines, bien utilisées, sont facteur de libération plutôt que d’aliénation), mais de refuser en bloc ce vers quoi ce monde tend : un désert cadenassé par la technique, imaginaire et quotidien vampirisés. Le paradis glacé des enfants autistes de Steve Jobs.

Et moi, Général Ludd, j’en prends l’engagement : je suis prêt à reprendre du service. Quelle armée m’enrôlera dans ses rangs ?

Bisous, 
Ned Ludd"

 

Personnage historique britannique de la fin du XVIIIe et du début du xixe siècle.

Ned (ou John) Ludd (parfois appelé « Captain Ludd », « King Ludd » ou « General Ludd ») est un ouvrier militant anglais légendaire, utilisé comme symbole par un mouvement puissant de contestation sociale, afin de se protéger de la répression .

Certains ne retiennent que la destruction d'un stock de coton en 1782, mais il s'est fait connaître par la destruction organisée des machines (à tisser notamment) qui, selon lui et ses acolytes, remplaçaient peu à peu les ouvriers humains et ainsi les jetaient au chômage. Les Luddites, qui ont combattu la progression du travail mécanique autour des années 1810, se sont baptisés en son nom et envoyaient des lettres de menaces signées de ce mystérieux « Général Ludd ».

Le luddisme est, selon l'expression de l'historien Edward P. Thompson, un « conflit industriel violent » qui a opposé dans les années 1811-1812 des artisans – tondeurs et tricoteurs sur métiers à bras du West Riding, du Lancashire du sud et d'une partie du Leicestershire et du Derbyshire – aux employeurs et manufacturiers qui favorisaient l'emploi de machines (métiers à tisser notamment) dans le travail de la laine et du coton. La lutte des membres de ce mouvement clandestin, appelés luddites ou luddistes, s'est caractérisée par le « bris de machines ».

Le mot

Le terme trouve son origine dans le nom d'un ouvrier anglais, John ou Ned Ludd (parfois appelé « Captain Ludd », « King Ludd » ou « General Ludd »), qui aurait détruit deux métiers à tisser en 1780. En fait, on ignore s'il a véritablement existé. Mais des lettres signées de ce nom ont été envoyées en 1811, menaçant les patrons de l'industrie textile de sabotage. Ned Ludd est devenu le leader imaginaire d'un grand mouvement, dans un contexte où un leader déclaré serait tombé rapidement, victime de la répression.

Le terme « luddisme » est parfois utilisé pour désigner ceux qui s'opposent aux nouvelles technologies ou critiquent celles-ci (on parle même de « néo-luddisme »).

Origine du mouvement

La révolution industrielle bouleverse l'Angleterre du début du xixe siècle. Dans le milieu du textile, trois professions sont particulièrement menacées par l'apparition de métiers mécaniques : les tondeurs de drap, les tisserands sur coton et les tricoteurs sur métier. Ceux qui les pratiquent sont des artisans assez puissants, bien organisés malgré les lois de 1799 interdisant toute association en Angleterre (Combination Act), et mieux lotis que les ouvriers qui travaillent dans les usines. Ces métiers très techniques sont déterminants pour la qualité des draps ou des tissus : selon le travail d'un tondeur de drap, par exemple, le prix du produit fini peut varier de 20 %.

Les années 1811-1812 cristallisent les rancœurs des couches populaires anglaises et spécialement celles de ces artisans. C'est que, outre la crise économique, les mauvaises récoltes et la famine, ces années marquent la fin des politiques paternalistes qui protégeaient les artisans et le lancement en grande pompe de la politique du « laissez-faire » — on parlerait aujourd'hui de libéralisme économique.

Révolte des luddites

Bris de machine (1812).
  • Mars 1811 : à Nottingham, une manifestation syndicale de tondeurs sur drap est sévèrement réprimée par les militaires. Dans la nuit, 60 métiers à tisser sont détruits par un groupe issu des manifestants.
  • Novembre 1811 : le mouvement s'est organisé et certains leaders commencent à répandre la contestation. De nombreuses fabriques font l'objet de destructions « ciblées » puisque seuls certains métiers sont disloqués.
  • Hiver 1811-1812 : le mouvement s'étend encore et se structure. Les luddites attaquent en petits groupes, ils sont armés et masqués.
  • Dès février 1812, alors que le « Frame Work Bill » est adopté par le parlement britannique, les troubles diminuent dans le Nottinghamshire et débutent dans le Yorkshire et le Lancashire.
  • Avril 1812 : dans le Yorkshire une attaque de luddites contre une fabrique à Rawfolds échoue, deux luddites sont tués. Le mouvement se radicalise.
  • Été 1812 : les actions armées se poursuivent, des collectes d'argent et d'armes s'organisent dans le Yorkshire. Une vraie conspiration prend naissance, avec pour objectif de renverser le gouvernement.
  • Fin 1812 : le mouvement se poursuit dans le Lancashire, mais la révolte y est plus spontanée et moins organisée. La répression du gouvernement britannique se fait plus dure.

Des actions dans des fabriques se poursuivront sporadiquement avec, par exemple, des bris de machines à Blackburn en 1826.

Le mouvement s'est rapidement diffusé dans les Midlands et une véritable guerre s'est engagée entre les luddites et le gouvernement britannique. On estime qu'à une certaine période, l'Angleterre avait mobilisé plus d'hommes pour combattre les luddites que pour combattre Napoléon au Portugal.

Fin de la révolte

En 1812, les artisans du textile essaient d'emprunter la voie constitutionnelle : ils proposent au Parlement d'adopter une loi pour protéger leur métier. Ils paient au prix fort des avocats, font un vrai travail de lobbying (groupe de pression), mais la loi n'est pas adoptée.

Pendant ce temps, les luddites ont obtenu une satisfaction partielle : les salaires ont augmenté, la pression économique s'est un peu relâchée. Dans le même temps, les arrestations ont affaibli le mouvement. En 1812, une loi instaurant la peine capitale pour le bris de machine est entérinée, malgré les protestations et les pamphlets de Lord Byron, entre autres. Treize luddites sont pendus.

Si des luddites sont actifs jusqu'en 1817, leurs destructions deviennent de plus en plus désespérées. En fait, les trois métiers mentionnés vont quasiment disparaître à l'aube des années 1820.

Si les luddites disparaissent en tant que tels, ils nourrissent cependant d'autres mouvements ouvriers du début du xixe siècle. La contestation devient souterraine ou légale avant de ressurgir en force quelques années plus tard et mener au Chartisme.

 

Chartisme

Le chartisme est un mouvement politique ouvrier qui se développa au Royaume-Uni au milieu du xixe siècle, à la suite de l'adoption de la « Charte populaire » (anglais : People's Charter).

En 1832, la réforme électorale (Reform Act) établit un système électoral censitaire, au détriment des classes populaires. La Charte populaire fut adoptée en 1838, à l'initiative de l'Association des travailleurs londoniens. Elle réclamait le suffrage universel masculin, un juste découpage des circonscriptions électorales, l'abolition de l'obligation d'être propriétaire pour être éligible, des élections législatives annuelles, le vote à bulletin secret et l'indemnité parlementaire. Le mouvement resta actif et organisé jusqu'en 1848 et donna lieu à l’apparition des mouvements coopératifs et des mouvements syndicaux. Il connut trois grandes phases : entre 1838 et le début de 1840 ; à l'été 1842 et entre février et août 1848, correspondant aux trois grandes pétitions signées par des millions de Britanniques et déposées (pour les deux premières) au Parlement qui refusa d'en tenir compte.

Le terme « charte » renvoie à la Magna Carta de 1215.

 

Cadre historique

Les revendications sociales des chartistes se déploient dans un contexte économique et social particulier qui favorise leur développement, celui du Royaume-Uni duxixe siècle.

L'industrialisation bouleverse et remodèle la société britannique

Le Royaume-Uni est entré depuis la fin du xviiie siècle dans la Révolution industrielle, mais cette industrialisation implique d’énormes changements au niveau de l’organisation territoriale, de la structure sociale à travers la démographie et des rapports entre classes.

L'organisation du territoire est bouleversée : l'urbanisation rapide passe par la création de villes industrielles nouvelles, le paysage est transformé par l'apparition de « villes noires » (ManchesterBirmingham, ...), caractérisées à la fois par leur surpopulation et leur grande insalubrité.

La population connaît une expansion sans précédent : 7 millions d'habitants en 1750, 14 en 1820 et 23 en 1860.

En fait, la majorité de la population ne ressent pas le progrès : en effet, malgré la croissance économique et le statut mondial du Royaume-Uni, beaucoup ressentent au contraire une régression, du fait de l’emploi de main d’œuvre ouvrière non qualifiée au détriment des qualifications artisanales traditionnelles.

« Pourtant, malgré tous ces éléments de prospérité nationale (…) nous sommes écrasés de souffrances privées et publiques » (pétition chartiste de 1838).

Cette situation est évoquée dans Les temps difficiles de Charles Dickens.

À l’échelle d’une vie, la structure de la société a totalement changé. La proportion d’ouvriers augmente, beaucoup d’hommes et de femmes accèdent à la précarité de l’emploi ouvrier (10 heures de travail par jour et des conditions de travail horribles). D’ailleurs Friedrich Engels compare cette évolution à la Révolution française, tant elle semble marquer une rupture. En fait c’est moins l’ampleur du changement que sa rapidité qui font penser à une révolution.

Enfin, la société est divisée. Les divergences sociales s’accentuent ; le Royaume-Uni et ses nations constituantes n’ont jamais été jusqu’ici des pays égalitaires, mais avec ces bouleversements économiques et sociaux on assiste à une fragmentation de la population plus poussée encore. On assiste par exemple à une véritable ségrégation urbaine, avec l'apparition de quartiers bourgeois et de quartiers populaires. Ce phénomène est surtout perceptible dans les villes nouvelles. Ainsi, àManchester, il y a environ 60 % d’ouvriers dans une ville plutôt bourgeoise, tandis qu'à Stalybridge, ville nouvelle à quelques kilomètres à l'est, il y a 90 % d’ouvriers.

L’idée de classes sociales progresse chez les propriétaires industriels comme dans les classes laborieuses.

Le cadre est donc celui d'une population divisée où la classe ouvrière mûrit son ressentiment, il suffit donc d’une crise économique ou politique pour amorcer un conflit.

Un contexte social qui remet en cause la politique gouvernementale

Les Corn Laws

À la suite d'une chute des prix très importante touchant durement les propriétaires, le Parlement, très majoritairement composé de grands propriétaires terriens, vota en 1815 les lois sur le blé (Corn Laws) interdisant toute importation de blé tant que le prix d’un quarter ne dépassait pas 80 shillings, ce qui a pour effet de soutenir ces prix. La contrepartie de ces prix élevés était la paupérisation croissante du peuple, en particulier des ouvriers sans qualification.

La Charte de 1838 critique les lois qui augmentent le prix des aliments, qui raréfient l’argent, qui rendent le travail mal rémunéré, et qui taxent l’activité plus que la propriété.

Le système électoral

En 1815, le système électoral ne s'est pas encore adapté à l'évolution de la population. La représentativité à la Chambre des communes n'a rien d'uniforme. Ainsi, dans les comtés, le droit de vote ou « franchise électorale » appartenait aux propriétaires fonciers jouissant d’un revenu de 40 shillings (50 francs germinal). Dans les bourgs ou municipalités, on votait à haute voix, et les électeurs subissaient presque toujours l’influence d’un « patron », c'est-à-dire d’un riche propriétaire du voisinage qui leur imposait son candidat. Le cas était particulièrement fréquent dans les bourgs sans importance, appelés bourgs de poche. La liste des bourgs n’avait pas été modifiée depuis le xviie siècle. On y trouvait en 1815 des villages presque abandonnés – appelés « bourgs pourris » – qui continuaient à élire deux députés, tandis que des villes comme ManchesterBirminghamSheffieldLeeds – dont l’importance était récente – n’avaient pas de représentants.

Premières remises en question et agitations

Dès les années 1770, on assiste à des remises en question de ce système, qui sont les étapes préalables au Chartisme, notamment :

  • 1774-1775 : James Burgh écrit Political Disquisition et appelle au suffrage universel masculin,
  • 1776 : John Wilkes dans un discours au Parlement s’en fait l’écho,
  • 1791-1792 : Thomas Paine attaque le système britannique dans Rights of Man.

Ces ouvrages sont lus par des journaliers, des apprentis, etc., et permettent la diffusion d'une exigence de réformes radicales.

La Révolution française exerce également une influence considérable. Plusieurs organisations, publications, journaux démontrent à la classe ouvrière que les droits de l'homme appartiennent aux riches comme aux pauvres. Par exemple : clubs locaux, Henry ‘Orator’ Hunt, Cobbett (journaux à 1 penny).

En 1819, un vaste meeting est organisé à Manchester par les radicaux qui font campagne pour le suffrage universel masculin ; il est réprimé dans le sang par l’armée nationale à Saint Peter’s Field (surnommé « massacre de Peterloo », en référence à Waterloo), cet évènement est considéré comme le baptême du mouvement Chartiste.

Le mouvement social à partir de là s’est mu en mouvement politique.

Apparition du chartisme

Fondation des Trades Unions

C’est ce contexte de crise économique (difficultés des ouvriers à nourrir leur famille) et de ravages du capitalisme « sauvage » – les conditions désastreuses de travail des ouvriers (jusqu’à quinze heures de travail par jour) et des salaires revus à la baisse – qui poussa les ouvriers à s’assembler dans des unions de travailleurs ; les premières sont illégales, mais le droit de coalition et de grève est péniblement acquis en 1825. Ces Trades Unions constituent une véritable « ligue des ouvriers contre les maîtres ».

Partagés entre partisans de la « force physique » (comme l’irlandais O’Connor) et partisans de la « force morale », les chefs de file du mouvement chartiste étaient des prêtres, des cabaretiers, des ouvriers, et aussi des démagogues. Ils tiraient leur idéologie du méthodisme ou du jacobinisme, ainsi que des écrits de l'anarchisteWilliam Godwin ou du socialiste utopiste et paternaliste Robert OwenEn 1838, sous l'influence d'Owen, des unions se regroupent dans un seul syndicat : l'Union nationale du travail, dont le but était la suppression du patronat et du salariat par l’institution de coopératives ouvrières de production. Mais le gouvernement et autres industriels brisèrent ce mouvement.

Dès lors l’action politique retrouva des partisans, surtout parmi les travailleurs misérables : il fallait la majorité au Parlement pour faire accepter des réformes électorales.

La désillusion du Reform Bill de 1832

« le fruit qui semblait si beau s’est décomposé une fois cueilli. » (Charte de 1838)

Un immense espoir populaire est placé dans cette réforme électorale. La campagne pour un bill de réforme est menée par O’Connell, les radicaux, quelques Whigs comme John Russel, et même quelques tories. Les masses populaires s’agitaient à cause notamment d’un hiver rigoureux. Le duc de Wellington, premier ministre depuis 1828, refuse immédiatement, mais la révolution française de 1830 assure le succès de la campagne réformiste. Devant l’agitation révolutionnaire, une majorité contre Wellington se forme au Parlement et il est renversé par Lord Grey. Grey présente une réforme modérée qui est refusée, il dissout alors pour la première fois depuis 50 ans. La majorité passe aux Whigs, le bill voté par les députés est refusé par les Lords ; finalement devant l’agitation populaire la réforme est votée par la chambre des Lords en juin 1832.

Le contenu de la réforme est décevant :

  • on redistribue les sièges de députés en en enlevant quelques-uns aux bourgeois, mais répartition encore très inégale,
  • la franchise électorale est diminuée et non supprimée ; il faut toujours être riche mais le nombre d’électeurs s’accroît de moitié, passant de 300 000 à 600 000,
  • elle profite surtout à la bourgeoisie, les masses populaires restaient exclues de la vie politique.

La faible portée du bill entraîne un sentiment de trahison chez les classes populaires.

Le Poor Law Act de 1834

Article détaillé : New Poor Law.

Dès 1601, à la fin du règne d’Elisabeth I, l’État prend en charge les indigents d'Angleterre et se dote d'une législation, les Poor Laws ou « lois sur les pauvres », dédiée au problème des déshérités. L’organisation de cette assistance est confiée aux paroisses auxquelles les Poor Laws imposent aussi de fournir un emploi aux pauvres valides. C'est donc dès cette époque qu'est fait le lien entre misère et chômage. En 1832 est nommée une commission royale, qui comprend Nassau Senior ; elle conclut que le système est trop attractif et trop cher. La loi de 1834 durcit les conditions d'aide, mais ne suit pas toutes les recommandations de la commission.

Dans ce contexte se développent les workhouses, « maisons de travail » dissuasives où, selon Nassau Senior, on tente « d’y rendre la vie moins souhaitable que celle des plus malheureux des ouvriers indépendants ». Quant à leur financement, il est également soumis aux lois du marché. Chaque région est imposée en fonction du nombre de personnes « bénéficiant » de l’aide publique. Donc, plus une région compte de pauvres, plus elle connaît un taux d’imposition élevé.

La réforme de 1834 est vue comme une « grande trahison des whigs ».

Crise économique

À partir de 1837, une crise économique (mauvaises récoltes, diminution de la production industrielle) toucha le Royaume-Uni, accompagnée de chômage et disette. En parallèle, le commerce se ralentit, entraînant une baisse des revenus douaniers et donc des recettes de l'État. Le rôle de l'État était limité et donc les budgets en déficit, depuis des années, des différents gouvernements whigs ne portaient, jusque là, pas à conséquence. Avec la crise économique, les critiques apparurent et se cristallisèrent dans les deux grands mouvements de protestation politique d'alors : la Anti-Corn Law League et le chartisme.

Les trois grandes phases du chartisme (1838-1840 ; été 1842 et février-août 1848) correspondirent aux trois moments où la crise fut la plus grave, tandis que le mouvement périclita avec le retour de la prospérité.

La naissance du chartisme en tant qu’organisation politique

Le mouvement anti-loi-sur-les-pauvres (anti-Poor Laws) passe au chartisme durant les années 1830. Les chartistes, qui ont des revendications différentes à l’origine :

  • membres d’unions politiques ;
  • vendeurs de presse illégale (unstamped press) ;
  • syndicalistes ;
  • membres de comités réclamant un raccourcissement des journées de travail ;
  • opposants à la loi sur les pauvres ;

acquièrent le sentiment de combattre une cause commune.

De plus ils ne pensent plus uniquement à l’échelle locale mais le mouvement acquiert une dimension nationale. Les radicaux sont présents dans toutes les zones industrielles donc la campagne chartiste se fonde sur cette présence.

Concrétisation politique du chartisme

La Charte populaire de 1838

Les artisans et ouvriers qualifiés londoniens rassemblés dans l’Association londonienne des travailleurs (London Working Men's Association) y ont pour dirigeants William LovettFrancis PlaceHenry Hetherington ou Henry Vincent . Des « associations démocratiques », plus marquées à gauche, étaient plus importantes dans le reste du pays, avec comme chef de fil Feargus O'Connor.

En octobre 1836, l’Association londonienne des travailleurs a déjà adopté cinq des six résolutions contenues dans la Charte. Les six points ont d’abord vu le jour dans une pétition adressée à la Chambre des communes en janvier 1837, mais qui ne lui est jamais parvenue à cause de nombreux délais (incompréhension, perte de confiance, de sièges à la Chambre…).

Finalement William Lovett et Francis Place publient la Charte en mai 1838 et la présentent à Glasgow lors d’un meeting de 200 000 ouvriers. Ces vastes meetings sont destinés à recueillir des signatures et à élire les délégués d’une Convention générale des classes laborieuses, sorte de Parlement fantôme des exclus du droit de vote.

La Charte contient six points :

  1. suffrage universel pour tous les hommes à partir de 21 ans ;
  2. des circonscriptions justes et égales (pas de bourgs pourris, des sièges pour les villes nouvelles) ;
  3. vote à bulletin secret ;
  4. abrogation de l'obligation d'être propriétaire comme condition d'éligibilité ;
  5. une indemnité parlementaire pour permettre aux travailleurs de siéger et de pouvoir vivre ;
  6. des élections législatives annuelles.

Le contenu de la Charte est donc politique. La mutation est effective. La Charte recueille 1 250 000 signatures en un an.

En 1839, se réunit la Convention chargée de présenter la Charte au Parlement, mais celle-ci est rapidement mise de côté par ce dernier (235 voix contre 46), montrant là les faiblesses des moyens offerts par la pétition.

Les grèves de masse et les agitations

Émeute chartiste

En 1839, il y a quelques actes violents et grandes manifestations et même une tentative d’émeute au Pays de Galles.

En mai 1842, une deuxième pétition est présentée au Parlement. Elle a recueilli plus de trois millions de signatures, et elle est portée sur un char escorté de 20 000 signataires. À nouveau, le Parlement rejette la pétition.

La crise de 1841-1842 provoque des grèves de masse, 500 000 personnes sont alors engagées dans le mouvement chartiste. Outre les grèves pour motifs économiques, certaines sont déclenchées pour des revendications chartistes, notamment dans les Midlands, les Lancashire, le Yorkshire, et une partie de l'Écosse. La pratique de briser les machines et de tirer les bouchons des réservoirs des machines à vapeurvaut le surnom Plug Plot (« complot des bouchons ») aux grèves dans le Lancashire. Les grèves sont particulièrement suivies dans le triangle Manchester-Ashton-Stalybridge.

Le premier ministre, Sir Robert Peel, n'est pas favorable à une intervention, mais le duc de Wellington exige de déployer les troupes pour réprimer les grévistes. Les grèves sont violemment réprimées, de nombreux chartistes sont arrêtés (dont Feargus O'ConnorGeorge Julian Harney, et Thomas Cooper), 79 d'entre eux sont condamnés à des peines de prison.

Autres activités chartistes]

Malgré cette vague d'arrestations, l'activité chartiste continue. De riches débats traversent le mouvement sur la meilleure façon de procéder. Différents courants apparaissent. Le Temperance Chartism suggère que l'alcool est la plus grande arme des puissants contre les opprimés, et essaie de convaincre les chartistes de se lancer dans une grande campagne contre l'alcool. L’Education Chartism fonde de nombreuses écoles, très avancées pour leur époque, où garçons et filles ont le même programme, et la punition physique est interdite. À partir de 1843, O'Connor suggère que la terre est la solution aux problèmes des ouvriers. Son idée se concrétise sous la forme de la Chartist Co-Operative Land Company, qui devient la National Land Company. Les ouvriers achètent des parts de la compagnie, et la compagnie utilise ce capital pour acheter des terres, qui sont alors divisées en parcelles. Cinq propriétés sont ainsi achetées entre 1844 et 1848. En 1848, le parlement nomme un comité pour enquêter sur la viabilité financière de l'opération, et finit par l'interdire.

Des candidats chartistes se présentent aux élections législatives entre 1841 et 1859 ; O'Connor est élu en 1847. La même année, Harney se présente contre Lord Palmerston à Tiverton.

Fin du chartisme

La Révolution française de 1848

La Révolution française de 1848 précipite les évènements. D'abord, les chartistes félicitent le peuple français, mais la portée de la révolution française effraie :

« La révolution française de 1848 a sauvé les classes moyennes anglaises. Les penchants socialistes prononcés des travailleurs français ont effrayé la petite classe moyenne anglaise et désorganisé le mouvement de la classe ouvrière ». (Friedrich Engels)

Ce manque de soutien des classes moyennes va permettre au gouvernement d'agir en position de force, et d'attendre que le mouvement s'épuise de lui-même.

La pétition de 1848

Le 10 avril 1848, Feargus O'Connor organisa un meeting à Kennington Common, au sud de Londres, afin de former une procession pour présenter une nouvelle pétition au Parlement. Le gouvernement choisit l'épreuve de force et interdit aux militants de traverser la Tamise. Les forces de l'ordre mobilisées sont estimées à 8 000 soldats, 4 000 policiers londoniens avec des supplétifs tenus en réserve. Le nombre de ces derniers n'est pas connu ; certaines estimations vont jusqu'à 100 000. Trente canons furent préparés à la Tour de Londres, ainsi que les vapeurs destinés à les transporter où leur besoin se ferait sentir. De son côté, O'Connor affirma que 500 000 chartistes s'étaient réunis sur Kennington Common (qui ne peut guère contenir plus de 50 000 personnes). De plus, de nombreuses personnes n'y étaient qu'en « simples spectateurs ». On estime le nombre des « véritables » militants autour de 20 000.

Séparément, des émeutiers tentèrent de prendre d'assaut des workhouses à Manchester. Il s'ensuivit une confrontation avec la police, qui finit par prendre le dessus après trois jours de violence.

Les chartistes avaient prévu de créer une assemblée nationale « fantôme » si leur pétition était ignorée une fois de plus, et de demander à la reine Victoria de dissoudre le Parlement ; leur assemblée siégerait tant que le gouvernement refuserait d’accepter la Charte. Cependant, leur indécision et leur mauvaise organisation les minèrent : l'assemblée finit par s'autodissoudre, en déclarant qu'elle manquait de soutien.

La pétition d'O'Connor contenait moins de deux millions de signatures, loin des 5 706 000 qu'il avait annoncées. On découvrit de nombreux faux. Certains chartistes accusèrent alors O'Connor d'avoir détruit la crédibilité du mouvement. Malgré tout, le chartisme se poursuivit pendant quelques mois encore, avant de s'essouffler, déchiré par les dissensions internes.

Postérité

En 1918, les cinq principaux points (hormis les élections annuelles) du programme chartiste avaient été mis en place dans la vie politique britannique, comme l'abolition de l'obligation d'être propriétaire pour être éligible en 1858 ou le scrutin à bulletin secret en 1872.

Le mouvement chartiste a fortement influencé le mouvement socialiste, il a inspiré les théories marxistes et a marqué la fin du mutisme et de l’isolement ouvrier avec l'apparition du syndicalisme.

 

7 mai 2014

l'ancêtre......arpanet

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ARPANET ou Arpanet (acronyme anglais de « Advanced Research Projects Agency Network », souvent typographié « ARPAnet ») est le premier réseau à transfert de paquets développé aux États-Unis par laDARPA. Le projet fut lancé en 1969 et la première démonstration officielle date d'octobre 1972.

Le concept de transfert de paquets (packet switching), qui deviendra la base du transfert de données sur Internet, était alors balbutiant dans la communication des réseaux informatiques. Les communications étaient jusqu'alors basées sur la communication par circuits électroniques, telle que celle utilisée par le réseau de téléphone, où un circuit dédié est activé lors de la communication avec un poste du réseau.

Les ordinateurs utilisés comprenaient des Univac fonctionnant avec des tubes électroniques, technologie certes désuète en 1969 (où on abandonnait déjà les ordinateurs de deuxième génération transistorisés pour d'autres à circuits intégrés comme l'IBM 1130), mais c'est précisément pour cela que ces ordinateurs étaient libres pour un usage expérimental, les autres étant saturés de travaux.

 

Création d'Arpanet

En 1961, l'US Air Force confie à la DARPA, agence de recherche technologique de défense américaine créée 3 ans plus tôt, un puissant ordinateur, le seul de sa série construit par IBM, le Q-32, pour concevoir un programme destiné au commandement des bombardements stratégiques. Joseph Licklider, docteur en psychoacoustique mais surtout spécialiste des technologies de l'information est engagé. Il a auparavant travaillé sur un programme d'ordinateurs envoyant des données par lignes téléphoniques pour un système de défense antiaérien, le projet SAGE. En 1962 il rejoint l'Arpa et prend la direction du « bureau Contrôle-Commande » nouvellement créé. Il fait venir Fred Frick qui a travaillé avec lui au Lincoln Laboratory sur le projet SAGE (en). Ils sont tous les deux partisans du temps partagé sur les ordinateurs, des machines alors très couteuses pour permettre à différents centres de recherche, universités ou entreprises de travailler sur une même machine. Ils vont donc dès 1962 commencer à réfléchir à interconnecter informatiquement tous les centres de recherches américains avec lesquels l'Arpa travaille. Le but est alors de partager plus facilement ressources et données et surtout de faire baisser les coûts et limiter les doublons en recherche. En 1964, le « bureau Contrôle et commande » devient « Bureau des techniques de traitement de l'information » ou IPTO (Information Processing Techniques Office).

Ils recrutent alors Robert Taylor, 32 ans, psychologue et mathématicien de formation qui a travaillé pour la Nasa et Ivan Sutherland, 27 ans, qui étudie les interactions entre ordinateurs. Il succède en 1964 à Licklider parti au MIT et en 1966, et est lui-même, après son départ à Harvard, remplacé par Robert Taylor à la tête de l'IPTO.

En 1966, Charles Herzfeld, le directeur de l'Arpa, accorde un budget d'un million de dollars pour que l'IPTO développe le projet de création d'un réseau informatique délocalisé, reliant les universités en contrat avec la DARPA. Il recrute Larry Roberts qui travaille au Lincoln Lab sur le transfert de données entre ordinateur. En 1968, il aura couché sur papier les plans du réseau informatique.

En juillet 1968, l'Arpa-ipto lance une consultation pour la conception d'un réseau à petite échelle pour relier l'institut de recherche de Standford, l'université de Los Angeles (UCLA) et l'université de l'Utah. Plus d'une centaine d'entreprises et de centres d'études sont approchés mais déclinent l'appel d'offre, dont IBM. C'est finalement un petit cabinet de consultants informatique du Massachusetts, Bolt Beranek et Newman qui remporte le marché. Une équipe de sept personnes se met en place avec Frank Heart à sa tête et vont concevoir le réseau avec de petits ordinateurs les Interfaces Messages Processors ou IMP (ancêtres des actuels routeurs) qui assurent la connexion des ordinateurs hotes au réseau et permettre le transfert de données par la commutation de paquets à la vitesse alors de 50kbits par seconde.

Opérationnel le 20 septembre 1969, Arpanet sert de banc d'essai à de nouvelles technologies de gestion de réseau, liant plusieurs universités et centres de recherches. Les deux premiers nœuds qui forment l'Arpanet sont l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et l'Institut de recherche de Stanford (le premier message, le simple mot login sera envoyé sur le réseau le 29 octobre 1969 entre ces deux institutions, suite à un bug, les 3 dernières lettres mettront une heure pour arriver), suivis de peu par les universités de Californie à Santa Barbara et de l'Utah.

Le mythe veut que l'objectif fixé à Arpanet soit de permettre aux réseaux de communication militaires (Arpanet voit le jour en pleine guerre froide) de continuer à fonctionner malgré une attaque nucléaire massive de la part de l'Union soviétique, c’est-à-dire : « garder ouvertes des voies de communication quel que soit l'état de destruction du pays » (les États-Unis). Les chercheurs, majoritairement financés par la même DARPA, peuvent utiliser les unités centrales de n'importe quel des établissements gérés en réseau, qu'il soit universitaire ou militaire.

La véritable raison est qu'Arpanet est créé afin d'unifier les techniques de connexion pour qu'un terminal informatique se raccorde à distance à des ordinateurs de constructeurs différents.

Les premiers essais sont concluants, et le projet - considéré comme ancêtre de l'Internet, compte tenu de son mode de fonctionnement - est mené à son terme: Lorsqu'un des centres (nœuds) est virtuellement détruit, les données empruntent d'autres chemins et d'autre nœuds pour atteindre les destinataires désignés.

Très rapidement, la CIA conclut à l'invulnérabilité d'Arpanet, alors que dans les faits cette « invulnérabilité » est sujette à caution.

Développement

Rapidement, de nouveaux raccordements furent bientôt ajoutés au réseau, portant le nombre de « nœuds » à 23 en 1971, qui se monteront à 111 en 1977.

En 1974, le TCP/IP (Transmission Control Protocol et Internet Protocol) est créé pour uniformiser le réseau ; le système est toujours utilisé de nos jours.

En 1980, Arpanet se divise en deux réseaux distincts, l'un militaire (MILNET, de « Military Network », qui deviendra le DDN — Defense Data Network) et l'autre, universitaire (NSFnet), que les militaires abandonnèrent au monde civil.

Le 1er janvier 1983, ARPANET adopte le TCP/IP qui sera la base d'Internet.


En 1984DDN et NSFnet comptent déjà près de 4 millions de nœuds interconnectés et plus de 1 000 ordinateurs à travers le monde y sont reliés

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Arpanet_logical_map,_march_1977

 

RESUME HISTORIQUE.......

 

 

1792 : Les frères Chappe inventent le télégraphe optique en France. Il permet d'envoyer des messages rapidement sur une longue distance en utilisant un réseau de tours surmontées d'un bras articulé pour transmettre à vue des signaux codés.

 

1836 - 1838 : Les Anglais Edward Davy, William Looke et Charles Wheastone vont inventer et mettre au point le télégraphe.
Le peintre Américain Samuel Morse invente le code qui porte son nom utilisant des points et des traits pour représenter les caractères à transmettre.

 

24 Mai 1844 : Samuel Morse effectue la première démonstration publique du télégraphe en envoyant le message "What hath God wrought ?" sur une distance de 60 km entre Philadelphie et Washington.
Les réseaux télégraphiques vont très rapidement se développer dans le monde (37000 km de lignes installlées en 10 ans).

 

1858 : Le premier cable transatlantique est tiré entre les Etats Unis et l'Europe pour interconnecter les systèmes de communication Américains et Européens. Il cessa de fonctionner au bout de quelques jours ! Un second cable transatlantique fût tiré en 1866 et resta en exploitation pendant une centaine d'années.

 

1876 : L'Américain Graham Bell invente le téléphone et fonde la compagnie Bell Telephone Company.

 

1955 : Premier réseau informatique à but commercial : SABRE (Semi Automated Business Related Environment) réalisé par IBM. Il relie 1200 téléscripteurs à travers les Etats-Unis pour la réservation des vols de la compagnie American Airlines.

 

1957 : Suite au lancement du premier Spoutnik par les Soviétiques, le président Dwight D. Eisenhower crée l'ARPA (Advanced Research Project Agency) au sein du DoD (Department of Defense) pour piloter un certain nombre de projets dans le but d'assurer aux USA la supériorité scientifique et technique sur leurs voisins Russes.

 

Juillet 1958 : Le premier bunker du réseau SAGE (système de défense Américain) devient opérationnel. L'ordinateur AN/FSQ7 (dont le WhirlWind de 1951 était le prototype) dans chaque bunker est capable de gérer 400 avions simultanément. Le dernier bunker du réseau SAGE fermera en Janvier 1984.

 

1958 : La BELL crée le premier Modem permettant de transmettre des données binaires sur une simple ligne téléphonique.

 

Juillet 1961 : Leonard Kleinrock du MIT publie une première théorie sur l'utilisation de la commutation de paquets pour transférer des données.

 

Octobre 1962 : Le docteur J.C.R. Licklider du MIT est nommé à l'ARPA pour diriger les recherches pour une meilleure utilisation militaire de l'informatique. Il avait écrit en Août une série de notes décrivant sa vision d'un "réseau galactique" permettant à toute personne d'accéder rapidement à toute information ou tout programme, où qu'il se trouve. Il convaincra ses successeurs, Ivan Sutherland, Bob Taylor et Lawrence G. Roberts du MIT de l'importance de ce concept de réseau.

 

1964 : Leonard Kleinrock du MIT publie un livre sur la communication par commutation de paquets. Il va convaincre Lawrence G. Roberts du bien fondé de l'utilisation de la commutation de paquets plutôt que de circuits dédiés pour réaliser un réseau.

 

1965 : Lawrence G. Roberts va, avec Thomas Merill, connecter l'ordinateur TX-2 au Massachussets avec l'ordinateur Q-32 en Californie par une liaison téléphonique. Cette expérience va prouver la faisabilité et l'utilité d'un réseau d'ordinateurs. Elle va aussi achever de convaincre Roberts de la supériorité de la commutation de paquet par rapport à l'utilisation de circuits dédiés comme ce fût le cas dans cette expérience.

 

1967 : Lawrence G. Roberts, récemment arrivé à la tête du projet de réseau informatique à l'ARPA, publie ses "Plans pour le réseau ARPANET" au cours d'une conférence. Lors de cette conférence sera aussi publié un papier sur un concept de réseau à commutation de paquets par Donald Davies et Robert Scantlebury du NPL et également un papier de Paul Baran de la RAND au sujet de l'utilisation d'un réseau à commutation de paquet pour transmission sécurisée de la voix, même en cas de destruction partielle du réseau en cas de guerre nucléaire.
Il est amusant de noter que ces groupes ont travaillé en parallèle sur des concepts similaires et sans avoir connaissance des travaux des autres pour aboutir en même temps à la même conclusion !

C'est aussi à cause de la similitude entre le projet de la RAND et le projet de l'ARPA qu'est née la fausse rumeur selon laquelle le réseau ARPANET avait été lancé à cause du besoin de relier les ordinateurs entre eux par un réseau insensible aux destructions d'une guerre nucléaire.

 

Aout 1968 : Lawrence G. Roberts et la communauté de chercheurs "sponsorisée" par l'ARPA ont défini la structure et les spécifications du futur réseau ARPANET. Ils lancent un appel d'offre pour la réalisation d'un composant clé du réseau : le commutateur de paquet appelé aussi IMP (Interface Message Processor). La société BBN (Bolt Beranek and Newman) remportera l'appel d'offre en Décembre 1968.


Septembre 1969 : 

BBN installe le premier équipement réseau IMP (basé sur un mini-ordinateur Honeywell 516 avec 12 Ko de Ram, voir photo ci-contre) à l'UCLA et le premier ordinateur (XDS SIGMA 7) y est connecté. Un ordinateur (XDS 940) de l'équipe de Douglas C. Engelbart de la Stanford Research Institute est alors relié via une liaison à 50 kbits/s. Les premières données sont échangées entre ces machines. Peu après, un ordinateur (IBM 360/75) situé l'université de Santa Barbara et un autre (Dec PDP-10) situé à l'université de l'Utah à Salt Lake City sont raccordés. Le réseau ARPANET initial constitué de 4 ordinateurs est alors en fonctionnement fin 1969. 
Voici un schéma de l'époque représentant ce réseau. 

Lors d'une interview, le professeur Kleinrock de l'UCLA raconta la première expérience réalisée avec ce réseau : se connecter à l'ordinateur de la SRI depuis celui de l'UCLA en tapant LOGIN :

Nous avons appelé les gens de SRI par téléphone.
Nous avons alors tapé L puis demandé au téléphone "Vous voyez le L ?"
La réponse vint alors : "Oui, nous voyons le L"
Nous avons alors tapé O puis redemandé au téléphone "Vous voyez le O ?"
"Oui, nous voyons le O"
Nous avons alors tapé G et tout le système a crashé !!!



1969 : Création de la norme de connexion série RS232.

 

Décembre 1970 : Le Network Working Group sous la direction de S. Crocker termine le protocole de communication entre ordinateurs pour le réseau ARPANET appelé Network Control Protocol ouNCP. De nouveaux ordinateurs furent rapidement branchés sur ARPANET et l'implémentation de NCP sur la période 1971-1972 permit aux utilisateurs de ce réseau de développer les premières applications.

 

Avril 1971 : A cette époque, le réseau ARPANET est constitué de 23 ordinateurs sur 15 sites différents reliés par des liaisons à 50 kbits/s. 

 

Mars 1972 : Ray Tomlinson de BBN réalise la première application réseau majeure pour ARPANET : un logiciel basique de courrier électronique répondant au besoin de communication des développeurs du réseau.

 

Juillet 1972 : Lawrence G. Roberts améliore les possibilités du courrier électronique en écrivant un logiciel permettant de lister, lire sélectivement, archiver, répondre ou faire suivre son email. A partir de cet instant, la messagerie électronique va devenir pour les dix années qui vont suivre l'application réseau majeure.

