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sammael world
16 mai 2010

One more.......

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One more night, one more night

I've been trying ooh so long to let you know

Let you know how I feel

And if I stumble if I fall, just help me back

So I can make you see


Please give me one more night, give me one more night

One more night cos I can't wait forever

Give me just one more night, oh just one more night

Oh one more night cos I can't wait forever


I've been sitting here so long

Wasting time, just staring at the phone

And I was wondering should I call you

Then I thought maybe you're not alone


Please give me one more night, give me just one more night

Oh one more night, cos I can't wait forever

Please give me one more night, ooh just one more night

Oh one more night, cos I can't wait forever

Give me one more night, give me just one more night

Ooh one more night, cos I can't wait forever


Like a river to the sea

I will always be with you

And if you sail away

I will follow you


Give me one more night, give me just one more night

Oh one more night, cos I can't wait forever

I know there'll never be a time you'll ever feel the same

And I know it's only words

But if you change your mind you know that I'll be here

And maybe we both can learn


Give me just one more night, give me just one more night

Ooh one more night, cos I can't wait forever

Give me just one more night, give me just one more night

Ooh one more night, cos I can't wait forever

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1 décembre 2009

2e passage......

blindfoldlicks

PSYCHOSOCIOLOGIE DU RÊVE

Roger Ripert

Que dire de la dimension sociale du "rêve", c'est-à-dire de la place qu'il occupe dans le fonctionnement des sociétés et des cultures ?
Un petit rappel historique s'avère ici indispensable.

I - Le Rêve nocturne

Le rêve dans la culture occidentale

Dans notre société occidentale, tout au moins, sous prétexte de lutte contre le paganisme et l'hérésie, le rêve, qu'il soit nocturne ou d'ordre chamanique (induits par des enthéogènes), a fait l'objet d'une violente répression par les autorités religieuses en place dès le début du Moyen-Age.

Saint Jérôme et le pape Grégoire sont les figures marquantes de cette répression monothéiste obscurantiste qui perdure encore de nos jours.

Dans "la Vulgate", sa traduction latine de l'Ancien testament, publiée au IV ème siècle et qui fit autorité jusqu'à la fin du XIXe, saint Jérôme n'hésita pas à falsifier le texte original en hébreu en traduisant le mot "anan", qui signifie divination, par "observare somnia", interprétation des rêves, assimilant ainsi l'interprétation des rêves à la sorcellerie.

Le premier concile d'Ancyre (314) avait condamné les interprètes de songes à cinq ans de pénitence. Le pape Grégoire les punit de mort au début du VIII e siècle !

A noter, en France, en droite ligne de cette répression moyenâgeuse, l'abrogation toute récente d'un texte du Code pénal condamnant également les interprètes de rêves, et le rêve du même coup !

Pour compléter le tableau de cette longue période noire de féroce répression, tant du rêve, de ses interprètes que des rêveurs, ajoutons la destruction à la même époque des lieux d'incubation des rêves, tels les temples d'Esculape dans la Grèce antique, et celle des lieux de culte celtiques à caractère chamanique.

Il faudra attendre la fin du XIXe et le début du XXe pour que le rêve, avec l'avènement de la société industrielle et de la pensée cartésienne, retrouve une certaine considération sociale, tant à travers les mouvements littéraires, tels le romantisme et le surréalisme, qu'au plan de la recherche expérimentale et de la thérapie, via le mouvement psychanalytique, notamment.

Pour autant, notre société occidentale n'a guère changé depuis le Moyen-Age dans son attitude vis-à-vis du rêve et des autres états de conscience dont elle a décidé globalement de se couper.

Pourquoi tant de haine à l'égard du rêve et des rêveurs ?

"Penser à une chose, c'est y rêver", a martelé Léon d'Hervey de Saint-Denys, pionnier français du rêve lucide.

Si pensées et rêves ne font qu'un, comme le montre l'expérience,
Si les pensées en rêve s'inscrivent en continuité avec celles de l'état de veille, comme le montre la recherche expérimentale,

alors, on peut comprendre aisément que notre libre pensée en rêve (rêver, c'est "vagabonder"), source de notre libre agir, puisse remettre en cause les dogmes rigides et sectaires qui prétendent diriger nos comportements.

Partant de là, le point de vue libertaire de nos rêves - et de notre imaginaire en général - ne cadre plus avec celui des systèmes de croyances figés et uniformes vis-à-vis desquels il entre alors en conflit.

Par leur répression du rêve qui, paradoxalement, constitue leur fondement, les religions monothéistes entendent bien ainsi garder la main mise sur la direction intérieure de notre société, c'est-à-dire celle de nos consciences.

De même, notre société industrielle et matérialiste actuelle, qui modèle à l'extérieur nos comportements, voit dans le vrai rêve une source potentielle de contestation de son fonctionnement capitaliste axé sur la production et la consommation de biens matériels dont elle se charge elle-même de faire la propagande.

Comme elle le dit si bien : "Faut pas rêver !"
Entendez par là, vous ne devez pas rêver par vous-même et suivre vos propres rêves. Nous nous chargeons de fabriquer les rêves artificiels qu'une publicité tapageuse vous poussera sans cesse à consommer.
Et si le bien-être ne va pas de pair malgré tout avec ces rêves artificiels, qu'à cela ne tienne : la société machiniste vous amènera aussi à consommer, de gré ou de force, somnifères, tranquillisants et neuroleptiques, toutes ces substances anti-rêve d'une camisole pharmaceutico-chimique qui vous empêchera purement et simplement de rêver !

Partant de là, il est clair que le rêve, au sens noble et naturel du terme, ne peut guère avoir de place dans notre société occidentale en ce début de XXIème siècle.

Quant aux rêveurs et aux onirologues, ceux qui osent encore librement les raconter, les partager, les induire, les étudier et/ou les interpréter, ils ne sont en fait qu'une infime minorité d'individus, mal considérés, porteurs d'une image négative qui mêle au sourire méprisant la suspicion sectaire.

Deux exemples pour illustrer ces propos.

La place du rêve chez les Français

Faute de connaître le contenu des rêves des Français - une recherche objective menée par l'analyse quantitative des rêves pourrait pourtant nous apporter facilement une réponse - l'étude sociologique menée par les Duvignaud à la fin des années 70 nous éclaire néanmoins, en partie, sur les rapports qu'ils entretiennent avec le rêve (La banque des rêves - Essai d'anthropologie du rêveur contemporain, Payot, 1979).
L'étude a porté sur 2000 rêves ou bribes de rêve.
Les rêveurs ont été classés en six catégories sociales : ruraux, ouvriers, cadres, employés, commerçants et "intellectuels".
L'âge et le sexe des rêveurs se sont avérés moins déterminants que l’appartenance professionnelle et le milieu culturel.
Certaines professions éloignent du monde onirique : les hommes d’affaires, les industriels, les grands et petits commerçants rejettent le rêve, le méprisent, ont un rappel onirique faible à inexistant.
Ainsi, un contexte culturel matérialiste semble devenir inhibiteur du rappel onirique. Le désintérêt pour le rêve s’accompagnant d’un mépris pour l’imaginaire,

Rêver pour la Terre

Le rêve planétaire du solstice d'hiver 1990

Sur la base du premier Rêve mondial organisé en 1982 par l'Américain Bill Stimson, à simple vocation planétaire, l'association Oniros a organisé en 1990 un nouveau rêve à cette échelle, avec cette fois un contenu précis d'induction : rêver ensemble pour la Terre.
La fin des années 80 ayant marqué la première prise de conscience écologique sur les menaces émergentes de l'effet de serre, la médiatisation de l'événement fut retentissante - trois chaînes de télévision présentes sur les lieux, une dépêche d'agence et un numéro vert d'appel - autant qu'éphémère !
Il est vrai que l'analyse a posteriori des quelque 300 rêves communiqués - européens et nord-américains - n'avait rien de réjouissant : elle tenait plus du cauchemar que du rêve (voir la couverture de la revue "Oniros"). Un cauchemar que la société industrielle préférait déjà oublier plutôt que de l'affronter et de tenter de le résoudre.

Un cauchemar planétaire qui, 15 ans plus tard, faute de réelle prise en compte (les solutions avancées par les participants au Rêve planétaire montraient pourtant le chemin), est devenu aujourd'hui, pour chacun d'entre nous, une réalité tangible.
Les catastrophes dites "naturelles" - induites de facto par la société industrielle -, se succèdent, tout comme les conférences des experts mondiaux qui prétendent y faire face.

Comme le dit à juste titre l'astrophysicien Hubert Reeves, dans une récente dépêche de l'agence AFP datée du 27 oct. 2005, à Montréal, c'est la survie de l'espèce humaine qui est en cause :

"Nous pourrions faire partie d'une nouvelle extinction d'espèce" a déclaré Hubert Reeves après avoir évoqué la disparation passée de nombreuses espèces animales, dont les dinosaures. Pour M. Reeves, il n'en tient qu'à l'homme de résoudre cette situation puisqu'il est clair que le réchauffement de la planète est dû à au moins 90% à l'activité humaine et il faut en tenir compte".

*

Le rêve dans les cultures pro-rêve

Avant qu'elles ne soient en grande partie décimées par la société occidentale et ses religions monothéistes, la plupart des cultures dites primitives accordaient au rêve (nocturne ou chamanique) une place centrale dans leur fonctionnement social.

Une approche ethonologique détaillée n'a pas sa place ici, mais pour les personnes intéressées, je les renvoie notamment à l'ouvrage de Geza Roheim, à visée psychanalytique, ou à celui de Michel Perrin sur les Guajiros.

A titre d'exemple, j'aimerais néanmoins vous dire quelques mots sur certains de ces "peuples du rêve", davantage étudiés que les autres et répartis sur trois continents : les Iroquois d'Amérique du Nord, les Senoï de Malaisie et les aborigènes d'Australie.

Les Iroquois

Peuple semi-agricole du Nord-Est américain, les Iroquois tiennent une place d’autant plus importante qu’ils ont été étudiés d’abord au XVIIe siècle par les Jésuites, puis n’ont cessé de l’être jusqu’à nos jours.

«Les Iroquois n’ont, à proprement parler, qu’une seule divinité — le rêve», écrit le Père Frémin en 1669.

Il ajoute : «C’est à lui qu’ils font soumission et ils suivent ses ordres avec la plus grande exactitude (...) Quoi qu’ils pensent avoir fait en rêve, ils se croient absolument obligés de l’exécuter au plus tôt.»
Ce trait distingue les Iroquois d’autres peuples qui trient entre grands rêves et activité onirique de moindre intérêt.

Approche freudienne s'il en est, "En plus des désirs que nous avons généralement, qui sont libres ou au moins volontaires, ils croient que notre âme at d'autres désirs, qui sont innés et cachés, et que notre âme fait connaître ces désirs naturels par le moyen des rêves qui sont son langage" (rapporté par le père jésuite Ragueneau en 1649).

Pour eux, de tels désirs doivent trouver un accomplissement, sinon l’âme affamée se retournera contre le corps et le rendra malade, parfois jusqu’à la mort.

En outre, les Iroquois accordent attention aux éléments prémonitoires présents dans les rêves. Ils y trouvent aussi «l’accès à une haute source de sagesse». Lorsque le rêveur rencontre des êtres surréels, esprits guides, animaux de pouvoir, ancêtres, etc., toute la communauté doit l’aider à interpréter correctement leur message.

Comme le note Patricia Garfield dans son premier ouvrage, "La Créativité onirique", où elle nous invite à tirer parti des enseignements des Rêveurs amérindiens, "Toutes les tribus amérindiennesont attribué au rêve une importance existentielle particulière".

Les Senoï de Malaisie

Un autre «peuple du rêve» a défrayé la chronique onirologique et la querelle a son propos rebondit de façon régulière.
Il s’agit d’une ethnie de la jungle des montagnes malaises, les Senoï, actuellement partagés en deux clans, les Temiars et les Semai, pour une population totale d’environ 12 000 personnes.
Plusieurs études ethnologiques se sont succédées depuis les années 30, où ils furent «découverts» par Pat Noone et Kilton Stewart.
Les Senoï représentent la population indigène de Malaisie et, malgré le peuplement plus tardif, vers -2000, de l’île par des émigrants de Chine, sont restés comme un isolat culturel. Les conquérants les ont repoussés dans les montagnes ou réduits en esclavage. De ce fait, l’ethnie senoï n’a cessé de diminuer en nombre, passant de 9 millions à 12 000 âmes. Ils vivent en petites unités de 50 à 100 personnes, dans les longues maisons communautaires fréquentes dans le sud est asiatique primitif. Leur économie allie la chasse, à la sarbacane, à une petite agriculture de subsistance : manioc, maïs, riz, légumes et fruits. Ils pratiquent aussi un artisanat centré sur le bambou. Ajoutons la pêche et nous obtenons un mode de vie comparable à celui des Indiens d’Amazonie.
Les premières observations ont noté qu’il s’agissait d’un peuple non-violent. Mais il faut nuancer cette affirmation.
Cette non-violence, même s’il nous faut en relativiser la prégnance, viendrait de leur rapport tout à fait privilégié au monde du rêve.
Pour le résumer, les Senoï accordent la plus grande attention à leurs rêves. Ils les racontent en famille le matin et tirent de là leurs activités économiques ou artistiques. Mais là où d’autres peuples se soumettent aux injonctions du rêve, le répètent ou le prennent comme oracle, les Senoï, eux, tentent de le maîtriser. Les jeunes reçoivent un enseignement très précis destiné à leur faire affronter les adversaires présents dans les cauchemars, à les transformer en esprits-alliés en exigeant d’eux un cadeau onirique qui concrétise cette alliance.
De ces observations ethnographiques, certains psychologues américains ont tiré une technique de thérapie onirique fort efficace. Mais la spécificité de la culture senoï a été occultée dans l’opération. En particulier, le statut des Alliés oniriques n’est pas forcément le même chez les indigénes de Malaisie et dans le cabinet de Patricia Garfield. Aussi, lorsque la psychologue anglaise Ann Faraday s’est rendue chez les Senoï, ces derniers n’ont pas reconnu leur culture dans ce qu’elle leur en restituait. D’où une querelle, surgie dans les années 80 et encore d’actualité, entre ethnologues à la recherche d’enseignements existentiels et psychologues devenus ethnographes. Plusieurs facteurs rentrent en jeu : depuis les années 30, la société senoï s’est vue confrontée à la réalité macropolitique régionale et n’a sans doute pas pu préserver toutes les facettes de son identité; d’autre part, la thérapie dite senoï représente une transposition qui ne tient pas compte des facteurs culturels propres à un peuple de chasseurs-jardiniers du Pacifique. Là où le psychologue californien verra, dans les Alliés, des aspects de la psyché individuelle, les Senoï semblent bien avoir une attitude magico-religieuse et leur donner un statut de type totémique.

Les Aborigènes d'Australie

La population indigène d’Australie semble occuper ce continent depuis 50 000 ans environ. C’est une des plus primitives du monde, mais son organisation sociale n'en demeure pas moins très élaborée : un chef dirige la vie quotidienne mais il est soumis à l’autorité du Conseil des Anciens, qui peut lui-même faire appel - si nécessaire - à l’Assemblée populaire, où tous les hommes ont un droit égal de décision.
Le contact avec les Européens, à la fin du XVIIIe siècle, fut comme toujours une catastrophe. Estimée à environ 400 000 membres, la population aborigène de l’époque fut décimée très rapidement, principalement par des épidémies de variole. Spoliée de la plupart de ses terres, elle vécut jusqu’en 1967 dans des réserves dont elle n’avait pas le droit de sortir. Son nombre était alors tombée à 100 000 (certains disent même 30.000).

Le nomadisme

Avant l’arrivée des Européens, toutes les tribus australiennes étaient du type chasseurs/cueilleurs. A la saison sèche (novembre-décembre), de grands rassemblements avaient lieu autour des point d’eau. Le reste de l’année, on se dispersait en petits groupes et l’on déambulait sur d’immenses territoires semi-désertiques, le bush, à la recherche de nourriture.
Comme pour toutes les sociétés primitives, la terre appartient à la tribu et ne peut être ni vendue ni échangée. Les indigènes appartiennent aussi à la terre : ils n’habitent pas seulement un lieu, ce lieu les habite (de la même façon que nos enfants ne nous appartiennent pas : c’est nous qui leur appartenons, nous n’en sommes que responsables). Quand un envahisseur creuse des mines, il perfore le corps et l’âme de tout autochtone.
Appartenir à son époque ne demande aucun effort; appartenir à son lieu exige une créativité permanente. En tant que nomades, les aborigènes se fichent de l’Etre ou de l’Avoir, ils ne s’intéressent qu’au devenir. C’est l’énergie et ses métamorphoses qui les motivent et non la Substance, qu’elle soit matérielle ou spirituelle. L’existence est un voyage à inventer.

Les relations avec le monde moderne

En 1967, les Aborigènes sont enfin autorisés à sortir de leurs réserves et à circuler sur leurs propres terres; ils deviennent des citoyens australiens à part entière, ayant droit de vote. Depuis 1976, le gouvernement encourage l’autogestion des réserves et mène même une politique de restitution des terres et d’indemnisation.
Si la population indigène est remontée à 200 000 membres, ses conditions de vie sont devenues déplorables : les taux d’alcoolisme, de délinquance et de mortalité n’ont cessé de grimper. L’argent et l’afflux facile de biens de consommation est devenu un facteur supplémentaire de déstructuration, au grand désespoir des nouveaux gestionnaires occidentaux. Il n’existe quasiment pas de «noirs» ayant acquis un niveau universitaire. A l’exception des tribus du désert central et du nord, isolées des Blancs, les tensions interraciales s’exacerbent...

Ce sont les Aborigènes eux-mêmes qui ont choisi le terme «The Dreaming» ou simplement «Dreaming» en tant qu’équivalent le plus proche du concept indigène alcheringa utilisé par les Arunta (la tribu des Aranda localisé près d’Alice Springs dans le Territoire du Nord) ou celui de jukurrpa utilisé par la plupart des tribus du désert central et occidental, la tribu des Warlpiri notamment.
Ce concept aborigène du Dreaming (le Rêve avec un grand R) ne doit pas être confondu avec le rêve nocturne (le rêve avec un petit r), même s’il témoigne par son apparentement linguistique d’une cosmologie (rapport au monde et à l’espace-temps) qui accorde une place essentielle au rêve nocturne et à l’imaginaire en général.
Le Rêve renvoit ainsi de manière plus large à l’Histoire, la mythologie et l’organisation sociale propre à une culture parfaitement originale qui est celle des Aborigènes australiens.
La confusion du terme Dreaming avec l’expérience onirique a provoqué bien des malentendus : on pense encore trop souvent que les Aborigènes accorderaient un statut de réalité à ce qu’ils voient dans le sommeil ne faisant pas la différence avec le monde à l’état de veille.
Certes ils n’opposent pas le rêve au réel à notre manière, car ils ne le restreignent pas à un univers imaginaire mais lisent les images nocturnes à la recherche de signes du réel. Ils interprètent leurs rêves pour s’en guider dans le quotidien, y lire des messages des êtres ancestraux, voir et entendre des innovations rituelles sous forme de peintures et de chants qu’ils disent avoir été «oubliés» et «retrouvés».
C’est donc en tant que mémoire vivante, non seulement individuelle mais cosmologique, que le rêve a sa propre dimension et qu’il semble entretenir une relation active avec l’univers sensible.
Les actes humains s’inscrivent ainsi dans une «philosophie» qui pose non une prédestination, ou une éternelle répétition, mais les règles à jouer des parties différentes qui forment et transforment leur vie individuelle ou collective.
En ce sens, la Loi du Rêve serait ce jeu dont les règles ne sont pas immuables mais ne peuvent se modifier que dans certaines limites.

II - Le Rêve chamanique

*

Le chamanisme

Le chamanisme, au sens étroit du terme, est une religion primitive qui s'enracine dans les régions septentrionales de l'Empire russe et aux zones adjacentes, telles la Laponie et la Mongolie. Il a été observé dans les régions du centre de l'Asie et de la Sibérie, en Laponie et chez les Eskimo (ou Inuit), au Népal et au Tibet et dans l'Amérique indienne.
Une religion, à condition de considérer une religion comme une représentation du monde, inséparable des pratiques qui l'ont engendrée et qui l'accompagnent : la transe extatique - induite notamment par les enthéogènes - et l'incubation onirique, en l'occurrence.

Tout le monde s'accorde sur ce point : "chamane" viendrait de "çaman", mot de la langue des Toungouses (appelés maintenant Evenks), ethnie du groupe linguistique mongol disséminée dans toute le Sibérie orientale, jusqu'en Chine.
Une étymologie a été proposée : dérivant de "ça-", connaître, "çaman" siginfierait "celui qui sait". Une autre fait dériver le mot d'une racine verbale signifiant "s'agiter, bondir, danser". Cette dernière rappelle la soi-disante "hystérie arctique" observée notamment chez les Toungouses, liée a l'absorption de l'Amanita muscaria.
Dans plusieurs autres langues un mot commun désigne le chaman et le rêve.
"Un grand chamane est avant tout un bon rêveur" disait un chamane bouriate.

La capacité pour l'être humain de transcender son environnement diurne et d'accéder au monde de l'esprit, existe dans toutes les sociétés cultivant l'idée d'une réalité à plusieurs niveaux de conscience, différents mais perméables. Qu'il s'agisse du rêve nocturne ou du rêve induit à l'état de veille par la transe extatique.

Qualifié de "praticien du rêve" par l'ethnologue Michel Perrin, le chamane utilise le rythme, la danse et les substances psychotropes pour obtenir la transe et les rêves qui lui permettent d'accéder au monde des esprits, source de son rôle social et terrain de son action.

Intercédant auprès des esprits, le chamane est à la fois sage et guérisseur, et son rôle social consiste à réguler les relations entre le groupe social et son environnement, au sens large du terme, tant extérieur qu'intérieur.

Pour illustrer de manière vivante ces propos introductifs, je ne vous parlerai pas davantage des Toungouses (si ce n'est de l'Amanita muscaria !) mais de ma propre expérience en matière de chamanisme, suite à mon rencontre, fin 1969, de la célèbre curandera (guérisseuse) mazatèque : Maria Sabina.

Chamanisme et plantes psychoactives

A l’instar du rêve nocturne, nombre de substances hallucinogènes ou psychoactives, principalement issues du monde végétal, ont de tout temps et dans toutes les cultures conduit l’homme à la découverte et à l’exploration de son univers intérieur.
De par leur pouvoir rapide et puissant de changer l’esprit, ces «médecines de l’âme» ont pris rapidement une dimension socio-culturelle et religieuse importante, voire essentielle.

Comme le rêve nocturne, elles demeurent plus ou moins sacralisées ou frappées d’interdits. Une même démarcation fondée sur les statuts accordés aux mondes intérieur et extérieur oppose aujourd’hui de manière radicale les cultures chamaniques à la culture occidentale.

A l’opposé de notre culture matérialiste tournée vers l’extérieur, où la transe psychédélique comme le rêve et l’imaginaire en général se voient dévalorisés et marginalisés, dans les cultures chamaniques (encore proches de la nature) les principales plantes à propriétés psychotropes, telles que le Peyotl ou les champignons hallucinogènes, font partie intégrante de la vie sociale et religieuse par l’intermédiaire des chamanes-guérisseurs.

S’opposant à la thèse défendue par Mircea Eliade, l’Américain Terence McKenna soutient l’idée émise par R. Gordon Wasson selon laquelle «la présence dans une culture chamanique d’une substance hallucinogène est la marque d’une culture authentique et vivante alors que sa phase décadente se caractérise par des rituels élaborés, des épreuves et la dépendance à l’égard de personnalités pathologiques («Hallucinogenic Mushrooms and Evolution», Revision, vol. 10 n° 4, printemps 1988)».

En effet, comment une culture dite chamanique pourrait-elle être «authentique et vivante» sans une étroite et véritable communion de l’homme avec son environnement «naturel» ? Est-il étonnant, par exemple, que la grande tentative de retour à la «nature» qui marqua le mouvement psychédélique et communautaire des années 60 se soit accompagné à la fois de la redécouverte des substances hallucinogènes et de la naissance du mouvement écologique.
Sur les traces de Gordon Wasson et de Roger Heim (à l’époque, directeur du Muséum d’histoire naturelle de Paris), la quête mystique des «routards» aboutissait bien souvent à Huautla de Jimenez, ce haut lieu de pélerinage mycologique, perché sur la montagne en pleine forêt mazatèque, près de Oaxaca*.

Certains eurent la chance d’y rencontrer une curandera, telle la célèbre Maria Sabina, même si, en période sèche, les Teonanacatl (littéralement, la chair de Dieu), liés au culte de Tlaloc, divinité de la foudre et des eaux, ne furent pas toujours au rendez-vous des «voyageurs» qui souhaitaient les «faire parler»...

Toujours bien vivant chez nombre de tribus amérindiennes du sud du Mexique, le culte des champignons remonterait au moins jusqu’au XIIIe siècle av. J.-C., comme l’atteste une étude monographique des champignons de pierre réalisée par St. F. Borhegyi (cf. R. Heim, Champignons toxiques et hallucinogènes) et il aurait été associé au pratiques hiératiques des Mayas, comme semble le prouver la découverte dans la région de Vera Cruz d’une terre cuite fort ancienne, d’origine totonaque, représentant un champignon sur lequel une femme pose une main tandis que l’autre bras levé paraît invoqué les dieux.

Indissociable de son biotope (la forêt ou la prairie) et de son partenaire symbiotique (l’arbre ou la vache), le champignon hallucinogène — archétype de la substance psychoactive —, apparaît ainsi pour Terence McKenna comme une sorte de lux natura, une conscience/lucidité unissant l’homme à la nature dans une relation symbiotique de dépendance mutuelle et de bénéfices partagés.
A l’opposé du champignon atomique, porteur d’apocalypse, les petits champignons magiques redécouverts par notre culture occidentale semblent bien préfigurer la prise de conscience écologique et le retour au chamanisme qu’implique le nouveau paradigme, intégratif et holiste, unissant Rêve et Réalité.

Rapport entre le rêve et la transe psychédélique

Les effets induits par la psilocine et la psilocybine, principes actifs des champignons hallucinogènes, diffèrent peu de ceux que provoque le fameux LSD-25. Fruit de l’analyse de multiples séances à caractère thérapeutique, une cartographie détaillée des diverses expériences induites par cette substance chimique — abstraites, esthétiques, psychodynamiques, périnatales ou transpersonnelles —, a été dressée par le Dr Stanislav Grof dans son ouvrage Royaumes de l’inconscient humain.
Comme le souligne ce chercheur, outre les facteurs liés à la personnalité et aux conditions de vie du moment, «l’environnement est une variable extrêmement importante, susceptible d’influencer fortement la nature de l’expérience». Si, tout comme le rêve nocturne, l’expérience hallucinogène nous transporte dans le monde intérieur de l’esprit, elle n’est pas étrangère au corps, au monde extérieur et, en particulier, aux stimuli externes qui viendront l’orienter.

Le rêve d’incubation, tel qu’on l’induisait dans les temples d’Esculape ou la cérémonie du velada pratiquée par Maria Sabina sont révélateurs à cet égard de l’importance du cadre et de la préparation du «voyage», qu’il soit onirique ou psychédélique.

La «résonnance» est un autre phénomène notoire commun à ces deux types d’expérience intérieure. Dans le rêve nocturne, elle se manifeste souvent par un vécu composite lié à la chaîne des associations d’idées et des sentiments qui les accompagnent, et, dans l’expérience psychédélique, par une extrême richesse des perceptions et une créativité inhabituelle.
Néanmoins, seul le rêve lucide peut rendre compte d’une quasi identité expérientielle avec la transe psychédélique, ainsi que le montre au plan physique le ressenti caractéristique d’afflux énergétique et vibratoire qui signe tant l’irruption de la lucidité en rêve que les effets des champignons. Comme le rapporte Peter Stattford dans son Encyclopédie des psychédéliques, dans la demi-heure ou les quarante-cinq minutes qui suivent l’ingestion des champignons la personne éprouve tout d’abord un sentiment général de relaxation qui se traduit par «une sensation agréable de chatouillement dans tout le corps et un sentiment de complète harmonie (Peter Stattford, Psychedelics Encyclopedia, p. 226)». Une sensation de montée d’énergie, d’élévation et d’expansion de conscience ressentie aussi lors de survenue de la lucidité en rêve, et qui se double, comme le note Ken Kelzer, d'une clarté mentale aiguë (The Sun and The Shadow, p. 216).

Si le rêve lucide et la transe psychédélique ont l’«éveil» (la lucidité) pour point commun, celui-ci diffère néanmoins du fait de la nature des états de vigilance dans lesquels il survient (intériorité dans l’état de rêve et extériorité dans l’état de veille).
Partant de là, le rêve lucide apparaît davantage comme une prise de conscience interne du monde extérieur alors que la transe psychédélique, à l’inverse, est plus une prise de conscience externe du monde intérieur.
De ce fait, pris en grande quantité et dans un cadre inapproprié, les champignons hallucinogènes peuvent nous faire basculer non sans danger dans le monde hallucinatoire, alors que la perte de lucidité, en rêve, ne peut que nous replonger, sans risque, dans le rêve hallucinatoire ordinaire ou entraîner un réveil.
Comme l’Allemand Paul Tholey l’a montré, il est possible de combiner ces deux modes d’éveil de notre conscience. Faute de réels champignons, les personnes qui connaissent par expérience leurs effets peuvent induire en rêve lucide, de manière volontaire et sans courir de risque, une expérience hallucinogène qui prendra alors une tournure hallucinatoire et dont le contenu sera aussi riche que celui décrit par R. G. Wasson lors de ses premiers «voyages»...

Le néo-chamanisme aujourd'hui

Comme nous l'avons dans la première partie de mon exposé : faute d'une réelle prise en compte des états de conscience liés au Rêve, la société industrielle nous mène bel et bien à une catastrophe écologique planétaire.

Certes, un mouvement altermondialiste a vu le jour, mais sans un fondement religieux impliquant, à mon sens, un retour au chamanisme primitif, ce mouvement risque fort de perdre la partie dans cette course contre la montre pour notre survie...

Comme le propose l'ESCS - l'Eglise Suisse du Champignon Sacré, un ré-alignement urgent à la Nature, à Gaïa, la Terre-Mère, semble bien s'avérer indispensable via un retour au Rêve, à la Nature et aux pratiques chamaniques.

Je cite (avec quelques modifications personnelles) :

"Un champignon peut-il être "Dieu" ?
Tel que nous comprenons les commentaires qui nous sont parvenus, il existe une incertitude foncière sur nos "croyances fondamentales".

Le Champignon Sacré n'est aucun cas "un être divin sur terre au milieu du profane" - car tandis que les prophètes sont révérés par leurs disciples, c'est par la symbiose avec le Champignon Sacré ('l'ingestion du Champignon Sacré') que la religion est pratiquée, éprouvée et ainsi vécue.

Le mot "église" est employé pour exprimer l'idée d'une communauté spirituelle, d'aucune construction ou endroit particulier. Les amis du Champignon Sacré n'éprouvent ni le besoin d'un endroit de culte particulier (cathédrale), ni le besoin de personnes spécifiques (prêtres, papes), pour pratiquer leur religion - le seul être dont ils aient besoin pour faire l'expérience de la religion est le Champignon Sacré.

Le mot 'religion' signifie 'ré-alignement [à Dieu]'.

Dieu est 'le processus créatif dynamique', 'la vie', 'la nature', tout ce qui est.

Nous n'éditons pas des dogmes, quiconque consommant les Champignons Sacrés afin de faire l'expérience de la religion véritable est notre parent spirituel, qu'il soit membre de l'ESCS ou pas.

Nous ne voyons pas beaucoup de différences entre la religion dont on fait l'expérience à l'aide des Champignons sacrés, de l'ayahuasca, des cactus sacrés, ou d'autres enthéogènes.

Toutes les expériences religieuses facilitées par les enthéogènes ("les champignons et les plantes qui engendrent dieu à l'intérieur de soi") sont considérées comme ayant essentiellement la même nature de pratique religieuse, pour autant que ces enthéogènes croissent sur terre.

L'Europe étant traditionnellement une terre de croissance de nombreux champignons sacrés, nous nous considérons comme les héritiers spirituels des druides celtiques (assassinés par les romains), dautant que des cultures amérindiennes fondées sur le champignon sacré (en partie décimées par les catholiques romains espagnols).

Les Champignons Sacrés ne sont pas des "drogues illicites" ou '"substances contrôlées", parce que :
- leur usage n'entraîne aucun danger pour la santé, aucun danger de dépendance n'est lié à la consommation des Champignons sacrés
- ils furent conservés à l'extérieur des listes internationales prohibitives (en raison des droits de l'homme ! Accord des Nations Unies de 1971)
- ils n'affectent pas les "degrés de dopamine" du cerveau - contrairement à toutes les drogues illicites, à la plupart des drogues légales; les sports, le partenariat et le travail régulier, qui eux également, affectent les niveaux de dopamine et devraient donc être considérés 'bien plus dangereux que les Champignons Sacrés'
- alors que les substances "Psilocybine" et "Psilocine' sont 'contrôlées mondialement', agissantes à des doses minimes, pouvant facilement être synthétisées à prix réduit pour être employées comme des 'armes-terroristes-non-mortelles', il n'existe aucun risque pour la santé lié à ces substances. Par conséquent les Champignons sacrés n'ont jamais été criminalisés et ne peuvent pas être rendus illégaux sans enfreindre nos droits humains fondamentaux - tout effort de faire apparaître les Champignons sacrés comme "illégaux"' est "un moyen inhumain d'action discriminatoire et de désinformation'", contre des individus possédant une vision du monde non conforme et pacifiste.
Les Champignons Sacrés sont "des champignons guérisseurs de l'âme", des amis des Champignons sacrés se trouvent poursuivis en raison de leur vision du monde et de leur pratique religieuse !
Beaucoup d'amis des Champignons sacrés sont sévèrement poursuivis en raison de leur refus de l'approche "chrétienne orthodoxe", en prétendant être beaucoup plus proches du "christianisme véritable'" que les personnes qui se définissent eux-mêmes comme "chrétiens"...

Ile de la Réunion, décembre 2006

5 février 2011

TSANTSAS

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Les têtes réduites ou tsantzas sont des objets rituels jadis réalisés à partir de têtes humaines par des tribus d'Amérique du Sud tels que les Shuars.

Origine

Les "tsantzas" sont apparues il y a plusieurs milliers d'années. La réalisation d'unetsantza est une quête spirituelle réalisée dans la célébration d'un rituel immuable. C'est un acte guidé par une certaine notion de justice, mais surtout de vengeance. Ainsi, pour se venger d'un homme, on va se battre avec lui, puis, une fois l'adversaire tué, on va le décapiter et faire réduire sa tête tout en prenant soin de bien emprisonner son esprit vengeur (« Muisak ») à l'intérieur. Parfois, afin d'éviter de futurs problèmes, la famille de l'adversaire est également assassinée et leurs têtes sont réduites. Ces pratiques tribales violentes ont effrayé les conquistadors lors de leur découverte desJivaros1. De violents affrontements ont eu lieu entre les Shuars et les Espagnols. Les dizaines de milliers de têtes espagnoles qui furent réduites en un demi-siècle de combats contribuèrent à alimenter la légende des « sanguinaires» Shuars réducteurs de têtes.

Les Shuars croient à trois esprits fondamentaux :

§                     Arutam - littéralement « vision » ou « pouvoir », il protège les hommes d'une mort violente mais également d'assurer leur survie.

§                     Muisak - l'esprit vengeur, il fait surface lorsque une personne protégée par Arutamest assassinée.

§                     Wakani - inné à chaque humain, c'est lui qui survit après la mort sous forme de « vapeur ».


Fabrication

Tête réduite des Shuars du Perou (Museo de AméricaMadrid).

La fabrication d'une tsantsa est une tâche qui prend près d'une semaine.

Immédiatement après l'assassinat, la victime est soigneusement décapitée selon une technique particulière. Le tueur découpe la peau autour du buste de la victime avant de détacher la tête et de s'enfuir avec son trophée. Une fois en sécurité, l'assassin entaille la nuque et le cou de la tête afin de pouvoir facilement en ôter le crâne. Ce dernier est ensuite jeté à la rivière en tant que présent à la divinité pani, le dieu anaconda.

Les yeux sont ensuite soigneusement cousus et la bouche est sertie à l'aide de pitons en bois, les chountas. Le « masque » est mis à tremper dans une décoction de baies pendant près de deux heures, une prolongation de ce traitement pouvant entraîner la chute des cheveux. À l'issue de cette étape, la peau est sombre et caoutchouteuse, et la taille de la tête a été réduite au tiers de sa taille originelle.

Le « masque » est retourné afin de pouvoir racler au couteau la chair encore éventuellement accrochée à la peau, puis il est remis à l'endroit et les incisions du cou sont cousues.

L'opération finale consiste à remplir la tsantsa avec des pierres chauffées. Les pierres sont insérées une à une par le cou et continuellement tournées afin d'éviter les brûlures. Lorsque l'on ne peut plus insérer la moindre pierre, du sable chaud est introduit afin de combler les espaces (cette étape devra être reconduite régulièrement). Du charbon est frotté sur l'extérieur du visage afin de lui conférer une certaine étanchéité et de pouvoir modeler la peau. Les cheveux superflus sont brûlés et latsantsa est accrochée au-dessus d'un feu afin qu'elle soit solidifiée et noircie. Une machette chauffée est appliquée sur les lèvres pour les sécher, après quoi les troischountas sont retirés et remplacés par des ficelles.

Lors du dernier jour de la semaine de fabrication, la tête est emportée en forêt pour subir sa première célébration : un trou est effectué sur le haut du crâne, un doublekamai est inséré et fixé à un chounta à l'intérieur de la tête, ainsi, la tsantsa pourra être portée autour du cou du guerrier, lui apportant son pouvoir personnel, son arutam.

Une attention particulière est portée à garder l'apparence originelle du visage de la victime. Les coutures ont pour but d'emprisonner le « Muisak » à l'intérieur de latsantsa.


Commerce

Lorsque les affrontements avec les Espagnols cessèrent, de nombreux occidentaux comprirent qu'ils pourraient tirer profit de ces objets tribaux. Une quantité extraordinaire de fausses tsantzas furent mises sur le marché. Ces têtes réduites étaient réalisées principalement à partir de singes, mais également à partir de têtes humaines. De nombreux meurtres ont en effet été commis afin de réaliser des tsantzas

19 mars 2011

DANDY

 

Un dandy est un homme se voulant élégant et raffiné, se réclamant dudandysme, courant de mode et de société venant de l'Angleterre de la fin duxviiie siècle, mais aussi d'une affectation de l'esprit et de l'impertinence.

Sommaire

Description

C'est de l'élégance, de la finesse et de l'originalité. Le style dandy s'attache principalement au langage et à la tenue vestimentaire.

La définition d'un dandy pourrait être « homme à l'allure précieuse, originale et recherchée, et au langage choisi ». Mais le dandysme n'est pas une esthétique fixée : il peut être protéiforme, et le dandysme d'un George Brummell, souvent considéré comme originel, est très différent du dandysme d'un Oscar Wilde.

Le dandysme constitue aussi une métaphysique, un rapport particulier à la question de l'être et du paraître, ainsi qu'à la modernité. De nombreux auteurs, la plupart du temps eux-mêmes des dandys, se sont interrogés sur son sens. Ainsi, dans un contexte de décadence, Baudelaire identifie le dandysme comme le « dernier acte d'héroïsme » possible, recherche de distinction et de noblesse, d'une aristeia de l'apparence :

« Le Dandy doit aspirer à être sublime sans interruption, il doit vivre et dormir devant un miroir »

— Baudelaire, Mon cœur mis à nu

Identifié, souvent à tort, comme une simple frivolité, le dandysme au contraire se pense par ses pratiquants, surtout au xixe siècle, comme une ascèse et une discipline extrêmement rigide et exigeante. Ainsi, toujours selon Baudelaire :

« Le mot dandy implique une quintessence de caractère et une intelligence subtile de tout le mécanisme moral de ce monde. »

— Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne

Le dandysme constitue un jeu permanent sur l'être et le paraître qui explique que l'on ne distingue pas véritablement les dandys de chair de ceux de papier.

Dans les romans de La Comédie humaineHonoré de Balzac a présenté toute la gamme des dandies dont les représentants les plus caractéristiques sont Henri de Marsay:

« le jeune comte entra vigoureusement dans le sentier périlleux et coûteux du dandysme. Il eut cinq chevaux, il fut modéré : de Marsay en avait quatorze1, »

ou Maxime de Trailles : « Monsieur de Trailles, la fleur du dandysme de ce temps là, jouissait d'une immense réputation. »

Dans la vie réelle, Balzac avait une grande admiration pour le dandy-lion Charles Lautour-Mézeray, journaliste et mondain3, qui lui a servi de modèle pour le personnage d'Émile Blondet4. Il a en outre donné de nombreuses interprétations sur la notion de dandysme dans des articles parus dans La Mode (revue française) et dans son Traité de la vie élégante1830.

