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sammael world
1 février 2008

gentil-homme.....

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Gentil-homme plein de qualitées

Aristocratie du verbe

Plein de manières empruntées

Qui rendent ses paroles acerbes

Il a errer dans les bas fonds

Esperant une nouvelle noblesse

Un chemin vers un nouveau pont

Un passage pour oublier sa bassesse

Mais il n'y a rien que le vide

Simplement une autre histoire

Mais il reste la, livide

Juste un autre soir sans espoir.......

S.

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22 janvier 2012

ossements....

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Les ossuaires, un peu d’histoire…
Selon Philippe Ariès*, la coexistence des vivants et des morts était inconnue dans l’Antiquité. En effet, on redoutait alors le voisinage des morts, tenus à l’écart et honorés mais hors des murs d’enceinte de la ville. L’entrée des morts dans les villes provient du culte des martyrs. D’abord enterrés dans des nécropoles extra-urbaines, la vénération dont ils font l’objet s’assortit d’une volonté d’être inhumé à leurs côtés, afin d’être protégé. De même, durant tout le Moyen-Age, la volonté d’être enterré « ad sanctos », c’est-à-dire près des saints, conduit les plus pieux et les plus riches à se faire enterrer à l’intérieur même des églises, et les plus pauvres tout autour, comme le prouvent encore certaines anciennes églises de village en France et le fameux « church yard » anglais, qui combine église et cimetière. De fait, quand la terre du cimetière rendait des ossements ou lors du creusement de nouvelles fosses, on rangeait respectueusement les ossements des défunts ou encore les jetait-on en vrac dans un ossuaire.

Des galeries et des niches extérieures remplies d’os pieusement conservés
Parfois décorée de motifs religieux ou macabres, cette modeste construction avait souvent la forme d'une petite maison adossée au mur de l'église ou placée dans un coin du cimetière. Le désir d'être enterré le plus près possible des églises, lorsqu'on ne pouvait l'être dans son enceinte même, faisait rapprocher les tombes des fondations «sous l'égout du toit.» Des ossuaires étaient donc habituellement disposés entre les contreforts des nefs, comme pour satisfaire au vœu habituel des mourants. C'est ce qui explique pourquoi les galeries de cloître accolées aux églises étaient, du côté opposé à la claire-voie, percées d'enfoncements, de réduits, sortes d'armoires, dans lesquels on rangeait les ossements rendus au jour par la bêche du fossoyeur. Sur les parois des églises, et même des deux côtés de leur porte principale, on pratiquait ainsi des enfoncements abrités par un bout de galerie de cloître, et dans ces enfoncements garnis de grilles serrées, on jetait les ossements dont regorgeait la terre des cimetières. Un ossuaire de ce genre existait sur l'un des côtés de la façade de l'église de Fleurance (Gers).

Dans les églises, les morts composent le sol et les murs

Si on construisait des ossuaires en dehors des églises, on devait en avoir aussi pour l'intérieur, car on n'aurait pas voulu rejeter au dehors des ossements de fidèles découverts à l'intérieur. Mais comme on ne devait exhiber à l'intérieur de l'église que les restes de personnages saints, on plaçait les os sortis d'anciennes sépultures inconnues dans de petits caveaux, dans certaines parties des cryptes, ou dans des trous pratiqués à travers les maçonneries et murés. Cet usage était fréquent chez les religieux et, en réparant de vieux murs d'églises abbatiales, de ces réduits murés entièrement remplis d'ossements humains provenant évidemment de plusieurs corps ont été mis à jour. Plus souvent, l'ossuaire formait comme une chapelle percée d'une quantité de petites baies, à travers lesquelles on apercevait les ossements accumulés peu à peu à l'intérieur. La Bretagne conserve encore un assez grand nombre d'ossuaires qui datent des XVe et XVIe siècles et l'on n'a pas cessé d'y déposer des ossements; quelques-uns en sont remplis jusqu'au comble. Lorsque les ossements exhumés par le creusement de nouvelles fosses appartiennent à des morts auxquels on a pu donner un nom, les familles font enfermer le chef, le crâne du mort, dans une petite boîte surmontée d'une croix, et ces boîtes sont posées sur l'appui des nombreuses baies de l'ossuaire. Le visuel représente une vue de l'ossuaire du Faouët (Finistère), qui se trouve accolé à l'église et donne sur le cimetière.

Dans des églises des provinces méridionales, surtout dans le pays basque, à l'extérieur des absides des églises rurales entourées de leur cimetière, il y a des niches pratiquées sous les appuis des fenêtres et dans lesquelles se trouvent rangés avec soin des crânes recueillis en remuant la terre sainte. Les caveaux pratiqués sous certaines parties des églises servaient quelquefois aussi d'ossuaires. L'ossuaire était donc un lieu sacré dans lequel s'affirmait la solidarité entre les vivants et les morts. Les paroissiens s'y rendaient pour prier pour leurs défunts et accomplir un ensemble de rites hautement symboliques. On y allait en procession, des bougies y étaient allumées à certains moments de l'année et les restes humains étaient aspergés d'eau bénite. Ainsi, tous les cimetières français possèdent-ils un ossuaire, depuis fort longtemps et sous des formes extrêmement variées.

* Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident du Moyen-Age à nos jours

  Au-delà des frontières…

Au Moyen-Age, le cimetière de Kutna Hora (République Tchèque) était en odeur de sainteté : de nombreux habitants des alentours décidèrent de trouver-là leur dernière demeure. Les mille guerres et autres effroyables épidémies qui frappèrent durement la région participèrent également à faire affluer les corps pourrissants vers Kutna Hora... Puis une idée s’imposa soudain : pourquoi ne pas réunir les os blanchis de tous ces augustes décédés dans un grandiose ossuaire ? Toute la décoration de l’ossuaire est donc réalisée avec des os : lustres de tibias, guirlandes de fémurs, amoncellements de cranes… même le blason du seigneur local est confectionné avec des os. Si ce lieu étrange appelle la réflexion du visiteur, c’est parce que l’on est bien obligé de constater la souveraine égalité devant la mort, mais aussi dans la mort : parmi les crânes amoncelés, certains appartenaient à des nobles hautains, d’autres à des penseurs arrogants, d’autres enfin à de simples paysans illettrés et serviles. Tout passe et tout finit…

 

 

 

21 novembre 2011

anabaptiste

Cthulhugallerymock

 

L'anabaptisme est le courant protestant qui prône un baptême volontaire et conscient, à un âge où la personne est en mesure de comprendre l'engagement qu'elle prend. Le mot vient du grececclésiastique anabaptizein signifiant « baptiser à nouveau ». Cette pensée est un point essentiel de la Réforme radicale protestante.

Le terme a pris historiquement un sens politique, dans le sens où ce mouvement s'opposa au pouvoir politique et religieux en place dans le canton de Berne au xvie siècle.

Sommaire

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Historique

Diffusion de l'anabaptisme 1525-1550

Origine

Selon l'évangile selon Marc, « Celui qui croit et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné1 ». À partir de quoi, certains réformateurs du xvie siècle dénient toute valeur au baptême imposé aux jeunes enfants. Ils estiment que ce sacrement ne doit être reçu qu'en pleine connaissance de cause par les candidats. Ainsi, ceux qui ont été baptisés avant l'âge de raison se faisaient rebaptiser.

Selon la confession de Schleitheim regroupant un certain nombre de communautés autour deSchaffhouse, 7 traits de la théologie illustrent l'anabaptisme :

  1. Le baptême est réservé aux consentants de la foi, c'est-à-dire aux adultes sûrs de larédemption et qui veulent vivre fidèlement au message du Christ.
  2. La cène n'est que symbolique. C'est une cérémonie du souvenir faite avec du pain sans levain et du vin mais il n'y a ni consubstantiation ni transsubstantiation.
  3. Le pasteur est élu librement par la communauté et n'est pas investi du sacerdoce.
  4. Sont exclus de la cène tous les fidèles tombés dans l'erreur ou le péché.
  5. La séparation du monde est totale aussi bien religieusement que politiquement. Il s'agit de se séparer de toutes les institutions n'étant pas dans l'Évangile.
  6. Un anabaptiste ne peut pas remplir de charge civile (droit de glaive).
  7. Il ne doit jamais prêter serment.

Dans les faits, de petites communautés de croyants sont réunies dans des conventicules, le plus souvent clandestins, afin de lire la Bible. Les chefs des communautés sont des laïcs qui officient en habit civil. La discipline est importante pour maintenir une pureté éthique et doctrinale.

La progression de l'anabaptisme en Europe centrale est un véritable problème pour les autorités religieuses catholiques en place puisqu'il incite les personnes à ne pas faire baptiser leur enfant avant leur prise de conscience, ce qui risque de les priver du salut selon la doctrine catholique. Par ailleurs, sur le plan politico-religieux, les anabaptistes refusent la soumission de la religion au prince.

Le terme anabaptiste provient, à l'origine, des adversaires de ce courant de pensée. Ainsi, certain groupes tels les mennonites refusaient cette étiquette, alors qu'ils la revendiquent aujourd'hui.

Les différents anabaptistes

Le terme « anabaptiste » regroupe des communautés différentes, qui n'ont parfois rien à voir les unes avec les autres. Bullinger, successeur de Zwingli à Zurich, a dressé une typologie des anabaptistes où apparaissent une dizaine de communautés dont :

  • Les Frères suisses se sont formés dans l'entourage de Zwingli à Zurich. À l'inverse de ce dernier, ils pensent que la religion ne doit pas être institutionnalisée et réclament la liberté de choisir les pasteurs. De plus, ils pensent que le caractère obligatoire du baptême le disqualifie. Zwingli les expulse de la ville tandis que le même jour Grebel autorise le rebaptême.
  • Les anabaptistes autour de Melchior Hoffman pensent que la cène est un acte symbolique. Melchior Hoffman se retrouve à Strasbourg où il se lie d'amitié avec Martin Bucer. Comme il pense que la fin du monde est proche (1538), il s'empresse de procéder au rebaptême. S'entendant bien avec le magistrat de la ville, il peut procéder au rebaptême de ses amis. Ses disciples iront jusqu'à Munster où Jean de Leyde gagne les élections et fonde un règne eschatologique du Christ.
  • Les Huttérites vivent en communauté, repliés sur eux-mêmes. En 1650, on en comptait 10 000. Vivant groupés, ils considèrent que l'individu doit une obéissance totale aux lois de sa communauté, celui qui les transgresse devenant immédiatement un paria.
  • Les Brethren (Frères), apparus dans le Palatinat allemand vers 1708, où Alexander Mack et ses partisans se baptisent dans le fleuveEder. Appelés d'abord Frères baptistes allemands, ils émigrent en Amérique du Nord où ils fondent différentes églises qui perdurent aujourd'hui.

Les sociétés anabaptistes sont surtout urbaines et pacifistes mais, devant l'horreur qu'inspire le non-baptême chez les autres chrétiens, elles se réfugient vers la campagne où elles espèrent éviter les répressions. Entre 1525 et 1529, il n'y en a que 29 à Zurich et 10 à Schaffhouse. Vers 1630, on les estime au nombre de 4 000[réf. nécessaire].

Le « munzerisme », dissidence de l'anabaptisme

Le munzerisme n'est pas représentatif de l'anabaptisme, mais il s'appuie sur cette idée pour développer une approche plus poussée de la préparation du règne eschatologique du Christ.

En 1521Thomas Münzer tout d'abord pasteur luthérien rompt avec Luther alors qu'il réside à Prague. Avec Nicolas Stork, il prêche les idées anabaptistes en Bohême et en Silésie, tout en prônant une réforme plus radicale des institutions sociales. Les idées de Münzer et de Stork remettaient en cause la propriété privée du sol. Elles eurent beaucoup de succès parmi les paysans. Logiquement, Münzer soutint les paysans révoltés contre leurs seigneurs. Münzer rêvait de fonder une nouvelle monarchie théocratique en Allemagne. Il fut fait prisonnier au cours d'une déroute de son armée et fut exécuté. La guerre des Paysans ou guerre des gueux s'éteignit en 1525 : elle a été noyée dans lesang.

L'anabaptisme n'en était pas mort pour autant. Le rêve caressé par Münzer subsistait dans le cœur de certains. Ainsi Jan Matthijs et Jean de Leyde (Jan van Leiden) prirent la tête de l'insurrection pour établir une théocratie dans la ville de Münster. L'armée coalisée des princes ne tarda pas à mettre le siège devant la ville révoltée. Les assiégés, fanatisés par leur propre résistance, donnèrent libre cours à leur imaginationreligieuse : Jean de Leyde, par exemple, comme d'ailleurs David Joris (un autre chef anabaptiste pacifiste quant à lui), alla jusqu'à se proclamer successeur de David et, à l'instar de ce roi, s'unit à plusieurs femmes.

Quand, en 1535, après une année de siège et de résistance opiniâtre, la ville fut prise d'assaut, Jean de Leyde et ses lieutenants succombèrent sous la torture. Les anabaptistes dits conquérants furent traqués et poursuivis dans toute l'Allemagne et jusqu'en Suisse.

Ceux d'entre eux qui en réchappèrent se rallièrent aux anabaptistes dits pacifiques, communion strictement religieuse, mettant l'accent sur le baptême des adultes et sur l'inspiration personnelle dans l'interprétation de la Bible.

L'anabaptisme aujourd'hui

Ils sont à l'origine de certaines dénominations religieuses comme les mennonites auxquels sont apparentés les Amish, et indirectement autres églises protestantes telles que les baptistes, les évangéliques, les adventistes ou les pentecôtistes. D'autres, sous la conduite deHutter, disciple de Nicolas Stork, se retirèrent en Moravie et se firent appeler les Habani. Leurs céramiques et faïences (habánska keramika) sont très notablement connues entre autres en Slovaquie pour leur style raffiné et inspiré. Des communautés huttérites subsistent en Amérique du Nord.

En Suisse, les anabaptistes se sont établis principalement dans le Jura bernois, principalement en tant que cultivateurs. Ils parlent encore le Suisse-allemand en famille, bien que leurs enfants fréquentent les écoles de la région en français.

La dissidence Amish est née en 1693 à Sainte Marie-aux-Mines sous l'impulsion de Jacob Amman. Cette communauté est très présente aux États-Unis. La remise en question du baptême des enfants ou pédobaptisme est une réflexion constante des Églises protestantes enEurope. On a assisté dans les années 1950, puis dans les années 1970, à la croissance d'un mouvement en faveur du report du baptême à un âge de pleine conscience.

 

28 octobre 2011

violencesssss...........

VIOLENCES CONJUGALES

GÉNÉRALITÉS
LES CHIFFRES
PROCESSUS, MÉCANISMES ET CONSÉQUENCES
PRÉVENIR, DÉPISTER ET PROTÉGER - LA LOI
VIOLENCES CONJUGALES PENDANT LA GROSSESSE
IMPACT DES VIOLENCES CONJUGALES SUR LES ENFANTS
MAUVAIS CONJOINT, BON PARENT ?



GENERALITES

Définition : Il s'agit d'un processus au cours duquel un partenaire ou un ex-partenaire adopte à l'encontre de l'autre des comportements agressifs, violents et destructeurs.
Il s'agit donc de violences exercés par un partenaire au sein d'une relation de couple (que les partenaires soient mariés, pacsés, ou vivant en concubinage, que le couple soit hétéro ou homosexuel, que le couple soit séparé) ou au sein des relations amoureuses.
Les violences conjugales comme toutes les violences sont intentionnelles et elles représentent une atteinte au droit fondamental des personnes à vivre en sécurité, et une atteinte à leur dignité. Elles entraînent aussi une atteinte à leur intégrité physique et psychique et sont à l'origine d'importantes conséquences psychotraumatiques. Elles peuvent mettre en péril la vie, la santé, l'intégration scolaire, professionnelle et sociale des victimes et de leurs enfants. Elles aggravent ou génèrent des situations de précarité, de pauvreté, voire de marginalisation.
Elles sont un problème socio-politique et de santé publique. Une permanence téléphonique a été mise en place en 1992 par la Fédération Solidarité femmes avec depuis 2007 un numéro d'appel gratuit et anonyme depuis un téléphone fixe, le 39-19 violences conjugales-info, avec le site http://www.solidaritefemmes.asso.fr/ewb_pages/l/le-3919-violence-conjugale-infos.php . En 2010 les violences faites aux femmes ont été instituées grande cause nationale ; pour en savoir plus : http://www.violencesfaitesauxfemmes.com/ewb_pages/p/presentation-grande-cause2010.php . La loi reconnaît de plus en plus leur gravité et reconnaît que la qualité de conjoint de la victime constitue une circonstance aggravante de l'infraction commise, les textes de loi votés récemment organise unemeilleure protection des victimes (ordonnance de protection, éviction du partenaire violent, bracelet électronique, nouveau délit de violences psychologiques au sein du couple), et une meilleure information (campagne, diffusion de plaquettes d'information), une meilleure formation des professionnels concernés (de la santé, du social, des secteurs associatifs, de la police et de la gendarmerie, de la justice) et une meilleure lutte contre les inégalités et les comportements sexistes. La violence conjugale n'est pas le résultat d'un conflit. La violence conjugale est un processus d'emprise. Quel que soit son cadre, la violence est toujours une affaire de recherche de pouvoir sur l’autre, de satisfaction de ses attentes au détriment de l’autre, souvent exercée de façon mystificatrice au nom de l'amour. Le recours à la violence a pour objectif le contrôle et la domination de l'autre, la victime est mise sous emprise. La violence englobe la violence physique, verbale, psychologique, sexuelle, économique.
Il s'agit aussi d'une violence touchant dans leur immense majorité les femmes, dans 82% des cas de violences conjugales. Cette violence est « dirigée contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques y compris la menace de tels actes » (article 2-ONU, 1993), et elle « s'analyse comme un moyen de contrôle de la femme ayant ses racines dans le rapport de pouvoir inégal entre l'homme et la femme » (conférence de Rome,1993).
Les violences conjugales sont fréquentes, répétées et durables, elles démarrent très tôt dès l'adolescence dans le cadre des premières relations amoureuses. Elles touchent toutes les couches de la société, à toutes les périodes de la vie de couple, mais elles sont encore plus fréquentes chez les jeunes, lors de la première grossesse ou lors d'une séparation.
Elles bénéficient d'une tolérance, d'une minimisation et d'une banalisation de la part de la société, lesquelles reposent sur des stéréotypes concernant les femmes et leur rapport aux hommes, sur l'amour-passion confondu avec l'emprise et la possession qui justifierait la jalousie, le contrôle du partenaire, la violence lors des rapports sexuels, la disponibilité constante du partenaire, la mise sous esclavage au service de l'autre : « si tu m'aimes… ». Les violences conjugales sont tellement répandues que nombreux sont les enfants qui y ont été exposés à l'intérieur de leur famille, le couple est alors pour eux un lieu naturellement violent, dans lequel la jalousie le contrôle et la domination de l'homme sur la femme font partie des relations habituelles. Ils apprennent de leur famille une façon violente de gérer les conflits et que le rôle de la femme est de se soumettre aux exigences de son mari et de ne jamais le contrarier. Ils font l'expérience au sein de leur famille de la pression, l'intimidation et la manipulation émotionnelle comme outil pour obtenir ce qu'ils veulent.
Les violences familiales sont pour les femmes et les enfants, qu'ils soient témoins de violences conjugales ou victimes directes, à l'origine d'importants traumatismes psychiques et de conséquences graves et durables sur leur santé psychique et physique : pour les femmes, conséquences sur leur vie personnelle, affective, sociale et professionnelle, et pour les enfants conséquences sur leur développement, leur scolarisation, leur socialisation et leur vie affective. Ces conséquences sont liées à l'installation de troubles psychotraumatiques sévères qui sont particulièrement fréquents chez les femmes victimes de violences conjugales : 58% versus 24% chez l'ensemble des victimes de traumatismes, et les enfants exposés aux violences conjugales : 60% versus 24 %.
Les violences conjugales commencent souvent lors de la première grossesse (pour 40 % de l'ensemble des violences conjugales ), l'entrée dans la vie familiale peut « allumer » la mémoire traumatique, cf MÉMOIRE TRAUMATIQUE, d'un futur père qui a des antécédents de maltraitance dans l'enfance ou a été témoin de violence conjugales ; il peut alors considérer que cet enfant à venir « l'agresse », le met en danger et vouloir l'attaquer, le passage à l'acte violent en générant un stress lui permet de « disjoncter » et de s'anesthésier émotionnellement. La vie familiale devient un terrain miné susceptible d'exploser à tout instant et de s'abattre en violence sur la femme et les enfants, ceux-ci doivent mettre en place des stratégies d'évitement pour que la mémoire traumatique du père ne s'allume pas. La violence peut au travers des conduites dissociantes anesthésiantes générer de nouvelles violences de générations en générations.