 

Octobre 1972 : Une démonstration publique du réseau ARPANET fut réalisée lors de la première conférence sur les communications informatiques à Washington. Un IMP et 40 terminaux furent raccordés au réseau pour la durée de la conférence. Plusieurs pays se mirent d'accord sur la nécessité de mettre en place des protocoles de communication communs, ce qui mena à la création du groupe de travailINWG (InterNetwork Working Group), dirigé par Vinton Cerf.

 

1972 : L'ARPA est renommé DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency).

 

1972 : Le succès du programme d'email sur ARPANET a presque aussitôt entraîné la création des mailing-lists (listes de diffusion).

L'une des premières mailing-list avec un volume de messages très important fût SF-LOVERS, dédiée à la discussion entre fans de Science Fiction :-)


1972 - 1973 : Bob Kahn travaille au sein du DARPA sur un projet de commutation de paquets par radio ce qui nécessite la création d'un nouveau protocole capable de transmettre les paquets d'informations, quelles que soient les perturbations radio. Ayant été un architecte majeur de l'ARPANET, il envisagea d'utiliser NCP (protocole réseau de l'ARPANET). Mais ce protocole étant insuffisant (pas de contrôle d'erreur, pas de possibilité d'adresser des machines au delà d'un IMP (équipement réseau). Il décida alors, en collaboration avec Vinton Cerf, chercheur à Stanford, de réaliser un nouveau protocole répondant à ce cahier des charges et permettant de relier les réseaux (internetting). C'est ainsi que fut crée TCP/IP (Transmission Protocol, Internet Protocol).
Un premier papier sur TCP/IP fut publié par ces deux chercheurs en Septembre 1973 lors d'une conférence de l'International Network Working Group (INWG).

 

Janvier 1973 : A cette date, 35 machines sont maintenant connectées sur le réseau ARPANET. Une première liaison satellite est mise en place pour raccorder l'Université de Hawai sur le réseau.


1973 : Bob Metcalfe met au point l'interface réseau Ethernet chez Xerox en s'inspirant des principes du réseau informatique radio de l'université de Hawai : Alohanet.

 

1974 : La société BBN lance Telenet, le premier réseau à commutation de paquets à usage commercial (utilisation des technologies employées sur ARPANET)

 

1975 : Première release du Jargon File par Raphael Finkel !

 

1976 : Fondation de la firme U.S. Robotics.


1976 : Les laboratoires Bell d'AT&T développent UUCP (Unix to Unix Copy Program). Il s'agit du premier protocole d'échanges de données largement disponible et qui sera énormément utilisé avant l'avènement de TCP/IP et d'Internet.

 

1976 : Le DoD (Department of Defense) commence ses expérimentations sur TCP/IP et décide rapidement de migrer le réseau ARPANET vers ce protocole.

 

1976 : A ce moment, le réseau ARPANET, en incluant les liaisons radio et satellite est composé de 111 ordinateurs.

 

1976 : Adoption de la norme X25 par le CCITT (Comité Consultatif International Télégraphique et Téléphonique) décrivant l'interfaçage des terminaux sur un réseau de communication par paquets. Cette norme a été définie dans l'urgence pour éviter qu'IBM n'impose mondialement sa propre norme propriétaire SNA (Systems Network Architecture).

 

Juillet 1977 : Première démonstration de l'interconnexion des réseaux ARPANET, Packet Radio Net et SATNET grâce à l'utilisation du protocole TCP/IP.

 

Février 1978 : Création du premier BBS (Bulletin Board System) à Chicago par Ward Christianson et Randy Suess. Il s'appelait RCPM (Remote C/PM).
Ward Christianson est par ailleurs l'auteur du protocole de transfert de fichiers par modem XModem.

 

1978 : La DGT installe sur toute la France son réseau de communication à haut débit TRANSPAC fonctionnant sur le principe de la commutation de paquets.

 

1978 : Le CCITT définit le modèle standard de transmission de terminal à terminal, ou modèle OSI (Open Systems Interconnect) en 7 couches pour amener la standardisation au sein de la jungle des protocoles de communication de tous les constructeurs informatiques.

 

Juin 1979 : Bob Metcalfe quitte le Xerox Parc ou il a mis au point le réseau Ethernet et fonde sa propre société 3Com pour commercialiser des cartes Ethernet.

 

Juillet 1979 : Compuserve lance son premier service en ligne pour les fans de micro informatique : MicroNET.

 

1979 : Hayes sort un modem 110/300 bauds pour l'Apple ][. Il est vendu 380 $.


Fin 1979 : Apparition des groupes de conversation USENET (Unix User Network). Tout a commencé quand Steve Bellovin (de l'université de Caroline du Nord) a écrit un script shell sous Unix V7 pour tester un système d'échange de messages classés par catégorie entre serveurs Unix en utilisant le protocole UUCP. Tom Truscott, Jim Ellis et Dennis Rockwell (de l'Université de Duke) avaient eu cette idée en utilisant un programme d'échange local de messages utilisé dans les deux universités.

Un autre étudiant de l'université de Duke, Stephen Daniels réécrivit ce shell en langage C, donnant ainsi le jour à la première version officielle appelée A News.

Deux serveurs, un dans chaque université, reliés par UUCP, formèrent le début d'USENET (USEr NETwork). Les premiers groupes de nouvelles étaient subdivisés en deux hiérarchies : net.* et dept.* L'un des premiers groupes de nouvelles créé fut net.chess

 

Août 1980 : Vinton Cerf, scientifique au DARPA propose un plan d'interconnexion (inter-network connection) entre les réseaux CSNET et ARPANET utilisant le protocole TCP/IP. Il sagit du point de départ du réseau internet tel que nous le connaissons actuellement.

 

été 1980 : De nouveaux sites s'interconnectent sur le réseau USENET. Voici un schéma de l'époque représentant les interconnexions :

   reed     phs         1) duke     Duke University
       \   /   \        2) unc      University of North Carolina at Chapel Hill
uok --- duke --unc      3) phs      Physiology Dept. of the Duke Medical School
         /      \       4) reed     Reed College
      research  vax135  5) uok      University of Oklahoma
         |              6) research Bell Labs Murray Hill
      ucbvax            7) vax135   Bell Labs Murray Hill
                        8) ucbvax   University of California at Berkeley



1980 : La DGT lance une expérience d'Annuaire Minitel Electronique en Bretagne.

 

Août 1981 : Nombre de machines connectées sur Internet : 213

 

1981 : La DGT lance une expérience à grande échelle de son terminal télématique Minitel à Vélizy, Versailles et Val de Bièvre.

 

1981 : La NSF (National Science Foundation) lance CSNET (Computer Science Network), un réseau d'ordinateurs universitaires reliés entre eux par des liaisons 56 kBits/s et non reliés à ARPANET.

 

1981 : Matt Glickman et Mark Horton de l'université de Berkeley écrivent la version "B" du logiciel gérant les news USENET. vous trouverez ici un schéma du réseau de l'ensemble des serveurs de News de l'époque. Voici la première liste des newsgroups publiée sur USENET le 26 Janvier 1982.

 

Mai 1982 : Nombre de machines connectées sur Internet : 235

 

1982 : L'ARPA choisis les protocoles TCP (Transmission Control Protocol) et IP (Internet Protocol) pour la communication sur le réseau ARPANET.

 

1982 : Le réseau EUnet (European Unix network) est mis en place pour interconnecter les machines Européennes et permettre la circulation de l'email et des news USENET. Les premiers pays raccordés sont la Hollande, le Danemark, la Suède et l'Angleterre.

 

1er Janvier 1983 : Le réseau ARPANET bascule du protocole NCP vers le protocole TCP/IP.

 

Aout 1983 : Nombre de machines connectées sur Internet : 562

 

1983 : Une passerelle est mise en place pour interconnecter ARPANET et CSNET.

 

1983 : Gene Spafford organise le Backbone USENET, c'est à dire un ensemble de serveurs reliés entre eux sur Internet et s'échangeant les news rapidement pour aider au fonctionnement global d'USENET. C'est de la qu'est née la légende du Backbone Cabal, devenue depuis la Usenet Cabal, formée des administrateurs des serveurs de News du Backbone participant à une mailing-list décidant de la création des nouveaux groupes de nouvelles.

 

Janvier 1984 : Suite à un long procès pour violation de la loi antitrust la société AT&T Bell Systems est dissoute et réorganisée en de nombreuses sociétés plus petites surnommées les Baby Bells.

 

Juin 1984 : Le logiciel FidoBBS est programmé par Tom Jennings , sysop du serveur FidoBBS à San Francisco. Grâce à ce logiciel, il a été possible de mettre en place un réseau de micro ordinateurs permettant l'échange de courrier et de forums entre toutes les machines interconnectées, créant ainsi le réseau mondial Fidonet entièrement géré par des particuliers.
A la fin de l'année 1984, plusieurs dizaines de BBS étaient déjà interconnectés.
Avant d'être sur internet, votre serviteur a passé beaucoup de temps entre 1990 et 1995 sur ce réseau :-)

 

Octobre 1984 : Nombre de machines connectées sur Internet : 1024

 

 

1984 : Sandy Lerner et Len Bosack fondent la société Cisco Systems dans le salon de leur maison (Cf. photo !) pour fabriquer et vendre les premiers Routeurspermettant d'interconnecter divers réseaux entre eux pour former un réseau global.

Ils viennent tous deux de l'Université de Stanford ou ils ont mis au point le réseau global du campus.

Le nom de la société vient de San FranCisco ou ils habitaient et le logo de la socié est une représentation du Golden Gate bridge.



1984 : Mise en place du DNS (Domain Name Server) sur Internet. Jusque la, pour trouver une machine sur Internet, il fallait soit connaître son adresse numérique, soit tenir à jour un unique fichier texte contenant le nom et l'adresse numérique correspondante de toutes les machines de l'Internet, ce qui est rapidement devenu impossible avec la rapide croissance de ce réseau.

 

Octobre 1985 : Nombre de machines connectées sur Internet : 1961

 

1985 : La NSF (National Science foundation) forme le réseau NSFNET reliant 5 sites équipés de super ordinateurs avec des liaisons à 56 kbits/s : L'université de Princeton, Pittsburgh, l'université de Californie à San Diego, l'université de l'Illinois à Urbana-Champaign et l'université de Cornell.
Ce "backbone" va également permettre de relier tous les réseaux régionaux utilisant le protocole TCP/IP, faisant ainsi disparaitre les frontières entre ces réseaux et former un vrai réseau global interconnectant toutes les universités américaines et aussi quelques réseaux Européens et Canadiens.

 

Février 1986 : Nombre de machines connectées sur Internet : 2308

 

Novembre 1986 : Nombre de machines connectées sur Internet : 5089

la mini informatique......

L'ordinateur devient interactif

 

Jusque la, l'ordinateur était une énorme machine inaccessible et destinée à traiter des masses de données sans intervention extérieure. L'augmentation des performances va maintenant permettre à l'ordinateur de "communiquer" avec l'être humain ! C'est aussi à ce moment que le premier réseau d'ordinateurs ARPANET, ancêtre d'Internet, va naître.


1956 : Création du premier ordinateur à transistors par la Bell : le TRADIC qui amorce la seconde génération d'ordinateurs.

 

1956 : IBM commercialise le premier disque dur, le RAMAC 305 (Random Access Method of Accounting and Control).

Il est constitué de 50 disques de 61 cm de diamètre et peut stocker 5 Mo.

Ce périphérique a été développé pour le projet SABRE, système de réservation temps réel pour la compagnie aérienne American Airlines.



 

 

1957 : Création du TX0 au laboratoire de Lincoln par une partie de l'équipe qui a crée le WhirlWind. Son but était seulement de tester la technologie des transistors et des mémoires à tores de ferrite. La grande rapidité de cette machine, sa simplicité et son interactivité en font un peu l'ancêtre des minis et des micros.

 

Caractéristiques techniques du TX0
Processeur 18 bits - 3500 transistors
83000 instructions par seconde
Mémoire : 65536 mots
Entrées : clavier - stylo optique
Sorties : ecran graphique - imprimante
Consomation : 1000 Watts



1957 : Création du premier langage de programmation universel, le FORTRAN (FORmula TRANslator) par John Backus d'IBM.

 

1957 : Création du premier ordinateur soviétique transistorisé sous la direction de Mikhail Kartsev. Une série d'ordinateurs sur ce modèle furent fabriqués à partir de 1963 pendant 15 ans. Certains M4 seraient encore en production !



1957 : Suite au lancement du premier Spoutnik par les Soviétiques, le président Dwight D. Eisenhower crée l'ARPA (Advanced Research Project Agency) au sein du DoD (Department of Defense) pour piloter un certain nombre de projets dans le but d'assurer aux USA la supériorité scientifique et technique sur leurs voisins Russes.


Juillet 1958 : Le premier bunker du réseau SAGE (système de défense Américain) devient opérationnel. L'ordinateur AN/FSQ7 (dont le WhirlWind de 1951 était le prototype) dans chaque bunker est capable de gérer 400 avions simultanément. Le dernier bunker du réseau SAGE fermera en Janvier 1984.

 

1958 : Pierre Chenus, Jean Bosset, et J.P. Cottet de la Compagnie des Machines Bull développent le Gamma 60, le premier superordinateur Français dédié au calcul intensif avec un support hardware du multithread. Cette machine très rapide et très en avance sur son temps sera fabriquée à 12 exemplaires.

 

1958 : Suite à une conférence entre Américains et Européens est lancée l'idée d'un langage standard universel : ALGOL 58 (ALGOrithmic Language).

 

1958 : Lancement du premier ordinateur commercial entièrement transistorisé, le CDC 1604, développé par Seymour Cray.



1958 : Démonstration du premier circuit intégré crée par Texas Instruments.



1958 : La BELL crée le premier Modem permettant de transmettre des données binaires sur une simple ligne téléphonique.

 

1958 : John Mc Carthy, mathématicien au MIT qui y a fondé en 1957 le département d'Intelligence Artificielle, crée le langage de programmation LISP (LISt Processing) qui va avoir une grande influence sur le développement de la programmation objet. Ce langage sera initialement développé sur IBM 7090.



1958 : Willy Higinbotham, physicien au Brookhaven National Laboratory crée le premier vrai jeu vidéo de l'histoire basé sur une machine dédiée construite à base de lampes. Il s'agissait d'un jeu très similaire au jeu Pong qu'Atari sortira en 1972.


Octobre 1959 : IBM annonce l'IBM 1401. Cette machine, orientée vers l'administration, la comptabilité ou le traitement de données, remportera un grands succès (12000 exemplaires) auprès des clients traditionnels d'IBM : les utilisateurs de systèmes de comptabilité électromécaniques à cartes perforées.

L'un des attraits de ce système pour la clientèle était l'imprimante rapide IBM 1403 capable d'imprimer 600 lignes à la minute.



1959 : Digital crée le PDP-1, le premier ordinateur commercial interactif (par opposition aux gros ordinateurs traditionnels de calcul). Ce fût aussi le premier ordinateur "amusant" à utiliser, du fait de son interactivité. Il est en fait très proche dans son utilisation des premiers micro ordinateurs qui seront vendus 20 ans plus tard.

Une bonne partie des personnes qui ont développé le PDP-1 viennent des équipes qui ont réalisé le WhirlWind et le TX0.



1959 : L'ordinateur ATLAS I étudié par l'université de Manchester et Ferranti introduit deux nouvelles technologies fondamentales pour les ordinateurs modernes : la mémoire virtuelle et la multiprogrammation (on dirait aujourd'hui multi-tache).
L'execution des instructions s'effectuait en "pipeline" et la machine disposait d'une unité de calcul sur les entiers et une unité de calcul en virgule flottante. Elle développait une puissance de 200 kFLOPS.


1960 : SpaceWar!, le second jeu vidéo de l'histoire (en fait le premier jeu vidéo interactif tournant sur ordinateur) est développé sur Dec PDP-1 par S. Russel, J.M. Graetz et W. Wiitanen, étudiants au MIT.

Par la suite, Dec fournit gracieusement Space War avec chaque machine vendue.

Un étudiant de l'université de l'Utah ou se trouvait un PDP-1 passa beaucoup de temps à jouer avec Space War. Il s'agissait d'un certain Nolan Bushnell qui fonda plus tard la firme Atari !



1960 : Publication du cahier des charges du langage de programmation COBOL (COmmon Business Oriented Language). Il devient, après le FORTRAN, le second grand langage de programmation universel, faisant ainsi rapidement disparaître l'ALGOL.


Juillet 1961 : Leonard Kleinrock du MIT publie une première théorie sur l'utilisation de la commutation de paquets pour transférer des données.

 

Novembre 1961 : Fernando Corbato et Robert Fano du MIT font la demonstration de CTSS (Compatible Time Sharing System) le premier système d'exploitation multi-utilisateurs. Lors de cette démonstration, 3 utilisateurs se sont connecté simultanément sur un ordinateur pour y travailler comme si chacun disposait de sa propre machine.

CTSS sera utilisé en production au MIT entre 1963 et 1973.

 

1961 : Le projet MAC (Multi Access Computer) du MIT dirigé par John Mc Carthy a pour but de permettre à plusieurs personnes de travailler sur un même ordinateur en même temps pour éliminer les temps d'attente du traitement par lot.

 

1961 : Le premier IBM 7030 Stretch est installé au Los Alamos National Laboratory (LANL). Il s'agit d'un projet débuté en 1956 et mené conjointement par IBM et le LANL. Grâce à cette technologie, son processeur est deux fois plus rapide et sa mémoire 6 fois plus rapide que l'IBM 704.



1961 : Fairchild Semiconductors commercialise la première série de circuits intégrés.


Octobre 1962 : Le docteur J.C.R. Licklider du MIT est nommé à l'ARPA pour diriger les recherches pour une meilleure utilisation militaire de l'informatique. Il avait écrit en Août une série de notes décrivant sa vision d'un "réseau galactique" permettant à toute personne d'accéder rapidement à toute information ou tout programme, où qu'il se trouve. Il convaincra ses successeurs, Ivan Sutherland, Bob Taylor et Lawrence G. Roberts du MIT de l'importance de ce concept de réseau.

 

1962 : Le mathématicien canadien Kenneth Iverson crée le langage de programmation APL (A Programming Language).

 

1962 : Voici un tableau récapitulatif du nombre d'ordinateurs produits lors de l'année 1962 :

Rang Compagnies Production Part de marché
1 IBM 4806 65.8 %
2 Rand 635 8.7 %
3 Burrough 161 2.2 %
4 CDC 147 2.0 %
5 NCR 126 1.7 %
6 RCA 120 1.6 %
7 General Electric 83 1.1 %
8 Honeywell 41 0.6 %
Autres 1186 16.3 %
Total 7305 100 %

 



 

1962 : En France, Philippe Dreyfus invente le mot informatique pour désigner la science du traitement de l'information et des ordinateurs.


1963 : Aux Etats-Unis, Teletype développe le prototype de la première imprimante à jet d'encre : la Teletype Inktronic. La version commerciale de cette imprimante disposait de 40 buses fixes permettant d'imprimer des caractères ASCII sur 80 colonnes reçus par une liaison 1200 bauds.

 

1963 : Au MIT, Ivan Sutherland met au point le premier logiciel graphique interactif utilisant un stylo optique pour dessiner sur écran des schémas techniques.



Mars 1964 : Lancement de la série des ordinateurs IBM 360. Jusque la, chaque nouvel ordinateur qui sortait était complètement incompatible avec les précédents.IBM avec la série 360 (compatibles à 360 degrés), inaugure le concept d'une lignée d'ordinateurs compatibles entre eux. Cette série eut un grand succès commercial.



1962 - Septembre 1964 : John Kemeny et Tom Kurtz du Dartmouth College développent le système d'exploitation DTSS (Dartmouth Time Sharing System) permettant à 32 personnes de se connecter simultanément sur un même ordinateur.

L'ensemble était utilisé pour donner des cours de langage BASIC aux étudiants.



1964 : Thomas Kurtz et John Kemeny créent le langage BASIC (Beginner's All-purpose Symbolic Instruction Code) au Dartmouth College pour leurs étudiants.

 

1964 : Leonard Kleinrock du MIT publie un livre sur la communication par commutation de paquets. Il va convaincre Lawrence G. Roberts du bien fondé de l'utilisation de la commutation de paquets plutôt que de circuits dédiés pour réaliser un réseau.

 

1964 : IBM crée le langage de programmation PL/I (Programming Language I).

 

1964 : Création du code ASCII (American Standard Code for Information Interchange), normalisé en 1966 par l'ISO pour simplifier l'échange de données entre ordinateurs. Malgré cela, IBM maintient sa propre norme propriétaire EBCDIC (Extended Binary Coded Decimal Interchange Code).

 

1964 : Lancement du super ordinateur CDC 6600 développé par Seymour Cray. Sa mise au point sera délicate mais ce sera un grand succès.. Puissance : 3 MIPS.

Control Data rencontrera de gros problèmes à cause d'IBM qui annoncera presque aussitôt le super ordinateur IBM 90 concurrent direct du CDC 6600. L'annonce de cette machine non existante avait pour but de retenir les clients d'acheter un CDC 6600 en attendant la sortie de la machine IBM. IBM tentera à nouveau la même opération lors de la sortie du CDC 7600 en 1969 mais sera cette fois-ci lourdement condamné pour ce genre de pratiques.



1964 : Le MIT s'allie avec General Electric et les Bell Labs d'AT&T dans le projet MULTICS (Multiplexed Information and Computing Service) qui durera plusieurs années pour développer un prototype de nouvel ordinateur ainsi qu'un nouveau système d'exploitation temps partagé (time sharing). Le MIT et Bell Labs avaient déjà une expérience dans le domaine avec CTSS (MIT Compatible Time-Sharing System) et BESYS. Le but du projet était de créer un système d'exploitation pour ordinateur parfaitement fiable, capable de tourner 24H sur 24, 7 jours sur 7, utilisable par plusieurs personnes à la fois et capable en même temps de faire tourner des calculs en tâche de fond.


1965 : Développement du super ordinateur soviétique BESM-6 sous la direction de Sergei Alexeevich Lebedev de la société ITMiVT. Cette machine équipée d'une processeur 48 bits à 9 MHz et de 192 Ko de mémoire à tores de ferrite développait une puissance de 1 MIPS.

Cette machine d'usage civil et militaire sera fabriquée à 350 exemplaires jusqu'au début des années 80. Le dernier BESM-6 a été démonté en 1992.



1965 : Ted Nelson publie un premier papier sur le concept de nombreux types de documents informatiques reliés entre eux. Il utilise les mots hypertexte et hypermedia pour décrire ce concept, par la suite plus connu sous le nom de Xanadu.

 

1965 : Lawrence G. Roberts va, avec Thomas Merill, connecter l'ordinateur TX-2 au Massachussets avec l'ordinateur Q-32 en Californie par une liaison téléphonique. Cette expérience va prouver la faisabilité et l'utilité d'un réseau d'ordinateurs. Elle va aussi achever de convaincre Roberts de la supériorité de la commutation de paquet par rapport à l'utilisation de circuits dédiés comme ce fût le cas dans cette expérience.

 

1965 : Premier super ordinateur à architecture vectorielle : l'ILLIAC IV de Burrough. Il combinait une architecture parallèle et pipe-line composée de 64 processeurs (256 processeurs avaient été prévus). Performance : 200 MIPS !

Cette machine fut un échec du fait d'énormes problèmes de mise au point. Le projet commença en 1964. Le premier Illiac IV fut installé à la Nasa en 1972 et il ne fonctionnera vraiment qu'a partir de 1975.



1965 : Digital présente le PDP 8, le premier mini ordinateur qui marque une étape importante dans la miniaturisation et la diminution du prix des ordinateurs. Une publicité montrait qu'on pouvait le transporter sur la banquette arrière d'un cabriolet Coccinelle. Son prix était 5 fois plus petit que celui du moins cher des IBM 360. Un microprocesseur CMOS-8 contenant le jeu complet d'instructions du PDP 8 sera même crée en 1976. Des machines basées sur ce jeu d'instructions seront vendues jusqu'en 1984 (DECmate III).

Caractéristiques techniques du mini ordinateur PDP 8
Processeur 12 bits, cycle de 1.5 microsecondes
Mémoire 4Kmots de 12 bits (tores de ferrite)
Terminal Teletype ASR33 + cartes perforées
Consommation : 780 Watts - Prix : 18000 $



1965 : Gordon Moore écrit que la complexité des circuits intégrés doublera tous les ans. Cette affirmation qui s'est par la suite révélée exacte est maintenant connue sous le nom "Loi de Moore".


Mai 1966 : Steven Gray fonde le club Amateur Computer Society. On peut considérer qu'il s'agit de la naissance de l'informatique personnelle.

 

1966 : Le langage de programmation LOGO est crée par une équipe chez BBN (Bolt Beranek & Newman) dirigée par Wally Fuerzeig dont faisait partie Seymour Papert. Ce langage très graphique est basé sur le principe d'une tortue que l'on pilote à l'écran en lui donnant des ordres (tourner, avancer, etc...).

 

1966 : Création de la première console de jeu vidéo pour la maison par Ralph Baer : la Magnavox Odyssey I. Il s'agissait d'une console se branchant sur le téléviseur et disposant de 13 jeux sur 6 cartouche enfichables. Une option était disponible avec un pistolet à pointer sur la télé et 4 jeux additionnels l'utilisant.

Comme Pong ressemblait beaucoup à l'un des jeux de cette console, Magnavox intenta un procès contre Atari pour violation de Copyright.



1967 : Le département informatique de l'université de l'Utah, dirigé par les professeurs David C. Evans et Ivan Sutherland s'est spécialisé dans l'imagerie informatique en 3 dimensions.
On peut voir ci-contre leurs étudiants en train de numériser la Coccinelle d'Ivan Sutherland et le résultat à l'écran.

Ils fonderont la société Evans & Sutherland en 1968.



1967 : Lawrence G. Roberts, récemment arrivé à la tête du projet de réseau informatique à l'ARPA, publie ses "Plans pour le réseau ARPANET" au cours d'une conférence. Lors de cette conférence sera aussi publié un papier sur un concept de réseau à commutation de paquets par Donald Davies et Robert Scantlebury du NPL et également un papier de Paul Baran de la RAND au sujet de l'utilisation d'un réseau à commutation de paquet pour transmission sécurisée de la voix, même en cas de destruction partielle du réseau en cas de guerre nucléaire.
Il est amusant de noter que ces groupes ont travaillé en parallèle sur des concepts similaires et sans avoir connaissance des travaux des autres pour aboutir en même temps à la même conclusion !

C'est aussi à cause de la similitude entre le projet de la RAND et le projet de l'ARPA qu'est née la fausse rumeur selon laquelle le réseau ARPANET avait été lancé à cause du besoin de relier les ordinateurs entre eux par un réseau insensible aux destructions d'une guerre nucléaire.

 

1967 : IBM construit le premier lecteur de disquettes.

 

1967 : Voici un tableau récapitulatif du nombre d'ordinateurs produits lors de l'année 1967 :

Rang Compagnies Production Part de marché
1 IBM 19773 50.0 %
2 Rand 4778 12.1 %
3 NCR 4265 10.8 %
4 CDC 1868 4.7 %
5 Honeywell 1800 4.6 %
6 Burrough 1675 4.2 %
7 RCA 977 2.5 %
8 General Electric 960 2.4 %
Autres 3420 8.7 %
Total 39516 100 %

 



 

Aout 1968 : Lawrence G. Roberts et la communauté de chercheurs "sponsorisée" par l'ARPA ont défini la structure et les spécifications du futur réseau ARPANET. Ils lancent un appel d'offre pour la réalisation d'un composant clé du réseau : le commutateur de paquet appelé aussi IMP (Interface Message Processor). La société BBN (Bolt Beranek and Newman) remportera l'appel d'offre en Décembre 1968.


1968 : Douglas C. Engelbart de la Stanford Research Institute fait une démonstration d'un environnement graphique avec des fenêtres à manipuler avec une souris. Il démontre dans cet environnement l'utilisation d'un traitement de texte, d'un système hypertexte et d'un logiciel de travail collaboratif en groupe.



1968 : Burrough sort les premiers ordinateurs basés sur des circuits intégrés, les B2500 et B3500 qui marquent le début de la troisième génération d'ordinateurs.

 

1968 : Hewlet Packard présente sa première calculatrice de bureau programmable fonctionnant en notation Polonaise inversée (RPN), la HP 9100. Elle n'était pas constituée de circuits intégrés mais de transistors et d'une mémoire à tores de ferrite, ce qui explique sa taille et son poids de 20 Kg ! 

Caractéristiques :

  • 196 pas de programmes ou 16 mémoires (se recouvrant, ce qui permet d'écrire du code automodifiable)
  • lecteur enregistreur de cartes magnétiques (capacité : 196 pas de programme par carte)
  • Affichage par écran cathodique.
  • Prix : 5000 $
  • Boite d'extension mémoire de 3472 pas de programme pour 3690 $



1968 : Création du langage PASCAL par Niklaus Wirth.


été 1969 Le Bell Lab d'AT&T se retire du projet MULTICS, considérant que celui-ci prendrait trop de temps pour arriver à un résultat concret.
Un groupe d'informaticiens mené par Ken Thompson et Dennis Ritchie avait commencé à réfléchir à la création d'un nouveau système d'exploitation temps partagé mais leur hiérarchie refusait d'en entendre parler.
Ils trouvèrent un Dec PDP 7 (ordinateur apparu en 1964, évolution du PDP-1) inutilisé (récupéré initialement par Thompson pour y faire tourner un jeu écrit par lui : Space Travel !) pour mettre leurs idées en pratique.
Certaines idées furent héritées du projet MULTICS : notion de process, système de fichiers arborescent, interpréteur ligne de commande tournant comme un simple programme utilisateur, représentation simple des fichiers texte et accès généralisé aux périphériques. D'autres nouvelles idées servirent de principe pour le développement : concevoir les outils comme un ensemble de petits programmes simples, faire en sorte que le résultat d'un programme puisse devenir l'entrée du programme suivant, etc...
Un noyau Unix primitif, un shell, quelques programmes utilitaires, un éditeur et un assembleur furent rapidement mis au point sur le PDP 7.
Ce n'est que par la suite qu'un nom fût trouvé par Brian Kernighan pour ce nouveau système d'exploitation : UNIX (par opposition au projet MULTICS).

Cette version est connue sous le nom "Unix Time-Sharing System V1".


Septembre 1969 : BBN installe le premier équipement réseau IMP (basé sur un mini-ordinateur Honeywell 516 avec 12 Ko de Ram, voir photo ci-contre) à l'UCLA et le premier ordinateur (XDS SIGMA 7) y est connecté. Un ordinateur (XDS 940) de l'équipe de Douglas C. Engelbart de la Stanford Research Institute est alors relié via une liaison à 50 kbits/s. Les premières données sont échangées entre ces machines. Peu après, un ordinateur (IBM 360/75) situé l'université de Santa Barbara et un autre (Dec PDP-10) situé à l'université de l'Utah à Salt Lake City sont raccordés. Le réseau ARPANET initial constitué de 4 ordinateurs est alors en fonctionnement fin 1969. 
Voici un schéma de l'époque représentant ce réseau. 

Lors d'une interview, le professeur Kleinrock de l'UCLA raconta la première expérience réalisée avec ce réseau : se connecter à l'ordinateur de la SRI depuis celui de l'UCLA en tapant LOGIN :

 

Nous avons appelé les gens de SRI par téléphone.
Nous avons alors tapé L puis demandé au téléphone "Vous voyez le L ?"
La réponse vint alors : "Oui, nous voyons le L"
Nous avons alors tapé O puis redemandé au téléphone "Vous voyez le O ?"
"Oui, nous voyons le O"
Nous avons alors tapé G et tout le système a crashé !!!

 



 

1969 : Lancement du super ordinateur CDC 7600 développé par Seymour Cray. Evolution du CDC 6600, il est basé sur une architecture "pipeline".

 



 

1969 : Création de la norme de connexion série RS232.


Avril 1970 : Lancement de la ligne de mini-ordinateurs PDP-11 par Digital Equipment Corporation. Il s'agit d'une ligne de machines toutes compatibles entre elles basées sur un processeur 16 bits et qui rencontrera un grand succès.



Décembre 1970 : Le Network Working Group sous la direction de S. Crocker termine le protocole de communication entre ordinateurs pour le réseau ARPANET appelé Network Control Protocol ouNCP. De nouveaux ordinateurs furent rapidement branchés sur ARPANET et l'implémentation de NCP sur la période 1971-1972 permit aux utilisateurs de ce réseau de développer les premières applications.


1970 : Ken Thompson, pensant qu'UNIX ne serait pas complet sans un langage de programmation de haut niveau commence à porter le Fortran sur le PDP 7 mais change rapidement d'avis et crée en fait un nouveau langage, le B (en référence au BCPL dont il s'inspire).

 

1970 : Première puce mémoire crée par Intel et contenant l'équivalent de 1024 tores de ferrite très encombrants sur un carré de 0.5 mm de côté (capacité : 1kBit soit 128 octets)

 

1970 : Création par Xerox du centre de recherches PARC (Palo Alto Research Center) à Stanford. Le chercheurs du PARC travaillent dans la plus grande liberté, Xerox ne leur ayant pas assigné d'objectifs commerciaux. De nombreuses innovations sortiront du PARC mais Xerox ne saura jamais les exploiter correctement.

Il faut noter que plusieurs personnes du Xerox Parc ont avant travaillé avec Douglas Engelbart. L'équipe de recherche était dirigée par Bob Taylor qui avant avait dirigé l'équipe à l'origine du réseauARPANET.

 

 


6 juillet 2013

dénuement volontaire.....

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À contre-courant de la société de consommation, certains ont fait le choix de la simplicité. Promouvant un mode de vie frugal, les tenants de la pauvreté volontaire entendent valoriser d’autres richesses: le respect de l’environnement, la solidarité et l’épanouissement sans cesse menacés par l’inflation des besoins.

«Vive la pauvreté!», titrait avec insolence le journal La Décroissance en septembre 2004. Faudrait-il donc se réjouir de ce que certains ne puissent subvenir à leurs besoins, souffrent de la faim et du froid et soient mis au ban de la société? Non. Derrière un mot d’ordre provocateur, c’est un projet de vie révolutionnaire que défendent ici les objecteurs de croissance en promouvant non pas la misère mais une pauvreté choisie. Contre l’hyperconsommation et le culte de la croissance économique qui valorisent l’avoir au détriment de l’être, ils en appellent à la simplicité volontaire pour parvenir à un plus grand épanouissement personnel mais aussi pour mieux respecter l’environnement et les hommes. Bref, sortir de l’inflation des besoins qui nous condamnent à souffrir toujours du manque et à passer à côté de l’essentiel. «Vivre sans télévision, sans automobile, sans téléphone portable ou encore sans prendre l’avion, c’est aujourd’hui faire le choix de la résistance non violente. Abandonner, c’est résister.

 

Comme cultiver son potager, faire de la politique, être capable de s’engager. C’est savoir dire non, être rebelle, insoumis, pour partager une vie intense et profonde, qui ne peut reposer que sur une certaine forme de dénuement matériel  Cette aspiration à un mode de vie plus frugal n’est en rien une bizarrerie hexagonale. Elle s’inscrit dans un mouvement plus vaste que l’on retrouve aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, et dans bien d’autres pays encore, souvent sous l’appellation d’adeptes de la «simplicité volontaire» ou de downshifters(décélérateurs).

 

Qui sont ces partisans de la frugalité? Et, surtout, comment vivent-ils? Beaucoup appartiennent aux classes moyennes et supérieures et ont fait le choix de rompre avec leur mode de vie. Tel Vincent Cheynet, fondateur des Casseurs de pub et du journal La Décroissance, qui avait travaillé pendant une dizaine d’années dans la publicité. Leur engagement se traduit au quotidien par tout un éventail de décisions et de petits gestes: acheter des fruits et des légumes de saison, produits localement, renoncer au maximum à la voiture pour privilégier le vélo et les transports en commun, éviter de prendre l’avion, se débarrasser des appareils électriques qui ne sont pas indispensables, limiter sa consommation d’eau, voire pour les plus intransigeants ne plus avoir de réfrigérateur et adopter des «toilettes sèches»… Aux mirages de la consommation, préférer l’échange et la «récup», réparer plutôt que jeter, faire au maximum les choses soi-même. Ce peut être construire sa maison comme Hervé René Martin, auteur d’Éloge de la simplicité volontaire (Flammarion, 2007), cultiver un potager, ou faire le choix de «travailler moins pour gagner moins». Il ne s’agit donc pas tant de vivre dans la pauvreté que dans la simplicité avec l’idée que, pour changer le monde, il faut aussi apprendre à se changer soi-même.

 

Pauvreté contre misère

Une vision de l’existence que rejoint la réflexion sur la pauvreté de Majid Rahnema. Cet ancien diplomate iranien refuse le discours technique sur une pauvreté réduite bien souvent à des chiffres:«Réduire la vérité d’un “pauvre” à un revenu d’un ou deux dollars est en soi non seulement une aberration mais aussi une insulte à sa condition. Les chiffres qui sont avancés ne peuvent donc rien nous dire, ni sur les milliards de personnes qui, pour des raisons diverses, se trouvent aujourd’hui acculées à la misère, ni sur ce qui pourrait leur permettre de recouvrer leur puissance d’agir. Dans le meilleur des cas, ces chiffres ne peuvent que révéler un aspect particulier de la vie d’une certaine catégorie de “pauvres” de pauvres déracinés vivant de leurs seuls revenus monétairement quantifiables. Ils ne nous apprennent rien sur les autres sources de richesses relationnelles, traditionnelles, culturelles et autres qui, jusqu’à la désintégration de leur mode de subsistance, les avaient empêchés de perdre leurs propres moyens de lutte contre la misère 

Précisément. La pauvreté n’est pas la misère: on peut vivre dans le dénuement, presque entièrement «hors marché» et pourtant surmonter les difficultés grâce à la solidarité et l’entraide. Or la modernité s’est attaquée aux modes de subsistance populaires faisant basculer des millions de personne dans la misère, la vraie, celle où l’on ne parvient pas à assurer sa subsistance. L’économie de croissance, loin de résorber la pauvreté, n’a selon lui créé pour les pauvres que de nouvelles sources de précarisation et de dépendance à des besoins économiques fabriqués de toutes pièces. Ce faisant, elle a éradiqué ce que M. Rahnema nomme à la suite d’Ivan Illich une «pauvreté conviviale», mode de vie frugal caractérisé par la solidarité et le contrôle social de l’envie: «La pauvreté conviviale, loin de se confondre avec la misère, a (…) été l’arme principale dont les pauvres se sont toujours servis pour l’exorciser et la combattre.» M. Rahnema appelle donc à redécouvrir un mode de vie simple pour que chacun puisse retrouver sa puissance d’agir.

 

«Me pousse pas à bout, fiston!»

Assurément dérangeant dans des sociétés modernes qui valorisent l’économie, la consommation et le progrès matériel. «Don’t force me, sonny!» («Me pousse pas à bout fiston») se voit ainsi répondre le philosophe allemand Günther Anders tandis qu’il marche le long d’une nationale de Californie. Le policier désœuvré qui l’interpelle ne comprend pas qu’un homme n’ait pas de voiture et, pire encore, avoue n’en avoir jamais eue. Reprenant cette anecdote, H. René Martin, dans son Éloge de la simplicité volontaire, met bien en évidence les obstacles auxquels se heurtent ceux qui ont fait le choix de vivre autrement, tel ce couple qui n’a pas voulu que leur enfant naisse à l’hôpital et qui a subi de ce fait bien des tracasseries administratives et des contrôles sociaux. Ascétisme malsain, vision réactionnaire de la société, spiritualisme suspect, voire menace pour l’économie donc pour la prospérité… La pauvreté choisie suscite des suspicions et des réactions hostiles. Et pour cause, elle inquiète l’ordre social. Un détour historique apparaît instructif.