Le dandy le plus connu était George Brummell dit le « beau Brummell ». C'était un courtisan qui fréquentait la cour d'Angleterre. Ses héritiers sont notamment Barbey d'AurevillyOscar WildeRobert de MontesquiouPaul Bourget ou Baudelaire en France. Le dandysme suppose un caractère personnel très altier, élégant, raffiné, voire arrogant, et il est une idée très répandue d'estimer que le dandysme perdure de nos jours par cette forme. Mais il s'agit là plus de l’« esprit dandy » que de dandysme véritable, le mouvement comprenant en sa définition même son caractère autodestructeur :

« Le dandysme est un soleil couchant; comme l’astre qui décline, il est superbe, sans chaleur et plein de mélancolie. Mais, hélas! la marée montante de la démocratie, qui envahit tout et qui nivelle tout, noie jour à jour ces derniers représentants de l’orgueil humain et verse des flots d’oubli sur les traces de ces prodigieux mirmidons.5 »
« Aucun crime n'est vulgaire, mais la vulgarité est un crime. La vulgarité, c'est ce que font les autres. »

— Oscar Wilde

« Mon parnasse est muse, ni remords ni espoir

Ton cœur, mon royaume, caché d'un voile

Mon vague imaginaire, mon art dérisoire

Je n'en suis que le prince, ô vent glacial!


Règne soumis à la régence des étoiles

De peine voulue mon cyrénaïsme

De plume polaire est notre amour idéal

L'hérésie abuse le symbolisme


Maudit par la destinée, béni par le ciel

Cosmos qui coule je suis ton féal


Le beau est mort entre mes doigts

Mais je ne vis que pour l'art

C'est lui qui demeure sans moi,

Dans mon dandysme exutoire »

— Jacques Farran


Souvent assimilé au snobisme, le dandysme en est pourtant différent puisque le snob et le dandy hiérarchisent de façon inverse la personne et le groupe.

Notes et références

  1.  Le Cabinet des AntiquesFurne, vol.7, p.172
  2.  Gobseck, édition du Furne, vol.2, p.394
  3.  André Maurois, Prométhée ou la vie de Balzac, Hachette, 1965, p.90,191,533
  4.  Anne-Marie Meininger et Pierre Citron, Index des personnages fictifs de la Comédie humaine, Paris, Bibliothèque de la Pléiade, 1981, t. XII, p.1186 (ISBN 2070108775)
  5.  BAUDELAIRE, Charles, "Le Dandy", Le Peintre de la vie moderne, 1863.
  6.  in Histoire du snobismeFrédéric Rouvillois, 2008

Kierkegaard, le journal du séducteur

 

 

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12 janvier 2010

la plus haute de toutes les folies.....

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- La plus haute de toutes les folies, disait-elle, est de rougir des penchants que nous avons reçus de la nature; et se moquer d'un individu quelconque qui a des goûts singuliers, est absolument aussi barbare qu'il le serait de persifler un homme ou une femme sorti borgne ou boiteux du sein de sa mère, mais persuader ces principes raisonnables à des sots, c'est entreprendre d'arrêter le cours des astres. Il y a une sorte de plaisir pour l'orgueil, à se moquer des défauts qu'on n'a point, et ces jouissances-là sont si douces à l'homme et particulièrement aux imbéciles, qu'il est très rare de les y voir renoncer... Ça établit des méchancetés d'ailleurs, de froids bons mots, de plats calembours, et pour la société, c'est-à-dire pour une collection d'êtres que l'ennui rassemble et que la stupidité modifie, il est si doux de parler deux ou trois heures sans avoir rien dit, si délicieux de briller aux dépens des autres et d'annoncer en blâmant un vice qu'on est bien éloigné de l'avoir... c'est une espèce d'éloge qu'on prononce tacitement sur soi-même; à ce prix-là on consent même à s'unir aux autres, à faire cabale pour écraser l'individu dont le grand tort est de ne pas penser comme le commun des mortels, et l'on se retire chez soi tout gonflé de l'esprit qu'on a eu, quand on n'a foncièrement prouvé par une telle conduite que du pédantisme et de la bêtise.

Augustine de Villeblanche (sade)

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5 avril 2010

une saison en enfer

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- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !

Moi! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre! Paysan !

Suis-je trompé ? la charité serait-elle soeur de la mort, pour moi?

Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.

Mais pas une main amie! et où puiser le secours ?


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Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.

Car je puis dire que la victoire m'est acquise: les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !

Il faut être absolument moderne.

Point de cantiques: tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.

Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.

Que parlais-je de main amie! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.

Avril - août, 1873 

 

(une saison en enfer RIMBAUD)

31 août 2012

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Histoire, Prélude et Avancée...                      

     Les larmes de Sammael ont terni la blancheur de ces feuilles de papier...

                                                                  "Quoiqu'on en dise, c'est au visage qu'il faut regarder les hommes, mais il ne faut pas prendre leur masque pour un visage..."

Pourquoi Sammael? Qui est-il? Se fier à l'apparence dite part-il d'une bonne initiative fidèle aux obéissances acquises de l'éducation ou d'une incapacité certaine à évoluer seul dans une reflexion insolite, burlesque, éloignée de toutes bonnes normes de cette société...?

                 Par les légendes, les dires, les écrits, Sammael apparait comme le nom angélique du déchu Satan, bras gauche du Grand Seigneur, dit "venin de Dieu". Ammant de Lilith, il serait selon certaines histoires, l'image du serpent tentateur qui intervient dans la Génèse. Doté de six paires d'ailes d'ou jaillit un feu éternel, son glaive retiendrait à son extrémités une substance vénimeuse...

         Casser un Mythe... Un revers incongru et imprévu...

     Et si l'ange déchu traité du vil sobriquet Satan ne se révélait pas être telles les légendes, les dires et les peurs?, marmonnent quelques échos de voix, s'arrêtant en ce monde pour penser.

     Et si vous lui permettiez, pour autre faveur, le privilège qu'il visita de nouveau les ruines d'un lointain passé angélique, qu'il s'appropria pour cela de toutes formes d'usage digne de cette entreprise et donc ainsi revêtit son "lui" antique, auréole en guise de couronne, pureté en guise de soutane, sammael en guise de prénom?

         Ceci étant fait, imaginez, par l'intermédiaire de ses obscurs souvenirs, brouillés par le temps, machés par la campagne Tristesse qui favorise son amant l'Oubli, un artiste évoluant, malgré lui, dans une société ou Intolérance et Conformisme sont dieux sacrés de la nation. L'ange, dans un univers enchanteur et miroitant erre pourtant, ravi, ses mains s'adonnant aux magies purificatrice d'un si vil décor en contraste: Créer, Sculpter, Saisir, Modeler. Son coeur susurre à son oreille nombreuses émotions: sérénité, allégresse, passion, un amour en toutes choses, une chose en toutes formes. Son nez suit, dans sa quête olfactive, maintes senteurs exquises qui émanent d'un naturel distinct. Ses yeux, cache fétiche d'un coffret à trésor, invitent celui-ci à se remplir à la vue du miracle quotidien: une fleur qui s'abandonne au soleil, tout sourire, un matin de printemps, une cascade, bleu-azur, qui s'écoule en symbiose à l'infinie, revers d'un ciel similaire. Mais ces yeux bien plus que ça discernent le subtil, saisissent l'impalpable, transcendent les frontières établies, obstacle à l'aboutissement d'une connaissance ultime, repère des vérités profondes.

            Pour cela Sammael est haï. Pour cela, l'amas d'intransigeance et d'intolérance, plus communément édifiée sous les traits d'une société indulgente et libérale qui assure sans faux succès une perfection même au visage d'une sainteté Madonne, oeuvra jour et nuit dans la conception d'un sordide dessein...

           Le temps passe, la Gente humaine se fait mielleuse, grimace d'un complot infernal. Bientôt, la chute du seigneur Sammael sera proclammée. L'opération s'achève, un masque, faste empire d'une idée authentique: le Mal et ses enfants Viscisitudes, s'élève aux pieds du trône de l'ange charmé. A l'apogée de son incompréhension en ce monde et de son art, le chaos sublime retentit. "La chute était inévitable, répètent, accoutumées les Voix".                       Ame banni, Coeur flétri...

          Sammael, pauvre Sammael, Fils de l'innocence et dés cet instant, procréateur du pêcher, le Diable lui-même! Sammael, pleure, nous ne t'empêcherons point... Les larmes s'écouleront sur le masque, masque du déchu ange. Larmes, empreintes d'un manège machiavélique et malséant, Larmes vengeresses, Larmes de Sammael...

18 avril 2010

rêve d'enfer....

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Les autres créatures avaient eu avant lui des passions, un corps, une âme, et ils avaient agi tous pêle-mêle dans un tourbillon quelconque, se ruant les uns sur les autres, se poussant, se trainant; il y en avait eu d'élevés, d'autres de foulés aux pieds; tous les autres hommes enfin sétaient pressés, e,tassés et remués dans cette immense cohue, dans ce long cri d'angoisse, dans ce prodigieux bourbier qu'on nomme la vie.

Mais lui, lui, esprit celeste, jeté sur la terre comme le dernier mot de la crétion, être étranger et singulier, arrivé au milieu des hommes sans être homme comme eux, ayant leur corps à volonté, leurs formes, leurs parole, leur regard, mais d'une nature supèrieure, d'un coeur plus élevé et qui ne demandait que des passions pour se nourrir, et qui, les cherchant sur la terre d'apres son instinct, n'avait trouvé que des hommes, que venait-il donc faire? il etait rétréci, usé, froissé par nos coutumes et par nos instincts.

Aurait-il compris nos plaisirs charnels, lui qui n'avait de la chair que l'apparence? Les chauds embrassements d'une femme, ses bras humides de sueur, ses larmes d'amour, sa gorge nue, tout cela l'aurait-il fait palpiter un matin, lui qui trouvait au fond de son coeur une science infinie, un monde immense?

Nos pauvres voluptés, notre mesquine poésie, notre encens, toute la terre avec ses joies et ses délices, que lui faisait tout cela, a lui qui avait quelque chose des anges? 

Aussi il s'ennuyait sur cette terre, mais de cet ennui qui ronge comme un cancer, qui vous brule, qui vous déchire, et qui finit chez l'homme par le suicide.

Mais lui! le suicide? Oh! que de fois on le surprit, monté sur la haute falaise, regardant d'un rire amer la mort qui était là devant, lui riant en face et le narguant avec le vide de l'espace qui se refusait à l'engloutir!

Que de fois il contempla longtemps la gueule d'un pistolet, et puis, comme il le jetait avec rage, ne pouvant s'en servir, car il était condamné à vivre! Oh! que de fois il passa des nuits entières à se prononcer dans les bois, à entendre le bruit des flots sur la plage, à sentir l'odeur des varechs qui noircissent les rochers!

Que de nuits il passa appuyé sur un roc et promenant dans l'immensité sa pensée qui volait vers les nues!

Mais toute cette nature, la mer, les bois, le ciel, tout cela était petit et misérable; les fleurs ne sentaient rien sur ses lèvres; nue, la femme était pour lui sans beauté, le chant sans mélodie, la mer sans terreur.

Il n'avait point assez d'air pour sa poitrine, point assez de lumière pour ses yeux et d'amour pour son coeur.

L'ambition? un trône? de la gloire? jamais il n'y pensa. La  science? les temps passées? mais il savait l'avenir, et dans cet avenir il n'avait trouvé qu'une chose qui le faisait sourire de temps en temps, en passant devant un cimetière.

Aurait-il craint Dieu, lui qui se sentait presque son égal et qui savait qu'un jour viendrait aussi , ou le néant emporterait ce dieu comme dieu l'emportera un jour. L'aurait il aimé, lui qui avait passé tant de siecles à le maudire?

 

Flaubert

3 mai 2010

"l'ennemi caché"

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Ses amis demandent au guerrier de la lumière d'ou lui vient son énérgie. " De l'enemi caché" dit il.

Ses amis lui demandent qui est cet ennemi.

Le guerrier répond: "Quelqu'un que nous ne pouvons pas punir."

Ce peut être un gamin qui l'a battu lors d'une bagarre durant son enfance, la petite amie qui l'a quitté lorsqu'il avait onze ans, le professeur qui le traitait d'imbécile.

Quand il est las, le guerrier se rappelle qu'il n'a pas encore eu l'occasion de prouver son courage.

Il ne pense pas à la vengeance, parce que l'ennemi caché ne fait plus partie de son histoire. Il pense juste à accroitre son habileté, pour que ses exploits fassent le tour du monde et parviennent aux oreilles de celui qui l'a blessé autrefois.

La douleur d'hier s'est transformée en force d'aujourd'hui.


Manuel du guerrier de la lumière Paulo COELHO

 

 

5 mai 2010

"l'inconnu"

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Un guerrier sait que la fin ne justifie pas les moyens.

Parce qu'il n'existe pas de fin; il n'existe que des moyens.

La vie le transporte de l'inconnu vers l'inconnu. Chaque minute est revêtue de ce passionnant mystère: le guerrier ne sait pas d'ou il vient, ni ou il va.

Mais il n'est pas ici par hasard. Et il se réjouit d'être surpris, il s'enchante de découvrir des paysages nouveaux. Souvent il a peur, mais c'est normal chez un guerrier.

S'il pense uniquement au but de son voyage, il ne prêtera pas suffisament attention aux signes du chemin.

S'il se concentre sur une seul question, il perdra maintes réponses qui se trouvent à sa portée.

Aussi le guerrier se donne-t-il tout entier.


Manuel du guerrier de la lumière Paulo COELHO

24 novembre 2009

Si tu viens....

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Si tu viens, je prendrai tes lèvres dès la porte,
Nous irons sans parler dans l'ombre et les coussins,
Je t'y ferai tomber, longue comme une morte,
Et, passionnément, je chercherai tes seins.

A travers ton bouquet de corsage, ma bouche
Prendra leur pointe nue et rose entre deux fleurs,
Et t'écoutant gémir du baiser qui les touche,
Je te désirerai, jusqu'aux pleurs, jusqu'aux pleurs !

- Or, les lèvres au sein, je veux que ma main droite
Fasse vibrer ton corps - instrument sans défaut
Que tout l'art de l'Amour inspiré de Sapho
Exalte cette chair sensible intime et moite.

Mais quand le difficile et terrible plaisir
Te cambrera, livrée, éperdument ouverte,
Puissé-je retenir l'élan fou du désir
Qui crispera mes doigts contre ton col inerte !

Lucie Delarue-Mardrus

17 avril 2012

la bipolarité....syndrome a la mode!!!!!!!

 

 

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Trouble bipolaire

 
 
 
 
   
   
   
   
   
   
   
                 
 

Le trouble bipolaire (ou trouble maniaco-dépressif; anciennement classifié sous les termes de psychose maniaco-dépressive (PMD) ou maladie maniaco-dépressive (MMD)) est un diagnostic psychiatrique décrivant une catégorie de troubles de l’humeur définie par la fluctuation anormale de l’humeur, oscillant de périodes d’excitation marquée (manie) à des périodes de mélancolie (dépression). Les individus faisant l'expérience d'épisodes de manie font également l'expérience de symptômes, d'un état mixte ou d'épisodes dépressifs durant lesquels l'excitation et la dépression sont ressenties en même temps. Ces événements sont souvent entrecoupés par des périodes de stabilité ; mais, chez certains individus, la dépression et l'excitation peuvent rapidement alterner. Un état maniaque très intense peut conduire à des symptômes psychotiques tels que les délires et les hallucinations.

Les facteurs génétiques contribuent substantiellement au développement du trouble bipolaire, et les facteurs environnementaux sont également impliqués. Les troubles bipolaires sont souvent soignés à l'aide de traitements médicamenteux. La psychothérapie joue également un rôle pour aider à la stabilité du patient. Dans de sévères cas, une rétention de sûreté peut être appliquée. Ces cas incluent généralement de sévères épisodes maniaques impliquant un comportement dangereux du patient ou des épisodes dépressifs impliquant des idées suicidaires. Il existe des problèmes externes tels que la stigmatisation, les stéréotypes et préjugés à l'encontre des individus atteints de trouble bipolaire. Les individus atteints de trouble bipolaire montrent des symptômes psychotiques qui peuvent être confondus avec ceux de la schizophrénie, un trouble mental grave.

Les troubles bipolaires peuvent donner lieu à la reconnaissance du handicap : on parlera de handicap psychique.

Sommaire

Signes et symptômes

L’humeur est une réaction affective fondamentale se manifestant sur trois plans. Tout d’abord, elle donne une coloration agréable ou désagréable aux événements que nous vivons ; ensuite elle influence notre façon de ressentir, penser et agir ; enfin, l’humeur influence le niveau d’énergie de notre organisme. L’humeur de chacun dépend de multiples facteurs, autant « internes » qu’« externes » : les événements vécus et les ambiances psychiques et inter-relationnelles liées à l’histoire personnelle. L’humeur dite « normale » fluctue donc vers le haut ou vers le bas, mais ces variations restent limitées en durée et en intensité ; elles constituent généralement une réponse à des événements particuliers et n’empêchent pas l'individu de fonctionner.

Lorsque les fluctuations d’humeur dépassent en intensité ou en durée celles de l’humeur normale et qu’elles entraînent des altérations du fonctionnement ou une souffrance, on parle de troubles de l’humeur. Le trouble bipolaire est un trouble mental qui touche la régulation et l’équilibre de l’humeur. Les individus qui en souffrent sont sujets à des fluctuations d’humeur excessives, voire extrêmes, sans qu’il y ait forcément un événement extérieur déclenchant. Elles réagissent souvent de façon disproportionnée à cet événement, s'il y en a.

Les individus bipolaires connaissent des périodes où leur humeur est excessivement « haute » : il est question d’hypomanie (hypo- signifie « moins que » ou « sous ») si l’élévation de l’humeur est relativement modérée et d’un « état maniaque » si elle est très importante. Mais les individus présentant un trouble bipolaire peuvent également connaître des périodes durant lesquelles leur humeur est particulièrement basse - il est alors question d’« état dépressif » modéré ou sévère. Tous les individus bipolaires ne présentent pas de période dépressive, mais c’est surtout la présence dans leur histoire d’une période où l’humeur est « anormalement haute » qui doit faire évoquer le diagnostic. Néanmoins, les périodes d’humeur haute et d’humeur basse alternent le plus souvent, entrecoupées de périodes d’humeur normale. Le terme "bipolaire" renvoie à la manie et à la dépression, qui sont les deux extrêmes (pôles) entre lesquels l’humeur oscille. L’oscillation spectaculaire de l’humeur est parfois appelée épisode ou accès thymique. La fréquence, l’intensité et la durée des épisodes thymiques varient d’un individu à un autre. En l’absence de traitement ou de soins appropriés, la fréquence des oscillations et la gravité de cette maladie chronique peuvent augmenter.

Le trouble bipolaire est le trouble psychiatrique avec le plus haut risque de suicide à long terme - de l’ordre de 15 % sur la vie entière, soit trente à soixante fois plus que la population générale. Ce risque fait avant tout suite à la présence d’épisodes dépressifs mixtes ou à la fréquence élevée de comorbidité dangereuse, comme les troubles anxieux ou les abus d’alcool.

Épisodes dépressifs

Les signes et symptômes de la phase du trouble bipolaire comprennent des sentiments persistants de tristesse, d'anxiété, de culpabilité, de colère, d'isolement ou de désespoir ; des troubles du sommeil et de l'appétit; de la fatigue et des pertes d'intérêts dans les activités ; problèmes de concentration ; solitude, haine envers soi, apathie ou indifférence; dépersonnalisation ; perte d'intérêt dans les activités sexuelles ; timidité ou anxiété; agressivité, souffrance chronique (avec ou sans cause apparente) ; manque de motivation ; et idées suicidaires morbides. Dans de sévères cas, l'individu peut devenir psychotique. Ces symptômes incluent délires ou, moins communément, hallucinations, souvent déplaisants9. Un épisode dépressif majeur peut persévérer au-delà de six mois s'il reste non-traité.

Épisodes maniaques

Chez les patients souffrant du trouble bipolaire 1, l’hypomanie est suivie par la manie, c’est-à-dire un état dans lequel l'individu perd le contact avec la réalité. Des délires, comme chez les individus schizophrènes, sont diagnostiqués et peuvent être de différents types (par exemple sur le thème du complot ou sur un thème mystique). En phase de manie, l'individu peut faire des gestes dangereux pour lui et pour les autres comme notamment sauter d’une voiture en marche, frapper quelqu’un (cela a été le cas de la psychiatre Kay Redfield Jamison par exemple). C'est alors un cas d’urgence psychiatrique. L'individu doit être hospitalisé. Cela se fait souvent en hospitalisation à la demande d’un tiers (HDT).

L’hospitalisation, et l’administration de forts neuroleptiques (exemple : Loxapac) met fin en quelques jours à quelques semaines à la manie. Après un temps intermédiaire, l'individu pourra connaître alors un état dépressif (non systématique et dépendant du type de bipolarité ; cet accès dépressif est parfois même déclenché par un mauvais dosage des neuroleptiques, et ne se produira peut-être pas l’épisode suivant avec un autre médecin et/ou un autre traitement) qui peut durer plusieurs mois.

Épisodes hypomaniaques

Lors d’une phase d’hypomanie, les idées s’accélèrent, l'individu ne ressent plus la fatigue ni l’envie de dormir, celui-ci a tendance à être euphorique, à avoir davantage d’idées, fait des projets, parfois très ambitieux voire irréalistes, a parfois des pensées mégalomaniaques, a une désinhibition sociale et parfois sexuelle.

Symptômes associés

Un des aspects dramatiques de ce trouble mental est que, lors de la phase maniaque, l'individu peut se discréditer gravement sur le plan social et professionnel. Une fois la phase de manie passée, lorsqu'il se rend compte de la manière dont il agit, l'individu est souvent accablé ; cela s'ajoute à son sentiment de dépression.

Cependant, les troubles peuvent se manifester par de graves troubles du jugement, ainsi altéré ; des biais cognitifs (ou artefacts cognitifs) peuvent se faire jour, notamment un sentiment de persécution associé à un sentiment de toute-puissance.

Dans ces moments, il est important que l'individu atteint de trouble bipolaire ne reste pas seul. Le désespoir peut être intense, le risque de suicide est très fort, l'individu se dévalorise et se juge nul, inutile, éprouve un sentiment de honte.

Diagnostic

Le trouble bipolaire peut s’exprimer différemment et ne pas être reconnu d’emblée. Cette situation est malheureusement la plus fréquente. Certaines données épidémiologiques illustrent cette réalité : 9 ans d’évolution avant que le diagnostic n’ait été posé correctement et qu’un traitement spécifique n’ait été mis en place, intervention de 4 à 5 médecins différents.

La recherche de périodes d’exaltation est un bon moyen pour établir le diagnostic ; mais il n’est pas toujours évident pour le patient de comprendre que les périodes où il se sentait particulièrement bien ont la même origine que les périodes où il se sentait mal. Devant la fréquence des troubles bipolaires et l’importance de l’enjeu pronostique, la recherche de signes de bipolarité devrait être systématique devant tout épisode dépressif. Elle devrait répondre à une codification afin de faciliter la démarche diagnostique :

La prise en compte des antécédents familiaux ne se limitent pas simplement à rechercher des troubles de l’humeur chez les ascendants et collatéraux. L’existence ou non d’un alcoolisme, de troubles du comportement, d’une originalité, de suicides ou de tentatives de suicides, de troubles anxieux, de troubles des conduites alimentaires, de troubles obsessionnels doivent être recherchés. Parmi les antécédents personnels, les manifestations pouvant témoigner d’un trouble de l’humeur pourront orienter le diagnostic vers un trouble bipolaire : période d’euphorie et d’excitation, de dépenses excessives, comportements originaux, problèmes avec la justice, alcoolisme, conduite à risque ou excessive, crises de violence ou d’agressivité, la notion d’une cassure par rapport à l’état antérieur, d’un changement, d’une modification du caractère, la notion d’un virage de l’humeur lors d’une prescription préalable d’antidépresseurs…

Un âge de début des symptômes précoce, au moment de l’adolescence ou au début de l’âge adulte, est aussi un indice à prendre en compte, le trouble unipolaire (dépression) ayant un début plus tardif. Chez la femme, des troubles de l’humeur survenant dans les suites de l’accouchement et avant le retour de couches seront très en faveur d’une bipolarité. Un tempérament de base de type hyperthymique caractérisé par une hyperactivité, une hypersyntonie, des projets multiples, une sociabilité excessive peuvent orienter le diagnostic. D’autres traits de personnalité sont fréquemment retrouvés chez les patients bipolaires : hypersensibilité, dépendance affective, recherche de sensations fortes… Certaines études ont de même souligné une corrélation entre trouble bipolaire et créativité, bien que cette relation reste incertaine et peu expliquée.

La symptomatologie dépressive évoquant une bipolarité peut présenter une ou plusieurs particularités : symptômes psychotiques, altération du rythme circadien avec inhibition psychomotrice majeure le matin et atténuation en fin de journée, symptômes de dépression atypique : hypersomnie, hyperphagie, inhibition psychomotrice pouvant aller jusqu’à un blocage de la pensée, labilité de l’humeur. Il est également recommandé de réaliser un entretien avec un membre de la famille et d’inciter le patient à faire des auto-évaluations (life chart…). D’autres symptômes n’ont pas de spécificité propre mais sont fréquemment observés : irritabilité, agressivité, réaction de colère, sensibilité excessive, émoussement affectif pouvant aller jusqu’à une incapacité à pleurer et ou à exprimer des affects négatifs. Les différences qui existent entre une dépression unipolaire et bipolaire peuvent être regroupées dans le tableau classé à droite de la section.

Il existe différents pièges diagnostiques dont les limites avec le trouble bipolaire sont parfois difficiles à tracer ; les troubles unipolaires, la schizophrénie (et notamment les troubles schizo-dysthymiques), les bouffées délirantes aiguës et les psychoses puerpérales, la personnalité limite, les troubles organiques (notamment la démence, l’épilepsie ou les médicaments « maniacogènes »), les addictions, les troubles pédopsychiatriques (notamment l’hyperactivité), et enfin les troubles anxieux.

Classification

Les classifications officielles du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) et de la Classification internationale des maladies (CIM 10) distinguent trois types de trouble bipolaire :

  • Trouble bipolaire de type I : caractérisé par un ou plusieurs épisodes maniaques ou mixtes et des épisodes dépressifs d’intensité variable (le diagnostic peut être posé même en l’absence de trouble dépressif). Une cause organique, iatrogénique ou toxique ne permet pas de retenir ce diagnostic.
  • Trouble bipolaire de type II : défini par l’existence d’un ou plusieurs épisodes hypomaniaques et un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs.
  • Cyclothymie : qui débute souvent à l’adolescence, de nombreuses périodes dépressives modérées ou d’hypomanie, de quelques jours à quelques semaines, sont diagnostiquées. Isolé par Kahlbaum, en 1882, le trouble cyclothymique constitue une forme atténuée de trouble bipolaire.

Klerman, en 1981, distingue six catégories de troubles bipolaires : les bipolaires I et II, tels qu’ils sont définis classiquement, les bipolaires III chez lesquels les états maniaques ou hypomaniaques ont été induits par des traitements médicamenteux, les bipolaires IV qui correspondent au trouble cyclothymique, les bipolaires V qui présentent des antécédents familiaux de troubles bipolaires et les bipolaires VI qui se caractérisent par des récurrences maniaques. Vingt ans après, Akiskal et Pinto individualisent huit formes différentes :

  • Trouble bipolaire 1/2 : trouble schizo-bipolaire
  • Trouble bipolaire I : maladie maniaco-dépressive
  • Trouble bipolaire I 1/2 : dépression avec hypomanie prolongée
  • Trouble bipolaire II : dépression associée à des phases hypomaniaques spontanées discrètes
  • Trouble bipolaire II 1/2 : dépression sur fond de tempérament cyclothymique
  • Trouble bipolaire III : dépression avec hypomanie induite par les antidépresseurs ou un autre traitement
  • Trouble bipolaire III 1/2 : oscillations marquées de l’humeur associées à un contexte addictif ou un abus d’alcool
  • Trouble bipolaire IV : dépression sur fond de tempérament hyperthymique

Il est à signaler que certains spécialistes (dont le Pr Sami-Paul Tawil) expriment que les différentes sortes de trouble bipolaires ne forment qu’une seule maladie maniaco-dépressive, d’autant plus que le patient peut « changer » de forme de Trouble Bipolaire.

Le spectre des troubles bipolaires s’est récemment élargi en intégrant les tempéraments cyclothymiques et hyperthymiques, les troubles saisonniers et les formes évolutives brèves. Les différentes catégories de troubles qui appartiennent au spectre bipolaire ne justifient pas les mêmes mesures thérapeutiques et ne présentent pas les mêmes critères de gravité.

La cinquième version du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V) devrait inclure les bipolaires I et II, tels qu’ils sont définis actuellement, les BP II 1/2 qui seraient représentés par les troubles cyclothymiques, les bipolaires III qui intégreraient les états maniaques ou hypomaniaques induits par des traitements et les bipolaires IV qui correspondraient aux hyperthymies. Ces dernières classifications montrent bien la tendance à l’extension du concept de troubles bipolaires, qui regroupe sous le terme de spectre bipolaire différentes entités : troubles, personnalités et tempéraments.

Est aussi considéré comme trouble bipolaire le Syndrome de Kleine-Levin, maladie rare qui affecte principalement les adolescents et les jeunes adultes. Forme atypique du trouble bipolaire, elle est caractérisée par des cycles d’hypersomnie importants, jusqu’à vingt heures de sommeil par jour, marqués par des troubles du comportement, de boulimie, d’irritabilité, de désorientation, d’hallucinations, de bouffées délirantes, d’hypersexualité (désinhibition), d’un manque total d’énergie, d’absence émotionnelle et d’un repli sur soi. On note également souvent une hypersensibilité au bruit et à la lumière. Dans de nombreux cas, les crises durent de quelques jours à quelques semaines et s’estompent avec le temps pour disparaître complètement vers la trentaine.

Pronostic

Évolution

En règle générale, la cyclicité tend à s’aggraver avec le temps avec l’apparition de cycles courts. La cyclicité rapide est associée avec un âge de début précoce, un trouble anxieux concomitant, l’abus de substances, des antécédents de tentatives de suicide, l’utilisation d’antidépresseurs et un antécédent familial de cycle rapide. Il est question de trouble bipolaire à cycles rapides quand il y a plus de quatre épisodes maniaques et/ou dépressifs durant au moins deux semaines par an. Les cycles rapides sont particulièrement associés avec le trouble panique et les antécédents familiaux de trouble panique.

La nature des épisodes se modifie avec un mélange de symptômes maniaques et dépressifs : il est alors question d’épisodes mixtes ; l’humeur moyenne tend à devenir de plus en plus dépressive et le patient présentera de moins en moins d’épisodes maniaques. Il est noté avec l’évolution une diminution des capacités cognitives. Cette évolution peut être atténuée par un traitement adapté instauré le plus précocement possible.

Bipolarité et créativité

La maladie bipolaire et la créativité ont des liens très proches. À titre d’exemple, Karin et Hagop Akiskal ont mené en 1992 une étude sur vingt écrivains, poètes, peintres et sculpteurs européens. Deux tiers d’entre eux étaient cyclothymiques ou traversaient des phases d’hypomanie, et la moitié avait eu au moins une dépression grave. Des études américaines ont également montré que le suicide fait plus de victimes chez les scientifiques, artistes et autres personnalités que dans la population moyenne. Les évènements de la vie sont très importants dans le développement des troubles bipolaires. Il est avéré que l’existence des créateurs est souvent mouvementée, rythmée par des souffrances notamment dans l’enfance, des voyages et l’instabilité. Beaucoup ont eu des parents manifestant des troubles de l’humeur et connu la dépendance des drogues. Nombre d’artistes et de personnages célèbres ont marqué l’histoire non seulement par leur génie créateur mais aussi par l’expression parallèle d’une marginalité psychique parfois déroutante, et souvent dramatique, les conduisant parfois vers le suicide.

Ainsi, nombre d’artistes, de savants, de chefs d’entreprise ou d’hommes politiques présentent des troubles de l’humeur plus ou moins importants.

La pensée, lors des épisodes maniaques ou hypomaniaques, s’exprime par des associations d’idées, parfois fortuites et dissolues mais souvent originales, certes peu adaptées aux normes d’un travail social mais convenant à la création.

Causes

À l’heure actuelle, on ne connaît toujours pas avec certitude les causes du trouble bipolaire, le modèle biopsychosocial s’applique à ce trouble mettant en avant la notion de vulnérabilité qui s’exprime tant au plan de la génétique qu’à celui de la personnalité, l’environnement jouant le plus souvent un rôle de détonateur.

Génétique

Il apparaît clairement que des facteurs biologiques sont impliqués car on connaît l’existence d’anomalies dans la production et la transmission de substances chimiques cérébrales appelées neurotransmetteurs, ainsi que des anomalies hormonales, notamment du cortisol également impliqué dans le stress. Ces anomalies sont elles-mêmes en lien avec des facteurs génétiques, ce qui explique la prédisposition familiale. C’est donc l’interaction de facteurs biologiques et environnementaux qui explique le mieux l’apparition d’un trouble bipolaire.

L’existence d’une vulnérabilité génétique vis-à-vis du trouble bipolaire est établie depuis longtemps. Le risque de présenter un trouble bipolaire si un des parents de premier degré est atteint est de 10 % par rapport à la prévalence de 1 à 2 % dans la population générale.

Psychologie

Le rôle des facteurs psychologiques et environnementaux dans le déclenchement de la maladie et des accès a longtemps été minimisé, cette pathologie étant considérée comme endogène. Les facteurs environnementaux fragilisants sont de mieux en mieux identifiés. Les études génétiques de liaison permettent d’identifier les régions chromosomiques porteuses des gènes probablement impliqués dans cette maladie, en particulier les régions 13q31 et 22q12.

Les autres facteurs de risque peuvent concerner des événements précoces de vie, comme le deuil d’un parent, une carence affective ou des agressions sexuelles dans l’enfance. Les études longitudinales montrent qu’avant le déclenchement de la maladie, il existe des déficits cognitifs localisés, touchant notamment la fonction visuospatiale. Ces déficits cognitifs renvoient probablement à des anomalies neuro-développementales en rapport avec les facteurs de risque génétiques. Les études de neuro-imagerie fonctionnelle montrent des dysfonctions lors de l’exécution de taches cognitives touchant notamment le circuit fronto-striatal.

Au cours de la vie, il existe d’autres facteurs précipitants tels que : les événements pénibles de vie (difficultés conjugales, problème professionnel ou financier…) et les périodes de stress répétées (surmenage professionnel, manque de sommeil, non-respect des rythmes biologiques propres). Il a également été démontré qu’un niveau d’expression émotionnelle élevé dans les familles (emportements ou cris pour des événements mineurs) était un facteur précipitant de la maladie.

Sur un plan théorique, une succession causale peut être décrite : les événements de vie sont à l’origine de dérèglement des rythmes sociaux, générateurs de perturbations des rythmes biologiques, qui entraînent elles-mêmes les récurrences dépressives et maniaques. Dans la conceptualisation de l’évolution des accès thymiques du trouble bipolaire selon le modèle cognitivo-comportemental, on envisage les épisodes de décompensation de l’humeur comme le début d’un cercle vicieux qui provient des modifications des pensées et des émotions générées par le changement d’humeur et qui vont entraîner des changements des comportements ; ces altérations ne vont pas tarder à dégrader le fonctionnement habituel de l'individu et à générer des problèmes psychosociaux qui eux-mêmes vont créer du stress et des conséquences sur le sommeil (entre autres) participant ainsi à intensifier en boucles les symptômes déjà présents ou précipitant un nouvel accès ultérieur.

Il est établi que les perturbations des rythmes sociaux, conséquences d’événements plus ou moins sévères, favorisent le risque de récidives de troubles thymiques. Les données de la littérature concernent essentiellement le sommeil. Elles portent sur la privation de sommeil et l’induction de manie, sur les manies induites par des voyages Ouest-Est, sur les manies induites par des perturbations des rythmes sociaux. La privation de sommeil est réputée pour avoir des propriétés antidépressives et peut donc provoquer une rechute car les bipolaires privés d’une nuit de sommeil sont en effet sujets à des décompensations maniaques. Le « déphasage » qui peut exister entre les rythmes sociaux et les rythmes biologiques constitue aussi une cause de récidive.

L’influence des événements de vie tendrait à décroître en fonction du nombre de récidives car la succession d’épisodes provoque une sensibilisation, c’est-à-dire une vulnérabilité biologique croissante vis-à-vis des événements déclenchants ou précipitants.

Il existe aussi certainement un dysfonctionnement neuronal ainsi qu’une perte de neurones dans l’hippocampe des patients souffrant de troubles bipolaires. Ainsi, une étude en spectroscopie protonique par IRM a montré que la concentration en N-acétyl aspartate, un acide aminé présent normalement dans l’hippocampe, est diminué chez les patients souffrant de troubles bipolaires et s’aggrave avec l’ancienneté du trouble. D’autres anomalies sont retrouvées, en particulier au niveau de la partie antérieure du gyrus cingulaire où il existe un dysfonctionnement dans la régulation des neurones glutamaergiques. Il existe par ailleurs des anomalies morphologiques, notamment du cervelet, retrouvées chez les patients bipolaires ayant fait plusieurs épisodes de trouble de l’humeur. Ainsi, l’étude de Mills et col compare, le volume du cervelet chez des patients bipolaires après un épisode et après plusieurs épisodes de la maladie en IRM et montre que celui-ci est plus petit chez les patients ayant fait plusieurs épisodes. De même, un élargissement ventriculaire est retrouvé chez les patients ayant fait plusieurs épisodes maniaques.

Il semble exister une cause génétique commune avec la schizophrénie, les parents et les proches d'individus ayant une schizophrénie ont un risque plus élevé de trouble bipolaire et vice-versa, montre la recherche, ce qui fait poser la question par certains de la réalité de la distinction entre les deux syndromes. À noter que le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) et la classification internationale des maladies (CIM), sont actuellement en processus de révision (la publication du DSM-V étant attendue pour 2012), ils considèrent que la conception binaire de ces deux maladies devrait être abandonnée dans les prochaines éditions.

Traitements

Médicaments

Les médicaments appelés stabilisateurs de l’humeur sont utilisés principalement pour réguler l’humeur et prévenir les rechutes. Les thymorégulateurs de l’humeur ayant démontré leur efficacité sont notamment les sels de lithium, les anticonvulsivants (anti-épileptiques) tels que le valproate (médicament Depakote : divalproate de sodium), la carbamazepine (médicament Tegrétol) et la lamotrigine. Leurs mécanismes d’action semblent opérer différemment. Leur indication principale est leur effet anti-manie puis de prévention des rechutes.

Aujourd’hui, on tend à utiliser moins fréquemment le lithium, en raison des contraintes de ce médicament (nécessité de faire un bilan sanguin et des prises de sang pour ajuster la dose, et de surveiller le taux de lithium dans le sang, la dose efficace étant très proche de la dose toxique). Peut-être en partie sous la pression des firmes pharmaceutiques, les psychiatres en France tendent de plus en plus souvent aujourd’hui à prescrire des anti-psychotiques, qui font office de thymorégulateurs. Cela peut être l’olanzapine (médicament Zyprexa) ou l’aripiprazole (médicament Abilify). La pression des firmes s’explique par le fait que ces médicaments, sous brevet, coûtent plus de 100 euros la boîte de 28 comprimés, tandis que le lithium, passé dans le domaine public, coûte très peu cher31. Toutefois, ces anti-psychotiques sont réellement efficaces en prévention du trouble bipolaire.

Plusieurs régulateurs d’humeur peuvent être prescrits simultanément, jamais en première intention. Ils se dosent tous dans le sang et un contrôle sanguin est nécessaire. Selon chaque molécule et du fait des effets secondaires, d’autres constantes biologiques peuvent être surveillées. Par exemple, l’aripiprazole et l’olanzapine favorisent une prise de poids, l’olanzapine, cependant, favorise le diabète. Le lithium peut affecter la thyroïde.

Un certain nombre de principes thérapeutiques sont à respecter :

  • prescrire un thymorégulateur quelle que soit la phase de la maladie et utiliser en première intention un produit dont l’efficacité a été bien démontrée avec les posologies les plus faibles possibles ;
  • privilégier une monothérapie ainsi qu’une prise quotidienne unique, afin d’optimiser la compliance, et réévaluer le choix du thymorégulateur en cas de mauvais suivi ;
  • proscrire les antidépresseurs dans les états mixtes et limiter l’usage des antidépresseurs tricycliques dans les troubles bipolaires ;
  • utiliser une stratégie thérapeutique en plusieurs phases afin d’adapter le traitement à l’état du patient et maintenir le traitement prophylactique le plus longtemps possible.