LES CHIFFRES

La violence conjugale est la forme la plus courante de violence subie par les femmes dans le monde. Des études démographiques ont été conduites dans 71 pays pour recueillir des informations sur l’ampleur et la prévalence de la violence conjugale. Il ressort de l’étude Multipays de l’OMS sur la santé des femmes et la violence domestique à l’égard des femmes que la prévalence de la violence physique commise par un partenaire intime durant la vie d’une femme oscille entre 13 % et 61 %. La prévalence varie entre 23 % et 49 % pour la majorité des lieux étudiés. La prévalence de la violence sexuelle commise par un partenaire intime au cours de la vie d’une femme oscille entre 6 % et 59 %. Plusieurs études conduites dans différents pays en développement indiquent que la violence durant la grossesse oscille entre 4 % et 32 %, et que la prévalence de la violence physique durant la grossesse, de sa forme modérée à sa forme extrême, est d’environ 13 %. En France, au cours de l’année 2008, la délégation aux victimes du Ministère de l'intérieur a constaté que 184 personnes sont décédées, victimes de leur partenaire ou ex-partenaire de vie (conjoint, concubin, pacsé ou ex-dans les trois catégories). De ce rapport il ressort que tous les deux jours en France, un homicide est commis au sein du couple. 156 femmes sont décédées en une année, victimes de leur compagnon ou ex-compagnon, 27 hommes sont décédés, victimes de leur compagne ou ex-compagne. 1 femme est tuée par son partenaire ou ex partenaire tous les 2 jours et demi, 1 homme tous les 14 jours. Les femmes sont les victimes dans 84,4 % des cas.
C'est seulement depuis 2006 que la Délégation aux victimes mène, pour le Ministère de l'intérieur, un recensement sur les morts violentes au sein du couple. Il convient de souligner que les chiffres présentés dans cette étude sont un minimum, quelques rares cas ayant pu échapper à la remontée d’information auprès de la Délégation aux victimes.
L'enquête ENVEFF (Enquête nationale sur les violences faites aux femmes) date de 2000, sur un échantillon de 6970 femmes âgées de 20 à 59 ans : dans les 12 mois précédant l'enquête, 10% des femmes ont été victimes de violences conjugales (soit en IDF 350 000 femmes). Ces violences conjugales sont gardés sous silence (2 femmes sur 3 en ont parlé pour la première fois lors de l'enquête), les femmes les plus jeunes (20-24 ans) les subissent davantage. Ces violences se décomposent en : 4,3% de violences verbales(insultes, menaces, chantages), 37% de violences psychologiques (contrôle, domination, dénigrement, mépris),2,5% de violences physiques ( coups, brutalités, gifles, séquestration, mises à la porte, tentatives d'homicide), 0,9% de violences sexuelles (agissements sexuels imposés, viols).
L'enquête de Seine St Denis en 2008 confirme que les plus jeunes femmes (18-21 ans) subissent plus de violences dans le couple au cours des douze derniers mois : 4% des jeunes filles ayant eu une relation amoureuse dans les 12 derniers mois ont déclaré avoir subi des attouchements du sexe contre leur gré, tentative de viol, et viol. Les relations des jeunes couples semblent en effet très tendues (29% de harcèlement psychologique réciproque) mais aussi très violentes (12 % de harcèlement psychologique et 9% de violences physiques subies par les filles). Enfin, les femmes mariées (peu nombreuses) sont celles qui ont le plus déclaré du harcèlement psychologique, principalement motivé par une volonté de contrôle de la part de leur partenaire, elles sont également beaucoup plus exposées aux agressions sexuelles. Comme l’ont montré d’autres études, les femmes, mariées précocement sont souvent dans des situations de vulnérabilité. Mais les jeunes femmes parlent plus des violences et les dénoncent plus.

PROCESSUS, MÉCANISMES ET CONSÉQUENCES

La violence conjugale se développe à travers des cycles dont l'intensité et la fréquence augmentent avec le temps.Les périodes d'escalades et les phases d'explosions de violence se succèdent, entrecoupées de périodes de rémission durant lesquelles le conjoint minimise les faits, justifie son comportement et promet de ne plus recommencer, périodes dites de « lune de miel », plus le cycle se répète, plus l'emprise est forte sur la victime, plus ces « lunes de miel » sont courtes.
L'évolution suit une courbe croissante qui va de la moindre à la plus grande dangerosité : agressions psychologiques (qui peuvent durer des années), violence verbale, agression physique, tentative d'homicides. Dans la majorité des cas le comportement du conjoint violent est de plus en plus dangereux avec le temps. Le cycle de la violence s'organise en 4 phases (d'après les recherches de Léonore Walker, 1979) :
1. Tensions (conflits, contrôle, menaces), crainte et peur chez la victime
2. Agressions (recours à la violence), terreur, impuissance, désespoir chez la victime
3. Déni, transfert de culpabilité, culpabilisation, responsabilisation chez la victime
4. Rémission, sursis amoureux, espoir de changement, efforts chez lza victime pour minimiser les faits et les excuser.

L'agresseur développe une véritable addiction à la violence et s'il constate qu'aucune conséquence n'a découlé de ses actes violents et qu'il bénéficie d'une totale impunité, le climat de domination peut se réinstaller, le cycle recommence et s'aggrave alors, il est essentiel de l'arrêter le plus précocement possible.

Les 5 stratégies habituelles des agresseurs (d'après Marie-France Casalis du CFCV, Collectif féministe contre le viol) :
- isoler la victime, la priver de ses ressources, de ses proches
- la dévaloriser, la déstabiliser
- inverser la culpabilité
- instaurer un climat de peur, terroriser, se présenter comme tout-puissant
- assurer son impunité en recrutant des alliés

Pour mieux s'opposer à ces stratégies il faut :
- accompagner la victime, lui donner son soutien, son aide
- la valoriser, reconnaître son courage, ses capacités, sa résistance
- s'appuyer sur la loi et le droit, attribuer à l'agresseur la seule responsabilité
- la mettre en sécurité, mettre fin aux violences
- résister, dénoncer et accompagner.

L'agresseur avec souvent la complicité de la société, de la famille, des institutions, et parce qu'il se sent en position de force, peut se choisir une victime ou des victimes pour échapper à ses angoisses et à son malaise (dus à sa mémoire traumatique). Cette victime-esclave devra être dévouée au confort personnel, professionnel, psychique, physique, sexuel du conjoint violent et devra à sa place développer des conduites d'évitement pour ne pas le contrarier ni l'énerver. La victime est instrumentalisée comme une drogue dissociante efficace, les violences et la terreur qu'il génère chez la victime permet au conjoint violent de se dissocier (disjonction du circuit émotionnel) et de s'anesthésier émotionnellement. Comme toute conduite addictive un phénomène de dépendance et de tolérance va s'installer qui va entraîner une augmentation inexorable des violences.
Le conjoint victime/esclave/bouc émissaire « idéal», c'est la victime qui est « trop gentille », ayant été formatée souvent depuis l'enfance à ne pas se défendre, à ne pas contrarier, à ne pas dire non, à être toujours prête à faire des efforts, à se remettre en question, qui est donc une bonne esclave, qui ne risque pas de se rebeller. C'est celle qui est isolée, sans personne pour la défendre (sans famille, immigrée....), qui représente pour l'agresseur l'assurance d'une impunité. Le conjoint ne risque pas de perdre sa victime. Comme elle a subi des violences graves avant sa vie conjugale, sa mémoire traumatique la rend facile à terroriser, et en fait une bonne drogue dissociante pour l'agresseur.
Les conséquences psychotraumatiques des violences expliquent des symptômes, des troubles du comportement et des conduites des victimes qui paraîssent paradoxaux et incompréhensibles à l'entourage et aux professionnels qui les prennent en charge alors que se sont des réactions normales à des situations anormales, cf CONDUITES À RISQUES.
Les conséquences psychotraumatiques des violences et les mécanismes neuro-biologiques de disjonction expliquent également certains comportements violents des conjoints. Ces violences sont des conduites dissociantes addictives, anesthésiantes, d'auto-traitement qu’ils mettent en œuvre pour échapper à leur mémoire traumatique. Leurs victimes sont instrumentalisées comme des drogues pour les soulager d'un mal-être qui n'a aucun rapport avec la réalité, elles sont sommées de jouer un rôle dans une histoire qui n'est pas la leur qui ne les concerne pas. Les victimes décrivent leur conjoint comme n'étant plus lui-même au moment des violences, comme devenant un monstre (car il rejoue une scène traumatique de son passé en choisissant comme rôle celui de l'agresseur, il devient donc quelqu'un d'autre), ce déchaînement de violences est incompréhensible, terrifiant et n'a aucun sens pour la victime, rien de ce qu'elle a fait, de ce qu'elle a dit, de ce qu'elle est, de ce qui est arrivé ne peut l'expliquer. C'est le rapport de force offert par une société inégalitaire qui permet à l'homme violent d'instrumentaliser sa femme et ses enfants pour son confort personnel (conduite d'évitement) et pour s'anesthésier (conduites dissociantes), sans se poser de questions sur son comportement incohérent et injuste.
Paradoxalement les victimes de violences peuvent se sentir « mieux » (en fait plus dissociées et anesthésiées, voir hypnotisées) avec leur conjoint violent que lorsqu’elles sont séparées de lui, et penser à tort qu'elles l'ont dans la peau, qu'elles l'aiment, alors qu'elles sont en fait tellement terrorisées avec lui qu'un seul regard suffit à les dissocier et à les anesthésier. Se remettre avec un agresseur c'est échapper à sa mémoire traumatique par dissociation, tout en se mettant en danger.
Du côté de l’agresseur, ces violences conjugales (liées à des conduites dissociantes qui mettent en jeu la sécrétion de drogues « dures » pour disjoncter ) deviennent des conduites addictives ; ce sont les phénomènes de dépendance et de tolérance qui entraînent une augmentation inexorable des violences.
Il est donc essentiel que les femmes victimes de ces violences puissent comprendre les mécanismes en jeu, se désolidariser d'une histoire qui n'est pas la leur et refuser d'y jouer un rôle en renvoyant leur conjoint à une mémoire traumatique qui ne concerne que lui-même et qu'il doit assumer et traiter autrement qu'en exerçant des violences, ce qu'ils n'ont pas le droit de faire.
En conclusion, la vie de couple (qui rappelle les violences conjugales dont on a été témoin et rallume ainsi la mémoire traumatique), la vie familiale avec la naissance des enfants (qui rappelle les maltraitances subies et les violences conjugales déclenchées par des altercations autour des enfants et rallume ainsi la mémoire traumatique),la vie sexuelle du couple (qui peut rappeler des violences sexuelles subies et rallume ainsi la mémoire traumatique)deviennent des terrains minés, chaque explosion de la mémoire traumatique étant susceptible de déclencher la mise en place de conduites dissociantes : alcoolisation, prise de drogues, violences contre soi (tentatives de suicide, automutilation), violences contre son conjoint ou contre ses enfants, conduites de mises en danger (moto, voiture, sports extrêmes, jeux dangereux, conduites sexuelles à risques, troubles alimentaires.
Face à cette mémoire traumatique, si l’un des membre du couple se positionne comme dominant, supérieur en rapport de force, il peut instrumentaliser son conjoint pour échapper à l'angoisse déclenchée par les allumages de sa mémoire traumatique (sa prétendue supériorité donnant plus de valeur à son bien-être qu'à celui du reste de sa famille) en imposant que ce soit au conjoint et à ses enfants de mettre en place des conduites d'évitement efficaces pour « qu'il ne s'allume pas », les transformant en esclaves au service de son bien-être (physique, psychique et sexuel), ou en ayant recours à des conduites dissociantes en cas d'échec : alcoolisation massive, violences verbales, physiques, sexuelles, à des mises en danger, à des menaces suicidaires … Le partenaire du couple en position de victime (le plus souvent la femme) et les enfants sont donc instrumentalisés. Ils vivent dans la terreur et développent des psychotraumatismes avec des conséquences graves pour leur santé physique et psychique. Ils vont développer à leur tour une mémoire traumatique, une souffrance intolérable, des conduites d'évitement, des conduites dissociantes (alcool, drogues, troubles alimentaires, risques suicidaires X25 pour les violences conjugales, conduites à risques chez les adolescents avec de nombreux accidents). Chaque « disjonction » va recharger la mémoire traumatique et la rendre encore plus hypersensible et explosive, imposant aux « esclaves » des conduites d'évitement de plus en plus envahissantes ; de plus, la disjonction se faisant grâce à la sécretion par le cerveau de « drogues dures » : morphines-like et kétamines-like, très rapidement un phénomène de dépendance et de tolérance va se mettre en place, nécessitant chez l’agresseur des « doses » de plus en plus fortes, donc des conduites dissociantes de plus en plus importantes : alcoolisation massive, violences de plus en plus graves, conduites dangereuses de plus en plus risquées. Le conjoint et ses enfants se retrouvent de plus en plus en danger et de plus en plus traumatisés.

Pour les femmes, avoir été victime de violences pendant l'enfance augmente le risque de subir des violences conjugales. Elles peuvent-être choisies pour leur isolement, leur vulnérabilité et l'intensité de leur mémoire traumatique qui les rend encore plus terrorisées lors des violences et donc moins aptes à se défendre, moins confiantes en elles et plus « intéressantes » car plus efficaces comme « drogue dissociante pour l'agresseur. De leur côté, elles peuvent choisir leurs conjoints pour son histoire traumatique qui les fait se sentir plus proches d'eux, pour les aider.
La violence n'est pas une fatalité, c'est la loi du plus fort qui permet que les conduites dissociantes soient utilisées en toute impunité contre les plus vulnérables, les hommes violents doivent arrêter de s'autoriser à être violents et se désintoxiquer de leur recours à la violence pour éteindre leur mémoire traumatique. La violence peut produire de la violence de façon transgénérationnelle par l'intermédiaire de la mémoire traumatique et des conduites dissociantes, les enfants exposés à la violence conjugale sont à risque de devenir violent envers eux-mêmes, d'être victimes de violences ou d'être à leur tour des conjoints violents.

PRÉVENIR, DÉPISTER ET PROTÉGER - LA LOI

Les violences conjugales sont considérées comme un délit quelle que soit l'ITT pénale (incapacité totale de travail) ouun crime en cas d'homicide, de viol, d'actes de torture ou de barbarie. La Loi n° 92.683 du 22 juillet 1992 portant réforme des dispositions du Code Pénal mentionne expressément que la qualité de conjoint de la victime constitue une circonstance aggravante de l'infraction commise. Il en ressort que même s'ils n'ont entraîné aucune incapacité totale de travail (ITT), ces faits de violence sont constitutifs d'un délit, donc passibles du Tribunal Correctionnel. Et depuis la loi du 4 avril 2004 cette circonstance aggravante est élargie aux concubins, "pacsés" et anciens conjoints. Elle est applicable en cas de meurtre ce qui porte la peine encourue à la réclusion à perpétuité au lieu de 30 ans ; d’autre part la proposition stipule que la qualité de conjoint ou de concubin « ne saurait être une cause d’atténuation de la responsabilité en cas de viol au sein du couple », disposition rarement appliquée…
L'article 220-1, alinéa 3, du Code civil 2004 permet l'éviction du conjoint marié violent (qui sera élargi aux conjoints pacsés violents et aux concubins avec la loi du 29 juin 2010).
Par ailleurs, la Loi du 4 avril 2006 renforçant la prévention et la répression des violences au sein du couple vise àprévenir et réprimer la violence au sein du couple : pour aider à lutter contre les mariages forcés, le texte aligne l’âge légal du mariage des femmes sur celui des hommes (18 ans au lieu de 15).
L’interdiction d’accéder au domicile conjugal pourra faire partie des obligations imposées au conjoint ou concubin violent dans le cadre du sursis avec mise à l’épreuve et du contrôle judiciaire ; un amendement a été adopté par les sénateurs, punissant d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende le fait de priver, dans un couple, l’autre de ses papiers d’identité ou de son titre de séjour.

La loi n° 2010-769 du 9 juillet 2010

relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants est un progrès, elle institue une ordonnance de protection des victimes de violences, qui peut être délivrée par le juge aux affaires familiales, en urgence, lorsque des violences sont exercées au sein du couple ou lorsque des personnes sont menacées de mariage forcé. Cette loi comporte trois volets principaux :
- d’une part, des dispositions visant à renforcer la protection des victimes de violences quelle que soit la nature de celles-ci, avec l'ordonnance de protection
- d’autre part, des dispositions relatives à la prévention de ces violences (informations des scolaires, formations des professionnels, institution d'une journée nationale de sensibilisation aux violences faites aux femmes fixée au 25 novembre)
- enfin, des dispositions visant à renforcer la répression des auteurs de violences faites aux femmes (nouveau délit de violences psychologiques).
L'ordonnance de protection pour les victimes de violences au sein du couple ou pour les personnes menacées de mariages forcés permet de mettre en place des mesures d’urgence, sans attendre le dépôt d’une plainte par la victime, notamment :
- l'éviction du conjoint violent : ne sont plus seulement concernés les couples mariés, mais également les partenaires d'un PACS et les concubins)
- la dissimulation du domicile de la victime ou de sa résidence
- la prise en compte de la situation des enfants exposés à ces violences au travers de l’adoption de mesures provisoires et urgentes en matière d’exercice de l’autorité parentale, d’attribution de la jouissance du logement conjugal, de contribution aux charges du ménage
- l’admission provisoire à l’aide juridictionnelle de la partie demanderesse
- la limitation du recours à la médiation pénale en cas de violences conjugales, la médiation pénale ne peut plus être imposée et devient réservée à la demande ou à l’accord de la seule victime. La médiation pénale en cas d’ordonnance de protection est prohibée, sauf si la victime en exprime la demande
- La délivrance et le renouvellement automatique de la carte de séjour temporaire aux victimes de violences conjugales lorsqu’elles bénéficient d’une ordonnance de protection et la délivrance automatique d’une carte de séjour temporaire « vie privée et familiale » aux personnes en situation irrégulières victimes de violence, dès lors qu’elles bénéficient d’une ordonnance de protection. Ce titre de séjour comporte l’ autorisation de travailler. La carte de résident peut être attribuée à la victime ayant porté plainte et en cas de condamnation de la personne mis en cause.
Cette ordonnance de protection est applicable durant quatre mois, avec possibilité de renouvellement en cas de dépôt par la victime d’une requête en divorce ou en séparation de corps. La loi impose aux officiers et agents de police judiciaire d’informer la victime, dès l’enquête préliminaire, de la possibilité de bénéficier d’une ordonnance de protection pour les victimes de violences, ainsi que des peines encourues par le ou les auteurs des violences et des conditions d'exécution des éventuelles condamnations.