Au Moyen Âge, à partir de l’an mil, surgit un important mouvement en faveur de la pauvreté volontaire. Un nombre croissant d’ermites itinérants sillonne les routes et prône le dénuement pour retrouver le message du Christ: saint Romuald, Robert d’Arbrissel, Henri de Lausanne… Jusqu’à saint François d’Assise, fils d’un riche marchand d’étoffes, qui rompt avec une vie insouciante et tournée vers le plaisir et qui fonde l’ordre franciscain où l’on fait vœu de pauvreté. Nombreux sont alors les ordres et les confréries à adopter le même précepte qui jouit d’une grande audience dans la population. Apparaissent ainsi au xiie siècle les béguines, dans les Flandres et en Hollande, puis en France et en Allemagne, qui travaillent et vivent dans le dénuement. L’accueil de ces mouvements par l’Église sera pour le moins contrasté: certains adeptes de la pauvreté volontaire seront jugés hérétiques, d’autres seront canonisés. Ce qu’explique avec beaucoup de clarté l’historien polonais Tadeusz Manteuffel: «L’Église n’a jamais condamné le précepte évangélique de la pauvreté volontaire. Tout au contraire, elle a toujours été bienveillante envers ceux qui en faisaient profession, mais seulement lorsqu’ils l’appliquaient à titre individuel, sans en faire l’objet d’une propagande parmi les masses. La canonisation d’un nombre considérable d’ermites en est la meilleure preuve. Ce problème changeait toutefois d’aspect dès l’instant où ces mêmes principes commençaient à être propagés largement parmi les fidèles. Le précepte de la pauvreté volontaire cessait d’être alors l’affaire personnelle de tel ou tel individu, pour devenir un problème social qui pouvait avoir des implications politiques.» On s’étonnera d’autant moins du rejet suscité par la pauvreté volontaire dans des sociétés modernes sécularisées qui valorisent fortement le progrès matériel et la consommation.

Et pourtant, rien de nouveau sous le soleil. Nul besoin d’attendre les objecteurs de croissance, les adeptes de la simplicité volontaire pour valoriser la frugalité. Dès l’Antiquité, nombreuses sont les écoles philosophiques à prôner la réduction des besoins. Tel Diogène ou les stoïciens ou même les épicuriens souvent assimilés à tort à des jouisseurs forcenés: «Quelqu’un ayant demandé à Épicure comment il fallait s’y prendre pour devenir riche, celui-ci répondit: ce n’est pas en augmentant les biens, mais en diminuant les besoins», rapporte Stobée (Florilège, XVII, 37). Une leçon vieille comme le monde mais peut-être plus que jamais difficile à entendre.

 

10 août 2014

dropa ou pas?.......

Les Pierres de DROPA

 

dans les montagnes de Bayan-Kara-Ula sur la frontière qui divise la Chine et le Tibet, une expédition archéologique, menée par Chi Pu Tei 1938, a marché sur des chemins à peine accessible de cette montagne, et s'est arrêter sur quelques cavernes qui évidemment avaient été occupées par un peuple primitif il y a bien longtemps. Mais ce que lui et son équipe trouvèrent dans ces cavernes éloignées, est quelque chose de très inhabituel qui, si cela est vérifié, pourrait changer tout ce que nous savons sur notre passé lointain.

Chi Pu Tei, professeur en archéologie à l'université de Pékin (Beijing), était à la tête d'une expédition, avec quelques uns de ses étudiants, pour enquêter sur un réseau de cavernes dans les montagnes Himalayennes. Selon un compte-rendu, les cavernes auraient pu être artificiellement taillées, et ressemblaient plus à un système complexe de tunnels et d'entrepôts souterrains. Les murs étaient carrés et vitrifiés, comme taillés dans la montagne à l'aide d'une source de chaleur extrêmement puissante. A l'intérieur des cavernes se trouvaient plusieurs sites funéraires anciens, mais proprement arrangés, à l'intérieur desquels on trouva les squelettes d'un étrange peuple. Les squelettes, mesurant un peu plus de 4 pieds (~1m22) étaient frêles et filiformes avec de gros crânes, disproportionnés par rapport au reste du corps.

 

Tout d'abord un membre de l'équipe suggéra que ces restes étaient ceux d'une espèce inconnue de gorilles des montagnes. On dit que le professeur Chi Pu Tei répondit : "Qui a jamais entendu dire que les singes enterraient leurs morts ?"Cependant, quelle sorte d'humain avait on là ? D'autres découvertes faites plus tard dans les cavernes écartèrent définitivement l'idée que ça puisse être des restes de singes. Sur les murs on trouva des gravures du ciel : le soleil, la lune, les étoiles et la Terre avec des lignes pointillées qui les connectaient entre eux.

Alors l'équipe fit la plus incroyable découverte de toutes. A moitié enterré dans le sol poussiéreux, se trouvait un étrange disque de pierre, apparemment façonné par la main d'une créature intelligente. Le disque faisait approximativement 9 pouces (22,86 cm) de diamètre et ¾ de pouce (1,9 cm) d'épaisseur. En son centre exact se trouvait un trou parfaitement circulaire de ¾ de pouce (1,9 cm) de diamètre, et gravé sur sa surface une fine cannelure partant en spirale du centre vers la périphérie, le disque faisant ressembler aux yeux de tout le monde à une sorte d'enregistrement primitif au phonographe.

Ce disque, qui fut estimé vieux d'entre 10 000 et 12  000 ans - bien plus vieux que les pyramides - était déjà fantastique, mais l'émerveillement fut multiplié. En tout, 716 disques similaires furent trouvés. Et chacun renfermait un incroyable secret. La cannelure, après une autre inspection, n'en était pas du tout une mais une ligne continue d'étranges hiéroglyphes gravés - de l'écriture ! Les petits caractères - presque microscopiques - étaient dans un langage jamais rencontré auparavant.

Ce n'est qu'en 1962 qu'un autre scientifique chinois put décoder le message des disques de pierre - un message si incroyable et stupéfiant que le Département de Préhistoire de l'Académie de Pékin interdit la publication de sa traduction. Finalement, le message fut publié, et ce qu'il dit va vous étonner.

Il paraît pour le moins improbable qu'on puisse déchiffrer des hiéroglyphes ne correspondant à aucun langage connu, sans savoir de quoi parlent les disques. Rappellons que si Champolion a pu déchiffrer les hiéroglyphes, c'est parce qu'il disposait d'un même texte écrit à la fois dans une langue connue ET en égyptien. Par ailleurs le problème de comment se prononcent les hiéroglyphes est posé (comment sait il que cela se prononçait bien Dropa, peut-être justement parce que cela concordait avec le nom des tribus de cet endroit). Enfin la méthode "décrite" de traduction paraît plus que bizarre. D'abord il trouva un mot, puis deux puis toute une phrase. On peut expliquer comment il trouva le premier mot. Restons sceptique sur ce texte et lisez le avec beaucoup de précautions. Tout les faits de cette affaire ne sont pas clairs et, comme vous allez le comprendre plus tard, ils sont difficiles à vérifier. Certains des détails sont contradictoires, confus, ou on peut être été exagérés par des auteurs imaginatifs. Mais même si seulement une partie de l'histoire est vraie, cela représente l'une des plus grandes découvertes de notre temps...

 

UN MESSAGE

En 1962, un autre scientifique chinois décoda finalement le message gravé sur les disques - un message, s'il est vrai, qui détruit complètement tout ce que nous savons sur la place de l'humanité dans l'univers. Dr. Tsum Um Nui passait la paume de sa main sur la surface lisse du disque. "Qu'est ce que ce disque pouvait bien être ?" se demandait-il. Il connaissait son histoire récente ; qu'il avait été découvert en 1938 par un archéologue chinois dans un caverne des hauteurs de l'Himalaya, parmi 715 disques similaires ; que non loin d'eux étaient enterrés des squelettes d'un étrange peuple dont la taille moyenne était d'un peu plus de 4 pieds (1m22) ; qu'on avait trouvé sur chaque disque des petites inscriptions gravées en spirale sur sa face, et que ces inscriptions étaient en fait des hiéroglyphes inconnus. Il savait aussi que les disques, aussi remarquables qu'ils puissent être, avaient simplement été étiquetés avec d'autres trouvailles de l'expédition et entreposés à l'université de Pékin pendant 20 ans. Durant cette période, d'autres avaient essayé de déchiffrer les étranges inscriptions, mais sans succès. Peut-être que maintenant, en 1962, il le pourrait.

Le professeur recopia consciencieusement les inscriptions du disque sur du papier. L'écriture était si petite qu'il dut utiliser une loupe pour les voir distinctement. Mais les pierres étaient vieilles, peut être de plus de 12 000 ans selon les estimations, et beaucoup des hiéroglyphes étaient difficiles à déchiffrer ou avaient été usés par le temps et les éléments. Alors qu'il travaillait, plusieurs questions harcelaient le professeur.Comment ce peuple primitif avait put façonner si précisément ces pierres ? Qui étaient-ils et à quoi servaient ces centaines de pierres ? Une fois que les caractères furent transcrits, Dr. Tsum Um Nui commença la tâche ardues d'essayer de décoder le message. Finalement il commença à faire des progrès. Un mot émergea. Puis un autre. Une expression commença à être compréhensible, puis une phrase entière. Il avait cassé le code. Il trouva que le message sur les pierres avait été écrit par un peuple qui

s'appelait eux-mêmes les Dropa. Mais ce qu'ils disaient il y a 12000 ans n'avait pas de sens. Ce que les Dropa avaient écrit devait être un de leurs mythes, ou devait faisait partie d'une cérémonie religieuse préhistorique. Et si c'était vrai. Quand il eut complété la traduction le plus qu'il le pouvait, le professeur s'adossa dans sa chaise incrédule.

L'histoire que les Dropa racontaient, n'était pas qu'un peu étonnante. Comment est-ce que ses collègues allaient réagir. Comment le monde régirait-il si cette histoire était vraie ? Le professeur écrivit un papier sur ses découvertes et le présenta à l'université pour le faire publier. La réaction fut rapide et sans appel : le papier ne serait pas publié. L'Académie de Préhistoire lui interdit empressement de publier ou même de parler de ses découvertes. Le monde, décida l'académie, ne devait rien savoir des Dropa et de leur voyage fatidique sur Terre. 
Les découvertes du Dr Tsum Um Nui furent finalement publiées. A peine deux ans plus tard, il publia un livre intitulé "Les inscriptions concernant des vaisseaux spatiaux, gravées sur des disques, qui ont atterri sur Terre il y a 12 000 ans". Selon certaines sources, l'académie a adouci sa position et a permis au professeur de publier son livre, selon d'autres sources il l'aurait publié malgré l'interdiction. Quoi qu'il en soit, sa traduction et ses théories furent tournées en ridicule par la communauté scientifique. La traduction bouleversait trop les idées reçues pour être considérée comme un fait historique. Cela ne pouvait simplement pas être vrai. Cela changerait tout ce que nous savons de notre histoire et de notre place dans l'univers.

Ce que les Pierres ont révélé

Les disques de Dropa racontent l'histoire d'une sonde spatiale venue d'une planète lointaine qui s'est écrasée dans l'Himalaya. Les occupants du vaisseau spatial - les Dropas - trouvèrent refuge dans des cavernes dans les montagnes. Malgré leurs intentions pacifiques, les Dropas ne furent pas compris par les membres de la tribu Ham qui occupaient des cavernes voisines et qui traquèrent les étrangers et en tuèrent même quelques uns. La traduction d'un passage dit : "Les Dropa sont venus des nuages dans leur vaisseau. Nos hommes, nos femmes et nos enfants se sont cachés dans les cavernes dix fois avant le lever du jour. Quand enfin ils comprirent le langage gestuel des Dropas, ils réalisèrent que les nouveaux venus avaient des intentions pacifiques..."

Les pierres disent que les Dropas furent incapables de réparer leur vaisseau hors d'état, ne purent pas retourner sur leur planète d'origine, et furent donc échoués sur Terre. Si cela est vrai, est-ce que leur descendance a survécu ? 
Aujourd'hui, la zone isolée est habitée par deux tribus qui en fait se nomment les Dropa et les Han. Les anthropologistes ont été incapables de relier ces tribus à une race connue ; ils ne sont ni chinois, ni tibétains. Les deux tribus ont la stature des pygmées, les adultes mesurant de 3 pieds 4 (1m02) à 4 pieds 7 (1m40) avec une taille moyenne de 4 pieds 2 (1m27), et un poids de 28 livres (17,23 Kg) à 52 livres (23,58 Kg). Ils ont la peu jaune avec des corps fins et des têtes disproportionnellement grosses, correspondant à celles des squelettes trouvés en 1938. Ils ont peu de poils sur le corps et de grands yeux qui ne semblent pas asiatiques, mais ont des iris bleu pâle.

Il y aurait un ancien conte chinois qui pourrait confirmer cette histoire. Le conte relate l'histoire, d'un peuple à la peau jaune, mince et petit qui est descendu sur Terre des nuages et que tout le monde évitait à cause de leur laideur.

D'étranges propriétés

En 1968, les pierres Dropa attirèrent l'attention de W. Saitsew, un scientifique Russe qui re-publia les trouvailles de Tsum Um Nui et conduisit des tests sur les disques qui révélèrent des propriétés surprenantes. Physiquement, les pierres de granite contenaient une forte concentration de Cobalt et d'autres métaux - ce qui en faisait un pierre très dure qui aurait rendu difficile la gravure de lettres, particulièrement avec de si petits caractères, par le peuple primitif qui l'avait fait. En testant un des disques avec un oscilloscope, on enregistra une surprenante oscillation rythmique, comme si, selon les scientifiques, ils avaient été chargé électriquement ou avaient déjà servi en tant que conducteurs électriques.

Quelle que soit leur vraie nature, son origine ou son sens, les pierres Dropa représentent une énigme intriguante pour les archéologues et les anthropologues. Les Dropa étaient ils vraiment des visiteurs d'une lointaine planète, ou leur histoire est elle un mythe créé par une culture primitive ? Si cette dernière proposition est vraie, cela ne fait qu'ajouter un tel "mythe", au large nombre d'histoires nous venant de cultures anciennes qui prétendent que leurs ancêtres vinrent sur Terre depuis les cieux. Et si l'histoire est vraie, les pierres Dropa pourraient représenter le premier enregistrement concernant la visite d'une civilisation extraterrestre sur notre planète. Aujourd'hui, le mystère des pierres Dropa reste inexpliqué.

 

Les Dropa (Connus aussi sous les noms de Dropas, Drok-pa ou Dzopa) sont, selon certains écrivains controversés, une races de nains extraterrestres qui ont atterri près de la frontière entre la Chine et le Tibet, il y a environ 12 000 ans. Les sceptiques remarquent, toutefois, un certain nombres d'incohérence et un manque de preuve à l'appui de ces théories, ce qui offre de nombreux doutes quant à la réalité des nouvelles les plus sensationnelles sur les Dropa. Les critiques les plus durent soutiennent que toute l'affaire n'est qu'une immense farce.


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Disques de pierre (Dropa stones)



La découverte présumée

Chi Pu Tei, professeur d'archéologie auprès de l'Université de Pékin, est ses étudiant firent une expédition pour explorer une série de grottes dans les montagnes de l'Himalaya, dépourvues de sentiers, dans la région lointaine de Bayan-Kara-Ula dans le Qinghai à la frontière entre la Chine et le Tibet. Les grottes pouvaient avoir été sculptées artificiellement pour former un système de tunnels souterrains et d'entrepôts. Les parois sont carrées et vitrifiées, comme si elles avaient été taillées dans la roche par une grande chaleur.

Ils ont découvert de nombreuses files de tombes où étaient enterrés de petit squelettes d'une hauteur de 130 cm environ; Les squelettes avaient des têtes anormalement grandes, mais des corps fins, petits et fragiles. Un membre du groupe suggéra que cela pouvaient être les restes d'une espèce inconnue de gorille des montagnes. On raconte que le Professeur Chu Pu Tei répondit : "Qui a jamais entendu parler de singes qui s'ensevelissent les uns les autres ?"

Il n'y avait pas d'épitaphes auprès des tombes, mais on trouva des centaines de disques de pierre ("Dropa Stones") larges d'une trentaine de cm, avec un trou en leur centre qui avait un diamètre de 2 cm environ. Sur les parois étaient sculptées des images du Soleil qui se lève, de la lune, des étoiles, de la terre, des montagnes, et des lignes pointillées qui reliaient la terre avec le ciel. Avec les disques, les dessins de la grottes furent datés à environ 12.000 ans.

Les disques de Dropa


Les histoires font référence au fait que chaque disque était incisé par deux fines rainures en spirales du bord du trou au centre du disque, de façon à ce que cela ressemble au disque de Phaïstos.

Les disques furent classés avec d'autres découvertes de l'expédition et conservés à l'Université de Pékin pendant 20 ans, durant lesquels les tentatives pour les déchiffrer n'eurent aucun succès. Quand les disques furent attentivement examinés par le Docteur Tsum Um Nui de Pékin, vers 1958, ce dernier conclut que chaque rainure consistait en réalité en une série de petits hiéroglyphes, de forme et d'origine inconnues. Les lignes de hiéroglyphes était si petites qu'une loupe était nécessaire pour les voir clairement. De nombreux hiéroglyphes avaient été effacés par l'érosion. Quand le Docteur Tsum déchiffra les symboles, ils racontaient l'histoire de la tombée sur terre d'un vaisseau des Dropa et du meurtre de la plus grande partie des survivants par les tribus locales.

Selon Tsum Um Nui, une des ligne de hiéroglyphes disait : "Les Dropas sont descendus des nuages dans leurs avions. Nos hommes, femmes et enfants se cachèrent dans les grottes 10 h avant le lever du soleil. Quand finalement ils comprirent le langages des signes des Dropas, ils comprirent que les nouveaux arrivés avaient des intentions pacifiques..." Une autre section exprime le "regret" des Ham pour le fait que l'embarcation des aliens se soit écrasée dans une lointaine et inaccessible chaîne montagneuse et qu'il n'y avait aucun moyen d'en construire une autre, pour permettre aux Dropas de rentrer sur leur planète.

La relation du Docteur Tsum est apparue dans une revue scientifique en 1962. Il a part la suite été tourné en ridicule, jusqu'à se qu'il s'auto-impose l'exile au Japon où il mourut. L'académie de Paléontologie de Pékin n'a jamais permis de publier et ne parle jamais de ses conclusions.

"Tsum Um Nui" n'est à véritablement parler un nom chinois, et les critiques suggèrent que le Docteur Tsum ne peut pas avoir réellement existé. Toutefois Tsum Um Nui est un nom japonais adapté à la langue chinoise. Mais on a aucune preuve de lui au-delà de l'histoire des Dropa.

Des recherches ultérieures

En 1965, le professeur Chi Pu Tei et 4 de ses collègues ont finalement eu la permission de révéler leur théorie et l'ont publiée sous le titre "Les écrits à rainures concernant les navettes spatiales qui, comme stipulés sur les disques, débarquent sur la Terre il y a 12.000 ans".

La documentation d'environ 716 disques avec rainures, découverts par la suite dans les mêmes grottes, raconte une surprenant histoire de sonde spatiale envoyée par les habitants d'une autre planète. Après l'atterrissage dans la chaîne de montagnes de Bayan-Kara-Ula (ainsi naquirent ces inscriptions) les intentions pacifiques des étrangers troublèrent les membres de la tribus Ham, habitant dans les grottes non loin de là, et qui chassèrent les extraterrestres et les tuèrent.

Les photos qui prétendent montrer les disques de Dropa sont en réalité des disque Bi, retrouvés par milliers dans toute la Chine, surtout dans les Provinces du Sud. Les disques Bi ont une gamme de dimensions qui va de quelques centimètres à plusieurs dizaines de centimètres (parfois quelques pieds), et sont le plus souvent fait soit de jade soit de néphrite, avec un trou central rond ou carré.

La majeure partie des disques Bi date de la période Néolithique (environ 3000 a.C.), mais on en trouve jusqu'à la période de la dynastie Shang. Les disques Bi les plus récents de la période Shang sont habituellement les plus richement sculptés, avec des dragons, des serpents et, parfois, des poissions, et ils étaient utilisés lors de cérémonie rituelles.

La plupart des disques Bi néolithique ont été retrouvés dans des sites funéraires. Ils étaient ensevelis sous la tête ou les pieds des défunts. On a émit l'hypothèse qu'il était là pour assister l'esprit du défunt; Aucun disque Bi n'a été retrouvé contenant des inscriptions ou des rainures en spirale, comme le raconte l'histoire des Dropa relayée notamment par des auteurs comme Hartwig Hausdorf.

D'après les dires les disques Dropa ne dépasseraient pas 12 pouces (30 cm) de diamètre. Toutefois, une photo en noir et blanc proposée par Hausdorf et d'autres pour visualiser un disque Dropa montre clairement le disque posé sur un siège, et il est manifestement plus large en diamètre (plusieurs pieds) et il ne présente aucun signe d'aucune sorte.

Les recherches des scientifiques Russes

Des scientifiques russes ont demandé à voir les disques et beaucoup d'entre eux ont été envoyés à Moscou pour l'examen. Les disques ont été grattés pour les laver des particule de roche qui s'y étaient incrustées et ont par la suite été soumis à des analyses chimiques. A la grande surprise des scientifiques, les disques contenaient de grandes quantités de cobalt et d'autre substances métalliques. En outre, lorsqu'ils étaient mis sur un plat spécial, selon le docteur Vyatcheslav Saizev, qui décrivit les expériences dans la revue soviétique Sputnik, ils vibraient ou "bourdonnaient" avec un rythme insolite, comme si une charge électrique leur passait à travers. Ou comme l'a suggéré un scientifique "comme s'ils faisaient partie d'un circuit électrique". A un moment donné, ils doivent clairement avoir été exposés à un courant extraordinairement grand. "Ils sont comme d'ancien disques rigides, et ils roulent comme les disques rigides que nous avons aujourd'hui. Si nous réussissions à lire ces ancien disques rigides, nous aurions sans doute des réponses.

Les photos de Wegerer

En 1974, Ernst Wegerer, un ingénieur autrichien, photographia deux disques qui correspondaient aux descriptions des Dropa Stones. Il participait à une visite guidée du Musée Banpo à Xian, quand il vit les disques de pierre en exposition. Il prétend avoir vu un trou au centre de chaque disque et des hiéroglyphes incisé en spirales formant des rainures.

Wegerer demanda au directeur du Musée Banpo de plus amples informations sur les pièces en vitrine. La guide ne savaient rien de l'histoire des pierres, même si elle était capable de raconter une histoire complète sur les autres artéfacts d'argile. Elle savait seulement que les disques de pierre étaient des "objets de cultes" de peu d'importance.

On permit à Wegerer de prendre en main un des disques. Il estima que leur poids était d'un kg (2 livres) et son diamètre de 30 cm (1 pied). Les hiéroglyphes ne peuvent pas être vu sur la photo, car il se sont en partie effrités, et le flash de l'appareil photo a fait disparaître tout les détails fins, comme la rainure en spirale.

Quelques jours après sa visite, la directrice a été licenciée de son poste sans qu'on en connaisse la raison. Selon le professeur Wang Zhijun, le directeur du Musée Banpo, en mars 1994, elle ainsi que les deux disques de pierre ont disparus. 

Certaines confirmations

Durant les années qui ont suivit la découverte du premier disque, archéologues et anthropologues en ont appris plus sur la zone isolée de Bayan-Kara-Ula. La plupart des informations recueillies ont tendances a accrédité l'histoire écrite sur les disques.

Des légendes, qui se transmettent encore dans la région, parlent de petits hommes survivants au visage jaune, "venus des nuages, il y a très très longtemps". Ces hommes avaient d'énormes têtes émergentes et des corps minces et ils étaient si laids et repoussants que tout le monde les évitait. "Des hommes avec des chevaux rapides" firent la chasse aux vilains nains. Etrangement, la description des "envahisseurs" correspond à celle des squelettes trouvé à l'origine dans les grottes par le professeur Chi Pu Tei.

Certaines critiques

Les critiques ont amplement rejeté les énoncés ci-dessus, soutenant que c'est une association entre une farce et une légende urbaine. Par exemple, l'écrivain David Richie prend acte que les récits sur les Dropa ont intrigué Gordon Chreighton, une Fellow de la Royal Antropological Society et de la Royal Geographical Society. Après ses recherches, Chreighton jugea les récits sensationnels relatif aux Dropa-Extraterrestres comme "dénuée de fondement" et il détailla ses propres conclusions dans un article pour Flying Saucer Review (La Revue de la Soucoupe Volante).

Il n'existe aucune preuve crédible que l'on puisse retrouver pour cette théorie, et on ne peut pas non plus démontrer qu'il y en ai eu par le passé. Les partisans de l'histoire des Dropa-stones soutiennent que c'est le résultats de perturbations sociales causées par les autorités chinoises. Toutefois cette histoire va bien au-delà de la Chine. Les opposants soutiennent qu'il est amplement démontré qu'il s'agit d'une farce bâtie par Erich Von Däniken.

Voici un compte-rendu détaillé de la plupart des dires sensationnels sur l'histoire des Dropa/ Extraterrestres :

1. La découverte : Il n'y a aucune mention de "Tsum Um Nui" dans aucun lieu, puisqu'on pense qu'il s'est enfui de Chine et qu'il est mort au Japon dans les années 1960, cela ne peut pas dépendre de la théorie d'une dissimulation communiste mise en oeuvre par la Révolution Culturelle. En outre, il n'y a aucune trace d'une expédition archéologique dans la chaîne de Bayan Kara Ula en 1938. Il n'y a aucune "Peking Academy of Pre-History", elle n'a jamais existé.

2. Les premières sources : la première mention de l'histoire se trouve dans le livre rempli de balivernes de Erich Von Daniken en 1968, "Char des Dieux". Le livre a été amplement critiqué car aucunement fiable. De fait, la plus grande partie des noms et des sources du livre ne peut pas être confirmée, et on ne peut pas démontre l'existence des chercheurs soviétiques et chinois, au-delà de cette histoire : Cho Pu Tei, Tsum Um Nui, Ernst Wegerer, Vyatcheslav Saizev, et Sergei Lolladoff. Pour en dire plus, Däniken dit que sa source principale pour la partie soviétique de l'histoire fut l'écrivain de roman de science-fiction Alexander Kazantsev ; Kazantsev toutefois n'est pas d'accord avec les dire de Däniken et il prétend que c'est Däniken qui lui a raconté l'histoire, et non le contraire.

3. Les sources plus tardives : Le livre "Dieux Solaire en Exile", "édité" par Davif Agamon, apparut en 1978 pour soutenir l'histoire des Dropa, mais Agamon admis sur la revue "Fortean Times" en 1988 que le livre était une fiction et que son auteur présumé, un chercheur britannique nommé docteur Karyl Robien-Evans, était imaginaire. Certain sites web prétendent montrer une photo du docteur Robin-Evans avec le Dalai Lama : un fragile petit vieux à côté du Dalai Lama actuel. La photo est assez récente et cela ne peut être le docteur Robin-Evans, qui serait mort en 1978, selon Hartwig Hausdorf.

4. Traduction : il n'y a jusqu'à présent aucun précédent d'une langue totalement inconnue déchiffrée avec succès. Toute les langues perdues de l'antiquité ont été redécouverte seulement parce qu'elle avait survécu sous des forme familières pour les scientifiques. Même dans ces cas là, le déchiffrage et la compréhension de ces anciennes formes linguistiques et de leurs écritures a demandé des décennies et plus d'une équipes de linguistes hautement compétents, et leurs conclusions font constamment l'objet d'un débat et d'un ajournement. De nombreux écrits antiques (en particulier le Linéaire A de l'île de Crète et le Rongorongo de l'Île de Pâques), ont défié le déchiffrage justement parce qu'ils ne pouvaient être reliés à aucune langue connue. A la lumière de ces faits, il serait encore bien plus compliqué de déchiffré une véritable langue extraterrestres. Il est donc hautement improbable qu'un seul chercheur chinois dépourvue de toute préparation linguistique puisse à lui tout seul déchiffrer une écriture ou une langue alien durant son temps libre.

5. Les Disques : Tout ce qui existe sur les présumés disques aliens sont des photos prise avec le grand-angle. Les disques photographiés, d'abord, ne correspondent pas à la description de "disques de 12 pouces" : les disques photographiés sont beaucoup plus grand. Ensuite, les photos ne montrent aucune des profondes rainures. Enfin, aucune de ces photos, absolument aucune, aucune description, aucune analyse bref aucune preuve de l'existence de "l'écriture alien" n'apparaît en aucun lieu.

6. Stockage : On a supposé que les disques avaient été stockés dans les entrepôt de divers musées en Chine. Aucun de ces musées ne possèdent ou ne gardent la trace de ces disques, et on ne trouve aucune traces non plus de ceux qui auraient été envoyés en URSS pour analyse.

7. La tribus Dropa : tandis qu'on raconte qu'il s'agit d'une tribus de faibles nains, en réalité les Dropa sont des bergers nomades qui habitent la plus grande partie du haut-plateaux septentrional tibétains. Même les Ham sont des habitants du Tibet, et traditionnellement ils ont fournit des guerriers au Tibet : nombres de garde du corps du 13ème Dalai Lama, durant sa fugue de l'invasion chinoise, était des Ham tibétains. Le mot "Dropa", selon Chrieghton, décrit les nomades résidents sur les haut-plateaux tibétains, et pourrait être traduit approximativement comme "solitude" ou "isolé". En outre Chrieghton n'a pas décrit les Dropa comme ressemblant à des "troglodyte", ou comme a des nains, mais au contraire ils ont tendances à être plutôt grands et robustes, ce qui correspond à leur travail de bergers.

14 février 2014

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Five Points (Manhattan)

Représentation d'habitations précaires dans le quartier de Five Points, publiée dans le Frank Leslie's illustrated newspaper en 1872.

Five Points était un célèbre bidonville situé dans l'arrondissement de Manhattan, à New York.

Le nom de Five Points correspond aux cinq rues qui étaient accessibles depuis l'intersection autour de laquelle le bidonville s'était développé: MulberryAnthony Street (aujourd'hui Worth Street), Cross Street (aujourd'hui Park Row), Orange Street (aujourd'huiBaxter Street) et Little Water Street (qui n'existe plus).

Le quartier s'est formé dans les années 1820, à proximité du site de l'ancienne Collect Pond, mare de 194 000 m² (19,4 hectares) qui avait été asséchée en raison de graves problèmes de pollution, après que les industries locales l'ont utilisée comme un dépotoir. En plus de cela, l'enfouissement des déchets sur le site était de piètre qualité, et le suintement de la mare dans son coin sud-est entraîna la formation de zones marécageuses où les insectes pullulaient, ce qui provoqua une chute brutale de la valeur du terrain. La plupart des riverains de classes moyennes ou aisées quittèrent en conséquence le quartier, en donnant lieu à un afflux d'immigrants pauvres, qui fut renforcé par la grande famine en Irlande dans les années 1840.

Five Points demeura ainsi un quartier très pauvre, et lors de son « apogée », seuls quelques quartiers du London's East End(quartiers les plus pauvres de la banlieue Londres) étaient en mesure de rivaliser avec lui en matière de densité de population, de maladies, de mortalité infantile, de chômage, ou encore de violence, sans faire mention des autres signes de précarité. Mais qualifier Five Points de simple bidonville serait une erreur, car la culture du quartier a eu une certaine résonance qui a donné naissance à plusieurs aspects caractéristiques de l'actuel American way of life. Five points fut en effet l'un des tout premiers melting pots, étant à l'origine peuplé d'afro-américains et d'immigrés irlandais. La cohabitation de cultures africaine, irlandaise, anglaise, et par la suite juive et italienne a en effet joué un rôle important dans la croissance des États-Unis ; or ces cultures se croisaient et se mélangaient déjà à Five Points.

Par exemple, la fusion de la gigue irlandaise et de la shuffle africaine donna très rapidement naissance aux claquettes (appelées avant cela Master Juba), et par la suite à des genres musicaux tels que le jazz ou le rock and roll. Cette fusion culturelle avait lieu à Five Points, dans des lieux comme le Almack's Dance Hall (aussi connu sous le nom de Pete Williams's Place) situé sur Orange Street (l'actuelle Baxter Street). Le terrain sur lequel la salle était construite est aujourd'hui occupé par le Columbus Park, où les premiers résidents de l'actuelle Chinatown s'étaient au départ établis.

Scène d'affrontement entre les "Dead Rabbits" et les "Bowery Boys".

Sur le plan politique, Five Points faisait partie du Old Sixth Ward (le sixième district électoral), où la corruption des partis locaux était importante, et où les postes clés étaient pour la plupart occupés par des non anglo-saxons. Même si les tensions entre les Africains et les Irlandais sont très anciennes, leur cohabitation dans le quartier de Five Points constitue le premier exemple d'intégration communautaire dans l'histoire des États-Unis. Par la suite, les populations noires migrèrent progressivement vers la côte ouest de Manhattan, avant de s'établir au nord, dans la région de ce qui constitue aujourd'hui Harlem. Mais les années passées à cohabiter avec les Irlandais, et par la suite avec les juifs et les Italiens dans un même quartier ont permis l'émergence d'un objectif commun à toutes ces minorités, et ceci se manifeste encore aujourd'hui dans les courants les plus libéraux de l'échiquier politique américain, à commencer par le parti démocrate.

Au cours des années 1880, les politiques de « nettoyage » des bidonvilles permirent de raser le quartier de Five Points, afin de reconfigurer la zone, mais cela ne fit finalement que déplacer le problème puisque les habitants du quartier migrèrent vers la Lower East Side, située plus au nord. L'emplacement de l'ancien quartier de Five Points est aujourd'hui couvert par de grands immeubles urbains et par des bâtiments administratifs, dans un espace couramment appelé Foley Square, en plus de Columbus Park et de plusieurs installations rattachées au New York City Department of Corrections (département carcéral municipal). Ces dernières installations sont celles qui sont le plus liées à l'ancien quartier de Five Points dans la mesure où l'ancienne Tombs Prison, construite en 1839 qui abritait la plupart des criminels de la ville était située au niveau de l'actuelle City Prison Manhattan, au 125 White Street.

Le quartier de Five Points est en outre en vedette dans le film de Martin ScorseseGangs of New York, sorti en 2002 et dans la série Copper. Dans le film L'ArnaqueRobert Redford prétend être originaire de Five Points.

 

Draft Riots

 

Affiche officielle du recrutement, New York 23 juin 1863.

Les Draft Riots (en français : émeutes de la conscription), que l'on nomme à l'époque Draft Week (en français : « semaine de la conscription ») sont de violentes émeutes qui se déroulent à New York du 13 au 16 juillet 1863, après l'adoption par le Congrès des États-Unis de nouvelles lois sur la conscription. Les hommes réquisitionnés sont envoyés sur les champs de bataille de la Guerre de Sécession, qui se déroule entre 1861 et 1865. Ces émeutes sont les plus importantes insurrections civiles que l'histoire américaine ait connues, en dehors de la guerre de Sécession elle-même. Pour reprendre le contrôle de la ville, le président Abraham Lincoln est contraint d'envoyer plusieurs régiments de milice et de volontaires. Les émeutiers se comptent par milliers et bien qu'ils ne représentent pas la majorité, de nombreuses personnes arrêtées ont des noms d'origine irlandaise, selon les listes compilées par Adrian Cook dans son œuvre The Armies of the Streets. En outre, des émeutes de moindre importance éclatent aussi dans d'autres villes à la même époque.

À l'origine conçues pour exprimer le mécontentement de la population vis-à-vis des lois de conscription, elles tournent rapidement aupogrom racial et de nombreux Noirs sont assassinés dans les rues. Le désordre dans la ville est tel que le général John E. Wooldéclare le 16 juillet : « La loi martiale devrait être proclamée, mais je ne dispose pas des forces nécessaires pour la faire respecter. » L'armée parvient enfin à maîtriser la foule après trois jours de troubles, grâce à l'artillerie et baïonnette au canon, mais seulement après que de nombreux immeubles ont été saccagés ou détruits, parmi lesquels de nombreuses habitations, un orphelinat pour noirs et même le musée consacré à Phineas Taylor Barnum.

Les émeutiers s'en prennent aux soldats.

 

Causes

Illustration d'un édifice en feu surLexington Avenue lors des émeutes.

Lorsque la guerre de Sécession débute en avril 1861, les New-Yorkais se rallient rapidement à la cause de l'Union. Un rassemblement massif a lieu à Union Square où sont présents entre 100 000 et 250 000 hommes. Quand Abraham Lincoln lance un appel pour le recrutement de 75 000 volontaires afin de rejoindre l'armée et venir à bout de la sécession, 8 000 New-Yorkais se portent volontaires dans les dix jours. Les forces de l'Union paient un lourd tribut lors de la première bataille de Bull Run en juillet 1861, y compris celles originaires de la ville de New York, entraînant une nette baisse d'enthousiasme et d'optimisme. Une importante faction des démocrates de New York, connue sous le nom de Copperheads, s'oppose à la guerre et est favorable à une paix négociée. Le gouverneur de New York Horatio Seymour est élu en1862, sur un programme électoral pacifiste.

À la suite de l'enlisement de la guerre, une pénurie de soldats se fait sentir au sein des rangs de l'Union. Dans ce contexte, le 3 mars1863, le Congrès des États-Unis adopte la première loi de conscription de son histoire, qui autorise le président à faire appel aux citoyens âgés de 18 à 35 ans, pour une durée limitée à trois ans de service militaire. Les démocrates Copperheads, favorables à la paix, sont consternés par la nouvelle. Ils sont opposés à toute forme de service national, et en particulier à une clause qui stipule que les hommes appelés peuvent être exemptés de conscription s'ils s'acquittent d'une somme de 300 $ ou fournissent un remplaçant, que l'on nomme « taxe d'exemption », ce que les pauvres ne peuvent se permettre, créant ainsi des inégalités face à la conscription. Cette mesure est tournée en dérision sous la forme du 300 dollar man (l'homme à 300 dollars). Formellement, cependant, ces lois visent avant tout à attirer des volontaires et, en fait, peu d'hommes sont enrôlés de force.

Les troupes fédérales font feu sur la foule qui commence à se regrouper.

Dans la pratique, les hommes forment des clubs. Si l'un de ses membres du club est appelé, les autres membres se cotisent pour payer la « taxe d'exemption ». Indépendamment de l'intention de cette taxe de 300 $ (somme considérable pour l'époque), qui est à la fois un moyen de fournir les fonds nécessaires pour la guerre et de permettre aux fils des familles les plus aisées de ne pas partir au combat (ce qui s'appela par la suite draft evasion), elle amène progressivement les classes moyennes et ouvrières à considérer que la guerre est devenue une « guerre de riches faite par les pauvres ».

Le premier tirage au sort de noms a lieu le samedi 11 juillet, sans incident. Les noms sont inscrits sur des petits morceaux de papier, placés dans une boîte, puis tirés un par un. Les noms tirés sont principalement ceux d'ouvriers qui ont été publiés dans les journaux. Bien que les émeutes de New York ne commencent pas à ce moment, elles éclatent dans d'autres villes, impliquant des adversaires de la conscription, notamment à Buffalo, le 6 juillet 1863. Des spéculations sur une réaction similaire à la conscription à New York se développent. Ces évènements coïncident avec les tentatives du Tammany Hall (base du parti démocrate de New York), qui souhaite faire des immigrants irlandais des citoyens américains, pour qu'ils puissent participer aux élections locales. C'est alors que de nombreux immigrants réalisent que la citoyenneté ne leur apporte pas qu'un droit de vote, mais aussi le devoir de se battre pour leur nouveau pays. Ainsi, parmi les 184 émeutiers qui ont pu être identifiés, 117 sont nés en Irlande, 40 aux États-Unis et 27 dans d'autres pays d'Europe.