Actuellement, le principe communément admis est que tout patient bipolaire doit bénéficier d’un traitement thymorégulateur. Pour le traitement pharmacologique des dépressions bipolaires, la prescription d’antidépresseurs en monothérapie aggrave incontestablement le pronostic du trouble bipolaire en induisant des virages maniaques, des épisodes mixtes, des cycles rapides, et en favorisant la résistance au traitement.

Un tiers des patients bipolaires présentent des virages maniaques ou hypomaniaques sous antidépresseurs. L’objectif du traitement antidépresseur est la rémission de l’épisode dépressif, mais présente toujours ce risque d’induire un virage maniaque. Ce risque est plus faible si le patient est déjà sous thymorégulateur. L’option idéale en première intention pour la dépression bipolaire serait de prescrire ou d’adapter la posologie d’un stabilisateur d’humeur, mais en pratique lorsqu’ils sont utilisés seuls, les thymorégulateurs n’ont pas toujours une efficacité suffisante. Ils peuvent être brefs et résolutifs (BP-II, BP-III), mais ils peuvent aussi devenir incontrôlables (BP-I). En pratique, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont plus prescrits dans ce contexte car ils ont moins de risque d’induire des virages de l’humeur. Les recommandations américaines conseillent d’arrêter le traitement antidépresseur dans les six mois qui suivent la rémission de l’épisode dépressif, afin de diminuer le risque.

Les recommandations du NICE concernant le traitement des épisodes mixtes sont les mêmes que pour les épisodes maniaques sans préférence pour un traitement particulier. Il est par contre bien stipulé qu’il ne faut pas prescrire d’antidépresseur et que ces états nécessitent une surveillance étroite du fait du risque suicidaire.

Compte tenu de tous ces facteurs de risques : une vigilance et une surveillance clinique minutieuse sont indispensables et ce n’est malheureusement pas encore l’habitude en France. Une dépression bipolaire n’est pas une dépression unipolaire, ni une dépression nerveuse comme les autres. Les antidépresseurs dans la dépression bipolaire ne sont généralement justifiés qu’en cas de dépressions d’intensité sévère et toujours en association avec un thymorégulateur. Il convient donc en premier lieu d’optimiser le traitement thymorégulateur en réalisant des dosages sanguins et en ajustant au mieux les taux thérapeutiques vers les limites supérieures préconisées, à condition que cela n’induise pas d’effets indésirables. Le recours si nécessaire, dans un deuxième temps, à un second traitement thymorégulateur visera à retrouver la normothymie tout en protégeant le patient contre un risque de déstabilisation de l’humeur.

Les neuroleptiques sont utilisés dans le traitement de la phase aiguë ou dans un épisode mixte. L’objectif principal est d’obtenir le contrôle rapide des symptômes (impulsivité, agitation, agressivité, etc.) de manière à éviter que le sujet ne se mette en danger, et à ce qu’il retrouve rapidement un fonctionnement psychosocial de bonne qualité.

Psychosocial

Parallèlement aux traitements psychotropes, il peut être proposé de nouvelles approches de traitements psychothérapiques : mesures psycho-éducatives ; thérapies interpersonnelles basées sur les rythmes sociaux (IPSRT) ; ainsi que les thérapies cognitivo-comportementales et des thérapies centrées sur la famille. Ces thérapies permettent de limiter l’impact fonctionnel de la maladie, car même si la maladie peut être bien contrôlée par les traitements médicamenteux, il est difficile de supprimer l’ensemble de ses effets tant les bouleversements dans la sphère sociale, familiale, professionnelle et psychologique sont importants.

Les thérapies psychanalytiques n’ont pas apporté la preuve méthodologique de leur efficacité dans le trouble bipolaire ni dans la dépression comme pour l’ensemble du domaine de leur conception. La régulation du sujet pensant par la conscience de celui-ci ne pouvant se conserver qu’à la condition que le même sujet ne soit pas supprimé par cette opération discursive de pronomination.

Les mesures psychoéducatives font partie avec les thérapies cognitivo-comportementales, des traitements psychologiques les mieux documentés et pour lesquels il existe un niveau de preuve d’efficacité élevé. Les bénéfices de cette approche complémentaire sont multiples : reconnaissance précoce des symptômes qui annoncent une récidive, amélioration de la qualité de l’observance, meilleure gestion de la vie sociale, professionnelle et affective, contrôle des facteurs déclenchants et précipitants, respect des règles d’hygiène de vie… Sont objectivés également une diminution du nombre de récidives et de rechutes, une diminution de la durée d’hospitalisation, un meilleur équilibre de la vie familiale, une amélioration de la qualité de vie. Le traitement préventif, par exemple dans le cadre de la psycho-éducation, a pour objectifs d’évaluer les rythmes sociaux du sujet, de limiter les répercussions des événements, de limiter les situations d’excitation en limitant les stimulations et de rétablir une stabilité des rythmes sociaux. Ces techniques psychothérapiques doivent être mises en œuvre dès l’identification des événements perturbateurs, afin de prévenir les altérations des rythmes sociaux ou du sommeil.

L’accompagnement est aussi très important, les proches sont souvent désemparés devant un individu bipolaire. Mais leur présence est un facteur de la réussite de l’amélioration de l’état physique et psychologique du malade.

Psycho-éducation

La psycho-éducation est un outil thérapeutique complémentaire de la prise en charge médicamenteuse des patients souffrant de troubles bipolaires. Les patients ayant participé à un groupe de psycho-éducation présentent moins de rechutes et moins d’hospitalisations, une meilleure connaissance de la maladie, une meilleure adhésion au traitement médicamenteux, une meilleure qualité de vie. À Paris, des séances de psycho-éducation sont proposées à l’hôpital Sainte-Anne. L’hôpital Albert Chenevier de Créteil en propose aussi. L’association Argos 2001 organise des conférences assurées par des médecins ou des psychologues, elles se déroulent le 4e jeudi du mois à 20 heures, au FIAP, 30 rue Cabanis, 75014 Paris. Elles sont ouvertes à tous, patients et proches, sans inscription au préalable. À Liège, en Belgique, de telles séances existent à Cointe, à l'hôpital psychiatrique, "Le Petit Bourgogne".

Épidémiologie

Espérance de vie corrigée de l'incapacitépour les troubles bipolaires sur 100 000 habitants en 2002
  •      Aucune donnée
  •      Moins de 180
  •      180–186
  •      186–190
  •      190–195
  •      195–200
  •      200–205
  •      205–210
  •      210–215
  •      215–220
  •      220–225
  •      225–230
  •      230–235

Selon les auteurs, le trouble bipolaire a une prévalence de 2 à 8 % de la population.

Aux États-Unis, la prévalence chez le jeune de moins de 20 ans aurait été multipliée par 40 entre 1994 et 2003 et par un peu moins de 2 durant la même période chez l’adulte. Les raisons de cette augmentation ne sont pas claires. Il est possible que ce diagnostic soit porté parfois en excès, les critères n’étant pas rigoureusement respectés.

Le trouble bipolaire touche autant les hommes que les femmes, quels que soient leur origine socio-culturelle ou leurs niveaux socio-économiques. Cependant, il y aurait plus d’épisodes dépressifs chez la femme et plus de manies unipolaires chez l’homme. L’association avec un autre trouble psychologique (comorbidité) psychiatrique est importante, elle concerne 60 % des patients bipolaires traités dont un tiers des sujets de type I (Colom et al.2006).

Les troubles anxieux occupent une place privilégiée, plus de 50 % des patients présentent au moins un trouble anxieux associé. Le trouble anxieux généralisé (TAG) vient au second rang. L’association entre trouble bipolaire et TAG est évaluée de 6 % à 32 % selon les études (Gorwood, 2004). Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) se situe en troisième position. Pour certains, il ne concernerait que 10 % des patients bipolaires (Akiskal, Placidi et Marremmani, 1998).

La fréquence des phobies sociales est plus difficile à apprécier. Les prévalences avancées par les études vont de 9 % à 16 %. La fréquence des conduites addictives chez les sujets souffrant de troubles bipolaires est 6,6 fois supérieure à celle d’un sujet dans la population générale (Rouillon, 1997). C’est de loin l’abus d’alcool qui arrive en tête avec une prévalence de 42 %, les femmes étant particulièrement concernées ; celle de la consommation de cannabis s’élève à 16 %.

Les troubles de la personnalité sont associés à environ 30 % des sujets bipolaires (Colom, 2006). Dans une étude de Shiavone et al. (2004), les troubles de la personnalité le plus souvent associés au trouble bipolaire sont : personnalité borderline (41 %), personnalité narcissique (20,5 %), personnalité dépendante (12,8 %), personnalité histrionique (10,3 %).

Comorbidité

Le diagnostic et le traitement précoces du trouble bipolaire permettent d’éviter les troubles qui lui sont souvent associés, il est alors question de troubles comorbides ou de comorbidité. Elle est importante et doit être prise en compte au même titre que le trouble bipolaire. Elle concerne essentiellement :

  • Syndrome d’abus d’alcool, également fréquent, retrouvé surtout dans les phases dépressives. Une étude récente estime ce risque à 30 % pour les femmes et 50 % pour les hommes souffrant de trouble bipolaire. Comme le syndrome d’abus/dépendance à l’alcool est beaucoup plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, le fait d’être bipolaire, multiplie par 7,5 le risque pour une femme d’avoir un diagnostic d’abus/dépendance à l’alcool pour seulement un facteur multiplicatif de 2,75 pour les hommes. Il est utile de rappeler que devant tout alcoolisme, il faut chercher un trouble bipolaire et ce, surtout chez les femmes.
  • Troubles anxieux et en particulier le trouble panique (20 % dans l’étude ECA) : la prévalence sur la vie entière des troubles anxieux est d’environ un patient bipolaire sur deux. Ils sont en particulier associés avec un jeune âge de début, une plus forte tendance à faire des tentatives de suicide.

De fréquents autres troubles surviennent en même temps que le trouble bipolaire (comorbidité) : agoraphobie, claustrophobie, symptômes maniaques en même temps que des symptômes dépressifs états mixtes, angoisses et anxiété, consommation excessive d’alcool et de cannabis. Une inadaptation des traitements est également constatée par l’emploi inadapté des neuroleptiques et surtout des antidépresseurs, absence de thymorégulateur ou prescription de médicaments incompatibles. Le refus du traitement ou son observance irrégulière est aussi une dérive très fréquente, encouragée par la nostalgie des phases de (hypo)manie. Les individus ayant subi plusieurs cycles de la maladie restent hypersensibles et voient leur seuil de déclenchement du trouble abaissé (théorie du kindling). Une stricte hygiène de vie est recommandée. Il existe aussi des comorbidités somatiques comme le surpoids et l'obésité, la contamination par VIH, le diabète et les affections endocriniennes, ainsi que les maladies cardiovasculaires.

Le surpoids (déterminé par l’indice de masse corporelle, IMC supérieur à 25) touche 58 % des patients bipolaires. Différentes possibilités ont été évoquées : l’implication des médicaments thymorégulateurs et plus particulièrement les antipsychotiques. La prise de poids est à surveiller lors de long traitement, car ce facteur peut suffire à lui seul à décider le patient d’arrêter le traitement, ou encore provoquer une mauvaise observation du traitement. En effet, le surpoids est à lui tout seul une source de problème. En plus de problèmes liés à la dégradation de l’image de soi, il peut entraîner des risques notamment tels que : diabète non insulino-requérant, affection cardio-vasculaire, rhumatismale, hypertriglycéridémie. De nombreuses études menées depuis 1990 montrent une prévalence quatre fois supérieure chez les individus souffrant de troubles bipolaires en comparaison à la population générale, de contracter le virus du sida. Ceci semblerait s’expliquer par la désinhibition face au danger dans les phases maniaques et hypomaniaques, et/ou la consommation de drogues et d’alcool. Pour les références complètes, voir : Prise de risque du Sida.

Certaines études conduites chez les patients bipolaires hospitalisés estiment la prévalence du diabète de type II chez les patients souffrant de troubles bipolaires à près de 10 %, alors qu’elle n’est que de 3 % à 4 % dans la population générale. Les maladies cardio-vasculaires sont elles aussi plus fréquentes chez les bipolaires et cela peut être mis en relation avec le risque relativement plus grand chez ces patients de développer diabète et surpoids, de présenter un trouble anxieux ou de mal respecter les règles d’hygiène de vie (consommation d’alcool notamment).

La comorbidité psychiatrique modifie l’expression et le cours évolutif du trouble bipolaire.

Mortalité

Le trouble bipolaire est la pathologie psychiatrique associée au plus fort risque de décès par suicide. Le risque suicidaire est trente fois supérieur à celui de la population générale et 15 à 19 % des patients atteints de cette maladie « réussissent » leur suicide. Les chiffres concernant la cyclothymie ne sont pas connus. À cette mortalité par suicide, vient s’ajouter la mortalité liée à de nombreux autres facteurs : comorbidités somatiques, alcoolisme, mauvaise hygiène de vie, diabète, affections iatrogènes. Du fait des addictions diverses et des troubles du comportement, il semble qu’un individu bipolaire non-traitée ait en moyenne une espérance de vie inférieure de vingt ans à l’espérance de vie de la population générale[réf. nécessaire].

Populations spécifiques

Durant l'enfance

Le carbonate de lithium est le seul traitement approuvé contre le trouble bipolaire chez l'enfant.

Emil Kraepelin note, dans les années 1920, que les épisodes de manie sont rares avant la puberté. D'une manière générale, le trouble bipolaire chez l'enfant n'a pas été reconnue durant la première moitié du 20e siècle. Les chances de reconnaître ce trouble chez l'enfant ont diminué tandis que le critère du DSM s'installe durant la fin du 20e siècle.

Lorsque l'âge adulte est atteint, le trouble bipolaire se caractérise par des épisodes cachés de dépression et de manie sans symptomatologie précise, chez les enfants et adolescents des changements rapides d'humeur ou des symptômes chroniques sont tout à fait normaux. D'un autre côté, le trouble bipolaire pédiatrique se développe habituellement, à la place de la manie euphorique, par des excès de colère, d'irritabilité et de psychose, ce qui est moins commun chez les adultes.

Le diagnostic du trouble bipolaire chez l'enfant est controversé. Cependant, le fait que les symptômes typiques aient des conséquences négatives chez les mineurs qui en souffrent n'est pas actuellement en débat. Le débat principal se centre sur les différents symptômes du trouble bipolaire diagnostiqué chez l'enfant et du trouble bipolaire diagnostiqué chez l'adulte, ainsi que sur la question concernant le critère diagnostique - si celui de l'adulte peut être appliqué chez l'enfant. Selon le diagnostic chez l'enfant, certains experts recommandent de suivre les critères du DSM. D'autres pensent que ces critères ne séparent pas correctement le trouble bipolaire de l'enfant des autres troubles comme le trouble du déficit de l'attention. D'autres encore expliquent que ce qui différencie le trouble bipolaire chez l'enfant est l'irritabilité. L'AACAP encourage la première stratégie.

Les traitements impliquent les médicaments et la psychothérapie. Une prescription de médicaments implique habituellement des stabilisateurs de l'humeur et des antipsychotiques atypiques.

Durant la vieillesse

Il existe peu d'informations concernant le trouble bipolaire durant la vieillesse. Il semblerait devenir moins répandu avec l'âge mais il existe néanmoins un pourcentage. Il n'existe aucune différence de trouble bipolaire survenant à un jeune âge et à un âge avancé. Durant la vieillesse, le traitement contre le trouble bipolaire peut se compliquer par la présence d'une démence ou par les effets secondaires de médicaments soignant une condition autre que le trouble bipolaire.

Historique

Le trouble bipolaire est une affection psychique connue de longue date et déjà décrite dans l’Antiquité. Au deuxième siècle avant J.C., Arétée de Cappadoce fut le premier à utiliser le mot "manie" pour décrire les patients « qui rient, qui chantent, dansent nuit et jour, qui se montrent en public et marchent la tête couronnée de fleurs, comme s’ils revenaient vainqueurs de quelques jeux ». Il avait remarqué que, par la suite, ces gens changeaient d’humeur pour devenir « languissants, tristes, taciturnes ». Les relations entre la créativité, la mélancolie ou les périodes d’hypomanie (état d’enthousiasme) sont connues depuis cette époque. Aristote, le premier, se posait la question du lien entre le génie (la créativité) et la manie (la folie).

Cependant, c’est Théophile Bonet qui fit le lien entre les deux humeurs extrêmes en 1686 et forgea l’expression latine manico-melancolicus. L’alternance manie-dépression est également rapportée par Th. Willis (1622-1675). Jules Baillarger, en 1854, décrit la folie à double forme qui se caractérise par « deux périodes régulières, l’une de dépression et l’autre d’excitation ». Simultanément Jean-Pierre Falret (1794-1870) publie un article consacré à la folie circulaire. Kraepelin élabore, en 1915, un système de classification de la manie et de la dépression fondé sur les symptômes. Il distingue 18 types évolutifs de folie maniaco-dépressive, dont les formes unipolaires et bipolaires, sans les opposer pour autant. Ultérieurement, Kleist et Leonard subdivisent les formes unipolaires (dépressives) et formes bipolaires. Cette conception dichotomique du trouble est rejointe par Perris, Angst et Winokur.

Société et culture

Stigmatisation

Il existe de grands problèmes de stigmatisation sociale, de stéréotypes et préjudices pour les individus diagnostiqués de trouble bipolaire.

Références culturelles

Kay Redfield Jamison, psychologue et professeure à la Johns Hopkins University School of Medicine, parle du trouble bipolaire dans son autobiographie intitulée An Unquiet Mind (1995). Dans son ouvrage, Touched with Fire (1993), elle se penche sur une connexion entre le trouble bipolaire et la création artistique

De nombreux films ont exposés des personnages au caractère parfois similaire au diagnostic du trouble bipolaire et ont été sujets de discussions parmi les psychiatres et cinéphiles. Un exemple notable inclut le film Mr. Jones (1993), dans lequel Mr. Jones (Richard Gere) alterne entre épisodes de manie et phases dépressives, passant ainsi son temps dans un hôpital psychiatrique. Dans Mosquito Coast (1986), Allie Fox (Harrison Ford) expose entre autres certains traits de mégalomanie et de paranoïa. Dans le film Ma vie en cinémascope, Pascale Bussières montre des épisodes de dépression majeure et de psychose. Elle remplit les critères diagnostiques du trouble bipolaire. Dans le film The Informant!, le personnage principal, Mark Whitacre, travaillant comme informateur pour le FBI, s’avère finalement être bipolaire. Dans le film L’Extravagant Mr. Deeds, Gary Cooper est soupçonné d’être atteint de psychose maniaco-dépressive lors d’un procès.

Dans la série de télévision australienne intitulée Stingers, le détective Luke Harris (Gary Sweet) souffre de trouble bipolaire et sa paranoïa interfère dans son travail. Pour se mettre dans la peau du personnage, Sweet rend visite à un psychiatre expert en maladies maniaco-dépressives. Il explique qu'il a quitté la session convaincu de souffrir de cette maladie.

Dans la série américaine Homeland, c'est le personnage principal Carrie Mathison interprété par Claire Danes qui est atteint de trouble bipolaire. La maladie est traité comme élément essentiel dans la conduite du récit et sa dramatisation.

Dans l’épisode 10 de la saison 2 de la série Dr House, Problèmes de communication, un patient est atteint de trouble bipolaire. Dans la série Six Feet Under, le personnage de Billy Chenowith est bipolaire et fréquemment sujet à des troubles psychiques et à un comportement excessif. Dans la série Urgences (E.R.), la mère d’Abby Lochart est bipolaire et fait de nombreuses apparitions dans les différents stades de la maladie. Dans l’épisode 15 de la saison 2 de la série En analyse (In Treatment), Paul Weston évoque la bipolarité de sa défunte mère et l’impact que cela a pu avoir sur la relation de ses parents jusqu’à leur séparation.

30 avril 2012

l'ecologie.......

ecologie3

 

A la caisse d'un super marché une vieille femme choisit un sac en plastique pour ranger ses achats. La caissière lui a alors reproché de ne pas se mettre à « l'écologie » et lui dit :
"Votre génération ne comprend tout simplement pas le mouvement écologique. Seuls les jeunes vont payer pour la vieille génération qui a gaspillé toutes les ressources! "

La vieille femme s'est excusée auprès de la caissière et a expliqué :

" Je suis désolée, nous n'avions pas de mouvement écologique dans mon temps."

Alors qu'elle quittait le magasin, la mine déconfite, la caissière en rajouta :

" Ce sont des gens comme vous qui ont ruiné toutes les ressources à notre dépens. C'est vrai, vous ne considériez absolument pas la protection de l'environnement dans votre temps! "

La vieille dame admît qu'à l'époque,

On retournait les bouteilles de lait, les bouteilles de Coke et de bière au magasin. Le magasin les renvoyait à l'usine pour être lavées, stérilisées et remplies à nouveau; on utilisait les mêmes bouteilles à plusieurs reprises. À cette époque, les bouteilles étaient réellement recyclées, mais on ne connaissait pas le mouvement écologique.

De mon temps,

On montait l'escalier à pied : on n'avait pas d'escaliers roulants dans tous les magasins ou dans les bureaux.
On marchait jusqu'à l'épicerie du coin aussi. On ne prenait pas sa voiture à chaque fois qu'il fallait se déplacer de deux rues. Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.

À l'époque,

On lavait les couches de bébé; on ne connaissait pas les couches jetables.
On faisait sécher les vêtements dehors sur une corde à linge; pas dans un machine avalant 3000watts à l'heure.
On utilisait l'énergie éolienne et solaire pour vraiment sécher les vêtements.

À l'époque,
on recyclait systématiquement les vêtements qui passaient d'un frère ou d'une soeur à l'autre.

C'est vrai ! on ne connaissait pas le mouvement écologique

À l'époque,
on n'avait qu'une TV ou une radio dans la maison; pas une télé dans chaque chambre. Et la télévision avait un petit écran de la taille d'une boîte de pizza, pas un écran de la taille de l'État du Texas.

Dans la cuisine,
on s'activait pour fouetter les préparations culinaires et pour préparer les repas; on ne disposait pas de tous ces gadgets électriques spécialisés pour tout préparer sans efforts et qui bouffent des watts autant qu'EDF en produit.
Quand on emballait des éléments fragiles à envoyer par la poste, on utilisait comme rembourrage du papier journal ou de la ouate, dans des boites ayant déjà servies, pas des bulles en mousse de polystyrène ou en plastique.

À l'époque,
on utilisait l'huile de coude pour tondre le gazon; on n'avait pas de tondeuses à essence autopropulsées ou auto portées.

À l'époque,
on travaillait physiquement; on n'avait pas besoin d'aller dans un club de gym pour courir sur des tapis roulants qui fonctionnent à l'électricité.

Mais, vous avez raison : on ne connaissait pas le mouvement écologique.

À l'époque,
On buvait de l'eau à la fontaine quand on avait soif; on n'utilisait pas de tasses ou de bouteilles en plastique à jeter à chaque fois qu'on voulait prendre de l'eau.
On remplissait les stylos plumes dans une bouteille d'encre au lieu d'acheter un nouveau stylo; on remplaçait les lames de rasoir au lieu de jeter le rasoir après chaque rasage.

Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.

À l'époque,
Les gens prenaient le bus, le métro et les enfants prenaient leur vélo pour se rendre à l'école au lieu d'utiliser la voiture familiale et maman comme un service de taxi de 24 heures sur 24.

À l'époque,
les enfants gardaient le même cartable durant plusieurs années, les cahiers continuaient d'une année sur l'autre, les crayons de couleurs, gommes, taille crayon et autres accessoires duraient tant qu'ils pouvaient, pas un cartable tous les ans et des cahiers jeter fin juin, de nouveaux crayons et gommes avec un nouveau slogan à chaque rentrée.

Mais, c'est vrai, on ne connaissait pas le mouvement écologique.

On avait une prise de courant par pièce, pas une bande multiprises pour alimenter toute la panoplie des accessoires électriques indispensables aux jeunes d'aujourd'hui.

ALORS NE VIENS PAS ME FAIRE CHIER AVEC TON MOUVEMENT ÉCOLOGIQUE

 

 

14 mai 2012

ninja : légende ou réalité.....

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Pour comprendre le véritable sens du mot ninja, il faut en considérer les deux parties: NIN (supporter, endurer ou même en kanji "la volonté qui supporte la piqûre du sabre) et JA (la personne), en association, cela donne donc "la personne qui supporte la piqûre du sabre" ou "qui sait endurer". Par synthèse, le ninja avait ainsi deux fonctions: le brave et l'espion. Qu'il soit l'un ou l'autre, un ninja n'est pas une identité facile à cerner d'autant plus que son image fut maintes fois tronquée par le cinéma, la TV, les romans, les BD...

Le ninja tire ses origines de la Chine antique puis migra au Japon sous la dynastie des Tang. les Japonais développèrent l'art ninja de manière extrême jsqu'à créer d'invincibles guerriers assassins pouvant infiltrer n'importe quel lieu et tuer n'importe qui au moment opportun mais cette définition réductive se doit d'être complétée de celle du ninjutsu, art qu'il déployait durant toute sa vie.
"L'Art de la Guerre", écrit chinois attribué à Sun Tsu datant de plusieurs siècles avant j-c, mentionnait la nécessité d'espions au sein de l'armée. La description faite de ces espions rappelle l'idée que l'on se fait du ninja : espions volants, intelligents sous des dehors stupides, intrépides sous un air inoffensif, lestes, vigoureux,, hardis, braves, rompus à l'humiliation, la faim, le froid, la saleté... On admet que les premiers ninjas furent des immigrés chinois favorisés par l'impérialisme japonais qui formèrent des nippons, créant mes premiers clans ninjas (kugutsu) où se mêlaient des chinois et des japonais. Autrefois, les Kugutsus étaient doués dans l'art du spectacle itinérant, se distinguant par leur habileté et leur endurance (tir à l'arc, lancer de couteaux...).
Le premier clan ninja officiel fut le Clan Hattori. Avant cela, il n'y avait que des groupuscules éparses mais soudés servant l'empereur. Avec la naissance de nouvelles castes telle que les Samouraïs, les guerres se multiplièrent et les ninjas gagnèrent un rôle plus conséquent. Ils intégrèrent le code d'honneur des samouraïs, le Bushido.
Avec le temps, deux grands clans s'imposèrent: les Iga et les Koga qui avaient prospérés entre les 13eme et 15eme siècles. Leur puissance grandissait tant qu'ils furent exterminés après la mort violente de Oda Nobunaga en novembre 1581.


NINJUTSU en kanji.

Le ninjutsu est un art mutlidisciplinaire faisant appel à un enseignement très diversifié mais hétérogène. Selon les clans et les familles, les disciplines et les techniques variaient pour pouvoir tenir tête à des adversaires ninjas le cas échéant. Techniques développées: art du combat, déplacement, déguisement, escalade.. On en ignore beaucoup mais on peut recenser un certain nombre de disciplines:
_ Tai-jutsu: apprentissage du combat à mains nues contre un ou plusieurs adversaires.
_ Daken-Taijutsu: technique à base de coups, blocages qui ressemble au karaté, visant les points vitaux du corps.
_ Ju-Taijutsu: techniques d'évasions, de captures, de projections, ressembant au judo faisant de n'importe quelle partie du corps une arme.
_ Taihen-Jutsu: mille et une manière de se mouvoir en silence, de rouler, sauter, chuter sans crainte et sans mal, se ménageant le meilleur moyen d'enchaîner une attaque suivante.
_ Bo-Jutsu: étude du bâton long (Bo) et du bâton court (hanbo) comme arme de défense universelle.


_ Ninja-Ken: maniement du sabre.
_ Shuriken-Jutsu: armes de jet de toutes sortes (senban-shuriken; shaken; bo-shuriken; dards droits).
_ Yari-Jutsu: maniement de la lance.
_ Naginata-Jutsu: maniement de la naginata (lance à lame courbe).
_ Kusari-Gama: usage d'une arme composée d'une faucille attachée à une chaîne.
_ Kayaku-Jutsu: technique des armes à feu, poudres et explosifs.
_ Henso-Jutsu: art du déguisement.
_ Shinobi-Iri: art de pénétrer par effraction, de voler ou tuer.
Et tout plein d'autres... (évasion, stratégie, espionnage, hypnose...)

 




Extrait du code du Ninjutsu.

 



Au sein du clan, trois niveaux de hiérarchie: le chef de clan (jonin), sous-chefs (chonins) et les ninjas de base au service du clan (genins). Les ordres et les missions étaient transmis aux genins par les chonins, ce qui limitait les risques de dénonciation.
S'il était capturé, un ninja devait se donner la mort avant d'être torturé et interrogé, un ninja ne devait jamais vendre son maître. Le Jonin organisait la vie du clan et les relations avec les autres clans mais opérait toujours dans l'ombre par sécurité, peu de membres de son clan connaissaient sa véritable identité. On ne pouvait quitter son clan sous peine de mort.
La majorité des clans était établie dans les montagnes, entre Nara et Kyoto (120 familles). Certains chefs ninjas (jonins) faisaient partie de l'entourage proche de grands seigneurs et oeuvraient pour eux et leurs ambitions. C'est ainsi que le ninja Hattori Hanzo, général conseiller de Ieyasu Tokugawa mais aussi Jonin d'un des clans les plus puissants d'Iga sauva la vie de Tokugawa, son maître, lors de l'assassinat de Nobunaga.
Il y eut toujours une grande rivalité entre les clans Iga et Koga jusqu'à leur éradication. Les survivants furent répartis ainsi: les Iga auprès du seigneur Tokugawa et sa descendance, les Koga devenant la police civile. (on voit que l'auteur de Naruto a fait des recherches de son côté!).
Toutes ces forces disparurent avec la restauration Meiji même s'il existe encore de nombreux decsendants de familles ninjas.

 

 

Kuji no in

 
 
Cette appellation désigne la pratique des "neuf symboles" par les yamabushi, les ninja, et même, plus tard, par certains samurai. Ces gestes étranges sont censés donner au pratiquant des ressources nouvelles en cax de situation désespérée. En se concentrant intensément et en rassemblant toute sa force intérieure, il reprenait confiance en lui. Ils avaient un effet d'envoutement, d'abord sur celui qui les exécutait, en le rejetant au coeur de lui-même à l'instant décisif, ensuite sur son entourage, subjugué autant par des gestes cabalistiques auxquels il ne comprenait rien, que par la densité ainsi soulignée de la "présence" du ninja apparament complètement détaché d'un moment qui avait pourtant toutes les chances d'être mortel pour lui.

Le ninja entrelaçait rapidement ses doigts en récitant les paroles correspondant aux neuf "niveaux de puissance", ou en s'arrêtant sur l'un d'eux en fonction de la situation et de la protection divine demandée.
Cette démonstration était réputée captiver à tel point l'entourage ou un adversaire que l'on peut aussi y voir des mouvements hypnotiques capables de figer l'action en cours pendant un instant... le temps pour le spectateur de s'en détacher et le ninja avait disparu! Il n'en a pas fallu d'avantage pour que les ninja se voiant attribuer des pouvoirs hors du commun. La crainte superstitieuse ainsi entretenue était la meilleure arme du ninja!
 

Approche élémentaliste du ninpo-taïjutsu

 
 
Les techniques de combat à mains nues du ninja ont une approche élémentaliste, fondée sur le Go-dai (les cinq éléments):

terre
la stabilité de la terre, une attitude de confiance en soi et de force. Le combat est remporté avant même d'avoir commencé. Vous êtes immuable comme une montagne majestueuse ou un chêne centenaire.

eau
la spontanéité de l'eau, la capacité à s'effacer et frapper. Vous vous retirez de l'attaque de votre adversaire et y répondez avec une explositon de puissance. Vous êtes une vague qui se retire avant de s'écraser sur le rivage.

feu
l'explosion
 
vent
l'aptitude à réfléchir. Vous êtes suffisamment libre d'esprit et de mouvement, et suffisamment compétent pour savoir exactement où vous avez besoin d'être pour prendre le contrôle d'une agression. Vous êtes un nuage de fumée que quelqu'un essaie d'attrapper alors que vous glissez entre ses doigts et hors de sa poigne.

vide
la source de tous les éléments. La capacité à faire face à chaque attaque inconnue et à adopter l'attitude convenable en réponse.
 

la doctrine des ninjas

 


Le terme ninpo ou shinobu hô, désigne la doctrine des ninjas. Elle met l'accent sur l'endurance, la persévérance, la capacité d'adaptation. Ceci comprend donc bien sûr les techniques de combat et de survie dans la nature (dont le camouflage et les soins médicaux), d'endurcissement du corps et de l'esprit, mais aussi la capacité à prévoir le danger et à l'éviter. De fait, le ninja doit être capable de mimétisme, il doit pouvoir faire preuve d'adaptabilité (souplesse mentale) et ne pas s'attacher à des formes fixes et rigides. Contrairement au bushi, le ninja ne cherche pas l'affrontement direct, il ne cherche pas à montrer son courage, mais plutôt à survivre et à mener à bien sa mission, sans ressentir de honte ni de colère. Le ninja cherche d'abord à se protéger et à protéger sa famille. Par ailleurs, on peut aussi se référer au traité de stratégie chinois L'Art de la guerre de Sun Tzu, qui développe les techniques d'information et de désinformation dans le cadre de la guerre :

se renseigner sur l'ennemi (« Qui connaît l'autre et se connaît, en cent combats ne sera point défait », chap. III),

désinformer l'ennemi

repérer les espions ennemis et les soudoyer.

Une des premières phrases de ce traité de guerre est d'ailleurs « La guerre repose sur le mensonge ». Il recommande principalement de faire usage de la ruse pour éviter le combat. Ce type de comportement était donc recommandé depuis dix siècles avant la première mention historique des ninjas.
 
Le ninja était furtif et secret ; il savait se déguiser pour se faire passer pour quelqu'un d'une autre classe sociale ou d'une autre région. L'enseignement de ces techniques dans des écoles (ryu) ne se faisait pas en groupe comme pour les bujutsu (technique des samourais), mais plutôt seul à seul, à des individus uniques .
 

Masaaki Hatsumi

 

Masaaki Hatsumi est né le 2 décembre 1931 au Japon, est le fondateur et actuel soke du Bujinkan-Ninpo, style de ninjutsu reposant sur les 9 Ecoles dont il est l'héritier (Togakure Ryû, Kumogakure Ryû, Gyokushin Ryû, Kotô Ryû,Gyokko Ryû,Shinden Fudô Ryû,Kukishinden Ryû,Takagi Yôshin Ryû,Gikan Ryû). Il fut l'élève de Takamatsu Toshitsugu précédent Soke, décédé le 2 avril 1972 à 83 ans.


Voici sa vision de l’évolution des ninja : « Fort et faible sont des mots courants sur les lèvres des pratiquants d’arts martiaux. J’ai établi une règle pour montrer à mes élèves qu’ils doivent se conduire avec autant de droiture que possible, en accomplissant les devoirs du ninja. Pour moi, c’est cela qu’être fort signifie. Après tout, pour comprendre un héros un homme doit être un héros lui-même. Je n’apprends pas à mes étudiants à vaincre des ennemis, mais à devenir des hommes qui puissent vivre. Les mouvements en Ninpô taijutsu ne doivent pas être vus comme « forts » ou « faibles », mais plutôt comme des mouvements qui appèlent l’unité et la chance ».


Maasaki Hatsumi, orienta le ninjutsu vers une forme plus pacifié, tournée vers la pleinitude intèrieure et non l’art de tuer.

Takamatsu Toshitsugu, le dernier grand maître ninja ?

 

Takamatsu Toshitsugu (1887-1972) est l'ancien grand maître des neuf écoles qui constituent aujourd'hui le ninjutsu tel qu'enseigné par le bujinkan. L'actuel soke est Masaaki Hatsumi, qui a hérité du titre directement de Takamatsu Toshitsugu. Certains affirment qu’il fut le dernier grand maïtre ninja.

Il était un enfant plutôt fragile, jusqu'à ce que son père le confie à son grand-père, qui décida de l'entraîner aux arts martiaux. Dans son adolescence, il est devenu un garçons robuste.

L'entraînement était très dur, et pendant 1 an, le jeune Takamatsu fut uniquement utilisé comme partenaire par les anciens, on ne lui enseignait aucune technique. Il était juste frappé et projeté dans tous les sens afin qu'il apprenne à chuter correctement.

A l'école, lorsqu'il eut 10 ans, on organisa un jour un petit tournoi de Sumo. Alors qu'un jeune garçon très fort était au centre et qu'on lui cherchait un partenaire, le professeur demanda au jeune Takamatsu d'aller l'affronter. Celui-ci refusa et ses camarades se moquèrent encore de lui. Le professeur insista et le jeune Takamatsu dut finalement affronter le garçon devant tout le monde. A la surprise générale, Toshitsugu Takamatsu repoussa facilement les attaques du jeune champion et gagna le match. Il dut ensuite affronter tous les volontaires et les mis au sol à chaque fois. Il fut déclaré vainqueur.

Un jour, il a mis en déroute une bande d'une trentaine de délinquants, ce qui lui a valu d'être arrêté par la police, qui ne croyait pas qu'un adolescent puisse mettre en déroute seul un aussi grand groupe. Son grand expliqua que, malgré son jeune âge, il était un des meilleurs élèves du dojo.

Takamatsu Toshitsugu a été le garde du corps personnel de l'empereur chinois Po. Il a combattu dans 12 combat à mort, dont 7 en compétition. Il était connu comme Môko no tora, le tigre de Mongolie.

Takamatsu Sensei était très discret et peu de voisins connaissaient ses compétences en matière de Ninjutsu. Ses autres compétences n'étaient connues que de quelques individus. On ne connaît que 2 personnes qui furent initiées à ces techniques : Fukimoto San (qui n'enseigna jamais et décéda il y a quelques années), et Hatsumi Sensei.

Takamatsu Toshitsugu n'a cessé de s'entraîner qu'à l'âge de 80 ans. Fut-il ou non un véritable maître ninja...nul ne le sait.

un ninja célèbre : Hanzō Hattori

 
 
Hanzō Hattori, connu aussi sous les noms de Masanari ou Masashige est né en 1541 et mort en 1596. C’est sans doute le plus célèbre ninja japonais. Sa férocité au combat lui valut d'être surnommé Oni Hanzō (Hanzō le démon).
 
Hanzō Hattori était le fils de Yasunaga Hattori. Né vassal du clanMatsudaira, puis du clan Tokugawa, Hanzō Hattori se révéla l’un des meilleurs serviteurs de Ieyasu Tokugawa. Il mena sa première bataille à 16 ans durant la bataille d’Anegawa en 1570, puis à la bataille de Mikata-Ga-Hara en 1572 - cependant sa victoire la plus mémorable reste celle qui suivit la mort de Nobunaga Oda en 1582.
 
A cette pèriode, Tokugawa Ieyasu et ses ninja étaient postés pres d'Osaka, et apprirent l'assassinat d'Oda juste à temps pour s'enfuir et éviter les troupes de Mitsuhide Akechi. Cependant, ils n'étaient pas encore en sûreté. Hanzō proposa alors l'idée d'aller vers Iga, où se trouvaient des samouraïs ralliés à sa cause. De plus, Ieyasu avait aidé les survivants de l'invasion de Nobunaga en1580, et ceux qui s'en souvenaient seraient prêts à aider le groupe. Tadakatsu Honda envoya Hanzō et, comme prévu, les hommes d'Iga consentirent à les aider, à les guider et même à leur offrir une escorte. Finalement, Ieyasu Tokugawa put rentrer sain et sauf à Mikawa. Par contre, Nobukimi Anayama, qui avait insisté pour prendre une autre route, prétextant que le jeune Hanzō Hattori n'avait aucune idée du détour qu'il leur imposait, n'eût pas cette chance. Capturé par des hommes de son ancien daimyo Katsuyori Tadeka, il fut décapité.

Hanzō Hattori eut pour successeur son fils,Masanari Hattori, qui fut nommé Iwami-no-Kami et gardien du Château d'Edo. Aujourd’hui au japon, la réputation de Hanzō Hattori en tant que meneur ninja commandant 200 hommes d'Iga a pris des proportions légendaires.
Le personnage d’ Hanzō Hattori apparait dans le manga et les films Babycart,Le loup à l'enfant. Quentin Tarantino a utilisé le nom Hanzō Hattori pour un personnage (le forgeron) du film Kill Bill.