Cette loi met aussi en place l’expérimentation, pendant 3 ans, du bracelet électronique auprès d’auteurs de violences au sein du couple (conjoint, concubin, partenaire, « ex ») ou sur les enfants et de dispositifs de protection offerts aux victimes de violences conjugales : lorsqu’une personne est placée sous surveillance électronique mobile, dans le cadre d’une assignation à résidence, d'un suivi socio-judiciaire ou d’une liberté conditionnelle avec interdiction de rencontrer la victime, cette dernière peut, si elle y consent expressément, se voir attribuer un dispositif de téléprotection (cf. expérience du téléphone portable d'urgence sur le 93).

Cette loi introduit un nouveau délit de violences psychologiques au sein du couple dans le code pénal en se fondant sur la définition du harcèlement moral : Art. 222-33-2-1 : « Le fait de harceler son conjoint, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou son concubin par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45000 € d’amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ont entraîné aucune incapacité de travail, et de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende lorsqu’ils ont causé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours ». Les mêmes peines sont encourues lorsque cette infraction est commise par un ancien conjoint, un ancien concubin de la victime, ou un ancien partenaire.
Cette loi supprime dans le code pénal la mention de la présomption de consentement des époux à l'acte sexuel s’agissant du viol entre époux.
Pour en savoir plus sur la loi du 9 juillet 2010 voir la loi sur le site légifrance : http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022454032&categorieLien=id

Le dépistage des conséquences psychotraumatiques

devrait être systématique, fait par tous les professionnels des secteurs de soins, associatifs et de l'aide sociale.
Les victimes de violences conjugales ont un risque important de développer des troubles psychotraumatiques chroniques (58%) et ne doivent pas rester abandonnées à leur sort et à leurs symptômes. Pour cela il faut identifier les violence le plus précocement possible pour mettre en place une protection et une prise en charge efficace. Plus la prise en charge est précoce, moins il y a de risque que la victime développe une mémoire traumatique et des troubles psychotraumatiques, et plus les troubles psychotraumatiques sont dépistés tôt, plus leur traitement est efficace rapidement.
Actuellement la méconnaissance, chez les professionnels susceptibles de prendre en charge et d'orienter au mieux ces victimes, de la réalité des violences et de la gravité ainsi que du caractère chronique des conséquences psychotraumatiques fait que la majorité des victimes restent longtemps exposées aux violences et ne sont pas soignées spécifiquement.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 22 à 35% des femmes qui consultent dans les services d'urgence présentent des symptômes consécutifs aux violences (Campbell et al., 1994) alors que seulement 2% sont identifiées comme victimes aux urgences (Olson, 1996); 28% des femmes s'adressant à des dispensaires de médecine ont subi des violences conjugales (Gin et al.,1991), 10 à 32 % des femmes examinées dans des services de gynécologie obstétrique ont subi des violences conjugales (Campbel et al., 1992; Stewart et Ceccuti, 1993)‏ ; 52à 72 % des femmes hospitalisées dans un service de psychiatrie et 64 % adressées à un psychiatre sont victimes de violences (Maza, 1996).
Les professionnels doivent être mieux formés, particulièrement les médecins.
Le dépistage des violences conjugales devraient être systématique fait par tous les professionnels des secteurs de soins, associatifs et de l'aide sociale sous la forme de questions lors d'entretiens, toujours en dehors des partenaires et/ou des familles. Il est essentiel de lutter contre la loi du silence.
Il a été démontré que si les femmes ont accès à des ressources (associatives, médicales spécifiques, judiciaires) le risque de récidives diminue (Wathen et MacMillan, 2003) et des vies peuvent être sauvées et la qualité de vie améliorée (Campbel, 2004; Sharps et al., 2001). Les femmes qui ont peur pour la vie de leur bébé à venir sont plus susceptibles de braver la loi du silence (souvent liée à une culpabilité entretenue par l'agresseur et la honte de subir des violences) et de réussir à parler malgré les menaces dont elles sont fréquemment l'objet.

VIOLENCES CONJUGALES PENDANT LA GROSSESSE

Les violences conjugales pendant la grossesse sont très peu étudiées en France et en Europe, beaucoup plus en Amérique du Nord particulièrement au Canada ou de nombreuses études ont été faites et des systèmes de surveillance périnatale mis en place pour dépister les violences (SCSP), recommandant le dépistage universel des violences conjugales chez toutes les femmes enceintes. La grossesse étant un moment où les femmes ont un accès régulier aux soins et où elles interagissent avec des professionnels de la santé, il s'agit d'une période idéale pour dépister et prévenir les violences. La grossesse est une période de vulnérabilité qui (comme dans le cas des mineurs) autorise la levée du secret médical pour faire un signalement aux autorités judiciaires.

Les femmes de 15 à 45 ans (période qui correspond aux années de procréation) ont déclaré des taux de violences plus élevés que celles de plus de 45 ans, (enquête canadienne, Ottawa, 1999). Le taux de violence est de 6,6 % pendant la grossesse en cours, 86,1 % de ces femmes avaient déjà subi des violences conjugales, près des 2/3 (63,9%) des femme ont déclaré que la violence s'était aggravée pendant la grossesse (Stewart,1993). Chez les femmes qui ont déclaré des violences pendant leur grossesse, 90% ont subi des violences dans les 3 mois suivant l'accouchement, le nombre de violences ayant augmenté après la naissance (Muhajarine,1999).

Les violences débutent souvent au cours d'une grossesse et les femmes victimes pendant leur grossesse ont plus tendance à signaler des actes de violence «extrêmement grave» : 40% des violences conjugales ont débutées pendant la grossesse, les femmes victimes enceintes étaient 4 fois plus nombreuses que les autres femmes victimes à dire qu'elles avaient subi des violences «extrêmement graves» (coups, strangulation, menaces de mort par armes, agressions sexuelles), 45% des femmes victimes de violences ont subi des blessures physiques dont 10% ont déclaré avoir souffert de lésions internes et subi une fausse-couche (enquête nationale canadienne auprès de 12300 femmes, 1993).

Les violences conjugales pendant la grossesse peuvent avoir de graves conséquences sur le suivi, le déroulement de la grossesse, le travail, l'accouchement et le post-partum. Les violences sont aussi à l'origine d’assez nombreuses demandes d'IVG.

IMPACT DES VIOLENCES CONJUGALES SUR LES ENFANTS

Les violences conjugales sont à l'origine d'importants traumatismes sur les enfants qui en sont témoins et qui les subissent. Lors de violences conjugales, les enfants vont grandir dans un climat de grande insécurité et de terreur et vont être témoins, ou victimes directes de ces violences qui peuvent s’abattre sur eux en même temps. La majorité (près de 60 %) de ces enfants, s'ils ne sont pas efficacement protégés et pris en charge, développeront des conséquences psychotraumatiques graves et durables sur leur santé physique et psychique avec une grave souffrance mentale, des retentissements sur leur développement psycho-moteur, leur scolarisation, leur socialisation et leur vie affective à long terme ; ils auront un risque d'être à nouveau victime de violences tout au long de leur vie, et un risque également important de présenter des conduites agressives, des conduites à risque, des conduites délinquantes et des troubles psychiatriques à l'âge adulte (Rossman, 2001). 40 à 60 % d'hommes violents avec leurs partenaires ont été témoins de violences conjugales dans l'enfance.

Les enfants traumatisés par des violences conjugales présentent davantage de problèmes de santé : retard de croissance, allergies, troubles ORL et dermatologiques, maux de tête, maux de ventre, troubles du sommeil et de l'alimentation, et ils sont plus souvent victimes d'accidents (8 fois plus d'interventions chirurgicales). Ils présentent fréquemment des troubles de l'adaptation : phobies scolaires, angoisse de séparation, hyperactivité, irritabilité, difficultés d'apprentissage, et des troubles de la concentration. Ils présentent fréquemment aussi des troubles du comportement, 10 à 17 fois plus que des enfants dans un foyer sans violence, dont des comportements agressifs vis à vis des autres enfants, 50% des jeunes délinquants ont vécu dans un milieu familial violent dans l'enfance.

Les enfants traumatisés par des violences conjugales peuvent présenter à l'âge adulte (Rossman, 2001) une augmentation :

  • du risque d'être à nouveau victimes de violences tout au long de la vie
  • du risque de présenter des conduites agressives
  • du risque de présenter des conduites à risque
  • du risque de présenter des conduites délinquantes et des troubles psychiatriques (40 à 60 % d'hommes violents avec leur partenaires ont été témoins de violence conjugale dans l'enfance).

Les troubles psychotraumatiques peuvent représenter pour ces enfants un risque vital, particulièrement à l'adolescence avec une augmentation du risque d'avoir un accident mortel et une augmentation importante du risque suicidaire (x 20).

Les enfants sont particulièrement exposés à des troubles psychotraumatiques lors des violences conjugales du fait de leur vulnérabilité, de leur dépendance affective et physique, de leur immaturité psychique et physiologique, de leur impuissance, et de leur situation d'être en construction et en devenir. Comme les enfants témoins de violences conjugales vivent dans un climat de grande insécurité et de terreur, toute leur énergie passe dans la mise en place de stratégies de survie et de défense. Il est essentiel de les protéger, d'assurer leur sécurité et de leur donner des soins spécialisés. Il est essentiel aussi pour leur avenir de leur donner une meilleure image du monde adulte, en leur redonnant confiance en un monde d'égalité, de fraternité et de justice où la loi du plus fort ne règne plus.

Les enfants subissent les violences conjugales souvent dès leur vie fœtale. Dans 40 % des cas les violences conjugales commencent pendant la grossesse et peuvent être plus graves pendant la grossesse pour 2 femmes sur 3 ; 4 fois plus de femmes signalent de très mauvais traitements pendant la grossesse (coups, menaces avec armes, agressions sexuelles). Les femmes qui subissent des violences conjugales ont un moins bon suivi de leur grossesse et plus de facteurs de risque (HTA, tabagisme, prise d'alcool)‏. Le fœtus se retrouve alors en danger, il est exposé à un stress physiologique important, avec des retentissements cardio-vasculaires et neurologiques, à un risque d'avortement (2 fois plus de fausses-couches chez les femmes victimes de violences conjugales), à une mort in utero par décollement placentaire ou rupture utérine, à une hémorragie fœto-maternelle, à un accouchement prématuré (37 % d'augmentation de risque), une souffrance néo-natale, à un petit poids de naissance (17 % d'augmentation de risque)‏.

Après la naissance le nouveau-né se retrouve doublement en danger , directement par la violence du père qui peut s'abattre sur lui (dans 3 cas sur 4 de violences conjugales), et indirectement par les violences que la mère continue à subir (dans 90 % des cas les violences conjugales continuent après l'accouchement) qui vont retentir sur les soins donnés à l'enfant et sur le lien mère-enfant, et être traumatisantes pour l'enfant. En effet le nouveau-né est très sensible aux effets de la violence qui l'entoure et il va développer d'importants troubles psychotraumatiques qui risquent de le mettre encore plus en danger : les pleurs continuels, les troubles importants du sommeil et de l'alimentation, le retard de développement psycho-moteurs peuvent être des facteurs de risque supplémentaires de maltraitance (bébé secoué, étouffement, etc.).

L'enfant grandit alors dans un climat d'insécurité, et développe une grande détresse face aux violences, face à son incompréhension et son impuissance, face à la menace de voir mourir un de ses parents, de mourir lui-même, ou d'être abandonné. L'enfant est d'autant plus exposé à des conséquences psychotraumatiques que les violences conjugales ont commencé très tôt, qu'il est l'aîné ou qu'il est enfant unique, que les violences sont graves et fréquentes, que l'enfant s'interpose et subit des violences directes. L'enfant va être d'autant moins exposé à des conséquences psychotraumatiques que sa mère (ou le parent victime) a des comportements de soutien et de compréhension face à sa souffrance et qu'elle est chaleureuse avec lui (qu'elle puisse parler avec l'enfant, le rassurer) et qu'elle lui donne des repères. Une bonne estime de soi et de bonnes compétences sont un facteur de protection (importance du rôle de l'école)

MAUVAIS CONJOINT, BON PARENT ?

Des liens parentaux dans la violence conjugale.

par Sokhna Fall
Ethnologue et thérapeute familiale, victimologue
Vice-Présidente de l’Association Mémoire traumatique et victimologie

Lorsque la violence se déclenche dans le couple, l’auteur, clivé, halluciné par sa mémoire traumatique, cesse de voir l’autre parent comme la mère ou le père de ses enfants, parce qu’il ne perçoit plus non plus son enfant comme un être dont il a la responsabilité, auquel il doit secours et protection. Il ne répond qu’à son besoin impérieux d’utiliser l’autre pour apaiser son tourment intérieur. On pourrait dire que l’enfant est, tout autant que son parent victime, instrumentalisé dans le scénario catastrophique que rejoue l’auteur. Si le conjoint joue le rôle de victime des coups et de la violence verbale, l’enfant joue celui « d’un enfant qui a peur pour sa mère (ou son père) », « d’un enfant qui perd sa mère (ou son père) », « d’un enfant qui souffre pour sa mère (ou son père) ».
L’auteur des violences ne peut ignorer l’effet sur son enfant de ces scènes, que l’enfant en soit directement témoin ou pas, d’autant qu’il les a souvent lui-même vécues dans son enfance. Il ne peut prétendre n’avoir pas vu les regards d’effroi, pas entendu les cris de terreur ou pas perçu les tentatives malhabiles de le retenir. Affirmer qu’il ne s’en est « pas rendu compte » revient à reconnaître qu’il est à certains moments totalement incapable d’être conscient de l’existence de son enfant, et a fortiori d’empathie avec lui. Le passage à l’acte de la violence conjugale me paraît bien la révélation d’une défaillance – rarement passagère – des capacités parentales de l’auteur. Sans compter qu’il n’est pas rare que le prétexte de la violence soit l’intervention du parent victime pour protéger son enfant de méthodes dites « éducatives » brutales et cruelles.
Il me semble, par conséquent, que toutes les situations de violences conjugales portées à la connaissance de la Justice, devraient donner lieu, en plus des actes de procédure pénale, à différentes mesures, impliquant les deux parents, afin de protéger les enfants.

Premièrement, dès la mise en examen de l’auteur, un dispositif protégeant la victime des contacts avec l’auteur, y compris lors de l’exercice des droits parentaux, sans attendre les jugements du pénal et du Juge aux Affaires Familiales, devrait être mis en place.
Comme l’a démontré le drame du petit Ibrahima, enlevé par son père (condamné auparavant pour menaces de mort contre son ex-compagne), après que celui-ci a tué sa mère, on pourrait parler de « mise en danger d’autrui » ou même d’« homicide par imprudence », quand une cour juge que l’auteur a « l'interdiction d'approcher son ancienne compagne, en dehors du droit de visite pour récupérer l'enfant ». Un jugement de ce type prend le relais de l’instrumentalisation de l’enfant par l’auteur. Le père d’Ibrahima l’a bien compris, puisqu’il a invoqué le fait qu’il « voulait avoir l'enfant », « qu'en raison d'un conflit parental avec la mère, il ne l'avait pas autant qu'il le souhaitait », « que la mère de l'enfant ne respectait pas suffisamment la décision du juge des affaires familiales », pour justifier sa violence meurtrière (source : http://www.lepost.fr/article/2010/02/17/1946140_il-avoue-avoir-tue-son-ex-compagne-et-enleve-son-bebe-il-dit-et-repete-qu-il-voulait-avoir-l-enfant.html). Le sacro-saint « droit du sang » de la culture juridique française s’est révélé un « droit au sang ». La presse a insisté sur le fait que le père ne respectait pas le contrôle judiciaire puisqu’il se présentait au domicile de la mère en dehors de l’exercice de ses droits parentaux. Mais la décision de justice a autorisé cette transgression en autorisant l’auteur à se rendre au domicile de sa victime. Qu’est-ce qui justifiait que cet homme soit considéré comme dangereux pour son ex-compagne sauf dans les moments où il venait chercher leur enfant ? Est-ce à dire que c’est l’enfant, en l’occurrence âgé de 18 mois, qui devait constituer le rempart efficace à la violence conjugale ? On pourrait presque dire que, par ses transgressions, dont la police et la justice avaient été informées, ce père était plus protecteur que l’appareil judiciaire puisqu’il alertait sur les failles du jugement. Ce dernier a parié ou même « fantasmé », sur le dos fragile de l’enfant et le corps sanglant de la mère, que le mauvais mari ne saurait être un mauvais père, que la grâce de l’amour parental (pourtant inopérante jusque-là) empêcherait magiquement l’auteur de profiter de l’occasion pour s’en prendre de nouveau à sa victime. La mise en danger est d’autant plus flagrante qu’il n’est pas rare que suite à la séparation, les auteurs ne disposent pas de domicile adéquat pour recevoir l’enfant et exercent leur droit de visite au domicile du parent victime, et c’est peut-être pour cette raison qu’il n’avait pas été prévu que ce soit la mère qui amène l’enfant à son père. C’est donc à son domicile, là où elle pouvait penser être en sécurité, que la mère d’Ibrahima a été massacrée près de son fils, avec la complicité d’une décision judiciaire surréaliste.
Sans organiser de façon aussi explicite l’exposition de la victime à la récidive de l’auteur lors de l’exercice des droits parentaux, la plupart des jugements du pénal négligent tout simplement, jusqu’ici, de penser comment s’exerceront ces droits en dépit de l’interdiction de contact. Aux victimes de la violence conjugale de trouver l’organisation qui permettra à l’auteur de rencontrer les enfants sans se sentir ou sentir ceux-ci « trop » en danger. Certaines rechignent à se soumettre à ce qui peut leur sembler se livrer et/ou livrer leurs enfants à un ogre, et prennent le risque de se soustraire à ces décisions de justice (ce qu’avait peut-être effectivement fait la mère d’Ibrahima), donnant ainsi de nouveaux prétextes de violence à l’auteur et s’attirant la réprobation sévère des professionnels qui les accusent alors de « mêler les enfants à leur conflit de couple ». L’auteur, pour sa part, est délibérément mis en difficulté en ces occasions de rencontre, très susceptibles de réveiller en lui une tension dangereuse et de le conduire à rejouer le scénario destructeur d’un cycle de violence. Il peut aussi, de façon banale, se croire autorisé à profiter de ces moments, non pour exercer son rôle parental, mais pour tenter de reconquérir son conjoint. Le vocabulaire de la justice et du secteur social, focalisé sur le « conflit », favorise l’idéalisation de la situation « d’avant » et invite subtilement auteur et victime à se réconcilier alors qu’aucun d’eux n’a eu les moyens de traiter les problématiques complexes qui ont amené la violence de l’un à éclater à l’intérieur de leur relation. La Justice encourage ainsi ce que déplorent à juste titre policiers et travailleurs sociaux, c’est-à-dire le va-et-vient de la victime dans les bras de son bourreau.
Cette béance des décisions de justice, lorsqu’elle néglige d’organiser de façon protectrice l’exercice des droits parentaux, risque en outre que les enfants soient cette fois instrumentalisés par certains parents victimes, identifiés à l’agresseur, qui peuvent se saisir de l’occasion pour exercer à leur tour un pouvoir sur leur ex-conjoint. Celui-ci, même quand il tente de sortir de la violence, risque fort d’y retomber pour « défendre sa dignité».
La mise en place, immédiate et systématique, lors d’une mise en examen pour violences conjugales d’un dispositif de « lieu neutre », pour l’exercice des droits parentaux, me paraît la seule façon d’éviter réellement que des drames s’ajoutent aux drames et de permettre que les enfants soient protégés de la répétition de scènes traumatisantes. A fortiori, tout jugement comprenant des mesures de protection des victimes, mesures favorisées par la Loi de juillet 2010, ne devrait en aucun cas être contredit, autrement dit symboliquement annulé, par les conditions d’exercice des droits parentaux.