Les émeutes

Lundi

Le Bull's Head Hotel, représenté ici tel qu'il était en 1830, est incendié durant les émeutes.

Le second tirage au sort a lieu le lundi 13 juillet 1863, dix jours après la victoire de l'Union à la bataille de Gettysburg. Le matin, à 10 heures, une foule furieuse composée de 500 hommes emmenés par la Black Joke Fire Engine Company 33, attaque le bureau de l'assistant du Provost Marshal du Neuvième District, à l'angle de la Troisième Avenue et de la 47th Street, où la conscription se déroule. La foule commence à lancer de gros pavés à travers les fenêtres, puis à casser les portes et enfin détruire le bâtiment. Parmi les émeutiers, des travailleurs irlandais, s'opposent également au gradualisme politique, ils n'acceptent pas d'être mis en concurrence avec des esclaves émancipés pour obtenir un emploi.

Charge de la police sur les émeutiers aux bureaux du New York Tribune.

La milice d'État de New York est absente, elle a été envoyée en Pennsylvanie pour renforcer les troupes de l'Union, laissant à la seule police le soin de faire face aux évènements. Le chef de la police, John Kennedy, se rend sur place le lundi pour examiner la situation. Bien qu'il ne soit pas en uniforme, il est reconnu par les émeutiers qui l'attaquent. Kennedy est abandonné à demi conscient, il a le visage meurtri et tailladé, un œil blessé, les lèvres enflées, sa main coupée et son corps couvert de sang et d'ecchymoses. Les policiers contre-attaquent avec leurs gourdins etrevolvers, chargeant la foule, mais celle-ci les maîtrise. La police de New York est dans l'impossibilité d'apaiser les troubles, les policiers étant par trop inférieurs en nombre vis-à-vis des émeutiers. Leur tâche consiste surtout à limiter les dégâts et à secourir ceux qui peuvent l'être. Ils parviennent cependant à maintenir les émeutes hors de Lower Manhattan, en dessous d'Union Square. Les immigrants et autres habitants du quartier Bloody 6th Ward près du port ne participent pas aux émeutes car ils ont vécu suffisamment de violences à cause des gangs entre les années 1830 et 1850.

Un noir, qui après s'être fait torturer par des émeutiers, est pendu et brûlé, à Clarkson Street.

Le Bull's Head Hotel de la 44th Street, qui refuse de servir de l'alcool, est incendié. La résidence du maire sur la Cinquième avenue, les postes de police du Cinquième et Huitième Districts, et d'autres bâtiments sont attaqués puis incendiés. Le siège du journal à tendancerépublicaine, le New York Tribune est lui aussi attaqué. La foule est refoulée par le personnel du New York Tribune qui est équipé de deux mitrailleuses Gatling. Les compagnies de pompiers sont mobilisées, mais certains sapeurs-pompiers sont favorables aux émeutiers, car ils ont eux aussi été mis sur les listes d'enrôlement le samedi. Plus tard dans l'après-midi, les autorités tirent sur un homme et le tuent alors que les émeutiers s'attaquent à l'arsenal situé à l'angle de la Deuxième Avenue et 21st Street.

Les afro-américains deviennent les boucs émissaires et les victimes désignées de la colère des émeutiers. De nombreux immigrants et les pauvres voient les esclaves noirs affranchis comme des concurrents pour décrocher les rares emplois disponibles et les Afro-Américains sont considérés comme la cause première de la guerre fratricide qui oppose le Nord et le Sud. Ceux qui ont le malheur de tomber entre les mains des émeutiers sont battus, torturés et parfois tués. Un Noir est ainsi attaqué par une foule de 400 hommes armés de gourdins et de pavés. Il est pendu à un arbre puis brûlé. Le Colored Orphan Asylum (orphelinat pour enfants noirs) qui offre un abri à des centaines d'enfants, est attaqué par la foule. La police parvient cependant à protéger l'orphelinat suffisamment longtemps pour permettre aux enfants de prendre la fuite

Mardi

De fortes pluies tombent dans la nuit du lundi, aidant ainsi à contrôler les incendies et renvoyant les émeutiers chez eux. Cependant, la foule se rassemble à nouveau le lendemain. La vie économique de la cité s'arrête, les ouvriers ayant rejoint les manifestants. Les émeutiers commencent à s'en prendre aux maisons de républicains notables dont celle de l’activiste abolitionniste Abigail Hopper Gibbons.

Le gouverneur Horatio Seymour arrive le mardi et fait un discours à l’hôtel de ville de New York où il tente de calmer la foule en proclamant que la loi sur la conscription est inconstitutionnelle. Le général John E. Wool fait venir environ 800 soldats du port de New York et de l’Académie militaire de West Point. Il ordonne également aux milices de revenir à New York.

Mercredi et jeudi : l'ordre restauré

Affrontements entre les émeutiers et les militaires.

La situation s'améliore le mercredi 15 juillet, lorsque l'adjoint du Provost Marshal Robert Nugent reçoit l'ordre de son supérieur, le colonelJames Barnet Fry, de mettre fin à l'émeute. Comme cette information est reprise par les journaux, certains manifestants restent prudemment chez eux. Certaines milices commencent à revenir en ville et emploient des vigoureuses mesures à l'encontre du reste des émeutiers.

L'ordre commence à revenir le jeudi 16 juillet lors du retour, après une marche forcée, de nouvelles troupes fédérales, dont le 152nd New York Volunteers, le 26th Michigan Volunteers, le 30th Indiana Volunteers et le 7th Regiment New York State Militia de Frederick. En outre, le gouverneur ajoute dans la mêlée le 74ème et le 65ème régiment de la milice de l'État de New York, qui n'était pas en service fédéral et une partie du 20th Independent Battery, New York Volunteer Artillery de Fort Schuyler à Throggs Neck. Dès le 16 juillet, il y a plusieurs milliers de soldats fédéraux en ville. Un dernier affrontement a lieu le jeudi soir à proximité de Gramercy Park, entraînant la mort de nombreux émeutiers.

Conséquences

Ruines du bureau du prévôt.

Le nombre exact de victimes est inconnu, mais selon l'historien James M. McPherson, au moins 120 hommes sont tués durant les émeutes. Selon les estimations, au moins 2 000 hommes sont blessés. Les dommages causés par les émeutes s'élèveraient quant à eux à environ un million de dollars. L'historien Samuel Morison écrit que les émeutes sont « l'équivalent d'une victoire des Confédérés ». Le département du trésor de la ville indemnise par la suite environ un quart du montant des dommages. Cinquante bâtiments, dont deux églises protestantes sont complètement détruits après avoir été incendiés. Le 19 août, les tirages au sort de conscription reprennent sans qu'on ait à déplorer de nouveaux incidents. On enrôle beaucoup moins d'hommes que ne le craignait la population: sur les 750 000 conscrits du pays, seuls 45 000 partent effectivement au combat.

Le Colored Orphan Asylum brûlé et pillé par les émeutiers.

Alors que les émeutes impliquent principalement la classe ouvrière, les New-Yorkais moyens et la classe dirigeante sont divisés en ce qui concerne la conscription elle-même et l'usage du pouvoir fédéral ou de la loi martiale afin de l'imposer. De nombreux riches hommes d'affairesdémocrates tentent de faire proclamer la conscription inconstitutionnelle. Les démocrates duTammany ne souhaitent pas eux-mêmes voir la conscription proclamée inconstitutionnelle, mais souhaitent plutôt aider les pauvres à payer leur taxe d'exemption.

L'immense soutien de New York à la cause de l'Union se poursuit ensuite mais un peu à contrecœur. À la fin de la guerre, plus de 200 000 soldats, marins et miliciens ont été enrôlés dans la ville. 20 000 d'entre eux sont morts durant la guerre. Les brigades Irish et Excelsior, originaires de la cité, font partie des cinq brigades de l’armée de l’Union à avoir subi les plus lourdes pertes au combat pendant la guerre. Si l'on inclut les pertes à Bull Run, aucun régiment d’infanterie de l’Union n’a connu autant de pertes que le 69ème régiment des Fighting Irish de New York. Bien que leurs faits d'armes soient peu mis en avant par les historiens modernes, les plus de cent Medal of Honor reçues rappellent leur bravoure au combat

Culture populaire

Les émeutiers se mettent à frapper les Noirs.

Les émeutes de la conscription sont omniprésentes dans les romans On Secret Service de John Jakes (2000) et Paradise Alley de Kevin Baker (2002).

La comédie musicale Maggie Flynn jouée à Broadway en 1968 est mise en scène dans l’orphelinat pour enfants noirs qui fut assiégé durant l’émeute. Dans le roman steampunk La Machine à différences (1990) de William Gibson et de Bruce Sterling, les lecteurs apprennent que les émeutes (lors d'une guerre de Sécession finalement gagnée par États confédérés) se terminent par la création d'une commune de Manhattan (comme celle de la Commune de Paris), dirigée par Karl Marx. Dans le roman uchronique Grant Comes East de Newt Gingrich, les émeutes sont dépeintes comme bien plus graves qu'elles ne le furent en réalité, car ce livre est la suite de son précédent roman où la Confédération remporte la victoire lors de la bataille de Gettysburg.

Le film Gangs of New York de Martin Scorcese (2002) se déroule à l'époque des émeutes mais ne dépeint pas de manière fidèle les événements qui se sont alors déroulés. Il tente plutôt de décrire « la naissance de Manhattan et la manière dont les différentes vagues d'immigrants ont façonné l'évolution de la ville de New York ». Selon le journaliste et écrivain Pete Hamill : « Les voyous irlandais établirent alors un lien, entre criminalité et politique à New York, qui allait durer plus d'un siècle. »

Le roman New York, d'Edward Rutherfurd, relate ces émeutes à travers le point de vue des différents personnages. L'un des personnages, Hetty Master, contribue à l'évasion des enfants du Colored Orphan Asylum, et assiste au lynchage d'un Irlandais qui a voulu dit hugo l'aider. Un autre, Hudson, un ancien esclave du Sud, est pendu à un arbre et brûlé. Edward Rutherfurd décrit ces émeutes avec beaucoup de précision, mêlant fiction et Histoire.

6 avril 2014

le principe anarchiste......

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A ses débuts, l’Anarchie se présenta comme une simple négation. Négation de l’État et de l’accumulation personnelle du Capital. Négation de toute espèce d’autorité. Négation encore des formes établies de la Société, basées sur l’injustice, l’égoïsme absurde et l’oppression, ainsi que de la morale courante, dérivée du Code romain, adopté et sanctifié par l’Église chrétienne. C’est sur cette lutte, engagée contre l’autorité, née au sein même de l’Internationale, que le parti anarchiste se constitua comme parti révolutionnaire distinct.

Il est évident que des esprits aussi profonds que Godwin, Proudhon et Bakounine, ne pouvaient se borner à une simple négation. L’affirmation - la conception d’une société libre, sans autorité, marchant à la conquête du bien-être matériel, intellectuel et moral - suivait de près la négation ; elle en faisait la contrepartie. Dans les écrits de Bakounine, aussi bien que dans ceux de Proudhon, et aussi de Stirner, on trouve des aperçus profonds sur les fondements historiques de l’idée anti-autoritaire, la part qu’elle a joué dans l’histoire, et celle qu’elle est appelée à jouer dans le développement futur de l’humanité.

« Point d’État », ou « point d’autorité », malgré sa forme négative, avait un sens profond affirmatif dans leurs bouches. C’était un principe philosophique et pratique en même temps, qui signifiait que tout l’ensemble de la vie des sociétés, tout, - depuis les rapports quotidiens entre individus jusqu’aux grands rapports des races par-dessus les Océans, - pouvait et devait être réformé, et serait nécessairement réformé, tôt ou tard, selon les principes de l’anarchie - la liberté pleine et entière de l’individu, les groupements naturels et temporaires, la solidarité, passée à l’état d’habitude sociale.

Voilà pourquoi l’idée anarchiste apparut du coup grande, rayonnante, capable d’entraîner et d’enflammer les meilleurs esprits de l’époque.

Disons le mot, elle était philosophique.

Aujourd’hui on rit de la philosophie. On n’en riait cependant pas du temps du Dictionnaire philosophique de Voltaire, qui, en mettant la philosophie à la portée de tout le monde et en invitant tout le monde à acquérir des notions générales de toutes choses, faisait une œuvre révolutionnaire, dont on retrouve les traces, et dans le soulèvement des campagnes, et dans les grandes villes de 1793, et dans l’entrain passionné des volontaires de la Révolution. A cette époque là, les affameurs redoutaient la philosophie.

Mais les curés et les gens d’affaires, aidés des philosophes universitaires allemands, au jargon incompréhensible, ont parfaitement réussi à rendre la philosophie inutile, sinon ridicule. Les curés et leurs adeptes ont tant dit que la philosophie c’est de la bêtise, que les athées ont fini par y croire. Et les affairistes bourgeois, - les opportunards blancs, bleus et rouges - ont tant ri du philosophe que les hommes sincères s’y sont laissé prendre. Quel tripoteur de la Bourse, quel Thiers, quel Napoléon, quel Gambetta ne l’ont-ils pas répété, pour mieux faire leurs affaires ! Aussi, la philosophie est passablement en mépris aujourd’hui.

Eh bien, quoi qu’en disent les curés, les gens d’affaires et ceux qui répètent ce qu’ils ont appris, l’Anarchie fut comprise par ses fondateurs comme une grande idée philosophique. Elle est, en effet, plus qu’un simple mobile de telle ou telle autre action. Elle est un grand principe philosophique. Elle est une vue d’ensemble qui résulte de la compréhension vraie des faits sociaux, du passé historique de l’humanité, des vraies causes du progrès ancien et moderne. Une conception que l’on ne peut accepter sans sentir se modifier toutes nos appréciations, grandes ou petites, des grands phénomènes sociaux, comme des petits rapports entre nous tous dans notre vie quotidienne.

Elle est un principe de lutte de tous les jours. Et si elle est un principe puissant dans cette lutte, c’est qu’elle résume les aspirations profondes des masses, un principe, faussé par la science étatiste et foulé aux pieds par les oppresseurs, mais toujours vivant et actif, toujours créant le progrès, malgré et contre tous les oppresseurs.

Elle exprime une idée qui, de tout temps, depuis qu’il y a des sociétés, a cherché à modifier les rapports mutuels, et un jour les transformera, depuis ceux qui s’établissent entre hommes renfermés dans la même habitation, jusqu’à ceux qui pensent s’établir en groupements internationaux.

Un principe, enfin, qui demande la reconstruction entière de toute la science, physique, naturelle et sociale.

Ce côté positif, reconstructeur de l’Anarchie n’a cessé de se développer. Et aujourd’hui, l’Anarchie a à porter sur ses épaules un fardeau autrement grand que celui qui se présentait à ses débuts.

Ce n’est plus une simple lutte contre des camarades d’atelier qui se sont arrogé une autorité quelconque dans un groupement ouvrier. Ce n’est plus une simple lutte contre des chefs que l’on s’était donné autrefois, ni même une simple lutte contre un patron, un juge ou un gendarme.

C’est tout cela, sans doute, car sans la lutte de tous les jours - à quoi bon s’appeler révolutionnaire ? L’idée et l’action sont inséparables, si l’idée a en prise sur l’individu ; et sans action, l’idée même s’étiole.

Mais c’est encore bien plus que cela. C’est la lutte entre deux grands principes qui, de tout temps, se sont trouvés aux prises dans la Société, le principe de liberté et celui de coercition : deux principes, qui en ce moment-même, vont de nouveau engager une lutte suprême, pour arriver nécessairement à un nouveau triomphe du principe libertaire.

Regardez autour de vous. Qu’en est-il resté de tous les partis qui se sont annoncés autrefois comme partis éminemment révolutionnaires ? - deux partis seulement sont seuls en présence : le parti de la coercition et le parti de la liberté ; Les Anarchistes, et, contre eux, - tous les autres partis, quelle qu’en soit l’étiquette.

C’est que contre tous ces partis, les anarchistes sont seuls à défendre en son entier le principe de la liberté. Tous les autres se targuent de rendre l’humanité heureuse en changeant, ou en adoucissant la forme du fouet. S’ils crient « à bas la corde de chanvre du gibet », c’est pour la remplacer par le cordon de soie, appliqué sur le dos. Sans fouet, sans coercition, d’une sorte ou d’une autre, - sans le fouet du salaire ou de la faim, sans celui du juge ou du gendarme, sans celui de la punition sous une forme ou sur une autre, - ils ne peuvent concevoir la société. Seuls, nous osons affirmer que punition, gendarme, juge, faim et salaire n’ont jamais été, et ne seront jamais un élément de progrès ; et que sous un régime qui reconnaît ces instruments de coercition, si progrès il y a, le progrès est acquis contre ces instruments, et non pas par eux.

Voilà la lutte que nous engageons. Et quel jeune cœur honnête ne battra-t-il pas à l’idée que lui aussi peut venir prendre part à cette lutte, et revendiquer contre toutes les minorités d’oppresseurs la plus belle part de l’homme, celle qui a fait tous les progrès qui nous entourent et qui, malgré dela, pour cela même fut toujours foulée aux pieds !

Mais ce n’est pas tout.

Depuis que la divison entre le parti de la liberté et le parti de la coercition devient de plus en plus prononcée, celui-ci se cramponne de plus en plus aux formes mourantes du passé.

Il sait qu’il a devant lui un principe puissant, capable de donner une force irrésistible à la révolution, si un jour il est bien compris par les masses. Et il travaille à s’emparer de chacun des courants qui forment ensemble le grand courant révolutionnaire. Il met la main sur la pensée communaliste qui s’annonce en France et en Angleterre. Il cherche à s’emparer de la révolte ouvrière contre le patronat qui se produit dans le monde entier.

Et, au lieu de trouver dans les socialistes moins avancés que nous des auxilliaires, nous trouvons en eux, dans ces deux directions, un adversaire adroit, s’appuyant sur toute la force des préjugés acquis, qui fait dévier le socialisme dans des voies de traverse et finira par effacer jusqu’au sens socialiste du mouvement ouvrier, si les travailleurs ne s’en aperçoivent à temps et n’abandonnent pas leurs chefs d’opinion actuels.

L’anarchiste se voit ainsi forcé de travailler sans relâche et sans perte de temps dans toutes ces directions.

Il doit faire ressortir la partie grande, philosophique du principe de l’Anarchie. Il doit l’appliquer à la science, car par cela, il aidera à remodeler les idées : il entamera les mensonges de l’histoire, de l’économie sociale, de la philosophie, et il aidera à ceux qui le font déjà, souvent inconsciemment, par amour de la vérité scientifique, à imposer le cachet anarchiste à la pensée du siècle.

Il a à soutenir la lutte et l’agitation de tous les jours contre oppresseurs et préjugés, à maintenir l’esprit de révolte partout où l’homme se sent opprimé et possède le courage de se révolter.

Il a à déjouer les savantes machinations de tous les partis, jadis alliés, mais aujourd’hui hostiles, qui travaillent à faire dévier dans des voies autoritaires, les mouvements nés comme révolte contre l’oppression du Capital et de l’État.

Et enfin, dans toutes ces directions il a à trouver, à deviner par la pratique même de la vie, les formes nouvelles que les groupements, soit de métier, soit territoriaux et locaux, pourront prendre dans une société libre, affranchie de l’autorité des gouvernements et des affameurs.

La grandeur de la tâche à accomplir n’est-elle pas la meilleure inspiration pour l’homme qui se sent la force de lutter ? N’est-elle pas aussi le meilleur moyen pour apprécier chaque fait séparé qui se produit dans le courant de la grande lutte que nous avons à soutenir ?


Biographie

Pierre Kropotkine est issu de l’une des plus vieilles familles de la noblesse russe. Sa mère est une femme douce et aimée de tous pour sa grande bonté. Elle est très estimée des serviteurs et fut un modèle pour ses fils en ce qui concerne la tolérance, le respect d’autrui et l’intérêt pour les choses intellectuelles.

De l’âge de 15 ans, et durant cinq ans, il sera l’hôte de l’école des Pages. Il en sortira sergent, place enviée parce que le sergent devenait le page de chambre personnel de l’empereur. Cette place laissait prévoir une ascension rapide et sûre au sein de la cour. Kropotkine vécut donc au côté d’Alexandre II et put se faire une idée précise de ce qui se passait dans son entourage. Cela ne fit que confirmer ses impressions et le dégoûta à jamais de la vie de courtisan. En 1860, Pierre Kropotkine édite sa première publication révolutionnaire. Celleci est manuscrite et destinée à trois de ses camarades : « A cet âge, que pouvais-je être, si ce n’est constitutionnel ? Et mon journal montrait la nécessité d’une constitution pour la Russie ».

Nommé officier, il est le seul à choisir un régiment peu connu et loin de la capitale. Il part donc pour la Sibérie comme aide de camp du général Koukel. Cet homme, aux idées radicales, avait dans sa bibliothèque les meilleures revues russes et les collections complètes des publications révolutionnaires londoniennes de Herzen. En outre, il avait connu Bakounine pendant son exil et put raconter à Kropotkine bon nombre de détails sur sa vie. Sa première expédition importante est la traversée de la Mandchourie, à la recherche d’une route reliant la Transbaïkalie aux colonies russes sur l’Amour. L’année suivante il entreprend un long voyage pour trouver un accès de communication directe entre les mines d’or de la province de Yakoutsk et la Transbaïkalie. Cette découverte, dont Kropotkine n’hésite pas à dire qu’elle est sa principale contribution scientifique, est bientôt suivie par la théorie de la glaciation et de la dessiccation.

Ayant quitté l’armée, il entre à l’université de Saint-Pétersbourg à l’automne 1867. Pendant cinq ans, son temps est entièrement absorbé par les études et les recherches scientifiques. A la mort de son père, il décide de se rendre en Europe occidentale.

L’Association internationale des travailleurs (AIT), dont il avait déjà entendu parler, l’attire. Arrivé à Zurich, il adhère à une section de l’Internationale, puis se rend dans le jura où l’activité libertaire est intense. A Neuchâtel, il rencontre James Guillaume qui deviendra l’un de ses meilleurs amis. A Sonvilliers, il se lie d’amitié avec Adhémar Schwitzguebel. Ces différents contacts le marqueront, ainsi que le comportement des ouvriers jurassiens pour lesquels il a une grande admiration.

De retour en Russie, Kropotkine devient un propagandiste infatigable et, durant deux ans, il parcourt les quartiers populaires de Saint-Pétersbourg déguisé en paysan, sous le nom de Borodine. Il est arrêté en 1874 et conduit à la forteresse Pierre et Paul, il s’en évade grâce à l’aide de sa soeur et se réfugie en Angleterre. Le désir d’agir sur les événements pousse Kropotkine à retourner en Suisse.

En décembre 1876, il séjourne à Neuchâtel où il rencontre Malatesta et Cafiero qui projettent pour l’année suivante une insurrection en Italie. Il s’installe dans le jura et commence pour lui une période d’activités intenses. Il se rend partout où c’est nécessaire, à Verviers (en Belgique), à Genève, à Vevey où il rencontre Élisée Reclus. En juin 1877, Kropotkine et Paul Brousse fondent l’Avant-garde, journal international, pour effectuer une propagande vers la France. A l’automne 1877, il participe au congrès de Verviers qui sera le dernier congrès international de la tendance bakounienne. Après un bref séjour à Genève, il part pour l’Espagne où il est émerveillé par l’implantation de l’anarchisme. C’est au retour de ce voyage qu’il fait la connaissance de Sophie Ananief, avec laquelle il passera le restant de ses jours.

En 1879, Kropotkine édite un journal pour la Fédération jurassienne. C’est ainsi que naît le Révolté qui prendra en 1887 le nom de la Révolte et, pour finir, s’intitulera les Temps nouveaux en 1895. En 1880, il se rend à Clarens pour rejoindre Élisée Reclus qui lui demande de collaborer, pour la partie russe, à son gigantesque ouvrage, la Géographie universelle. C’est là aussi qu’il écrit la célèbre brochure Aux jeunes gens. A son retour, il est expulsé de Suisse à cause de l’assassinant d’Alexandre II.

En 1882, il se rend en France où il est arrêté avec soixante autres anarchistes. Kropotkine et trois de ses compagnons sont condamnés à cinq ans de prison, les autres inculpés à des peines d’un à quatre ans. Pendant ces années d’enfermement, Kropotkine donne à ses compagnons des cours de cosmographie, de géométrie, de physique… et presque tous apprennent une langue étrangère.

Ne pouvant rester en France, le couple décide de séjourner à Londres. Ils ne savent pas alors qu’ils resteront pendant trente ans en Angleterre où le mouvement anarchiste anglais n’a cessé de prendre de l’ampleur. Mme Charlotte Wilson, membre de la société Fabienne, devient peu à peu une disciple de Kropotkine. En 1885, Henry Seymour lance le journal individualiste The anarchist. Dans l’Est End à Londres, les juifs anarchistes font paraître à la même époque un journal en Yiddish (L’ami des travailleurs). Le groupe Freedom, tout nouvellement créé, composé de Kropotkine et de sa femme, de Mme Wilson, du Docteur Burns Gibson et d’un ou de deux autres compagnons, lance en octobre le premier numéro deFreedomLa morale anarchiste paraît en 1890, suivi deux ans plus tard de la Conquête du Pain. Après une série de conférences, au Canada, sur les dépôts glaciaires en Finlande et sur la théorie de la structure de l’Asie, il se rend aux États-Unis où ils fait des meetings sur l’anarchisme. Grâce à l’argent collecté au cours de deux meetings à New-York, John Edelman peut faire paraître le premier journal anarchiste communiste en langue anglaise au États-Unis.

En 1905, la première révolution en Russie l’enthousiasme, il participe à Londres à deux réunions organisées sur ce sujet. En 1911, il écrit pour le nouveau journal des exilés russesRabotni Mir qui deviendra en 1913 l’organe de la Fédération communiste anarchiste. Jean Grave lui rend visite en 1916 et les deux hommes discutent de leur position commune à propos de la guerre. Ils décident de rédiger un texte qui prend le nom de : Manifeste des seize. En mai 1917, Kropotkine prend la décision de revenir en Russie. Il s’embarque donc et partout où il passe malgré les précautions pour voyager incognito, il est chaleureusement accueilli. Il refuse outré, le ministère que lui propose Kerenski et, quand Lénine est maître de la situation, il réitère son refus de participer à tout gouvernement. Il ne cesse de dénoncer la dictature qui s’instaure et en but à des tracasseries de la part des bolcheviques, il meurt à Dimitrov entouré de ses plus fidèles amis. Son enterrement sera la dernière grande manifestation libre en URSS.

Didier Roy (revue Itinéraire)

15 janvier 2014

le théâtre no.......

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HISTOIRE DU THEATRE NÔ : 
Le théâtre Nô est l'héritier des formes les plus anciennes du théâtre Japonais. Il trouve son origine dans les fêtes religieuses célébrées dans les campagnes, afin d'égayer les divinités, et ce faisant, s'assurer de leur bienveillance pour les récoltes. Ces danses avec costumes et masques sont connues sous le nom de Kagura.

Avec l'arrivée du Bouddhisme et de ses nouvelles cérémonies, vers 650, les Kagura, d'obédience Shintôcommencèrent à perdre de leur prestige. Les spectacles évoluèrent alors vers une forme plus profane, mais toujours très festive. Cette nouvelle forme de représentation s'appela alors le Gagaku ou Bugaku. Au IXéme siècle, une nouvelle évolution nommée Sangaku, puis Sarugaku ( "Jeux de Singes" ) ajouta au répertoire des acrobaties et des tours de magie ou de textes comiques.

C'est à l'époque Muromachi, sous l'autorité des Shoguns Ashikaga que deux acteurs, père et fils, établirent les règles de ce qui allait devenir le Nô. Kanami et Zeami gardèrent les grandes lignes du Sangaku, mais en changèrent totalement la forme. Inspirés par la religion Zen, en pleine essor, ils écrivirent de nouveaux textes et imposèrent des règles strictes pour les kimonos, les masques, la musique, la scène... En l'espace d'une vingtaine d'année, ils avaient transfiguré l'ancien Sarugaku populaire, en un art raffiné destiné à l'élite militaire et politique du Japon.


 

LA SCENE DU THEATRE NÔ : 
La scène du Théâtre Nô n'est apparue que plusieurs siècles après la mort de Zeami. Joué le plus souvent en plein air, comme l'aimaient les guerriers Japonais, le spectacle de Nô n'était séparé du public que par une simple estrade de bois légèrement surélevée. A partir du XVII éme siècle on prit l'habitude d'assister aux représentations dans un bâtiment en bois dont la scène devait refléter l'esprit de cette forme théâtrale si raffinée.

La scène du théâtre Nô ( Butai ) s'étend sur environ 6 mètres de côté, et est surplombée d'un toit traditionnel Shintô, soutenu par 5 piliers de bois. Un couloir ouvert de bois laqué ( Hashi-Gakari ) relie la scène aux coulisses ( Kagami No Ma ). Un rideau ( Agemaku ), tendu sur une partie de ce couloir, permet l'apparition feutrée des acteurs sur scène. La décoration du fond est souvent une représentation simple et traditionnelle d'un pin Japonais ( Matsu ).

Au fond de la scène se trouvent les quatre musiciens ( Hayashi ) : la flûte ( Fue ), deux tambours moyens ( Ô Tsuzumi et Ko Tsuzumi ) et un grand tambour ( Taiko ). Le Choeur des récitants ( Jiutai ) se place, quant à lui, à droite de la scène. Enfin un petit escalier de trois marches en bois permet d'accéder à la salle, après avoir franchi un espace rempli de pierre qui crée une barrière symbolique entre le monde imaginaire des acteurs et celui réel des spectateurs.


 

LES PERSONNAGES DU THEATRE NÔ : 
Conformément à la tradition du théâtre Nô, codifiée au XV éme siècle, les personnages du théâtre Nô sont répartis en deux grandes catégories. L'acteur principal ( Shite ) fait progresser l'intrigue par ses danses ou ses lentes melopées. Alors que le spectateur peut voir son visage lors de la première partie de la pièce ( Mae ), dans la deuxième partie (Nochi ), le Shite porte un masque pour effectuer la grande danse lente ( Kuse ). Vêtu de superbes kimonos, l'acteur principal est donc le véritable coeur de la représentation.

Important pour dialoguer avec le Shite, le deuxième rôle ( Waki ) permet aux spectateurs de comprendre à la fois le lieu et le rôle de chaque personnage, mais également l'intrigue principale de la pièce. Le Waki est le premier à rentrer sur scène, introduisant l'ensemble de la représentation. Puis, lorsque le personnage principal rentre en scène, il s'efface durant la première partie de la pièce ( Mae ) ou dialogue avec lui dans la deuxième partie ( Nochi ). Le Waki ne porte pas de masque.

Les autres personnages sont moins importants pour la représentation. Le Tsure ( assistant ) accompagne le Shite dans certaines occasions, et l'assiste pour les danses. Il porte également un masque. On peut aussi noter la présence de quelques figurants présents sur la scène, mais uniquement pour de brefs instants. Dernière précision importante : quelque soit le personnage interprété, les acteurs du théâtre Nô sont tous des hommes.


 

LES MASQUES DU THEATRE NÔ : 
Les masques ont toujours joué un rôle prédominant dans la culture Japonaise. Employés depuis l'époque Jômon, ils se sont répandus dans l'ensemble des fêtes populaires Shintô à l'époque Kamakura. C'est probablement dans ces traditions qu'il faut trouver les origines des masques du Théâtre Noh de l'époque Muromachi.

Haut de 20 cm environ, les masques de Nô sont sculptés dans un bois de cyprès, puis enduit d'une couche de peinture blanche sur laquelle sera appliquée la couleur jaune caractéristique de ces masques. De l'encre noire est utilisée ensuite pour les sourcils et les cheveux. L'ensemble est ensuite recouvert d'une couche de laque très finement appliquée. Les yeux sont d'étroites ouvertures, rendant difficile la vision de l'acteur.

Il existe quatre familles de masque : hommes âgés (Jô), femmes (Onna), hommes (Otoko) et démons (Oni). Chacune de ces catégories comprend elle-même 4 ou 5 variantes différents permettant de représenter la quasi-totalité du répertoire du Nô. Il est à noter que traditionnellement, seul le personnage principal de la représentation (Shite) porte un masque.

 

 

Le théâtre nô ou nô () est un des styles traditionnels du théâtre japonais venant d'une conception religieuse et aristocratique de la vie. Le nô allie des chroniques en vers à des pantomimes dansées. Arborant des costumes somptueux et des masques spécifiques (il y a 138 masques différents), les acteurs jouent essentiellement pour les shoguns et lessamouraïs. Le théâtre nô est composé de drames lyriques des xive et xve siècles, au jeu dépouillé et codifié. Ces acteurs sont accompagnés par un petit orchestre et un chœur. Leur gestuelle est stylisée autant que la parole qui semble chantée. La gestuelle est entrecoupée par les fameux miiye qu'ont représentés les graveurs d'acteurs japonais. Ce sont des arrêts prolongés dans le temps du geste et de la mimique afin d'en accroître l'intensité.

Constitué fin xiiie siècle au Japon, le nô est une forme théâtrale unissant deux traditions : les pantomimes dansées et les chroniques versifiées récitées par des bonzes errants. Le drame, dont le protagoniste est couvert d'un masque, était joué les jours de fête dans les sanctuaires. Ses acteurs, protégés par les daimyos et les shoguns, se transmettent depuis lors de père en fils les secrets de leur art. Le nô a évolué de diverses manières dans l'art populaire et aristocratique. Il formera aussi la base d'autres formes dramatiques comme le kabuki. Après que Zeami a fixé les règles du nô, le répertoire s'est figé vers la fin du xvie siècle et nous demeure encore intact. Le nô est unique dans son charme subtil (yūgen) et son utilisation de masques distinctifs. Lorsqu'ils mettent le masque, les acteurs quittent symboliquement leur personnalité propre pour interpréter les personnages qu'ils vont incarner. Au lieu de narrer une intrigue compliquée, le théâtre nô, hautement stylisé et simplifié, développe donc une simple émotion ou une atmosphère. Fonctionnant sur le même mode que les autocaricatures, la théâtralité permet de passer à une autre interprétation de soi.

Le nô fut une des premières formes d'art dramatique à être inscrite en 2008 (originellement proclamé en 2001) sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO, étant un des types de théâtre du nōgaku, conjointement au kyōgen.

 

Définition et sens du mot no

Le nô peut être défini comme un « drame lyrique » à condition d'entendre le mot « drame » dans son acception première de « action », le lyrisme du nô étant principalement poétique et ne demandant à la musique qu'un rythme et des timbres pour le soutenir.

Le mot « nô » vient d'un verbe signifiant « pouvoir, être puissant, capable de » ; d'où, employé comme nom, le sens de « pouvoir, faculté, talent ».

Le terme nô a, très tôt, été employé pour désigner le « talent » des artistes, danseurs ou exécutants, ce dont ils étaient capables. Par glissement de sens (talent > ce qu'on exécute avec talent > pièce exécutée), on en est très vite arrivé à désigner la pièce elle-même. C'est ce dernier sens de « pièce » que Zeami Motokiyo donne au mot « nô » dans le Nôsakusho consacré à la façon de composer les nô.

Histoire

Sarugaku et Dengaku

Jusqu'au xviie siècle, le nô est connu sous le nom de sarugaku no nō, ou simplement sarugaku. Ce dernier terme provient lui-même de sangaku, qui désigne tout un ensemble d'arts du spectacle, incluant les acrobaties, la jonglerie, la prestidigitation et la pantomime, importés de Chine. Progressivement, la pantomime comique devint l'attraction principale, entraînant le changement de nom (sarugaku pouvant se lire spectacle du singe).

À la cour, l'art privilégié était le gagaku (musique) et le bugaku (danse accompagnant le gagaku). Cet art se voulait harmonieux, élégant, raffiné, et était destiné à un public principalement aristocratique.

À la même époque, les traditions et rites paysans avaient donné naissance à un ensemble de danses et de rites destinés à assurer de bonnes récoltes et à apaiser les mauvais esprits appelés dengaku. Pratiqués en relation avec les pratiques divinatoires du bouddhisme ésotérique, ces rituels avaient l'appui des grands seigneurs et des grands temples bouddhistes. Ces appuis amenèrent les danseurs gagaku à mettre l'accent sur la dimension dramatique de leur art. Le kagura est souvent mentionné comme une des sources essentielles du nô.

Kan'ami et Zeami

En 1374Yoshimitsu Ashikaga, le futur shogun, assiste à un spectacle sarugaku donné par un acteur expérimenté (41 ans) : Kiyotsugu Kan'ami (1333 − 1384). Très impressionné par son jeu de scène, Yoshimitsu Ashikaga l'invite (lui et sa troupe, ainsi que son fils Motokiyo Zeami, alors âgé de 11 ans) à s'installer à sa cour. L'appui conféré par cette puissante relation permit à Kan'ami de développer une synthèse de pantomime sarugaku et des danses et chants du gagaku dans la direction d'un art élégant et raffiné, adapté aux goûts d'un public aristocratique.

La paternité du nô revient cependant au fils de Kan'ami, Motokiyo Zeami (1363-1443). Acteur dans la troupe de son père, il bénéficia également de la faveur du shogun. Poussant la stylisation plus loin que ne l'avait fait son père, il imposa le yūgen, « élégance tranquille », comme idéal du nô. Zeami fut à la fois un acteur, un metteur en scène, et un auteur prolifique, écrivant tout à la fois des pièces et des essais théoriques qui devinrent les fondations du nô. Il est probable qu'il remania en profondeur la plupart des pièces écrites par son père, ainsi que les pièces antérieures. Du fait de la contrainte imposée par ces nouvelles règles, l'aspect burlesque du sarugaku trouva son expression dans la forme comique du kyōgen, dont les représentations sont liées comme un contrepoint à celles du nô. Le traité essentiel de Zeami est la Transmission de la fleur et du style (Fushi Kaden), écrit en1423 et qui reste l'ouvrage fondamental pour les acteurs contemporains.

Nô et shoguns

L'histoire ultérieure du nô est étroitement liée à ses relations avec le pouvoir. Ainsi, après la mort de Kan'ami, trois personnes se partageaient le devant de la scène : Zeami lui-même, son cousin On'ami (mort en 1467) et son frère adoptif Komparu Zenchiku (1405 − 1470). Adeptes d'un style plus flamboyant que celui de Zeami et sans doute aussi meilleurs acteurs, On'ami et Konparu reçurent la faveur des successeurs de Yoshimitsu Ashikaga, les shoguns Yoshinori Ashikaga (1394 − 1441) et Yoshimasa Ashikaga (1436 −1490), tandis que Zeami tomba en disgrâce.

La guerre d'Ōnin (1467-1477) et l'affaiblissement du pouvoir des shoguns qui en découla portèrent un grave coup au nô. Afin de survivre, les descendants de On'ami et de Zenchiku Komparu tentèrent de s'adresser à un public plus large en introduisant plus d'action et plus de personnages.