Un ninja célèbre : Momochi Sandayu

 

Momochi Sandayu est aujourd'hui connu au Japon comme étant l'un des plus grand Ninja de tout les temps. Le 3 Novembre 1581, Oda Nobuo (fils de Oda Nobunaga) voyait comme une menace (justifiée !) le nombre important des Ninjas de Iga-Ueno. Il leur ordonna de se séparer et comme ils refusaient, il attaqua avec l'aide de 46.000 hommes la province de Iga. La bataille qui s'en suivit est appelée "Tensho Iga no Ran" (rébellion Iga de l'ère Tensho). Les Ninjas (et quelques samouraïs) qui formaient la résistance, forte dc 4.000 hommes, furent massacrés. Les survivants s'enfuirent aux quatre coins du Japon, répandant le Ninjutsu de façon encore plus intense. Les chroniques de guerres nippones relatent que Momochi Sandayu combattu avec bravoure. Il est possible qu'il succombât juste après cette bataille. Ce massacre a été porté à l’écran dans l’excellent Shogun Ninja (Jap. 1980) de Norifumi Suzuki avec Sonny Chiba.


Il est de notoriété publique que Sandayu possédait plusieurs châteaux, le château Ryugu, le château Hojiro, et le château Yamato. Ces trois châteaux lui permettaient d'avoir trois identités et trois familles différentes. C'est d'ailleurs de l'un de ces endroits qu'il s'échappa sûrement, pour mourir. Son tombeau a été localisé dans les années 1960. Il est situé sur un lopin de terre familial, près de ses maisons, à 15 miles (24 Kms) de Iga Ueno, sur la colline placée en retrait d'un endroit appelé Nabari. Deux de ses maisons existent encore. La troisième est une fortification connue sous le nom de Takiguchi-jo, et dont les fondations sont encore visibles aujourd'hui. Elle est sur la colline située près de Iga Ueno, mais fut détruite par Oda Nobunaga.
 
 

Grimper comme une araignée, les techniques ninjas d''escalade

 
 
Un ninja était familiarisé dès son plus jeune âge à grimper aux arbres mais aussi sur les rochers et les toits les plus abruptes. En effet, grimper (Shoten-no-jutsu) faisait partie de la mission quotidienne d'un ninja. Le ninja devait le faire dans le plus grand silence ou en harmonie avec l'environnement ce qui constituait une grande difficulté : en effet, comment empêcher l'arrêt du coassement des grenouilles lorsqu'il fallait progresser dans un marais ou dans les douves d'un château ? Le ninja avait réponse à tout, il répandait une substance chimique à la surface de l'eau qui excitait les batraciens.
 
Le ninja escaladait essentiellement la nuit. Il savait grimper de ses mains nues mais le plus souvent il s'équipait de divers types de cordes plus ou moins rigides (Bashigo), de bâtons télescopiques (shinobi-kumade), d'ancres et grappins de toutes sortes (Kyoketsu-shoge), de gantelets de fer munis de crochets (Shuko ou Tekagi), de semelles à crampons (Ashiko)... ces deux derniers équipements permettaient aussi au ninja de s'accrocher au plafond avant de sauter sur sa proie, comme une araignée. 

Le Shuriken-jutsu

 
 
 
 
Le Shuriken-jutsu est la technique de lancer des shuruken. Même si pour le ninja les shurikens ne constituaient qu'une petite partie de l'arsenal transporté, leurs effets furent si spectaculaires que la rumeur publique en grossit très vite l'importance pour finir par en faire l'arme représentative des guerriers de l'ombre.
 
Faciles à cacher, aux pointes souvent empoisonnées, ces armes de jet avaient un caractère destructeur, surtout sur courtes distances. C'est pourquoi de très nombreuses écoles anciennes d'arts martiaux au Japon ont incorporé ce qu'elles ont pu connaître de ces techniques dans leurs programmes d'entrainement. Les écoles les plus connues dans cette spécialité furent Ryusei-ryu, Takemura-ryu, Katori Shinto-ryu, Tenshi-ito-ryu, Shirai-ryu-shuriken-jutsu, Shinto-shobu-ryu et Kobujutsu Yo-ryu.
 
Il y avait deux types de shuriken : le Bo-shuriken qui se lançait à partir d'une prise pointe en avant (Yo-no-ken) ou pointe à l'intérieur de la paume (In-no-ken) et le Shaken qui était propulsé à partir d'une saisie entre le pouce et l'index et lancé à l'horizontale. Le Shaken fut ensuite décliné dans diverses formes et variantes. A l'origine le shuriken était juste un leurre destiné à faire du bruit en tombant puis il fut affuté pour devenir une arme mortelle à 10 mètre.
 

Le Kuji-Goshin-Ho

 
 
 
Une tradition prétendait que le ninja prêt d'être capturé pouvait à loisir disparaître dans un écran de fumée rien qu'en serrant entre ses dents un rouleau de texte contenant des formules réputées magiques et en entrelaçant ses doigts d'une certaine manière. Cette croyance reposait sur des racines très anciennes, plongeant au coeur de l'histoire des ninjas.
 
Cette technique permettait au ninja d'exercer sa volonté sur autrui ou d'agir sur lui-même, c'est le pouvoir du Kuji-Goshin-Ho. Les gestes de cette technique étaient réputés captiver à tel point l'attention d'un entourage ou d'un adversaire en particulier, que l'on peut y voir des gestes hypnotiseurs capables de figer un bref instant l'action en cours, paralysant momentanément l'ennemi. Le temps d'arriver à s'en détacher et le ninja avait disparu...il n'en fallait pas davantage pour accréditer le ninja de pouvoirs surnaturels. Cette technique a grandement contribuée à semer la terreur parmi les ennemis des ninjas qui les prennaient pour de véritables démons.
 

L'art de la guerre chez les ninja : le chikairi-no-jutsu

 
 
Le chikairi-no-jutsu est un ensemble de stratégies et de techniques en temps de guerre. On y trouve différents types d'opérations d'infiltrations dans les lignes ennemies en temps de guerre :
 
- Nyukyo-no-jutsu : envahir le camp adverse à un moment opportun (pendant une action de défense, une sortie en force, une panique provoquée, etc...)
 
- Ryakuhon-no-jutsu : entrer dans le territoire ennemi et se faire passer pour un comparse
 
- Toshoku-no-jutsu : technique pour amener à merci un ennemi fortifié (en s'attaquant à la réserve de nourriture, en mettant le feu, en empoisonnant la citerne d'eau potable). Les quatres techniques suivantes recoupent celle-ci :
 
- Hoka-no-jutsu : créer la panique en mettant le feu à l'intérieur du château alors que les défenseurs sont occupés à le défendre
 
- Monomi-no-jutsu : découvrir le point faible du camp ennemi, du château à investir (ou de la maison ou réside l'ennemi)
 
- Geinyu-no-jutsu : provoquer l'agitation intérieure (exploiter les mouvements de mécontentement, incendier les arrières etc..), répandre de fausses rumeurs, soit dans le camp, soit dans les villages alentours au moment ou l'armée en marche est annoncée pour provoquer la panique
 
- Katagatae-no-jutsu : créer la panique et la confusion à l'intérieur du camp ennemi alors que les troupes viennent de le quitter pour tenter une sortie et qu'il n'y reste que quelques sentinelles ou valets
 
- Suigetsu-no-jutsu : créer des diversions pour pouvoir frapper l'ennemi au coeur
 
- Sansa-no-jutsu : entrer dans le camp ennemi en se joignant à ses soldats lors d'un rempli
 
- Yoja-no-jutsu : prendre l'apparence d'une personne d'apparence inoffensive (mendiant, infirme, fou...) pour pénetrer dans les défenses adverses
 
- Fukuro-gaeshi-zen-jutsu : échange de falsification de messages destinés à l'extérieur (demande de renforts etc...)
 
- Ryohan-no-jutsu : s'emparer d'un otage important pour faire pression

Les techniques de méditation ninja

 

Les ninja étaient sont des adeptes de la méditation. Au fil des siècles, ils inventèrent des techniques de méditations Ninjas pour mieux vivre et guider leurs pensées et esprits dans le bon sens. Voici quelques exemples de ces techniques inventées :

Zen : la main droite couvre la main gauche et les doigts se touchent. Méditation pour mieux se connaître et se concentrer.

Zai : les index et les doigts se touchent. Cette méditation est utilisée pour connaître et controler la nature, car le ninja travaille avec elle.

Sha : Tous les doigts empoignés sauf les deux index qui pointent. Cette technique aiguise les sens de la guérison.

Il existait (existe) de nombreuses autres techiniques secrètes utilisées souvent avant les missions et qui permettaient (permettent) au ninja d’être préparé aux imprévus qu’il ne manquera pas de rencontré...ces techniques ne nous sont cependant pas connues.

Le shinobi kenjutsu

 

Le shinobi kenjutsu est l’art des ninjas de maîtriser le sabre ninto ou ninjato, arme blanche à lame droite, de longueur proche de 50 centimètres (voir mon précédent article sur l’équipement des ninjas).

Contrairement à la pratique conventionnelle du kenjutsu, établie par les samouraïs, le shinobi kenjutsu s'affranchit du formalisme du bushido pour ne considérer que l'efficacité. Coups de pied, de poing, attaques au visage avec la tsuka (poignée) ou la tsuba (garde), sauts (cho yaku jutsu), art de dégainer(de la main gauche notamment, ce qui n'était pas courant pour les guerriers conventionnels), faux étuis (saya)… Tous les coups étaient permis. Cependant, en dépit de l'aspect fantaisiste, il faut un excellent niveau de maîtrise du sabre pour se permettre de telles acrobaties.

En effet, le ninjato est un sabre un peu plus court, rectiligne et plus fragile que le katana, car souvent fabriqué à partir de restes de sabres récupérés sur des lieux de batailles par des gens ayant des possibilités et habiletés moindres que celles des forgerons spécialisés et reconnus. D'ailleurs, contrairement à ce que les samouraï appelaient « l'âme du guerrier », c'est-à-dire leurs armes, les pratiquants du shinobi kenjutsu considéraient leurs armes comme de simples outils sans valeur, et il n'était pas rare de voir des ninjato brisés ou abandonnés. Leur mauvaise qualité en faisait des armes inférieures au katana, leur utilisation était donc relativement limitée aux embuscades ou attaques rapprochées, plutôt qu'aux batailles rangées.

Les poisons utilisés par les ninjas

 

Les ninjas étaient très bien informés des poisons. L’empoisonnement d'une victime a été aussi efficace que le poignard, mais avec très peu de chance d'échec. Une fois que le poison est ingéré par la victime, il était déjà trop tard. Les substances toxiques utilisées étaient souvent prélevées sur des animaux toxiques mais l’utilisation d’ araignées et des scorpions vivants était pratiqué, il était parfois plus facile de glisser un couple de scorpion dans le lit de la victime que de le bleser avec une arme empoisonnée. Un autre animal a été utilisé, il s’agit du bufo marinus. Le bufo marinus est un gros crapaud très toxique. Ce poison était souvent utilisé sur les fléchettes, les flèches et les pointes de lances.


Les ninjas utilisèrent également le cyanure, certains fruits toxiques et bien sûr les champignons pour empoionner leurs victimes.Le amanita phalloides est un champignon mortel. Le poison de ce champignon est 10 fois plus puissant que celui de cyanure et il était facile d’en glisser dans un repas.

Les armes et l'équipement du Ninja

 
 
 
Les ninjas utilisaient des armes et du matériel uniques, souvent objets de leur invention et leur ingéniosité :


Jitte: sorte de dague non tranchante et non perforante munie d'une garde courbée vers l'avant (à la différence du saï, il n'y a qu'une branche à la garde), servant à bloquer les sabres ;
Kaginawa : grappin ;
 
Kamayari : lance à crochet ;
 
Kusarigama: faucille reliée à une chaîne ;
 
Metsubushi : fumée, en général produite par un mélange de poudre placé dans un œuf évidé, et servant à aveugler l'adversaire ;
 
Mizu gumo : chaussures flottantes munies de vessies gonflées et permettant de se tenir debout sur l'eau, pour espionner ou se défendre ;

Ninjato : sabre (en photo) ;
 
Otzu Tsu : arme à feu, sorte de mortier fait dans un tronc évidé ;
 
Ashiko : griffes de pieds, situées sous la semelle, servant à l'escalade, à marcher sur un terrain glissant ou bien comme arme ;
 
Tegaki ou shuko : sorte de griffes portées sur la paume, servant à escalader, à frapper ou bien pour bloquer les sabres;

Kunaï: Sorte de dard métallique;
 
Shuriken (en photo) : étoile métallique tranchante pouvant avoir plusieurs formes différentes (trois ou quatre branches, carrées, rondes...). Cependant, contrairement à ce que croient la plupart des gens, le shuriken n'est pas une arme d'attaque directe, les dégâts engendrés n'étant que de l'ordre d'une coupure ou étant complètement arrêté par l'armure d'un Bushi. De plus sa trajectoire est assez aléatoire. C'est donc une arme de terreur plus particulièrement utilisée pour désorienter l'ennemi (sifflement, tranchant, trajectoire circulaire,...);
 
Makibishi ou Tetsubishi : petits clous à quatre pointes utilisés pour couvrir une fuite ; ceux-ci traversaient les sandales des poursuivants;
 
Bô : bâton de quatre pieds et d'environ un pouce et demi de diamètre. Servant autrefois de canne, il devint une arme redoutable que même les vieillards pouvaient manier très efficacement;
 
Fuma shuriken : sorte de grand shuriken dépliable ou non;
 
Fukumibari: flèchettes plates cachées dans la bouche et destinées à être crachées au visage.
 

Le Ninjutsu



Le terme ninjutsu ou shinobi jutsu, désigne l'ensemble des techniques des ninjas, suivant les principes du ninpô. Cela comprend bien entendu des techniques de combat, et notamment l'utilisation détournée d'armes classiques, le combat à mains nues, mais aussi des techniques de camouflage (hensô jutsu, doton no jutsu), d'utilisation d’explosifs, de poisons...mais le ninjutsu comporte aussi des connaissances en médecine et mathématiques.



Le ninjutsu a été très médiatisé et fortement déformé par le cinéma, dans la continuité de la vague du cinéma d'arts martiaux après la mort de Bruce Lee.

Contrairement aux Bujutsu qui ont subi une transformation pacificatrice en Budo du XVIIIème au XXème siècle et a subit un enseignement de masse dès la fin du XIXè siècle, le ninjutsu s'est transmis de manière secrète à quelques personnes jusqu'aux environs de la 2è guerre mondiale.
A l'heure actuelle, l'école de Ninpo la plus connue et la plus médiatisée est le Bujinkan, de Masaaki Hatsumi. Masaaki Hatsumi, après avoir étudié divers Budo dans sa jeunesse, tire une partie de ses enseignements de Takamatsu Toshitsugu, qui aurait notamment été garde du corps personnel de l'empereur Po, en Chine.

Masaaki Hatsumi a ouvert son enseignement aux Gaijin (non-japonais), suite à l'arrivée, l'assiduité, le courage et la persévérance d'un israélien, Monsieur Doron Navon et de l'un de ses amis. C'est le premier non-japonais qui a eu accès au Ninjutsu en tant que "disciple". Hito Atashi(1921-2007), ninja secret qui était toujours en activité dans les années 70, parti du japon pour le Canada. Francois Chenier(1972-) élève personel de Hito fut son unique sucesseur, le seul héritier non japonais d'un style de Koga Ryu, d'après certaines rumeurs Hito aurait été l'élève secret de Saiko Fujita. Aujourd'hui rebaptisé Hito ryu ninjutsu.

D'autres personnes, se désolidarisant par la suite de Soke Masaaki Hatsumi, tel Shoto Tanemura, son cousin -policier- qui avait suivi simultanément les mêmes études et considérait son ouverture vers l'occident (essentiellement les USA avec M. Hayes) trop commerciale, ont décidé de transmettre leur vision au grand public, avec une rivalité commerciale et une polémique concernant l'authenticité des techniques.
 
Le ninjutsu, de part son image romanesque et cinématographique, a tendance à attirer des individus en quête de sensations ou d'imaginaire. Malheureusement, certains enseignants acceptent de jouer le jeu de ces élèves perturbés. Le ninjutsu est en effet depuis longtemps assombri par les désirs d'individus en quête de gloire, parallèlement à l'ignorance des réalités de la part des néophytes. C'est pourquoi, il est capital de chercher les informations à la source, si l'on ne souhaite pas se voir trompé par des charlatans n'ayant pour seule ressemblance avec un Ninja qu'un costume noir et quelques accessoires contemporains.

Le Ninpo prône les valeurs de la patience, de l'endurance, de la persévérance dans les difficultés, et donc du courage.
 
 

Le ninja, adepte du mysticisme

 


Un des initiateurs du mysticisme et de l'ésotérisme qui allaient alimenter les écoles de ninjutsu fut connu, au Ville siècle, sous le nom de Kukai, fondateur de la doctrine Shingon. Il aurait voyagé sur le continent et bénéficié de l'enseignement de yogis venus du Cachemire en Chine et de Keikwa Ajari, disciple du légendaire Bodhidharma (Daruma en japonais), ce moine indien dont l'ascèse serait à l'origine des célèbres moines-guerriers de Shaolin-Su et du bouddhisme zen. De l'enseignement de Kukai subsistera surtout le Mikkyo, la tradition occulte inspirée du tantrisme indien et des pratiques lamaiques : les mudra, jeux symboliques des doigts, et les mantra, répétition de formules incantatoires. Une symbiose s'opéra entre certains clans qui vivaient traditionnellement dans la montagne et les moines qui s'y réfugièrent après s'être opposés à l'autorité de l'empereur et devinrent les redoutables Yamabushis à la fin de la période de Héian (XIIe siècle).
 

Le mysticisme de ces "moines des montagnes" se heurta aux conceptions religieuses plus officielles qui prédominaient dans la plaine et à la cour impériale. La lutte contre les ninjas prit, à certaines époques, des allures de chasse aux sorcières et de guerre de religion. Il entra de plus en plus dans la stratégie ninja d'accentuer l'aspect mystérieux de leurs pratiques et l'aura de maléfice et de terreur irrationnelle qui entourait les ninjas fut soigneusement entretenue par eux-mêmes. Certaines techniques dérivées des exercices yogis pouvaient aider le ninja à mieux contrôler son rythme cardiaque, sa respiration sous eau et à demeurer immobile de longues heures, guettant le relâchement de sentinelles ou le découragement des hommes lancés à sa poursuite. Nager sous eau à une époque où la natation était quasi inconnue, utiliser un bambou comme tuba, traverser une rivière sur de minuscules radeaux... furent à l'origine des légendes les plus fantastiques.

Les femmes ninjas : les Kunoichi

 

Les femmes jouaient un rôle très important dans les clans de ninjas dans le passé. Connu sous le nom de Kunoichi, la femme ninja utilisait souvent sa féminité et la séduction pour devenir très proche de l'ennemi et le frapper lorsqu’il s’y attendait le moins.
 
 
Utilisant la guerre psychologique et la manipulation comme des armes, la kunoichi pouvait également être assez proche de sa victime pour l’empoisonner sans laisser de trace. Les Kunoichi étaient formés dans une variété d'armes, similaire aux autres ninjas, mais en raison de la diversité des situations et de la proximité qu’elles développaient avec leurs victimes, elles utilisaient surtout des petites armes à bout portant : poudres aveuglantes, poignards, shurikens...
 
 
Les Kunoichi se faisaient souvent passer pour des servantes ou des prostituées, approchant ainsi de très près les samouraïs ou les marchands qu’elles devaient éliminer.
 

Le Bansenshukai

 
 
 
Le Bansenshukai "10000 rivières se rassemblant dans la mer" est l'encyclopedie du Nin-jutsu. Elle est attribuée à Fujibayashi Yasukoshi et représente la somme des connaissances des ninjas des environs d'Iga et de Koga. L'ensemble du Bansenshukai est rédigé en ancien dialecte de la région d'Iga.
 
Le premier volume est intitulé "Jo", il présente la philosophie ninja.
 
Le deuxième volume est intitulé "Shoshin" et discute de la pureté des motivations d'un vrai ninja.
 
Le troisème volume intitulé "Shoshi" évoque les procédés pour diriger une organisation ninja et la rendre opérationnelle.
 
Le quatrième volume intitulé "Yo-nin", traite des aspects dynamiques et "positifs" du Nin-jutsu (l'équivalant du Yang chinois).
 
Les cinquième, sixième et septième volumes intitulés "In-nin" traitent de l'aspect "négatifs" des ninjas, le In (l'équivalent du Yin chinois). Ils traitent des techniques de ruse, de confusuion, d'infiltration.
 
Le huitième volume s'intitule "Tenji". Il traite de l'art d'interpréter les données de l'environnement, notamment de l'observation du ciel, des étoiles etc pour se fondre dans son environnement. Cette science se fonde sur des siècles d'expérience du "Gogyo-setsu" (théorie des cinq éléments".
 
Les neuvième et dixièmes volumes, intitulés "Ninki", décrivent le costume ninja ainsi que certains équipements pour grimper (Toki), pour pénétrer par effraction (Kaiki) ou pour tout ce qui est nécessaire lorsque l'on est en contact avec l'eau (Suiki). Suit une compilation finale (Kaki) évoquant les préparations et l'emploi d'explosifs, de bombes fumigènes, diverses potions médicinales et poisons.
 
Il s'agit donc d'une véritable "bible" pour tout apprenti ninja qui souhaite suivre les enseignements traditionnels du Nin-jutsu.
 
14 mai 2012

les yakuzas..........

 

Les principales familles Yakuza

 


On dénombre actuellement plus de 87 000 yakuza. Leur nombre a beaucoup baissé suite à une loi antigang votée en 1992 par le gouvernement japonais, afin de faire disparaitre les syndicats du crime. Leur nombre a ainsi diminué, mais sans pour autant disparaître. Ils restent ainsi la plus grande organisation de crimes organisés du monde. Leur effectifs sont concentrés dans 4 familles principales :
 
Yamaguchi-gumi
 
Créée en 1915, c'est la plus grande famille yakuza, avec plus de 39 000 membres, répartis dans 750 clans, soit 45% de l'effectif total. En dépit de plus d'une décennie de répression policière, le poids de cette famille n'a cessé de croître. Le Yamaguchi-gumi a son quartier général à Kobe, mais il est actif à travers tout leJapon, et mène également des opérations en Asie et aux Etats-Unis. Son oyabun actuel, Shinobu Tsukasa (de son vrai nom, Kenichi Shinoda), mène une politique expansionniste, il a fait de nombreuses incursions àTokyo, qui ne fait pourtant pas partie traditionnellement des territoires du Yamaguchi-gumi.
 
Sumiyoshi-rengo
 
C'est la seconde organisation la plus importante, avec 10 000 membres répartis dans 177 clans. Le Sumiyoshi-kai, comme on l'appelle parfois, est une confédération de plus petits groupes. Son chef est Shigeo Nishiguchi . Structurellement, le Sumiyoshi-kai diffère de son rival principal, le Yamaguchi-gumi. Il fonctionne comme une fédération, avec une chaîne de la commande plus lâche et bien que Nishiguchi soit toujours le parrain suprême, il partage ses pouvoirs avec plusieurs autres personnes.
Inagawa-kaï
 
C'est le troisième plus grand groupe yakuza au Japon, avec approximativement 7 400 membres et 313 clans. Il est basé dans la région de Tokyo Yokohama, et c'est l'un des premiers organismes de yakuza à s'être lancé dans le marché hors du Japon. Son chef actuel est Kakuji Inagawa.
 
Tao Yuai Jigyo Kummiai
 
Hondé par Hisayuki Machii (1923-2002) en 1948, ce clan est rapidement devenu un des plus influent de Tokyo. Il compterai 6 clans et plus de 1.000 membres, sa particularité étant d'être composé d'une majorité de yakuza d'origine coréenne. Son chef actuel est Satoru Nomura.

L'admission dans un clan Yakuza

 

Pour être admis dans un clan, il faut faire ses preuves, par contre la nationalité n'a aucune importance, il faut juste prouver son attachement aux traditions et à la famille. Souvent il s'agit de livrer de la drogue ou de faire une commission risquée, plus rarement d'éliminer un ennemi du clan.

Comme dans la plupart des organisations de la pègre, les yakuza ont mis au point une cérémonie d'admission des nouvelles recrues. Ce rituel d’entrée est très cérémonieux : il s’agit d’une réception dont la date est fixée en accord avec le calendrier lunaire. Tous les participants sont vêtus de kimono, et placés suivant un ordre établi, dans le silence le plus complet. La cérémonie se passe dans une salle traditionnelle, où sont entreposés un autel shintoïste et une table basse avec des cadeaux. L'Oyabun et le futur membre sont agenouillés l'un à coté de l'autre en face de témoins (Azukarinin), et préparent du sake mélangé à du sel et des écailles de poisson, puis ils versent le liquide dans des coupes. Celle de l'Oyabun est remplie entièrement, afin de respecter son statut. Le saké symbolise ici les liens du sang. Ils boivent ensuite une gorgée, s'échangent leurs coupes, et boivent à nouveau. Le nouveau Kobun scelle de cette manière son appartenance à la famille et à son Oyabun, il garde sa coupe (nommée Oyako Sakazuki), elle est le symbole de sa fidélité.

Si un yakuza rend son Oyako Sakazuki à son chef, il rompt ses liens avec sa famille. Par la suite, l'Oyabun fait un discours rappelant les principes des yakuza, la fidélité et l'obéissance aveugle. Le rituel se clot par la rupture du silence, où tous les participants crient en cœur « Omedo Gozaimasu ».

L'organisation d'un clan Yakuza

 
Les yakuza ont une structure organisé en familles (ikka). Ils ont adopté la structure hiérarchique traditionnelle de la société japonaise, pyramidale, mais aussi familiale, bien que les membres ne soient pas liés par le sang. Chaque « famille » possède un patriarche, l’Oyabun (littéralement « le père »). Chaque homme accepté chez les yakuza doit accepter ce rapport Oyabun/Kobun, en promettant la fidélité inconditionnelle et l'obéissance à son patron.

 

L'Oyabun, en temps que bon père, est obligé de fournir la protection et les bons conseils à ses enfants. Chacun des deux protagonistes respecte le code du « jingi » (justice et devoir). Chaque kobun peut à son tour devenir « parrain » quand il le souhaite, tout en gardant son affiliation avec son propre oyabun, et ainsi agrandir l'organisation mère. Le plus proche conseiller de l'oyabun est le Saïko-komon , c'est un poste administratif qui s'occupe de l'état-major (avocats, comptables, etc.). Le saikō-komon dirige ses propres secteurs. Il commande ses propres subordonnés, y compris des conseillers, comptables ou avocats. Juste en dessous se trouve le Waka-gashira, c'est le numéro deux de la « famille », il est sous les ordres directs de l’Oyabun. Son « petit frère », le Shatei-gashira, est de même rang, mais inférieur en autorité. Il est un relais entre les rangs inférieurs et le numéro deux du clan. Les rangs intermédiaires sont composés des Kyodaï (les « grands frères »), et le bas de la hiérarchie par les Shateï (petits frères).En dehors de la famille, le kumi-in (l'homme engagé) est un exécutant qui pourra peut-être intégré au clan s'il s'en montre digne.

 

Les yakuza d'aujourd'hui viennent de milieux très variés. Les récits les plus romanesques racontent que les yakuza recueillent les fils abandonnés ou chassés par leurs parents. Ils sont souvent recrutés par un clan dès le lycée, une majorité dans la communauté coréenne, peut être à cause de la véritable ségrégation dont elle est victime auJapon. La pègre ne se cantonne donc pas qu'aux seuls japonais pour recruter des hommes, elle accepte toutes des origines, ne se fiant qu'aux compétences des individus. En effet, les yakuza se composent habituellement d'hommes très pointus, adroits, intelligents, car le processus pour obtenir un poste dans l'organisation, est très concurrentiel. Le milieu japonais est entièrement constitué d'hommes, et il n'y a habituellement aucune femme impliquée, excepté l'épouse de l'Oyabun qui s'appelle le «Kami-san». Quand le chef du Yamaguchi-gumi a été abattu vers la fin des années 90, son épouse lui a succédé pendant une courte période.

 

Histoire des Yakuzas de l'ère Meiji à nos jours

 

 
Le statut et les activités des yakuza vont progressivement évoluer, en parallèle des bouleversements politiques et de la structure japonaise. L’entrée dans l’ère moderne, avec l’ère Meiji(1868) va symboliser le renouveau des yakuza, qui vont étendre leur pouvoir sur toute la société. Ils vont profiter du changement de politique pour tisser des liens avec le gouvernement et intensifier les activités des Tekiya, grâce à des couvertures légales (autorisées par les liens tissés avec le gouvernement en grande partie) qui leur assurent une totale légalité de la partie émergée de leurs activités. De plus, la pratique de recrutement va s’intensifier grandement, fournissant aux organisations de plus en plus de main d’œuvre permettant d’étendre leurs pouvoirs. Du fait de l’importance grandissante des Tekiya, les trafics s’intensifient, on assiste au développement du marché noir et du commerce du sexe.

À la fin du XIXéme siècle et au début du XXème siècle, les liens entre yakuza et politique vont encore s’accentuer, poussés par l’ouverture du pays vers l’occident. Les yakuza demeurant très attachés aux traditions, vont refuser tous contacts et actions bienveillantes à l’égard des Européens et des Américains. Ils organisent des actes terroristes visant des personnages politiques favorables à une ouverture du pays, deux premiers ministres et deux ministres des finances, entre autres, seront ainsi assassinés.

 

Dans les années1930, les yakuza bénéficient d’une grande liberté, grâce à leur rapprochement idéologique avec la droite ultranationaliste, très proche du pouvoir à l’époque.

Suite à la défaite lors de laSeconde Guerre Mondiale, les mafias étrangères essayèrent de s'installer au Japon, notamment la pègre coréenne et taiwanaise, et tentèrent de prendre le contrôle des marchés noirs. On appela ses nouveaux arrivants les Daisangokujin. Ils agrandirent rapidement leur territoire, car les forces de police avaient été affaiblies suite à un purge effectuée par les forces d’occupation. Cette situation fut un tremplin décisif pour l’organisation yakuza. Avec l’assentiment du pouvoir, elle fut utilisée afin de lutter contre ces mafias, et également comme briseuse de grève. Elle a aussi profité du fleurissement du marché noir dans un Japon ravagé par la guerre et privé de tout. Le pouvoir des yakuza va donc se faire double : d’un côté ils bénéficient dans l’ombre de l’appui des hommes politiques et de la police, et sont en plus nécessaires à la société d’après guerre, le marché noir restant le seul moyen de survie pour la majorité des Japonais. La mafia japonaise devient donc un des piliers du Japon, avec l'assentiment des forces d’occupations, qui voyaient en elle une « force régulatrice ».

 


L'après-guerre voit également l'apparition d'une nouvelle criminalité, en parallèle de la pègre traditionnelle datant d’avant-guerre, et ayant encore une partie de ses traditions. Naissant en pleine crise sociale, le groupe des Gurentai est constitué de membres plus jeunes, plus violents, c'est une criminalité moins organisée. Ils avaient pour spécialités le trafic d’amphétamines et la prostitution, ou la pornographie. Ce groupe est progressivement absorbé par des gangs plus importants, pour finalement former les grands familles qui sont encore aujourd'hui en place, comme les Yamaguchi-gumi, ou les Inagawa-kai.
Entre 1958 et 1963, les yakuza accroissent leurs effectifs de 150% pour atteindre son apogée un total d’environ 184 000 yakuza, répartis dans 126 gangs. L’organisation compte alors plus de membres que l’armée japonaise elle-même. Des clans se forment et des guerres éclatent basées sur le partage de territoire. Un homme du nom de Yoshio Kodama amènera la paix entre les gangs. C'est le « Al Capone » japonais, il souhaitait créer une alliance entre les différents gangs, pour n'en former qu'un seul et unique, tout puissant.

 


Cette situation est remise en cause à la fin des années 90 par le gouvernement japonais, qui fait voter une loi antigang le 1er mars 1992, et la loi antiblanchiment en 1993, ayant pour but de faire disparaître les syndicats du crime. Le nombre des yakuza a fortement diminué, mais sans pour autant disparaître. Les effectifs sont aujourd'hui estimé à 87000 membres.
 

Les origines des Yakuza: de l'ère Eido à l'ère Meiji

 

En dépit de leur notoriété au Japon moderne, l'origine précise des yakuza encore aujourd’hui sujet à controverse.


La première hypothèse historique possible serait qu’ils sont les descendants des Kabuki-mono ou Hamamoto yakko, apparus dès le XVII. Il n’y a pas de lien immédiat avec le théâtre, mais le mot « Kabuki » signifie être extravagant, excentrique. D’où l’idée d’un personnage qui ne se plie pas à la règle et qui se manifeste. Le groupe des Kabuki-mono réunissaient l’ère Tokugawa environ 500 000 personnes, toutes serviteurs du Shogun en tant que hatamoto, et c'est pourquoi ils sont également connus comme hatamoto-yakko (les domestiques du shogun).


Mais la Paix des Tokugawa les laissa sans travail, et de nombreux membres se convertirent au banditisme, pillant villes et villages à travers l’archipel. Ils prirent l’habitude de terroriser les populations, de semer le trouble, voire de tuer des citoyens pour le plaisir, d’où leur nom de « Kabuki-mono » (les « fou »). On les appelleraient également aujourd’hui des rônins.
On pouvait distinguer les Kabuki-mono par leur mode d'habillement particulier, leurs coupes de cheveux, la longue épée qu’ils portaient et leur mauvais comportement général.


Il n’existe néanmoins, aucune preuve tangible que le groupe Hatamoto-Yakko soit bien l’ancêtre des yakuza. Les yakuza eux mêmes défendent une autre hypothèse: ils affirment descendre des Machi-Yokko (« les serviteurs des villes »). Dans le courant du XVème siècle, les ancêtres des yakuza se seraient ainsi rassemblés pour créer des associations de défense pour se protéger des "Kabuki-mono" et de leurs divers méfaits. Ils vont ainsi devenir des Machi-yako, que l’on pourrait présenter comme étant des défenseurs des opprimés. Ce groupe va peu à peu se diviser en deux castes distinctes :


les Bakuto (joueurs professionnels) qui travaillaient dans les villes, et contrôlaient le monde des jeux de hasard, très en vogue à l’époque (c’est encore aujourd’hui une des activités les plus lucratives des yakuza)


les Tekiya (porteurs et camelots) qui travaillaient sur les routes.


À l'origine, le recrutement des membres de ces deux groupes se faisait dans les mêmes milieux (paysans sans terres, voyous). Chaque groupe une fois constitué, s'attachait un territoire fixe et restreint. Comme la mafia italienne, les yakuza sont organisées en familles selon une hiérarchie très stricte. Toutefois, cette hiérarchie est accentuée par le système de oyabun-kobun (litt. père-enfant), l'Oyabun fournissant conseils, protection et secours contre loyauté et services du Kobun.


Dès 1603, certains rônins, samouraïs en rupture de ban mis au chômage par la Paix des Tokugawa qui durera 250 ans, rejoignent ces deux groupes. Néanmoins, bien que se proclamant défenseurs de la veuve et de l’orphelin, ils ne défendent la plupart du temps que leurs propres intérêts, et vivent de brigandages.


C’est véritablement au début du dix-huitième siècle que voient le jour, dans les grands centres urbains d'Osaka et d'Edo (ancien nom de la ville de Tokyo), les organisations yakuza sous la houlette de chefs de bande.


Les groupes yakuza sont également constitués de hinin (non-humains) et de eta (pleins de souillure) qui, dans la hiérarchie sociale, sont derrière les samouraïs, les artisans et les marchands. Les hinin regroupent les gens du spectacle, les gardiens de prison, les bourreaux, etc. ; quant aux eta, ils sont essentiellement constitués par ceux dont le métier est lié à l'abattage d'animaux. D'ailleurs, l'origine de leur discrimination se trouve sans doute dans la religion shintô et dans le bouddhisme qui considèrent comme une souillure toute occupation liée à la mort et au sang.


Bien que « libérés » en 1871 lors de la restauration de Meiji, ces burakumin (littéralement gens du hameau) ont toujours souffert de multiples discriminations de caste, principalement à l'emploi et au mariage. Cet état de fait perdure encore de nos jours et contribue encore à fournir les rangs des yakuza. Les burakumin représente 70% en effet des membres du Yamaguchi-gumi, le plus grand clan yakuza.
 

les tatouages Yakuza

 


Les tatouages représentent une partie importante des coutumes Yakuza. Les membres de la pègre font, en effet, tatouer pratiquement l’intégralité de leur corps. La longueur de l'intervention, qui s’élève en moyenne à une centaine d’heures, prouve la capacité des Yakuza à supporter la souffrance. le rituel du tatouage est donc très douloureux, car il se fait encore de manière traditionnelle, l'encre est insérée sous la peau à l'aide d'outils non électriques, des faisceaux d'aiguilles fixés sur un manche en bambou ou plus récemment en acier inoxydable (donc stérilisable), fabriqués à la main. Le procédé est onéreux et douloureux, et peux prendre des années pour être accompli dans son intégralité. L’origine de cette pratique remonte également aux Bakuto. Ceux-ci avaient pour habitude de tatouer un cercle noir autour de leur bras à la suite de chaque crime commis. Cette coutume marque en outre la volonté des malfrats de se distinguer du reste de la population nippone, et d'occuper une place à part dans la société.

le Yubitsume

 

La pratique de l’auto-ablation du petit doigt ou de l’annulaire (le Yubitsume ou Otoshimae) est utilisée par les Yakuza pour "présenter des excuses" à leur Oyabun. Il s’agit d’un acte qui a pour objet de laver une erreur ou le manquement à devoir. Il arrive aussi que le Yubitsume soit employé par des Yakuza afin de sauver la vie de l’un de leurs enfants. Le Yakuza fautif coupe lui-même son auriculaire : soit en présence de l’offensé, à qui il remet alors l’auriculaire dans un petit linge blanc, soit seul, à son domicile, et il l’envoie alors à l’Oyabun. La faute lavée, si le Yakuza commet une nouvelle erreur, il répète l’opération avec l’annulaire et ainsi de suite. Il est donc possible de voir des membres de la pègre nippone amputés de plusieurs doigts. Cette pratique remonte aux Bakuto. Un joueur professionnel qui ne pouvait s’acquitter d’une dette, pratiquait l’auto-ablation de l’auriculaire. Le malfrat ainsi devenu vulnérable, ne pouvait plus exercer aussi habilement ses activités, ni se défendre. En outre, le jeu étant interdit, il était facile pour les autorités de repérer les joueurs.

Aujourd’hui, la pratique du Yubitsume a évolué. Depuis les années 80, et surtout depuis la loi antigang de 1992, le nombre de ces actes tend à diminuer. En outre, de plus en plus de Yakuza ont recours à la chirurgie plastique pour se faire greffer des doigts artificiels. La décision s’explique par leur volonté d’être plus discret, notamment lors de déplacements à l’étranger, où les douanes sont vigilantes. Certains Yakuza «repentis» ont également recours à cette chirurgie afin de recommencer une nouvelle vie et d'éviter que le passé soitun trop lourd fardeau ou un obstacle à leur future carrière dans le monde légal.

le code d'honneur du Yakuza

 

L’intégration de rônins au XVe siècle a apporté un certain nombres de règles aux yakuza, à l’image du Bushidô chez les Samouraïs. Cette ligne de conduite, le Ninkyôdô (la voie chevaleresque), contient 9 règles :


1. Tu n'offenseras pas les bons citoyens.
2. Tu ne prendras pas la femme du voisin
3. Tu ne voleras pas l'organisation
4. Tu ne te drogueras pas
5. Tu devras obéissance à ton supérieur
6. Tu accepteras de mourir pour le père ou de faire de la prison pour lui
7. Tu ne devras parler du groupe à quiconque
8. En prison tu ne diras rien
9. Il n'est pas permis de tuer un katagari (personne ne faisant pas partie de la pègre)

On notera que la règle 9 n'est pas souvent appliquée, et que peu de clans suivent encore cette éthique, et les traditions en général. Enfreidre ce code entraîne des sanctions, dont la plus célèbre est de se couper une phalande de doigt, comme ce yakusa en photo.
 

Les Yakuza et Fukushima

 
 
 
L'accident de la centrale de Fukushima qui a frappé le Japon le 11 mars 2011 a profité à certains et notamment aux yakuza. La mafia japonaise a en effet procurée de la main d’œuvre à bas prix recrutée parmi les SDF et les marginaux pour travailler sur la centrale. Au passage, les mafieux prenaient leur commission.
 