Deuxièmement, si indispensables soient de telles précautions, elles ne paraissent cependant pas suffisantes pour la protection effective des enfants. Il me semble que toutes les situations de violences conjugales devraient conduire les acteurs de la Protection de l’enfance à s’interroger sur les capacités parentales des deux parents. Il faut le répéter, un parent qui commet des violences contre l’autre parent de ses enfants ne peut ignorer qu’il porte atteinte à un facteur fondamental de leur bien-être affectif et psychologique. L’argument couramment avancé qu’il « n’aurait jamais commis de violences contre les enfants eux-mêmes ou en leur présence » paraît irrecevable. On s’indigne, à juste titre, de ces parents qui, après la séparation, disqualifient l’autre parent, voire l’éliminent de la vie de leur enfant ; considérant qu’ils s’attaquent ainsi aux fondements de la famille humaine dont un enfant a besoin pour bien se construire. Dans le cas des violences conjugales, on raisonne trop souvent comme si une tentative de destruction physique d’un parent par l’autre était moins préjudiciable à l’enfant que cette fameuse « aliénation mentale ». Il faut se donner les moyens d’évaluer quelle distorsion du lien parent/enfant a empêché le parent violent d’être en empathie avec son enfant lorsqu’il voit sa mère (ou son père) s’effondrer sous les coups, le visage en sang. Les reprises de contacts entre le parent violent et ses enfants après une condamnation devraient passer par une période de médiatisation des rencontres, voire de thérapie familiale spécifique, afin que le parent violent ne réduise plus son enfant à un élément de la dramaturgie conjugale mais le considère comme l’enfant qu’il est et prenne conscience de la souffrance qu’il lui a infligée. Sans cette reconnaissance minimale, le risque reste élevé que l’auteur continue à piéger l’enfant dans sa violence ou à l’instrumentaliser dans sa relation pathologique avec la victime.

Par ailleurs, il semble qu’il faudrait également évaluer la situation du parent victime. Dans un premier temps pour s’assurer qu’il est correctement protégé, entouré et soutenu pour se remettre de ses épreuves et par conséquent, pas trop envahi par sa propre souffrance pour pouvoir accueillir et soulager celle de son enfant. Ensuite, pour s’assurer que les difficultés personnelles à l’origine de son choix amoureux malheureux (basse estime de soi, liée à des expériences de maltraitance dans l’enfance, par exemple…), renforcées par les chocs traumatiques répétés subis dans le couple, sont en voie de traitement et ne risquent pas de réexposer l’enfant au danger. Il arrive malheureusement que le parent victime soit, comme l’auteur, incapable d’empathie avec son enfant et, au mépris de ses besoins et de ses sentiments de loyauté, attende de lui qu’il le venge ou le soutienne inconditionnellement.
La meilleure façon de prévenir ces dommages supplémentaires pour l’enfant serait, me semble-t-il, que le Juge des Enfants soit saisi systématiquement, au plus tard lors du jugement pénal, pour ordonner rapidement expertises familiales, Investigations d’Orientation Educatives ou toute autre mesure utile pour évaluer la situation de l’enfant et, si nécessaire, le protéger.

Enfin, il pourrait être très profitable, en termes de prévention de la répétition des violences tant au sein du couple concerné que dans le futur des enfants, de prononcer des injonctions de soins, individuels et familiaux.
Au bénéfice de l’enfant, il s’agirait d’évaluer et de traiter le cas échéant les séquelles post-traumatiques consécutives aux violences. Quand leur existence a été mise en danger et si gravement perturbée, les enfants ont impérativement besoin d’une « remise en ordre » symbolique. La Loi, normalement incarnée par les adultes protecteurs responsables de l’enfant, a été mise sens dessus dessous. Il est indispensable qu’elle soit restaurée, les décisions de Justice explicitées, les ressentis d’effroi, de peur, d’abandon et de colère… de l’enfant reconnus et accompagnés. L’enfant doit pouvoir aussi être « dé-parentalisé », être autorisé à ne pas protéger ni prendre en charge ses parents, dans un contexte sécurisé.
Pour l’auteur, l’objectif serait à minima de l’amener à prendre conscience des violences infligées aussi à l’enfant – scènes terrifiantes, peur pour le parent victime, expérience d’abandon émotionnel, s’il n’a été « que » « témoin », ou autres violences s’il a été directement victime en essayant de protéger l’autre parent par exemple.
Pour le parent victime, devrait lui être offerte une aide qui lui permette de soigner ses séquelles post-traumatiques et de se détacher des croyances négatives sur elle-même qui l’ont empêchée de repérer le danger représenté par son conjoint avant que ne se produise l’irréparable.
Au niveau familial, parallèlement, pourraient se mettre en place des entretiens parent victime/enfant(s) qui rendent à chacun sa place ; en désamorçant la « rivalité de victimes » qui peut parfois naître entre eux, en réhabilitant le parent qui, s’il s’est révélé pour l’enfant d’une vulnérabilité jusque là impensable, ne reste pas moins parent responsable de lui et capable de le protéger dans les situations normales ; en rendant son innocence à l’enfant, même si dans le drame, il a pu paraître protéger l’auteur, ou prendre parti, ou être « la cause » des violences, etc.… Plus tard, si une remise en question de ses actes est devenue possible pour l’auteur, le remplacement des visites médiatisées par des entretiens thérapeutiques familiaux parent auteur/enfant(s) devrait permettre d’aller plus loin, si possible, dans la différenciation entre la problématique de l’auteur et celle de ses enfants, pour que la violence agie comme subie devienne clairement, aux yeux de ces derniers, un grave accident de la vie et non un modèle relationnel.

 

violence psychologique..

La violence psychologique est, depuis 20101, définie en droit français comme « des actes répétés, qui peuvent être constitués de paroles et/ou d’autres agissements, d’une dégradation des conditions de vie entraînant une altération de la santé physique ou mentale ».

La loi a été votée dans le cadre de la répression des violences faites aux femmes2,3 et concerne « les violences exercées au sein du couple ou par un ancien conjoint, un ancien partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un ancien concubin »4.

La violence psychologique ne concerne pas uniquement des agissements propres aux hommes envers les femmes. Elle touche les conjoints, mais aussi les enfants, qu'ils la subissent directement ou qu'ils en soient témoins, ayant sur eux une influence néfaste considérable. Ce thème est encore peu connu en France en 2010, bien qu'il fasse l'objet de nombreuses recherches dans le monde.

Sommaire

  • 1 Le repérage de la violence psychologique
  • 2 Agressivité et colère
  • 3 Les effets de la violence psychologique
  • 4 La violence psychologique à enfant
  • 5 Effets sur les enfants de la violence psychologique
  • 6 Notions similaires et législation dans les autres pays
  • 7 Voir aussi
  • 8 Liens externes
  • 9 Bibliographie
  • 10 Notes et références

Le repérage de la violence psychologique

La violence psychologique peut se repérer objectivement à certains types de discours adressés à autrui, ainsi qu'à des comportements visant à contrôler l'autre, et ce en l'absence de toute violence physique avérée.

  • Les catégories d'agression verbale

On peut isoler 15 catégories d'agressions verbales, malheureusement fréquentes dans la communication de couple ou avec les enfants. Outre les insultes et les menaces, généralement repérées sans difficulté, on trouve le chantage, la dévalorisation, la sape, la contradiction, les jugements et critiques, les accusations et les reproches, la fausse plaisanterie, le blocage et la diversion, l'oubli, la retenue, le déni, le discrédit et le silence.

Ces trois dernières catégories ont un statut particulier, parce qu'elles sont souvent utilisées en réponse à la protestation de la victime qui se plaint de ne pas avoir été entendue ou d'avoir essuyé une remarque désagréable. Leur utilisation marque la conviction bien ancrée chez l'agresseur d'être dans son bon droit quant au discours qu'il tient à autrui, voire sa volonté explicite de blesser l'autre. Elle illustre aussi le fait que l'agresseur n'a aucune intention de s'excuser et qu'il est incapable d'éprouver de l'empathie par rapport à ce qu'il fait subir à sa victime.

Il est important en effet de prendre conscience que l'on peut blesser autrui sans le vouloir, et même sans le savoir si l'autre n'en dit rien. Ce qui fait la différence entre un agresseur qui trouve son comportement légitime et une personne dépourvue de mauvaises intentions, c'est que la seconde s'excuse si on lui fait remarquer qu'elle est désagréable. Elle montre ainsi qu'elle est capable de compatir à la détresse de son interlocuteur, déclenchée involontairement. Par contre, quelqu'un qui se sent agressé et qui n'en dit rien, préférant ressasser ses malheurs dans son coin, entre à ce moment dans une catégorie d'agression liée au silence, à la bouderie. On voit ici combien les relations agresseur-victime sont complexes et qu'une analyse fine du discours et des comportements de chacun s'impose, avant de décréter qui est le 'méchant' et qui est le 'gentil', les rôles pouvant s'inverser selon les situations dans le couple.

  • Les domaines de contrôle

On peut dénombrer 10 domaines de contrôle, dans lesquels on assujettit l'autre. On trouve ainsi le contrôle de la liberté de mouvement, des fréquentations, du comportement, des moyens financiers, des goûts, de la pensée, de l'espace sonore, du temps, de l'espace physique et de la communication. Autant certains de ces contrôles sont judicieux et nécessaires dans le cadre de l'éducation des enfants, leur offrant des limites protectrices sur lesquelles s'appuyer pour grandir, autant elles sont d'une justification douteuse entre adultes, censés être à égalité, au sein du couple par exemple.

Dans son livre consacré à la violence psychologique en famille, Yvane Wiart (Wiart, 2011a) offre des définitions précises de ces catégories d'agression verbale, assorties de nombreux exemples concrets, et elle détaille les modalités des différents domaines de contrôle d'autrui. Elle présente aussi plusieurs questionnaires permettant de découvrir si l'on est agresseur ou victime au sein de son couple, voire les deux, et des solutions pour sortir du cycle infernal de la violence psychologique. Elle rappelle aussi que la violence psychologique est un phénomène transgénérationnel. Cela signifie que la violence que l'on inflige ou celle que l'on subit est à l'image de celle que l'on a soi-même vécue dans son enfance, et que l'on a appris à considérer comme un mode de communication et de réaction normal. C'est en ce sens que les recherches sur la violence psychologique à enfant, clairement séparée de la violence physique et sexuelle, sont fondamentales pour tenter d'enrayer le phénomène.

Agressivité et colère

Agressivité et colère sont souvent confondues. On dira ainsi facilement d'une personne qui se met en colère qu'elle est agressive, même si dans ses propos elle ne s'en prend pas directement à la personne d'autrui, mais se contente de manifester vivement son mécontentement. Il est aussi tout à fait possible d'être agressif sans jamais hausser le ton, ni avoir l'air en colère. Un grand nombre des catégories d'agression verbale listées ci-dessus peuvent s'exprimer dans le plus grand calme, avec même une apparence de neutralité, voire de bienveillance ('c'est pour ton bien que je dis ça'), et c'est entre autres pour cette raison qu'elles sont difficiles à repérer comme éléments de violence psychologique. Le silence en est aussi un bon exemple, qui n'est pas forcément ostentatoire comme dans la bouderie, et peut-être facilement masqué par 'ah, j'ai pas entendu!', sans suite.

La colère est importante à ressentir et à exprimer, car elle nous indique que quelque chose dans la situation ne se passe pas bien pour nous, et qu'il est judicieux d'y prêter attention. L'exprimer à autrui vise normalement à faire prendre conscience à l'autre que quelque chose ne va pas dans la relation et que c'est important d'y remédier. Cela étant, une bonne partie de l'éducation consiste à apprendre à l'enfant à ne pas exprimer, voire à ne pas ressentir ce type d'émotion, car les protestations de l'enfant confrontent l'adulte à ses propres manquements, son absence, son indisponibilité, son manque d'attention et d'écoute réels. Ceux qui n'ont pas été entendus lors de protestations saines au départ, se réfugient ensuite dans l'agression verbale active ou passive. Soit ils se mettent en colère à la moindre occasion, soit rien ne semble pouvoir les démonter, mais leur hostilité (liée à une accumulation de colère) s'exprime autrement. Ou encore, ils peuvent être persuadés de mériter les attaques, et ils deviennent alors des victimes toutes trouvées (Bowlby, 1978, 1988).

Les effets de la violence psychologique

Évoquer la violence psychologique et ses effets fait plutôt penser à un impact psychique, pouvant conduire à une perte d'estime de soi, de motivation et à des troubles dépressifs. Si ces symptômes existent bien sûr et peuvent être graves et handicapants, plus préoccupantes encore et souvent méconnues sont les conséquences de cette violence sur la santé physique. La violence, quelle qu'elle soit, mobilise immédiatement les mécanismes du stress chez la personne agressée. Ce stress physique implique une réaction du système cardio-vasculaire, ainsi que du système immunitaire, et si d'aigu ou ponctuel il devient chronique, car la personne demeure dans une situation de violence qu'elle ne fuit pas, les conséquences à moyen et long terme sont très lourdes pour l'organisme.

Ces mécanismes ont été mis en évidence d'abord par Hans Selye (1962), créateur du concept de stress, puis par quantité d'autres chercheurs, finissant par aboutir à la notion de charge allostatique présentée comme étant à l'origine du déclenchement des maladies (Wiart, 2005; McEwen, 2002; Robert Sapolsky, 1994; Timiras, 2004). Une branche relativement récente de la recherche internationale sur les relations entre psychisme et maladie s'appelle la psycho-neuro-immunologie, et elle s'intéresse en particulier au cancer.

L'agresseur n'échappe pas non plus à la mobilisation de ses mécanismes du stress, même si son agressivité lui fournit souvent une échappatoire lui permettant de décharger la tension accumulée. C'est ce qu'Henri Laborit a montré avec ses expériences sur les rats qui stressés, finissent malades s'ils sont seuls en cage, alors qu'en présence d'un congénère qu'ils peuvent attaquer, leur santé physique est préservée. Ces mécanismes sont rappelés et détaillés concrètement dans Wiart (2011a).

La violence psychologique à enfant

En 1983, s'est tenue aux États-Unis la première conférence internationale dédiée à la violence psychologique envers les enfants. Elle a rassemblé des chercheurs et des professionnels de l'aide à l'enfance venus de 8 pays, qui ont travaillé à une définition de ce type de violence permettant de l'évaluer précisément dans un objectif d'étude, d'information et de prévention. La définition et les types d'atteintes proposés dans ce cadre sont d'ordre plus général que les catégories d'agression verbale et les domaines de contrôle présentés plus haut. Ces deux niveaux se complètent, l'approche détaillée permettant une prise de conscience concrète au quotidien du type d'interaction que l'on entretient avec les adultes ou les enfants de son environnement proche. C'est à ce niveau que chacun peut agir, s'il le souhaite, une fois perçu l'impact d'une violence psychologique non repérée comme telle, impact démontré par la recherche.

"En 1995, l’APSAC (American Professional Society on the Abuse of Children) définit les mauvais traitements psychologiques (ou encore appelés "violence psychique" ou "morale") comme constitués de comportements répétés de la part d’un parent, ou d'un incident extrême, qui font comprendre à l'enfant qu'il ne vaut rien, qu'il n'est pas normal, qu'il n'est pas aimé, que l'on ne veut pas de lui, qu'il est en danger ou que sa seule valeur réside dans la satisfaction par lui des désirs des autres. Sur la base de diverses théories du développement et de l'éducation, dont les travaux d'Abraham Maslow, les mauvais traitements psychologiques apparaissent comme une atteinte directe aux besoins fondamentaux d'estime de soi, d'amour et d'appartenance, de sécurité et d'équilibre physiologique de l'individu. Le recours au rejet, à la terreur, à l'isolation, à la corruption/exploitation et au refus de réponse affective constituent les principales catégories de violence psychique repérées par l'APSAC, auxquelles on peut ajouter les négligences sur le plan de la santé ou de l'éducation (Hart et al., 1998).

Le rejet s'exprime par le fait de rabaisser l'enfant, de dévaloriser sa personne et ses actes, par le fait de lui faire honte ou de tourner en ridicule ses manifestations normales d'affection, de chagrin ou de peur.

Terroriser l'enfant consiste à le menacer ou à avoir des comportements pouvant induire de blesser, tuer, abandonner ou placer l'enfant, des personnes qu'il aime ou des objets auxquels il tient dans des situations objectivement dangereuses.

Isoler l'enfant revient à l'empêcher de satisfaire ses besoins d'interaction et de communication avec autrui, pairs ou adultes, à l'intérieur ou à l'extérieur du foyer.

Exploiter/corrompre l'enfant consiste à l'encourager à développer des conduites inappropriées, auto-destructrices, anti-sociales, criminelles, déviantes ou inadaptées. (…) cela inclut aussi de l'inciter à adopter des comportements inappropriés à son bon développement, tels que l'inversion de rôles où c'est lui qui prend soin du parent, devant satisfaire ses besoins ou ses rêves non réalisés, ou encore l'infantilisation où il est, cette fois, empêché de grandir car cela déstabilise trop le parent. Cela consiste encore à encourager ou à contraindre l'enfant à abandonner son besoin d'autonomie par une implication excessive, l'intrusion ou la domination, par lesquelles ses opinions, ses sentiments et ses souhaits ne sont pas pris en compte, et sa vie complètement dirigée par le parent. Cela consiste enfin à interférer avec son développement cognitif, par hyperstimulation par exemple, ou au contraire à lui imposer des restrictions d'apprentissage.

Le refus de réponse affective se manifeste par le mépris des tentatives de l'enfant dans son besoin d'interagir avec le parent sur le plan affectif, par le manque d'expression d'affection, de souci et d'amour envers lui, et par l'absence de manifestations émotionnelles. Il se concrétise par un certain détachement et un manque d'implication, limitant les interactions au strict nécessaire, de manière objective et concrète.

Les négligences médicale et éducative correspondent à l'absence ou au refus de soins physiques ou psychiques, et de scolarisation de l'enfant." (Coslin et Tison, 2010) (Myers et al., 2002).