Le renouveau du nô eut cependant lieu sous les auspices de Oda Nobunaga (1534 − 1582) et de Toyotomi Hideyoshi (1537 − 1598), ce dernier étant un grand amateur pratiquant le nô, qui assurèrent la protection des troupes. C'est en accord avec ses préférences esthétiques (celles de la classe du Bushidô) que fut créée l'École (Ryû) KITA qui vint s'ajouter aux quatre troupes (ZA) traditionnelles. Dans le même temps, la culture splendide de l'époque Momoyama marqua profondément le nô, lui transmettant le goût des costumes magnifiques, la forme des masques encore employés aujourd'hui ainsi que la forme de la scène. C'est également à cette époque que se compose le répertoire classique du nô, phénomène en rapport direct avec le changement de statut des « troupes » en « écoles ».

Scène peinte sur un paravent représentant un acteur de nô, fin du17e siècle.

Cette protection fut poursuivie à la période Edo sous l'autorité des Tokugawa. Déjà profondément lié à une transmission familiale, le nô devint alors totalement une affaire de famille, chaque acteur devant appartenir à un lignage (l'adoption d'adultes était alors une pratique courante, permettant d'intégrer de nouveaux acteurs). Cette évolution est à mettre en relation avec la division de la société en classes de plus en plus étanches qui eut lieu à cette époque.

Élément essentiel des divertissements des shoguns et par extension des samouraïs, le nô devint pratiquement réservé à ces derniers. Sous l'influence de ce public, les représentations se firent plus solennelles et plus longues, le nô devenant un art sérieux, demandant une grande concentration de la part du public.

Vers le nô contemporain

Le nô faillit bien disparaître avec ses protecteurs à l'ère Meiji, avant de connaître un retour en grâce à partir de 1912. C'est à cette époque que le terme nōgaku commença à être utilisé pour désigner l'ensemble formé par le nô et le kyōgen et que se construisirent les premières salles exclusivement dédiées à cet art.

À nouveau menacé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le nô réussit à survivre, et constitue aujourd'hui un des arts traditionnels les plus établis et les mieux reconnus. Le nô fut une des premières formes d'art dramatique à être inscrite en 2008 (originellement proclamé en 2001) sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco en tant qu'un des types de théâtre du nōgaku, conjointement au kyōgen.

Dramaturgie

Ce sont des drames brefs (entre trente minutes et deux heures) : une journée de nô est composée de cinq pièces, de catégories différentes.

La première pièce forme le jo, ou ouverture ; les trois suivantes constituent le ha, ou développement ; la dernière forme le kyû, ou finale. Cette organisation (empruntée par Zeami à la musique) se retrouve également dans la composition de chaque pièce, faisant du jo-ha-kyû un principe esthétique fondamental du .

La scène

La scène de nô du Théâtre national du nō à Tokyo.

La scène procède du dispositif chinois : un quadrilatère à peu près nu (excepté le kagami-ita, peinture d'un pin au fond de la scène) ouvert sur trois côtés entre les pilastres de cèdre qui en marquent les angles. Le mur à droite de la scène est appelé kagami-ita, tableau-miroir. Une petite porte y est ménagée pour permettre l'entrée des aides de scène et du chœur. La scène, surélevée, est toujours surmontée d'un toit, même en intérieur, et entourée au niveau du sol de gravier blanc dans lequel sont plantés de petits pins au pied des piliers. Sous la scène se trouve un système de jarres de céramique amplifiant les sons lors des danses. Les détails de ce système sont l'apanage des familles de constructeurs de scènes de nô.

Un vieux théâtre de nô, Hakusan Jinja, Hiraizumi, Iwate

L'accès à la scène se fait pour les acteurs par le hashigakari, passerelle étroite à gauche de la scène, dispositif adapté ensuite au kabuki en chemin des fleurs (hanamichi). Considéré comme partie intégrante de la scène, ce chemin est fermé côté coulisses par un rideau à cinq couleurs. Le rythme et la vitesse d'ouverture de ce rideau donnent au public des indications sur l'ambiance de la scène. À ce moment l'acteur encore invisible, effectue un hiraki vers le public, puis se remet face à la passerelle et commence son entrée. Ainsi, il est déjà en scène avant même d'apparaitre au public et le personnage qu'il incarne se lance sur la longue passerelle, le hashigakari qui impose des entrées spectaculaires. Le long de cette passerelle sont disposés trois pins à la taille decrescendo; ceux-ci sont des points de repère utilisés par l'acteur jusqu'à son arrivée sur le plateau principal.

Organisation de la scène de nô
Noh Theatre Ground Plan.PNG Légende :
  • 1 : Kagami-no-ma (pièce au miroir)
  • 2 : Hashigakari (pont)
  • 3 : Scène
  • 4-7 : Quatre piliers, respectivement Metsuke-BashiraShite-BashiraFue-Bashira et Waki-Bashira.
  • 8 : Jiutai-za (emplacement du chœur).
  • 9 : Musiciens. De droite à gauche, kue-za (flûte traversière No-kan),kotsuzumi-za (petit tambour), ohtsuzumi-za (tambour moyen) et parfois taiko-za (grand tambour).
  • 10 : Kohken-za (souffleur)
  • 11 : Kyogen-za
  • 12 : Kizahashi (marches)
  • 13 : Shirazu (sable blanc)
  • 14-16 : Pins
  • 17 : Gakuya (coulisses)
  • 18 : Makuguchi (entrée principale, obstruée par un lourd rideau de trois ou cinq couleurs, Agemaku)
  • 19 : Kirido-guchi (entrée du chœur et du souffleur)
  • 20 : Kagami-ita (dessin d'un pin, habituellement dans le style de l'école Kanō.

Le public est disposé face à la scène (butai) ainsi qu'entre le pont et le flanc gauche du butai. Observé sur 180 degrés, l'acteur doit en conséquence prêter une attention particulière à son placement. Les masques restreignant beaucoup son champ de vision, l'acteur utilise les quatre piliers pour se repérer et le pilier à la jointure de la passerelle et du plateau principal (dit le pilier du shite) pour se positionner.

Acteurs et personnages

Un ensemble de nô compte environ vingt-cinq artistes.

Scène de nô: le shite au centre, le wakià droite de dos, chœur à droite et orchestre au fond.

Il y a quatre catégories principales d'artistes, et cinq catégories principales de rôles :

  • Le shitekata correspond au type de jeu d'acteur le plus représenté. Ces acteurs interprètent divers rôles, dont le shite (le protagoniste), le tsure (compagnon du shite), le jiutai (chœur chanté, composé de six à huit acteurs), et les koken (serviteurs de scène).
  • L'acteur wakikata incarne les rôles de waki, personnage secondaire qui est la contre-partie du shite.
  • Le kyōgenkata est le style de jeu réservé aux acteurs jouant les rôles populaires dans le répertoire nô et toute la distribution des pièces kyōgen (représentées en intermède entre deux pièces nô).
  • Le style hayashikata est celui des musiciens qui jouent des quatre instruments utilisés dans le nô.

Les artistes suivent une formation complète de leur métier. Ainsi, qu'il soit acteur, danseur ou musicien, un artiste étudiera avant tout le chant. Le disciple, par exemple un joueur de percussion, lors d'un cours de tsuzumi, se prépare à frapper son instrument puis le maître entonne le chant de la pièce concernée. Le disciple attentif au chant apprend à placer les rythmes qu'il a mémorisés sur le chant qu'il doit « encourager ». Pour comprendre le concept de cette forme musicale, il est indispensable d'être initié au rythme du chant.

De plus, n'étant pas seul sur scène, il doit se combiner avec les autres percussions dans un contexte musical où la mesure est fluctuante (et non constante comme celle d'un métronome) et nécessite une écoute permanente entre les artistes. C'est le chant qui sert de guide à l'ensemble. Pour acquérir cette puissante capacité d'écoute, on étudie également tous les autres instruments. Ainsi, tous les artistes sont pluridisciplinaires mais sur scène, sauf cas exceptionnel, l'artiste ne jouera que dans sa spécialité. Le chant est l'élément essentiel et commun à tous les artistes.

Acteur costumé
Shite, acteur principal du nô, ici dans un costume de divinité féminine.
  • Le shite (littéralement « celui qui agit») est avant tout l'acteur qui joue le personnage principal de la pièce et qui exécute les danses. Il doit pouvoir jouer une vaste gamme de personnages, allant de l'enfant au dieu en passant par le vieillard ou la femme. Tous les acteurs étant des hommes, la nature d'un personnage est signifiée par son costume, très élaboré, et surtout par son masque, plus petit que la taille réelle. Seuls les acteurs shite mettent des masques, réputés concentrer l'essence du personnage à interpréter. Certaines pièces tolèrent un shitesans masque. Il s'agit de mises en scène spéciales compte tenu de la spécificité de l'acteur, une force intrinsèque à son âge (enfant ou vieillard). Dans les deux cas, il doit s'attacher à garder un visage inexpressif, tout comme les autres personnes présentes sur scène, et jouercomme s'il portait un masque (hitamen). Le métier d'acteur shite recouvre aussi les rôles de personnages accompagnant le rôle principal (mais qu'il ne faut pas confondre avec les rôles secondaires) : femme, enfant, animal ou être surnaturel.
  • Le waki (littéralement celui qui est « sur le côté ») a pour rôle essentiel d'interroger le shite et de lui donner une raison pour effectuer sa danse. Joué sans masque, le waki est toujours un personnage d'humain mâle et vivant. Il peut s'agir d'un aristocrate, courtisan ou envoyé, d'un prêtre, d'un moine, d'un samouraï ou d'un homme du peuple. Sa fonction sociale est indiquée par son costume.
  • Les tsure (littéralement « accompagnants, suivants ») sont des personnages secondaires qui accompagnent de leur chant soit le shite, on parle alors de shite-zure, soit le waki, on parle alors de waki-zure. Personnages sans nom, les tsure n'influent pas sur l'action de la pièce. Dans la pièce, plus qu'un personnage, le tsure n'est qu'une voix.
  • Les tomo (littéralement « compagnons ») sont des utilités et n'ont qu'un rôle épisodique. Ils représentent des serviteurs.
Kyôgen-shi au premier plan, avec sonwaki assis au second plan.
  • Le kyôgen-shi, présent dans un grand nombre de nô, le kyôgen-shi est le comique de la pièce. Parfois mêlé à l'action en qualité de comparse (portier de temple, batelier, portefaix, etc.) il n'a, la plupart du temps, qu'un rapport indirect avec la pièce elle-même. Son rôle consiste essentiellement à occuper la scène pendant le ai (littéralement « intervalle »), l'intermède qui sépare le nô en deux parties.
Membre du chœur allant s'installer à sa place
  • Le ji est un chœur, soit il prend directement part à l'action en se substituant à un acteur pour exécuter certains chants soit, personnage intemporel, il exprime le sentiment que l'action suggère. À la différence de la tragédie grecque, il ne représente jamais un groupe de personnages.
  • Le kôken (littéralement « surveillant »), n'est pas un acteur. Mais, bien que ne prenant pas part à la pièce, il est essentiel à son bon déroulement. Assis au fond de la scène en costume de ville, il dispose à l'avance les objets nécessaires, les faire disparaître lorsqu'ils ne le sont plus et fournit à point nommé ceux qui sont indispensables au cours de l'action (épée, éventail, canne, etc.). Il peut en cas de nécessité remplacer le shite.

Musique et texte

Les musiciens du nô : de droite à gauche, taikoō-tsuzumi et ko-tsuzumi(tambours), nōkan.

Outre les acteurs, la scène est occupée par des musiciens, rangés au fond de la scène, et par un chœur de huit à douze personnes occupant le côté droit. La musique est produite au moyen de trois types de tambours de taille croissante, l'un porté à l'épaule (ko-tsuzumi), le second entre les jambes (ō-tsuzumi) et le troisième (taiko) joué avec des baguettes de cyprès, ainsi que d'une flûte de bambou à sept trous (fue est le nom générique des flûtes traversières au Japon, le théâtre nô utilise la flûte nōkan). Les deux premiers tambours ont un corps de cerisier, le troisième d'orme, tous sont tendus de cuir de cheval et réglé par des cordes de lin.

La musique a pour fonction de créer l'ambiance, souvent une atmosphère étrange, en particulier quand interviennent des éléments surnaturels. Les anciens masques du nô étaient tenus par la bouche et les acteurs ne pouvaient pas prononcer de texte, c'était donc le chœur qui parlait à leur place.

Pour l'essentiel, le chœur est chargé de fournir les éléments de narration, de commenter le récit et de dire les répliques d'un acteur lorsque celui-ci exécute une danse, ou d'amplifier l'intensité dramatique d'une tirade. La domination des percussions dans la musique souligne l'importance fondamentale du rythme dans la représentation de no.

Le texte est psalmodié selon des intonations rigoureusement codifiées.

On distingue neuf formes chantées :

  • le shidai sorte de prose chantée est, en général, un récitatif assez simple ;
  • l'issei commence le rôle du shite. C'est l'une des formes les plus mélodiques du nô et son exécution est ordinairement confiée à deux voix,shite et shite-zure ;
  • l'uta (littéralement « chant ») revient plusieurs fois au cours de la pièce, généralement quatre ;
  • le sashi dont la forme présente une certaine régularité désigne un passage situé entre deux formes de caractère différent pour les relier ou préparer la seconde ;
  • le kuri est un chant animé aux inflexions variées qui introduit le kuse. Il débute souvent par une maxime, une généralité ;
  • le kuse, forme chantée la plus développée. Le kuse, au rythme calme et régulier, est ordinairement accompagné d'une danse ;
  • le rongi (littéralement « discussion ») est une sorte de dialogue chanté entre le chœur et le shite ;
  • le waka suit la danse du shite pendant laquelle il n'y a pas de chant. L'éventail ouvert devant le visage, le shite, immobile au centre de la scène, chante le premier vers, le chœur le reprend et continue le morceau pendant que le shite exécute une nouvelle danse ;
  • le kiri (littéralement « finale ») est un chœur assez court, de forme libre, qui clôt la pièce.

Du fait de la fixation du répertoire à la fin du xvie siècle, le texte est en japonais archaïque, incompréhensible pour les Japonais contemporains. La plupart des salles proposent ainsi des traductions du texte.

Structure du no

Le nô comporte deux parties, l'une d'exposition, l'autre d'action. Le shite, acteur dans la première devient danseur dans la seconde, ce que souligne le changement de costume plus somptueux alors.

Le nô se divise en scènes appelées ketsu (littéralement « division, coupure »). Ces dernières sont caractérisées beaucoup plus par les formes littéraires ou musicales employées que par l'entrée ou la sortie des personnages.

Première partie

  • Scène 1 : entrée du wakiShidainanorimichiyuki.
  • Scène 2 : entrée du shiteIssei (avec ou sans ni no ku), sashiuta, (sage-uta et age-uta).
  • Scène 3 : dialogue et exposition. Mondô avec ou sans katarisashi (kakaru), uta.
  • Scène 4 : développement. Kurisashikuse.
  • Scène 5 : suite du développement et conclusion partielle. Ronginaka-iri, intermède.

Deuxième partie

  • Scène 6 : entrée du nochi-jiteMachi-utaiissei dialogue chanté.
  • Scène 7 : danse du shite conduite soit par le chant du kuse, soit par l'orchestre.
  • Scène 8 : conclusion. Wakakiri. Danse du waka interrompue par le chant du shite qui scande le kiri.

Pièces

Une pièce de nô implique toutes les catégories d'acteurs. Il y a approximativement deux cent cinquante pièces au répertoire. On peut les répartir en deux groupes selon leur réalisme, ou en six catégories selon le thème. Ce dernier influera sur le moment où la pièce est jouée au cours de la journée traditionnelle de nô, qui comporte une pièce de chacune de ces six catégories.

Genzai nō et mugen nō

Le genzai nō désigne les pièces réalistes. Le personnage principal est alors un être humain vivant, et l'histoire se déroule en temps réel. La pièce est centrée autour des sentiments du personnage, toujours pris dans une situation dramatique. Le dialogue parlé constitue le moyen essentiel d'exposition.

Le mugen nō fait en revanche appel à des créatures imaginaires, divinitésfantômes ou démons. Ces créatures sont toujours jouées par le shite. Les pièces sont alors divisées en deux actes. Dans le premier, la créature apparaît sous l'aspect d'un être humain au waki venu visiter un lieu sacré ou célèbre. Au second acte, il se révèle et exécute une danse. Ce second acte est supposé se dérouler dans un rêve ou une vision de waki, d'où le nom de mugen, qui désigne ce type d'expérience.

Le sujet des mugen nō fait le plus souvent référence à une légende ou à une œuvre littéraire. Écrit dans une langue à la fois archaïque et poétique, le texte est chanté selon des intonations obéissant à des règles strictes de kata (formes imposées par la tradition). De même, les acteurs adoptent pour ce type de pièces un pas glissé caractéristique, et les mouvements des danses sont eux-mêmes très codifiés. Cette stylisation extrême donne à chaque mouvement et intonation une signification conventionnelle propre.

La mise au point des caractéristiques essentielles du mugen nō est attribuée à Zeami. Plutôt que de tenter de recréer la beauté sur la scène, son but est de susciter dans l'auditoire un état d'esprit propre à la contemplation de la beauté, sa référence étant le sentiment éprouvé face à la beauté d'une fleur.

Les six types de pièces

Les pièces de nô sont le plus souvent classées par sujet, qui régissent leur ordre de représentation (une journée de 5 pièces voit ainsi se succéder les catégories 1 à 5 de pièces). Cet ordre constitue un héritage de l'époque des Tokugawa :

  • Okina ou kamiuta.
  • 1re catégorie : pièces de dieux.
  • 2e catégorie : pièces de guerriers.
  • 3e catégorie : pièces de femmes.
  • 4e catégorie : pièces de femmes folles ou de folie.
  • 5e catégorie : pièces de démons.

Okina ou kamiuta

Il s'agit d'une pièce unique alliant danse et rituel shinto. En toute rigueur, il ne s'agit pas de nô, mais d'une cérémonie religieuse utilisant le même répertoire de techniques que le nô et le kyōgen. Il représente la bénédiction accordée par une divinité à l'assistance. Le masque est alors un objet religieux à part entière.

Ces pièces sont aussi connues sous le nom de sanban, « les trois rituels », en référence aux trois pièces essentielles chichi-no-jookina, et kyōgen sanba-sarugaku. Le rôle principal est tenu par un acteur de nô, le rôle secondaire par un acteur de kyōgen.

Ces pièces ne font partie des journées de nô qu'à l'occasion de la nouvelle année ou de représentations spéciales. Elles sont alors toujours données au début du programme.

Nô de dieux

Appelées aussi waki nō (nô d'après, après l’okina), elles ont une divinité comme personnage principal. Typiquement, le premier acte narre la rencontre d'un prêtre avec un autre personnage sur un lieu célèbre ou en route vers un tel lieu. À la fin de l'acte, l'autre personnage se révèle une divinité. Celle-ci, ou une divinité liée, revient à l'acte II pour exécuter une danse et bénir l'assistance, un temple ou les récoltes.

Exemples de pièces : le Vieux Pinles Deux PinsPo Chu-il'Arc du temple d'Hachimanla Déesse des cerisiersla Reine-mère de l'OuestKamole Dieu du temple de Shirahigel'Île aux bambous de la déesse Benten, etc.

Nô de guerriers

En japonais shura-nō, ces pièces sont centrées autour de l'esprit de guerriers morts, et tombés en enfer après leur mort. Ils reviennent alors pour raconter la vie dans l'ashura(enfer de la guerre), ou leur dernière bataille.

Exemples de pièces : le Général Tamura-maruYoshitsune à Yashimale Carquois de Kagetsuele Guerrier Michimorila Noyade de Kyotsunele Vieux SanemoriMinamoto no YorimasaDame Tomoe.

Nô de femmes

Appelées « nô de femmes » ou « nô à perruque » (kazura-nō), ces pièces tournent autour de l'esprit de femmes belles, de jeunes nobles, voire de plantes ou de déesses. Le moment essentiel de ces pièces est une danse gracieuse.

Nô de femmes folles ou de folie

Cette catégorie, assez mal définie, regroupe les pièces n'appartenant pas aux autres groupes, c'est pourquoi elle est aussi appelée la catégorie des «nô variés». Les pièces dépeignent en général un personnage, souvent une femme, tombant dans la folie par jalousie ou après la mort d'un être cher.

Nô de démons

Aussi appelées « nô de la fin » (kiri nō), ces pièces comprennent un personnage surnaturel, démon, roi-dragon, gobelin ou autre esprit de ce type, quoique le personnage central de certaines soit simplement un jeune noble. Ces pièces ont un rythme plus rapide, soutenu par l'utilisation du tambour à baguettes (taiko). Une danse rythmée constitue leur point culminant, qui est également celui de la journée de nô

Accessoires

Tout comme le répertoire, la diction et les attitudes, les accessoires sont issus d'un corpus traditionnel et jouent un rôle dans la compréhension de la pièce. Les accessoires les plus connus sont les masques, mais les costumes et les autres accessoires font l'objet de la même attention.

Les masques

Des documents de l'époque Momoyama (xvie siècle) font état d'une soixantaine de masques de nô (en japonais omote, « visage »), dont la plupart sont encore employés aujourd'hui. Ils sont utilisés pour tous les rôles de shite à l'exception des rôles d'enfants et d'hommes adultes vivants (par opposition aux fantômes). Quand le shite joue sans masque, il doit garder une expression neutre, exactement comme s'il portait quand même un masque. La conception des masques de nô mêle des éléments réels et symboliques, leur but étant de renseigner sur le type de personnage ainsi que sur son humeur. Lorsqu'il met le masque, l'acteur quitte symboliquement sa personnalité propre pour prendre celle du personnage qu'il va incarner. La contemplation du masque fait ainsi partie du travail de préparation pour le rôle. De plus, du fait de l'éclairage, l'expression du masque est conçue pour pouvoir varier en fonction de l'angle d'exposition. L'acteur doit ainsi constamment contrôler l'inclinaison de sa tête afin de présenter à la lumière son masque selon l'orientation voulue par l'humeur de son personnage.

Plus petits en taille que le visage de l'acteur, les masques réduisent considérablement son champ de vision. Il utilise alors les piliers de la scène pour se situer.

De même que pour les pièces, les masques sont répartis en six catégories.

Masques pour Okina

Les masques pour Okina proviennent du sarugaku, et datent donc dans leur conception d'avant la formalisation du nô. De ce fait, les plus anciens constituent des objets sacrés conservés dans des temples. Ils représentent à une exception près des dieux âgés et riants. Ils se distinguent des masques de nô proprement dits par le fait que la mâchoire n'est pas solidaire du reste du masque ainsi que par la forme des yeux et des sourcils.

Masques de vieil homme

Masque de vieil homme, époque d'Edo.

Les masques de vieil homme regroupent une grande variété de masques qui se distinguent les uns des autres par l'implantation des cheveux, la présence d'une barbe, le traitement des dents, et surtout l'impression. Cette dernière signale la véritable nature de la créature se présentant sous l'apparence d'un vieillard : véritable vieil homme, il peut aussi s'agir d'un dieu, d'un fantôme ou d'un esprit ayant adopté un tel déguisement.

Masques de démon

Masque de démon, époque d'Edo.

Les masques de démon, qui peuvent avoir la bouche ouverte ou fermée, se distinguent par la grande expressivité des traits et la coloration dorée des yeux. Ces deux éléments expriment la puissance brute et la sauvagerie des êtres surnaturels qu'ils représentent. Seuls des masques de démons féminins possèdent des cornes; les masculins n'en ont pas.

Masques d'homme

Masque d'adolescent, époque d'Edo.

Les masques d'homme sont la catégorie la plus nombreuse. Ils peuvent représenter un type humain particulier (le beau jeune homme, par exemple), signifier une caractéristique physique (la cécité) ou encore servir de déguisement à un être surnaturel (fantôme, jeune dieu) ; certains sont même propres à un rôle particulier.

Masques de femme

Masque de femme

Tout comme les masques d'homme, les masques de femme sont classés en fonction de l'âge et de l'expression du personnage représenté. Cependant, ils varient beaucoup moins en diversité d'expression, se concentrant plus sur des types particuliers, la jeune et belle femme, la mère inquiète et la vieille femme digne. Certaines expressions, en particulier celle de la femme jalouse, ne sont pas classées parmi les masques de femme, mais parmi les masques d'esprit vengeur.

Masques d'esprit vengeur

Masque d'esprit vengeur féminin, époque d'Edo.

Les masques d'esprit vengeur sont employés dès lors que la colère, la jalousie ou la haine submergent le caractère propre de la créature représentée, qu'elle soit un être vivant (homme ou femme) ou surnaturel (un fantôme), ces masques signifiant d'ailleurs le passage d'un état à l'autre. Ils ont en commun une coiffure ébouriffée et la dorure des yeux qui, comme dans le cas des masques de démon, dénotent l'absence de retenue et la sauvagerie des caractères possédés par leur passion.

Costumes

Les costumes (shozoku) sont issus des vêtements de cérémonie des nobles et des samouraïs de l'époque Muromachi (xive-xvie siècles). Le plus souvent en soie, ils sont particulièrement épais et lourds afin d'accentuer l'impression de richesse et d'élégance. Leurs ornements, sophistiqués, font partie intégrante du personnage joué, dont ils dénotent la nature ainsi que l'humeur. De ce fait, ils sont pratiquement aussi importants que le masque pour la composition du caractère, et font l'objet d'une contemplation de l'acteur qui s'imprègne de son rôle.

Accessoires

Tous les personnages entrant sur scène, y compris les musiciens, sont dotés d'un éventail. Les motifs des éventails, tout comme les masques et les costumes, renseignent sur la nature et l'humeur du personnage. L'éventail peut représenter un éventail, un objet différent (rame, épée...), un élément de l'environnement (soleil, neige...) ou un sentiment du personnage (joie, colère...).

Une boîte à perruque, la plupart du temps une boîte en laque, sert fréquemment de siège.

Enfin, le décor est constitué d'éléments légers, à base de bambou, sur lesquels sont liés des végétaux ou des tissus, donnant une idée du type d'environnement de la pièce. Contrairement à tous les autres objets du nô, les éléments de décor sont construits pour chaque représentation, et détruits ensuite.

Le nô aujourd'hui

Il y a environ mille cinq cents acteurs et musiciens professionnels de nô au Japon aujourd'hui4, et cette forme d'art recommence à prospérer. Contrairement au kabuki qui est toujours resté très populaire, le nô s'est peu à peu tourné principalement vers une certaine élite intellectuelle. Les cinq familles de nô sont les écoles Kanze (観世), Hosho (宝生),Komparu (金春), Kita (喜多), et Kongo (金剛). Les familles de kyōgen étant à part.

On compte environ soixante représentations par mois à Tokyo, plus trente dans le Kansai, pour un fonds de deux cent cinquante pièces régulièrement jouées.

Influence sur le théâtre occidental

L'ouverture du Japon, à la fin du xixe siècle, suscite l'intérêt de plusieurs artistes occidentaux. En 1921, le poète Paul Claudel est nommé ambassadeur de France au Japon, ce qui le marque le plus dans la structure dramatique du nô est sa musicalité. Il expose cette idée dans certains de ses textes critiques comme le Nō et Le drame et la musique. L'influence que le théâtre nô a pu avoir sur la dramaturgie de Claudel est surtout formelle. À la même époque en Irlande, Yeats, prix Nobel de littérature en 1923, est initié au nô et en imprègne tout son théâtre. Stanislavski ou Meyerhold se penchent également sur la dramaturgie japonaise, et font quelques expériences de mise en scène orientalisantes, mais s'inspirant plutôt du kabuki pour son aspect plus coloré et exotiquement spectaculaire. Bertolt Brecht, après s'être passionné pour le théâtre chinois, adapte en 1930 un nô :Taniko, sous le titre Der Ja-sager (celui qui dit oui).

Plus récemment, les nô modernes de Yukio Mishima, grâce à la traduction française de Marguerite Yourcenar, ont fait connaître au grand public francophone quelques éléments essentiels du nô, tels que les « fantômes vivants » ou les métamorphoses animalières. Les pièces de Mishima sont très fréquemment mises en scène également par les jeunes compagnies, et beaucoup dans le Off du Festival d'Avignon jusque dans les années 2000.

Actuellement en Suisse, le metteur en scène Armen Godel, passionné de nô et traducteur du japonais, monte notamment des œuvres de Racine, Corneille, ou bien sûr Mishima, les imprégnant du yūgen (mot typique du nô que René Sieffert traduit par « charme subtil ») et en France, depuis les années 1980, le metteur en scène et directeur de théâtre Junji Fuseya initie des artistes occidentaux à sa technique adaptée de sa propre formation traditionnelle de nô et kyōgen. Il faut noter encore l'inspiration que Peter Brook a certainement trouvé chez Yoshi Oida, avec lequel il a travaillé de nombreuses années.

 

Masques du théâtre japonais

Nom suivi de la description des masques utilisés dans le théâtre japonais  (drame lyrique), Kabuki (drame épique) et kyogen (farce). Le plus souvent, les masques sont utilisés indifféremment dans tous les théâtres. Lorsqu’ils sont particuliers à l’un d’entre eux, ils sont signalés. Enfin, ils sont classés par ordre alphabétique. Les dessins de certains masques sont reproduits en fin d'article. .

  1. ayakashi, masque d'homme (illustré dans le « Kokkiwa »);
  2. mitama ayakashi, variante du précédent1;
  3. akobu et akobujo;
  4. Akubo, méchant prêtre à la barbe hirsute;
  5. akujo, vieillard méchant habituellement barbu;
  6. hanakobu akujo, identique au précédent mais porte une verrue sur le nez;
  7. kobu akujo, variante du n° 5;
  8. meika akujo, variante du n° 5;
  9. washibana akujo, variante du n° 5 avec le nez crochu;
  10. ama za kuro;
  11. asakura, voir Kojo (n° 63);
  12. ayakiri, masque gigaku;
  13. bato, masque gigakuavec un grand nez et des cheveux longs;
  14. beshimi, masque de démon;
  15. chorei beshimi, variante de Beshimi, chef desOnis. Voir égalementObeshimi (n° 85) etKobeshimi (n° 60);
  16. boatsu, masque d'unBiddhisattva;
  17. buaku, vieillard très ridé et très méchant;
  18. bugaku, peut-être une variante du précédent;
  19. chiji no jo, masque de vieillard;
  20. choja, masque gigakud'un homme arborant un mince sourire et au nez crochu;
  21. chujo, appelé aussi wata otoko, jeune officier. Voir n° 127;
  22. dai hechi nommé Dai Hetsu shi ou « masque de démon »;
  23. dai kasshoku, masque de femme souriante;
  24. dai doji, grand masque de doji (jeune homme);
  25. deigan (de Dei, « boue » en japonais et Gan, « œil »), masque féminin;
  26. emmei kwanja, serait Daikoku pour Muller. Voir égalementjomeikenja (n° 48)
  27. fudo, divinité des chutes d’eau (cascades);
  28. fukai ou fukami oushakumi ou zo, jeune femme;
  29. fukujin, homme chanceux;
  30. futen, Dieu du vent;
  31. fukakusa otoko, masque masculin au faciès angoissé;
  32. gedo, masque de diable ou d’hérétique;
  33. genjoraku, masque gigaku;
  34. hakushiki, de « couleur blanche », signification semblable au masque d’Okina et utilisé dans la danse « Sembasso ». Sa forme est identique à celle du masque Kokushiki à la différence près que ce dernier est noir.
  35. hannya, masque de diable féminin. Apparaît fréquemment dans diverses pièces Nô en tant que : Adachigahara,Dojo-ji (Kiyohime), Aoi no ue, Momijigari, ainsi que dans les pièces de Watanabe no Tsuna, Omori Hikohichi, etc…;
  36. hashihime;
  37. heida, masque d’homme;
  38. hemi jo, masque de vieillard très semblable au masque Snko (n° 100);
  39. hyottoko masque masculin dont la bouche, de forme tubulaire se porte en avant (ce masque est aussi appelé le « souffleur d'eau »), semblable à une personne qui fait la moue. Il arbore parfois une moustache. On le rencontre habituellement avec des danseurs de Manzai en tant que personnage comique. Il est alors utilisé dans le théâtre Kiogen;
  40. hokwansante, masque gigaku;
  41. ikazuchi, autre nom de la divinité du tonnerreKaminari ou Raiden;
  42. ikkaku sennin, masque d’homme porteur d’une unique corne au milieu du front. Personnage principal de la pièce du même nom parMotoyosu;
  43. imawaka, masque masculin;
  44. jaguchi, masque figurant une « gueule de serpent »;
  45. jido, masque de jeune homme. Le personnage principal dans la pièce Nô Kikudjido;
  46. jisungami, « Kami aux dix pieds ». Masque féminin;
  47. jo nom générique donné aux masques figurant un homme;
  48. jomei kanja, masque de vieil homme souriant. La barbichette est identique à celle d’Emmei Kwanja(n° 26);
  49. jiuroku, masque d’homme de la soixantaine avec une mine reposée, peut être Kikujido;
  50. kachiki, masque d’une femme affamée;
  51. kagekiyo, masque d’un vieillard aveugle héros d’une pièce  portant le même nom;
  52. kaminari (voir Ikazuchi), divinité du Tonnerre;
  53. kantan no otoko, personnage masculin tiré de Hantan (Chih lih,Chine, héros d’une pièce traduit dans Classical Poetry of the Japanesepar Chamberlain;
  54. kawazu, masque de crapaud utilisé dans la pièce Jiraiya;
  55. katsujiki, masque masculin, un Glouton;
  56. kijo, masque d’un diable féminin plus petit que celui d’Hannya (n° 35);
  57. kiokumi, masque féminin;
  58. kitoku, masque gigaku;
  59. kitsune, masque d’un renard;
  60. kobeshimi, petit masqueHeshimi représentant un diable parfois barbu;
  61. koja, « Serpent-renard »;
  62. koji, peut-être le même que Katsujiki (n° 55).togan kojijinen koji;
  63. kojo, « Petit homme âgé »;
  64. koiguchi kitoku, masque gigaku;
  65. kokujiki, masque noir utilisé pour la danse « Sambasso »;
  66. ko-omote, petit masque de femme;
  67. konkwai, masque de renard ayant revêtu l’aspect d’un prêtre;
  68. kotobide, « petitTobide »;
  69. ko ouchijo, voir Ouchijo(n° 94);
  70. kozura, petite jeune fille vierge;
  71. kumasaka, voir Kumasaka Chohan, le voleur;
  72. kurohige, homme à la barbe noire;
  73. kurokami, homme à la barbe noire;
  74. kwonin, masque gigaku;
  75. magojiro, masque féminin;
  76. maijo ou bujo, vieillard dansant;
  77. mambi, en japonais « sourcils parfaits ». Remarquables par leur absence;
  78. masu ou masugami, masque de fille;
  79. moko, en japonais : « tigre furieux »;
  80. nakimasu, femme pleurant;
  81. mamanari, masque de diable dont les cornes sont plus courtes que celle d’Hannya. Utilisé dans la pièceShekkoseki du théâtre et décrit lors de la scène de capture d’unOni par Koremochi;
  82. nanja, « Homme-serpent »;
  83. niakunan, identique au masque Chujo (n° 21);
  84. niudo, identique au masque Mitsume Niudo, le lutin porteur de trois yeux. « Niudo » veut dire « retiré de la vie religieuse » en japonais;
  85. obeshimi, en japonais « grand Heshimi ». Masque de diable sans ses cornes. La bouche est hermétiquement close;
  86. okame. Voir Uzume (n° 126);
  87. okina, masque de la danse Sambassoreprésentant un vieil homme avec des touffes de cheveux sur le front et sur les commissures labiales. Très semblable à un masque comique illustré par Floegels;
  88. omoni;
  89. oni, nom générique donné au diable;
  90. otobideGrand Tobide, masque de diable sans ses cornes mais représenté la bouche ouverte et avec une barbe noire;
  91. otoko et onna, vieil homme et vieille femme. Masques gigaku.
  92. raiden, divinité du tonnerre. Voir Kaminari(n° 52) et Ikazuchi (n° 41);
  93. rashomon, masque de diable. Voir Watanabe no Tsuna;
  94. ouchijo, veil homme;
  95. ran RIO, appelé aussiRIU-O. masque du RoiRiujin de la Mer. Masque gigaku;
  96. rôjô, vielle femme souriante;
  97. roso, prêtre âgé souriant;
  98. saisoro, masque gigaku;
  99. samba ousambasso. Voir les masques de Kokujiki(n° 65), Hakushiki (n° 34) et Okina (n° 87). Il existe aussi un masque avec une langue protruse utilisé lors des dansesSambasso;
  100. Sanko ou sankojo, masque de vieil homme sculpté, à l’origine, par le sculpteur Sankobo;
  101. Saru, masque de singe dont il existe plusieurs variantes parmi lesquelles Saru Beshimiet Saru Tobide tous deux des « singes-démons »;
  102. Saruta, masque gigakude Satura Hiko no Mikoto porteur d’un long nez à la Pinocchio. Il ne faut pas le confondre avec un Tengu;
  103. Semimaru, masque masculin représentant le fameux joueur de flûte Semimaru;
  104. Shaka, masque du Bouddha;
  105. Shakumi, masque de femme. voir Fukai (n° 28);
  106. Shikami, masque d’un homme fronçant les sourcils;
  107. Shinja
  108. Shinsotoku, masquegigaku;
  109. Shintai, masque d’homme;
  110. Shiofuki, vent salé. La bouche est allongée en forme de tuyau;
  111. Shishiguchi, gueule de lion, mentionné dans le Sun;
  112. Shiwajo, veillard ridé et fronçant les sourcils;
  113. Shôjô, buveur desaké;
  114. Shojô, masque de vieillard portant la barbe et dont le visage exprime la souffrance;
  115. Shunkwan, masque du prêtre Shunkwan, héros de la pièce  du même nom;
  116. Suikô, masque gigakuaux oreilles aplaties, un nez crochu et pointu et dont la tête est couverte d’une peau de tigre. Voir Kappa.
  117. Sumiyoshi Otoko, jeune homme dont les sourcils sont relevés en forme d’accent circonflexe;
  118. Tako ou Hiottoko ou encore Igo, souvent représenté avec un œil ouvert et l’autre fermé. La bouche est allongée en forme de tuyau. C’est un masque de comédie (théâtre Kabuki);
  119. Tenko, masque de renard;
  120. Tengu, les anciens masques de Tenguavaient le type du Tengu à fort bec d’oiseau mais on rencontre des masques de Tengu arborant une figure humanoïde dotée d’un long nez à la Pinnochio très proche de Saruta (n° 102) mais peint en rouge. Le masque deSōjōbō est souvent identique à celui Otobide (n° 90) mais le personnage qui le porte est muni d’ailes dans le dos;
  121. Tokouka, vieillard au large sourire et dont les yeux, à moitié onverts, clignent;
  122. Toru (voir Owada Tateki,vol. 4);
  123. Tsurimanako, homme au regard en coin, démon sans corne;
  124. Uba, masque de veille femme. Sorcière du théâtre ;
  125. Uobiyoe;
  126. Uzume, voir Okame (n°86);
  127. Waka Onna, jeune femme ; Waka Otoko, jeune homme;
  128. Waraijo, vieillard riant. Identique à Sankojo (n° 100);
  129. Yace Otoko, homme mince;
  130. Yace Onna, masque de jeune femme mince arborant une souffrance;
  131. Yakan, masque de renard (voit Kitsune, n° 59);
  132. Yama no Kami, Seigneur des Montagnes. Parfois porteur de trois yeux;
  133. Yama Uba, masque féminin parfois porteur de cheveux blancs peints. Utilisé associé à une perruque;
  134. Yasha, masque d’une divinité féminine arborant un sourire féroce;
  135. Yorimasa;
  136. Yoshisada Nitta, morsure de la lèvre inférieure, une flèche traverse le front.
  137. Yorohoshi, appelé aussiYowa Hoshi, prêtre infirme;
  138. Zo ou Zo-onna, voirFukai (n° 28).