En effet, les yakuzas trempaient dans le maquillage de contrats d’intérim en contrats de sous-traitance : « Entre collègues, on parlait souvent des interventions des yakuzas dans l’embauche des ouvriers » raconte un ancien ouvrier de la centrale accidentée qui habite dans la préfecture de Fukushima. « C’est sûr, les histoires de ce genre se sont multipliées après le désastre du 11 mars : on disait que tel syndicat était impliqué ici, et tel autre là. »
 
Cet ouvrier raconte qu’il touchait chaque jour 11 000 Yens de salaire plus 5 000 Yens en primes de risque. Certains de ses collègues dans la région du Kansai (au centre de l’île de Honshū) touchaient jusqu’à 30 000 voire 40 000 Yens (3 à 4 000 €) par jour.
 
La participation des syndicats du crime à l’embauche des ouvriers n’est pas une nouveauté. « Beaucoup des ouvriers de la centrale de Fukushima étaient liés aux gangsters des années 1960 et 1970 » raconte un ancien employé de TEPCO, qui a travaillé dans la centrale de Fukushima à une époque.
 
Les syndicats du crime envoyaient les ouvriers. Certain d’entre eux étaient eux-mêmes des gangsters, selon cet ancien employé. TEPCO et ses principaux sous-traitants publiaient des mises en garde pour la forme, mais ils faisaient mine de ne pas voir ce trafic parce qu’ils avaient toujours grand besoin de cette main d’œuvre.
 
Un homme de 63 ans qui habite à Takahama dans la préfecture de Fukui, raconte qu’un chef de chantier lui a dit, il y a trois ans de cela, « Ce n’est plus la peine de venir à partir de demain. »
 
Il venait de perdre son job à la centrale nucléaire de Mihama parce qu’un contrôle médical venait de montrer que son taux sanguin de globules blancs augmentait. Cela faisait quinze ans qu’il travaillait dans les centrales. Comme les autres, il était passé d’une centrale à l’autre au gré des grandes inspections des centrales, qui génèrent toujours d’alléchantes opportunités d’emploi dans le nettoyage et la réparation.
 
Outre ses intérims à la centrale de Mihama, l’homme était également passé par les centrales de Ōi et de Fukushima n°1 grâce aux bons offices de ses relations.
 
Il y avait effectué des soudures sur des tuyautages et des resserrages de boulons à l’intérieur des bâtiments des réacteurs, où l’humidité est importante et où la température dépasse les 40°. Parce qu’il transpirait tout le temps, il enlevait parfois son masque et ses équipements de protection.
 
Un jour, alors qu’il travaillait sur l’enceinte de confinement d’un réacteur (un endroit où les taux de radiations sont élevés), un outil a déchiré et crevé son gant en caoutchouc. Pris de panique, il a couru hors de l’enceinte et a passé une demi-heure à se laver les mains et les ongles.
 
Une autre fois, il s’est mis à saigner d’une égratignure à la tête. On lui a payé un traitement médical, mais aucun compte-rendu d’accident industriel n’a jamais été établi. Il saigne de plus en plus souvent du nez quand il se mouche.
 
L’homme dit avoir touché de 10 000 à 20 000 Yens d’émoluments journaliers. La plus grosse somme qu’il ait gagnée en une année n’a été que 3 millions de Yens (30 000 €). Il n’a touché aucune prime de licenciement quand il a perdu son job, pas plus qu’il n’a eu droit au chômage. Il a cherché un autre boulot mais n’en a pas trouvé.
 
Les syndicats du crime et les trafics illégaux s’agglutinent aux centrales nucléaires où les ouvriers triment dans des conditions dures. Mais le problème ne se limite pas à cela.
 
« Le bidonnage des contrats d’intérim en contrats de sous-traitance gangrène les centrales nucléaires du Japon tout entier parce que les sociétés de production électrique, pour économiser de l’argent sur la main d’œuvre, ferment les yeux sur tous ces trafics » explique Masahiko Yamamoto, un ancien ouvrier de 54 ans de la centrale de Tsuruga dans la préfecture de Fukui qui milite aujourd’hui contre l’énergie nucléaire.
 
 
 
« Nous avons appelé nos employeurs à se conformer à la loi et à couper leurs liens avec les syndicats du crime », rétorque un représentant de la Kansai Electric Power Company, qui gère la centrale de Ōi. « Nous regrettons fortement qu’un cas de non-conformité ait été découvert. Nous renouvelons notre appel à respecter les règles. »
 
L’ancien ouvrier de 63 ans de Takahama était resté disert pendant l’interview qu’il a donnée aux journalistes du Asahi Shimbun. Mais il a brusquement haussé le ton quand ils lui ont demandé ce qu’il pensait de sa longue carrière d’ouvrier du nucléaire : « Nous, les ouvriers de base, nous avons été les vrais fournisseurs d’énergie du Japon. Mais je pense différemment aujourd’hui. On ne devrait pas travailler dans les centrales nucléaires. On vous y exploite puis on vous jette ». Il jure, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendra plus. Mais sa vie professionnelle est finie.
 
Autre technique utilisée par les Yakuza : contracter, sous de faux noms, des prêts gratuits accordés aux victimes du séisme. Les sommes sont utilisées pour la réouverture de sex-shops, de clubs... Selon un rapport de la police nippone, quelque 35 millions de yens (330 047 euros) ont été illégalement perçus par les Yakuza. Seulement un quart des dossiers suspects ont été examinés à ce jour.
 
Les retombées de césium et d’iode radioactifs ne sont pas les seules que le Japon va devoir nettoyer après l’accident de Fukushima. Et le fait que de tels articles paraissent dans le très sérieux Asahi Shimbun montre que les Japonais n’ont plus l’intention de détourner le regard des pratiques douteuses. Les Yakuza trouveront bien un autre moyen de s’enrichir

Les Yakuzas à Taiwan

 
 
 
Taiwan qui a été une colonie japonaise pendant 40 ans est située à 1100 km du Japon et exerce une grande attraction sur les Yakuzas. Elle fut la première destination du « tourisme sexuel » organisé par les japonais. Taiwan est par ailleurs une des plaques tournantes préférées des yakuzas pour le trafic de drogue, d’armes et d’émigrants clandestins. Les Yakuzas ont également beaucoup investis dans l’immobilier.
 
Les Yakuzas se sont lancés à Taiwan dans la production massive de méthamphétamine dans les années 80. Les Yakuzas pour le trafic de drogue et la contrebande se sont alliés à des triades locales et notamment à la plus puissante de l’île, le gang du bambou uni dont les effectifs sont estimés à 10.000 hommes. Au deuxième rang des triades de l’île vient le gang des Quatres Mers.
 
A eux deux ces triades contrôlent l’essentiel de la prostitution, du jeu et des rackets de l’île. Ces triades sont souvent en lien avec les services secrets taiwanais et bénéficient de protections au plus haut niveau.
 
Les Yakuzas conclurent donc des alliances avec ces triades, les membre du bambou uni sont ainsi liés par un pacte aux yakuzas du Yamaguchi-gumi. Ensembles, triades taiwanaises et yakuzas japonais firent front commun pour attaquer l’immense marché de la chine continentale avec les succès que l’on connaît, à Shanghai notamment.
 

Yakuza et mafia russe

 
 
 
Aucun événement n’a autant modifié la face du crime international que l’émergence de la mafia russe. Des ruines de l’empire soviétique a jailli une classe de criminels puissants, comptant plusieurs milliers de gangs. Ces derniers se sont étendus dans le monde entier en un temps record. De nombreux gangs ethniques ont suivi les russes (Georgiens, Tchétchènes, Ukrainiens…) et ces gangs sont souvent pilotés par d’anciens membres du KGB ou de la Police.
 
La Russie et le Japon sont des voisins distants, essentiellement à cause du problème des îles Kouriles. Toutefois le commerce entre les deux pays se développe et la criminalité aussi. Ainsi des voitures volées et des biens de consommation entrent en Russie, tandis que des armes, des femmes et des produits de la mer volés vont vers le Japon.
 
La plupart des trafics se font au large de Vladivostock. Des dizaine de milliers de voitures japonaises ont ainsi été revendues là-bas. De leur côté, des milliers de femmes russes se sont retrouvées sur le marché du sexe au Japon ces vingt dernières années. Et cela avec la complicité de la police japonaise le plus souvent.
 
Travailler avec les Russes peut cependant être dangereux, comme l’a appris à ses dépens un parrain du Sumiyoshi-kai en 1994. Patron d’une entreprise de commerce des produits de la mer, il fut assassiné lors d’un voyage d’affaires à Sakhaline, grande île russe située au nord du Japon. Mais cela n’a pas stoppé les relations fructueuses entre yakuzas et mafieux russes. On note toutefois une tension ces dernières années en raisons de conflits d’intérêts…iront nous vers une guerre mafieuse ?
 

Les Yakuzas en France

 

Les Yakuzas, comme tous les japonais, adorent la France, sa gastronomie, sa mode. Un commissaire de police japonais en visite en France dans les années 70 fut sidéré de constater la présence de dirigeants du Yamaguchi-gumi, dont on peut voir des membres en photo. En 1988, une émission de la télévision française invita les parrains de deux gangs du Yamaguchi-gumi sur son plateau, devant 3,5 millions de téléspectateurs. Masaru Fujii du Fujii-gumi expliqua lors de cette émission leur rôle : « Nous essayons d’enseigner l’esprit japonais à notre peuple. Nous brisons les grèves et nous organisons des manifestations pour contrer les gauchistes ».
 
De nombreux parrains yakuza passent depuis des décennies leurs vacances en France, parfois en famille. C’est dans ce cadre que certains eurent l’idée de développer le trafic d’oeuvres d’arts, notamment de tableaux. Au milieu des années 80, le marché des œuvres d’arts volées s’était considérablement développé au Japon. Non seulement les gens étaient riches et aimaient les artistes, mais, selon la loi nippone, il était presque impossible de remettre la main sur les objets volés.
 
Mais l’art n’est pas la seule chose qui intéresse les yakuzas en France. En avril 1992 à Paris, les autorités mirent fin aux activités d’une filière sophistiquée de blanchiment d’argent. En six ans, 75 millions de dollars en liquide avaient été clandestinement importés en France pour acheter des produits de luxe. Chaque jour, les gangsters envoyaient des étudiants japonais, voire chinois ou vietnamiens, faire les boutiques dans les beaux quartiers pour y acheter des sacs à main ou des vêtements de chez Hermès, Vuitton, Chanel et Lancel. Ces clients détenaient des liasses de billets de cinq cents francs que les Yakuzas avaient retirés dans des banques au Luxembourg ou en Suisse. Par l’intermédiaire d’une société écran, le gang exportait alors ces biens au Japon où il les revendait à faible perte, ce qui leur permettait de disposer d’une grande quantité d’argent « propre ». La police française saisit lors de l’arrestation de quatre japonais, pour 2,3 millions de dollars d’objets de luxe.
 
Aujourd’hui les yakuzas sont surtout présents en France par le biais de sociétés écrans. Il n’y a pas de gangs connus, la France reste relativement préservée de l’influence des Yakuzas.

La thaïlande, paradis des Yakuzas

 
 
Les Yakuzas ont très tôt été attirés par l'industrie du sexe en Thaïlande. Depuis les années 50 la Thaïlande est un vrai far west, avec des guerilleros aux frontières de la Birmanie et du Cambodge, les barons de l'opium qui tiennent le nord du pays et une corruption omniprésente. L'endroit est donc un vrai el dorado pour des yakuza ambitieux et entreprenants. Avec ses lucratifs trafics d'armes et de drogue, et sa pratique industrielle de la prostitution, ce pays semble pouvoir répondre à toutes les demandes criminelles. En 1998, une étude réalisée par les économistes de la respectable université de Chulalongkorn a estimé que six types d'activités criminelles, toutes liés au crime organisé, dégageaient un chiffre d'affaires compris entre 8 et 13 milliards de dollars annuels, soit l'équivalent de 8% à 13% du produit national brut. Ces activités criminelles sont par ordre décroissant : le jeu, la prostitution, le trafic de drogue, le trafic d'armes, de pétrole et d'êtres humains. Si l'on tient compte d'autres rackets (abattage illégal des fôrets, traffic d'animeaux protégés et autres contrebandes, selon les expert on atteind 20% du PNB).
 
Au début des années 80, les Yakuzas étaient déjà bien implantés à Bangkok. Opérant à partir d'hôtels de luxe, les gangsters investirent les boîtes de nuit, les bijouteries et les entreprises d'import-export pour en faire des sociétés écrans afin de dissimuler leurs trafics d'armes et de drogue. Certains s'intéressèrent à l'industrie de l'héroïne du Triangle d'or, no man's land des barons de l'opium et des seigneurs de la guerre situé à la frontière de la birmanie, du Laos et de la Thaïlande. Mais l'industrie en plein essor de la méthamphétamine, également implantée à la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande, intéressait beaucoup les Yakuzas. Ce pays abritait cependant d'autres sources de profit. Par exemple, un chef de gang Saitama qui s'occupait du bâtiment e lança dans l'exportation de tracteurs en Chine, via la Thaïlande. Sa marchandise lui était payée en armes, en lingots d'or, en bijoux et en montres. D'autres ont importé à Bangkok le savoir-faire des sokaiya, prenant pour cible les entreprises japonaises. Il existe également un gros marché de voitures volées : les escrocs japonais amènent les véhicules de luxe en Thaïlande, où ils les vendent ou les transforment en pièces dtachées dans les ateliers de désossage. Ils revendent ensuite ces pièces détachées dans leur pays. En 1994-1995, la police suivait les traces de 130 voitures, volées par un gang de Tokyo, dont la valeur atteignait 5 millions de dollars. Selon d'autres sources, les yakuzas écoulent des bien d'équipements volés à l'industrie du bâtiment, dont des bulldozers.
 
Autre activité illicite fructueuse : le trafic d'espèces protégées et d'animeaux exotiques. Ainsi un bateau transporta 110 lémuriens protégés que les yakuzas espéraient vendre 2000 dollars pièce. Un traficant dissimula un chargement d'armes de poing dans 7 boîtes contenant 70 serpents venimeux, parmi lesquels 15 cobras et 15 vipères à chaîne. La cargaison parvint à franchir les douanes japonaises, mais la police répandit bientôt la panique dans la ville de Hakone lorsqu'elle révela que les gangsters avaient jeté les serpents dans la rivière qui la traverse.
 
En 1990, au moment phare de la bulle économique, on pense que plus de 200 yakuzas et leurs associés sévissaient en Thaïlande. Chacun des grands syndicats était représenté, et ils travaillaient dans tous les domaines criminels : prostitution, drogue, racket, kidnapping. Les gangs s'étaient étendus non seulement à Bangkok, mais aussi à Chiang Maï et dans d'autres villes. En 1993, ils étaient devenus si puissants que la police japonaise organisa un séminaire pour ses compatriotes présents en Thaïlande afin de leur apprendre comment se comporter face aux yakuzas. Plus de 140 compagnies envoyèrent des représentants.
 
Prendre des mesures contre la mafia japonaise est loin d'être une priorité pour les forces de police thaïlandaises qui ont déjà assez de mal à maintenir l'ordre dans leurs propres rangs. La corruption atteind des niveaux très élevés parmis ces fonctionnaires, payés seulement 200 dollars par mois. Beaucoup arrondissent leur salaire grâce à des pots-de-vin et profitent des avantages en nature offerts par les bordels. Malheureusement, leur implication dans le monde du crime est souvent beaucoup plus sérieuse. Des policiers de haut rang participent à l'industrie du jeu, et au trafic de drogue et d'êtres humains. En 1989, plus d'une douzaine d'entre eux furent impliqués dans un vol de 20 millions de dollars de bijoux appartenant à la famille royale saoudienne, et l'on ne compte pas ceux qui les couvrirent. Au début des années 1990, sept policiers thaïlandais furent accusés des meurtres de sept ressortissants d'autres pays d'asie, dont un cadre japonais. D'après un expert, si la présence des yakuzas ne s'est pas plus dévelloppée en Thaïlande, c'est parce qu'ils sont confrontés à une mafia plus puissante : la police de Bangkok.

Les Yakuza et la Chine

 
L'Ouverture des frontières de la Chine dans les années 90 fut un aubaine pour les Yakuza : pots-de-vin, chantage, contrefaçon, prostitution et jeu refirent de nouveau partie du paysage chinois.
 
Quand la République populaire repris Macao et Hong Kong, on pensa que les triades (la mafia chinoises) ne fuiraient vers l'ouest. Mais les triades comprirent vite que la Chine offrait de nombreuses possibilités et elles s'empressèrent de mettre en place leur rackets habituels dans le sud du pays. Les gangs de Hong Kong partirent à la conquête de la province voisine de Guangdong, tandis que les syndicats taiwanais mettaient la province de Fujian en coupe réglée.
 
Cette ouverture du territoire Chinois pour le monde du crime eut un impact considérable pour les Yakuza. Au début des années 90, le Japon était au premier rang des partenaires commerciaux , des investisseurs et des pourvoyeurs de l'aide internationale dont bénéficiait la Chine. En retour des flots de drogue, d'armes et d'immigrants clandestins convergeaient vers le Japon.
 
En 1991, la police commença a saisir d'importantes cargaisons de pistolets Tokarev (en photo), fabriqués en chine. A lui seul, un gang affilié au Matsuba-kai fit entrer 2300 de ces armes en 3 ans dans le pays.
 
D'importantes quantités de drogues, notamment d'héroïne, commencèrent a arriver de la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine. Les barons chinois de la drogue fournirent également au japon d'importantes quantité de méthamphétamine. Enfin les « Têtes de serpents », des recruteurs mafieux agissant principalement sur la côte sud de la Chine, mirent au point des filières d'immigration clandestine.
 
Toutes ces activités enrichirent considérablement les Yakuza qui allèrent alors directement investir en chine, dans des joint-ventures, des karaoké et des hôtels. Les investissements Yakuza les plus importants sont sur Shanghai, Zhenjiang, Nankin et Wuhan mais s'étendent chaque année un peu plus.
 
Les Yakuza et les triades de Taiwan et Hong Kong ont pour le moment trouvés un partenariat qui contente tout le monde, il faut dire que l'eldorado chinois est vaste. Toutefois la formidable montée en puissance des triades ces dernières années pourrait bien conduire à un moment ou un autre à une lutte d'influence avec les Yakuza.
Les Yakuza prêtent de l’argent à ceux qui leur en font la demande, cela s’appelle le sarakin au japon. C’est d’ailleurs une source de revenus importante pour ces derniers. N’importe quel japonais peut rentrer dans un bureau du sarakin local et ressortir avec quelques milliers de dollars en liquide... et un taux d’intérêt annuel de 60%. Des milliers de personnes se suicident au japon chaque année pour ne pas avoir pu rembourser des organisme de prêt liés au Yakuza. Ceux-ci n’hésitent pas à recourir à l’humiliation publique ou à la violence la plus extrême pour récupérer l’argent en envoyant des gros bras.

Certaines victimes abandonnent leurs famille et leur emploi pour échapper à cette humiliation et vont même jusqu’à quitter le japon. Les ravages du sarakin sont terribles dans un pays ou perdre la face est pire que la mort, ainsi l’on découvre souvent dans les journaux des articles du genre : « Mitsuru Takahashio, lourdement endetté, incpapable de surmonter la honte de ne pouvoir rembourser ses créanciers, plutôt que de voir ses deux enfants grandir dans la misère, les a tués, après quoi il a vainement tenté de mettre fin à ses jours ». Les yakuza viennent parfois en masse aux funérailles, se mettant juste derrière le corbillard pour faire pression sur la famille afin qu'elle rembourse les dettes du défunt.
 
Le gouvernement japonais a réduit le nombre de ces bureaux par la loi mais ils restent omniprésents, corruption oblige.

Les yakuza et la drogue

 
 
Le traffic de drogue reste la plus grande source de revenus des Yakuza, notamment la vente de méthamphétamine. Cette drogue est appellée au japon le diamant blanc (shabu). Les Yakuza en écoulent dans le monde entier mais plus particulièrement au japon et en Asie du sud-est.
 
Au japon l’usage de cette drogue remonte à la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement distribuait cette drogue aux travailleurs, aux soldats et aux pilotes kamikazes. Elle fut interdite en 1948 mais la consommation explosa à partir des années 70.
 
Les principaux clans yakuza ont des laboratoires et ateliers de fabrication de drogue au japon mais aussi dans toute l’asie, en particulier en corée du sud. Les gangs s'affrontent régulièrement pour le contrôle des quartiers afin d'écouler le maximum de drogue, notamment dans les quartiers branchés de la capitale, comme le quartier d'Harajuku.
 
La grande peur que connurent les autorités japonaises en matière de traffic de drogue avec les yakuza fut dans les années 90, la tentative d’alliance entre les principaux syndicats yakuza et les cartels colombiens, sur le traffic de cocaïne. Cette alliance aurait été dévastatrice car ils auraient formés ensembles le plus puissant syndicat du crime du monde. Heureusement, pour une raison inconnue cette alliance a échouée et la « tempête blanche » ne s’est pas déchainée sur le japon et le reste du monde.
 
Il n’en reste pas moins que la consommation de ccaïne est importante au japon et que les yakuza en contrôlent toute la chaîne, de l’importation/fabrication à la vente.

Les Yakuza et la finance

 


Les Yakuza investissent de plus en plus les places financières, que ce soit au japon ou dans le monde. L’activité boursière des Yakuzsa n’a ainsi céssée de croître ces dernières années.
Les Yakuzas ont adaptés leur activité en fonction des changements de l’économie nipponne. A partir des années 50, ils se sont intéressés au monde du cinéma et du spectacle et du BTP. Domaines tous fortement lucratifs.

Dans les années 80, ils se sont tournés vers les marchés immobiliers. N’hésitant pas à user des moyens qu’on leur connaît pour forcer les propriétaires à vendre afin de profiter pleinement de la bulle immobilière japonaise.

Cependant, après l’éclatement de la bulle, en 1992, une loi pour lutter contre les sources de financement du crime organisé a été adoptée. Les Yakuzas ont vu leurs ressources diminuer, et ils ont dû se tourner vers d’autres sources de financement.
 
Ce qui les a, naturellement, mené à s’intéresser au monde de la finance. De nombreuses transactions boursières suspectes sont repérées chaque année par la police. Cependant, il lui est difficile d’établir des liens directs entre les marchés financiers et la provenance illégale des fonds.
Ainsi une bonne partie du milliard de yen (800 millions d’euros) généré annuellement par les activités des Yakuza transite par les bourses de Tokyo et Osaka. Les Yakuza bien qu’entrant dans le système macro-économique n’ont cependant rien perdus des méthodes qui firent leur succès : racket, intimidation, pressions diverses, diffamations ...et les ont au contraire adaptées au marché boursier. Cest ainsi que l’on a pu constater, ces derniers mois, des chutes d’actions injustifiées pour des entreprises importantes du japon et que l’on attribue à l’intervention des Yakuza pour entrer dans les conseils d’administrations de ces dernières.

Les Yakuza et les jeux d'argent

 

C'est un secteur très lucratif au Japon, et un domaine traditionnel d'influence des yakuza. Ils organisent des paris clandestins dans de nombreux domaines, comme lors de tournois de Sumo, de courses de hors bords, de chevaux, d'automobiles, de vélos... Ils tiennent aussi certaines loteries, des casinos et contrôle des salles de Pachinko.
 
Le Pachinko est un appareil qu’on peut décrire comme un croisement entre un flipper et une machine à sous. Il aurait été inventé peu après la Seconde Guerre mondiale à Nagoya. Des salles de pachinko virent alors le jour dans tout le Japon, souvent à côté d’un petit nombre de machines à sous. Le pays compterait aujourd'hui environ 15000 salles de pachinko équipées de 2 000 000 de machines. Un japonais sur 4 y jouerait régulièrement.
 
Ce jeu a un succès très important, le chiffre d'affaires du pachinko est énorme puisqu'il se situe au troisième rang de l'économie des loisirs japonais derrière les restaurants et le tourisme. Le cèlèbre Nakajima Kenki, patron de la société Heiwa, gestionnaire de 30% des salles de pachinko du pays, a été désigné "Homme le plus riche du pays" en 1989 par le magazine Nikkei Venture et 11ème fortune mondiale par le magazine Fortune en 1991.
 
Les salles de patchinko sont souvent tenues par des gérants d'origine coréenne , et nombreux sont ceux qui entretiennent des relations étroites avec les yakuza. Ceux ci se servent de ces salles comme sources de revenus, mais aussi comme façades pour de blanchir leur argent.

Les Yakuza et le racket des sociétés japonaises

 

Jusqu’à récemment, la majorité des revenus des proviennent de dîmes, prélevées sur les commerçants et les entreprises situées sur leur territoire. En échange de la protection et de la bienveillance des yakuza, ils versent une sorte « d’impôt féodal ». Plus de 41% des patrons de grandes entreprises japonaises affirment avoir été victimes de ce racket. Cette situation s'est maintenue, principalement à cause de l'hésitation des entreprises à aller demander l'aide de la police.


Les yakuza tirent également leur revenus grâce à une forme d'extorsion de fond typiquement japonaise, connue sous le nom de sōkaiya. C'est une forme de racket et de protection. Au lieu de harceler de petites entreprises, l'organisation vend ses services : elle se loue pour étouffer toute contestation dans les assemblées générales d'actionnaires. Pour cela, elle achète un petit nombre d'actions, obtenant ainsi le droit de siéger au conseil des actionnaires de la société. Les yakuza garantissent alors le wa, l’harmonie de l’assemblée, en effrayant l'actionnaire ordinaire par leur simple présence. Par exemple, en 1989, la banque Fuji, 3e banque japonaise, a été dénoncée pour avoir utilisé ce système, reversant plus de 200 millions de yens à des yakuza. Un prêt destiné officiellement à « financer des cimetières privés », mais qui n'a jamais été remboursé.
Ils s'engagent également dans le chantage simple, obtenant des informations incriminantes ou embarrassantes sur les pratiques d'une compagnie, ou d'un de ses dirigeants. Une fois que les yakuza ont mis un pied dans l’entreprise et assurés leurs gains, ils travailleront pour eux, évitant à la compagnie que des scandales ne deviennent publics, et seront payés en retour avec des pots-de-vin. Dans certaines entreprises, ces pots-de-vin sont même inclus dans le budget annuel.


On dénombrait plus de 8 000 sôkaiya en 1982, jusqu'à ce qu’une loi soit votée contre eux. Aujourd’hui, leur nombre serait revenu à 1 500. Néanmoins, 80 % des entreprises qui ont un chiffre d'affaires supérieur à 1 000 milliards de yens admettent avoir encore des contacts avec eux, dont environ 40% leur verseraient encore des fonds, bien que cela soit considéré comme un délit.

Les Yakuza et la prostitution

 

Les membres d’un gang de yakuza ont été arrêtés récemment pour trafic humain après qu’ils aient vendu une femme à un bar à hôtesse. Un nouveau cas de trafic humain, toujours aussi répandu au Japon.

Si ce genre de transaction est malheureusement courant, c’est semble-t-il la première fois qu’une Japonaise est l’objet de la transaction.

On estime que ce phénomène concerne entre 100 et 150 000 femmes par an dans l’archipel. Les femmes forcées de se prostituer au Japon viennent principalement de l’Asie du sud Est et de l’ex-Union Soviétique.
 
Régulièrement, le Japon promet de mettre un terme à ces trafics humain, sans grand succès pour le moment. Le Conseil de L'Europe et plusieurs organismes internationaux interpellent régulièrement le pays sur le sujet.
 
La nouvelle législation adoptée en 2005, afin de durcir les conditions d’obtention d’un visa dit « Entertainment » n’a pas réussi à juguler les trafics. Facile à obtenir, ce visa de « spectacle » est la porte d’entrée de milliers de prostituées par an. Par exemple, plus de 70 00O Philippines entrent chaque année au Japon avec un tel visa sans que personne ne sachent réellement combien d’entre elles travaillent effectivement dans le monde du spectacle...
 
Un des problèmes auquel sont confrontées les autorités nippones dans leur lutte contre ces trafics est la demande. En effet, l’industrie du sexe ne s’est jamais aussi bien portée dans un pays où la prostitution est interdite depuis 50 ans. Pour preuve, on compte quelques 10 000 boites ou bars à hôtesse dans l’archipel et un nombre incalculable de filles sont liées de près ou de loin au commerce de l’amour tarifé.

Un autre obstacle contre l’éradication du phénomène est qu’un nombre non négligeable de notables, de membres du parlement ou des forces de l’ordre ferment les yeux sur ces trafics.
En 2005, la police avait découvert 81 cas de trafic humain. Tant les analystes que les association des droits de l’homme jugent ce résultat ridiculement bas par rapport à la réalité. Reste à espérer pour ces milliers de femmes, que le fait que des Japonaises soient désormais l’objet de ce trafic force les autorités à vraiment s’attaquer au problème.

Les Yakuza dans le monde

 


Les Yakuza sont aujourd'hui présents un peu partout dans le monde. Ils se sont adaptés au monde actuel qui n'a cessé de s’ouvrir. Engagés, dès les années 60, en Asie du Sud Est, ils s'y emploient à développer le tourisme sexuel et le trafic de drogue.
 

Par la suite, ils étendent leurs activités aux Etats-Unis (côte ouest) et aux Philippines où ils sont présents sur le marché des armes. Ensuite, c’est le tour de Hawaii, où ils investissent la restauration, les night-clubs et la prostitution. Ils s’implantent également à Las Vegas où ils s’intéressent à l’industrie du jeu et plus particulièrement aux Casinos.
 
 
La présence desYakuza est également très ancienne en Australie, en Nouvelle Zélande, à l’île de Guam et à Taiwan. Leurs organisations sont aussi actives au Brésil où elles se sont mise en cheville avec les bandes locales. En ce qui concerne l'Europe, la présence des Yakuza est significative en Allemagne et à Londres. En réalité, la progression des Yakuza dans le monde a suivi l'expansion de la communauté japonaise. Ainsi, leur choix des Etats-Unis s’explique par l'existence de la plus grande population nippone émigrée, soit 850 000 japonais résidant essentiellement à Hawaii et en Californie.
 
 
Les Yakusa collaborent également avec les Philippins, les Taiwanais et les Chinois de Hong Kong présents sur le territoire nippon. La nature de leurs activités commune porte essentiellement sur la contrebande d’armes, de drogue, et le trafic de voitures volées.

Les différentes activités lucratives des Yakuza

 

Une grande partie des activités actuelles des yakuza peut être reliée à leur origine féodale. Ce n'est pas une organisation secrète, les yakuza possèdent donc souvent un bureau bien visible, arborant le nom de leur clan ou leur emblème. Ces bureaux sont, légalement, des associations (dantai) le plus souvent vouées à « la poursuite de la voie chevaleresque ». Les membres ont un code vestimentaire bien spécifique (lunettes de soleil et costumes colorés), de façon à être facilement identifiables par les civils (katagi). Même la manière de marcher des yakuza est différente de celle des citoyens ordinaires, plus ample et « arrogante ».


Au contraire, ils peuvent être plus conventionnellement habillés, mais quand le besoin se fait sentir, ils peuvent mettre en valeur leurs tatouages, afin d'indiquer leur affiliation. Occasionnellement ils déambulent également avec des insignes sur leurs revers. Une famille yakuza a même imprimé un bulletin mensuel avec des détails sur les prisons, les mariages, les enterrements, les meurtres, et quelques poésies de leurs chefs.


Jusqu’à récemment, la majorité des revenus des proviennent de dîmes, prélevées sur les commerçants et les entreprises situées sur leur territoire. En échange de la protection et de la bienveillance des yakuza, ils versent une sorte « d’impôt féodal ». Plus de 41% des patrons de grandes entreprises japonaises affirment avoir été victimes de ce racket. Cette situation s'est maintenue, principalement à cause de l'hésitation des entreprises à aller demander l'aide de la police.


Les yakuza tirent également leur revenus grâce à une forme d'extorsion de fond typiquement japonaise, connue sous le nom de sōkaiya. C'est une forme de racket et de protection. Au lieu de harceler de petites entreprises, l'organisation vend ses services : elle se loue pour étouffer toute contestation dans les assemblées générales d'actionnaires. Pour cela, elle achète un petit nombre d’actions, obtenant ainsi le droit de siéger au conseil des actionnaires de la société. Les yakuza garantissent alors le wa, l’harmonie de l’assemblée, en effrayant l'actionnaire ordinaire par leur simple présence. Par exemple, en 1989, la banque Fuji, 3e banque japonaise, a été dénoncée pour avoir utilisé ce système, reversant plus de 200 millions de yens à des yakuza. Un prêt destiné officiellement à « financer des cimetières privés », mais qui n'a jamais été remboursé.
Ils s'engagent également dans le chantage simple, obtenant des informations incriminantes ou embarrassantes sur les pratiques d'une compagnie, ou d'un de ses dirigeants. Une fois que les yakuza ont mis un pied dans l’entreprise et assurés leurs gains, ils travailleront pour eux, évitant à la compagnie que des scandales ne deviennent publics, et seront payés en retour avec des pots de vin. Dans certaines entreprises, ces pots-de-vin sont même inclus dans le budget annuel annuel.


On dénombrait plus de 8 000 sôkaiya en 1982, jusqu'à ce qu’une loi soit votée contre eux. Aujourd’hui, leur nombre serait revenu à 1 500. Néanmoins, 80 % des entreprises qui ont un chiffre d'affaires supérieur à 1.000 milliards de yens admettent avoir encore des contacts avec eux, dont environ 40% leur verseraient encore des fonds, bien que cela soit considéré comme un délit.

La police japonaise est également peu disposée à interférer dans les problèmes internes de certaines communautés, comme dans les zones commerçantes, les écoles/universités, les quartiers d'activités nocturnes. Il ne fait aucun doute que, localement, des pactes tacites sont conclus entre police et yakuza, en vertu desquels les membres des clans échappent à toute arrestation dans les délits mineurs, comme ébriété sur la voie publique, petite bagarre ou casse légère. Dans ce sens, les yakuza sont encore considérés comme des organisations semi-légitimes. Par exemple, juste après le tremblement de terre de Kobe, le Yamaguchi-gumi, dont les sièges sociaux sont àKobe, s'est mobilisé pour aider les victimes du désastre (en fournissant même un hélicoptère), et ceci a été largement rapporté par les médias, ce qui contraste avec l'intervention beaucoup plus lente du gouvernement japonais. Pour cette raison, beaucoup de yakuza estime que leur racket est une sorte d'impôt féodal légitime.


Les yakuza ont une influence forte dans la lutte professionnelle japonaise. Ils sont considérés comme étant des grands défenseurs de ce sport, mais leur intérêt reste en grande partie financier. Les lieux où se déroulent les combats de luttes (des arènes, des stades) leur appartiennent souvent, ils touchent ainsi un pourcentage sur les entrées. Il est courant que les lutteurs reçoivent des instructions spécifiques concernant le déroulement de leurs matchs, comme faire juste appel aux yakuza de la foule. Le pionnier de la lutte au Japon, Rikidozan, a été tué par un yakuza.


Les yakuza ont également des liens avec les marchés financiers et aux opérations immobilières, par l’intermédiaire des jiageya. En effet, le droit immobilier japonais rend très difficile l'expulsion des locataires et les expropriations. Les jiageya sont des bandes spécialisées dans l’intimidation, qui revendent aux compagnies voulant effectuer des projets de développement beaucoup plus grands.


L'activité criminelle la plus lucrative des groupes violents reste néanmoins le trafic de drogue (des amphétamines, notamment), assurant 35 % de leurs revenus devant le racket, (20 %) et la prostitution (13 %). Ils organisent aussi l'offre de travailleurs journaliers pour la construction et les docks et gèrent des circuits d’immigration clandestine, qui les fournissent aussi en prostituées asiatiques.
 

La police japonaise et les Yakuzas

 

Certains experts de la criminalité organisée japonaise pensent ainsi que la faible intervention de la police contre les gangsters s’explique par l'utilisation de ces derniers comme une sorte de «police auxiliaire», des gardiens de la paix des rues. D’autres, pensent que c’est par crainte des représailles de la pègre, et en raison de la pression exercée par les autorités, que la police a choisi de rester effacée. En d’autres termes, la police japonaise préférerait l’existence d’une criminalité organisée plutôt que son absence, ou que son remplacement par une "criminalité débridée".

Le rôle des Yakuzas est, en partie, comparable à celui d'une "police parallèle". Leurs membres se chargent de la protection des populations et de la limitation de la délinquance urbaine. Si cela semble très généreux de leur part, il faut rappeler que les Yakuzas ne font rien sans arrière pensée. Leur coopération plus ou moins officielle avec les forces de l'ordre a pour but de les rendre indispensables auprès de leurs unités qui se sentent ainsi redevables. Les Yakusas assument cette responsabilité dans le but de mener à bien leurs affaires sans entraves et de pouvoir accroître, dans le même temps, leur puissance financière. Ce besoin d’ordre est nécessaire au maintien d’une bonne notoriété, d’une bonne image de marque. Il est une garantie de prospérité et de pérennité de leurs activités. Le phénomène se traduit, au Japon, par l’une des délinquances urbaines les plus faibles des pays industrialisés.

Si l’on soutient la thèse selon laquelle la police se sert de la pègre comme «régulateur social» des quartier nippons, alors, il faut admettre que le maintien de cet ordre n'ait pu se faire qu’au prix d’une certaine tolérance. Ainsi, il est monnaie courante que la police ferme les yeux sur bon nombre d’activités plus ou moins illicites. Cette relation privilégiée entre la pègre et la police nous conduit à remettre en cause la capacité de la police nippone à maintenir elle-même cet ordre. Lorsque les forces spéciales de la police interviennent en organisant des raids contres la pègre, il s’agit davantage de « shows», où la police tente d’en imposer ou simplement de montrer sa force à une population qui reste sceptique, que d'opérations destinées à éradiquer la criminalité .

Dans les faits, la collaboration entre les forces de l'ordre et les "forces de l'ombre" est devenue tellement étroite, qu’elle a favorisé un véritable mimétisme de la part des policiers vis à vis de la pègre, et qu’il est devenu difficile de distinguer le malfrat du policier, tant dans les habitudes vestimentaires que dans les comportements. Ce mimétisme est renforcé par la fascination qu'exerce l’aspect féodal des organisations criminelles nippones sur le reste de la population. En décembre 1990, la police d’Osaka, inquiète du bouleversements des moeurs au sein de ses unités, publiait une charte dans laquelle elle demandait à ses fonctionnaires de ne pas calquer leur façon d’agir sur celle des Yakuzas.
 

Un Yakuza célèbre : Yoshio Kodama

 

Yoshio Kodama naquit en 1920 à Nihonmatsu. Dans une période de trouble et de guerres sanglantes entre les différents Boryokudan, il est présenté comme l’homme qui rétablit la paix. Pendant la période d’occupation , Kodama fut jeté en prison pour son appartenance à un groupe ultra nationaliste («Association of the Founding of the Nation»).

Entre la fin des années 30 et le début des années 40, Yoshio Kodama travaillait, en qualité d’agent secret au service du gouvernement japonais, dans tout l’Est asiatique. Il s’occupait d’opérations visant à obtenir du matériel stratégique dont l’armée nippone avait besoin pendant la guerre. Il achetait et vendait du radium, du cobalt et du fer devenus des matériaux stratégiques indispensables au cours de cette période. Par la même occasion, Kodama mettait en place un véritable réseau d’espions et d’informateurs mandchous dispersés dans toute la Chine. A la fin de la guerre, il était à la tête d’un empire industriel de plus de 175 millions de dollars. Ce succès lui valut d’être promu au rang de vice-amiral, alors qu’il n’était âgé que de 34 ans. Cette promotion fut très largement remarquée par le public, en raison du jeune âge de l’impétrant. Kodama fut également nommé conseiller du Premier ministre.

En 1946, Kodama fut incarcéré à Sugamo, où il attendit d’être jugé avec d'autres membres du même groupe ultra nationaliste. Il passa alors deux ans en prison avant finalement d’être relaxé. Les Américains voyaient en Kodama un homme fanatique et une menace pour la sécurité. Il était classé dans la catégorie A des criminels de guerre, celle qui regroupait les hommes politiques, les officiers militaires et les ultra nationalistes. Cet homme à leurs yeux, ne devait pas être relaxé. Néanmoins, Yoshio Kodama parvint à négocier sa libération avec les forces américaines, car il leur offrait une intermédiation privilégiée avec les Boryokudan. Cette mise en liberté devait donc se comprendre par rapport à un élément : l'attrait qu'exerçait à l'époque sur les Américains, la possibilité de disposer au Japon d'une force anti-communiste (ultranationalistes/Boryokudan). Et cet élément l'emportait largement sur le souci de poursuivre les hommes clés de la guerre. Kodama, à la tête d’une véritable fortune fut alors en capacité de développer ses affaires, tout en recueillant des informations sur les communistes insurgés en Chine et au Japon. En 1955, le Parti Libéral et le Parti Démocratique fusionnèrent pour fonder le Parti Libéral Démocrate (PLD). Kodama devint le principal porte-parole de cette coalition, et utilisa les Boryokudan pour lutter contre ses opposants.