L'étude française coordonnée par Coslin et Tison a mis en évidence que les professionnels intervenant dans le cadre de l'enfance en danger, c'est-à-dire des psychologues, des médecins, des travailleurs sociaux, des écoutants de centre d'appel, des enseignants de primaire et des gendarmes, reconnaissent mal ce qui est du ressort de la violence psychologique, et ne sont donc guère à même de la dépister. Il semble qu'il y ait donc encore beaucoup à faire en France aujourd'hui, pour une prise de conscience à la fois de l'importance du phénomène et de ses conséquences néfastes, ce qui est aussi révélé par les vives réactions suscitées dès que l'on tente de remettre en cause la gifle ou la fessée éducatives, ce qui entre en réalité dans le cadre de la violence physique. (voir sites…)

Effets sur les enfants de la violence psychologique

La violence psychologique vécue au sein de la famille est à l'origine des nombreuses séquelles qui peuvent se manifester dès l'enfance et l'adolescence ou n'apparaître qu'à l'âge adulte. Elle induit des troubles relationnels et comportementaux, une faible estime de soi, des affects dépressifs, des comportements d'addiction, de l'agressivité, des difficultés de concentration et d'apprentissage, etc. Dès les années cinquante (1950), John Bowlby a attiré l'attention sur l'impact insoupçonné du défaut d'attention aux besoins d'attachement de l'enfant, dans son rapport pour l'OMS intitulé "Carence de soins maternels et santé mentale". Il a ensuite insisté, au long de sa carrière de psychiatre et de psychanalyste, sur l'importance de la prise de conscience de la réalité de la violence familiale, dans l'enfance et l'adolescence, pour la compréhension des troubles affectifs liés au développement de la personnalité (Voir Bowlby, 1988 et Wiart, 2011b). Dans cette perspective, on peut aussi se référer aux ouvrages d'Alice Miller (Miller, 1983, 1984, 1986, 1996) ou de Karen Horney (Horney, 1953, 1965).

Sur le plan physique, des liens ont été établis entre violence psychologique et problèmes respiratoires (asthme, allergies) et les affections se rapportant à une mobilisation chronique des mécanismes de réaction au stress (problèmes cardio-vasculaires, hypertension, cancer). Les travaux rapportés par l'APSAC soulignent que c'est l'absence de réaction émotionnelle aux sollicitations de l'enfant qui induit les traumatismes les plus importants tant sur le plan physique que psychique, et ils soulignent leur impact à très long terme. Ces violences sont soit par commission, c'est-à-dire que l'on tient des propos négatifs à l'enfant, on lui fait honte, soit par omission, c'est-à-dire que l'on s'abstient de lui apporter le soutien affectif dont il a besoin, on le tient à distance, on ne le complimente pas, etc. (voir Wiart, 2011a).

L'importance des répercussions de la violence psychologique à enfant est détaillée sur le site gouvernemental américain de veille sanitaire (Center for Disease Control, CDC), avec en particulier le détail de l'influence néfaste sur le développement du cerveau et de ses mécanismes de régulation des fonctions corporelles, conduisant à terme à la maladie . Ce même type d'information se retrouve dans un guide de l'OMS visant à informer la communauté internationale de l'enjeu, afin de mobiliser la recherche et d'introduire des politiques de prévention. On peut encore citer l'étude ACE (Adverse Childhood Experience). Une partie des recherches engagées dans le domaine se résume sous l'appellation 'neurobiologie développementale' qui étudie les conditions de développement du cerveau, les influences positives et négatives, et les effets à long terme sur la santé (Schore, 2003a, 2003b ; Siegel, 2002 ; Szalavitz & Perry, 2010).

Notions similaires et législation dans les autres pays[modifier]

ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE DU CONSEIL DE L'EUROPE, AUDITION DU 8 JUIN 2011, A PROPOS DE LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE ET DE LA NÉCESSITÉ DE CONSTITUER L'INFRACTION PÉNALE DANS LES ÉTATS MEMBRES

« La violence psychologique est le ciment de la violence conjugale et doit être considérée comme l'équivalent psychologique du meurtre. Sans une préparation psychique destinée à la soumettre, aucune femme n'accepterait la violence physique. C'est cette préparation psychique, cette pression psychologique, cette violence des mots créant une situation de domination, qui conduisent de manière irréversible, à la destruction morale d'un être, puis à la violence des coups, » a déclaré aujourd'hui l'avocate Yael Mellul lors d'une audition de la Commission égalité de l'APCE sur la violence psychologique.

Pour la psychiatre Marie-France Hirigoyen, ériger la violence psychologique en un délit est un moyen d’agir en amont, de prévenir ; mais sans éducation de tous les intervenants, notamment les magistrats et policiers, elle est inapplicable. « Beaucoup de femmes ne savent pas qu’elles sont victimes de violences ! A quel moment est-on dans un conflit de couples, à quel moment dans la violence ? A la base il y a un conditionnement social. La violence psychologique se met en place par des micro-violences insidieuses, l’humiliation, le dénigrement, puis par l’insulte, des menaces, des pressions financières, le harcèlement, l’isolement social. L’emprise agit à trois niveaux : cognitif, comportemental et émotionnel et elle peut conduire à une sorte d’addiction réciproque, » a-t-elle expliqué.

En conclusion, Elvira Kovács (Serbie, PPE/DC), chargé de préparer un rapport sur ce sujet, a estimé qu’il fallait ériger la violence psychologique en infraction même si elle est difficile à prouver, et l’inclure dans la Convention du Conseil de l’Europe pour prévenir et combattre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Dans son rapport, elle souhaite notamment examiner les problèmes juridiques et pratiques que pose l’établissement de la preuve de la violence psychologique.

Le lien vers la source: http://assembly.coe.int/ASP/NewsManager/FMB_NewsManagerView.asp?ID=6724&L=1

Voir aussi[modifier]

  • Violence liée au physique
  • Violence liée à l'argent
  • Harcèlement moral
  • Violence psychique

Liens externes[modifier]

  • (en) Effets à long terme, étude ACE
  • (en) Site du ministère de la santé (US), données sur la maltraitance
  • (en) Site du gouvernement américain, étude ACE
  • Guide OMS sur la prévention de la maltraitance des enfants
  • Le fonctionnement du cerveau
  • Extraits vidéos de "Mon oncle d'Amérique", film d'Alain Resnais sur la base des travaux de Laborit
  • Audition à l'Assemblée Nationale Française de Maitre Yael Mellul, Initiatrice du délit de violences psychologiques dans la loi du 9 juillet 2010 (violences faites aux femmes.)
  • Article dans LEMONDE.FR de Maitre Yael Mellul, Article: Violences conjugales : lettre ouverte à Mmes et MM. les députés, par Yael Mellul / LE MONDE
  • « La violence psychologique est le ciment de la violence conjugale » Par Yael Mellul, devant le conseil de l'Europe., 8/06/11

Bibliographie[modifier]

  • Bowlby J. (1978). Attachement et perte (Vol. 2). La séparation : angoisse et colère. Paris, PUF.
  • Bowlby J. (1988). A secure base. Version française : La relation, la psychanalyse et l'art d'être parents. Albin Michel (Septembre 2011).
  • Coslin P.G. & Tison B. (2010). Les professionnels face à l’enfance en danger : lorsque la méconnaissance fait mal. Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson.
  • Horney K. (1953). L’auto-analyse. Paris, Stock .
  • Horney K. (1965). Neurosis and human growth. : The struggle toward self-realization. London, Routledge.
  • McEwen B. (2002). The End of Stress As We Know It. Washington, Joseph Henry Press.

Stress, Adaptation, and Disease: Allostasis and Allostatic Load article en ligne (en anglais)

Neurobiologie du stress article en français

  • Miller A. (1983). Le Drame de l’enfant doué : À la recherche du vrai soi. Paris, PUF.
  • Miller A. (1984). C’est pour ton bien : Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant. Paris, Aubier.
  • Miller A. (1986). L’Enfant sous terreur : L’ignorance de l’adulte et son prix. Paris, Aubier.
  • Miller A. (1996). L’Avenir du drame de l’enfant doué : Les options de l’adulte. Paris, PUF.
  • Myers J.E.B. (2002). The APSAC handbook on child maltreatment. Thousand Oaks, Sage Publications.
  • Sapolsky R.M. (1994). Why zebras don’t get ulcers : A guide to stress, stress-related diseases, and coping. New York, W.H. Freeman.
  • Schore A.N. (2003). Affect dysregulation & disorders of the self. New York, Norton.
  • Schore A.N. (2003). Affect regulation & the repair of the self. New York, Norton.
  • Selye H. (1962). Le stress de la vie. Le problème de l'adaptation. Paris, Gallimard.
  • Siegel D.J. (2002). The developing mind : Toward a neurobiology of interpersonal experience. New York, Guilford Press.
  • Szalavitz M. and Perry B.D (2010). Born for Love : why empathy is essential - and endangered. New York, Harper Collins Publishers.
  • Timiras P. (2004). Stress, adaptation, longévité. Paris, Economica.
  • Wiart Y. (2005). Stress ? Peut-on et doit-on chercher à y échapper à tout prix ? Perspectives Psy, 44(5), p.406-410. [1]
  • Wiart Y. (2011a). Petites violences ordinaires : La violence psychologique en famille. Paris, Courrier du livre.
  • Wiart Y. (2011b). L'attachement, un instinct oublié. Paris, Albin Michel.

 

19 décembre 2011

Au secours ! Tout va trop vite !

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Un excellent article du Monde Magazine du philosophe Hartmut Rosa sur l'accélération...
édifiant...et terrifiant...

Qu'en pensez-vous ?

Sentiment d'urgence
(...)

L'impression de ne plus avoir de temps, que tout va trop vite, que notre vie file, l'impression d'être impuissant à ralentir nous angoisse et nous stresse. Ainsi Hartmut Rosa, 45 ans, professeur à l'université Friedrich- Schiller d'Iéna, développe sa "critique sociale du temps" de la "modernité tardive" dans sa magistrale étude, Accélération (La Découverte).

Après les études inquiètes de Paul Virilio sur la vitesse, Hartmut Rosa examine la dissolution de la démocratie, des valeurs, de la réflexion, de notre identité, emportées par la vague de l'accélération. Entretien de rentrée, alors que déjà, tous, congés derrière nous, on se magne.

C'est la rentrée, le moment où on ressent avec le plus d'acuité la façon dont nos vies s'accélèrent. Nous avons même souvent le sentiment que les vacances se sont passées à toute allure. Comment expliquer ce sentiment d'urgence permanent ?

Hartmut Rosa : Aujourd'hui, le temps a anéanti l'espace. Avec l'accélération des transports, la consommation, la communication, je veux dire "l'accélération technique", la planète semble se rétrécir tant sur le plan spatial que matériel.

Des études ont montré que la Terre nous apparaît soixante fois plus petite qu'avant la révolution des transports. Le monde est à portée de main. Non seulement on peut voyager dans tous les coins, rapidement, à moindres frais et sans faire beaucoup d'efforts, mais on peut aussi, avec l'accélération des communications, la simultanéité qu'elle apporte, télécharger ou commander presque chaque musique, livre ou film de n'importe quel pays, en quelques clics, au moment même où il est produit.

Cette rapidité et cette proximité nous semblent extraordinaires, mais au même moment chaque décision prise dans le sens de l'accélération implique la réduction des options permettant la jouissance du voyage et du pays traversé, ou de ce que nous consommons. Ainsi les autoroutes font que les automobilistes ne visitent plus le pays, celui-ci étant réduit à quelques symboles abstraits et à des restoroutes standardisés.

Les voyageurs en avion survolent le paysage à haute altitude, voient à peine la grande ville où ils atterrissent et sont bien souvent transportés dans des camps de vacances, qui n'ont pas grand-chose à voir avec le pays véritable, où on leur proposera de multiples "visites guidées". En ce sens, l'accélération technique s'accompagne très concrètement d'un anéantissement de l'espace en même temps que d'une accélération du rythme de vie.

Car, même en vacances, nous devons tout faire très vite, de la gymnastique, un régime, des loisirs, que nous lisions un livre, écoutions un disque, ou visitions un site. Voilà pourquoi on entend dire à la rentrée : "Cet été, j'ai fait la Thaïlande en quatre jours." Cette accélération des rythmes de vie génère beaucoup de stress et de frustration. Car nous sommes malgré tout confrontés à l'incapacité de trop accélérer la consommation elle-même.

S'il est vrai qu'on peut visiter un pays en quatre jours, acheter une bibliothèque entière d'un clic de souris, ou télécharger des centaines de morceaux de musique en quelques minutes, il nous faudra toujours beaucoup de temps pour rencontrer les habitants, lire un roman ou savourer un air aimé. Mais nous ne l'avons pas. Il nous est toujours compté, il faut se dépêcher. C'est là un des stress majeurs liés à l'accélération du rythme de vie : le monde entier nous est offert en une seconde ou à quelques heures d'avion, et nous n'avons jamais le temps d'en jouir.

Selon vous, l'accélération de la vie se traduit par l'augmentation de plus en plus rapide du nombre d'actions à faire par unité de temps. C'est-à-dire ?

Ces jours-ci, les gens rentrent de congés et déjà tous, vous comme moi, se demandent comment ils vont réussir à venir à bout de leur liste de choses "à faire". La boîte mail est pleine, des factures nouvelles se présentent, les enfants réclament les dernières fournitures scolaires, il faudrait s'inscrire à ce cursus professionnel, ce cours de langue qui me donnerait un avantage professionnel, je dois m'occuper de mon plan de retraite, d'une assurance santé offrant des garanties optimales, je suis insatisfait de mon opérateur téléphonique, et cet été j'ai constaté que je négligeais mon corps, ne faisais pas assez d'exercice, risquais de perdre ma jeunesse d'allure, si concurrentielle.

Nous éprouvons un réel sentiment de culpabilité à la fin de la journée, ressentant confusément que nous devrions trouver du temps pour réorganiser tout cela. Mais nous ne l'avons pas. Car les ressources temporelles se réduisent inexorablement.

Nous éprouvons l'impression angoissante que si nous perdons ces heures maintenant, cela serait un handicap en cette rentrée sur les chapeaux de roue, alors que la concurrence entre les personnes, le cœur de la machine à accélération, s'aiguise.

Et même si nous trouvions un peu de temps, nous nous sentirions coupables parce qu'alors nous ne trouverions plus un moment pour nous relaxer, passer un moment détendu avec notre conjoint et nos enfants ou encore aller au spectacle en famille, bref profiter un peu de cette vie. Au bout du compte, vous voyez bien, c'est l'augmentation du nombre d'actions par unité du temps, l'accélération du rythme de vie qui nous bouscule tous.

En même temps, chaque épisode de vie se réduit…

En effet, la plupart des épisodes de nos journées raccourcissent ou se densifient, au travail pour commencer, où les rythmes s'accélèrent, se "rationalisent". Mais aussi en dehors. On assiste à une réduction de la durée des repas, du déjeuner, des moments de pause, du temps passé en famille ou pour se rendre à un anniversaire, un enterrement, faire une promenade, jusqu'au sommeil.

Alors, pour tout faire, nous devons densifier ces moments. On mange plus vite, on prie plus vite, on réduit les distances, accélère les déplacements, on s'essaie au multitasking, l'exécution simultanée de plusieurs activités. Hélas, comme nos ressources temporelles se réduisent, cet accroissement et cette densification du volume d'actions deviennent vite supérieurs à la vitesse d'exécution des tâches.

Cela se traduit de façon subjective par une recrudescence du sentiment d'urgence, de culpabilité, de stress, l'angoisse des horaires, la nécessité d'accélérer encore, la peur de "ne plus pouvoir suivre". A cela s'ajoute le sentiment que nous ne voyons pas passer nos vies, qu'elles nous échappent.

Nous assistons, dites-vous, à une "compression du présent", qui devient de plus en plus fuyant. Pouvez-vous nous l'expliquer ?

Si nous définissons notre présent, c'est-à-dire le réel proche, comme une période présentant une certaine stabilité, un caractère assez durable pour que nous y menions des expériences permettant de construire l'aujourd'hui et l'avenir proche, un temps assez conséquent pour que nos apprentissages nous servent et soient transmis et que nous puissions en attendre des résultats à peu près fiables, alors on constate une formidable compression du présent.

A l'âge de l'accélération, le présent tout entier devient instable, se raccourcit, nous assistons à l'usure et à l'obsolescence rapide des métiers, des technologies, des objets courants, des mariages, des familles, des programmes politiques, des personnes, de l'expérience, des savoir-faire, de la consommation.

Dans la société pré-moderne, avant la grande industrie, le présent reliait au moins trois générations car le monde ne changeait guère entre celui du grand-père et celui du petit-fils, et le premier pouvait encore transmettre son savoir-vivre et ses valeurs au second.

Dans la haute modernité, la première moitié du xxe siècle, il s'est contracté à une seule génération : le grand-père savait que le présent de ses petits-enfants serait différent du sien, il n'avait plus grand-chose à leur apprendre, les nouvelles générations devenaient les vecteurs de l'innovation, c'était leur tâche de créer un nouveau monde, comme en Mai 68 par exemple.

Cependant, dans notre modernité tardive, de nos jours, le monde change plusieurs fois en une seule génération. Le père n'a plus grand-chose à apprendre à ses enfants sur la vie familiale, qui se recompose sans cesse, sur les métiers d'avenir, les nouvelles technologies, mais vous pouvez même entendre des jeunes de 18 ans parler d'"avant" pour évoquer leurs 10 ans, un jeune spécialiste en remontrer à un expert à peine plus âgé que lui sur le "up to date". Le présent raccourcit, s'enfuit, et notre sentiment de réalité, d'identité, s'amenuise dans un même mouvement.
(....)
Propos recueillis par Frédéric Joignot

 

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28 août 2011

la psychogénéalogie, thérapeuthique déviante.....

 

 LA PSYCHOGENEALOGIE

La hantise de nos arbres généalogiques

Géraldine Fabre

 

Docteur en Sciences, Membre de l’Observatoire Zététique

 

Extrait des actes du colloque national :« Science, pseudo-sciences et thérapeutiques déviantes »

Approche pratique et éthique (in Découvertes sur les sectes et religions n°72 –GEMPPI)

                             Organisé par le GEMPPI en Partenariat avec le CEREM

 

Qui s’est déroulé le Samedi 21 octobre 2006 à l’Espace Ethique Méditerranéen,  Hôpital adultes de La Timone. 264, rue St Pierre 13005 Marseille  -  (www.medethique.com)

 

La psychogénéalogie peut être définie comme une méthode de psychanalyse qui consiste à rechercher dans le vécu de nos ancêtres les sources de nos comportements, de nos éventuels troubles psychologiques ou maladies. L’engouement actuel pour la généalogie contribue au développement de cette discipline qui lui devient presque indissociable. La théorie qui sous-tend cette thérapie, est issue des observations qu’Anne Ancelin Schützenberger, psychothérapeute, groupe-analyste et psychodramatiste, a réalisées au cours de sa carrière.

S’il est évident que l’éducation reçue de nos parents, les enseignements transmis par nos grands-parents, les relations avec les membres de notre famille nous influencent tout au long de notre vie, les interprétations de la psychogénéalogie, découvrant les fantômes qui « hanteraient » nos arbres généalogiques,  vont bien au-delà de ces évidences et peuvent parfois s’avérer dangereuses.