Quelques masques

 

24 avril 2013

les cultures et le viol.......

zuni

 

le résumé des études d’anthropologie, notamment celles qu’a menées Peggy Reeves Sanday, et qui l’ont conduit à penser qu’il existait des cultures sans viol et des cultures enclines au viol.

 

L’anthropologue Peggy Reeves Sanday a étudié plusieurs sociétés préindustrielles afin d’établir leur vision du viol, mais aussi de la sexualité et des rapports entre les hommes et les femmes.

 

En 1982, elle a ainsi publié une première étude interculturelle où elle comparait 156 sociétés du monde entier. Elle les a classées en trois catégories :

 

  • Culture sans viol : le viol est rare, voire absent (47% des sociétés étudiées)
  • Culture où le viol est présent, mais où il manque de données sur sa fréquence (35% des sociétés étudiées).
  • Culture encline au viol (18% des sociétés étudiées): culture où le viol est fréquent ; ou est utilisé comme un acte de cérémonie ; ou bien comme un acte pour punir ou menacer les femmes.

 

Dans une étude de 1993 portant sur 35 sociétés préindustrielles, Patricia Rozée a trouvé des chiffres bien différents. Elle nota la présence de viols dans toutes les sociétés étudiées et considéra ainsi qu’il n’existait pas de cultures sans viol. Cependant, Sanday ne prétendait pas que dans les cultures sans viols, le viol n’existait pas du tout, mais qu’il était socialement désapprouvé.

 

Rozée trouva des viols normatifs dans environ 97% de ces cultures (soit 34 cultures sur 35), et des viols non normatifs dans 63% d’entre elles. Ce que Rozée appelle « viols normatifs » sont des rapports sexuels non consentis, mais qui ne sont pas punis, car n’allant pas à l’encontre des normes culturelles établies. Elle classa ces viols normatifs  en six catégories : viol marital, viol d’échange (quand un homme « prête » sa femme à d’autres homme par geste de solidarité ou de conciliation), viol punitif, viol de guerre, viol cérémonial (rituel de défloration, test de virginité…) et enfin viol lié au statut (par exemple : viol d’une esclave par sin maître). Une septième catégories de viols normatifs peut être rajouté : le viol lors d’un rendez-vous amoureux. A l’inverse, les viols non normatifs s’opposent aux normes sociales et sont donc punis. Ainsi le viol peut prendre de multiples forces, en fonction du contexte sociétal.

 

Parmi toutes les sociétés étudiées par Rozée, il y en avait donc une qui ne semblait pas offrir de structure sociale permettant de violer les femmes en toute impunité. On peut donc supposer que cette culture est une culture sans viol, selon la définition qu’en donne Sanday. Par ailleurs, les données de Rozée, tout comme celles de Sanday, montrent que la prévalence du viol varie significativement en fonction de l’organisation sociétale.

 

Reprenant les concepts de Sanday, je vais à présent vous décrire le profil des cultures enclines au viol et des cultures sans viol.

 

Les cultures enclines au viol

 

 Une société prônant le viol présente plusieurs caractéristiques :

 

  • Le viol des femmes est largement autorisé, ou du moins, sa gravité est banalisée. Des structures sociales permettent de le normaliser
  • Le groupe des hommes est perçu comme opposé à celui des femmes. L’entrée dans l’âge adulte est marquée par des rituels violents, qui incluent parfois le viol de femmes.
  • L’épouse d’un homme est perçue comme sa propriété. Ainsi, quand une femme est violée, c’est le mari qui est dédommagé.
  • Domination masculine
  • Séparation des sexes
  • Violence interpersonnelle
  • Inégalité économique

 

Sanday, dans son étude interculturelle de 1982 décrit, de manière assez détaillée le viol et la sexualité dans plusieurs de ces sociétés. Je vous les résume ci-dessous :

 

Une sexualité violente

 

Chez les Gusii, une société du sud du Kenya décrite en 1959, le taux de viol, estimé à partir de dossiers judiciaires, monte à 47,2 pour 100 000 personnes, par an. C’est un taux extrêmement élevé, et qui, de plus, sans doute sous-estimé. Les rapports sexuels hétérosexuels normaux sont décrits chez les Gusii comme un acte pendant lequel l’homme brave la résistance de la femme, et lui fait mal. Quand une jeune épouse ne peut plus marcher le lendemain de la nuit de noce, du fait de la douleur provoquée par l’acte sexuel, son mari est félicité par ses amis et est alors considèré comme « un vrai homme ». Il peut se vanter de ses exploits, notamment s’il a réussi à faire pleurer son épouse. Si l’époux n’a pas réussi à faire mal à sa femme, il est raillé par les femmes plus âgées, qui lui disent qu’il n’est pas viril et qu’il a un petit pénis. Ainsi, chez les Gusii, même un rapport sexuel légitime et consentant est considéré comme un acte agressif et douloureux pour la femme, impliquant un comportement contraignant et humiliant.

 

Disponibilité des femmes

 

Dans les îles Marshall (Pacifique), on dit que « chaque femme est comme un passage », c’est-à-dire que l’on considère que les hommes ont le droit d’avoir des rapports sexuels avec n’importe quelle femme.

 

Le viol comme menace et punition

 

Dans certaines sociétés enclines au viol, la menace de viol sert à contrôler les femmes. Ainsi, dans les forêts tropicales d’Amérique du

 

 

Sud ou dans la Chaîne Centrale en Nouvelle Guinée, il est assez fréquent que la menace de viol soit utilisée comme un moyen de garder les femmes éloignées des maisons des hommes ou de les empêcher de voir les objets sacrés. Dans une société bien connue des anthropologues, les Mundurucu (Brésil), une légende raconte qu’autrefois les femmes dominaient les hommes, et les agressaient sexuellement. Les hommes leur étaient soumis, et effectuaient le travail des femmes, et les femmes ceux des hommes, à l’exception de la chasse. A cette époque, les femmes contrôlaient les maisons des hommes, et les « trompettes sacrées », qui contiennent les esprits des ancêtres. Or ces esprits demandaient régulièrement une offrande rituelle de viande, que les femmes ne pouvaient pas leur fournir, car elles ne chassaient pas. La légende raconte que les hommes ont alors pu voler ces trompettes et ainsi établir la domination masculine. Les Mundurucu gardent ces trompettes dans les maisons des hommes et interdisent aux femmes de les voir, sous peine de subir des viols collectifs. Ces punitions seraient prétendument nécessaires, afin d’empêcher les femmes de reprendre le pouvoir qu’elles avaient par leur passé. Dans cette société, le viol sert aussi à punir les femmes « dévergondées ».

 

Chez certains Amérindiens chasseurs de bisons, il n’était pas rare que le viol serve à punir une femme adultère. Chez les Cheyenne des grandes plaines, le mari outragé invitait tous les hommes célibataires à violer son épouse.

 

Le viol en temps de guerre

 

Une autre forme de viol est le viol en temps de guerre. Les Yanomamo, vivant dans les forêts d’Amérique du Sud ont pour tradition de brutaliser et de violer collectivement les femmes ennemies qui ont été capturées et qu’ils prennent comme épouses. Le manque de femmes, du aux infanticides des bébés de sexe féminin, est  par ailleurs la principale cause de guerre dans cette société.

 

Les cultures sans viol

 

Les cultures que Sanday appelle « cultures sans viol » sont des cultures où le viol est rare. Le viol n’y est pas totalement absent, mais il est socialement très désapprouvé et il est puni sévèrement.

 

 

Chez les Touaregs du Sahara, quand une femme dit non à un homme, celui-ci n’insiste pas et ne va pas se montrer jaloux d’un camaradeplus chanceux. Les Pygmées Mbuti de la forêt Ituri, les Jivaro d’Amérique du Sud ou encore les Nkundo Mungo d’Afrique, sont également des cultures où le viol semble quasi-inconnu. Beaucoup de sociétés matrilinéaires sont des cultures sans viol. Ainsi, la plus grande société matrilinéaire du monde, celles des Minangkabau d’Indonésie, est une culture sans viol. C’est aussi le cas des Iroquois.

 

Dans ces cultures, les femmes n’ont pas peur du viol quand elles sortent seules. L’anthropologue Maria-Barbara Watson-Franke raconte que, quand elle avoua à une guide Guajiro (Amérique du Sud)  qu’elle avait peur de se promener la nuit dans le désert, cette dernière lui dit qu’elle ressentait la même chose. Mais lorsqu’elle lui narra comment un homme l’avait une fois attaquée en Europe, la femme Guajiro la regarda étonnée : « Tu as peur des gens ? Oh non, il n’y a pas de quoi. Moi je pensai aux serpents ! » .

 

En réalité, les interactions entre hommes et femmes sont très différentes chez les cultures enclines au viol et les cultures sans viol. Dans les cultures sans viol, les femmes sont traitées avec beaucoup de respect, et les rôles reproducteurs et producteurs des femmes sont prestigieux. Bien qu’il puisse y avoir une certaine division sexuelle dans les rôles et les privilèges, les deux sexes y sont considérés comme équitablement importants. Les hommes de ces cultures reconnaissent l’autonomie et l’autorité des femmes. Chez les Minangkabau, les hommes se comportant de manière trop virils sont peu désirables socialement, et ne sont pas considérées comme des bons partis pour le mariage.

 

 

Une grande importance est accordée aux rôles des femmes, notamment dans la continuité sociale. Cette continuité sociale assurée par les femmes s’exprime, dans les sociétés matrilinéaires, par le fait que la mère nomme son enfant – lui assurant un statut de membre du groupe – et pourvoit à ses besoins. Ainsi, chez les Minangkabau, la transmission de l’héritage s’effectue du côté maternel : les enfants n’héritent pas des terres et des biens de leur père. Cette vision est opposée à celle, occidentale, selon laquelle la continuité sociale est assurée par un père autoritaire.  Cette importance de la contribution maternelle n’entraîne cependant pas une essentialisation de la maternité, telle qu’elle existe en Occident. Dans ces sociétés, les mères jouent un rôle important dans la sociabilisation des enfants des deux sexes, et on ne considère pas, que les hommes devraient rompre le lien privilégié qu’ils entretiennent avec leur mère. Ainsi, chez la culture Zuni (Nouveau-Mexique et Arizona), atteindre l’âge adulte signifie réorganiser les liens mère-enfant, et non pas les rejeter. A l’inverse, en Occident, on considère qu’un garçon devient un homme en se séparant de sa mère et en créant des liens avec d’autres hommes. Cela peut passer par l’humiliation et la violence des femmes.

 

Un des facteurs qui puissent expliquer que les sociétés matrilinéaires soient souvent des cultures sans viol est le fait que les hommes y jouent deux rôles bien distincts dans la continuité sociale : celui de père et celui d’oncle maternel. Les pères doivent subvenir aux besoins de leurs enfants, et doivent s’en occuper, mais n’ont aucun contrôle sur eux. Chez les Minangkabau, les pères jouent ainsi un rôle très important dans la vie de leurs enfants ; la relation père-enfant est avant tout émotionnelle. A l’inverse, ce sont les oncles maternels qui exercent l’autorité sur les enfants. Ainsi, les enfants d’une société matrilinéaire ont fréquemment un père, affectueux, et un oncle, autoritaire. La sexualité masculine et l’autorité sont donc dissociées en deux personnes, le père d’une part, l’oncle d’autre part. L’enfant apprend que l’homme qui est le partenaire sexuel de sa mère ne représente pas l’autorité. Ainsi, l’interaction hétérosexuelle n’est pas associée avec la dominance, comme en Occident.

 

 

La violence interpersonnelle est par très ailleurs faible dans les cultures sans viol . Chez les Mosuo de Chine ou chez les habitantsde Bougainville, non seulement le viol est très peu fréquent, mais le meurtre est lui aussi très rare.

 

Enfin, chez ces cultures, l’environnement naturel est souvent regardé avec révérence, jamais exploité.

 

Les pygmées Mbuti représentent typiquement une culture sans viol. Ils respectent fortement la forêt, l’appelant « mère », « père », « amoureuse », « amie ». Les relations entre les sexes sont similaires à celles qu’ils entretiennent avec leur environnement : pacifiques. La division du travail est peu marquée, les femmes participant souvent à la chasse. Il n’est pas honteux pour un  homme de ramasser des champignons et des noix, ou de laver un bébé. Les femmes participent autant que les hommes aux prises de décision. Par ailleurs, il n’y a pas chez les pygmées Mbuti de volonté de dominer les autres et l’environnement.

 

 

Conclusion

 

De ces études anthropologiques, on peut en déduire que le viol ne ferait pas partie de la « nature masculine », mais serait plutôt une conséquence sociétale. Les hommes ne seraient pas des « prédateurs sexuels » par nature.

Sanday apporte une hypothèse sur les causes qui font qu’une culture évolue vers une tolérance au viol, ou non. Elle suggère que dans de nombreuses sociétés, les femmes sont associées à la fertilité, et les hommes à la destruction. En temps normal, la fertilité et la destruction sont appréciées pareillement, mais en période de disette, la destruction et la guerre sont perçues comme les valeurs suprêmes. Le rôle social des hommes acquiert alors un peu plus grand prestige, et le viol leur permet de rappeler leur supériorité

 

29 juin 2013

La commune libre de Christiana

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La commune libre de Christiana

 

Christiana et l’une des rare expérience libertaire historique toujours en activité au Nord de l’Europe au Danemark. Fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådmandsstræde au sein de Copenhague par un petit groupe de squatteurs, de chômeurs et de hippies.

 

Partis d’une cinquantaines pour bâtir le projet, la crise aiguë du logement qui régner alors à Copenhague attira en quelques années plusieurs centaines de personnes. Pris d’assaut par les médias du pays l’expérience devient rapidement célèbre.

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Aujourd’hui il y a plus d’un milliers d’habitants, une cinquantaine d’enfants y sont nés et la moyenne d’âge est à présent élevée, apportant la preuve de la persistance d’un noyau dur de résidents de très longue durée.
Plus d’une cinquantaine de collectifs exercent divers activités ce qui permet à la ville d’être autonome. Christiania possède une économie et sa propre monnaie, un vaste espace agricole, une fabrique de vélos, des ateliers de restauration de poêles et voitures anciennes, une boulangerie, un sauna, sa célèbre imprimerie, ses jardins et une unité d’éboueurs/recycleurs.

La vie culturelle prend une part importantes des Christianites. Il y a un cinémas, des théâtres, une radio libre et une foule de bars, restaurants et lieux de spectacles pour ce divertir.
Christiania ce caractérise aussi pour son architecture devenu célèbre depuis la création de « Pyramiden », une pyramide construite par des apprentis charpentiers allemands, en passant par des dômes géodésiques et toutes sortes de constructions aussi hétéroclites que poétiques.

Le drapeau de Christiania, trois points jaunes sur fond orange (ou inversement) représentant les trois points sur les trois « i » de Christiania, aurait été créé par Viktor Essmann, qui inventa ce nom, qui fait référence au nom du quartier, « Christianshavn » le port de Christian, en référence à Christian IV, qui fut au Danemark ce que Louis XIV fut à la France.

L’histoire de Christiania est agitée. En 1979 les habitants décident d’expulser lors de la "JunkBlokaden" les vendeurs et les usagers de drogues dures, qui menace la survie du projet.
Les plans officiels de suppression ou transformation de Christiania se sont succéder mais la plupart n’ont eu aucun effet, au moins jusqu’au milieu des années 1990. Un conflit opposa les "pushers" vendeurs de drogues douces et "activistes", les militants d’une politique plus stricte au sujet de la vente de haschich et d’alcool. Ce conflit a plusieurs fois mené Christiania au bord du gouffre. C’est grace à la défense intelligente devant les tribunaux et le Parlement du Danemark que l’avocat communiste et résistant Carl Madsen sauvat l’expérience.

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Dans un mouvement général de normalisation et d’uniformisation du pays, le Premier ministre libéral-conservateur Anders Fogh Rasmussen élue en 2001 décide de s’attaquer au "cas" Christiana, accusée de favoriser le trafic de drogues. Le 1er janvier 2006, la ville perd son statut spécial de communauté alternative et le 19 mai 2007, 35 ans après la naissance de Christiania une première maison est détruite. La démolition entraîna une vive protestation qui dégénéra en conflit avec la police.
Le point fort de cette expérience libertaire est que les autorités ne peuvent pas véritablement détruire la ville puisqu’elle permet de loger plus d’un milliers de personnes. Mais le dialogue conflictuel reste omniprésent.

Christiana est diriger par une multitudes d’assembler qui gère le fonctionnement général de la ville. Dans ces assemblées, les décisions ne sont jamais prises au vote, mais quand il semble à chacun qu’un consensus a été atteint.
Les relations économiques ordinaires qui ont cours à l’intérieur de Christiania n’ont jamais eu de liens matérielle avec le monde extérieur. Plusieurs collectifs d’habitation pratiquent un partage modéré et de nombreux collectifs d’activité travaillent sans but lucratif, voire sans rémunération.

La commune libre de Christiana figure comme un exemple de réussite. Partis de rien, les habitants ont su développer un système alternatif et autonome original qui dure depuis plus de 35 ans.

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Lien : Christiana.org
(de)


25-03-2011 La saga de Christiana, le plus grand squat autogéré d’Europe, touche sans doute à sa fin. Le 18 février, la Cour suprême danoise a confirmé que ce quartier phare de Copenhague et des seventies, très convoité par les promoteurs immobiliers, devait céder son terrain à l'Etat danois qui en est le propriétaire.
Après plusieurs années de lutte, il semble donc que le gouvernement danois, issu d’une coalition réunissant la droite et l’extrême-droite, a eu la peau de Christiania, la « ville libre » de Copenhague, dernier bastion du Peace and Love.
Christiana est en effet un symbole de la culture alternative, qui a de quoi hérisser le poil des conservateurs et des réacs. Ce quartier fut créé le 26 septembre 1971 : quelques hippies ont alors envahi une caserne abandonnée pour y planter le « drapeau de la liberté » et créer une société alternative, guidée par les idéaux de l’amour et de la paix, où les drogues douces sont en vente libre et les maisons appartiennent à la communauté. Habitée par un millier de personnes, dont 250 enfants, Christiania est aujourd’hui devenue une attraction touristique avec jusqu'à un million de visiteurs par an.
Le ministre des Finances danois a toutefois entamé des négociations avec les Christianites afin d’éviter la solution musclée de l’expulsion. Espérons qu’en mettant une nouvelle fois l’imagination au pouvoir, nos valeureux Astérix de la contre-culture parviennent à trouver une solution pour ne pas disparaître…

 

Christiania (Danemark)

 

 

 

Drapeau de Christiania

 

Christiania (Fristaden Christiania) est un quartier de Copenhague au Danemark, autoproclamé « ville libre de Christiania », fonctionnant comme une communauté intentionnelle autogérée, fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådmandsstræde par un groupe de squatters, de chômeurs et de hippies. Le quartier est une rare expérience historique libertaire toujours en activité en Europe du Nord.

 

Christiania a créé son propre drapeau, comportant trois points jaunes sur fond orange ou inversement, représentant les points des trois « i » de Christiania. Il aurait été créé par Viktor Essmann, créateur du nom de la communauté choisi en référence à « Christianshavn » (le port de Christian IV).

 

En 2003, la cité comptait près de 1000 habitants sur 34 hectares, elle possédait sa propre monnaie et toutes sortes d'activités culturelles et sportives, ainsi qu'un vaste espace agricole.

 

Le quartier a été l'objet de multiples controverses. La vente du cannabis y est toujours pratiquée à l'air libre. Son statut légal est également la cause de conflits et de négociations.

 

L'entrée du quartier

 

 

 

Histoire

 

Naissance de Christiania

 

La ville libre vue de l'église Notre-Sauveur

 

Après que les clôtures entourant l'ancien quartier militaire de Bådsmandsstræde ont été détruites par des résidents, le projet fut initié en 1971 par le journaliste provo Jacob Ludvigsen par le biais d'un article dans son journal underground Hovedbladet annonçant l'ouverture de la « ville libre ». La charte, que Ludvigsen rédigea conjointement avec d'autres participants, déclarait :

 

« L'objectif de Christiania est de créer une société autogérée dans laquelle chaque individu se sent responsable du bien-être de la communauté entière. Notre société doit être économiquement autonome et nous ne devons jamais dévier de notre conviction que la misère physique et psychologique peuvent être évitées »

 

Une histoire mouvementée

 

L'histoire de Christiania est agitée. Les résidents y étaient connus pour leur intérêt pour les pratiques orientales, le yoga, et toutes substances capables de produire des états modifiés de conscience. Au cours de la « JunkBlokaden » de 1979, des représentants de Christiania ont expulsé les vendeurs et usagers de drogues dures, l'héroïne principalement, qui menaçaient sa survie (dix morts par overdose étaient survenues l'année précédente). Un long conflit larvé a opposé les « pushers », vendeurs de haschich, et les « activistes », militants plus politiques, au sujet de la vente de haschich et d'alcool. Ce conflit a plusieurs fois mené Christiania au bord de la rupture.

 

La vente libre de cannabis représentait un marché de 26,8 millions d'euros par an selon la police. Le 4 janvier 2005, les stands de vente de cannabis sont finalement détruits par leur propriétaire pour persuader le gouvernement de laisser la ville libre continuer d'exister. Avant la destruction, le musée national du Danemark a pu prendre un des plus beaux stands qui est désormais en exposition dans ce musée. Aujourd'hui, les stands de Pusher Street ont été reconstruits et proposent toujours de larges variétés de marijuana et de résines de cannabis, ainsi que des préparations culinaires à base de cannabis ( sucettes, brownies, biscuits ) et des accessoires ( pipes à marijuana, pipes à eau, feuilles à rouler, cartons pour les filtres, grinders... )

 

Des projets officiels de suppression ou de transformation de Christiania ont été nombreux, mais la plupart sans effet, au moins jusqu'au milieu des années 1990. L'avocat communiste et résistant Carl Madsen eut droit à la reconnaissance des résidents pour ses plaidoiries devant les tribunaux et le Parlement.

 

Après avoir été toléré comme « expérimentation sociale » et suite à un mouvement général de normalisation et d'uniformisation du pays, le Premier ministre libéral-conservateur Anders Fogh Rasmussen décide de s'attaquer au « cas » Christiana, accusée de favoriser le trafic de drogues. 1er janvier 2006, la ville a perdu son statut spécial de communauté alternative. Le 19 mai 2007, 35 ans après la naissance de Christiania : une première maison est détruite. La démolition entraîna une vive protestation qui dégénéra en conflit avec la police conduisant à l'arrestation de 59 personnes, laquelle avait déjà eu fort à faire lors des émeutes, deux mois avant, suite à la démolition d'Ungdomshuset.

 

La commune libre de Christiania et le gouvernement danois ont conclu, le 21 juin 2011, un accord qui permet aux habitants du plus célèbre quartier alternatif d’Europe d’en racheter à l’État la plus grande partie.

 

Vie politique

 

Les 9 lois de Christiania

 

Christiania est en grande partie influencée par la pensée anarchiste  même si aujourd'hui très peu de ses habitants s'en réclament. Il est ponctuellement arrivé que des Christianites soient élus au conseil municipal, voire au Parlement (Tine Schmedes, une député christianite y donna le sein à son bébé, créant un scandale). L'autorité y est exercée par le « Fællesmøde » (assemblée générale). Le pouvoir réel y est exercé, non sans difficulté, par les assemblées de quartiers, les « Områdemøder », l'assemblée des entreprises (lucratives ou non), « Virksomhedsmøde », et l'assemblée des finances, « Økonomimøde » qui gère les ressources de Christiania (versements de la commune au titre de l'aide sociale, « loyer de Christiania » versé par une large part des habitants, contributions volontaires des collectifs à but lucratif). Dans ces assemblées, les décisions ne sont jamais prises au vote, mais par consensus. Les Christianites considèrent qu'est Christianite celui ou celle qui dort à Christiania, mais ce point a fait l'objet de débats houleux. Il a existé entre neuf et dix quartiers à Christiania.

 

À Christiania les voitures, les armes, les gilets pare-balles et les drogues dures sont interdits. Après les deux premiers étés où les Christianites se sentirent débordés par un raz-de-marée de campeurs, le camping n'y est plus possible. Les vendeurs de haschich de Pusher Street, la zone où ils vendent à l'air libre, interdisent qu'on les photographie.

 

Christiania est en conflit perpétuel avec les autorités pour maintenir sa propre existence. Celle-ci est largement due au fait que détruire Christiania signifierait, pour les autorités, trouver un relogement pour un millier de personnes. En outre, plusieurs centaines de Christianites bénéficient d'aide sociale, qui a été fixée à un niveau particulièrement bas pour les résidents de Christiania ; si ceux-ci étaient relogés, le coût des prestations qui leur sont versées augmenterait considérablement.

 

Économie

 

Les relations économiques ordinaires ont cours à l'intérieur de Christiania, qui n'a jamais réussi à devenir matériellement indépendante du monde extérieur. Plusieurs collectifs d'habitation pratiquent un partage modéré de certaines ressources matérielles, et de nombreux collectifs d'activité travaillent sans but lucratif, voire sans rémunération.

 

Plus d'une cinquantaine de collectifs divers exercent des activités industrielles, artisanales, commerciales, culturelles, sanitaires, théâtrales, etc. Christiania possède son jardin d'enfants, sa boulangerie, son sauna, son unité d'éboueurs/recycleurs, ses bulldozers, sa fabrique de vélos, son imprimerie, sa radio libre, un atelier de restauration de poêles anciens, un autre de restauration de voitures anciennes, son propre cinéma (« Byens Lys », « Les Lumières de la Ville ») et une foule de bars, restaurants et lieux de spectacles. Les égouts de Christiania ont été rénovés et agrandis par les Christianites eux-mêmes.

 

Démographie

 

Lors de sa création, Christiania bénéficie de la crise aiguë du logement régnant alors à Copenhague, ainsi en quelques années la population dépassa plusieurs centaines de personnes pour se stabiliser l'hiver aux alentours du millier.

 

Au moins une cinquantaine d'enfants sont nés à Christiania et y ont été élevés. Curieusement, au moins jusqu'en 2006, la proportion approximative d'un tiers de femmes pour deux tiers d'hommes n'a jamais changé. La plus forte proportion d'étrangers est bien sûr composée de Scandinaves ; il faut noter la présence de quelques dizaines d'Inuits, qui s'explique par le fait que le Groenland est un territoire danois. Quoique la population ait eu un caractère marqué d'instabilité, la moyenne d'âge est à présent élevée, apportant la preuve de la persistance d'un noyau dur de résidents de très longue durée.

 

Culture

 

La contribution de Christiania à la vie culturelle de Copenhague est hors de toute proportion avec le nombre des Christianites ; les Danois de plus de 40 ans se souviennent de l'armée des Pères Noël créée par le théâtre de rue « Solvognen » (Chariot du soleil) qui, le jour de Noël 1973, envahit le célèbre « Magasin du Nord » et se mit à distribuer gratuitement des livres aux clients présents. Les affiches de Christiania ont été préservées dans le livre Plakater compilé par Fabbrikken, l'un des collectifs d'habitation de Christiania. Un grand nombre d'entre elles sont dues à Silketrykkeriet, l'atelier d'imprimerie sur soie implanté dans le bâtiment de Fabbrikken. Un livre de photographies sur Christiania, intitulé Christiania, a été publié par Mark Edwards aux éditions « Information ». La télévision danoise possède des centaines d'heures de documentaires et d'émissions sur la communauté, et la presse danoise a publié des milliers d'articles sur ce lieu unique. Une collection complète de ces articles y est conservée. En revanche, la Bibliothèque royale de Copenhague conserve très peu de documents sur Christiania.

 

L'architecture de Christiania est célèbre, depuis la création de « Pyramiden », une pyramide faite de matériaux de construction par Helge, à Bananhuset (la Maison-Banane), construite par des apprentis charpentiers allemands, en passant par des dômes géodésiques et toutes sortes de constructions aussi hétéroclites que poétiques, et des intérieurs d'une grande poésie, en particulier le bar « Månefiskeren » (Pêcheur de Lune). Une maison faite d'un bateau coupé en deux s'est retrouvée au musée d'art moderne de Louisiania.

 

24 juin 2013

la vulgarisation fabrique du consentement

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La vulgarisation scientifique est une spécialité du journalisme dont les critiques sont si rares que c'en est douteux. L'image d'Epinal ? Un savoir "savant" produit par un professionnel compétent est vulgarisé par la compétence d'un journaliste qui, tel Prométhée, va le chercher au péril de sa vie, puis l'offre à la population béate. Mais le processus est-il "bon" en soi ?

Avant d'avoir accès à l'éducation populaire qui fera d'un citoyen un honnête citoyen, il faut débourser. Le savoir, vulgarisé, est devenu marchandise commerciale compétitive, et pour survivre, un journal va devoir complaire, et jouer sur l'audimat factor : c'est à l'aune des ventes que se valident les stratégies. De même que les chercheurs sont lancés dans une gigantesque course de lévriers, la vulgarisation doit être compétitive sur le marché de l'information.

Ainsi, stéréotypes et story telling remplacent analyse et esprit critique, et s'opère une sorte de lente "Paris-Matchisation" de la science : fracassantes découvertes et exclusivités y croisent scoops et grands génies. Les "exclusif", les "révélations sur..." font florès. Un nouveau fait ? Moyennant contorsions, il se calera sûrement dans l'un des principaux scénarios vulgarisationnels : appel à l'espoir, comme "Vous pouvez dire adieu à vos lunettes !" (Science & Vie, décembre 2002) ; appel à la peur, "Insectes, pourquoi ils vont conquérir le monde" (Sciences & Avenir, juillet 2003) ; le scoop artificiel, à l'instar de "Théorie du tout, enfin !" (Science & Vie, janvier, 2008), "Ovnis, la révélation en marche" (Nexus, novembre 2008) ; le mode duel, "Dieu contre Darwin" (La Recherche, avril 2006), le mode conquête, défi, etc.

De même qu'une histoire faite de dates ou de grands hommes, la science devient une suite de découvertes, d'illuminations, de génies, de clichés. A la télévision, le docu-fiction supplante le documentaire, Lorant Deutsch remplace Braudel et les Bogdanov Jean Rostand.

Au fond, à l'instar d'une langue, un savoir ne me laisse que trois choix. Soit j'accepte de ne rien savoir du finnois, par exemple ; soit j'apprends le finnois (mais c'est long) ; soit j'opte pour quelques mots, pour demander une bière : dans ce cas, ne me viendra pas l'idée de prétendre parler finnois, au risque de passer pour les Dupondt déguisés en costume syldave. C'est la même chose pour la biochimie ou l'anthropologie. A chacun de choisir entre le savoir (ardu), l'avatar hollywoodien (facile), et la suspension de jugement (humble).

Mais gare à confondre vessie et lanterne : il est des personnes sincères qui viennent lors de mes conférences publiques sur "Science et paranormal" justifier les esprits frappeurs par le chat de Schrödinger et des thérapies "quantiques" par la couverture de Science & Vie "La vie serait quantique" (avril 2011). Et pis encore, avec ces pseudo-connaissances est donnée au citoyen l'illusion d'avoir plus de prise sur son monde. Or il n'y a pas de prise dans un deux-pages révélant tout sur le boson de Higgs, ou dans une lévitation de grenouille à la Fête de la science. On amuse la croisière, mais on se garde bien de la faire penser.

Voici mon hypothèse : à faire rêver sur le nombre de gens qui seront (un jour) sauvés par le décryptage du génome humain, qu'on pourra (un jour) guérir en implantant des puces dans le cerveau ou la possibilité de trouver (un jour) une exoplanète viable, on fabrique un type de consentement.

Il ne s'agit dès lors plus d'instruire, mais de communiquer, de légitimer des projets coûteux, et d'éviter la question qui tue : si ces recherches sont faites au nom du public, pour le bien public, et avec l'argent public, pourquoi n'avons-nous, public, aucun levier politique dessus ? Sommes-nous trop bêtes pour discuter, par exemple, des priorités éthiques, comme la recherche de traces d'eau sur Mars, dans un monde où des millions d'individus n'ont pas d'eau potable ou par exemple pour être entendus sur l'impact sociétal des nanotechnologies ? Probablement, à en croire la Commission nationale des débats publics qui, maligne, organise des débats après et non avant le lancement des programmes de recherche.

Aux groupes qui, comme à Grenoble, contestent cette mascarade, les édiles répondent entre deux railleries par... plus de vulgarisation. Fleurissent alors des animations ludiques et pleuvent des financements de thèses sur l'"acceptabilité sociale des nouvelles technologies" : pile ce qu'en 1926 Bernays a nommé propagande. Quant à donner du pouvoir de décision à M. Tout-le-Monde ? Voyons... il n'est pas expert.

Or faudrait-il donc connaître tout des biotechnologies ou de la recherche spatiale pour pouvoir exprimer un choix politique ? Les politiciens votant les crédits ne sont pas experts non plus, loin de là, et les scientifiques eux-mêmes ne le sont que sur un micro-domaine. Il faut voir le statut de la question. Purement scientifique, une embrouille sera certes laissée aux spécialistes. Une controverse sur l'autorisation des OGM en plein champ ? Il s'agit là d'une question non de science mais de modèle de société, et tout quidam, compétent ou non, a le droit d'être entendu. Le référendum sur le traité constitutionnel ne fut pas réservé aux constitutionnalistes, que je sache.

Alors, au lieu de vulgarisateurs, optons pour des émancipateurs - enseignants tournés vers ceux qui quitteront tôt les bancs et non vers l'excellence, journalistes précis et documentaristes exigeants - transmettant de la pensée libératrice et non des connaissances et ouvrant les esprits plutôt que les remplissant. Leur leitmotiv : quelle est la connaissance minimale à transmettre pour qu'une personne puisse faire ses choix en connaissance de cause ? Bien sûr, leurs articles sont généralement denses et longs comme un jour sans pain, leurs films moins riches, donc moins programmés. Si nous, ignares et experts de peu, mutualisons nos capacités critiques en réseaux, accroissons nos exigences et éventons les impostures, les médias ne pourront qu'abandonner leurs produits préformatés, sous peine de disparaître.

Nous pouvons refuser cette monnaie que cols et blouses blanches consentent à la plèbe pour bons et loyaux impôts, cette vulgarisation du consentement, fausse émancipation qui parque l'opinion publique dans une zone où elle n'empiète pas sur la sphère politique. Sinon, sous prétexte de les instruire, les moutons seront bien gardés.

Le supplément "Science & médecine" publie chaque semaine une tribune libre ouverte au monde de la recherche. Si vous souhaitez soumettre un texte, prière de l'adresser à sciences@lemonde.fr

Richard Monvoisin (enseignant-chercheur dans le collectif de recherche transdisciplinaire Esprit critique & sciences (Cortecs), à l'université de Grenoble)

14 juin 2013

boycottons le systéme........il ne fonctionne plus...

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les textes ne sont pas de moi piochés ici et la pour illustrer l'idée d'un nouveau monde.....

Étymologie du mot TRAVAIL : tripalium (latin populaire).

Le mot latin populaire "tripalium" désignait un instrument d’immobilisation (et éventuellement de torture) à trois pieux. On appelle encore "travail" un appareil servant à immobiliser les chevaux rétifs pour les ferrer ou les soigner. Le mot "travail" désignait autrefois l’état d’une personne qui souffre (ce sens est toujours utilisé en obstétrique). Il a été étendu ensuite aux occupations nécessitant des efforts pénibles, celles des "hommes de peine", puis à toutes les activités de production.


Dans le cas où vous ne le sauriez encore - Vous êtes un esclave. Vous travaillez à perdre vos vies dans le but de gagner des billets de banque. Ces billets de banque eux-mêmes créés à partir de ° (rien, non rien de rien...) par ces banques. Vous travaillez à cause d'elles/pour elles.

Ceux à la tête de ces banques ne travaillent évidemment pas pour les obtenir. Vous êtes donc dans la position d'esclave, soumis aux lois et règles du système de l'argent, et votre vie se résume à trouver un "emploi" (sauf que le progrès technologique les supprime un par un, et logiquement continue sur la même voie.. hein donc.. c'est mal barré!) ...Si vous avez un peu de chance vous avez le grand privilège d'être un esclave salarié, et de mettre à disposition la majorité de votre temps pour assumer des emplois professionnels que vous détestez.

Le but étant pour tout citoyen de ne pas faillir dans ce paradigme d'exploitation.. de faire de soi un bon pion, employé à faire tourner une machine qui n'est pas valide, dans une économie pas réelle pour obtenir des billets de banque créés à partir du vent.

Ces fameux billets n'ont avant tout que la fonction d'asseoir un pouvoir financier mafieux et d'ainsi exercer son influence suprême à une échelle globale.

 

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"Il est aussi dans l'intérêt d'un tyran de garder son peuple pauvre, pour qu'il soit si occupé à ses tâches quotidiennes qu'il n'ait pas le temps pour la rébellion."

ARISTOTE

 


Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes."

Rosa LUXEMBURG

 


« Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales. »

Bertolt BRECHT, poète et dramaturge allemand (1898/1956)

 

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 http://www.youtube.com/watch?v=uVjG66yco-w

lien vers une video ou albert jacquard réfute l'idée de popriétée intellectuelle

 

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http://delaservitudemoderne.org/texte.html

un lien pour telecherger ou lire gratuitement le livre

http://www.facebook.com/pages/Jarrete-de-travailler-je-boycotte-ce-systeme-jusqua-sa-disparition/152530751460408?ref=ts&fref=ts

le lien vers le facebook d'ou sont tirer toutes ces idées ....je pourrais continuer longtemp mais c'est juste un billet pour declencher la reflexion ou comprendre notre monde sans oeilléres

 

 


"Quelle époque terrible que celle où des idiots dirigent des aveugles."

William Shakespeare

 

 

27 décembre 2013

le golem......

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Dans la tradition juive ashkénaze, humanoïde fait d'argile et amené à la vie par magie

 

Le golem (en hébreu: גולם ou גֹּלֶם, parfois prononcé "goilem" en yiddish) est un homme artificiel, modelé dans l'argile par un rabbin et amené à la vie par des procédés magiques s'appuyant sur la science kabbalistique? et l'existence de mots sacrés dans la langue hébraïque.

Les contes décrivent le golem comme une créature imparfaite et inachevée, le plus souvent muette et dépourvue de discernement ou de raison... ce qui s'explique par le fait qu'il s'agit d'une création humaine, qui ne peut tenir la comparaison avec les êtres vivants dans lesquels « l'esprit de vie » ((רוה, rouah) a été insufflé par Dieu. 
Le golem comprend cependant les ordres simples qu'on lui donne, et comme il est d'une force prodigieuse, les rabbins l'utilisent pour les assister dans leurs expériences ou pour protéger la communauté juive. Dans certaines histoires, les golems se voient également attribuer des pouvoirs surnaturels comme la capacité de devenir invisible, des mains pouvant devenir chaudes comme du métal en fusion...


L'origine du nom golem est mal connue. Il pourrait provenir d'une modification du mot גֶּלֶם (gelem) désignant un matériel brut, ou des mots גֶעָלאֵנו (go'al anu) signifiant « notre rédempteur » (ce qui va dans le sens de l'histoire du golem de Prague, créé dans le but de protéger les juifs du ghetto). 
En hébreu moderne, le mot golem veut dire "cocon", mais il peut également désigner une personne idiote, en allusion au caractère inachevé et sans intelligence de la créature. En yiddish, le mot est utilisé comme une insulte pour quelqu'un d'indolent ou de mou.