Au début des années 60, Kodama décida de rétablir la paix entre les différents clans pour les réunir en une seule grande coalition. Il utilisa ses nombreuses relations pour instaurer une trêve. Il réalisa une rapide alliance entre Kazuo Taoka, Oyabun du groupe Yamaguchigumi, et Hisayuki Machii, un patron de la pègre coréenne chargé du Tosei-Kai. Kodama continua d’user de ses relations pour jouer le rôle de médiateur entre l’Inagawa-kai, ses alliés du Kanto et le Yamaguchi-gumi. La trêve entre les différentes bandes semblait alors très probable. En 1976 l’empire de Kodama commença à s’effriter, lorsque le scandale de la Lockheed Corporation éclata. Des informations révélèrent un pot de vin de 2.1 millions de dollars en sa faveur, de la part des dirigeants de la Lockheed. Le 23 mars 1976 le jeune acteur Maeno, jusqu’alors fervent admirateur de Kodama essayait de mener une mission Kamikaze. Réalisant la stupidité de son attachement à Kodama il décidait de s’écraser en avion contre le toit de la maison de Kodama à Sétagaya, l’un des quartiers de Tokyo. Sa mission fut un échec puisque Kodama survécut, mais le jeune pilote y perdait la vie.


Kodama fut, à cette période, accusé de corruption, de faux témoignage et de violation de la loi. Mais en raison de sa mauvaise santé, le jugement fut repoussé. Finalement le 17 janvier 1994, il décédait d’une attaque cardiaque. Peu de temps avant sa mort, il aurait dit, dans l'une de ses dernières interviews, que sa mort serait la dernière punition pour avoir servi l’occupant américain.
6 septembre 2010

cauchemar

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Le mot cauchemar est un terme générique utilisé de façon variable pour désigner des manifestations anxieuses et angoissantes survenant pendant le sommeil.

 

Sommaire

Étymologie 

Française 

Cauchemar dérive de cauquemaire, utilisé au xve siècle. Il est formé de caucher et de mare.

  • Caucher dérive de cauchier (presser), qui est un probable croisement entre l'ancien françaichauchier (fouler, presserxiie siècle, le latin calcare (talonner, fouler aux pieds), et la forme picarde cauquer.
  • Mare provient du mot picard mare, emprunté au moyen néerlandais mare (fantôme), avec le même sens en allemand et en anglais. La mara ou mare est un type de spectre femelle malveillant dans le folklore scandinave.

Cauchemar a eu une orthographe différente en fonction des localités et des époques : cochemare1694, cochemar 1718, cauchemarecauquemare (Picardie), cauquevieille (Lyon), chauchi-vieilli(Isère), chauche-vieille (Rhône), chaouche-vielio (Languedoc), cauquemarequauquemaire(sorcière), cochemar.

La définition et les caractéristiques communes du cauchemar, en fonction des sources et des époques est celle d'une oppression sur la poitrine ou l'estomac, pendant le sommeil, et parfois, par extension, un rêve pénible ou effrayant. Les caractères divergents et l'attribution des causes du cauchemar sont étudiés plus bas.

Incubus

En latin, il n'existe pas de terme pour désigner le cauchemar. Par contre, il existe le terme incubusqui se traduit par couché sur. Le mot incube apparaît vers 1372 (selon Bloch et WartburgDictionnaire étymologique de la langue française - Paris 1932).

Le terme incube est à l'origine utilisé spécialement par le monde ecclésiastique. Il désigne un démon de sexe masculin qui a des relations sexuelles avec les femmes endormies. Cette notion est en rapport direct avec Genèse VI, 1-14, dont Saint Augustin a fait un commentaire dans La Cité de Dieu. Ce commentaire a d'ailleurs été repris pendant l'inquisition par Henri Institoris et Jacques Sprenger dans le Malleus Maleficarum, traité d'Inquisition en 1486. Ce thème de l'enfantement à partir des anges ou des démons n'est pas le seul : il en est question dans Le livre d'Enoch - chapître 7, dans l'ouvrage de Balthazar Bekker en 1694. L'incube a une connotation sexuelle très forte. Mais le produit de ces unions est tout aussi important.

Des considérations théologiques, le terme incube est passé dans le domaine médical progressivement, pour désigner le cauchemar :

« CAUCHEMAR. s. m. Nom que donne le peuple à une certaine maladie ou oppression d'estomac, qui fait croire à ceux qui dorment que quelqu'un est couché sur eux : ce que les ignorans croyent estre causé par le malin Esprit. En Latin Incubus, Ephialtis en Grec. In Dictionnaire Furetière édition 1690. »

Et encore Martín Antonio Delrío au xve siècle, en parlant des incubes, succubes et démons :

« L'oppression toutefois, et quasi-suffocation ne provient pas toujours de la part de ces démons, aussi bien souvent d'une espèce de maladie mélancolique que les Flamands appellent Mare, les Français Coquemare et les Grecs Ephialtes, lorsque le malade a opinion d'un pesant fardeau sur la poitrine, ou d'un Démon qui veut faire force à sa pudicité. »

De même pour Ambroise Paré.C'est Dubosquet Louis en 1815 qui va s'attacher, dans sa thèse de médecine, à faire remplacer le terme incubus par cauchemar, et à sa suite, les dictionnaires de médecine utiliseront cauchemar.

Éphialtès 

L'étymologie d'Éphialtès est donc se jeter, sur. Mais à la différence d'incubus, elle exprime plus l'agression violente. Ceci est d'ailleurs conforme à la mythologie grecque.Hippocrate employait le terme Éphialtès (du grec : se jeter , sur) pour désigner le cauchemar. C'est lui qui décrit le premier les manifestations du cauchemar. Ce terme est désigné dans le sens d'une description médicale plutôt que dans celle d'une superstition. Il sera repris plus tard par le médecin Oribase (ive siècle), par Macrobe (400), par Caelius Aurélianus, puis le médecin Aétius (ve siècle) et Paul d'Égine. Les descriptions du cauchemar par les Grecs ne sont que des traductions de ce qui a été décrit sous le terme Éphialtès. Il est abandonné en France au Moyen Âge, bien que, curieusement, François Boissier de Sauvages de Lacroix, médecin et botaniste français né le 12 mai 1706, utilise le terme Éphialtès pour désigner le cauchemar. Ce terme restera par contre dans la littérature germanique jusqu'à la fin du xixe siècle.

Il existe deux Géants du nom d'Éphialtès :

  • celui de 1re génération : Éphialtès fils de GaïaRobert Graves raconte que pour venir à bout des Géants, il existe une plante nommée ephialtion (qu'aucun mythographe ne cite) qui est un spécifique des cauchemars. Dans la légende de la mort de Porphyrion et de Pallas, deux autres Géants de première génération, c'est toujours Héraclès, qui donne le coup fatal. Selon Graves, c'est donc Héraclès qu'on invoque lorsqu'on est en proie aux cauchemars érotiques qui vous surprennent à n'importe quelle heure de la journée.
  • celui appartenant aux Géants tardifs : Éphialtès fils de Poséidon, frère jumeau et aîné d'Otos. Toujours pour Robert Graves, les frères jumeaux, fils de "l'aire à battre le blé" par "celle qui donne la vigueur aux organes sexuels", personnifient les Incubes ou cauchemars érotiques qui étouffent les femmes et leur font outrage pendant leur sommeil.

Qu'est-ce qu'un cauchemar ?

Le cauchemar est un rêve à forte charge anxieuse qui survient pendant le sommeil paradoxal et qui se différencie des terreurs nocturnes qui surviennent pendant le sommeil lent profond.

Historique des notions médicales

Symptomatologie générale 

L'objet de ce chapitre n'est pas de recenser l'ensemble des conceptions du cauchemar au cours de l'histoire, mais au contraire d'en dégager les points communs et les principales divergences. Et il existe bien un point commun à travers toutes les descriptions du cauchemar. Il s'agit des notions de suffocationétat lourdpoids lourdserrementoppressionforte pression. L'endroit du corps d'où originent ces sensations sont la poitrine et l'estomac.

Les auteurs sont : Thémison de Laodicée, Soranos, Oribase ive siècle, Aétius ve siècle, Paul d'Egine, des médecins Arabes, Ambroise Paré, Schenck 1665, François Boissier de Sauvages de Lacroix fin xviiie siècle, Dubosquet Louis 1815, Macario 1857, Ernest Jones 1931, Guy Hanon 1987.

Des notions assez souvent retrouvées sont la perte de la parole, de la voiximpossibilité d'émettre un son. Mais aussi l'inverse : pousse des cris de terreursvocalisation.
Parmi les notions divergentes, deux sont à retenir, car elles sont encore sources de discussion :

  • les notions de paralysie et immobilité du corps (Aétius), sentiments d'impuissance (Macario), Ernest Jones.
  • les notions inverses : mouvements convulsifs (Boissier de Sauvages), somnambulisme avec Cullen 1712-1790, agitation avec Dubosquet, participation motrice avec Guy Hanon.

On retrouve des descriptions plus rares comme : asthme nocturne (Galien), dyspnée (Boissier de Sauvages), hallucinations avec Fodéré 1817, rêve pénible (Baillarger Jules).

les causes

Pour Oribase et certains médecins arabes9, le cauchemar est une forme nocturne d'épilepsie.

  • Pour Galien, il s'agit d'un asthme nocturne.
  • Pour Boissier de Sauvages, l'angoisse du cauchemar n'est que la conséquence d'un obstacle à la respiration, ceci générant l'idée d'un démon malfaisant ... Il recense six types de cauchemars : Ephialte pléthoriqueEphialte stomachique ou épilepsie nocturne dans lesquelles les craintes du jour reviennent la nuit, Ephialte causé par l'hydrocéphaleEphialte vermineux,Ephialte tertianaria tient de l'incube et de l'épilepsie, Ephialte hypocondriaque .
  • Pour Dubosquet, il s'agit d'une maladie nerveuse.
  • Pour Baillarger Jules, le cauchemar est un rêve pénible.
  • Pour Auguste Motet 1867, il y a deux types de cauchemar : l'un en rapport avec la traduction des sensations corporelles de l'organisme pendant le sommeil en idées, l'autre en rapport avecl'exercice de la mémoire et de l'imagination.
  • Pour Ernest Jones, le cauchemar exprime un conflit psychique relatif à un désir incestueux.
  • Pour Michel Collée 1987, le cauchemar est en rapport avec une souffrance in-nomable d'une altérité que le désir suscite, une image qui signe l'inaccessibilité de la parole à en rendre compte.
  • Pour Guy Hanon 1987, le cauchemar est une attaque d'angoisse massive avec vocalisation.

xxe et xxie siècles

Généralités

Comme le laisse suggérer l'historique des données médicales sur le cauchemar, la situation en 2006 est tout aussi floue sur la symptomatologie et l'origine des cauchemars.

  • Mauvais rêve
Dans le langage populaire, le cauchemar est un mauvais rêve. Il en est de même au sein de la psychiatrie, notamment Jean-Michel Gaillard, docteur en médecine, spécialiste en psychiatrie, à Genève. Le DSM-IV dans sa classification des troubles du sommeil oppose le cauchemar aux terreurs nocturnes. Dans ce cadre, le cauchemar est bien loin des descriptions historiques et ne colle plus avec les descriptions initiales (suffocationétat lourd,poids lourdserrementoppressionforte pression). Il y a comme une nouvelle mutation de la définition du cauchemar.
  • Cauquemare
C'est la psychanalyse qui respecte le plus l'étymologie et les descriptions initiales du cauchemar. Les artistes aussi ont représenté le thème du cauchemar sous une forme assez proche
  • Terreur nocturne et paralysie du sommeil
Surtout, actuellement, deux nouvelles entités se sont fait jour :
  • celle de terreur nocturne : la terreur nocturne est particulière du fait qu'elle est innomable. Le rêveur ne s'en souvient pas lors de son réveil. Elle ne semble pas s'intégrer dans une histoire et elle est plutôt faite de caractéristiques physiques telles que la transpiration, la tachycardie, difficultés à respirer, sensation de poids sur la poitrine, obnubilation, agitation, cris. Le retour à la conscience normale est plus ou moins long, et le rêveur peut se rendormir comme si de rien n'était.
  • celle de paralysie du sommeil : la paralysie du sommeil est définie comme étant un éveil (réel ou halluciné) pendant la période physiologique de paralysie du sommeil. Elle génère des symptômes d'angoisse, de peurs, du même ordre que ceux des terreurs nocturnes, mais il existe en plus des phénomènes hallucinatoires connexes non décrits dans les terreurs nocturnes (du fait de l'amnésie de ces dernières).
Ces deux entités ont, nous l'avons vu, un rapport certain avec le cauchemar. Mais ne peuvent, chacune séparément, définir le cauchemar dans son intégralité. Amédée Dechambre (médecin français, 1812-1886) a vu fort juste lorsqu'il a écrit : on donne une valeur nosologique à un symptôme arbitrairement distrait d'un ensemble fort variable de phénomènes morbides en parlant du cauchemar.

En conclusion, tout se passe comme si le cauchemar pouvait regrouper sous son terme des notions aussi différentes que mauvais rêve, terreurs nocturnes et paralysie du sommeil.

Les causes des cauchemars

  • Le syndrome de stress post-traumatique : la personne revit l'évènement traumatisant sous forme de reviviscences, dont elle n'arrive pas à se défaire.
  • Le sevrage ou la réduction de la consommation d'alcool ou de benzodiazépines
  • certains médicaments comme les hypnotiques, les bêta-bloquants.
  • Le stress résultant d'une situation identifiable de la vie actuelle du rêveur qui suscite également des angoisses dans la vie éveillé, comme des examens, la peur d'être puni, une faute commise, etc.
  • D'autres cauchemars apparaissent sans cause apparente et ne s'expliquent pas non plus pour le rêveur. Ils sont l'expression de conflits internes importants qui ont été refoulés, comme par exemple des désirs et besoins individuels et les obligations et devoirs imposés ou encore, les conflits entre des buts contradictoires entre lesquels l'individu n'arrive pas à choisir.

La structure du cauchemar chez l'enfant

Il s’agit ici de considérer la structure de base du cauchemar chez l'enfant et d’en étudier ses quatre parties.

Il faut remarquer que même si certains constituants ne sont pas tous présents dans le cauchemar, ils se succèdent toujours ainsi, et s’ordonnent donc selon une structure hiérarchique : il est manifeste que la sphère d’action de l’agresseur est de plus en plus menaçante et lourde de conséquences, on parle alors de gradient d’intensité et la marge de manœuvre de la victime est de plus en plus réduite.

Si les neuf constituants n’apparaissent pas tous, c’est que bien souvent les cauchemars sont des récits lacunaires.Ces lacunes s’expliquent par des omissions (ou dégradations du souvenir) qui ont été refoulées, ou par des oublis tout simplement.

Généralement, les éléments initiaux et finaux sont conservés ce qui est explicable par la similitude entre différentes variantes, les séries (ou constituants intermédiaires) sont alors "effacées" ; on peut expliquer également l’absence de constituants par le fait que le sujet se réveille avant la fin.
Il faut également prendre en compte les actions défensives de la victime cherchant à contrecarrer les actions de l’agresseur.

Constituants initiaux du cauchemar

La première scène indique souvent comment victime et agresseur se rencontrent. Ce constituant est un constituant indispensable à l’intelligibilité du récit : irruption, approche, poursuite ou capture ?

  • L’agresseur fait irruption chez la victime : Il faut faire remarquer d’emblée que ce constituant peut être nuancé. Il peut y avoir un seul agresseur face à plusieurs victimes (généralement cela est dû à une dissociation du sujet en plusieurs personnes), voir plusieurs agresseurs face à une seule et même victime. Dans ce cas, l’agresseur est dissocié. Généralement, l’agresseur fait irruption dans un lieu connu de la victime (sa maison) ; ou alors, la victime entre directement dans le repaire de l’agresseur. L’agresseur peut faire irruption sous une forme déguisée afin de détourner l’attention de la victime ou d’endormir sa méfiance. Par ailleurs, autre subterfuge, l’agresseur peut se cacher pour mieux préparer sa mise en scène.
  • L’agresseur s’approche de la victime : En plus du fait que l’agresseur s’approche, il faut signaler la possibilité que la victime puisse chuter, ce qui facilite le jeu de l’agresseur. La chute symbolise généralement l’impuissance de la victime à pouvoir s’opposer à l’agresseur d’où la présence d’un obstacle favorisant la stratégie de l’agresseur.
  • L’agresseur poursuit la victime : Il est à faire remarquer que lorsque l’agresseur fait irruption, le constituant de la poursuite n’est presque jamais présent dans le récit.

Déplacements de la victime par l’agresseur

  • L’agresseur s’empare de la victime (ou d’un objet de valeur personnifié) : on peut indiquer que si le récit met en scène une capture de la victime par l’agresseur, il y a nécessairement une approche de l’agresseur. Généralement, et d’après diverses études, le motif de l’enlèvement se trouve dans les récits où l’agresseur a fait irruption chez la victime.
  • L’agresseur transporte la victime dans son repaire : il existe une variante assez répandue où la victime va sans le savoir dans le repaire même de l’agresseur : cela peut être une forêt, ou tout au moins dans un lieu sombre. Dans ce cas de figure, la victime s’expose de sa propre initiative au danger.
  • La victime se libère : pour que la victime se libère, il faut nécessairement qu’il y ait eu capture. Il peut intervenir un auxiliaire, mais, cela peut ne pas se concrétiser et la victime peut tenter de se libérer. Par ailleurs, il faut rechercher comment la victime arrive à se libérer, y a-t-il confrontation directe ou indirecte avec l’agresseur ? Y a-t-il emploi de ruse et donc, interventions discrètes ?
  • L’apparition d’auxiliaires : outre le fait qu’un auxiliaire peut aider l’agresseur, il joue un rôle mineur dans le déroulement du récit et généralement, son apparition est tardive : un auxiliaire intervient toujours après la capture ou une libération momentanée de la victime suite à une capture, une explicitation du danger : nœud fondamental du récit. Une personne secondaire apparaissant au début du récit sera soit considérée comme une autre victime, soit comme un autre agresseur : il faut nuancer toutefois ce propos dans la mesure où un auxiliaire jouant le rôle de victime peut devenir agresseur et vice et versa, ou encore un auxiliaire peut avoir une rôle neutre, soit qu’il ne répond pas à l’appel de la victime, soit qu’il ne soit pas en capacité de l’aider.

L’agresseur réduit la victime à l’impuissance
Cela peut passer par l’enfermement de la victime dans une cave, symbolisant la prison et donc la réduisant à l’impuissance. On peut également considérer cet enfermement comme un sévice mineur, mais plus forte que si l’agresseur impose à la victime de retirer ses habits (symbole de l’intégrité de la personne qui s’amenuise, mais cela est moins dévastateur que d’être emprisonné). Enfin, plus la victime est réduite à l’impuissance, plus elle sent augmenter sa détresse, ce qui intensifie corrélativement la tension du cauchemar.

Menaces / sévices / mise à mort
Le lieu où cela se produit est communément appelé la scène principale d’agression, cela ne désigne pas nécessairement le repaire de l’agresseur, car dans certains récits, l’agresseur ne transporte pas sa victime dans son repaire, et cela peut se dérouler au domicile de la victime. La portée symbolique de la scène d’agression est très symbolique lorsque le récit n’est pas trop lacunaire.

  • L’agresseur inflige des sévices à la victime : avant que l’agresseur mette à mort la victime, généralement, des menaces verbales sont proférées, voire plus grave l’agresseur exécute des tentatives de meurtre non achevées.
  • L’agresseur met à mort la victime : ce constituant est à nuancer. En effet, la mise à mort peut ne pas clore le récit et l’agresseur peut continuer en capturant une autre victime. On dit qu’il y a amplification dramatique du récit.

L'imaginaire du cauchemar

Deux thèmes s'entremêlent de différentes façons autour de la notion de cauchemar : celui de la mort et celui de la chevauchée infernale. Ces deux thématiques, illustrées la plupart du temps par le sentiment d'oppression sur la poitrine, sont ressenties par le rêveur comme une association d'une angoisse extrême et d'un sentiment d'impuissance, à l'égard d'un Autre qui a pris le sujet comme "monture" : le rêveur est pris au piège par un destin qu'il ne contrôle plus, et qui est aux mains d'un Autre que lui.

La mara scandinave

On attribuait à la mara la capacité de se dématérialiser – d'être capable de passer par une serrure ou sous une porte – et elle s'asseyait sur le buste de sa victime endormie, provoquant ainsi ses cauchemars. Le poids de la mara pouvait aussi provoquer des difficultés à respirer, voire des suffocations.

On croyait également que la mara pouvait chevaucher, laissant les montures exténuées et couvertes de sueur au matin. Parfois elle tirait les cheveux de la bête ou de sa victime humaine, provoquant calvities et démangeaisons. Même les arbres pouvaient souffrir des mara, qui leur arrachaient les branches et les feuilles, ce qui rappelle la légende slave des roussalkas, démons vivant dans les arbres. D'ailleurs, les petits sapins côtiers sont connus en Suède sous le nom de « martallar » (sapins de mare).

Il est raconté, dans l’Ynglinga saga de Snorri Sturluson :

« Il fut pris d'une torpeur et se coucha pour dormir, mais il n'y avait pas longtemps qu'il dormait, qu'il hurla et dit que la mara le foulait aux pieds. Ses hommes se précipitèrent pour l'aider ; mais lorsqu'ils lui saisissaient la tête, elle lui foulait les jambes de telle sorte qu'elles se brisaient presque, et lorsqu'ils lui saisissaient les jambes, elle lui étouffait la tête, si bien qu'il en mourut. »

Et encore, à propos d'un livre suédois du xvie siècle :

« Celui qui dort sur le dos est parfois étouffé par des esprits dans l'air qui le harassent de toutes sortes d'attaques et de tyrannies et lui détériorent si brutalement le sang que l'homme gît fort épuisé, ne parvient pas à se ressaisir et pense que c'est la mara qui est en train de le chevaucher. »

Chevauchée et morsure

Dans la tradition scandinave, la chevauchée s'applique par tradition aux sorcières, notamment la mara, être féminin qui chevauche les gens ou animaux pendant leur sommeil (à l'instar du succube).
Dans la mythologie scandinave, profondemment magique, la chevauchée s'inscrit dans le langage : chevaucher le soir (kveldrídha), chevaucher dans le noir (túnrídha), chevaucher sous forme de troll (trollrídha), rídha signifiant chevaucher. Selon Régis Boyer, par chevauchée il faut entendre capter et domestiquer le Hugr à des fins hostiles. Or le Hugr est un principe actif universel qui peut parfois être capté par des gens malveillants pour produire des effets nuisibles. Le Hugr se matérialise alors à des fins utilitaires et provoque notamment des maladies, riska, contraction de ridska (de ridha, chevaucher).

Sur le verbe bíta, mordre, repose toute une série d'évocation magique : hugbit (substantif norvégien : morsure du hugr), nábítur (islandais : morsure qu'inflige un cadavre), tussebit(norvégien : morsure d'une créature gigantesque), torsabit (suédois : idem).

Ces considérations sont illustrées dans une formule de sorcellerie attribuée à Ragnhild Tregagas datant de 1325 :

Je te dépêche l'esprit de la baguette magique que je chevauche (ritt ek) ; que l'un te morde(biti) dans le dos, que le second te morde (biti) à la poitrine, que le troisième te tourne vers la haine et l'envie.

Les doigts de la délivrance

Selon des croyances antiques (Pline l'Ancien Histoire naturelle, Ovide Les métamorphoses) joindre les mains ou serrer les poings est un moyen efficace pour se prémunir contre la magie. Caelius Aurelianus rapporte des traditions populaires selon lesquelles attraper l'Alpe par les doigts le fait fuir, conceptions qu'on retrouve aussi en Allemagne et chez les Slaves, selon Wuttke et Laistner :

celui sur qui pèse la Murawa doit lui toucher le petit orteil pour qu’elle le quitte aussitôt
il faut clouer le doigt de la Pschezpolnica, alors elle s’enfuit
il faut attraper la Murawa ou la sorcière responsable de cauchemars par les doigts, ou les tenir par les cheveux

Selon Wilhelm Rosher toutes ces suppositions sont bien entendu basées sur l’expérience que le cauchemar disparaît aussitôt que le dormeur récupère, par un petit mouvement des extrémités (doigts et orteils), sa capacité de bouger11.

L'imaginaire dans le cauchemar d'enfant

On pourrait classer certains personnages en se fondant sur leur seule identité, mais c’est un critère empirique dont il ne faut pas abuser et qui est toujours secondaire par rapport à la détermination morphologique des types, c’est-à-dire à leur classification en fonction des actions qu’ils exécutent.
Caractéristique majeure des cauchemars des enfants, nombre de personnages se répartissent dans deux des types et certains dans les trois. Ainsi, les parents, et autres membres de la famille, bien qu’ils soient le plus souvent considérés comme des victimes, font souvent fonction d’auxiliaire, avec une fréquence relative et des types d’interventions qui sont comme la marque de leur puissance respective. De surcroît, bien que dans un très petit nombre de cas, le père ou la mère remplissent les fonctions de l’agresseur, il faut le mentionner. Cette labilité des éléments du cauchemar de l’enfant, dont on trouvera plus loin d’autres exemples (changements de rôles, suites d’actions qui s’opposent ou se contredisent) pourra être mise en rapport avec la nature de l’angoisse et de son expression dans le cauchemar de l’enfant, qui témoigne d’un monde mouvant et peu sûr et dont différents éléments peuvent revêtir des valeurs opposées. Outre la mise en évidence d’éléments du cauchemar, sur lesquels l’interprétation de leur contenu pourra s’appuyer, la typologie des personnages suggère une classification des récits en fonction des types de chacun d’entre eux actualise.

Les animaux
Cela peut être des éléphants, tigres, panthères, loups, ours, araignées, guêpes, renards, lézards, poissons, piranhas, requins, phoques, baleines, hippopotames, toucans, grenouilles, vers de terre, souris, autruche, chiens, chats, vache, lion, taureau, crocodiles, etc.
Un animal peut être méchant et montrer ses dents, ouvrir sa gueule ou tout simplement menacer la victime. Généralement, les animaux n’effectuent pas de capture, d’enlèvement ou encore ne transportent pas la victime dans leur repaire.
Généralement, les animaux sont des auxiliaires. Hormis le chien, les animaux arrivent généralement à s’opposer aux agresseurs, lorsque leurs intentions sont bonnes.
Le loup est un agresseur typique. Il dévore la victime beaucoup plus souvent qu’il ne la mord. Mais, il peut juste se contenter de rendre impuissante la victime avec sa gueule.

Les objets
Ils désignent souvent les objets dérobés : argent, bijoux, sacs à main, etc. Ceci explique que généralement les objets sont passifs et victimes d’enlèvements. Ils peuvent être un substitut du sujet.

Les personnes
Les personnes se répartissent dans les trois catégories du cauchemar : victime, agresseur ou encore auxiliaire.

  • Les créatures fantastiques : loup-garou, araignée géante, diables ou démons, vampires, squelettes, ogres, sorciers, dragons, monstres, géants, la « Dame Blanche », « un homme de feu », un « homme–gorille », un « sauvage », « quelque chose avec de gros yeux », « une chaussure géante », des robots, des statues, des armures, une licorne, etc. Généralement, la créature fantastique s’en prend à la victime. Les sorcières ou fées peuvent être considérées comme « gentilles » et protéger le sujet dans le cauchemar, elle s’opposera dans ce cas aux autres sorcières, méchantes. L’inverse peut être possible, une fée peut être qualifiée d’être méchante. En ce point, on voit combien l’identification des personnages est très souvent confus.
  • La famille

Le trait saillant est la fréquence avec laquelle les relations d’auxiliaires et de victimes s’établissent à l’intérieur de la famille. Cependant, on remarque que dans un nombre non négligeable de cas, le sujet bénéficie de l’intervention d’autres personnages que les membres de sa famille : policiers, chasseurs, animaux, humains inconnus et même parfois des sorcières. Ceci pourrait témoigner d’une certaine insécurité de certains enfants vis à vis de leurs proches.

    • L'image du père : il est un auxiliaire puissant, capable de secourir la victime et de s’opposer aux agresseurs.
    • L'image de la mère : elle est généralement un auxiliaire remplissant essentiellement les fonctions d’aide, quand elle ne refuse pas de répondre à l’appel de la victime ou qu’elle n’a pas besoin à son tour d’être secourue.
  • Les inconnus

La différence entre les étiquettes « hommes », « femmes » et inconnus tient uniquement au fait que dans les deux premiers cas l’identité sexuelle des personnages est mentionnée par le sujet et non dans le troisième. Parfois, certains traits de ces personnages sont mentionnés par le récit et il convient de les étudier en tant qu’attribut des personnages. Une méchante dame, sera une femme qui n’utilisera pas la magie pour être méchante. Par ailleurs, en présence de récit lacunaire, des personnages dans le cauchemar peuvent avoir une action sans conséquence et donc être « neutres ».

Vêtus de noir ou de couleurs vives : comme dans les modalités de l’agresseur, l’obscurité et la couleur noire jouent leur rôle dans les attributs que le récit leur prête. Mais, cette signification est à nuancer, car des couleurs vives peuvent également contribuer à une étrangeté.
Les voleurs regroupent les personnages désignés sous ce nom par le sujet ou comme des « bandits », « gangsters », etc. Il s’agit dans tous les cas d’agresseurs humains, inconnus du sujet.

Leur métamorphose
Un individu, somme toute à l’allure banale ou à l’allure sympathique, peut subitement se transformer en agresseur : un père Noël en vampire, par exemple. Cette métamorphose peut, par ailleurs, être rapprochée de celle des parents dans le récit, où elle équivaut cependant semble-t-il à la défaillance ou à un refus d’aide de leur part plutôt qu’à leur transformation en agresseurs.

Traitement

Pour les personnes souffrant de cauchemars chroniques, certains psychologues, tels Celia Green,Stephen LaBerge ou Antonio Zadra, recommandent l'apprentissage du rêve lucide pour apprendre à reconnaître l'état de rêve et se débarrasser de sa peur.

Peretz Lavie mentionne, sans plus de références, qu'il existe des techniques pour ne plus se souvenir de ses rêves, ce qui aiderait les personnes souffrant de cauchemars.

Sources de l'article 

 

11 septembre 2007

lame du desespoir...

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Quand les fantômes de la nuit
S’activent à semer des drames
Dans les méandres de mon âme
Drapée d’un abyssal ennui ;

Quand l’écho de rires enfuis,
Saupoudrés d’un parfum de femme,
Hante le silence où se trament
Les peurs de mon cœur éconduit ;

Quand l’ange du néant entame
Un chant dont les notes infâmes
Soulignent mes rêves détruits ;

Pourquoi me soustraire à la lame
Du désespoir, qui s’introduit
Dans mon insomnie d’aujourd’hui ?

P. Guenot

15 septembre 2007

il rêvait........

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Il rêvait d’éléphants minuscules et de fourmis géantes,
De diplomates honnêtes, de riches ouvriers,
De parler japonais, de maisons en papier,
De médecins offrant des bonbons à la menthe.

Il rêvait de luxe économique, de calme gymnastique,
De lions tendres et galants, de soldats non violents,
D’étoiles paresseuses, d’un vaste océan blanc,
De déesses antiques et de gentils moustiques.

Il rêvait d’un ami bienveillant, de brioches dorées,
De frontières abolies, de vive fantaisie et de désobéir.
Il rêvait de chaleur éternelle, de délicieux plaisirs,
D’amour rayonnant, de fleurs, de parfums, de joies partagées

Ses rêves sont vivants dans le creux de ses mains.
Il les montre aujourd’hui dans les tableaux qu’il peint.

Il invente le monde.

P. Guenot

28 octobre 2007

bilan sombre.....

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Tu comptes tes rides
Dans l’œil froid de la glace
Amnésique de tes joies

Tu transiges avec la mort
Tapie dans les angoisses
De tes nuits d’insomnie

La poussière drape tes souvenirs
D’un ennui poisseux
Tu te replies dans le silence

Les objets se figent
Dans la profondeur de ta solitude
Tu recenses tes échecs

Ta bouche desséchée
S’épuise à mâcher
Le pain amer de ta déchéance

Le temps craquelle
Ta peau grise d’abandon
L’oubli t’asphyxie

P.Guenot

3 décembre 2007

nous sommes ce que nous pensons....

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Nous sommes ce que nous pensons. Tout ce que nous sommes s’élève de nos pensées.
Avec nos pensées, nous créons le monde. Parlez ou agissez avec un esprit impur, Et le malheur vous suivra, Tout comme la roue de la charrue suit le pas du boeuf. Nous sommes ce que nous pensons.
Tout ce que nous sommes s’élève de nos pensées.
Avec nos pensées, nous créons le monde. Parlez ou agissez avec un esprit pur, Et le bonheur vous suivra, Comme votre ombre, inébranlable. "Regardez comme il m'a maltraité, battu, Comme il m'a jeté à terre et volé." Vivez avec de telles pensées et vous vivrez dans la haine. "Regardez comme il m'a maltraité, battu, Comme il m'a jeté à terre et volé."
Abandonnez de telles pensées, et vivez dans l'amour. Dans ce monde La haine n'apaise jamais la haine. Seul l'amour dissipe la haine Ceci est la loi, Ancienne et immuable.


DALAI LAMA

1 juillet 2012

sak yant

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สักยันต์ - Sak Yant


Sak signifie tatouer en thai et Yant signifie Yantra (prière), dérivé du mot sanskrit.

 

 

Sak Yant est le nom donné au tatouage Traditionnel Thaï, c'est très difficile d'en déterminer l'origine exacte, il devrait apparemment provenir des 'Khmers'  (il y a +/- 3000ans)C'est un motif géométrique fait à partir d'images de Bouddha, Bodhisattvas, Lotus ou autres symboles bouddhistes supposé attirer la chance, la richesse et la bénédiction et repousser les mauvais esprits.
Ces tatouages sont piqués avec une baguette en acier, une main dirige l'aiguille et l'autre effectue des pressions pénétrant la peau deux à trois fois par seconde.

Les premiers 'Sak Yant' ont été réalisés dans les temples Bouddhistes, les moines se faisaient tatouer des textes religieux par de grands maitres en guise de protection. Au fil du temps de nombreux soldats ont visités ces temples afin de se faire tatouer différents motifs ayant le pouvoir de protection, invisibilité et force. (une légende Thaï raconte que la Thaïlande n'a jamais été occupée car les soldats sont des 'guerriers fantômes' impossible à voir ou à tuer grâce à leur tatouage de protection) Afin que cette protection soit effective, chants et prières doivent accompagné la séance de tatouage. Le placement du 'Sak Yant' sur le corps est très important, au plus il sera placé près de la tête (là où réside l'âme) au plus il aura de pouvoir. Il existe des centaines de motifs, écritures, modèles traditionnels. Les icônes de chance comme dragon, tigre, phoenix, serpent,… sont à la fois sacrés et symbole de chance mais pour que ce pouvoir fonctionne ils doivent être associé à des yantras appropriés et tatoué par un moine qui chante des sutras.A l'heure actuelle, afin de ne pas choquer l'employeur, certains Thaïs se font tatouer en utilisant de l'huile en lieu et place d' encre, afin de rendre le tatouage invisible mais pas son pouvoir.

 

Les Sak Yants pour femmes sont généralement exécuté à l' huile (de sésame), la marque disparaît après quelques jours.

Ces tatouages sont bénis de la même manière et ont le même pouvoir que ceux exécutés à l'encre.

 


Un Yant est un dessin geométrique Sacré qui produit puissance de protection et une variété de bénédiction au travers de psaulmes Bouddhiste écrit en thaï ou en Pali ( ancien khmer ) tout autour du dessin appelé "Khata".
Un "Khata" est aussi connu sous l'appelation "Mantra" qui veut dire en Sanskrit prière.


La boucle terminée par une ligne en zig-zag s'appelle Unalomee.
La spirale a de nombreuses significations.
La boucle est le visage de Bouddha.
La ligne imparfaite représente vos vies, tant que la ligne n'est pas droite, vous n'avez pas accès au Nirvana.
Vu que c'est une pointe, les mauvaises choses qui vous arrivent seront détruites.
Le tatoueur terminera toujours par les Unalomee.
Si vous voulez activer votre Yant ( tatouage ) le moine soufflera dessus. La spirale représente ce souffle qui accompagnera le Yant au Nirvana.

 

Le Sak Yant, Tatouage thailandais, est complexe et simple à la fois.

En effet, ils ont tous comme vertus la protection pour son porteur.

En plus ils apportent santé, richesse, prospérité, force, résistance et charme selon ce que le Maître tatoueur décide de donner aux fidèles.

Il existe des centaines de yant différents, voici une liste non exhaustive des principaux motifs.

 

LES YANTS GEOMETRQUES


Ha Taew ( Prière des 5 lignes )

 

Que tes ennemis fuient loin de toi.

Que les biens que tu acquières soient tiens à jamais.

Ta beauté sera celle d'Apsara.

Où que tu ailles, nombreux seront ceux qui t'assisteront, te serviront et te protègeront.

 

 

Yant Gao Yord ( Protection universelle )

 

Ceci est le premier yantra que les dévots se tatouent.

Les petits Buddhas autour du Yant représentent les 199 passages de Buddha sur terre.
Le contour est le cordon ombilical de Buddha.
Les spirales envoient la prière vers le Nirvana.

L'intérieur du yant représente l' univers

 

YANT DE CHARME

 

Il s'agit de différentes formes de yant pour l' attraction du sexe opposé, pour aider à trouver un partenaire ou pour donner du tonus sexuel

Yant Jinjok ( Pour l' harmonie dans le couple )

Yant Phet Phaya Thon ( Pour attirer les femmes )

 

NA ( Bouddha en langue Pali )

 

Apporte protection, immotalité .....

Rejette le mauvais sort à qui l'a envoyé

Rejette la maladie

Rejette les mauvaises choses

Yant Putsoorn ( La demeure des 5 Buddhas )

 

ELEPHANT

Yant Chang symbolise la force

 

HANUMAN

 

Le général du Varanas, personnage principal du Ramayana.

Hanuman est un combattant qui porte ses troupes jusqu'à la victoire.

On lui attribue beaucoup de vertus. Aide à trouver un travail, meneur, force, victoire, combat aux côtés des boxeurs, certains lui attribue également un pouvoir de charme.

 

BOUDDHA

 

Tatouage évidemment très présent dans le Sak Yant.
Protection à plusieurs effets pour son porteur ou complement à un autre Yant

HERMITE

 

  Ruesi est l' hermite, le père et le gardien du Sak yant.

Apporte connaissance, sagesse, clairvoyance et bien sûr protection.

Yant Suea Lersi ( Lersi en tigre )

 

OISEAUX

 

Le Sariga a un très beau chant et vous donnera la vertu de bien vous exprimer et d' être convainquant. Il est également considéré comme yant de charme.

Le Hongsa ( paon ) vous protègera lors de vos voyage. ( Nous trouvons des centaines de statues de Hongsa le long de l'autoroute qui mène à l' aéroport int'l de Bangkok - Suvarnabhummi Int'l Airport.

Le cygne quant à lui vous assistera au travail.

Yant Hongsa  

Yant Sariga ( motif du dessous )

 

DRAGON et SERPENT

 

Ces yants sont rares vu leurs origines incertaines.
Toutefois on leurs accordent des pouvoirs surnaturels.

 

COCHON

 

Yant Moo.
Apporte l'argent et la santé

 

LION

 

Yant Singh.

Protection et prévient des dangers

 

TIGRE

 

Yant Suea

Force, ignorant la peur, puissance.

Chasse les mauvais esprits

 

CROCODILE

 

Yant Chorake

Le crocodie est notamment un charognard, par conséquent il nettoye les fleuves.
Il aura donc un effet purificateur pour la personne qui porte un yant Chorake.

D' autre part, c'est un excellent nageur et habile pour chasser les poissons. Nombre de pêcheur porte également ce motif.

GARUDA

 

Mi homme, mi oiseau Garuda, figure mythologique, a d'énorme pouvoir.
Figure emblématique du Roi de Thailande Bhummibol.

Pour les thais, il est l' équivalent du Dieu hindou Vishnu.

TORTUE

 

Yant Tao.

On lui accorde la vertu d'une très longue vie et d'accumuler la fortune.

TAUREAU

 

Yant Krathing

Il suggère la force, la tenacité et la force au combat.
Les soldats de la période pré chrétienne s'enduisaient de graisse de taureau pour les proteger des coups de lames.

 

Vers une interdiction des tatouages de Buddha en Thaïlande

La Thaïlande cherche à interdire les tatouages bouddhistes pour les touristes.    Le ministre de la culture a déclaré que les touristes devraient être interdits de se faire tatouer des buddhas lors de leurs visites dans le pays  car cette pratique ne respecte pas la culture du pays.  