La psychogénéalogie en quelques mots

La théorie de la psychogénéalogie est basée sur différents concepts de psychanalyse, dont les principaux sont  l’inconscient collectif,  les loyautés familiales invisibles et les notions de crypte et defantômes.

Pour le psychanalyste Carl Gustav Jung, l’inconscient collectif se manifeste sous forme d’archétypes, c’est-à-dire d’images anciennes, que l’on retrouve dans les mythes et légendes, et qui seraient communes à toute l'humanité. Cette idée, qui sous-entend une certaine hérédité, a été reprise par Jacob Lévi Moreno qui, la développant, a postulée l’existence d’un co-inconscient familial ou groupal, vecteur de la transmission transgénérationnelle dans une même famille.

Le concept de loyauté familiale invisible a été développé par le psychanalyste Ivan Boszormenyi-Nagy. Pour lui, il y aurait dans chaque famille des règles de loyauté et un système de comptabilité inconscients qui fixent la place et le rôle de chaque membre et ses obligations familiales. Dans cette perspective, Anne Ancelin Schützenberger affirme que l’acquittement des dettes familiales est très souvent transgénérationnel : « Ce que nous avons reçu de nos parents, nous le rendons à nos enfants. »<!--[if !supportFootnotes]-->[1]<!--[endif]--> Ces règles de loyauté sont dites invisibles car pour les psychogénéalogistes, elles sont inconscientes. Le choix d’une profession, l’échec inconscient à un concours, le développement d’une maladie, etc. sont souvent interprétées en psychogénéalogie comme des loyautés familiales, nous maintenant en servitude.

Pour expliquer le comportement parfois incompréhensibles de certains de leurs patients, agissant de manière irrationnelle et contraire à leur volonté, Nicolas Abraham et Maria Török inventèrent les notions de crypte et de fantômes. Selon eux, un secret, un non-dit peuvent être enfermés dans unecrypte de l’inconscient familial. Ce secret peut par la suite en surgir et influencer le comportement des descendants de la famille. Un fantôme serait donc une formation de l’inconscient, né du secret inavouable d’un autre membre de la famille et qui se serait transmis d’un inconscient à l’autre à travers les générations.

Comme on le voit dans cette brève présentation, la psychogénéalogie postule l’existence d’un inconscient familial, vecteur de la transmission entre les générations, l’existence de règles de loyautés propres à chaque famille et la capacité pour un secret, un événement passé traumatisant de resurgir après plusieurs générations et d’influencer le comportement des descendants de la famille.

L’utilisation de la psychogénéalogie

Le diagnostic d’une maladie transgénérationnelle est établi par le psychogénéalogiste à partir d’un génosociogramme. Outil de base de la psychogénéalogie, c’est un arbre généalogique constitué par le patient, complété des éléments de vie importants (professions, lieux d’habitation, contexte socio-économique, etc.) et des dates d'événements marquants (naissances, mariages, décès, accidents, licenciement, maladie, etc.). Ce n’est donc pas un document objectif. Il ne se limite d’ailleurs pas à la filiation directe ; le patient peut y ajouter toutes les personnes de sa famille ayant un rôle important à ses yeux (oncles, tantes, neveux, cousins, etc.).

Dans cette représentation graphique, le psychogénéalogiste recherche les répétitions, de dates, de prénoms, de maladies, de professions, etc. et essaie ensuite de les interpréter. Pour leur donner un sens, certains psychogénéalogistes utilisent lalangue des oiseaux, « traduction » basée sur de simples procédés homophoniques. Le choix des prénoms d’un enfant est souvent considéré comme révélateur d’une transmission familiale plus ou moins consciente. Ainsi, Gisèle signifierait « gis-en-elle », René = « re-naît », Dorothée serait « dort ôté », en souvenir d’un enfant mort, Sylvie = « S’il vit », Vivien = « Vie vient », témoignant de la volonté familiale de rappeler l’absent. Ces interprétations symboliques ou purement intuitives ne sont basées que sur de simples analogies et ne sont étayées par aucune preuve scientifique. Affirmations gratuites, elles sont également invérifiables.

En recherchant dans l’histoire de la famille de ses patients, Anne Ancelin Schützenberger releva des répétitions de structure ou d’âge : le cancer de ses patients s’était en effet parfois déclenché  à la date anniversaire ou à l’âge auquel leur mère, leur grand-père, leur grand-tante étaient précédemment morts d’un cancer ou d’un accident. Ces répétitions ou synchronies constituent ce qu’elle appelle lesyndrome d’anniversaire.

En psychogénéalogie, ces coïncidences ont un sens et révèlent une loyauté familiale invisible. Selon l’exemple donné par Anne Ancelin Schützenberger, si Charles souffre d’un cancer des testicules, c’est par loyauté inconsciente envers son grand-père qui est mort, au même âge, d’un coup de pied de chameau porté à cet endroit.

Les psychogénéalogistes avancent des probabilités très faibles d’observer ces correspondances. Bien que les recherches statistiques sur les transmissions transgénérationnelles soient quasi inexistantes, mathématiquement, il est facile de démontrer que ces coïncidences peuvent tout aussi bien être hasardeuses : les probabilités de correspondance sont en effet bien supérieures à ce que les psychogénéalogistes affirment.

Sur le même principe, Salomon Sellam a défini le syndrome du gisant. Ce trouble transgénérationnel serait dû à la hantise d’un ancêtre. L’identification de ce syndrome passe par une correspondance de dates révélée par l’arbre généalogique. Chaque personne est caractérisée par trois dates : date de conception, date de naissance et point G correspondant à la date de naissance à laquelle on ajoute 9 mois. Chaque ancêtre est également caractérisé par trois dates : sa date de conception, sa date de naissance et sa date de décès. Le psychogénéalogiste diagnostiquera un syndrome du gisant si deux de ces dates coïncident. Salomon Sellam affirme que la probabilités d’observer de telles correspondances est très faible (1 une sur 365 soit 0,2%) et elle le convainc que ces coïncidences ne sont pas dues au hasard. En réalité, la probabilité de trouver une telle correspondance dans un arbre comportant 4 ancêtres est déjà de 71% ; elle monte à 95 % avec 10 ancêtres… Nous sommes donc tous potentiellement hantés par un de nos ancêtres.

Pourquoi est-ce convaincant ?

Aux premiers abords, les théories et les interprétations de la psychogénéalogie peuvent sembler très convaincantes.

Les dates utilisées sont perçues comme des données objectives et les arbres généalogiques tiennent donc lieu de démonstrations « scientifiques ». Sur les génosociogrammes, les correspondances sont facilement visualisables. Même si elles ne sont dues qu’au hasard, il est difficile de s’en rendre compte tant l’évaluation de probabilités est contre-intuitive et prend souvent notre bon sens en défaut. De plus, les psychogénéalogistes insistent sur le caractère extraordinaire de ces coïncidences. Refusant ainsi qu’elles ne soient dues qu’au hasard, ils déduisent de ces observations une intentionnalité inconsciente.

Leurs interprétations péremptoires peuvent également sembler logiques et cohérentes. Elles sont facilement compréhensibles, basées la plupart du temps sur des analogies (langue des oiseaux). Mais elles sont surtout invérifiables et irréfutables et il faut les admettre pour pourvoir « guérir ».

Les psychogénéalogistes observent des répétitions de structures, des coïncidences de dates et déduisent de ces corrélations des causalités. C’est une erreur de raisonnement que nous commettons tous au quotidien. Mais, constater une corrélation temporelle entre deux événements, une coïncidence de dates entre deux personnes est-ce suffisant pour affirmer qu’un des événements a impliqué l’autre, que ces deux personnes sont liées ? Non. Constater que Charles et son grand-père ont tous les deux été atteints, au même âge, aux testicules ne permet pas d’affirmer que Charles développe un cancer à cause du coup de pied du chameau reçu par son grand-père.

Est-ce que ça « marche » ?

Les psychogénéalogistes prétendent que la mise en lumière d’une loyauté familiale invisible suffit à permettre au patient de sortir du schéma de répétition et donc à le « guérir » de sa maladie transgénérationnelle. Ils revendiquent donc de nombreuses « guérisons ».

Cet argument d’efficacité est souvent avancé pour valider la théorie qui sous-tend une thérapeutique mais il constitue une faute de logique, appelé aussi le sophisme du pragmatisme. En effet, il ne suffit pas que Charles ait guéri de son cancer pour prouver que celui-ci était dû au coup de pied de chameau reçu par son grand-père.

Les nombreuses « guérisons » avancées comme preuves de l’existence de ces transmissions transgénérationnelles ne constituent en réalité qu’une collection d’arbres et de témoignages. Ils peuvent de plus résulter d’un tri sélectif des données, seuls les résultats probants étant mis en avant. Sans autre preuve, les théories de la psychogénéalogie ne sont que des hypothèses restant à confirmer. Un exemple ne démontre rien. Une observation peut mettre en évidence un phénomène, (synchronie, syndrome du gisant), mais son interprétation par une mémoire transgénérationnelle inconsciente n'est qu'une hypothèse que cette simple observation ne suffit à prouver.

Pourquoi est ce que ça marche ?

La principale qualité d’un psychogénéalogiste est certainement l’écoute attentive qu’il se doit d’accorder à ses patients. En effet, les patients doivent confier à leur thérapeute leur histoire et celle de leurs familles. Le contexte de la maladie, du trouble psychologique qui les ont amenés à consulter est donc pris en compte. Aucun détail n’est oublié puisque tout a un sens.

Mais ce qui contribue au succès de la psychogénéalogie est sans aucun doute les réponses qu’elle prétend apporter. Les interprétations des psychogénéalogistes répondent à une véritable quête de sens de la part de leurs patients. Frappé par la maladie, ils ont en effet besoin de comprendrepourquoi : pourquoi est-ce que cette maladie les touche ? Pourquoi cela leur arrive-t-il maintenant ? Aucun médecin n’est capable de répondre à ces interrogations alors que la psychogénéalogie donne des explications en apparence cohérentes et rationnelles, mais surtout invérifiables et probablement libératrices. 

Enfin, en rejetant la faute de la maladie ou du mal-être sur un autre membre de la famille, la psychogénéalogie déculpabilise et déresponsabilise le patient. Cet effet de « déculpabilisation » joue très vraisemblablement un rôle dans les améliorations ressenties par les patients des psychogénéalogistes.

Pourquoi est ce dangereux ?

Bien qu’elle revendique une certaine efficacité, la psychogénéalogie n’est pas une psychothérapie inoffensive. 

Prétendant faire ressortir de l’inconscient familial des souvenirs refoulés à l’origine de problèmes psychologiques, la psychogénéalogie glisse parfois vers la manipulation par suggestion. Comme d’autres thérapies du même type, elle amène le patient à croire fermement à la véracité de faux souvenirs induits et aux explications invérifiables données par la thérapie.

Rejetant la « faute », la cause de la maladie sur un autre membre de la famille, elle peut également être la source de conflits et de rupture familiale. Si elle déculpabilise le patient, elle rejette en effet la culpabilité sur un de ses proches dont le comportement serait à l’origine de sa propre maladie.

De plus, cette thérapie enferme le patient dans son propre schéma de raisonnement. La maladie transgénérationnelle diagnostiquée, le patient se doit en effet de continuer la thérapie pour en sortir afin d’éviter de transmettre à son tour la maladie à sa descendance.

Enfin, les interprétations de certains psychogénéalogistes sont plus que douteuses. Les transmissions transgénérationnelles sont pour eux la source de toutes les maladies, même celles d’origine génétique comme l’écrit Baudouin Labrique :

Les maladies dites génétiques sont en fait des somatisations de conflits non résolus pouvant remonter jusqu'à la quatrième génération dans la famille.”

 

Bibliographie

Broch H., (1985), Le paranormal, Seuil. 
Canault N. (1998), Comment paye-t-on les fautes de ses ancêtres ? , Desclée De Brouwer.
Ancelin Schützenberger A., (2000), Aie, mes aieux ! , 15e édition, Desclée De Brouwer.
Van Eersel P. et Maillard C., (2002), J’ai mal à mes ancêtres, Albin Michel.
Sellam S. (2004), Le syndrome du Gisant, un subtil enfant de remplacement, Bérangel.

Fabre G. (2005), Psychogénéalogie (I) – Aïe, mes aïeux !. Publié sur le site de l’Observatoire Zététique et disponible en ligne : http://www.observatoire-zetetique.org

Fabre G. (2006), Psychogénéalogie (II) - Le syndrome du Gisant. Publié sur le site de l’Observatoire Zététique et disponible en ligne :http://www.observatoire-zetetique.org

 

GEMPPI:groupe d'etudes des mouvements de pensée en vue de la prévention de l'individu 


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26 juillet 2011

seconde peau.......

Cooper (1)

 

 

LA PSYCHOLOGIE DES VETEMENTS.

par Marc-Alain Descamps

 

       Chacun choisit soigneusement ses vêtements quand il les achète et quand il les met le matin. Et l’on voudrait savoir pourquoi. Que peut bien signifier ce que l’on met ? Ce comportement quotidien est en réalité bien complexe. De nombreux facteurs sont en jeu, qui portent à la fois sur la mode et sur le vêtement.

A.     les fonctions du vêtement

La question fondamentale sur les vêtements est :

pourquoi portons-nous des vêtements, alors que nous naissons tous totalement nus ?

Pour y répondre il faut faire appel aux quatre fonctions principales du vêtement :

la protection, la pudeur, la parure et la parole.

   1. La protection. Les vêtements nous protègent des éléments (froid, chaleur, pluie, vent, soleil...), des écorchures, des morsures des animaux ou des piqûres d’insectes, des coups des hommes à la guerre ou dans le sport, etc. Mais il ne faut jamais exagérer l’aspect fonctionnel des vêtements. L’utilité dans ce domaine n’explique finalement que bien peu de  choses. Si l’on ne tenait compte que du froid, les peuples méditerranéens vivraient nus 10 mois sur 12. D’ailleurs, au lieu de nous protéger du froid, les vêtements affaiblissent notre résistance et nous font perdre notre thermorégulation naturelle.

   2. La pudeur. En fait la sexualité est beaucoup plus importante pour rendre compte du vêtement, le premier et le dernier des vêtements étant toujours le cache-sexe. La pudeur a enclin les hommes (et encore plus les femmes) à cacher leurs organes de reproduction pour ne pas exciter des convoitises. Puis, par proximité des organes d’élimination, s’y est adjoint la honte. Aussi notre corps est-il coupé en deux : les parties nobles ou montrables et les "parties honteuses". Mais la pudeur n’est pas une réalité stable, car il n’y a rien de plus érotique que la pudeur. Aussi sa localisation varie selon les époques et les lieux. Le rôle des vêtements est finalement de cacher pour donner du prix en excitant le désir, et pouvoir après, dévoiler le caché dans un strip-tease sans fin. Ainsi on cache le décolleté par une modestie, que l’on fait ensuite en dentelles et l’on porte une mini-jupe mais en ayant bien soin de mettre dessous un collant qui cache ce que l’on vient de dévoiler.

3. La parure. Finalement la parure rend mieux compte du vêtement. Son origine doit en effet se trouver dans le trophée de chasse (la peau d’ours, de loup ou du lion de Némée pour Hercule) que le chasseur garde sur son dos pour perpétuer le souvenir de sa victoire. A ce premier rôle d’intimidation se superpose celui d’exaltation générale du corps. Il s’agit toujours de magnifier le corps humain, de grandir avec des talons ou des chapeaux, d’élargir les épaules des hommes puis maintenant des femmes, de resserrer la taille pour bien séparer le haut noble du bas ignoble. Par là ce sont tous les fantasmes collectifs et l’inconscient d’un groupe qui vont s’inscrire dans le corps (l’oeuf pour la "mama" méditerranéenne, la guêpe en 1900, l’araignée et l’échassier actuellement...).

4. La parole et le langage. Récemment les recherches sur le vêtement se sont centrées sur sa fonction de parole, de langage ou de communication. Le costume est un discours muet que nous tenons aux autres pour les avertir de ce que nous sommes et de ce que nous aimons. Et l’on va maintenant pouvoir en rendre compte. Le costume échappe enfin à la seule étude des historiens pour relever aussi de la psychologie, de la sociologie et de la linguistique. Bien des auteurs en particulier cherchent à calquer les découvertes de la linguistique pour les appliquer au vêtement.

B. la psychologie des costumes

    Le costume est une réalité psychosociale, mais sa partie sociale est plus importante que sa partie psychologique personnelle. Il est essentiellement fait pour traduire le sexe, l’âge et les classes sociales.

a) Le sexe. Tous les peuples de toutes les époques ont utilisé le vêtement pour indiquer le sexe de celui qui le porte. Les costumes masculins et féminins sont toujours et partout différents, mais la différence peut porter sur l’ensemble ou sur un détail. Encore faut-il savoir que ce qui peut paraître un détail pour des étrangers peut constituer l’essentiel à l’intérieur du groupe. C’est ainsi que dans l’antiquité les Grecs et les Romains portaient tous des toges, mais le plissé n’était pas le même pour les hommes et les femmes (ni les tissus, les couleurs, les formes et les noms). Et il en est encore de même pour les costumes musulmans traditionnels. Le plus important est dans l’intention du groupe humain qui peut vouloir insister sur la différence ou la réduire au minimum. Mais il en reste toujours au moins une. La mode de l’unisexe n’a jamais pu réussir à s’établir et même dans l’unisexe les vêtements des femmes ont toujours les boutonnières à gauche et ceux des hommes à droite. Avec l’uniformisation des rôles masculins et féminins dans nos sociétés, les différences, qui étaient maximales en 1900, ont tendance à se restreindre et les femmes ont pu accéder au droit de porter des pantalons (il est vrai différents de ceux des hommes).

   b). L’âge. Le code des âges est bien connu et chacun porte les habits de sa classe d’âge. Les différences sont devenues très importantes : costume des hommes, robes et tailleurs des femmes, jean tee-shirt et pull des jeunes. Même les magasins de vêtements se sont spécialisés, car les clientèles d’âges différents ne supportent plus de se mélanger. L’existence du code est confirmée par les franchissements. Certains adultes s’habillent comme des ados pour "faire jeune", alors que bien des jeunes portent des habits du troisième âge, avec les "chemises de papa", les lunettes de grand-mère et les divers styles rétros.

   c). Les classes sociales. Il existe de même un code des classes sociales. Ce que les autres cherchent à déterminer à travers nos habits c’est notre appartenance à l’une des mille nuances des classes sociales. Autrefois cela était beaucoup plus clair avec, par exemple, le bonnet des paysans, la casquette ouvrière, le chapeau d’artiste, le feutre souple des cols blancs, le chapeau à bord roulé des notables, le melon ou le gibus de la haute bourgeoisie. Maintenant les franchissements de code sont constants. : les intellectuels de gauche et les étudiants s’habillent comme des ouvriers pendant que les vendeurs et les employés cherchent à s’habiller comme des cadres...