 

Mentions dans les textes sacrés et légendes


Le mot "golem" est utilisé dans l'Ancien Testament (psaume 139:16) pour désigner une masse embryonnaire informe. Dans le Talmud (Sanhedrin 38b), Adam est décrit comme un golem, un corps humain inachevé et sans âme, lors de ses 12 premières heures d'existence.

L'ouvrage kabbalistique? Sefer Yezirah (ספר יצירה, "Le Livre de la Formation"), qui spécule sur la façon dont Dieu a créé le monde, s'intéresse également à la naissance des premiers hommes. Différents rabbins ont commenté cet ouvrage et y ont vu des indications qui permettraient à celui qui serait suffisamment savant pour les déchiffrer et les comprendre, de créer un humain artificiel. 
Il y est fait allusion dans le Talmud : le rabbin babylonien Rava est supposé avoir fabriqué un homme artificiel à l'aide du Sefer Yezirah, qu'il envoya voir le rabbin Zeira. Mais la créature était muette ; le rabbin Zeira compris alors que celle-ci était l’œuvre d'un magicien, et il la détruisit en la faisant retourner à son état primordial de poussière (Sanhedrin 65b).

Plus récemment, le rabbin lituanien Haim de Volozhin affirmait en 1818 dans la préface du livre Sifra Dezniuta que son maître, le célèbre rabbin Gaon de Vilna (1720 - 1797), lui avait confié qu'il avait un jour essayé de créer un golem à partir des informations du Sefer Yetzirah. Toutefois, il avait reçu au cours de son travail un signe divin qui l'avait dissuadé de terminer son œuvre. 
Gaon de Vilna est le seul rabbin ayant affirmé de son vivant avoir personnellement cherché (et presque réussi) à créer un golem.

 

Le Maharal de Prague et son golem. Gravure du XIXème siècle

La plus célèbre histoire impliquant le golem est celle du rabbin Judah Loew ben Bezalel, plus connu sous le nom de Maharal (מהר"ל, acronyme hébreux de Moreinu ha-Rav Loew, « notre chef spirituel le rabbin Loew »). Considéré comme l'une des plus grandes figures spirituelles que le monde juif ashkénaze ait jamais connu, il vécu à Prague au XVIème siècle (1526 - 1609). 
Le Maharal est un personnage semi-historique semi-légendaire : si le rabbin Loew a historiquement réellement existé (il a écrit plusieurs ouvrages qui nous sont parvenus, et sa tombe est toujours visible à Prague), un certain nombre d'histoires traditionnelles l'entourent. On lui attribue notamment la création d'un golem.

La version la plus connue de la légende raconte comment pour protéger les juifs du ghetto de Prague des attaques antisémites dont ils étaient victimes, le Maharal modela de l'argile provenant de rives du fleuve Vltava, et lui donna forme humaine. Puis il lui insuffla la vie en récitant des incantations et en lui inscrivant l'un des noms de Dieu sur son front : Emeth (אמת), "vérité" en hébreu. 
Dans une autre version de l'histoire, le rabbin donna vie au golem en lui plaçant dans la bouche un parchemin sur lequel il avait inscrit l'un des multiples noms du Seigneur avec son propre sang. 
Le golem devint peu à peu méchant avec le temps, tuant les gentils (les non-juifs) et répandant la peur dans Prague. L'empereur Rudolf II demanda au Maharal de désactiver sa créature, en échange de quoi il ferait cesser les persécutions antisémites. 
Pour ôter la vie au golem, le Maharal effaça le premier caractère (l'aleph א) de l'inscription Emeth, qui devint alors le mot Meth (מת) "mort" en hébreu. Dans l'autre version, il lui enleva simplement le parchemin de la bouche.

Le corps du golem ne fut pas détruit, mais caché dans la guenizah du grenier de la synagogue Vieille-Nouvelle. La guenizah est une pièce servant au stockage des vieux ouvrages religieux en attendant que ceux-ci ne soient enterrés dans un cimetière, dans la mesure où le judaïsme interdit de jeter des documents dans lesquels sont écrit les noms de Dieu. 
Conserver le golem permettait de garder un moyen de pression sur les autorités et d'empêcher que les violences à l'égard des juifs ne recommencent. 
Suivant les versions de la légende, le golem serait toujours conservé à l'heure actuelle dans la guenizah de la synagogue Vieille-Nouvelle. Un rumeur de source indéterminée prétend que durant la seconde guerre, des soldats allemands voulurent s'approprier le golem mais qu'ils moururent instantanément au moment où ils le touchèrent. 
Les rares personnes ayant eu l'occasion de rentrer dans la guenizah de la synagogue Vieille-Nouvelle (le lieu est interdit au public), notamment lorsque le grenier fut rénovée en 1883 ou qu'une équipe de télévision y tourna un film en 1984, n'ont pas témoigné de la présence du golem. D'autres traditions orales disent que le golem fut volé et enterré dans un cimetière du quartier Žižkov à Prague.

 

La synagogue Vieille Nouvelle à Prague, où serait conservé le golem

La légende du golem de Prague fut fixée pour la première fois à l'écrit dans les années 1830 - 1840, mais elle est absente des textes antérieurs au XVIIIème siècle ce qui laisse penser qu'elle est d'origine moderne. Bien que considérée comme une pure fiction par la plupart des juifs, certains courants orthodoxes affirment que l'histoire est tout à fait authentique et que le rabbin Loew a réellement créé un golem au XVIème siècle. 
Le conte est devenu très populaire en République Tchèque, et de nombreuses boutiques touristiques de Prague vendent de petites répliques en argile du golem.


L'histoire du golem de Prague puise peut-être son inspiration dans un autre conte traditionnel, plus ancien (il est attesté dès le XVIIème siècle), mettant en scène le rabbin semi-légendaire Elijah ben Aharon Yehuda. Surnommé le Ba'al Shem, il vécut au XVIème siècle dans la ville de Chełm à la frontière polonaise et ukrainienne. 
Le rabbin fabriqua un golem pour protéger les juifs des violences que les paysans leurs faisaient subir. Le golem grandit et atteint peu à peu une taille colossale. Lorsqu'il devint incontrôlable et que le rabbin voulut le désactiver, il était en fait devenu si grand que le Ba'al Shem ne pouvait plus atteindre sa tête pour lui effacer l'inscription sur son front. 
Le rabbin rusa et lui demanda de lui défaire ses lacets ; la créature se baissa et le Ba'al Shem put alors lui ôter la vie. Cependant le golem blessa le rabbin au visage dans l'opération, ou selon d'autres versions, écrasa son créateur sous son propre poids en tombant inanimé.

 

Symbolique du mythe


Le mythe du golem est similaire (et probablement apparenté) à celui de l'homoncule, un être humain artificiel que les alchimistes essayaient de créer au Moyen-Age. La tradition populaire affirme ainsi par exemple qu'au XIIIèmesiècle, le savant Albert le Grand a construit un automate en bois auquel il a donné la vie par magie. De même le livre semi-légendaire de Paracelse De natura rerum (« De la nature des choses ») a acquis auprès des alchimistes une réputation semblable à celle qu'avait le Sefer Yezirah auprès des rabbins juifs, puisqu'il était supposé expliquer lui aussi la méthode permettant de créer la Vie.


Il n'est pas anodin de constater que dans la plupart des légendes liées au golem, la créature est modelée à partir d'argile (comme l'a été l'Homme dans la Bible) et amenée à la vie en lui apposant sur le corps l'un des multiples noms sacrés de Dieu (dans la mesure où Dieu est la source de toute vie en ce monde). 
Les contes mettant en scène le golem servent le plus souvent à illustrer l'hybris, l'orgueil et la démesure des êtres humains qui essayent de s'élever au niveau des dieux. Dans certaines versions, comme celle du rabbin de Chełm, le golem finit par se retourner contre son créateur, allant éventuellement jusqu'à le tuer. 
De la même façon, la kabbale extatique? voit dans le mythe du golem un avertissement qui met en garde contre la connaissance, lorsqu'elle sert des ambitions personnelles et qu'elle est dégagée complètement de la sphère divine. Cette utilisation "contre-nature" de la connaissance est instable et incomplète... Ce qui n'a pas découragé de nombreux érudits juifs dans leurs recherches autour du véritable nom de Dieu, source du pouvoir ultime.


Le Golem, et de façon plus générale le thème de l'homme artificiel et inachevé se retournant contre son créateur, ont été une grande source d'inspiration pour la littérature fantastique. Les romans Frankenstein de Mary Shelley (1831) et R.U.R. (Rossum's Universal Robots) de Karel Čapek (1921) (c'est ce dernier livre qui contribua à répandre le terme "robot" dans le langage courant) ne sont que des reprises modernisées de ce mythe.

17 mai 2013

le chamanisme...

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LE RENOUVEAU CHAMANIQUE

 

 

 

Dans l'avenir l'esprit de l'homme rouge, qui avec amour et vénération respecte tout ce qui vit, s'emparera de vos enfants et pénêtrera en ceux qui ne savent rien de lui.

Seattle, chef Dawnish. Nord-ouest des USA,1855.

 


Le renouveau du chamanisme n'est pas seulement le fruit des mouvements psychédélique, hippie ou New Age. Inspiré par le réenchantement du monde auquel invite la science de pointe, il fut amorcé par des scientifiques et porte la marque de leur cartésienne méthode, qui conduit en un premier temps à étudier séparément chaque élément d'un phénomène observé. Des biologistes s'intéressèrent aux effets des substances psychotropes. Des ethnologues décidèrent d'explorer les états de conscience auxquels le chamanisme fait appel. Des thérapeutes voulurent adjoindre à la médecine moderne une démarche inspirée des pratiques chamaniques. Tous rencontrèrent sur leur route l'onirisme. Une synthèse aujourd'hui se dessine. Elle s'en inspire directement.

 

Premières retrouvailles : Maria Sabina et ses "enfants sacrés"

 

 

C'est au cours des promenades de leur lune de miel que les époux Wasson mesurèrent soudain combien les divisait la vision... de simples champignons ! Elle en trouvait partout, il n'en voyait aucun. Pour Valentina, d'origine russe, ils étaient un don de Dieu, dignes de figurer dans tout repas de fête. En bon anglo-saxon, son mari les considèrait plutôt comme de petites choses sales, vénéneuses et sentant le pourri. L'idée d'en manger ne lui serait jamais venue. Intrigués par cette différence, ils décidèrent d'étudier leur place dans l'histoire des civilisations, et fondèrent peu après une nouvelle discipline, l'ethno-mycologie, qui les conduisit à s'intéresser aux utilisations chamaniques des champignons hallucinogènes.
En 1956, ils rencontrèrent au Mexique Maria Sabina, guérisseuse mazatèque d'une soixantaine d'années. Pour les Mazatèques, les champignons étaient sacrés, et leur culte représentait le seul vestige de leur culture anéantie. Ils les appellaient petits qui poussent, petits saints, enfants sacrés, et Sages ceux qui s'en servaient pour soigner. Pourtant, si Maria Sabina avait commencé à en manger dès l'âge de six ans, c'était parce qu'ils coupaient sa faim et la rendaient joyeuse. Mariée à quatorze ans, veuve à vingt, elle devint Sage un peu par hasard, lorsque sa soeur la supplia d'essayer de la guérir. Au cours de la séance, Maria eut sa première vision. Des "Etres Principaux", dont parlaient ses ancêtres, lui apparurent, semblables à des humains mais "inspirant le respect". Ils lui présentaient un grand livre, le Livre de la Sagesse, et bien qu'analphabète elle le lut à haute voix. "La Sagesse est le Langage. Le Langage est dans le livre. Le Livre, ce sont les Etres Principaux qui l'accordent. Les Principaux apparaissent grâce au grand pouvoir des enfants sacrés."
Elle rencontra ensuite le Seigneur des Montagnes, envoûteur des esprits, guérisseur suprême et sans visage, monté sur son cheval blanc. Puis un objet lumineux frappa le sol dans un bruit de tonnerre, se transforma en un être végétal au corps de fleurs de couleurs variées, aux membres comme des branches, tout couvert de rosée. Maria transpirait une sueur froide, pleurait des larmes qui lui semblaient solides. Au matin elle s'endormit, "bercée dans un rêve, comme si mon corps était doucement balancé dans un hamac géant suspendu au ciel et qui oscillait d'une montagne à l'autre". Ces visions la consacraient chamane.
Peu à peu, elle devint Sage reconnue, même le médecin lui envoyait des patients, à qui elle demandait toujours "quel a été ton rêve ?" avant d'établir son diagnostic et de partager avec eux les champignons guérisseurs. Le maire l'invitait à trouver dans ses visions les solutions aux conflits du village, et lui présenta un jour les Wasson qu'elle initia aux champignons sacrés. Rencontre hallucinée entre le nouveau monde et l'antique connaissance, sur le terrain du magique onirisme !
Si les visions des Wasson ne comportaient pas d'êtres mythiques, remplacés par des motifs géométriques ou de majestueux paysages, elles procuraient le même effet, "lourdes de sens, (...) supérieures en tous points à tout ce qui passe pour être la réalité du monde. (...) Nous nous sentions en présence des "Idées" auxquelles faisait référence Platon. (...) En équilibre dans l'espace, j'étais un oeil séparé de son être, invisible, incorporel, qui voyait sans être vu," écrivit Wasson dans ses articles qui, avec les enregistrements des chants de Maria Sabina, la rendirent célèbre et suscitèrent l'intérêt des scientifiques.
Les missions de recherche se succédèrent alors dans la sierra mazatèque, aboutissant à l'isolation du principe actif des champignons, la psylocibine. Sur leurs traces, les hippies affluèrent. Maria ne comprenait pas que l'on puisse rechercher les visions du rêve hallucinogène quand on est bien portant, mais puisqu'ils "cherchaient Dieu" elle était prête à aider. Le succès lui tournait un peu la tête, comment ne pas en profiter pour sortir de la misère qu'elle avait connue toute sa vie ? Elle sentait pourtant que cet engouement achevait la déculturation de son peuple. "Ils prennent des enfants sacrés n'importe quand et n'importe où. Ils ne le font pas la nuit ni suivant les indications des Sages. Les enfants sacrés ont perdu leur pureté, leur force, on les a gâchés. Désormais ils ne feront plus d'effet. On n'y peut rien" disait-elle peu avant sa mort. Et plus tard, c'est un autre vieux Sage qui dressa le bilan : "Le champignon sacré ne nous appartient plus. Son Langage sacré a été profané, il est devenu indéchiffrable pour nous. Maintenant les champignons parlent anglais !"
Du rêve de la chamane ne restait que son chant :



Je suis femme qui regarde au dedans, dit l'enfant sacré
Je suis femme de lumière, il dit
Je suis femme qui tonne, il dit
Je suis femme savante en médecine, il dit
Je suis femme savante en Langage, il dit
Je suis femme grande étoile, il dit
Je suis la femme qui sait nager dans le sacré


(Sylvain Michelet, Le Livre des rêves, , Albin Michel, février 2000)





CHAMANISME ET ENTHÉOGÈNES

 

Stropharia cubensis (Earle) ou champignon de Saint Isidore.


Probablement d'origine asiatique bien que, comme son nom l'indique, il ait été décrit pour la première fois d'après un spécimen collecté à Cuba. Très répandu et facile à cultiver, il pousse sur les bouses de vache, animal inconnu des précolombiens. Il a pu être introduit au Mexique à partir des Philipinnes, avec lesquelles les Espagnols entretenaient un commerce assidu.

 



A l'instar du rêve nocturne, nombre de substances hallucinogènes ou psychoactives (enthéogènes), principalement issues du monde végétal, ont de tout temps et dans toutes les cultures conduit l'homme à la découverte et à l'exploration de son univers intérieur.
De par leur pouvoir rapide et puissant de changer l'esprit (l'élargir pour les uns ou le rétrécir pour les autres !), ces "médecines de l'âme" ont pris rapidement une dimension socio-culturelle et religieuse importante, voire essentielle. Comme le rêve nocturne, elles demeurent plus ou moins sacralisées ou frappées d'interdits. Une même démarcation fondée sur les statuts accordés aux mondes intérieur et extérieur oppose aujourd'hui de manière radicale les cultures chamaniques à la culture occidentale.
A l'opposé de notre culture matérialiste tournée vers l'extérieur, où la transe psychédélique comme le rêve et l'imaginaire en général se voient dévalorisés et marginalisés, dans les cultures chamaniques (encore proches de la nature) les principales plantes à propriétés psychotropes, telles que le Peyotl ou les champignons hallucinogènes, font partie intégrante de la vie sociale et religieuse par l'intermédiaire des chamanes-guérisseurs.
S'opposant à la thèse défendue par Mircea Eliade, l'Américain Terence McKenna soutient l'idée émise par R. Gordon Wasson selon laquelle "la présence dans une culture chamanique d'une substance hallucinogène est la marque d'une culture authentique et vivante alors que sa phase décadente se caractérise par des rituels élaborés, des épreuves et la dépendance à l'égard de personnalités pathologiques ("Hallucinogenic Mushrooms and Evolution", Revision, vol. 10 n° 4, printemps 1988)".
En effet, comment une culture dite chamanique pourrait-elle être "authentique et vivante" sans une étroite et véritable communion de l'homme avec son environnement "naturel" ? Est-il étonnant, par exemple, que la grande tentative de retour à la "nature" qui marqua le mouvement psychédélique et communautaire des années 60 se soit accompagné à la fois de la redécouverte des substances hallucinogènes et de la naissance du mouvement écologique.  Sur les traces de Gordon Wasson et de Roger Heim (à l'époque, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris), la quête mystique des "routards" aboutissait bien souvent à Huautla de Jimenez, ce haut lieu de pélerinage mycologique, perché sur la montagne en pleine forêt mazatèque, près de Oaxaca. Certains eurent la chance d'y rencontrer une curandera, telle la célèbre Maria Sabina, même si, en période sèche, les Teonanacatl (littéralement, la chair de Dieu), liés au culte de Tlaloc, divinité de la foudre et des eaux, ne furent pas toujours au rendez-vous des "voyageurs" qui souhaitaient les "faire parler"...
Toujours bien vivant chez nombre de tribus amérindiennes du sud du Mexique, le culte des champignons remonterait au moins jusqu'au XIIIe siècle av. J.-C., comme l'atteste une étude monographique des champignons de pierre réalisée par St. F. Borhegyi (cf. R. Heim, Champignons toxiques et hallucinogènes) et il aurait été associé au pratiques hiératiques des Mayas, comme semble le prouver la découverte dans la région de Vera Cruz d'une terre cuite fort ancienne, d'origine totonaque, représentant un champignon sur lequel une femme pose une main tandis que l'autre bras levé paraît invoqué les dieux.
Indissociable de son biotope (la forêt ou la prairie) et de son partenaire symbiotique (l'arbre ou la vache), le champignon hallucinogène - archétype de la substance psychoactive -, apparaît ainsi pour Terence McKenna comme une sorte de lux natura, une conscience/lucidité unissant l'homme à la nature dans une relation symbiotique de dépendance mutuelle et de bénéfices partagés. A l'opposé du champignon atomique, porteur d'apocalypse, les petits champignons magiques redécouverts par notre culture occidentale semblent bien préfigurer la prise de conscience écologique et le retour au chamanisme qu'implique le nouveau paradigme, intégratif et holiste, unissant Rêve et Réalité.


(Roger Ripert, Le Livre des rêves, Albin Michel, 2/2000)

 


A PROPOS DE L'AMANITA MUSCARIA (TUE-MOUCHE)

 

SA CONSOMMATION :

UNE QUESTION DE RECETTE DE CUISINE !

 

«Nombreuses sont les personnes qui consomment sans inconvénient l'Amanite tue-mouche, soit cuite, soit privée de sa cuticule - où le toxique [la muscarine] est surtout localisé -, notamment en Russie, dans le Piémont et ça et là en France (p. 111).»

«Nombreux sont ceux qui consomment l'Amanite tue-mouche après élimination de la pellicule du chapeau, ce qui s'explique par l'accumulation de la muscarine en cet endroit; le plus souvent, le champignon est cuit ensuite dans un peu d'eau, rejetée avant assaisonnement de sel, poivre et beurre (M. Badet, 1934, etc.) (p. 138).»

Ce champignon pousse sous les bouleaux et les conifères, auxquels il est lié par des relations mycorrhiziques étroites, jamais sous d'autres essences, dans les terrains siliceux, argilo-siliceux ou silico-calcaires. On le rencontre de fin août à fin novembre. [C'est un champignon des climats tempérés du Nord].

Extrait de l'ouvrage de Roger Heim, Les champignons toxiques et hallucinogènes, Ed. Boubée, Paris, 1963.

Note du webmestre : le champignon n'a pas des qualités gustatives extraordinaires, mais il est comestible ainsi préparé. L'important est donc bien d'éliminer la muscarine, source, comme le note Roger Heim, d'une intoxication gastro-intestinale rarement sérieuse, généralement banale (p. 188). Voir le traitement du syndrome muscarinien et sudorien décrit à la page 138.

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Histoire de l’amanite tue-mouches
 

Un usage chamanique ancien


L'amanite est peut-être le plus anciennement utilisé des champignons hallucinogènes puisqu’il est connu depuis 3 500 ans et entrait probablement dans la composition du soma, mythique boisson divine de l’Inde antique. À l’autre bout du globe, il était connu des Mayas. Il a été aussi utilisé jusqu’à notre époque en Sibérie, au Kamtchatka, et chez certaines tribus indiennes d’Amérique du Nord lors de rites chamaniques destinés notamment à communiquer avec les « esprits ». Les rites chamaniques sont associés à des transes souvent obtenues par la consommation de plantes hallucinogènes.
Jusqu’au milieu du dix neuvième siècle, en Europe, on le croyait aussi toxique que l’amanite phalloïde dont la consommation peut être mortelle. En 1349, un des premiers livres d’Histoire naturelle publié en Allemagne affirmait que le jus d’amanite mélangé à du lait tuait les mouches et le nom de l’amanite signifie « qui tue les mouches » dans plusieurs langues. Toutefois, ses propriétés psychotropes restaient inconnues.

Le premier rapport écrit de l’usage de l’amanite dans des cérémonies chamaniques est dû à Johan von Strahlenberg, officier de l’armée suédoise qui resta prisonnier plusieurs années en Sibérie. Sous ce climat, l’amanite tue-mouches est le seul végétal possédant des propriétés psychotropes capable de pousser. 
L’amanite était consommé collectivement, principalement au cours de rites chamaniques. Il était très recherché et sa valeur marchande était élevée. Les champignons étaient coupés en tranches et mis à sécher. Ils étaient ensuite mastiqués par les femmes avant d’être façonnés en petits boudins pour être donnés aux hommes. Ils pouvaient être aussi consommés en décoction dans de l’eau, du jus d’airelle ou du lait. 
L’utilisation magico-religieuse du champignon donnait lieu, en raison de sa rareté, à une pratique étonnante, la consommation rituelle d’urine : l’urine des consommateurs, riche en principes actifs, était bue par d’autres participants leur permettant ainsi de ressentir les mêmes effets. En effet, après consommation les alcaloïdes du champignon passent rapidement dans l’urine. Le champignon était surtout utilisé par les chamans pour entrer en contact avec les esprits comme le font de nombreuses tribus avec diverses plantes hallucinogènes. Des tribus indiennes du Michigan l’utilisent aussi dans ce but. Interdit pendant l'époque soviétique en URSS, l'usage du champignon s'est cependant poursuivi clandestinement et continue aujourd’hui chez certains peuples de Sibérie (cf. Didier Pol, réf. ci-dessous).
 

La chimie de l'amanite tue-mouche

Il y a un siècle [en 1869], lorsque Schmiedeberg et Koppe isolèrent la muscarine [supposent le présence dans l'Amanite tue-mouche d'un poison apparenté au alcaloïdes basiques des plantes supérieures], on pensa qu'elle était le principe actif de ce champignon. C'était une erreur : Eugster [C. H. Eugster], en Suisse, et Takemoto, au Japon, on récemment isolé l'acide iboténique et l'alcaloïde muscimole.

Généralement [pour ces effets enthéogènes] le champignon est consommé sec. C'est le séchage qui permet la transformation chimique de l'acide iboténique en muscimole, composant le plus actif.

Richard Evans Schultes et Albert Hofmann, Les plantes des dieux, Ed. du Lézard, 1993 (p. 85).

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L'identification des alcaloïdes


Les premiers travaux destinés à identifier des alcaloïdes dans l’amanite furent réalisés par Schmiedeberg et Koppe, en 1869, qui montrèrent une action parasympathomimétique de l’extrait d’amanite, capable d’arrêter le cœur de grenouille en diastole.

C’est pourtant seulement en 1931 que Kögl, Duisberg et Erxleben isolèrent la muscarine pour la première fois et il fallut attendre encore plus de vingt ans pour l’obtenir pure.

C’est en effet en 1953 que Eugster réussit à purifier le chlorure de muscarine sous forme cristallisée en mettant en œuvre des méthodes chromatographiques et à établir sa formule élémentaire exacte. À partir de 124 kg de champignon il obtint 260 mg de muscarine ultrapure soit un degré de purification de 480 000 par rapport au champignon ce qui représente une concentration en muscarine de 0,0002 % du poids frais. Il traita quelque 2 600 kilos de champignon pour obtenir quelque 5 g. Une telle concentration ne pouvait rendre compte des puissants effets psychotropes de l’amanite.

On a découvert ensuite qu’il existait également dans le champignon des isomères de la muscarine (allo et épi-muscarine) mais ils sont physiologiquement encore moins actifs que la muscarine et c’est seulement dans les années 1970 que devaient être identifiés les principaux alcaloïdes psychoactifs du champignon, acide iboténique, muscimol, muscazone. 

L’amanite tue-mouches contient plusieurs alcaloïdes : la muscarine a été le premier alcaloïde à en avoir été isolé il y a un siècle. Elle n'a pas d'effet psychotrope à la concentration où on la trouve dans le champignon. C'est un agoniste de certains récepteurs de l'acétylcholine appelés pour cette raison récepteurs muscariniques. 


Le principal alcaloïde psychoactif du champignon est le muscimol, 3-hydroxy-5-aminométhyl isoxazol. Le muscimol est hallucinogène à des doses de 10 à 15 mg. C’est un puissant agoniste du neurotransmetteur GABA. Peu concentré dans le champignon frais, sa concentration augmente lors du séchage car il se forme par décarboxylation (perte d'une molécule de CO2) d'un autre alcaloïde de l'amanite tue-mouches, l'acide iboténique. Ce dernier, qui est un acide aminé, est présent dans l’amanite tue-mouches à une concentration de 0,03 à 0,1 %, plus élevée que celle du muscimol dans le champignon frais. L’acide iboténique est hallucinogène par voie orale à des doses d'une centaine de milligrammes. Il est donc cinq à six fois moins actif que le muscimol. La transformation de l'acide iboténique en muscimol lors du séchage rend compte du fait que l'amanite tue-mouches est consommée séchée plutôt que fraîche lors des cérémonies chamaniques. La  muscazone, un autre alcaloïde du champignon qui a des propriétés sédatives et hypnotiques se forme également à partir de l'acide iboténique. Ainsi, au cours du séchage du champignon, la concentration en acide iboténique diminue tandis que la concentration en muscimol et en muscazone augmente.

Extrait du site : http://www.didier-pol.net

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  L’ART DE RÊVER DE CARLOS CASTANEDA

 

Au delà du récit des visions qu'il procure, voyage halluciné ou transe musicale, quel est donc ce rêve qui donne des pouvoirs ? Quelle en est la nature, ? En quoi diffère-t-il de nos rêves ordinaires ?
Les sociétés chamaniques pratiquaient peu l'écriture. L'Autodafé de Cuzco dura vingt jours, anéantissant les seuls documents qui auraient pu nous éclairer. Grossière fraude selon certains, livres-culte pour d'autres, les récits de l'initiation de Carlos Castaneda par un sorcier Yaqui du Mexique constituent la plus célèbre tentative moderne de description du mystère. Irrationnels, troublants, confus parfois, ils résonnent comme ces rêves auxquels ils se réfèrent sans cesse.
Comme le récit d'un rêve, qui n'engage que ceux qui le font, ils nous demandent de "croire sans croire", de baisser la garde rationaliste que l'on oppose aux propos déroutants, ce que Castaneda lui-même ne cesse de faire avant d'être entraîné dans des mondes improbables. Car là est bien le but de don Juan, le sorcier initiateur. Il s'agit d'entrer à l'intérieur du rêve, afin de visiter le monde-autre, d'en ressortir puissant, libéré des illusions que les perceptions conduisent à prendre pour l'unique réalité alors qu'elle est seulement le fruit de leur consensus. Les hallucinogènes, en modifiant ses perceptions, aident l'apprenti à se débarrasser de son moi dont elles forment la base.
La "marche de pouvoir" et autres exercices servent à parvenir au geste juste de l'artiste martial, à l'attention parfaite et lucide du guerrier impeccable, seul capable de résister au danger des mondes-autres. Parfois plongé en eux par don Juan, qui lui prodigue alors des enseignements dont il reste inconscient, Castaneda acquiert peu à peu le talent de Voir le vivant sous forme d'énergie consciente, boule vibrante de fibres lumineuses dont la fixité du "point d'assemblage" détermine la cohésion de nos perceptions dans l'éveil. De légers flottements de ce point explique la fluctuation et l'étrangeté de nos rêves ordinaires. Passer dans une réalité secondaire implique de le déplacer hors de notre boule énergétique et s'obtient par une maîtrise des rêves que Castaneda met des années à parfaire. Il lui faut sans cesse en cultiver l'intention, non par un effort intellectuel de volonté mais par un "faire sans faire", un silencieux message de détermination qui fait penser aux conseils donnés à ceux qui ont du mal à se souvenir des rêves.
Se présentent alors à lui les Portes de Rêver, qu'il doit franchir une à une.
La première est celle de l'attention. Don Juan invite son disciple à devenir conscient du moment précis où il s'endort, puis à rêver toujours du même décor en essayant de voir ses mains dans son rêve. Afin de ne pas laisser celui-ci passer anarchiquement d'une scène à l'autre, il lui conseille d'observer par de brefs regards indirects chaque objet présent dans le rêve, en revenant chaque fois au premier d'entre eux. Après de longs mois d'échec, Castaneda parvient peu à peu à arrêter le défilé des scènes, ses mains lui apparaissent de plus en plus souvent. Il a atteint la "seconde attention" qui lui procure, en même temps qu'une certaine assurance, de curieuses sensations, comme celle de rouler sur lui-même au moment de l'endormissement, où d'entendre une voix lui enjoignant sans cesse de "regarder les choses" et que don Juan lui conseille de faire taire en hurlant !
Il est devant la seconde Porte, qui consiste à passer d'un rêve à un autre sans sortir de l'état de rêveur, soit en rêvant qu'il s'éveille du premier pour passer dans le second, soit en atteignant celui-ci à partir d'un élément du premier. Les Rêves qu'il fait alors sont habités par des "êtres inorganiques", éléments énergétiques conscients, opaques, en forme de fuseaux, de boules, de cloches ou de tigres à dents de sabre, et irrésistiblement attirés par l'énergie humaine. Les "esprits" du chamanisme primitif ? Don Juan ne donne pas la réponse, mais admet la nécessité de prendre comme allié le premier émissaire envoyé par eux, à condition de rester conscient et maître du contact, qu'il enjoint Castaneda de ne pas prolonger en raison de l'inévitable tribut énergétique exigé en échange des pouvoirs accordés. Fasciné et "accro" au voyage, Castaneda dédaigne ses conseils, s'affaiblissant inexorablement jusqu'au jour où, jouant sur sa pitié pour une fillette prisonnière, les êtres inorganiques réussissent à l'attirer lui aussi tout entier, corps physique inclus. Don Juan et ses partenaires sorciers parviennent à le ramener sur terre. Il met des mois à se remettre du choc d'avoir dû vérifier à ses dépens qu'il ne s'agit pas du monde des rêves ordinaires mais bien d'une autre réalité, ce que don Juan lui répètait depuis le début sans qu'il y croie vraiment.
Il apprend qu'une fois encore il suffit d'exprimer clairement une ferme intention pour que ces êtres le laissent en paix, libre d'accéder au seuil de la troisième Porte, qui consiste à faire fusionner monde du rêve et monde quotidien. Intention, prudence, impeccabilité du guerrier sont plus que jamais nécessaires, et s'acquièrent en rêve par l'observation des détails, sans se laisser absorber par aucun, et dans l'éveil par la récapitulation de toute sa vie. Chaque personne rencontrée, chaque instant vécu depuis son enfance est examiné, d'abord systématiquement puis en laissant son esprit choisir les événements. Aidé par des méthodes respiratoires enseignées par don Juan et par les progrès de sa mémoire obtenus grâce au Rêve, Castaneda se libère ainsi de toute attache affective, de toute charge émotive, et renforce son énergie. Se voir endormi puis stabiliser le point d'assemblage de son corps énergétique dans une nouvelle position constitue l'étape suivante. Il peut alors se déplacer en Voyant l'énergie de tout ce qui l'entoure et  rencontrer d'autres êtres inorganiques, encore plus prédateurs. De Rêveur le sorcier devient Traqueur, car tout en se protégeant il doit extraire de ces mondes l'énergie qui lui permet de Voir que la conscience est un rayonnement énergétique universel, dont il se servira comme d'un filin pour accéder, "avec son corps d'énergie et toute notre réalité physique", aux "autres couches de l'oignon" constituant l'univers. Surviennent alors des voyages fantastiques dont les récits nous laissent pantois, parfois frustrés, volontiers incrédules.
Tout au long de sa formation, Castaneda se fait l'écho de nos doutes sur la réalité de ces mondes. Onirique ne signifie pas irréel, s'acharne à lui expliquer son maître. La maîtrise du rêve ouvre les sens à un autre état de perception, l'attention que l'on y développe permet tous les exploits, et ceux-ci ont lieu dans des mondes aussi vrais que celui que nous offre nos perceptions normales.
 Pour achever l'apprentissage du rêveur, le "défieur de la mort", premier sorcier de la lignée de son maître, incarné en femme, lui indique que s'endormir sur le côté droit, genoux légèrement fléchis, lui procurera lors de l'incorporation du corps énergétique le contrôle parfait de l'immobilisation du point d'assemblage, permettant de passer à un monde Rêvé mais parfaitement réel. L'entraînant dans son propre passé, elle lui ouvre la quatrième Porte de Rêver, qui donne sur d'autres lieux encore, concrets, présents soit dans ce monde soit en dehors, ou dans celui de l'intention d'un autre rêveur. En échange de l'énergie dont elle a besoin pour maintenir son immortalité, elle lui offre la capacité de "voler sur les aile de l'intention", dont, comme des trois Portes suivantes, Castaneda ne dit rien. Voir, Pouvoir, Rêver, les dons sont infinis et les leçons arides. En bon sorcier, en bon praticien du teasing marketing diront les critiques, Castaneda nous laisse ainsi à la fin de chaque livre avec la frustration d'un enseignement inaccessible au commun des mortels, une connaissance partielle apparemment impraticable, et, comme il le dit lui même, le vague "pressentiment que l'incommensurable est à portée de main". A portée de nos rêves ?

 

(Sylvain Michelet, in Le Livre des rêves, Albin Michel, 2/2000)




 


 

LES RÊVES CHAMANIQUES

 


Pour les chamanes, le rêve et l'art de rêver sont très importants. Le rêve est une réalité aussi déterminante que notre vie éveillée, et en contrôlant les rêves ils agissent sur la réalité. En fait ils ne font pas de distinction, considérant notre vie comme un rêve que l'on peut modifier. Dans le livre de Carlos Castaneda, L'Art de rêver, Don Juan définit "rêver" comme un passage à l'infinité. Rêver est pour les sorciers une manière pratique de se servir des rêves ordinaires. "Rêver ne peut être qu'une expérience. Rêver ne signifie pas seulement avoir des rêves. Par l'acte de rêver, nous pouvons percevoir d'autres mondes, que nous pouvons assurément décrire. Mais nous ne pouvons pas décrire ce qui nous les rend perceptibles. Néanmoins nous pouvons sentir comment rêver ouvre ces autres royaumes. Rêver semble être une sensation - un processus dans nos corps, une conscience dans nos pensées." Ainsi les chamanes, qui cumulaient plusieurs fonctions, pouvaient utiliser l'état de rêve pour guérir une personne, ou l'exorciser. D'après Jeremy Taylor, il s'agit de ce qu'on appelle le rêve lucide, et le pouvoir de guérison des ces rêves est très puissant. Voici un exemple de rêve chamanique raconté par Jeremy Taylor (cf. Where people fly and water runs uphill, Warner Books). Il fit ce rêve alors qu'il travaillait comme thérapeute auprès de jeunes autistes et schizophrènes :


"Je me retrouve flottant dans un espace flou et gris. Eric, un des jeunes les plus perturbés et les plus violents, apparaît devant moi, riant en roulant les yeux comme quelqu'un de fou. Je le regarde pendant un long moment, puis je commence à voir son aura. Il est d'une drôle de couleur rose et il s'étend autour de lui jusqu'à une distance d'environ 20 pouces. L'aura ondule lentement et change de forme, comme un nuage de gaz. Je remarque qu'il y a d'étranges piquants noirs tout autour de lui. Ils ont à peu près un pied de long et un demi pouce d'épaisseur à leur base, là où ils sont attachés à son corps. Je me sens terriblement fatigué, j'ai envie de dormir. Comme je combat ma fatigue, je me dis qu'il serait absurde de dormir puisque je dors déjà. Je réalise alors que je suis en train de rêver.
Maintenant je regarde Eric plus attentivement. S'agit-il d'une projection de moi-même, d'un aspect de moi ? C'est ce que je pense, mais j'ai pourtant le sentiment qu'il y a plus que cela. Mon épuisement augmente, et mon esprit est confus et lent. Pourquoi mon rêve m'offre-t-il cette image d'Éric couvert de piquants ? Quel est le sens thérapeutique de ce rêve ?
Je réalise que peu importe le sens du rêve, ces piquants ne devraient pas être là. Alors je me dis que quoiqu'ils représentent, je devrais les enlever. Je me déplace vers Eric et je lui dis télépathiquement que je vais "déraciner" les piquants de son aura. Je commence donc à arracher, déraciner les piquants avec mes mains, et déraciner est le terme exact car si je ne fais que les casser j'ai le sentiment qu'ils repousseront . Il faut donc les déraciner pour s'en débarasser.
Je viens à bout d'enlever tous les piquants, et je ressens un immense soulagement. Alors je m'éloigne d'Éric et je quitte le rêve."


Le lendemain matin, alors qu'il n'avait raconté ce rêve à personne, J.T croise Eric qui bondit vers lui, très fâché, et lui crie : "Tu m'as volé quelque chose la nuit dernière !" J.T lui répond que la nuit dernière il dormait dans son lit, mais l'autre insiste : "Tu as enlevé quelque chose de moi ! Rends-le moi !"
J.T lui demanda de quoi il s'agissait. Eric ne pouvait répondre. Alors J.T lui demanda comment il se sentait. Surpris, Eric répondit qu'il se sentait bien. Alors J.T lui dit : "Voilà qui est plutôt inhabituel, n'est-ce pas ? Peut-être que tu ne veux pas vraiment ravoir ce que tu as perdu la nuit dernière ?" Ils se regardèrent un long moment, puis Eric acquiesca.
Voilà une expérience de rêve lucide chamanique qui montre bien comment le chamane peut utiliser l'art de rêver pour accéder à une autre énergie afin modifier la réalité. Ainsi plutôt que de considérer les rêves lucides comme des expériences amusantes, on devrait explorer leur potentiel de guérison, dans la même optique que les chamanes guérisseurs, pour notre bien et le bien de la communauté.