Le ministre de la culture Niphit Intharasombat a confirmé que son ministère a reçu de nombreuses plaintes concernant des boutiques de tatouages qui proposent des tatouages de Buddhas et d’autres images religieuses pour des visiteurs qui ne sont pas Bouddhistes. Des millions de visiteurs se rendent en Thaïlande chaque année.

Selon le ministre, les touristes considèrent ses images comme des symboles non religieux et cherchent simplement à suivre une mode. Ils ne sont pas conscients du besoin de respecter la religion locale et ne se rendent pas compte qu’ils choquent les résidents bouddhistes du pays.

Il est vrai que les images de Buddha sont très à la mode depuis des années, pas seulement pour des tatouages mais aussi sur des posters et T-shirts. L’image est associée à la tolérance et symbole de pays et de recherche de la sérénité.  Un faible pourcentage des personnes qui se font tatouer un symbole Bouddhiste suivent cette religion.  Certains ne sont même pas conscients du besoin de respecter les croyances et la culture bouddhistes.

La Thaïlande est en majorité bouddhiste et les statues et images de Buddha sont considérées comme des objets de culte sacré. Le ministère est donc obligé de demander à toutes les boutiques de tatouage du pays de cesser cette pratique. De nombreux touristes seront déçus mais si on leur explique pourquoi cette pratique est interdite, ils comprendront certainement. Certains chercheront surement à en savoir plus sur le bouddhisme avant de choisir leur prochain tatouage. Pour l’instant, le ministère va demander la coopération des tatoueurs mais il se peut qu’une loi soit votée pour interdire cette pratique en Thaïlande.

Cette interdiction pourrait engendrer un manquer à gagner important pour les tatoueurs qui vont devoir trouver d’autres symboles et images populaires pour représenter un souvenir d’un voyage en Asie du sud est.

 

 

Ceci ne concerne pas le Sak Yant.

Les gens qui font la démarche d' aller au Temple pour ce faire tatouer par un Moine sont forcémént des personnes qui se sentent investies de près ou de loin par le Bouddhisme. Son repect, sa croyance et ses préceptes.

 

 

quelques exemples/

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8 mars 2013

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Le terme de "samouraï" ou "samurai" renvoie à un individu, appartenant à la classe des guerriers, au service d’un seigneur auquel il a prêté allégeance.

L’avènement des samouraïs est le résultat d’une longue gestation de l’histoire japonaise (du VIIIème siècle au XVIIème siècle). Le temps des samouraïs fut d'une durée plus modeste (du début du XVIIème siècle à 1878).

Avant même la naissance de la classe des samouraïs existait celle des guerriers (bushi 武士). C’est cette dernière qui forma, avec sa prise du pouvoir, ses valeurs morales et sa culture militaire, le terreau nécessaire à la constitution de ce corps d’élite.

Les guerriers japonais ont été successivement désignés par les termes  « mono no fu » jusqu’au VIIème siècle avant que ne soit utilisé le terme de  « bushi » (武士) à partir du VIIIème siècle. Bien que, vers le VIIIème siècle, le terme de « bushi » regroupe l’ensemble des guerriers, ce terme évoluera par la suite (vers le XVIIème siècle)  pour ne désigner que les individus appartenant à une classe sociale supérieure (excluant ainsi les samouraïs). Le terme de samouraïs désigne alors (vers le XVIIème siècle) les guerriers au service du Shôgun , d’un daimyô ou d’un chef militaire.

 

 

 

 

 

 

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Photographie n°1: Samouraïs de Satsuma pendant la guerre de Boshin (1868). Les personnages situés à gauche présentent la célèbre coiffure "Chon-Mage".

 

armure-guerrier

Nuinobedo Tosei Gusoku (armure 2 pièces avec plaques se chevauchant légèrement) datant de la fin de l'ère Azuchi-momoyama (armure) et de l'ère Edo (masque).

Histoire.

La caste des guerriers, formation et prise du pouvoir.

L’origine des Samouraïs n’est pas clairement déterminée. Plusieurs théories s’affrontent pour expliquer l’avènement de cette classe de guerriers (population nomade, migration en provenance de la péninsule coréenne, constitution en 792 d’un corps d’élite professionnel suite à l’abandon de la conscription …).

Les premiers corps de guerriers (vers le VIIIème siècle) furent constitués sous l’impulsion de grandes familles cherchant à protéger leur terre. La puissance accumulée par certains clans fut telle, qu'au Xème siècle, un vent de sédition fit trembler le pouvoir central impérial. Le pouvoir impérial prit alors l’habitude de faire appel a de grandes familles de guerriers Minamoto (源), Tachibana, Taira (平)… afin d’assurer, la sécurité de ses membres, la stabilité les régions séditieuses et continuer la conquête des territoires du nord (Hokkaidô).

Le mot alors employé pour désigner cette garde rapprochée au service de la noblesse impériale était celui de « Saburai ». Il semble que le terme de « Samourai »,  qui fait son apparition plus tardivement, soit dérivé de ce terme.

Au XIIème siècle, tout change. En 1180 le Japon traverse une période de guerre civile nommée guerre de Gempei (源平合戦). De puissants clans de guerriers s’affrontent pour s’assurer le contrôle de la cour impériale. Chaque clan en présence les Minamoto (源) et les Taira (平) soutient un candidat différent au trône. Le 25 avril 1185, les Minamoto (源) emportent une victoire définitive sur le clan des Taira lors de la bataille navale « Dan-no-Ura ». Au moment même ou les Taira sont défaits, s’ouvre au japon une nouvelle ère nommée ère de Kamakura (1185 à 1333). Cette date, 1185, est éminemment importante dans l’histoire du Japon. Pour la première fois la caste des guerriers au Japon est suffisamment forte pour prendre le pouvoir et imposer un gouvernement militaire (bafuku). Le pouvoir restera entre les mains de cette caste guerrière jusqu’en 1868 (restauration). 

Le Japon est complètement réorganisé au profit de ces familles de guerriers. Une noblesse militaire et héréditaire (buke) est créée en parallèle à la noblesse de robe (kuge). Cette nouvelle noblesse réorganise complètement la carte politique et économique du japon qui se trouve unifié sous la tutelle d’un Shôgun . L’empereur continue d’exister mais ne conserve qu’une position symbolique.

Au XVème siècle le pouvoir central du Shôgun  est largement diminué suite à d’incessantes guerres de succession au sein de la famille des Ashikaga assumant alors cette position.  Chaque seigneur (daimyô) à la tête d’une terre suffisamment vaste se lance alors dans des guerres de conquête à l’encontre de ses voisins. Bientôt des alliances vont se nouer. Elles seront à l’origine de la constitution de grand corps de troupe très structurés pouvant réunir plusieurs centaines de milliers de combattants. Cette période de trouble, qui marque l’apogée de la domination de la classe guerrière, se poursuivra jusqu’au XVIIème siècle. A partir de cette date, le japon unifié sous les canonnades de Tokugawa Ieyasu lors de la bataille de Sekigahara (20 Octobre 1600), va connaître une longue période de paix. C’est dans cette période de paix que va prendre naissance et s’épanouir la classe des samouraïs.

l'avénement de la classe des samourais

Les Samouraïs sont au service d’un daimyô ou du Shôgun . Ils ont un rôle de protection et de police. Ils reçoivent en contrepartie de leur service une pension directement versée par leur seigneur auquel ils ont juré fidélité. Contrairement à la période antérieure ces guerriers se déplacent en kimono et non caparaçonné dans une armure. Ils formeront une élite militaire « respectant » des règles de vie et d’éthique très strictes. Ces règles, qui puisent leur source dans l’ancien code oral des « bushi » nommé Kyûba no Michi (voie de l’arc et du cheval), fut réformé couché par écrit dans un texte intitulé « Bushidô ».

Les samouraïs se distinguaient du commun par le port du chon-mage (coiffure particulière caractérisée par la tonsure d’une partie du crane) et du Daishô. Le daishô, privilège des samouraïs, est un ensemble de 2 sabres (un long (katana) et un petit).

La fleur de cerisier, fragile et éphémère, comme la vie d’un samouraï fut choisie comme le symbole de leur classe.

La classe des samouraïs subsista jusqu’aux premières années de la restauration Meiji en 1868. A cette date, partisans du Shôgun  et de l’empereur s’affrontent et à travers eux ainsi que du système d’allégeance formulé à leur seigneurs (daimyô), les samouraïs. La victoire des partisans de l’Empereur Meiji marque le glas de la classe des samouraïs.

Dès 1869, le pouvoir impérial redessine la carte sociale du japon en instaurant 4 classes. La famille impériale (kôzoku), l’ancienne noblesse (kazoku), l’ancienne classe des samouraïs (shizoku) et le peuple (heimin).

En 1876 interdiction est faite de porter le double sabre et d’arborer le chon-mage (coiffure) privilège de la classe des samouraïs. En 1878 une grande réforme vient bouleverser l’organisation militaire. La conscription est mise en place mettant définitivement à mal la classe des samouraïs. Après quelques révoltes, ceux-ci, pour survivre, sont obligés de s’intégrer au système mis en place, en entrant dans la fonction public (police, armée…). Ils formeront la colonne vertébrale d’un japon en plein renouveau ayant besoin d’une élite disponible et éduquée. La classe des shizoku (士族) est donc progressivement assimilée au commun avant d’être abolie en 1947 lors de la promulgation de la constitution japonaise.

 

la vie privée des samourais

Le statut de samouraï étant héréditaire, les fils de samouraï sont soumis à un enseignement et une discipline très stricte. Au cour de son apprentissage pétri des dogmes bouddhiste et zen, le jeune samouraï s’exerce aux arts de la guerre (équitation, maniement su sabre, tir à l’arc, lutte …), à l’écriture et à la lecture ainsi qu’à la maîtrise et au dépassement de soi.

Les samouraïs sont autorisés à se marier avec des femmes d’un rang égal ou supérieur et avec des roturières pour les samouraïs de naissance plus humble. Une dote est apportée par l’épouse au moment du mariage. Dans l’hypothèse où celle-ci est une roturière le samouraï payait une certaine somme ou donnait une exemption de taxe à la famille de la future épouse. Il était admis qu’un samouraï puisse avoir une maitresse. Bien que possible les divorces soient rares au sein de la classe des samouraïs, ils sont toujours possible aussi bien du côté de l’homme que de la femme (très rarement). Un divorce est néanmoins souvent mal venu et peut rapidement mettre dans l’embarras la personne ayant arrangé le mariage ou présenté les époux. Une des raisons possible au divorce était l’impossibilité d’avoir des enfants. Mais même dans cette hypothèse d’adoption est préférée.

Les fils issus du couple, seront samouraïs. Le nom donné au fils est souvent issu de l’association de plusieurs Kanji. Un Kanji provenant du père ou du grand-père et un nouveau kanji spécialement choisi.

Le samouraï étant souvent en « service », on attend de l’épouse d’un samouraï qu’elle ait la force et la connaissance nécessaire au maintien du domaine et qu’elle puisse assurer sa défense. A ce titre elle se doit d’être une bonne gestionnaire et de savoir manier les armes ( un long manche surmonté d'une lame: « Naginata » (なぎなた), long couteau : « kaiken ».

Sur le plan privé elle devait s’occuper des enfants et des parents et être tout à la fois humble, loyale et soumise. En dépit  de cette « idéal » féminin cela n’empêchait nullement certaine femme de posséder influence et pouvoir.

A noter que les samouraïs se livraient à la pratique du shudō (衆道) (homosexualité). Cette pratique était encouragée au sein de la classe des samouraïs. Afin que ceux-ci conserve virilité et vertus.

La vie publique du samouraï

La vie du samouraï est entièrement tournée vers les arts de la guerre et sa relation envers son maître. Il devait dans ses actes obéir à un code moral très strict nommé « Bushidō » (la voie du guerrier - 武士道). Ce code est tourné vers la loyauté, l’honneur, le sens du devoir et du service, l’endurance et la persévérance. Si jamais un samouraï venait à perdre la face il pouvait retrouver son honneur au travers du seppuku (切腹) (suicide rituel).

La relation maître/serviteur revêt une telle importance qu’un samouraï sans seigneur est appelé « Rônin » (浪人). Cette situation pouvait subvenir lors du décès de leur seigneur, ou lorsque celui-ci avait commis une faute. Devenant « Rônin » le samouraï n’a plus de raison d’être, il n’appartient plus à sa classe, et est considéré comme un paria. Il se retrouve souvent démuni ou avec des moyens très modestes.

Les samouraïs se distinguaient du commun par le port du daishô. Le daishō (大小) est le nom donné au couple de katana :« tachi » (太刀) et wakizashi (脇差). Le premier est un  sabre à longue lame l’autre possède une lame plus courte. La lame du « tachi » était originellement droite. Ce n'est qu'avec le temps qu'elle prit sa forme courbe que nous lui connaissons aujourd'hui. L’association de ces deux sabres était le privilège et le signe distinctif d’appartenance à la classe des samouraïs.

Les samouraïs utilisaient bien d’autres armes de jets et de points comme l’arc « Yumi » (弓), le sabre « tachi » (太刀), une sorte de faux « naginata », la lance « yari » (槍)… Au total plusieurs dizaines d’armes différentes étaient utilisées par le samouraï.

les casques

 

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Sujibachi Kabuto (casque à lamelles), œuvre de Myochin Nobuie (kao), période Muromachi, 1539

Le kabuto correspond au “casque”. Il fait parti intégrante de l’équipement des guerriers japonais. Les premiers casques ont été largement influencés par les modes et techniques de l’empire chinois tout proche. La kabuto est un bon indicateur de la société japonaise au travers les âges. Il a en permanence évolué au gré des guerres, des périodes de paix, des évolutions techniques et des modes. Les kabuto sont aujourd’hui très prisés des collectionneurs. On les classe en fonction de leur forme et époque («Sujikabuto», « Mononari», «  Boshi Kabuto », « Kawari Kabuto »…

Composition.

Le casque est avant tout un simple bol de métal (hachi) percé d’un trou (tehen) afin d’assurer une ventilation. A l’origine ce trou n’avait pour objectif que celui de laisser passer la longue chevelure des guerriers japonais. Sur ce bol se trouve fixé 4 clous matérialisant les horizons, et une visière (maebashi). La forme du casque a évolué au fils du temps. La forme ronde des débuts est progressivement abandonnée. Le casque de type «akodanari» de forme potelée et bombée , évoquant un melon, apparu vers la fin du XVème siècle. Vers la fin du XVIème siècle la mode est aux casques de formes élaborées, hautes et parfois très originales appelés «kawari kabuto».

Le casque était composé de 3 à plus d’une centaine de plaques métalliques rivetées entres elles. Ce sont ces plaques articulées qui constituaient le protège nuque (shikoro). Pour des raisons de coût et de temps, les modèles les plus récents ont eu tendance à n'être composés que d'un nombre limité de plaques de métal (voir que d'une seule plaque).

 
 

Protections.

La fonction première du casque était de protéger son hôte. Pour ce faire, un certain nombre d’éléments sont venus se fixer sur ce dernier. En premier lieu le protège nuque (shikoro). Celui-ci était constitué de plaque de métal rivetée entre elles. Le protège nuque est particulièrement imposant à partir de l’ère de kamakura (1185 à 1333 ap. J.-C.) au point de recouvrir le haut du dos. Les rivets (Hoshi) ont évolué avec le temps avant de disparaître sous l’ère de Muromachi (1333 à 1582 ap. J.-C.) allégeant et solidifiant ainsi la structure.

En sus de la visière, destinée à protéger les yeux, existaient des ailettes (fukigaeshi) ou des cornes (kuwagata) situées sur les côtés destinées à parer les coûts latéraux.

Pour protéger la face, un masque total (somen) ou partiel (menpô - moitié basse du visage) pouvait être ajouté. De même, le nez, pouvait faire l’objet d’une protection spécifique à l’aide d’une petite pièce de métal amovible. Ces protections, embarrassantes, seront abandonnées pendant l’ère Azuchi-momoyama (1582 à 1603 ap. J.-C.) avant d’être à nouveau utilisée, pour leur caractère décoratif, sous l’ère Edo (1603 à 1868 ap. J.-C.).

Photographie ci-contre: Sujibachi Kabuto (casque à lamelles) et Menpo (demi-masque), signé Echizen no kuni Toyohara ju Bamen Sadao (Sadao, de l'école Bamen, habitant Toyohara, province d'Echizen) fin période Muromachi (casque) à période Momoyama (masque), fin 16ème siècle.

 
 

Ornement.

Passé le faste de la période de kamakura (1185 à 1333 ap. J.-C.) où les casques étaient ornés, par exemple, de cornes imposantes, Muromachi (1333 à 1582 ap. J.-C.) est une période plus austère. La sobriété apparente des casques durant cette période s’explique par les changements s’opérant sur le théâtre des champs de bataille. La guerre devient plus mobile, les groupes de combat plus petits et la nécessité de se singulariser pour diriger de grand mouvement de troupe perd de son intérêt.

Sous l’ère Azuchi-momoyama (1582 à 1603 ap. J.-C.) la démesure est de rigueur. Sous se florilège de création, qui  n’a d’autre objectif que celui d’affirmer sa puissance, tous les thèmes son abordés (animaux, mythologie, éléments naturels…). Il est entendu que ce type de casque était réservé aux seigneurs (daimyô) et généraux. La piétaille (soldats à pied) n’avait pas l’autorisation de revêtir ce type de casque. Le simple soldat ne portait qu’un chapeau plat nommé « jingasa ».

L’ornementation latérale des casques porte le nom de « wakidate, sur le dessus « maedate », au sommet « kashiradate » et à l’arrière « ushirodate ». Le « mon », symbole de la famille ou du clan, était souvent frappé sur le casque.

Sous  l’ère Edo, alors même que le Japon traverse une relative stabilité, les casques continuent à être produits. La rivalité entre puissants ne se faisant plus sur les champs de bataille, elle trouve à travers des décors ostentatoires des kabuto un nouveau moyen d’expression.

Dès le début de l’ère Meiji (1868 à 1912 ap. J.-C), les grandes réformes sociétales mises en place par l’empereur, la « révolution » technique et scientifique transformant le pays, l’interdiction du port du sabre (1876), la conscription obligatoire, font tomber l’armure en désuétude.

Photographie ci-dessus: le casque représenté est constitué d'une coiffe de fer surmontée d'une structure en papier-mâché qui représente une coquille Saint-Jacques géante. Toutefois, si l’on observe attentivement ce casque, la forme peut prendre un aspect différent. Ce qui paraissait correspondre à la charnière de la coquille semble représenter des nageoires de poisson et un corps avec une queue frappant l'eau énergiquement

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Sujibachi Kabuto (casque à lamelles)

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Oitaragainari kawari kabuto

(casque en forme de coquillage)
Début de l'époque Edo, 17ème siècle
Fer, lacets, papier-mâché

 

les masques

 

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Somen (masque complet), œuvre de Myochin Ki no Munenaga, 1710.

Le guerrier japonais (bushi - 武士) se protégeait le corps lors des combats à l’aide d’une armure constituée de multiples lamelles.

Cette armure était composée de 8 éléments essentiels: une cuirasse (do), une protection des épaules (sode), des brassards (kote), une jupe (kusazuri) et une sous jupe (haidate), des jambières (suneate), un casque (kabuto) et... un masque (mengu) qui complétait l’armure et finissait le système de protection du guerrier.

Le masque est en lui-même une petite œuvre d’art aujourd’hui très prisé de certains collectionneurs.

Le masque était maintenu en place grâce au cordage (Shinobi-no-o) du casque noué sous le menton. L'ensemble était sécurisé par 2 petits crochets (Ori-kugi) ou 2 petites pointes (Odome) se trouvant sur le haut des pommettes du masque.

Un petit trou (Ase nagashi no ana) situé sous le menton faisait office de ventilation et permettait d'évacuer les "liquides". Une pièce de tissu était souvent placé au niveau de menton. Celle-ci servait à la fois de calle, absorbait la sueur et évité l'abrasion de la peau.

Sur certaines pièces le nez se trouve être détachable. Ceci permettait au porteur dudit masque de pouvoir se moucher sans intégralement retirer sa protection.

Si les masques offraient une certaine protection lors des combats, ils gênaient en revanche la respiration, la vision et les mouvement de la bouche de ceux qui les revêtaient.

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Menpo - demi-masque

Composé de cuir (Nerigawa) et/ou de fer. Ils étaient ensuite laqués à l'extérieur comme à l'intérieur (pour éviter que la peau ne se trouve être trop irritée). Le masque reprenait les traits d’un visage humain, d’un esprit (kami) ou d’un démon de manière parfois très réalise. Chaque école de forge avait son style, sa pate… L’apparence du masque n’est pas anodine. L’effet recherché était le plus souvent celui de terroriser ou pour le moins impressionner son adversaire. A titre d’exemple, sur certains modèles, les dents, saillantes à dessin, étaient accentuées à l’aide d’or ou d’argent.

Il existe plusieurs types de masques. Ils sont catégorisés en fonction des parties protégées du visage.

Certains couvrent le visage dans son ensemble, ils sont alors nommés « Sômen ». Lorsque des ouvertures sont effectuées au niveau des yeux et de la bouche, on préfère alors utiliser le terme de « Happuri ». Les « Me no shita men » sont des maques ne couvrant que la moitié du visage (nez compris). Les maques dits « Menpō" (面頬) couvre la moitié basse du visage de l'arête du nez jusqu'au menton. Toujours considérés comme des masques de protection, les « Hôate » recouvrent la gorge, le menton et les pommettes. Enfin, le plus simple de la famille des masques, le «Hanbo» ne protège que le menton et la gorge.

A chaque masque pouvait être attaché un gorgerin (Nodowa). Prenant la forme d'un « U », composé de métal et de cuir cet accessoire visé à protéger le cou du guerrier.

En fonction du système d'attache du gorgerin, il est attribué un nom différent. Le terme de «Nodawa» n'est utilisé que pour les gorgerins se nouant à l'arrière du cou. Lorsqu'il est fait usage d'une boucle on utilise le terme de «Eriwa». Enfin en présence de crochet on préfère utiliser le terme de «Meguriwa». Certains gorgerins cerclaient complètement le cou du combattant. Ce type de protection étaient nommé «Guruwa».

 

le katana

Le katana (刀) est un sabre japonais (nihontô- 日本刀) en acier forgé (tama-hagane), d’une longueur supérieure à 60 cm, d’un seul tranchant côté convexe.

Il se porte côté gauche, glissé à la ceinture (obi), tranchant vers le haut. Il est souvent  accompagné d’un autre sabre d’une taille plus courte (60 cm maximum) nommé Wakizashi (脇差). L’ensemble wakizashi et katana forme un tout nommé « daishō » (大小).  Seuls les samouraïs avaient le privilège du port des 2 sabres (daishō).

Le sabre japonais à travers l’histoire

Les premières armes proches du sabre ou de l’épée sont apparues sur l’archipel avec les premières techniques de forge en provenance de chine entre 300 av. J.-C. et 250 ap. J.-C.

Les lames alors forgées étaient de piètre qualité. Les forgerons ne maîtrisaient pas la trempe, le pliage et la sélection du minerai. Les épées étaient souvent droites, d’estoc et à double tranchant. L’ensemble de ces armes sont indifféremment regroupées sous le terme de « jôkotô ». A partir de l’ère Heian (794 -1185) jusqu’à l’ère de Muromachi (1336 et 1573) c’est la naissance du sabre japonais. Les lames fabriquées durant cette période portent le nom de koto (古刀). C’est durant cette période que, poussé par les guerres, le sabre va  se courber, des écoles de forge vont s’organiser. A partir de 1185 jusqu’en 1392 les lames vont avoir tendance à s’allonger (jusqu’à 150 cm) et à perdre le côté esthétique qu’elles pouvaient avoir lors de la période antérieure. Entre 1336 et 1573 (ère Muromachi)  la taille des sabres reprend ses dimensions traditionnelles (environ 70 cm). Durant cette période les sabres produits en masse sont souvent de moins bonne facture.

Durant l’ère Azuchi Momoyama (1573 à 1603) les lames continuent d’être produites en grande quantité. L’intensification des échanges commerciaux et la mise en place de routes commerciales permettent de satisfaire l’insatiable demande de sabre. En revanche, en dépit de la diffusion des savoirs des techniques de forge (donc une dilution des techniques jusque ici maitrisées par certaines écoles) et un meilleur approvisionnement en minerai de fer, la qualité des lames n’est pas satisfaisante. Le fer utilisé n’est pas de bonne qualité et la forge moins soignée. L’esthétique des sabres arriva en même temps que la paix au début de l’ère Edo. Les sabres fabriqués entre 1573 et environ 1800 sont nommés « shintô » (新刀) (nouveaux sabres). A partir de 1800 jusqu’à la seconde guerre mondiale, l’ensemble des sabres créés portent le nom de shin-shintô (新々刀). L’interdiction du port du sabre au début  de l’ère Meiji, la paix, l’avènement d’une classe bourgeoise sont autant d’éléments qui vont faire du sabre un objet d’ornement plus qu’une arme de guerre. L’accent est donc mis sur le raffinement de celui-ci.

Pendant la seconde guerre mondiale, un grand nombre de sabres sont fabriqués. Il ne respecte guére les traditions de forge et sont produits industriellement. Ces sabres sont désignés par le terme de showatô.

Il existe encore aujourd’hui des forgerons produisant des katana d’une grande valeur esthétique. Ces sabres sont nommés « gendaitô » (現代刀).

 

les différentes parties d'un sabre

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La poignée.

La poignée (tsuka) est constituée en bois de magnolia recouverte d’une peau de requin ou de raie (same).

 

Elle est souvent agrémentée de « menuki » (petits ornements de métal aidant aussi à la prise) entrelacés dans des cordelettes de soie ou de coton (tsuka ito / tsuka maki). Le pommeau (kashira), en métal, est souvent rehaussé de décoration.

 

Le « menuki » est à ne pas confondre avec le « mekugi », une petite pièce de bambou qui traverse de part en part la tsuka et la soie de la lame (nakago) afin de les maintenir l’une à l’autre. Une boucle de cuivre (fuchi) maintient le tout. La soie d’un sabre est la partie pénétrant à l’intérieur de la poignée. L’orifice par lequel passe le « mekugi » se nomme « mekugiana ».

 

Certaines poignées sont perforées de 2 trous (ude-nûki-ana) permettant de faire passer une lanière (ude-nuki) sécurisant la prise en main du sabre.

 

La poignée est séparée de la lame par la garde (tsuba). Le « seppa » situé entre la garde et la lame solidarise la lame et la garde et sert aussi à guider la lame lors de son introduction dans la poignée.

 

Non loin de la garde se trouve un autre élément nommé « habaki ». Cette pièce est une sorte de sécurité évitant que, lorsque le sabre se trouve dans son fourreau (saya), celui-ci ne tombe.

 

La Lame.

 

Le tranchant de la lame se nomme « hassaki ». La partie plus épaisse de la lame est désignée sous le terme de « yokote ».

 

Le dos de la lame comporte 2 parties : la soie (hitoe) et la lame proprement dite (mune). Une petite encoche (mune machi)  située sur le dos de la lame permet de différencier la soie et la lame. La soie de la lame peut-être éventuellement signée (mei) par son facteur.

 

A angle droit ou arrondies, les arêtes de la lame portent le nom de « shinogiji ». Elles se rejoignent au niveau de la pointe (kissaki) dont l’extrémité est nommée « mitsukado ». Le triangle que forme la pointe et dont le « mitsukado » est le sommet se nomme « mono-uchi ».

 

Au niveau des flancs la partie trempée (bôshi) forme une ligne nommée ligne de trempe (hamon), la gorge (bohi) est présente pour alléger la lame.

 

Le fourreau.

 

Le fourreau (saya) est fabriqué en bois de magnolia. Il est souvent recouvert de laque et richement orné. L’extrémité du fourreau est protégée d’un capuchon de métal (kojiri). De multiples anneaux se trouvent fixés sur le fourreau. L’un de ces anneaux sert à renforcer l’entrée du fourreau (Kuchi-gane),  un second empêche le fourreau, glissé dans la ceinture, de tomber au sol (origane), un autre enfin (kuri-gata) permet de faire passer un cordon (sageo) servant à sécuriser l’ensemble.

 

 

 

Les différentes tailles de sabres.

 

La longueur des katana n’est pas réglementée. En revanche il est de tradition de regrouper sous ce terme l’ensemble des lames d’une longueur variant de 70 et 76 cm.

 

Longueur de la lame

Nom du sabre

De 8 à 15 cm

Kwaiken

De 23 à 30 cm

Yoroi toshi

De 28 à 41 cm

Tantô

De 55 à 58 cm

Wakizashi

De 60 à 66 cm

Chisakatana

De 70 à 76 cm

Katana

De 80 to 90 cm

Nodachi

Plus de 84 cm

Jin taichi

 

Avertissement: Noms et longueurs de lame correspondantes peuvent se recouper et varier d’un ouvrage à l’autre.

 

les écoles de forges

Ces écoles (gokaden - 五ヶ伝) sont classiquement regroupées en fonction de leur dispersion géographique et de la technique employée. Cette classification ne s’applique qu’aux sabres fabriqués jusqu’au début du XVIIémesiècle. Passé cette date, les traditions de forges ont tendance à se disperser. On distingue ainsi 5 centres de forge de sabre pouvant regrouper plusieurs écoles. Afin de limiter la dissémination des secrets de fabrication des sabres, les écoles de forges sont souvent tenues par les membres d’une même famille. Les 5 centres (style ou tradition) de forge sont: Bizen, Mino, Sôchu, Yamashiro et Yamato.

La  forge.

La forge d’une lame est un processus assez long. La première étape consiste à collecter suffisamment de minerai afin de pouvoir forger la lame. Cette étape de collecte semble aujourd’hui chose aisée mais à l’époque du japon médiéval cela pouvait être une vraie gageure. Le développement du commerce notamment avec le monde occidental va fluidifier l’approvisionnement en minerai. L’acier récolté est ensuite trié en fonction de sa dureté.

La lame est constituée d’acier tendre en son cœur, dur en extérieur.

L’acier est ensuite purifié par concassage à haute température. L’acier est ensuite fondu sous forme de lingot. Il est ensuite plié et replié de multiple fois. Plus le métal est plié plus il gagne en résistance. L’objectif recherché n’est pas d’obtenir la lame la plus résistante possible, car celle-ci perdrait alors en souplesse. Les différentes couches d’acier ainsi pliées vont donner le grain de la lame. Le grain de la lame est spécifique à chaque école de forge qui a sa propre technique de forge. L’observation du grain permet donc d’identifier une école, donc une provenance et éventuellement un forgeron. La lame ainsi forgée, étirée, martelée est ensuite trempée. Ce processus permet de solidifier le tranchant de la lame. En effet le choc thermique provoqué par la trempe fait changer les propriétés de l’acier en le durcissant. Le dos de la lame est protégé de la trempe afin que cette partie du sabre conserve sa souplesse. La lame est ensuite légèrement poli.

Respecter le sabre.

Un sabre est une œuvre d’art fragile mais c’est aussi une arme qui doit être maniée avec précaution. Il est impératif de l’entretenir régulièrement. Une lame ne se conserve pas dans son fourreau. Elle est entreposée sur un petit présentoir, tranchant vers le haut. Il ne faut jamais toucher une lame avec ses mains. L’acidité du corps endommage la lame. Pour des raisons de sécurité, en dehors d’une observation approfondie, la lame ne doit jamais être sortie complètement de son fourreau. Pour entretenir la lame des kits sont vendus dans le commerce. Dans ce kit vous trouverez, une huile (qui ne tache pas), du papier de riz pour nettoyer la lame, un tampon de soie rempli de poudre (uchiko), un chasse mekugi (mekugi-nuki). Le « mekugi » est une petite pièce de bambou traversant la poignée afin de la solidariser à la lame. 

 

analyse d'un sabre

L’étude de la lame est une source intarissable d’informations la concernant. Mais cette étude est assez difficile pour un néophyte et peut prendre plusieurs heures. Certains professionnels dressent une véritable carte d’identité de la lame en produisant une sorte de calque sur papier de riz de la lame (oshigata) en y notant tous les incidents.

A partir de cette analyse, il possible de déterminer la provenance de celle-ci, de lui attribuer une école de forge, un forgeron, une date et donc une valeur.

Pour être dans des conditions optimales d’observation la lame doit être polie et regardée en pleine lumière. Pour une bonne observation nous vous conseillons de vous munir de lampe de poche afin d’observer la lame à la lumière rasante et de toujours commencer par l’aspect général avant de vous pencher sur les détails du sabre.

Pour vous aider dans vos démarches nous vous proposons de passer en revue les points essentiels pour une bonne analyse.

 

 

 

 
 

 

 
 

L’aspect général.

L’observation porte sur 4 points : la courbure,  la structure, le dos et la pointe de la lame.

La courbure(反り) du sabre.

Le degré de la courbure (sori) et son positionnement sur la lame permet d’identifier l’école à l’origine de la fabrication du sabre et de dater la lame. On distingue ainsi les sabres du type saki-zori (先反り) dont la courbure est située proche de l’extrémité du sabre, les sabres koshi-zori (腰反り) dont la courbure se trouve non loin de la garde, et enfin les sabres dont la courbe se dessine au milieu de la lame (torii-zori - 華表反).

Les défauts à repérer : Une lame à la courbure trop accentuée peut indiquer que celle-ci a été retrempée. Retremper une lame revient à lui faire perdre toutes ses propriétés originelles et la dévalue complètement.

La structure (造込み)

Observer la structure de la lame c’est observer si celle-ci est plate ou non, si son arête est située près du centre (moroha-zukuri - 両刃造), si cette même arête est courbe (shinogi-zukur - 鎬造), proche du dos de la lame (moroha-zukuri - 両刃造)... On distingue environ 9 structures de lames différentes.

Les défauts à repérer : aucune fissure ou ridule (mukade shinae) ne doit apparaître au niveau du plat de la lame. Au niveau des arêtes de la lame la couleur doit être parfaitement uniforme. Si des petits effets brumeux apparaissent cela traduit une faiblesse au niveau du métal utilisé. On nomme ces défauts « utsuri ».  De même une attention particulière doit être portée afin de déceler des éventuelles poches d’air. Ces poches d’air (fukure yabure - 脹撓) sont considérées comme des erreurs de forge dévaluant le sabre. Elles peuvent être réparées (comblées) en utilisant le métal de la soie (partie de lame située à l’intérieur de la poignée). Si cette réparation utilise un autre métal, celle-ci est alors considérée comme un défaut supplémentaire (umegane).

Le dos (棟) de la lame.

On rencontre 4 types de dos (mune) possible. Le dos de la lame est soit arrondi (maru-mune - 丸棟),  soit plat (kaku-mune - 角棟), avec une arête (iori-mune - 庵棟) ou deux (mitsu-mune - 三棟).

Les défauts à repérer : les fissures ou imperfections, mêmes minimes, au niveau du dos de la lame (mune Shinae, mune Ware …) sont considérées comme des défauts non acceptables.

La pointe (切先).

Il n’existe que 3 types de pointe (hissaki). Celle-ci est soit petite (ko-kissaki), moyenne (chu-kissaki) ou grande (o-kissaki).

Les défauts à repérer : Une fissure peut parfois apparaître au niveau de la pointe. Ce défaut faisant perdre une grande partie de la valeur de la lame porte le nom de « karasuguchi ». L’existence d’une pointe bien proportionnée avec un boshi (ligne de trempe de la pointe) indique que le sabre n’a pas été trafiqué (coupé).

  

La structure de la lame.

Une fois l’analyse de l’aspect général de la lame menée, il est possible de se pencher sur les détails de celle-ci. Afin d’approfondir vos investigations et de connaître précisément le pédigrée du sabre, certains points doivent être scrupuleusement étudiés. 6 points sont souvent passés au crible : le grain, la trempe, la ligne de trempe, l’activité, la gorge, les inscriptions éventuelles.

Le grain.

Le grain va dépendre de la nature, de la qualité et de la juxtaposition des lamelles de métal employé. Cette association de lamelles prend alors certaines formes caractéristiques (vaguelettes, lignes parallèles…) propre à identifier certaines écoles et certains forgerons. Chacune de ces formes prend un nom particulier (Ayasugi hada, Chirimen hada, Uzumaki hada…).

La composition de la lame varie d’une forge à l’autre. La formule ayant permise sa fabrication était tenue secrète et transmise de père en fils. A partir de la seconde guerre mondiale la formule employée est restée constante. Il est ainsi utilisé :

Matériaux :

Proportion en pourcentage :

Fer

98,12% à 95,22%

Carbone 

3,00% à 0,10%

Cuivre 

1,54%

Manganèse

0,11%

Tungstène

0,05%

Molybdène

0,04%

Titane 

0,02%

Silicium 

traces

Chrome 

Pouvant atteindre 13%

La Trempe.

C’est une étape cruciale dans la forge d’un sabre. Cette technique consistant en un refroidissement rapide de la lame permet de solidifier la partie trempée. La partie objet de ce traitement thermique était le tranchant de la lame. En changeant ainsi les propriétés du métal un effet de cristallisation apparaît en surface. C’est cet effet qui doit être observé.

Les défauts à repérer : Les fissures au niveau du tranchant. Ces fissures sont inacceptables. Elles peuvent être perpendiculaire au tranchant (hagire) ou oblique (hagarami). Ces fissures doivent être distinguées des chocs provenant de combats (kirikomi) qui, tout en étant préjudiciable à la solidité de la lame et à sa valeur, peuvent être acceptables. Il est nécessaire de s’assurer que la lame n’a pas fait l’objet de plusieurs trempages (sai ha). Ce défaut est particulièrement difficile à détecter. Il se traduit souvent par la présence prés du « munemachi » (près de la garde) d’un petit halo brumeux formant un angle aigu (mizukage) ou la présence de l’ancienne ligne de trempe.

Afin de conserver à la lame une certaine flexibilité, la trempe n’était pas opérée sur l’ensemble de la lame. Le dos et la partie épaisse de la lame étaient protégés par un mélange à base d’argile. A la frontière entre la zone protégée et la zone objet de la trempe se créé une sorte de ligne nommée « hamon » (ligne de trempe).

La ligne de trempe.

Elle s’observe sur l’ensemble de la lame. C’est à dire le long du tranchant jusqu’à la pointe. Le ligne de trempe située au niveau de la pointe porte un nom particulier : « bôshi » (帽子).

Cette ligne est l’objet de beaucoup d’attention de la part des amateurs et est vraiment la marque de fabrique d’un forgeron. On trouve des lignes de trempe en forme de vague, d’arc de cercle, de droite…

Les défauts à repérer : Les fissures au niveau du hamon (hagarami), un éclaircissement (ha jimi), une discontinuité (kakedashi) ou disparition (nioi gire) de la ligne de trempe sont autant de défaut faisant perdre quasiment toute valeur au sabre.

L’activité.

Alors que la lame du sabre fait l’objet d’une trempe partielle (la partie supérieure de la lame étant protégée de la trempe), Il est néanmoins possible que des incidents puissent subvenir. Tout ces « accidents » sont autant d’informations permettant d’identifier un sabre et de dresser sa « carte d’identité ».

La gorge.

Elément plutôt récent, les premiers sabres ne disposaient pas de gorge. Les gorges ont été crées au départ afin d’alléger et d’augmenter la résistance de la lame. Elles sont vite devenues un ornement de la lame et de ce fait prennent des formes très diverses.

Les inscriptions.

Votives ou décoratives, elles donnent à la lame un relief et une histoire toute particulière qui sont autant d’élément permettant de tracer ses origines.

 

La soie (nakago - 茎).

La soie est la partie invisible de la lame, la partie située à l’intérieur de la poignée. La soie est tout aussi importante que la lame. A ce titre, elle doit faire l’objet d’une attention toute particulière.

4 éléments forment les caractéristiques essentielles de la soie : la forme et la taille de la soie dans sa longueur, dans son extrémité, ses tries et sa signature éventuelle. 

La forme et la taille de la soie dans sa longueur.

On compte 8 formes possibles de soie : Elles sont toutes courbées mais l’intensité de la courbure peut être plus ou moins prononcée voire s’inverser. L’épaisseur peut se réduire progressivement ou rapidement (kijimomo-gata - 雉子股) à partir d’un certain niveau…

 

L’extrémité de la soie.

L’extrémité de la soie (Nakagojiri) peut être de forme triangulaire (kengyo - 劍形), perpendiculaire aux côtés (kiri - 切), perpendiculaire au dos (iriyama-gata - 入山形), ou de forme arrondie (il en existe de 2 sortes).

Les stries.

Leur présence, leur intensité et leur direction donnent une indication sur la possible école de forge à l’origine de la création de la lame.

La signature (mei - 銘).

Eventuellement gravée sur le côté de la soie, elle indique l’école ou le forgeron qui a créé la lame. Elle n’apparaît plus sur les lames qui ont été raccourcies. En revanche elle peut avoir été ajoutée par la main d’un autre. Ces contrefaçons historiques portent le nom de gimei (偽名).