  

d) Le personnel. Que reste-t-il donc de personnel dans le vêtement ? Bien peu de choses. Il n’y a pas de costume pour les qualités morales (honnête/voleur, loyal/menteur...), les types de personnalité (introverti/extraverti, angoissé/calme...), ni les traits de comportement (taciturne/bavard, végétarien/carnivore...). Finalement, d’après nos enquêtes, nous avons pu trouver le code vestimentaire de quelques dimensions : triste/gai (neuf, coloré, soigneusement choisi, bien coordonné), pudique/érotique (court, collant, fendu, transparent), doux/violent (cuir, clouté, bottes), décontracté/strict (brillant, cher, propre, raide, non-froissé). Pour le reste on en est réduit à acheter une panoplie (l’intégral ou le total-look) de la romantique, gitane, petite fille, sportive, BCBG, baba-cool, minette, new-wawe, fun... Mais tout ceci reste encore social.

C. le code des vêtements

    Enfin nous allons découvrir le code des vêtements, un code caché et secret que personne ne pouvait détailler, mais que tout le monde comprenait et suivait implicitement. Pour découvrir et mettre au point cette signification secrète des vêtements nous avons du partir, à l’inverse, des signifiants et non plus des signifiés.

Ainsi ont pu être établis dans le détail les codes des matériaux, des formes, des couleurs et des décors.

- Dans les matériaux, les significations de la fourrure ne sont pas celles du cuir, de la soie, de la laine, du lin, du coton ou des synthétiques. A quoi il faut ajouter celles des tissus (le jean, le velours, le vichy...) et des dessins (les raies, les pois, les fleurs, l’écossais...).

- Le code des formes est plus complexe à décrire. Le système des grands types de vêtements est assez simple (drapé/cousu, ouvert/fermé, collant/large...). Mais cela se complique beaucoup avec la multitude des pièces de vêtements. La découverte de leur sens s’est faite en comprenant que chacune correspond à une partie du corps. Elle en reçoit son sens selon son symbolisme et les apports de la psychanalyse. Par exemple, la différence entre une veste et un blouson, c’est bien que ce dernier, s’arrêtant à la taille, dévoile le bassin. Plus adapté à un travail manuel, il est aussi plus exhibitionniste.

- Le code des couleurs est mieux connu, bien que celui des vêtements ne soit pas celui des tableaux, des affiches ou des emballages. La signification des couleurs s’enrichit de toutes les données de l’histoire, de la culture, de la religion ou de la politique. Le vert est mal vu en Occident, où c’est la couleur du diable, alors que c’est la couleur du prophète en Islam. Le noir connote le deuil, l’habillé, l’érotique, l’anarchisme, la soutane des prêtres et le costume des portugaises; ce qui n’empêche pas bien des jeunes de l’aimer, sans admettre que la vie est trop courte pour s’habiller triste.

- A quoi il faut ajouter le code des décors qui apportent des variantes au système de base avec la doublure, les revers, les plis ou volants, les pattes, les poches et les systèmes de fermeture (cravates, ceintures, boutons, velcro ...). On peut donc juger de la complexité de toutes les combinaisons de ces différents codes pour pouvoir rendre compte de l’ensemble d’un seul costume.

   Ainsi s’est constituée la sémiologie du vêtement qui permet, grâce à la psychologie, de pouvoir déterminer le sens des diverses combinaisons personnelles. Car tout ce que nous faisons a un sens, même si nous n’en sommes pas pleinement conscient en le faisant. On arrive de plus à comprendre le sens même de l’histoire en étudiant l’évolution des formes des vêtements. La mode n’est donc pas une futilité. Sous une  apparence gratuite le vêtement et la mode sont déterminés par l’évolution des forces sociales et des techniques.

   On peut donc tout apprendre dans le vêtement : l’histoire, la géographie, l’art, la politique, les échanges commerciaux, les langues, les religions, la littérature, la philosophie et, bien entendu, la psychologie des hommes, des femmes et des enfants …

 

Une bibliographie se trouve dans  Marc-alain Descamps, Psychosociologie de la mode, PUF. 1979

 

25 juillet 2011

démocratie........ rêves ??

 

le 25 juillet 2007, j'avais écris pour les valeurs républicaines bafouées, c'était une goutte dans un océan de peines perdues. J'avais désespéré au point de focaliser sur ma vie, d'essayer de m'en sortir, de me construire un pays dans le pays, de rêver de partir ailleurs et puis de rester.

Et puis un jour, un homme qui ne pouvait pas partir ailleurs, qui ne pouvait plus rêver, qui ne pouvait rien se construire s'immole d'un feu qui fait naître "the wind of change", d'autres s'en suivent et un sirocco rafle l’arbre serpentin qui s’accaparait de la Terre bénie d'Afri9ia. Tous les désespérés, tous ceux qui n'y croyaient plus descendent dans la rue et crient d'une seule voix.

"Peut-être qu'une main du Ciel l'a poussé", le vieil arbre venimeux vaccille et tombe, les racines restent accrochées, à la quête de la moindre goutte d'eau qui le ravive et recrée son printemps. Les racines poussent loin et poussent encore à la recherche de cette goûte d'eau, et ne manquent pas d'idées. Toi, qui s'obstine à ne pas t'inscrire pour les prochaines élections. Veux-tu l'arroser?

Tu n'y crois pas... vraiment?

Pour un peuple qui n'y croyait plus depuis toujours, comment y croire aujourd'hui?
Cela aurait pu être autrement, si au lendemain de la révolution, le comportement civique des tunisiens auraient changé, si les tunisiens se mettaient à respecter un code éthique et moral irréprochable (sur la route, dans les affaires comme dans la vie), "à défaut de respecter les règles de droit élaborées par les Ben Alistes pour marcher dessus". Si au lendemain de la révolution, les tunisiens se sont focalisés, tous ensemble, à soigner les maux d'un pays pillé, au lieu de commencer les vagues de revendications, de surenchères, de diabolisation, d'expiation.
Que peut-on nous demander, nous sommes le fruit qu'ils ont cultivé durant des décennies. Nous avons souffert de la générosité et de l'altruisme de nos parents et grands parents combattants et/ou bourguibistes qui ont tout donné à la Tunisie, à leurs familles, à leurs voisins, nous laissant assoiffés devant ces Trabelsi et autres qui boivent à ivresse. On nous a appris à détourner, à contourner, à arborer le chemin le plus facile, à écarter les adversaires de la course par tous les moyens, et que le meilleur gagne, sans Dieu ni maître. Tout est déterminé d'avance, le pourcentage de réussite aux élections, le taux de réussite d'un concours, le nom de l'adjudicataire des offres publiques, et même la date du 3id.
فاقد الشيء لا يعطيه
Je n'ai plus rien à donner à cette Tunisie qui ne m'a rien donné, on m'a suffisamment déplumé et voilà que j'apprends que le 26-26 n'était que la Caisse d'épargne de Leylon. Et voilà que les mêmes visages pourris reviennent avec la caisse de la citoyenneté. La Tunisie ne prend pas le temps de déraciner l'arbre venimeux et à réfléchir à restaurer la forteresse et à dresser les premières pierres de fondations d'une société saine, juste et active. L'article 57 de la Constitution, le mal bien nécessaire, nous a joué bien des tours. Et les racines sont coriaces. Les gouvernements se suivent mais ne changent pas la politique de mendicité de Ben Ali, à l'intérieur comme à l'extérieur, on ne fait que quémander de l'argent, au lieu de mobiliser l’incitative privé nationale et internationale.

Des Kasbas se suivent, une 9obba, des sit-in, des marches, de sens et d'autres, pour et contre, et moi humble citoyen je n'y comprend que dalles. Chaque fois qu'un homme politique m'impressionne de son discours, d'autres le discréditent et tombe de son piédestal.
Justement les discours, j'en ai ras les oreilles. Un auguste aux mains ensanglantés m'en a prononcé des milliers, à toutes occaz, j'en attendais un même pour mon anniversaire. Ces dernières années, le clown étant fatigué, sa femme s'y est mise de toute sa force "de conviction".

Post révolution, j'ai assisté à des meetings, moi qui n'a jamais mis les pieds dans le rassemblement. Mais finalement, en quoi les meetings sont différents du rassemblement, tel que relaté si longuement, jadis et naguère, au télé journal et partout ailleurs.
Ils sont tous pareils, "la politique n'est qu'un jeu de mensonge!" Or, je me suis réveillé de mes songes et je veux du concret, là tout de suite. Un monde meilleur, la fin de mes insomnies, des espadrilles pour mes gosses, des cahiers, un sourire qui embellit ma femme, sinon j'en prendrai une deuxième.

Bandes d'incapables! En six mois, les prix ont augmentés, l'augmentation salariale n'est pas encore décidé, en tout cas qu'est ce que cela m'importe, désormais je n'ai plus de boulot, l'UGTT nous avaient promis monts et merveilles, nous avons enfin osé faire face au Boss, à coup de "Dagage", mais notre révolution a été avortée, et on s'est retrouvé à la porte, deux cents quinze.

Tu me demandes de m'inscrire? de voter? Pour des promesses qui ne seraient pas tenues? Pour des hommes qui m'appauvriront davantage pour rouler en caisse de députés, toucher un salaire de députés et inscrire dans l'Histoire leur nom en tant que députés de la Constituante de la IIème République de Tunisie?
Pour qu'un jour, un livre d'école enterre leurs passés et inscrit leurs noms sur la page d'en face que celle où figure Habib Bourguiba, Jalouli Fares, Mongi Slim, Mohamed Masmoudi, et les autres.

Alors pourquoi il faut y croire?

Même si vous pensez que ce qui se passe en ce moment n'est qu'une mascarade et que les partis politiques, les hommes d'influence, les journalistes, les avocats ne sont que des marionnettes qui servent des intérêts qui t'échappent, même si tu pense qu' "à partir de maintenant, on fera comme d'habitude". Sachez que rien ne sera plus comme avant! Personne, mais vraiment personne ne maîtrise absolument la situation. Toutes les forces doivent composer avec la situation présente, avec les imprévus. Et L'imprévu, l'imprévisible, le non-maîtrisable, le non-dompté, c'est justement toi! Toi, qui ne sait à qui donner sa voix, si chère aux enchères! Toi, qui ne sait sur quel pieds danser. Tunisien riche de ta bipolarité, de ta culture millénaire, de ton islam "concocté à ta manière pour convenir à ton rythme de vie", de ton arabité "si différente des autres arabes et si proche à la fois"

Aujourd'hui, j'ai 31 ans, je n'ai jamais voté. J'ai toujours été une révoltée muette ou presque, et je n'en suis pas fière.
Aujourd'hui, indépendante indécise, je suis décidée à voter, parce que ma voix compte. Quel que soit le résultat du vote, parce que justement un vote libre et transparent n'est jamais prévisible à l'avance, et parce que démocratie rime avec indécis. Contre toutes attentes, l'Histoire de la Tunisie sera dessinée par les indécis.

J'irai voter parce que chaque membre de ma famille votera pour un parti différent, nous nous aimons, çà crée notre richesse.

J'irai voter en toute confiance parce que les miens (ma famille et ma tribu de facebookers, bloggers et copinautes) se sont jurés, chacun de son côté, à faire le contrôle des bureaux en citoyens avertis et à dénoncer tout abus. J'aurai des yeux partout. Il est vrai que Facebook regorge d'hoax, d'intox, de manipulations, mais je fais confiance aux miens.

Tu te dis, je n'ai jamais lu la Constitution précédente, qu'est ce que çà changera pour moi, je composerai avec le régime que choisira la majorité, après tout qu'est ce que j'y pige en régimes politiques?
Ce n'est pas un Président qu'on choisit là, ce n'est qu'une assemblée provisoire... (qui tracera les lignes directrices de ton petit monde)
Et bien oui et non, voyons le nombre de décret-loi et décret promulgués par ce gouvernement plus que transitoire? 68 décret-lois et 947 décrets, si on se fit au JORT n°53 du 19/07/2011. Même, moi juriste et déterminée, j'ai pas encore eu le temps de tout lire. Une ribambelle de textes hasardeux et désastreux qui (tel que le décret-loi n°30 relatif à l’amnistie des chèques sans provision, tel que les investissements immenses pour faire des pôles technologiques et zones industrielles sur des terrains fertiles, au lieu de donner des fonds aux facultés déjà construites et de bien les équiper pour encourager la recherche)

Tous ces bruits t'assourdissent, t’abasourdissent? La démocratie rime aussi avec animosité. Ce sont les règles du jeu, il n'y a pas à avoir peur des faux combats, des débats télévisés des gens qui parlent chinois qui disent la chose et son contraire en un tour de mot, çà ne fera que tamiser. وما يقعد في الواد كان حجرو

Tu appréhende le choix? Et si ton choix s'avère une grande erreur? Soit! Demain ne sera jamais pire qu'hier.
L'appareil Ben Ali nous a dopé de faux conforts, le confort d'habiter un appart perché, celui d'avoir une voiture populaire, celui de prendre un crédit sans épargne et surtout la grâce d'avoir un supermarché à proximité et les soldes à chaque saison.
Il faut savoir s'en passer, quelques fois.. pour te construire un véritable luxe de vie. Manger les fruits de son jardin, faire son savon, son plateau, offrir un nid d'ange fait de ses propres mains. Tes enfants s'ennuient, un tour dans les champs les plus proches de chez toi s’avérera plus plaisant et moins coûteux qu'un tour au supermarché et un sandwich/café au broyant et combien désagréable fast-food/salon de thé le plus en vogue.

Regardes ce qui se passe ailleurs, les modèles économiques, le retour des européens à la nature, à l'économie, à l'austérité, au moment où toi tu es pris dans les grippes des apparences trompeuses. Les plans B et les systèmes D boosteuront ton épargne et aideront à construire la Tunisie de demain, la Tunisie des citoyens responsables et non pas la Tunisie des consommateurs effrénés qui renflouent les caisses des paresseux hommes d'affaires qui ne réinvestissent pas leurs richesses.

J'ai déraillé dans tous les sens, mais la citoyenneté au concret, selon moi, c'est cela: Réfléchir, s'inscrire, construire, rester vigilent, dénoncer, désespérer des fois et renaître de ses cendres, écouter, lire, s'unir. Merci de m'avoir lu, je parie que mes lecteurs sont des internautes avertis qui pour la majorité se sont inscrits (ou convaincus, attendent l'occasion de le faire), j'ai toujours pensé que les abstentionnistes ne lisent pas les blogs. Ce texte, je l'ai écrit pour toi, qui t'es déjà inscrit, pour te mobiliser à aller vers les gens qui ne lisent pas, qui ne croient plus à un avenir meilleur, pour leur parler, pour essayer de les convaincre, pour les emmener dans ta voiture jusqu'au plus proches bureau d'inscription et ramener chez eux, sans jamais.. JAMAIS essayer d'influencer leur vote.
Jihen Maatoug Belkahla

anais-nin

20 juillet 2011

rastafarisme

 

Le mouvement rastafari (ou « rasta ») est un mouvement religieux dont le nom provient de l'amharique Ras Tafari de ras, tête (mais ici « leader, seigneur »), et Tafari, « Celui qui sera Craint ». Tafari est le prénom de naissance donné à Hailé Sélassié Ier, (de Haile, « puissance » et Selassie, « trinité », en amharique) empereur d'Éthiopie de 1930 à 1974. Il est ainsi considéré comme un personnage sacré du fait de son ascendance qui remonterait aux rois bibliques Salomon et David selon la tradition éthiopienne, mais également par la signification de son nom de naissance, comme de celui choisi par les prêtres de l'Église orthodoxe éthiopienne pour son sacrement. Le choix et la signification des noms ont en effet une importance primordiale dans la culture africaine.

Le mouvement rastafari est assimilé par certains à une religion, par d'autres à une philosophie, voire à une idéologie ou un syncrétisme pour ses emprunts à la Bible. Les Rastas, eux, le conçoivent comme un mode de vie, une façon de concevoir le monde et tout ce qui le constitue depuis sa création. Les croyants de ce mouvement sont des rastafariens, souvent appelés par le diminutif « rastas ».

L'usage du terme rastafarisme, bien que correct n'est pas accepté par les Rastas car ils sont contre la classification de personnes et prônent l'unification des peuples. L'usage de la majuscule sur le terme « Rastafari » est préférable pour eux.

Pour d'autres, le rastafarisme tirerait sa véritable origine du shivaïsme2. Le shivaïsme fait partie de l'hindouisme. Shiva, divinité primordiale dans l'Hindouisme, garde de longs cheveux en dreads. Il est toujours plongé en méditation.

Sommaire

 

Racines du mouvement

La religion chrétienne est extrêmement présente en Jamaïque (plus de 80 % de la population), notamment avec les églises anglicane,méthodistebaptistecatholique romaine, l'Église de Dieu et, depuis les années 1970, l'Église éthiopienne orthodoxe.

L'évangile (gospel) est chanté avec ferveur le dimanche dans toute l'île. La fin de l'esclavagisme (aboli dans l'île en 1833) et surtout l'indépendance de la Jamaïque (6 août 1962) permettent simultanément une émancipation culturelle du peuple jamaïcain. Différents mouvements « éthiopianistes » émergent, où l'interprétation occidentale de la Bible est parfois remise en cause.

Les traditions des cultes africains interdits par les maîtres ayant survécu sous forme d'Obeah (sorte de vaudou local illégal et redouté), du Kumina, et mélangées à la Bible, de la Pocomania ou Pukumina.

Fondements du mouvement moderne

Lorsque le Jamaïcain Marcus Garvey émigre à Harlem, où il devient un des premiers meneurs importants de la cause noire, il fait souvent allusion à l'Éthiopie dans ses discours. Il écrit ainsi dans son principal ouvrage Philosophy & Opinions :

« Laissons le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob exister pour la race qui croit au Dieu d'Isaac et de Jacob. Nous, les Noirs, croyons au Dieu d'Éthiopie, le Dieu éternel, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit, le Dieu de tous les âges.
C'est le Dieu auquel nous croyons, et nous l'adorerons à travers les lunettes de l'Éthiopie. »

Marcus Garvey est pour beaucoup le premier prophète noir du mouvement rastafarien. Il annonce la fin des souffrances du peuple noir et son retour aux racines : l'Afrique.

En 1924, le révérend James Morris Webb prononce un discours cité par le quotidien conservateurDaily Gleaner : « Regardez vers l'Afrique, où un roi noir sera couronné, qui mènera le peuple noir à sa délivrance »

La presse coloniale dénonce alors cette doctrine éthiopianiste « vulgaire » qu'elle attribue à Garvey. Mais le 2 novembre 1930, en Éthiopie, Tafari Makonnen, le Ras Tafari, est coiffé de la couronne sacrée du negusä nägäst (roi des rois) sous le nom de Hailé Sélassié Ier (« Puissance de la Trinité »). Il est le chef d'une des premières nations officiellement chrétiennes de l'histoire, l'Abyssinie. Selon le livre sacré Gloire des Rois (Kebra Nagast), retraçant l'histoire de son antique dynastie, Sélassié serait le descendant direct du roi Salomon et de la reine Makeda de Saba.

Des représentants prestigieux des pays occidentaux assistent au sacre très médiatisé de Sélassié, qui est perçu par une communauté d'agriculteurs éthiopianistes de Sligoville (Jamaïque), le Pinacle, dirigé par Leonard Percival Howell (véritable fondateur du mouvement Rastafari), comme étant l'accomplissement de la prophétie attribuée à Garvey.