Estelle Melanson-Leblanc


 

 

BIBLIOGRAPHIE CHAMANIQUE

 

 

Le Chamanisme

Ed. Encre, 2009 -


 

 

 

Rêve et chamanisme - 30 exercices de développement personnel

Par Océane Allessi-Ravasini

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TarotChaman

 


Le Tarot du chaman

 

 



La Récapitulation chamanique - Soigner son passé pour libérer son esprit,
par Victor Manuel Pereda Sanchez, aux éd. du Rocher 

Alternative au travail de la psychothérapie, la récapitulation chamanique explique concrètement comment restaurer le "corps énergétique" en présentant des techniques visant à évacuer l'énergie étrangère (promesses enfouies, liens avec le passé, etc.) et à se réapproprier l'énergie dissipée.


Les Leçons de Castaneda,
par Victor Manuel Pereda Sanchez, aux éd. du Rocher, mai 1996

Emule de Carlos Castaneda, Victor Sánchez, à l'origine d'un courant d'anthropologie respectueux des traditions indiennes de l'Amérique centrale, nous livre les leçons d'expériences rattachées aux rites sacrés des Nahuas, des Huicholes et d'autres groupes indiens d'ascendance toltèque. Son expérience personnelle, au sein de cescommunautés, éclaire d'un jour nouveau les techniques auxquelles Carlos Castaneda a donné les noms d'"art duguet" et d'"art de rêver". Les unes visent la maîtrise du moi, l'abandon des pensées et des actes engendrés par une acceptation passive des limites que peut poser l'univers culturel occidental, et l'accès à une réalité et à uneliberté plus grandes. Les autres permettent d'exercer une sorte de contrôle sur nos rêves, et de transformer notre vie grâce à l'exercice de ce contrôle. Ainsi que le souligne l'auteur, le but de son livre est essentiellement pratique.
Les exercices qu'il décrit sont concrets, peuvent être effectués seul ou en groupe. Les descriptions sont accompagnées d'un ensemble de recommandations facilitant leur réalisation et d'exemples - évocations passionnantes d'expériences individuelles ou collectives vécues dans les régions du Mexique où les anciens rites toltèques sont encore vivants, ou dans les déserts. Cet ouvrage s'inscrit à la confluence des grands courants spirituels de l'Asie et de l'Amérique centrale.


Voyage au coeur du chamanisme,
par Victor Sanchez, aux éd. du Rocher, nov.1997 

Fruit de longues recherches sur le terrain, ce voyage au coeur du chamanisme mexicain nous fait découvrir les enseignements spirituels des survivants toltèques. L'auteur nous conduit dans les sierras isolées du Mexique où les chamanes tentent par tous les moyens de sauvegarder la tradition.


Les Chamanes, par Piers Vitebsky, éd. Albin Michel 

Abondamment illustré, ce livre nous explique le phénomène complexe et multiforme du chamanisme, que l'on retrouve de la forêt d'Amazonie jusqu'aux neiges de Sibérie.
Il nous introduit dans le monde fascinant des chamanes et présente, grâce à une cartographie détaillée, leur rôle social et religieux dans l'histoire de l'humanité.

 

pour d'autres infos sur les reves allez sur le site oniros (en lien)

 

 


 

 


 

 

 
6 juillet 2013

liberer l'art du mercantile.....

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Manifeste pour

libérer l'Art 
de la culture mercantile

 

Attaquons le problème au départ ! N’écoutons plus ces gens qui parlent de l'Art ! La Culture, c'est vrai, quelle imposture, de leurs lèvres ne sortent que des vomissures qui façonnent les instruments de torture, emprisonnant l'artiste, dans ce cauchemar.

De l'ignorance, ils brandissent l'étendard, telle l’arrogance hissée sur leur inculte rempart. Ils crient leurs références comme une dictature, gonflant le torse, éclatant leur encolure. « Dans ce cadre, il faut bien cette peinture ! Cette envolée me rappelle Béjart, ou Mozart ?"

"C'est beau, comme un plat d'épinards, mais s'accordera t-il à mon billard ? " Un banquier demande où est la signature ? " Quel dommage d'avoir cette grosse armature ? Pardon, je n'avais pas vu, c'était la sculpture !" Rien ne doit être laissé au hasard.

La vieille dame adore le style "clochard", dit-elle au jeune peintre d 'un ton égrillard, car malgré son manteau de fourrure, fait disparaître des petits fours dans sa doublure et de l'autre main, lui caresse la chevelure, en pensant qu'il ferait bien dans son plumard.

Le galeriste affirme, un rien cabochard : ce jeune talent vaudra un jour des milliards. Il lui prédit un avenir d'une grande envergure; de l'Art Nouveau, il possède déjà la tessiture. Dépêchez vous d'acquérir avant la fermeture, pour un bon placement, c'est en dollars.

" Comment, vous préférez ce Fragonard, authentique? je vous vois goguenard. " L’expert est présent, il vous le jure, avec lui, jamais de demi-mesure, d’homme de foi, il n’est qu’une caricature, ressortant les artistes de leur corbillard.

L'Art est affaire de coeur et de regard, et si, avec moi, il s'autorise le grand écart, c'est qu'il a droit à toutes les démesures, son chemin est parsemé de folles aventures, qui jamais ne lui permet de conclure, condamnant l'artiste à une vie de bagnard.

Un jour, il déambule sur les boulevards, le lendemain, il défend les communards. Au nom du pouvoir, à la mairie, on l'inaugure, octroyant à l’artiste quelques nourritures, c'est la fête ! Fini de se serrer la ceinture. La Culture est sauvée par les politicards.

Pas pour longtemps, car sortant du placard, la commission culturelle lance un traquenard, triturant et malaxant ce projet immature, elle condamne l'auteur, à une proche sépulture, prétextant son jugement au nom de l'inculture, voici un mandat qui se terminera en faire-part.

Vêtu de noir, l’oeil défait et le teint blafard, l’artiste proteste et se lance dans la bagarre, il doit se prostituer sous toutes les coutures du cercle, il recherche l’impossible quadrature. Immaculé comme un cygne, le voilà noir canard, pensant à mourir, avant d’être mis au rancart,

il finira par noyer son désespoir au coin du bar, ne trouvant plus sa route dans ce brouillard, qui ne lui accorde aucune chance d’ouverture. On ne se remet pas aisément de ces blessures, faîtes facilement dans le dos, pour la plupart. Peu d’artistes finiront respectables vieillards!

De la prison où vous m’avez mis à l’écart, je rêve, éveillé d’un Art idéal, sans fard, sortant du néant de la financière pourriture, proclamant en hurlant, ma droiture, un rien agressif, légèrement revenchard, il signalera au monde, comme un phare,

que jamais par votre argent, vous réussirez à baîllonner et enfermer mon imagination. J’offre mon oeuvre aux futures générations donnant la preuve de ma crédible vérité, attestant fort et haut, ma passion de créer, vivante, elle existe, au même titre que l’Art!

N’essayez pas de détourner votre regard de mes dessins, qui vous rendent hagard, mes personnages sont la représentation théâtrale de notre fin de civilisation. Éternellement collés, c’est ma vengeance, sur les murs décrépis de votre indifférence.

Gens d’art, me verriez-vous au Quatar, mes tableaux vendus chers et bien cotés, bientôt enterré ou perdant la raison ? Ma volonté de vivre, libre de vos salons, motive la folle explosion de ma création, traçant une page rouge de l’histoire de l’Art.

Alain Rességuier - Versoix, juillet 2001

 

12 mai 2013

la liberté de la censure..........ou le code hays....bientot le retour......

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Code Hays

 

Code Hays

 

Le code Hays ou Motion Picture Production Code est un code de censure régissant la production des films, établi par le sénateur William Hays, président de la Motion Pictures Producers and Distributors Association, en mars 1930 et appliqué de 1934 à 1966. Ce texte fait suite à de nombreux scandales entachant l'image d'Hollywood, dont l'affaire Roscoe Arbuckle. Exemple d’autorégulation, les studios se sont eux-mêmes imposé cette censure afin d'éviter l’intervention extérieure, en particulier de l'État fédéral. Le texte du code a été rédigé en 1929 par deux ecclésiastiques, Martin Quigley (1890-1964), éditeur catholique, et Daniel A. Lord (en) (1888-1965), prêtre jésuite.

 

Le code est appliqué par l'Administration du code de production (Production Code Administration), dirigée par le très catholique Joseph Breen (1888-1965) qui impose sa marque sur tous les films hollywoodiens de 1934 à 1954, période connue pour sa rigueur morale. Il est remplacé par son adjoint, Geoffrey Shurlock, de 1954 à 1968.

 

 

Vers l’instauration du code d’autocensure

 

La nudité dans les films existe dans le cinéma muet au travers des nudies (petits films au ton badin où on voit s'ébattre des femmes nues) alors qu'aucune législation à ce sujet n'existe. Dès 1907, un système de censure (films visionnés d'abord par la police) est mis en place à Chicago sous la pression de lobbies catholiques et puritains, ligues de vertus minoritaires (les États-Unis étant majoritairement protestants) mais suffisamment puissantes pour influer sur l'industrie cinématographique essentiellement juive à l'origine. En 1908, le maire de New York, décide d'interdire les Nickelodeons considérés comme des lieux de débauche et de pousse au crime, il autorise la police à interdire des projections. L'industrie du film, basée alors à New York, y fonde en mars 1909 un Board of Censorship (bureau de la censure). À mesure que plusieurs États adoptent ce type de censure, l'industrie du film prend les devants et décide en 1916 de créer son propre organisme d'auto-régulation, la National Association of the Motion Picture Industry (en) (NAMPI), cela leur permet ainsi d'harmoniser les censures différentes selon les villes et les États, rendant la vision des films incohérente que les spectateurs mettaient sur le compte de mauvais réalisateurs. En 1915, l'affaire Mutual Film Corporation v. Industrial Commission of Ohio aboutit à la Cour Suprême qui considère que les films de l'industrie du cinéma étant une activité mercantile ne peuvent bénéficier du premier amendement.

 

Dans les années 1920, plusieurs scandales, relayés par la presse populaire, ébranlent l’industrie naissante du cinéma hollywoodien. L’acteur Roscoe Arbuckle est soupçonné de la mort de l’actrice Virginia Rappe, lors d’une soirée « de débauche » à San Francisco, en 1921 ; le décès crapuleux, en 1922, de l’acteur et producteur William Desmond Taylor, sur fond de bisexualité et la mort par overdose de l’acteur Wallace Reid en janvier 1923, font paraître Hollywood comme un lieu de perdition et de débauche. D’autant que Reid est suivi dans la tombe, et pour les mêmes raisons, par Olive Thomas, Barbara La Marr, Jeanne Eagels puis Alma Rubens1.

 

Cela conduit, en 1922, à la création de la Motion Pictures Producers and Distributors Association (devenue la Motion Picture Association of America en 1945, elle remplace la NAMPI), présidée par l'avocat William Hays, qui établit non pas des interdits mais des recommandations. La première mesure de Hays est de bannir Roscoe Arbuckle de tout film et d’imposer un certificat de moralité pour toute personne apparaissant à l’écran.

 

En 1927, il dresse une liste de sujets et de thèmes que les scénaristes doivent éviter. La même année, l'avènement du cinéma parlant appelle à la révision ou à la précision des règles d’autocensure. Les films du Pré-Code tournés avant la création du Code Hays appliqué à partir du 1er juillet 1934 peuvent aller loin dans la nudité, tel Tarzan et sa compagne, ou contournent déjà les recommandations. Ce système d'évitement se développe à partir de l'application du code par l'utilisation de métaphores (panoramique vertical symbole de l'érection, bouteille de champagne débouchée symbole de l'éjaculation) ou la négociation entre réalisateurs et censeurs. Billy Wilder voit même dans cette censure un moyen de stimuler l'inventivité des réalisateurs talentueux par l'utilisation d'ellipses visuelles et d'images suggestives (tel l'effeuillage de Rita Hayworth dans Gilda, le train fonçant dans un tunnel symbolisant l'acte sexuel dans La Mort aux trousses), ce qui conduit à la « fétichisation d'Hollywood » (la caméra n'expose que des parties du corps qui sont alors érotisées). Néanmoins pour des réalisateurs moins inventifs, le code se fait ressentir, ainsi dans Tarzan s'évade, Jane porte désormais une robe alors qu'elle était en bikini en peau de léopard dans Tarzan et sa compagne. En plein âge d'or du cinéma américain (en), la rigueur du code commence à s'affaiblir dans les années 1940 avec l'évolution des mentalités puis le développement de la télévision aux images plus réalistes. La Cour Suprême, lors de l'affaire United States v. Paramount Pictures, Inc. en 1948, décartellise les sociétés de production de cinéma qui ne peuvent plus assurer la distribution, les nouvelles sociétés de distribution important alors des films étrangers, notamment les œuvres du néoréalisme et de la Nouvelle Vague française qui n'hésitent pas à montrer des thèmes tabous sous une nouvelle radicalité. Le cinéma d'art et d'essai qui se développe montre la même évolution. Dans les années 1950, les boycott de la Ligue pour la vertu ne menacent plus économiquement le succès public des films. En 1966, un code est réécrit mais est peu appliqué, étant remplacé en 1968 par un système de classification des films par âge, le système de classification de la Motion Picture Association of America créé par Jack Valenti, ce déclin de la censure permettant notamment le développement du cinéma pornographique.

 

Principes généraux

 

Aucun film ne sera produit qui porterait atteinte aux valeurs morales des spectateurs. La sympathie du spectateur ne doit jamais être jetée du côté du crime, des méfaits, du mal ou du péché. Seuls des standards corrects de vie soumis aux exigences du drame et du divertissement seront présentés. La loi, naturelle ou humaine, ne sera pas ridiculisée et aucune sympathie ne sera accordée à ceux qui la violent, notamment le gangster et la femme déchue.

 

Crimes et criminels

 

Le crime ne doit pas être présenté d'une façon qui créerait de la sympathie pour le criminel ou inspirer au spectateur un désir d'imitation. Le meurtre doit être présenté de manière à ne pas encourager l'imitation. Les meurtres brutaux ne doivent pas être présentés en détail. La vengeance n'est pas justifiée dans un film où l'action se passe dans l'époque contemporaine.

 

Les méthodes criminelles ne doivent pas être explicitement présentées. Les techniques pour le vol, le cambriolage et le dynamitage de trains, de mines, de bâtiments, l'incendie criminel, etc., ne doivent pas être présentées en détail. L'utilisation d'armes à feu doit être limitée. Les méthodes utilisées dans la contrebande ne doivent pas être présentées.

 

Le trafic de la drogue ne doit jamais être présenté. La consommation de spiritueux est bannie de l'écran, sauf dans les cas où cela fait partie intégrante du scénario ou des caractéristiques d'un personnage.

 

Sexualité

 

L'importance de l’institution du mariage et l'importance de la famille sont primordiales aux yeux des rédacteurs du code Hays. Par conséquent, l'adultère, parfois nécessaire dans le contexte narratif d'un film, ne doit pas être présenté explicitement, ou justifié, ou présenté d'une manière attrayante. Les scènes de passion ne doivent pas être présentées sauf si elles sont essentielles au scénario et les baisers excessifs ou lascifs, les caresses sensuelles, les gestes suggestifs ne doivent pas être montrés. « La présentation de chambres à coucher doit être dirigée par le bon goût et la délicatesse », précise le code afin d’éviter de se faire contourner par la métaphore et la métonymie.

 

Il en va de même de la séduction et du viol qui ne peuvent être que suggérés et non montrés, et seulement lorsqu'il s'agit d'un élément essentiel du scénario. Ils ne sont jamais un sujet approprié pour la comédie.

 

Toute référence à la perversion sexuelle est formellement interdite. The Celluloid Closet, essai de Vito Russo, puis documentaire de Robert Epstein, montre comment, en ce qui concerne l'homosexualité au cinéma, la représentation de ce qui est encore largement perçu comme une déviance, contourne les interdits du code Hays.

 

La traite des Blanches, la vente des femmes et la prostitution ne doivent pas être représentées. La présentation de rapports sexuels interraciaux est tout bonnement interdite de même que les thèmes de l'hygiène sexuelle et des maladies vénériennes.

 

La naissance d'un enfant (même en silhouette) ne doit jamais être représentée. Les organes sexuels d'un enfant ne doivent jamais être visibles à l'écran.

 

Décence

 

La présentation de sujets vulgaires, répugnants et désagréables doit être soumise au respect des sensibilités des spectateurs et aux préceptes du bon goût en général. L'obscénité dans le mot, dans le geste, dans la chanson, dans la plaisanterie, ou même simplement suggérée est interdite. Le blasphème est strictement interdit et le code liste les mots à éviter : God, Lord, Jesus, Christ, Hell, S.O.B, damn et Gawd. « Des titres licencieux, indécents ou obscènes ne seront pas employés » souligne le code, soucieux d'éviter que l’industrie du cinéma se serve des affiches de cinéma pour opérer un détournement de la censure et atteindre aux bonnes mœurs que le code Hays tente si vigoureusement de protéger.

 

L'indécence est interdite de même que la nudité, réelle ou suggérée, et les commentaires ou allusions d'un personnage à ce sujet. Les scènes de déshabillage sont à éviter sauf lorsqu'il s'agit d'un élément essentiel du scénario. Les costumes trop révélateurs sont interdits.

 

Les danses lascives, celles qui suggèrent ou représentent des relations sexuelles, sont interdites. Les danses qui comportent des mouvements indécents doivent être considérées comme obscènes.

 

Les sujets suivants, considérés comme « répugnants », doivent être traités avec beaucoup de prudence et de bon goût : la pendaison, l’électrocution et la condamnation à mort d’un criminel, le tatouage, le marquage au fer d'animaux et d'êtres humains, la brutalité et l'horreur, la cruauté envers les enfants ou les animaux et les opérations chirurgicales. La représentation d'esclaves blancs est prohibée.

 

Certains critères de « décence » reposaient d'autre part sur les préjugés raciaux de l'époque. Ainsi, la Metro-Goldwyn-Mayer rejeta la candidature de la sino-américaine Anna May Wong pour le rôle principal dans une adaptation de The Good Earth (Visages d'Orient) de Pearl S. Buck en raison de principes interdisant les gestes intimes entre les diverses races. L'acteur principal masculin étant de race blanche (Paul Muni), les producteurs considéraient impossibles de lui donner une partenaire de race jaune et choisirent plutôt l'actrice Luise Rainer que l'on maquilla pour lui donner l'apparence orientale.

 

Patrie et religion

 

Aucun film ne doit se moquer de la religion sous toutes ses formes et de toutes les croyances. Les ministres du culte ne peuvent pas être dépeints comme des personnages comiques ou comme des bandits. Les cérémonies de n'importe quelle religion définie doivent être présentées avec beaucoup de respect.

 

La présentation du drapeau se fera toujours de manière respectueuse. L'histoire des institutions, des gens connus et de la population en général d'autres nations sera présentée avec impartialité.

 

 

 

24 avril 2013

la theophilanthropie...

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La théophilantropie est un culte né pendant la Révolution française, qui voulait trouver une alternative à la déchristianisation en proposant le culte d'une religion « naturelle », avec les « Amis de Dieu et des hommes ».

Ces cérémonies, qui mettent en scène le Culte de la Raison et de l'Être suprême, participent aux différentes fêtes et commémorations révolutionnaires prévues par la Constituante, et dont un des ordonnateurs sera Rabaut de Saint-Étienne.

 

Naissance de la théophilanthropie

Le fondateur de la théophilantropie est Jean-Baptiste Chemin-Dupontes, dit « Chemin fils », né vers 1760, et mort vers 1852. Sans doute fils de libraire, Chemin a fait des études de théologie au séminaire, et est libraire à Paris lorsqu'éclate la Révolution. Il est à cette époque en relation avec l'abbé Claude Fauchet (1744-1793), partisan d'un catholicisme national et futur évêque constitutionnel du Calvados.

Partisan modéré de la Révolution, Chemin édite ses propres brochures patriotiques, souvent soucieuses de neutralité :

  • L'Ami des jeunes patriotes ;
  • La Morale des sans-culottes ;
  • Le Pour et le Contre ;
  • L'Alphabet républicain (an II), sorte de catéchisme de l'Être suprême et de la religion naturelle.

Après le 9-Thermidor, il se range du côté des républicains modérés, et lance l'idée, en septembre 1796, d'un culte familial, déiste et humanitaire, qu'il nomme « théoanthropophilie ». Il en édite alors le Manuel. Ce nouveau culte connaît un certain succès à Paris, notamment auprès de Valentin Haüy, qui lance le culte avec lui en décembre 1796, sous le nom de « théophilanthropie ».

Principes philosophiques

Les idées sont précisées dans le Manuel des théophilanthropes. La théophilanthropie se veut être une religion « raisonnable », ayant les avantages des religions anciennes sans les inconvénients, soit une religion innée de l'Homme, base de tous les cultes de la Terre. La théophilanthropie permettrait de réconcilier les hommes et les Églises, car toute discussion métaphysique ou théologique est proscrite.

Ne sont retenus que deux dogmes « socialement utiles » : l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme.

La morale de ce nouveau culte est fondée sur les « lois naturelles », la conscience jugeant le Bien et le Mal, ainsi que sur les devoirs de l'homme envers ses semblables et envers sa patrie.

Pratique du culte

La théophilanthropie se pratique sous la forme d'un culte familial et de cérémonies publiques : « fêtes religieuses et morales », dans des temples décorés d'inscriptions morales et d'un autel dépouillé, évocations au Père de la Nature, examens de conscience, hymnes, lectures, etc.

Le Code religieux et moral des théophilanthropes, écrit en l'an VI, reprend les principaux textes du groupe.

Le premier culte a lieu en janvier 1797 dans l'église Sainte-Catherine à Paris, devant les familles des fondateurs et les élèves de Haüy. L'affluence importante nécessite une seconde réunion. La théophilanthropie rencontre l'adhésion rapide de quelques politiques, comme l'entrepreneur et économiste Dupont de Nemours, le député au Conseil des Anciens Goupil de Préfelne ou le peintre David.

L'appui donné par un des Directeurs, La Révellière-Lépeaux, donne sa notoriété au mouvement. À partir d'avril 1797, il entend renforcer la République en remplaçant le catholicisme par une autre religion. Arrivent alors les soutiens de Bernardin de Saint-Pierre, Marie-Joseph de Chénier, Thomas Paine.

Développement de la théophilanthropie

Le mouvement prend une connotation de plus en plus anticatholique à mesure qu'il est rejoint par des patriotes avancés. Le groupe ouvre des écoles et reçoit l'autorisation d'exercer son culte dans 19 églises parisiennes, conjointement avec les cultes constitutionnels et réfractaires. La théophilanthropie se développe également en province. Ce développement est freiné par la volonté de remettre en valeur le culte décadaire par François de Neufchâteau, ministre de l'Intérieur.

Une tentative de relancer les activités théophilanthropiques est lancée sous le nom de « théisme » (sorte de maçonnerie ouverte) en privilégiant le caractère philosophique du culte, mais elle échoue.

La nouvelle religion suscite des adversaires qui tentent de ridiculiser ses adeptes en les appelant : « Les Filous en troupe ». Les réunions théophilanthropiques sont interdites dans les édifices nationaux (églises) par un arrêté du 12 vendémiaire an X (4 octobre 1801), puis le culte est interdit en tout lieu en mars 1803. Certains groupes théistes perdurent encore quelque temps en province, notamment dans l'Yonne.

Jean-Baptiste Chemin retourne alors à la franc-maçonnerie (il est vénérable de la Loge des Sept Écossais réunis en 1815, et membre du Grand Orient de France). Il finit sa vie probablement comme maître de pension.

Plus tard, le prêtre et philosophe grec Theóphilos Kaíris fonda la « théosébie », inspirée de la théophilanthropie française. Il fut anathémisé par l'Église orthodoxe en 1839.

À la fin du XIXe siècle, Joseph Décembre, dit Décembre-Alonnier (1831-1906) tente de faire renaître la théophilanthropie (1882, fondation du Comité central théophilanthropique). Libraire assez malhonnête, il essaie surtout, dans un esprit très anticlérical, de transformer un courant spirituel en filon commercial auprès des francs-maçons et des occultistes

 

26 avril 2015

tu est ma muse.........

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MUSE RETIENS TES LARMES

 

Muse retiens tes larmes, c’est l’amour qui t’en prie

Ne laisse pas blessé et mourir ce bonheur.

Laisses toi donc guider, laisses parler ton cœur

Laisses le s’envoler ; s'évader dans la vie.

 

Tu ne peux maîtriser la passion qui t’habite

Et de la refouler ne fait que l’aggraver.

Tu es jolie ma muse, ne laisses pas le temps

T’emprisonner ainsi encore dans ton printemps.

 

Tu souffres, je le sais ; je le lis dans tes yeux.

Il ne faut pas grand chose pour être malheureux.

Mais il faut beaucoup moins pour que vienne un sourire

Un soupir de bonheur que toi seule m’inspires.

 

Alors que cherches-tu, à passer à coté,

Des plaisirs de la vie pour une éternité ?

Ou simplement de vivre, vivre pour être aimée

Et d’aimer à ton tour comme l’on peut aimer.

 

Regardes-moi ma muse et dis-moi que tu m’aimes.

Même si ce mot doux quelque part nous entraîne.

Affronte ton regard ce soir dans le miroir

Et ne me dis pas muse, qu’il n’y a plus d’espoir.

 

Parce que sinon la vie ne vaut d’être vécue.

Car d’avoir tout raté, à toujours reculer,

On se retrouve seule quand le temps a passé

A regretter l’amour auquel on n’a pas cru.

 

Daniel Douillet

 

Ça m'amuse que tu sois ma muse 
Dis moi si ça t'amuse aussi 
Ou bien si tu refuses 
Le fluide ne s'use 
Que si l'on en abuse 
Et si ça m'use parfois ma muse 
Tellement ça fuse 
De toute part, d'antennes en satellites 
Aux pylônes, au hasard 

Je ne regrette pas 
Mais, ne le répète jamais à personne 
Surtout garde ça pour nous 
Love ! 
Les braises incandescentes 
Sont encore sous la cendre froide 
Autrement dit, sois toujours au rendez-vous 

Ça m'inspire chaque fois que je respire 
Ton essence complice 
Qui goutte à goutte immisce en moi 
Que s'éloigne le pire 
Que s'effacent les frontières 
Que s'affinent les contrastes 
S'ancrent nos mystères 
Les nerfs se changent en air 
Flottant autour des météores 
Et la petite musique se glisse 
Entre les interstices 

Je ne regrette pas 
Mais, ne le répète jamais à personne 
Surtout garde ça pour nous 
Love ! 
Les braises incandescentes 
Sont encore sous la cendre froide 
Autrement dit, sois toujours au rendez-vous 

Ça m'amuse que tu sois ma muse 


Ça colle des ailes à mes labiales 
Ôte à mes mots la muselière 
Impose des lettres capitales 

Alors veux-tu que je te dise 
je prend ce que tu donneras 
La pierre est précieuse et magique 
Maintenant je sais que tu es là 
D'antennes en satellites 
Autour des météores 
Je peux puiser dans ton calice 
Je peux creuser dans ta mine d'or 
Et sois au rendez-vous 

Et sois au rendez-vous 

Et sois au rendez-vous 

 

"Bertrand Cantat"

 

 

27 avril 2015

pourquoi il ne faut pas lâcher prise.....

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Pourquoi il ne faut pas lâcher-prise

Le fameux lâcher-prise aaahhhh…

Acceptez votre vie, acceptez que vous ne pouvez pas tout contrôler, acceptez-vous, acceptez votre entourage, acceptez vos obstacles, acceptez, acceptez, ac-cep-tez…

Je vois déjà la horde de zombie en train de répéter ce mantra en boucle s’approcher de moi.

Tout le monde répète ce principe comme une vérité indétrônable autant naturelle que la viande d’une affiche publicitaire de Mcdo (en passant, saviez-vous que sur les affiches la viande est crue et recouverte de peinture brune ? La viande à l’air soi-disant plus succulente).

À chaque fois que je lis le terme lâcher-prise, j’entends contradiction. D’un côté on parle d’être meilleur, plus productif, plus empathique, de vivre la vie de nos rêves mais d’un autre, on parle du détachement matériel, de l’acceptation de notre sort, de se libérer du joug de la matière, etc.

Désolé du terme, mais c’est un gros bordel et quand je vois, lis et entends des avis concernant ce point, je ne vois que des touches supplémentaires à ce chaos.

Dans cet article, je vais être incisif et j’ai rangé mes pincettes dans le panier. Alors préparez vos casques les cocos, c’est parti !

Une dure vérité

Le moine zen, aimé de tous, au corps d’Apollon, milliardaire et qui n’en glande pas une, ça n’existe pas.

Et ouais, si vous voulez vous faire de la tune, c’est que la matière à un intérêt pour vous. Alors, impossible de pratiquer le lâcher-prise. A l’inverse, si vous voulez vous séparer de cet ego stupide qui veut toujours plus, alors vous devrez aussi vous détacher de l’argent. Notre ami Jésus l’avait compris, et c’est pour cela qu’il a clairement dit :

« Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. ».

Franchement, on a pas besoin de faire 3 doctorats en théologie pour comprendre ce qu’il dit. Et notre second ami Bouddha ainsi que de nombreuses sources religieuses et philosophiques sont (pour une fois) tous d’accord avec ce point.

Dans votre vie, vous allez devoir faire un choix. C’est encore une connerie marketing de croire que l’on peut faire partie des deux camps. Ce serait comme croire que l’on peut manger du Mcdo (oui, je m’attaque souvent au McDo…) 3 fois par jour et avoir un corps de rêve.

Attention, je ne dis pas qu’il y a une bonne et une mauvaise voie mais simplement deux voies antagonistes.

Le vrai lâcher-prise

Pas besoin de lire des livres ésoretico-scientifico-babacool pour vraiment comprendre le lâcher-prise. Je ne suis pas croyant mais si vous voulez un bon traité du lâcher-prise, lisez le nouveau testament ou encore l’histoire de Jacob.

Si vous n’êtes pas sensible à la symbolique chrétienne, vous pouvez encore vous tourner vers l’analyse de la vie de grands Sâdhu ou encore vous pencher sur la philosophie Zen.

Si vous êtes paresseux, je peux vous donner la vrai définition dans cet article. Mais tout d’abord, précisons ce que n’est PAS le lâcher-prise.

  • Le lâcher-prise ce n’est pas accepter de ne pas avoir la dernière Aston Martin
  • Le lâcher-prise ce n’est pas accepter qu’il y ait un peu de traffic aujourd’hui
  • Le lâcher-prise ce n’est pas accepter que son gosse ait eu une mauvaise note
  • Le lâcher-prise ce n’est pas accepter que l’on soit un peu trop gros
  • Le lâcher-prise ce n’est pas accepter que l’on soit un peu trop ridé
  • Le lâcher-prise ce n’est pas accepter de ne pas être millionnaire

On appelle cela de la résignation. On accepte certains points de notre vie qui nous frustrent et tentons de l’oublier. La plupart des gens qui prônent le lâcher-prise font simplement de la dissonance cognitive, c’est-à-dire qu’elles changent leur perception pour supporter la dure réalité.

« Je ne suis pas riche, mais je ne veux pas l’être. J’ai appris à lâcher-prise ! ». Et si maintenant tu gagnes au loto, tu ne vas pas l’accepter ? Ces personnes se sont simplement résignées à accepter leur situation… mon popotin qu’elles ont lâché-prise.

Alors qu’est-ce que vraiment le lâcher-prise ?

Eh bien, c’est abandonner notre volonté d’acquérir, de contrôler, de vouloir et d’avoir. En d’autres termes, c’est abandonné le désir même. Au-delà de ce petit enfant capricieux que nous sommes, se trouve le bonheur ultime de n’avoir besoin de rien, de simplement être. C’est une définition précaire de ce que l’on peut appeler l’illumination ou encore la sainteté chrétienne. L’un passe par une libération de la nature humaine, l’autre par soumission totale à une volonté supérieure. Bien que les chemins soient différents, le but semble être le même.

  • Le lâcher-prise c’est être détaché de tous ses biens matériels
  • Le lâcher-prise c’est être détaché de tous liens affectifs
  • Le lâcher-prise c’est être détaché de toute volonté égoïste
  • Le lâcher-prise c’est aimer la vie et toutes ses manifestations

En gros, le lâcher-prise c’est pas un truc de petits kékés. Alors si vous voulez vraiment lâcher-prise, bonne chance et on se verra pour votre canonisation (bon vous serez mort dans ce cas…).

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On peut voir les restes d’un adepte du lâcher-prise.

Si vous n’êtes pas prêt à faire les sacrifices que demandent les guides qui ont atteint cet état, alors passez votre chemin et ne perdez pas votre temps dans cette voie. Ce serait comme croire que l’on peut atteindre les mêmes résultats que Schwarzenegger mais en ne s’entraînement que 5 minutes par mois et en mangeant du McDo (oui encore…) tous les jours.

Ah oui, et un monsieur qui est millionaire n’est probablement pas le meilleur enseignant pour le lâcher-prise… même si son livre ou son séminaire de 20 000€ s’appelle « le lâcher-prise » :)

Le tenir-prise (en grognant comme un loup sauvage)

Je vais être honnête, le lâcher-prise, j’en suis incapable et j’en ai surtout pas envie.

  • Oui, je veux bien gagner ma vie.
  • Oui, je veux visiter le monde.
  • Oui, j’aime et je tiens énormément à mon entourage.
  • Oui, j’ai envie que les gens m’apprécient.
  • Oui, ça me fait ch*** de perdre à un jeu

Je n’ai pas envie d’être un Saint ni Sâdhu. Ce ne sont pas mes modèles bien que je les admire pour leur force et leur courage.

Je rejette cette vision car je la considère artificielle et contraire à la nature. Avez-vous déjà vu un cerf se mettre en position du lotus et accepter qu’un loup ferme sa gueule sur sa carotide ?

Personnellement, non.

Il s’enfuit, il cherche des cachettes, il court jusqu’à s’exploser les poumons pour survivre.

On voit ce phénomène partout dans la nature, chaque particule vivante lutte sans cesse pour survivre, grandir, évoluer, devenir plus forte et conquérir du territoire. Même l’univers est en constante expansion.

La nature c’est l’inverse du lâcher-prise, c’est le tenir-prise.

Mais qu’est-ce que le tenir prise ?

  • Le tenir-prise c’est se démener pour avoir ce que l’on désir
  • Le tenir-prise c’est trouver la solution optimale pour éviter le traffic
  • Le tenir-prise c’est trouver la manière de gagner sa vie le plus efficacement possible
  • Le tenir-prise c’est trouver sa passion et la vivre pleinement
  • Le tenir-prise c’est ne pas accepter l’échec comme une finalité
  • Le tenir-prise c’est se bouger les fesses si l’on a pas le corps que l’on veut
  • Le tenir-prise c’est tout faire pour que ceux que l’on aime soient heureux

Le tenir prise c’est avoir un but, un objectif, un idéal et de déclencher des actions massives pour avoir ce que l’on désir.

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Vous l’imaginez lâcher-prise ?

« Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre…  » Je vais éviter de mettre la suite, ceux qui connaissent la citation sauront pourquoi. (Comment mélanger Matthieu et McDonald dans un article…)

Choisissez votre maître. Si vous voulez suivre le lâcher-prise alors abandonnez tout et suivez les préceptes de cette religion. Si vous ne voulez pas le faire mais plutôt gagner plein de tunes et qu’un Tim Ferriss, un Olivier Roland, un Steve Pavlina ou un Richard Branson vous font rêver, alors arrêter avec cette auto-hypocrisie et servez l’autre.

Bien sûr, d’un point de vue religieux, mon propos semble épouvantable, et il l’est. Dans mon exposé, je ne juge ni l’un ni l’autre et je me demande même si la Bible le fait réellement (mais je préfère rester en-dehors de tout débat théologique).

Ce que je veux dire, c’est que vous devez choisir une fois pour tout. Un pseudo-lâcher prise ne vous servira à rien dans votre vie, pire il vous nuira.

Le lâcher-prise face à l’impuissance

J’entends déjà la horde de zombie sortir les fourches (oui, ça existe, il suffit de jouer à resident evil 4…) et hurler de colère contre ma stupidité crasse (je suis dramatique aujourd’hui). Je n’ai donc rien compris ?

Le lâcher-prise concerne les événements où l’on a aucun pouvoir. Ces problèmes incontrôlables auxquelles personne ne peux rien y faire.

Bêtises ! (dis-je d’un revers de main)

Rien, absolument rien n’est incontrôlable.

Je sais que mon propos peut-être considéré comme extrêmement orgueilleux venant d’un petit occidental (pire, un suisse) n’ayant rien vécu de terrible dans sa vie. C’est pour cela, que je ne vais pas parler de ma vie mais de celle d’une autre personne que vous connaissez probablement.

Mère Teresa où l’antigone du lâcher-prise

Mère Teresa est une sainte, je devrais donc la mettre dans le panier du lâcher-prise non ?

Non.

A-t-elle accepté cette terrible mort dans la solitude que des milliers de personnes vivent chaque jour ?

Non.

A-t-elle accepté l’injustice de la misère ?

Non.

A-t-elle accepté qu’il était impossible de les aider et qu’elle ne serait qu’une goutte d’eau dans un océan de mercure ?

Je vous le donne en mille… Non.

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Je n’appelle pas ça du lâcher-prise.

Ce petit bout de courage incroyable n’a jamais abandonné l’affaire jusqu’à ses derniers jours. Elle  s’est battue pour rendre cette planète meilleure. Mère Teresa n’a rien accepté du tout !

Alors si elle a pu faire autant, je ne pense pas que nous ayons vraiment beaucoup d’excuses. Focalisons notre esprit sur ce que nous pouvons contrôler et nous nous rendrons compte de notre réel pouvoir.

Pour éviter le blasphème (quand même…)

Vous aurez compris ma réflexion.

Je ne vous dit pas de suivre Mamon ou Dieu (pour ceux qui connaissaient la suite de la citation). Cela est un choix qui reviendrait de la théologie, domaine que je veux pas toucher dû à mon manque de connaissance et à la sensibilité du sujet.

Je veux dire par là, qu’il est nécessaire d’avoir un objectif clair. Une fois élaboré, vous devez retirer tous les éléments susceptibles de vous freiner et de vous retenir. Un pseudo-lâcher-prise me semble plutôt être une bonne dose de paresse.

« J’accepte pour ne pas agir » Voilà le credo sincère de certains adeptes du lâcher-prise.

Un dernier mot

Quand vous lisez un livre, faites attention que celui-ci ne vous donne pas de bonnes excuses pour rester dans votre zone de confort. Si le contenu du livre ne vous dérange pas un minimum, c’est qu’il est probablement néfaste (je ne parle pas des romans bien sûr).

Beaucoup d’auteurs ont compris que la plupart des gens aiment qu’on leur disent et répètent que ce qu’ils font est juste, que le monde est ainsi et que s’ils sont médiocres et malheureux c’est soit de la malchance soit la volonté d’une force supérieure.

C’est tellement simple d’accepter et de ne rien faire. Rien n’est plus facile que de ne prendre aucun risque, de ne faire aucun effort et rester sur place en mode passif.

Si vous lisez ce blog, je pense que vous aimez être dérangé et cela me réjouit au plus haut point. Continuez de lire des textes qui vous remettent en question, éliminez vos mauvaises habitudes et construisez-vous un avenir radieux peu importe les efforts nécessaires.

Et vous, que pensez-vous du lâcher-prise ? Voulez-vous la vie d’un Sâdhu ou celle d’un Richard Branson ? Avez-vous déjà expérimenté ce genre de conflits de valeurs ?

 

 

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