 

Le "tsuba" désigne la garde du sabre permettant le passage de la lame par un interstice de forme plus ou moins triangulaire dénommé Nakago-ana. Le Nakago-ana se trouvait souvent flanqué de deux autres trous permettant le passage du Kôgaiet du Kozuka (voir Fig. n°1). Il vise tout à la fois à protéger et empêcher la main de glisser sur le tranchant du sabre ainsi que d'assurer l'équilibre de celui-ci en contrebalançant le poids de la lame.

A partir du XVIIe siècle au delà de la fonction purement utilitaire vient se juxtaposer une recherche de l'esthétisme, le tsuba devient une œuvre d'art à part entière. Il sert dès lors  à marquer l'appartenance sociale de son possesseur ainsi que d'exprimer ses idéaux et convictions. Il est ainsi possible de trouver des symboles chrétiens sur certains tsuba alors même que la religion chrétienne était proscrite sous Toyotomi Hideyoshi et totalement interdite à partir de 1613 sous Tokugawa Ieyasu.

Les tsubas sont fabriqués à partir d'une grande variété de métaux notamment en  fer, cuivre (rouge) et ses dérivés tels que  le cuivre jaune, bronze, shibuichi, shakudô, rogin mais aussi en or et/ou argent.

Chaque tsuba a une taille (5 à 10 cm), une tranche (Rim) et une forme particulière. Il est cependant possible d'identifier une dizaine de formes différentes: ronde (Marugata), "carrée" à angles arrondies (Kaku gata, Yuko Ito gata), quadrilobée (Moko gata, Tate Ito gata), rectangulaire (Aori gata)...

Il semble que les premier tsubas remontent au VIe siècle (Shitogi). De forme beaucoup plus simple (en forme de goutte d'eau) ils étaient généralement composés d'un alliage de cuivre ou de fer. Avant cette date certains tsubas devaient être importés (Hôju).  Il est encore possible aujourd'hui de trouver des artisans spécialisés dans la fabrication de tsubas.

Il est possible de classer les tsubas en fonction de leur "style" permettant d'identifier l'appartenance à une école, une période et/ou un facteur particulier. Certains tsubas étant signés il devient "aisé" d'en retracer l'histoire ou plutôt celle du facteur.

Il est possible de citer parmi les écoles les plus célèbres notamment celles de:

Asakusa: de la province d'Asakusa durant la période Edo;

Chôshû, Ônin, Tachikanagoshi, tôcho: écoles du XVIe siècle, respectivement caractérisées par (i) ses tsubas en fer (ii) ses décors de reliefs en appliqué (iii) l'utilisation de métal tendre avec des incrustations (iv) tusba en fer découpé pour les sabres de parade;

Gomoku-zôgan, Kaneie (fushimi), Shingen, Shôami : fin du XVIe siècle;

Gotô: école fondée par Gotô Yujô (1453-1512) caractérisé par un fond constitué de point en relief;

Heian-jô, Hôan, Kaga, Sukashi: début du XVIIe siècle. La dernière école citée étant "spécialisée" dans les tsubas en fer découpé;

Higo: fondée dans la province du même non par Hayashi Matashichi;

Jajushi kisaemon de la ville de Nagasaki et dont les tsuba ont une touche chinoise tout comme les tsubas de l'école de Sôten;

Kamakura de la ville de Kamakura dont les tsubas en fer sont influencés par l'art chinois, sculptés et laqués;

Kinai: en fer découpé; Ko-Kinko en métal tendre et aux décors chargés; Myochin: école créée au XVIIe siècle utilisant le fer forgé; Ôtuki (Tôkyô), Tanaka: écoles du XIXe siècle...

Chaque école a sa propre personnalité avec ses facteurs célèbres (Shimuzu Jingô, Kanô Matsuo...) et ses propres techniques de réalisation. Le  classement exposé ci-dessus n'est absolument pas exhaustif nous pourrions citer l'école de kamayama qui débuta sous la période Muromachi caractérisée pour ses tsubas en fer proche d'un autre style, celui d'Owari.

 

 

les armures

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Armure d'un nouveau type avec des lamelles rivetées Okegawado Tosei Gusoku

 

Les armures Japonaises

Éléments composant une armure de samouraï.

Les armures sont généralement constituées de plaques ou de lamelles reliées entre elles par un laçage coloré et des cordons. Une armure complète porte le nom de "gusoku."

Il était d'usage d'incorporer dans une armure des éléments d'armures plus anciennes. Il est donc assez rare de trouver une armure assemblée avec tous ses éléments d'origine.

Une armure de Samouraï se compose de huit éléments essentiels:
• le casque - kabuto
• le masque - mengu (protection de visage)
• la cuirasse – do
• les protections d'épaules - sode
• les brassards - kote
• la jupe – kusazuri
• la sous-jupe – haidate
• les jambières - suneate

Types d'armures de samouraï.

Il existait de nombreux types d’armures. L’armure à structure simple plus légère, composée de moins de plaques, était utilisée quotidiennement. Elle était plus facile à porter et à maintenir propre, ce qui était important pour la préservation des lacets.

Comme pour tout vêtement, les armures officielles étaient plus raffinées, ornées d’une multitude d’éléments décoratifs. Ces principes s’appliquaient également au kabuto (casque). Se différenciant des casques plus anciens (comportant jusqu'à une centaine de plaques rivetées), les modèles les plus récents ne possèdent qu'un nombre limité de plaques. Il n'est par ailleurs pas rare que le casque ne soit composé que d'une seule plaque métallique.

Ces casques étaient réalisés différemment selon les besoins du propriétaire (apparat, campagne militaire,...), le coût de fabrication pouvant varier considérablement.  Certains casques prirent une forme extrêmement travaillée, tels les kabuto kawari (casques à forme recherchée) pouvant prendre la forme d'animaux, d'esprits,....

Premières armures japonaises (1185-1603)

Les armures les plus anciennes qui datent de l'époque Yayoi (vers 300 av. J-C. / vers 250 ap. J.-C.), étaient constituées de bandes de fer lacées ou rivées les unes aux autres, ou formées de plusieurs petites plaques. L'armure multi-plaques, sans doute d'origine coréenne, a subi quelques évolutions pour devenir l’armure japonaise la plus courante. Les armures de ce type furent portées jusqu'au 9e siècle.

A l'époque Heian (794-1185), un système de conscription militaire fut institué. Quand celui-ci prit fin, l'armée fut remplacée par des troupes de seigneurs provinciaux, ce qui marqua l'émergence de la classe des samouraïs. L’armure de type oyoroi, plus élégante, apparut à cette époque.

Les règles qui encadraient alors le statut du samouraï avaient été formalisées à la création du shogunat, gouvernement de type militaire. Les armures évoluaient pour s’adapter aux besoins des fantassins, qui assistaient les Samouraïs de haut rang.

Au cours des époques Muromachi (1392-1573) et Momoyama (1573-1603), la guerre civile ravageait le pays. Le pouvoir passait des mains d'un daimyo à un autre. C'est à cette époque que les premiers Occidentaux arrivèrent au Japon. La structure de l'armure fut alors modifiée pour protéger les samouraïs des nouveaux types d’armes introduits par les étrangers.

Epoques Kamakura (1185-1333) et Nanbokucho (1333-1392)

Le premier gouvernement militaire du Japon fut établi au cours de l'époque Kamakura par le clan Minamoto lors de la guerre de Genpei (1180-1185). L'armure oyoroi connut son apogée à cette époque, lors de laquelle les batailles étaient principalement menées par des archers à cheval. Les armures étaient grandes et imposantes. Les casques, très ronds, étaient constitués de lamelles rivetées les unes aux autres.

L'époque Nanbokucho (1333-1392) fut une période marquée par la guerre. Deux cours impériales se partageaient le pouvoir. Deux types de cuirasses similaires virent le jour : l'haramaki et le domaru. Les deux enveloppent le tronc mais, la première se ferme dans le dos, la seconde sur le flanc droit. Toutes deux étaient composées de bandes de cuir et d'écailles de fer laqué indépendantes et entièrement tressées.

L'époque Muromachi (1392-1573)

Le Japon fut unifié sous le shogunat des Ashikagas à Kyoto, au début de l’époque Muromachi. Toutefois, la guerre civile éclata peu de temps après et le pays fut plongé dans « l'Âge des Provinces en Guerre » (Sengoku jidai), période qui dura plus d'un siècle (1467-1603). Les fantassins continuèrent à porter l'armure domaru. Le casque de type akodanari de forme bombée et potelée, évoquant un melon, fut conçu à cette époque et couramment utilisé.

En 1543, des marins portugais arrivèrent au sud du Japon, apportant avec eux des fusils à mèche. Les armuriers japonais commencèrent à produire une arme similaire, le teppo. Ils créèrent alors des cuirasses constituées de plaques de métal plus épaisses et d’un seul tenant pour résister à l’épreuve des balles.

L'époque Momoyama (1573-1603)

En 1582, le daimyo Toyotomi Hideyoshi assiégea le château de Momoyama (à Kyoto). Il tenta par deux fois d'envahir la Corée en vain. Ces invasions mobilisaient un nombre important de soldats et d’armures. Les armuriers cherchèrent donc des moyens pour simplifier la fabrication de l’armure. Ils remplacèrent les écailles par une structure en métal d’un seul tenant, découpée pour simuler l'aspect des écailles individuelles et supprimèrent ainsi une technique de fabrication longue et onéreuse.

Cette période flamboyante dans les arts se traduisit par des armures aux formes variées loin des canons esthétiques habituels. Les casques, appelés kawari kabuto, prirent une multitude de formes hautes. Avec l'arrivée des premiers Occidentaux et des armes à feu, la fabrication des cuirasses en métal se généralisa afin d’assurer une protection contre les balles. L’impact du nanban (influence étrangère) contribua à modifier les formes de l’armure, et ce jusqu’à la fin de l’époque Edo (1603-1868).

Les armes à feu jouèrent un rôle déterminant dans la grande bataille de Sekigahara (1600), où la victoire de Tokugawa Ieyasu marqua un tournant crucial dans l'histoire du Japon, menant à son unification.

L'époque Edo – Ere des Tokugawa (1603-1868)

En 1603, Tokugawa Ieyasu, premier shogun de la dynastie Tokugawa établit sa cour dans la ville d’Edo (aujourd'hui Tokyo). En 1615, la ville d’Osaka tomba et l'unification du Japon par le shogunat fut complète.

Le Japon resta unifié pendant les règnes successifs de la dynastie Tokugawa, soit près de trois siècles. Pendant cette période de paix relative, l'armure devint progressivement à usage cérémoniel.

Sa fabrication fit alors l'objet d'un plus grand raffinement artistique. A cette époque, le système appelé Sakin Kotai fut mis en place : il exigeait que les daimyo aient une résidence à Edo, qu'ils devaient occuper une année sur deux. À leur départ, comme à leur arrivée, de grandes processions cérémonielles avaient lieu, ce qui leur permettait d’exhiber leur armure comme signe extérieur de leur richesse.

Pendant cette période, l'influence du christianisme importé par les missionnaires portugais devint trop pressante pour le gouvernement japonais. En 1635, les frontières du Japon furent fermées et la pratique de cette religion interdite.

En l'absence de guerre et de nouvelle influence étrangère, les armuriers s'inspirèrent de styles anciens. L'oyoroi ainsi que l'armure domaru revinrent à la mode. En 1853, le Commodore américain, Matthew Perry, entra dans la baie d'Edo et fit, par pression, signer un accord historique sur les relations commerciales entre le Japon et les États-Unis. Ceci a, par la suite, conduit à la réouverture des frontières japonaises et permit le développement du japonisme en Occident. En 1868, la restauration de Meiji eut lieu et le Japon fut de nouveau dirigé par un empereur. La loi de 1876 qui interdit la porte du sabre marque la fin de l’époque des Samouraïs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

14 janvier 2009

dites lui.......

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Faites-lui mes aveux,
Portez mes voeux,
Fleurs écloses près d'elle,
Dites-lui qu'elle est belle...
Que mon coeur nuit et jour
Languit d'amour!
Révélez à son âme
Le secret de ma flamme!
Qu'il s'exhale avec vous!
Parfums plus doux!
[Il cueille une fleur.]
Fanée!... hélas!
[Il jette la fleur avec dépit.]
Ce sorcier, que Dieu damne
M'a porté malheur!
[Il cueille une autre fleur qui s'effeuille encore.]
Je ne puis, sans qu'elle se fane
Toucher une fleur!...

faust
















30 janvier 2013

premier serial killer....

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H. H. Holmes

 

H.H. Holmes
Information
Nom de naissance Herman Webster Mudgett
Surnom H.H. Holmes, Docteur Henry Howard Holmes
Naissance 16 mai 1860
Gilmanton, New Hampshire, (États-Unis)
Décès 7 mai 1896 (à 35 ans)
Prison de Moyamensing, Philadelphie, Pennsylvanie, (États-Unis)
Cause du décès Pendaison
Sentence Peine capitale
Meurtres
Nombre de victimes Entre 27 et 100 (probablement 200)
Période 1888 - 1894
Pays États-Unis, Canada
États Chicago, Illinois, Irvington, Indiana, Philadelphie, Pennsylvanie et Toronto, Ontario
Arrestation 17 novembre 1894

Herman Webster Mudgett ou H. H. Holmes (16 mai 1860 - 7 mai 1896), plus connu sous le pseudonyme de Docteur Henry Howard Holmes, est un tueur en série américain. Holmes captura et tua probablement une centaine de clients à son hôtel de Chicago, qu'il avait ouvert à l'occasion de l'Exposition universelle de 1893. Il avoua vingt-sept meurtres, bien que seulement neuf aient été confirmés, mais on pense tout de même qu'il en aurait en réalité commis plus d'une centaine. Holmes est souvent considéré comme le premier tueur en série américain.

L'affaire était célèbre en son temps, et reçut beaucoup de publicité grâce à une série d'article du journal de William Randolph Hearst. L'intérêt pour les crimes de Holmes fut ravivé en 2003 par le best-seller The Devil in the White City (sorti en France en 2011 sous le titre Le Diable dans la ville blanche aux éditions du Cherche Midi), qui juxtapose les évènements de l'Exposition universelle de 1893 avec l'histoire de Holmes. En 2004, le cinéaste John Borowski réalisa le premier film documentaire centré sur la vie entière du Docteur torture, intitulé H. H. Holmes: America's first serial killer et un livre intitulé The strange case of Dr H.H. Holmes, qui contient Holmes' Own Story (« la propre histoire de Holmes ») et The Holmes-Pitezel Case (« l'affaire Holmes-Pitezel »), ainsi que d'autres histoires vraies contemporaines de l'affaire. En plus, l'histoire de Mudgett a été très récemment racontée dans une biographie de Harold Schechter intitulée Pervers : L'histoire vraie définitive de H.H. Holmes, dont les crimes grotesques ont bouleversé le tournant du siècle de Chicago.

 

Biographie

Jeunesse et vie privée

Mudgett est né à Gilmanton dans l’état du New Hampshire Ses parents, Levi Horton Mudgett et Theodate Page Price, étaient tout deux descendants des premiers pionniers de cette région. D’après le profil "Most Evil" de Holmes de 2007, son père était un alcoolique violent et sa mère une fervente méthodiste qui lisait la bible à Herman. Il prétend que, lors de son enfance, des camarades de classe l’ont forcé à voir et toucher un squelette humain après avoir appris sa peur du docteur local. Les tyrans l’amenèrent là initialement pour lui faire peur, mais Mudgett fut plutôt fasciné, et devint rapidement obsédé par la mort.

Mudgett eut un diplôme d'assistant pharmacien et fabriqua par la suite un faux diplôme du département de médecine de l’Université du Michigan en 1884 pour pouvoir exercer en tant que médecin. Alors qu’il y étudiait, Mudgett volait des corps du laboratoire et les défigurait, pour ensuite prétendre que les gens avaient été tués accidentellement dans le but d’obtenir de l’argent des assurances sur des polices qu’il avait prises sur chacune des personnes décédées. Après son diplôme, il déménagea à Chicago afin de poursuivre une carrière en pharmaceutique. Dès sa jeunesse, il prit le nom de H. H. Holmes. C’est d’ailleurs sous ce nom qu’il étudia et s’engagea également dans plusieurs compagnies nébuleuses, dans l’immobilier et des affaires promotionnelles.

Le 4 juillet 1878, Holmes épousa Clara Lovering à Alton dans le New Hampshire ; leur fils, Robert Lovering Mudgett, vit le jour le 3 février 1880 à Loudon dans le New Hampshire. Il est à noter qu'à l'âge adulte, Robert devint expert-comptable et fut le directeur général d’Orlando en Floride.

Le 28 janvier 1887, alors qu'il était encore marié à Clara, Holmes épousa Myrta Belknap à Minneapolis au Minnesota ; ils eurent une fille, Lucy Theodate Holmes, qui vit le jour le 4 juillet 1889 à Englewood dans l’Illinois6. Elle devint par la suite enseignante.

Holmes vivait avec Myrta et Lucy à Wilmette dans l’Illinois, et passait la majorité de son temps à Chicago pour son travail. Il fit la demande pour obtenir le divorce de Clara après s’être marié avec Myrta, mais le divorce ne fut finalisé qu’en 1891, soit plus de quatre ans après son deuxième mariage. Le 9 janvier 1894, il épousa Georgiana Yoke à Denver au Colorado alors qu’il était encore marié à Myrta. Il entretint également une relation avec Julia Smythe, la femme d’un de ses anciens employés ; Julia devint plus tard une des victimes de Holmes. Polygame et continuant ses escroqueries à l'assurance, il a jusqu'à sept identités différentes.

Chicago et le « Château des meurtres »

Alors qu’il était à Chicago lors de l’été 1886, Holmes passait devant la pharmacie de Dr. E.S. Holton, au coin des rues S. Wallace et W. 63rd, dans le voisinage de Englewood. Holton étant atteint d'un cancer, c’est sa femme qui s’occupe du commerce.

De plus en plus occupée, la femme du Dr. Holton engage Holmes comme assistant. Après quelques mois à peine, Holmes apparaît comme le parfait assistant et plaît énormément à Mme Holton, dont le commerce ne cesse de s’élargir et qui en fait son gérant. En 1887, après la mort de son mari, Mme Holton vend le commerce à Holmes. Lorsque Mme Holton engage un avocat pour poursuivre Holmes qui ne paye pas ses traites, elle disparaît mystérieusement4. Alors que les gens s'interrogent sur le retour éventuel de l’ancienne propriétaire, Holmes ne fait que mentionner que cette dernière est partie en Californie et qu’elle n’a laissé aucune adresse ou numéro de téléphone.

Par la suite, Holmes acheta un terrain en face de la pharmacie, où il construisit un immense édifice de trois étages que les gens du voisinage qualifieront de « château ». Cet édifice ouvrit comme hôtel pour l’exposition universelle de 1893, avec une partie de la structure utilisée à des fins commerciales. Le rez-de-chaussée du Château comprenait la pharmacie relocalisée de Holmes et une variété de magasins, alors que les deux étages du dessus comprenaient le bureau de Holmes ainsi que plus de 100 chambres sans fenêtres avec des portes s’ouvrant sur des murs de briques, des couloirs avec des angles étranges, des escaliers ne menant nulle part, des trappes, des portes s’ouvrant seulement de l’extérieur, des tuyaux d'arrivée de gaz ainsi qu’une foule de constructions étranges et labyrinthique. Holmes changea de constructeur à plusieurs reprises afin d'être le seul à comprendre pleinement la disposition de la maison, et ainsi affaiblir les chances d’être signalé à la police.

Après la fin de construction de l’hôtel, Holmes choisit ses victimes, principalement des femmes, parmi ses employés. Plusieurs d’entre eux avaient d’ailleurs été obligés de sortir leurs polices d’assurance-vie pour lesquels Holmes allait payer la prime et ainsi devenir le bénéficiaire. Ses victimes incluaient aussi des amies de cœur ainsi que des touristes qui venaient trouver refuge dans l’hôtel. Il les torturait, puis les tuait. Certaines des victimes étaient enfermées dans des chambres insonorisées munies de lignes de gaz qui lui permettait de les asphyxier à n’importe quel moment. D’autres victimes étaient enfermées dans un énorme coffre-fort insonorisé près de son bureau où elles étaient laissées à suffoquer.

Les corps des victimes étaient jetés par une chute secrète vers le sous-sol où certains étaient méticuleusement disséqués, écorchés, puis transformés en modèles de squelettes pour ensuite être vendus à des écoles de médecine. Holmes pratiquait aussi la crémation de certains corps, ou les plaçait à des endroits servant à produire le cuir pour destruction. Holmes avait également deux fournaises géantes ainsi que des bacs remplis d’acide, des bouteilles de différents poisons, et même un appareil de torture servant à étirer le corps humain. Via les connexions qu’il s’était faites durant ses études en médecine, il vendait les squelettes et organes sans difficulté.

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Capture et arrestation

Le 17 novembre 1894 Holmes est arrêté à Chicago après avoir été traqué depuis Philadelphie par la Pinkerton National Detective Agency. Il est détenu à ce moment-là sur mandat pour vol de chevaux, sous le nom d'Howard. Libéré, il est dénoncé par Marion Hedgepeth, un compagnon de cellule qui n'a pas touché sa part dans une escroquerie, et révèle à la police son vrai nom.

Par la suite, le gardien au château informe la police qu'il n'a jamais été autorisé à nettoyer les étages supérieurs. Les enquêteurs commencent à mener des investigations pour finalement découvrir les méthodes d'exécution de Holmes et sa façon de faire disparaître les corps.

Le 19 août 1895, un incendie d'origine inconnue ravage le bâtiment. Actuellement, le site est occupé par l'United States Post Office.

Le nombre des victimes de Holmes a été estimé entre 20 et 100, avec une possibilité de 200. Sur la base des rapports de l'époque sur les personnes disparues, les témoins interrogés, qui étaient les voisins de Holmes, ont déclaré avoir vu Holmes plusieurs fois accompagné de jeunes femmes, sans jamais voir ces dernières ressortir de chez lui.

L'écart entre les chiffres concernant les victimes sont attribués à L'Exposition universelle de 1893 à laquelle un grand nombre de personnes sont venues assister, mais pour certaines ne sont jamais reparties. Selon la police, le nombre exact est de 27 victimes, bien que les corps retrouvés étaient dans un tel état de démembrement et de décomposition qu'il était difficile de dire combien de victimes il y avait exactement. Parmi les victimes, il y avait en majorité des femmes blondes, mais aussi des hommes et des enfants.

Procès et exécution

Holmes a avoué après sa condamnation 27 meurtres à Chicago, Indianapolis et Toronto, ainsi que 6 tentatives de meurtres. Holmes a été payé 7500 dollars de l'époque (197 340 dollars aujourd'hui) par Les Journaux de Hearst en échange de sa confession. Holmes donna divers récits contradictoires sur sa vie, affirmant d'abord être innocent, puis qu'il était possédé par Satan. La facilité avec laquelle Holmes mentait mettait en difficulté les chercheurs pour savoir la vérité sur ses déclarations.

Le 7 mai 1896 Holmes est pendu à la Prison de Moyamensing, également connue comme étant la Prison du Comté de Philadelphi. Au moment d'être pendu, Holmes ne montre aucun signe de peur, d'anxiété ou de dépression. Lors de la pendaison, le cou de Holmes ne cassa pas immédiatement. Il mit plus de quinze minutes à mourir, et fut déclaré mort vingt minutes après avoir été pendu.

Les dernières volontés de Holmes étaient que son corps soit enterré dans le béton pour que personne ne puisse venir le mutiler comme il l'avait fait avec ses victimes. La demande a été accordée.

En 2011, Jeff Mudgett, l'arrière petit-fils d'Holmes écrit le livre Bloodstains se disant inspiré de journaux intimes transmis de génération en génération dans la famille. Dans cet ouvrage, il affabule, prétendant qu'H.H. Holmes serait également Jack l'Éventreur

 

Anatomistes et résurrectionnistes

Personne ne contestera le fait que la recherche médicale est une discipline nécessaire qui permet de sauver de nombreuses vies humaines. Néanmoins son histoire est peuplée de zones sombres qui ont marqué les esprits. Ainsi, au 19ème siècle, l'avancée des connaissances anatomiques s'est-t-elle faite au détriment de quelques vies humaines. Se procurer des sujets d'étude était, en effet, devenue un véritable casse-tête, d'autant que le système de réfrigération que nous connaissons aujourd'hui était inexistant. Mais pour les ressurectionnistes, la mort est devenu une entreprise très lucrative. Parmi ces pourvoyeurs de cadavres, certains n'ont pas hésité à commettre des meurtres pour répondre à la demande de leurs clients anatomistes.

 

En 1543, André Vésale (1514-1564) publie un ouvrage monumental, De humani corporis fabrica (Sur le fonctionnement du corps humain), qui souligne l’importance de la dissection. Ce travail novateur révolutionne l'anatomie humaine et entraîne une résurgence de la dissection à vocation scientifique. En Europe du Sud, apparaissent les premiers théâtres anatomiques, conçus d'abord comme des structures démontables. Les dissections publiques attirent un large public qui s'étend bien au-delà des seuls médecins et étudiants. Les théâtres se pérennisent et des structures permanentes apparaissent dans toute l'Europe (Copenhague en 1640, Madrid vers 1689, Amsterdam en 1691, Berlin en 1720...) et jusqu'aux États-Unis. Les connaissances anatomiques progressent au même rythme, si bien qu'à la fin du 18ème siècle, les médecins ont finalisé la description du corps humain et établi les bases de l'histologie. Cette évolution des sciences médicales entraîne un accroissement de la demande en corps humains.
Jusqu'au 19ème siècle, les dissections sont réalisées essentiellement sur les cadavres de condamnés à mort. Or, la peine capitale n'est pas si fréquente et ce système ne permet pas de répondre à la demande croissante des écoles de médecine. En Angleterre, par exemple, il faut attendre l'Anatomy Act de 1832 pour voir s'étendre légalement les dons de cadavres aux personnes décédées dont les corps n'ont pas été réclamés par des proches ou aux personnes n'ayant pas les moyens de se payer une sépulture décente. Par ailleurs, la pratique de l'anatomie est désormais soumise à l'obtention d'une licence émanant du Home Secretary (le ministère de l'intérieur). Cette loi a été votée en réponse à un scandale sans précédent, l'affaire Burke & Hare qui devait ruiner la carrière de leur renommé client, le Dr. Robert Knox, professeur d'anatomie à la Barclay's Anatomy School à Édimbourg.

William Burke et William Hare, sont deux immigrants irlandais venus d'Ulster à Edimbourg pour se faire embaucher comme journaliers à New Union Canal. Ils trouvent un logement chez Maggie Laird et Nell Macdougal, deux femmes de petite vertue, installées dans le sordide quartier de West Port. La journée, les deux associés se donnent l'apparence d'honnêtes ouvriers, tandis que la nuit, ils se livrent à des activités bien plus sinistres et profitables: la profantion de tombes, le vol de cadavres et le meurtre. Leur méthode est si méticuleuse et innovante, qu'elle s'inscrira plus tard dans les archives sous le label de Burking.
Burke et Hare choisissent leurs victimes parmi les déshérités qui errent dans la vieille ville d'Édimbourg. Afin de ne pas endommager les cadavres, les deux complices mettent au point leur propre technique d'étouffement qui consiste à comprimer la cage thoracique de leurs victimes. Au cours de l'année 1828, ils assassinent au moins 16 personnes et revendent les corps au docteur Knox qui les payent entre 8 et 14£ (9 et 16 euros environ). Les autorités sont finalement alertées par les étudiants de l'école de médecine après l'assassinat d'une certaine Mme Docherty. Ils ont, en effet, reconnu l'une des résidentes du quartier gisant sur leur table de dissection. Burke, qui connaissait la victime, est seul convaincu de meurtre. Par ailleurs, ses complices, William Hare et Maggie Laird, ont témoigné contre lui. Il est pendu le 28 janvier 1829 et, ironie de l'histoire, son corps est donné à une école d'anatomie puis exposé à l'Université de Médecine.

Dans la plupart des cas, fort heureusement, la ressurectionistes se contentaient de déterrer les cadavres dans les cimetières. Cette pratique existe dès le 18ème siècle mais au 19ème siècle un intense trafic de contrebande se développe, notamment entre l'Irlande, la Grande-Bretagne et l'Écosse. Selon le professeur Sylvio Leblond (1901-1990), spécialiste de l'histoire de la médecine, les écoles d'anatomie payent les corps entre deux et 14 guinés à Londres. Il évoque, par exemple, le témoignage du professeur James Macartney (1770-1843), professeur d'anatomie au Trinity Collège à Dublin. En 1828, il comparait devant la Chambre des Communes à Londres et raconte comment les étudiants irlandais se procurent du matériel de dissection. Déguisés de haillons et équipés d'un cercueil remplis de pierres, ils se rendent dans les cimetières, se mêlent aux cortèges funéraires et se débrouillent pour échanger les bières.
Le vol de cadavres a été pratiqué dans de nombreux autres pays comme la France (où les ressurectionnistes étaient appelés des Corbeaux) ou le Canada, et notamment dans la ville et la Province de Québec, ainsi qu'à Montréal. Dans un article intitulé Anatomistes et résurrectionnistes au Canada, le docteur Leblond a écrit : « Le Canadien du 10 février 1840 raconte qu'un cadavre en état de nudité complète, a l'exception d'un sac ou il était renfermé, a été trouvé ce matin dans une allée près du marché St-Paul. II paraît qu'il avait été enlevé au cimetière de l'Hôpital de la Marine et des Émigrés par des gens qui font métier de vendre des corps aux étudiants en médecine. On dit qu'il a été commis depuis quelque temps, un grand nombre des ces violations de sépulture dans différents cimetières de la ville et nous apprenons avec plaisir que Messieurs les marguillers ainsi que la police, offrent des récompenses pour l'appréhension de ceux qui exercent une industrie si révoltante. Le même journal annonce le 18 février 1843:"Avis aux étudiants en médecine: Après huit heures, au cimetière, on tire!".

 

On pourrait multiplier ainsi les exemples de médecins, étudiants, fossoyeurs, gangs et autres particuliers qui se sont livrés à ces macabres exactions. Le phénomène finit néanmoins par alerter le législateur et des mesures sont prises par les différents gouvernements pour y mettre fin (mais avec plus ou moins de succès). On a vu qu'à Londres, le 1er août 1832, la Chambre des Communes vote l'Anatomy Act, qui sera ensuite ratifié par la Chambre des Lords. Au Canada, le Medical Act ratifié en 1788, est complété en 1843 par une loi visant à réguler et faciliter l'étude de l'anatomie mais qui n'est pas appliquée. L'Acte d'Anatomie de 1883 oblige finalement les hôpitaux et hospices à remettre leurs morts non réclamés aux salles de dissection des écoles de médecine. Cependant, il faut encore attendre l'intervention du Cardinal Taschereaux pour que les vols de cadavres cessent au Québec. Aux États-Unis, la première loi régissant la pratique de l'Anatomie date de 1831. Elle est votée dans le Massachussets. En 1878, après l'Affaire Harrison (dont le tombeau a été profané), les autorités de l'Ohio aux États-Unis, sont inondées de pétitions qui les forcent à présenter un édit de régulation de l'étude anatomique. Il faut toutefois attendre 1881 pour que l'acte soit approuvé par une commission de révision au sénat.

 

 

 

 

11 juillet 2013

mort et erotisme....

 

 

 

 

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Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!

Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!

Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

 

 


J'ai rêvé de toi cette nuit :
Tu te pâmais en mille poses
Et roucoulais des tas de choses…


Et moi, comme on savoure un fruit,
Je te baisais à bouche pleine
Un peu partout, mont, val ou plaine.


J’étais d’une élasticité,
D’un ressort vraiment admirable :
Tudieu, quelle haleine et quel râble !


Et toi, chère, de ton côté,
Quel râble, quelle haleine, quelle
Élasticité de gazelle…


Au réveil ce fut, dans tes bras,
Mais plus aiguë et plus parfaite,
Exactement la même fête !

verlaine

 

Soleil et Chair
 (Credo in Unam)


I

Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie,
Verse l'amour brûlant à la terre ravie,
Et, quand on est couché sur la vallée, on sent
Que la terre est nubile et déborde de sang ;
Que son immense sein, soulevé par une âme,
Est d'amour comme Dieu, de chair comme la femme,
Et qu'il renferme, gros de sève et de rayons,
Le grand fourmillement de tous les embryons !

Et tout croît, et tout monte !

- O Vénus, ô Déesse !
Je regrette les temps de l'antique jeunesse,
Des satyres lascifs, des faunes animaux,
Dieux qui mordaient d'amour l'écorce des rameaux
Et dans les nénuphars baisaient la Nymphe blonde !
Je regrette les temps où la sève du monde,
L'eau du fleuve, le sang rose des arbres verts
Dans les veines de Pan mettaient un univers !
Où le sol palpitait, vert, sous ses pieds de chèvre ;
Où, baisant mollement le clair syrinx, sa lèvre
Modulait sous le ciel le grand hymne d'amour ;
Où, debout sur la plaine, il entendait autour
Répondre à son appel la Nature vivante ;
Où les arbres muets, berçant l'oiseau qui chante,
La terre berçant l'homme, et tout l'Océan bleu
Et tous les animaux aimaient, aimaient en Dieu !

Je regrette les temps de la grande Cybèle
Qu'on disait parcourir, gigantesquement belle,
Sur un grand char d'airain, les splendides cités ;
Son double sein versait dans les immensités
Le pur ruissellement de la vie infinie.
L'Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie,
Comme un petit enfant, jouant sur ses genoux.
- Parce qu'il était fort, l'Homme était chaste et doux.

Misère ! Maintenant il dit : Je sais les choses,
Et va, les yeux fermés et les oreille closes.
- Et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux ! l'Homme est Roi,
L'Homme est Dieu ! Mais l'Amour, voilà la grande Foi !
Oh ! si l'homme puisait encore à ta mamelle,
Grande mère des dieux et des hommes, Cybèle ;
S'il n'avait pas laissé l'immortelle Astarté
Qui jadis, émergeant dans l'immense clarté
Des flots bleus, fleur de chair que la vague parfume,
Montra son nombril rose où vint neiger l'écume,
Et fit chanter, Déesse aux grands yeux noirs vainqueurs,
Le rossignol aux bois et l'amour dans les coeurs !


II

Je crois en toi ! Je crois en toi ! Divine mère,
Aphrodite marine ! - Oh ! la route est amère
Depuis que l'autre Dieu nous attelle à sa croix ;
Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c'est en toi que je crois !
- Oui, l'Homme est triste et laid, triste sous le ciel vaste.
Il a des vêtements, parce qu'il n'est plus chaste,
Parce qu'il a sali son fier buste de dieu,
Et qu'il a rabougri, comme une idole au feu,
Son corps Olympien aux servitudes sales !
Oui, même après la mort, dans les squelettes pâles
Il veut vivre, insultant la première beauté !
- Et l'Idole où tu mis tant de virginité,
Où tu divinisas notre argile, la Femme,
Afin que l'Homme pût éclairer sa pauvre âme
Et monter lentement, dans un immense amour,
De la prison terrestre à la beauté du jour,
La Femme ne sait plus même être Courtisane !
- C'est une bonne farce ! et le monde ricane
Au nom doux et sacré de la grande Vénus !

 

III


Si les temps revenaient, les temps qui sont venus !

- Car l'Homme a fini ! l'Homme a joué tous les rôles !
Au grand jour, fatigué de briser des idoles
Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux,
Et, comme il est du ciel, il scrutera les cieux !
L'idéal, la pensée invincible, éternelle,
Tout ; le dieu qui vit, sous son argile charnelle,
Montera, montera, brûlera sous son front !
Et quand tu le verras sonder tout l'horizon,
Contempteur des vieux jougs, libre de toute crainte,
Tu viendras lui donner la Rédemption sainte !
- Splendide, radieuse, au sein des grandes mers
Tu surgiras, jetant sur le vaste Univers
L'Amour infini dans un infini sourire !
Le Monde vibrera comme une immense lyre
Dans le frémissement d'un immense baiser !

- Le Monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser.
....................................................

O ! L'Homme a relevé sa tête libre et fière !
Et le rayon soudain de la beauté première
Fait palpiter le dieu dans l'autel de la chair !
Heureux du bien présent, pâle du mal souffert,
L'Homme veut tout sonder, - et savoir ! La Pensée,
La cavale longtemps, si longtemps oppressée
S'élance de son front ! Elle saura Pourquoi !...
Qu'elle bondisse libre, et l'Homme aura la Foi !
- Pourquoi l'azur muet et l'espace insondable ?
Pourquoi les astres d'or fourmillant comme un sable ?
Si l'on montait toujours, que verrait-on là-haut ?
Un Pasteur mène-t-il cet immense troupeau
De mondes cheminant dans l'horreur de l'espace ?
Et tous ces mondes-là, que l'éther vaste embrasse,
Vibrent-ils aux accents d'une éternelle voix ?
- Et l'Homme, peut-il voir ? peut-il dire : Je crois ?
La voix de la pensée est-elle plus qu'un rêve ?
Si l'homme naît si tôt, si la vie est si brève,
D'où vient-il ? Sombre-t-il dans l'Océan profond
Des Germes, des Foetus, des Embryons, au fond
De l'immense Creuset d'où la Mère-Nature
Le ressuscitera, vivante créature,
Pour aimer dans la rose, et croître dans les blés ?...

Nous ne pouvons savoir ! - Nous sommes accablés
D'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères !
Singes d'hommes tombés de la vulve des mères,
Notre pâle raison nous cache l'infini !
Nous voulons regarder : - le Doute nous punit !
Le doute, morne oiseau, nous frappe de son aile...
- Et l'horizon s'enfuit d'une fuite éternelle !...
.......................................................

Le grand ciel est ouvert ! les mystères sont morts
Devant l'Homme, debout, qui croise ses bras forts
Dans l'immense splendeur de la riche nature !
Il chante... et le bois chante, et le fleuve murmure
Un chant plein de bonheur qui monte vers le jour !...
- C'est la Rédemption ! c'est l'amour ! c'est l'amour !...
........................................................


IV


O splendeur de la chair ! ô splendeur idéale !
O renouveau d'amour, aurore triomphale
Où, courbant à leurs pieds les Dieux et les Héros,
Kallipyge la blanche et le petit Éros
Effleureront, couverts de la neige des roses,
Les femmes et les fleurs sous leurs beaux pieds écloses !
- O grande Ariadné, qui jette tes sanglots
Sur la rive, en voyant fuir là-bas sur les flots,
Blanche sous le soleil, la voile de Thésée,
O douce vierge enfant qu'une nuit a brisée,
Tais-toi ! Sur son char d'or brodé de noirs raisins,
Lysios, promené dans les champs Phrygiens
Par les tigres lascifs et les panthères rousses,
Le long des fleuves bleus rougit les sombres mousses.
- Zeus, Taureau, sur son cou berce comme une enfant
Le corps nu d'Europé, qui jette son bras blanc
Au cou nerveux du Dieu frissonnant dans la vague.
Il tourne lentement vers elle son oeil vague ;
Elle, laisse traîner sa pâle joue en fleur
Au front de Zeus ; ses yeux sont fermés ; elle meurt
Dans un divin baiser, et le flot qui murmure
De son écume d'or fleurit sa chevelure.
- Entre le laurier-rose et le lotus jaseur
Glisse amoureusement le grand Cygne rêveur
Embrassant la Léda des blancheurs de son aile ;
- Et tandis que Cypris passe, étrangement belle,
Et, cambrant les rondeurs splendides de ses reins,
Étale fièrement l'or de ses larges seins
Et son ventre neigeux brodé de mousse noire,
- Héraclès, le Dompteur, qui, comme d'une gloire
Fort, ceint son vaste corps de la peau du lion,
S'avance, front terrible et doux, à l'horizon !

Par la lune d'été vaguement éclairée,
Debout, nue, et rêvant dans sa pâleur dorée
Que tache le flot lourd de ses longs cheveux bleus,
Dans la clairière sombre, où la mousse s'étoile,
La Dryade regarde au ciel silencieux...
- La blanche Séléné laisse flotter son voile,
Craintive, sur les pieds du bel Endymion,
Et lui jette un baiser dans un pâle rayon...
- La Source pleure au loin dans une longue extase...
C'est la nymphe qui rêve, un coude sur son vase,
Au beau jeune homme blanc que son onde a pressé.
- Une brise d'amour dans la nuit a passé,
Et, dans les bois sacrés, dans l'horreur des grands arbres,
Majestueusement debout, les sombres Marbres,
Les Dieux, au front desquels le Bouvreuil fait son nid,
- Les Dieux écoutent l'homme et le Monde infini !



- 29 avril 1870 -




rimbaud

 

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