En effet, le « Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs » (1° Timothée 6:15) de la Bible ressemble beaucoup aux titres traditionnels millénaires de Sa Majesté Impériale Hailé Sélassié Ier : « Empereur d'Éthiopie, Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs, Lion Conquérant de la Tribu de Juda, élu de Dieu, Lumière de l'Univers ». Puisant à la fois dans le marxisme, le christianisme, la culture africaine et plus tard l'hindouisme, Howell considère Sélassié (ou « Jah », de Jéhovah) comme le messie et propose dès lors une interprétation afrocentriste de la Bible.

Cultivant le chanvre, considéré comme un sacrement (fumé dans les chalices) et le diffusant dans l'île, il est arrêté pour sédition en 1933, puis il est interné à l'asile à plusieurs reprises, alors que le Pinacle est détruit maintes fois par la police. Différents mouvements éthiopianistes de libération, comme le mouvement Bobo de Prince Emmanuel, se développent parallèlement en Jamaïque. Ils prennent pourtant peu à peu un nom générique, Rastafari, et visent, en partie, à restituer à l'homme noir le rôle important qu'il a joué dans la civilisation, à commencer par la Bible, où les ancêtres Juifs de Sélassié seraient naturellement, comme lui, Noirs : Moïse, Jésus, etc.

Progressivement, et selon le vœu de Jésus et des Naziréens (Nombres 6-5), beaucoup de Rastafariens ne se coupent ni la barbe ni les cheveux, (lien) une coiffure souvent comparée à la crinière du Lion de Juda sacré. Des « locks » (nœuds, boucles) ou « dread (épouvante)locks » se forment ensuite naturellement dans leurs cheveux crépus.

Il y a aussi une autre explication,pour les Rastas, c'est aussi le lien ombilical avec le continent Mama Africa (Selon Donald Manning des Abyssinians).Des travaux historiques ont révélés que de nombreux ethnies africaines avaient l'habitude d'avoir des Dreads locks,notamment en temps difficiles et ce depuis le moyen âge.Il ne s'agit pas seulement des ethnies chamite et couchitique qui peuplent l'Ethiopie et la Corne de l'Afrique,(Ahmarique,Oromo, Afars,Somalis,Tigré, Ourag,Dahlak etc..),mais aussi d'autres ethnies africaines,comme les Shanti du Ghana,les Peuls de l'Afrique de l'Ouest,sans oublier les Wolofs du Sénégal et les Toubous du Delta du Niger,les Tutsi de l'Urundi et des régions du Grand Lacs et j'en passe.L'Amour pour l'Afrique passe par le look et l'apparence,la cuisine,l'art,la façon de voir le monde (Natty dreads loocks).L'Ethiopie et plus généralement les Etats aux alentours Somalie, Djibouti,Erythrée,la vallée du Nil soudanais,jusqu'au Lac Turkana au nord du Kenya,bref la patrie du peuple sémito-couchitique sont l'objet d'une adoration sans faille par le mouvement Rastas et sont considérés comme le berceau de l'Humanité plus connu sous le sobriquet de Zion.Impressionné, Bob dédiera spécialement à ces États qu'il appelait little chamite en caressant comme Marcus Garvey que l'union de l'Afrique commencerait par la réintégration de ces Etats little chamite à la maison mère qui a 3 mille ans d'existence dont deux mille en tant qu'Etat constitué (Zion Train de Bob Marley).Depuis,on attend toujours le train Zion qui va tirer la locomotive AFRICA,qui est lourd à tirer quand même,surtout dans un contexte de mondialisation,néanmoins,un évènement non négligeable qui concrétise la prophétie de l'honorable Marcus Garvey se produit en 1963.Il s'agit de la première vague d'indépendance des Etats peuples africains qui décident de former une première organisation panafricain plus connu sous le sigle de l'OUA.Le choix d’Addis-Abeba confirme de fait la place accordé à l'Afrique de l'Est dans la paternité de l'homme afriain. Revenons aux dreads locks et au peuplade de la corne de l’Afrique et notamment à ces Etats jadis partie intégrante de l'Abyssinie jusqu'au 16 ème siècle,qui ont choisi d'épouser l'Islam,et ensuite se sont soulévés contre le Royaume Abyssin au 16 ème siècle.Comment expliquer la présence des muslims en Abyssinie?Parce que les campagnons du prophète Mohamed tel que son cousin Gaffar et pas mal d’apôtres de l'islam pourchassés ,ont traversés la Mer Rouge et trouvé refuge en Abyssinie au 6ème siècle.Ils se sont métissés avec les familles aristocrates de Adal,de Dahlak,de Hadya, Fatagar et qui jusqu’à là servait le Négus.Quel est le musulman qui ignore la fameuse phrase du prophète caractérisant la gratitude du prophète Mohamed Baraka allah bi Habash qui veut dire que dieu bénisse l'Ethiopie? .C'est pour ça que l'Ethiopie est aussi à moitié musulmane et que ces Etats fondés par l'ancienne aristocratie musulmane de l'Abyssinie le sont aussi ,mais à majorité.Voilà pourquoi l'Ethiopie est aussi pour les Rastas muslims, un pays sacré.Autre versant de l'universalité,comme tout historien éthiopaniste qui se respecte, Bob Marley n'ignorait pas que l'Empereur Négus, Iyassou V d'Ethiopie avait dit en plein première guerre mondiale et publiquement lors d'une réunion au palais impérial: Si je ne convertis pas l'Ethiopie dans la voie de l'Islam,je ne m’appelle pas Iyassou. Sachant qu'il avait vécu à Harar,ville de naissance de sa majesté Hailé Sélassié qui lui succèdera en 1930.Eh oui,pour ce qui l'ignorait,le Jah est né dans cette ville sacré,classée patrimoine mondial par l'UNESCO.Selon l'historien Berhanou Abebe qui a mené un certains nombre de travaux sur le coup d'Etat du 26 septembre 1916, lors de son règne, Iyasou V avait transféré la capitale du royaume et vécu à Harar,quatrième ville sainte de l'Islam,après la Mècque, Médine,et Jérusalem.Certains le soupçonnaient même de s'être convertis à l'islam,surtout quand il avait invité le pacha turque de l'Empire Ottoman. En tout cas ,cette phrase a valu au Négus d'Ethiopie,la déposition.Et ça s'est fait avec l'accord des trois pivots qui constituent le pouvoir de l'Ethiopie.L'aristocratie chrétienne du Chowa,l'aristocratie musulmane des royaumes inféodés à l'Ethiopie depuis le premier siècle de notre ère,et enfin l'armée,c'était juste un récapitulatif pour les initiés. Après avoir tué le Négus Galawedos,L'Ethiopie se résigne à se séparer de certains territoires aux mains des aristocrates musulmanes rebelles contre le Négus.Et c'est comme ça que se dessine les contours des futurs Etats de Somalie, Djibouti,et enfin LE DERNIER MORCEAUX DE L'Empire,en occurrence,l’Érythrée indépendant de l'Ethiopie en 1991.Ces pays ont connu dans l'histoire,tour à tour, l'influence arabe et Ottoman avant de tomber sous les griffes de Babylone et de sa colonisation au 19 ème siècle alors que la patrie mère a su résister à la même époque(voir la Bataille d'Adoua). Plus tard l'archéologie se chargera de prouver que ce n'est pas n'importe quel pays,la découverte des fossiles de Lucie l'atteste bel et bien,sous les yeux ébahis des chercheurs du monde entier.La prophétie de Marcus Garvey était loin d'être un délire.C'est aussi la seule région d'Afrique noire où on peut trouver les populations les plus métisées du continent et même plus que l'Afrique du Nord pourtant plus proche de l'hémisphère Nord et du proche Orient (les traits fins,populations pas négroïdes du tout avec la peau relativement claire par rapport aux autres africains).Et ceci date depuis Aksoum,l'apogée de la civilisation éthiopienne.Ces populations viennent de différentes vagues de mélange de race,arabes,turcs,juifs.Géographiquement à l'époque,l'Ethiopie était le carrefour où se croisait la Mer Rouge, l'Océan Indien et le Nil.C'était un vieux comptoire d'échange,et le métissage vient de là. Les plus énigmatiques sont les juifs noirs plus connus sous le nom de Falashas ,qui sont des descendants de la douzième tribu d'Israel (Twelve tribut of israel) , du Roi Solomon et de la Reine de Saba comme sa Majesté Impérial Hailé Sélassié l'était aussi.En revanche ce métissage est beaucoup plus vieux que les autres,environ -950 avant notre ère. Et ces ethnies Est africaine avaient l'habitude de se laisser pousser les cheveux.Les prêtres coptent en raffolaient aussi,puisque l'Ethiopie est connu aussi dans le monde entier comme étant l'un des tous premiers Etats chrétiens au monde.A titre d'exemple,l'Abyssinie a été chrétien au moins un demie siècle avant la France,et ce pays existe depuis 3 mille ans alors que la France n'a que 2 mille ans d'existence.Les seuls interlocuteurs européens que les souverains éthiopiens abordaient réligion avec eux,à cette époque c'étaient les italiens,les arméniens,les grecs,et à l'époque moderne les portugais qui les ont sauvé de la conquête musulmane au 16ème siècle.C'est là qu'on constate vraiment une jonction entre le culturel et le rélgieux,puisque cette coiffure concernait aussi bien la société éthiopienne que l'Eglise. En tout cas,ce signe de reconnaissance deviendra une mode internationale à partir de 1976. Proches de la terre, généralement les Rastas ne boivent pas d'alcool, le vin étant proscrit (Nombres 6-3), ne touchent pas aux morts (beaucoup de Rastas ne font même jamais allusion à la mort, mais au contraire « chantent la vie »), sauf ceux de leur proche famille (Lévitique 21-1), et le corps humain est considéré comme l'église (Corinthiens 3-16, 17), rejetant ainsi le principe même des temples ou des églises.

Désireux de se maintenir en bonne santé, ils suivent en principe un régime spécial qu'ils appellent « I-tal » (vital) (Genèse 1:29 et 9:4), qui se compose de riz, de fruits, de racines, de graines et de légumes. Ce régime exclut toute nourriture non biologique.

Quant au nom « Rasta », il provient de celui, divin, de Sélassié : le Ras (tête, correspond étymologiquement et protocolairement à son titre de duc) Tafari (son prénom). Leurs couleurs sont celles de l'Éthiopie impériale (rouge, or et vert, couleurs de l'Afrique frappées du Lion de Juda).

Dès lors, les Rastas, incompris, blasphématoires, fumeurs de chanvre (la ganja, « l’herbe de la sagesse » qui aurait poussé sur la tombe de Salomon) deviennent des parias maltraités. En 1954, le Pinacle est rasé, et ils s'installent à Kingston, à Back-o-Wall. Le nom de ce ghetto provient de sa situation géographique : il est attenant au mur d'un cimetière, et nombre de Jamaïcains craignent de s'y installer par peur des « duppy » (fantômes).

Hailé Sélassié

Suite à la prophétie annonçant le couronnement d'un roi en Afrique, l'avènement au pouvoir du monarque Hailé Sélassié, sous le titre biblique de « Roi des rois, Seigneur des seigneurs, Lion conquérant de la tribu de Juda, Lumière du Monde » est apparu pour les Rastas comme la révélation d'un envoyé de Jah, qui les mènerait à la libération de leurs souffrances. Ainsi, il est communément affirmé qu'Hailé Sélassié, à l'image de Jésus, est Jah incarné, Homme et Dieu.

Cette croyance est très importante dans la philosophie rasta, bien que souvent difficilement acceptée, y compris parmi les gens proches du mouvement. Ainsi l'artiste-producteur Yabby You, bien que très mystique, a-t-il toujours refusé cette divinité. La légende raconte qu'il tire son surnom de Jesus Dreaddu fait qu'il demandait aux chanteurs travaillant pour lui de mentionner Jésus au lieu de Selassié dans leur paroles…

Hailé Sélassié lui-même n'a jamais reconnu le culte rasta envers sa personne, bien qu'il ait montré sa reconnaissance envers les Rasta en effectuant des donations de terre en Éthiopie, puis en effectuant un voyage mémorable en Jamaïque en 1966. Cette terre se nomme Shashamane : Hailé Sélassié offre cette terre dans les années 50 à tous les membres de la diaspora noire qui désireront rentrer en Afrique par le biais de l'Ethiopian World Federation (EWF) dont il est le fondateur. Ce fut un acte pour remercier les Noirs américains et caribéens présents lors de son couronnement à Addis-Abeba et qui essayèrent de sensibiliser l'opinion au sort de l’Éthiopie après l'invasion des troupes italiennes dans le pays. Ce terrain serait ainsi devenu pour certains Rastas le symbole du rapatriement en Afrique.

Ainsi, aux dignitaires rastas rencontrés lors de sa visite en Jamaïque, répondant au désir de ceux-ci de retourner en Afrique, a-t-il fait la proposition suivante : « Ne rentrez en Afrique que lorsque vous aurez libéré tous les Jamaïcains oppressés dans leur pays. »

Enfin, la vie et la mort d'Hailé Sélassié possèdent une dimension symbolique forte, en particulier dans sa mort et les péripéties qui ont suivi. Pour les rastas, Hailé Sélassié n'a pas disparu (Jah Live de Bob Marley). Voir sa page pour plus de détails sur la mort de Sélassié et ses différentes sépultures.

Hailé Sélassié Ier, le1er octobre 1963 àWashington.

Visite d'Hailé Sélassié

Hailé Sélassié fait une visite officielle en Jamaïque en avril 1966.

À son arrivée, des milliers de Rastas lui réservent, à sa surprise, un impressionnant accueil. Le mouvement prendra par la suite encore plus d'ampleur, bien que Sélassié, bienveillant avec les Rastas, ne prétende lui-même jamais être le dieu vivant.

Cette visite a eu une forte répercussion sur l'importance et la popularité du mouvement Rasta. En effet, les autorités n'ont pas été en mesure de sécuriser la foule lors de l'arrivée de l'avion officiel sur le sol jamaïcain. Celle-ci était tellement importante et excitée à l'idée de voir enfin le Roi des Rois, qu'il a fallu chercher un médiateur pour la canaliser. Celui-ci sera incarné par Mortimer Planno, très connu à l'époque pour ses enseignements Rasta, qui toucheront beaucoup Bob Marley entre autres. Ainsi, Mortimer Planno sera dorénavant présent à chaque sortie publique d'Hailé Sélassié durant ce voyage.

Il va sans dire qu'une telle chose n'était absolument pas prévue par le protocole, et a consisté en une manifestation importante de la présence des Rastas.

D'autre part, cette visite a été pour beaucoup de Jamaïcains l'occasion de se confronter aux différentes croyances véhiculées par le mouvement, et de s'en faire sa propre idée. Ainsi, lors de cette visite, Rita Marley, en observant la main d'Hailé Sélassié, est persuadée d'y avoir vu les stigmates du Christ. Bob Marley devint rasta cette même année 1966. De retour en Éthiopie Hailé Sélassié Ier s'adresse à ses confidents en ces termes : « Il y a un gros problème en Jamaïque… » En effet le roi d'Éthiopie n'a jamais reconnu le culte rasta envers sa personne. Ce qui est interprété par de nombreux Rastas (et avec cet humour qui leur est propre) comme la manifestation d'une dignité toute divine. À l'occasion de ce voyage Sélassié s'assit autour d'une table avec trente-deux Rastas représentant chacun une communauté. La discussion est centrée sur le thème du retour en Afrique. Sélassié leur offrira à cette occasion une terre éthiopienne, shashamany, jusqu'alors réservé aux Falashas (juifs éthiopiens). Mais seuls quelques Rastas (principalement de la communauté des Twelwes Tribes Of Israel) reviendront aux pays de leurs ancêtres.

Propagation du mouvement après la fin des années 1960

Back-o-Wall est rasé le 12 juillet 1966 avec violence. De plus en plus de musiciens de rocksteady puis de reggae, jusque-là généralement proches de la soul américaine et des églises, transmettent le message de rébellion rasta avec leurs chansons.

Le style des trois tambours nyahbinghi joué lors des cérémonies rastas (grounations) se répand (Bob Marley en tirera une chanson, Selassie Is The Chapel). À partir de 1970, un courant rasta majoritaire traverse le reggae. Bob Marley fait découvrir au monde cette culture qui met en valeur l'histoire d'Afrique, méconnue malgré son extraordinaire richesse. Les Rastas commencent alors à obtenir le respect dans leur pays malgré une répression utilisant la prohibition de la détention de chanvre, punie de bagne malgré une pratique répandue dans toute la population de l'île.

D'autre part, l'industrie musicale s'ouvre enfin au message rasta dans la production de chansons Conscious aux paroles ouvertes au message des Rastas. Ainsi, jusqu'alors méprisé par les producteurs et distributeurs de l'île, le message rasta commence, après qu'un certain nombre de Rastas, dont certains expulsés de Back-o-Wall se sont installés dans les ghettos de Kingston, comme Trenchtown, et après la visite de Hailé Sélassié, à se faire sentir auprès de la population déshéritée de l'île.

Alors qu'auparavant, les producteurs, à l'instar de Duke Reid, les refusaient catégoriquement, certains, comme Clement Seymour Dodd, dit Coxsone, ouvrent leur production aux compositions comportant un message spirituel et engagé, contrairement aux chansons d'amour qui prévalaient durant l'époque du rocksteady. Son studio, Studio One se met alors à produire des groupes et artistes aux paroles inspirées du message rasta, comme The GladiatorsThe Abyssinians, ou encore Dennis Brown et bien d'autres encore. Le fait que Coxsone ait été un des seuls à tolérer la consommation de chanvre dans son studio n'est certainement pas étranger à la présence à Studio One de ces groupes initiateurs du reggae roots.

Évolutions récente

Si les Rastas perdent de l'influence chez les jeunes Jamaïcains après la disparition de Marley en 1981, ils restent très présents et font un retour massif, unanime, dans le reggae à partir de 1994 avec Garnett SilkBuju BantonTony RebelMutabarukaSizzla, etc. De nombreuses et différentes tendances rasta cohabitent en Jamaïque et sont parfois contradictoires. Les Bobo Ashanti, les Emmanuelites, les Ites, notamment, ainsi que des courants chrétiens plus traditionnels.

Les positions des individus se réclamant rastas vont du racisme le plus primaire issu de la lutte contre l'esclavage et le colonialisme, ou d'un ethnocentrisme noiriste militant, garveyiste à outrance, parfois teinté de racisme, jusqu'à une philosophie universaliste profonde, où la recherche de sa propre identité, de son acceptation, de la tolérance et de la nature humaine rejoint les philosophies et ascèses orientales.

L'organisation des Douze Tribus d'Israël tente de fédérer les Rastafari, mais sans réel succès. En 1997, un parti d'obédience rasta cherche même à se présenter aux élections.

Pacifiques mais fiers, affichant généralement une certaine arrogance, les Rastas dénoncent la société païenne (les personnes sans conscience de l'aspect spirituel de la vie et de la nature en général), Babylone, et répandent leur culture dans le monde entier.

La foi rasta permet avant tout à beaucoup de Jamaïcains pauvres de retrouver une dignité et un sens à leur vie difficile, en restant détachés de l'identité coloniale et ancrés dans leurs racines africaines. L'idée universelle de base étant d’« être soi-même » et de « se connaître ».

La culture et les préceptes rasta tendent à se cristalliser en une nouvelle religion organisée, qui serait ainsi la plus importante née au vingtième siècle. Pour de nombreux Rastas, cette tendance est une dérive.

Croyances et culture rasta

La culture rasta est un tout formé par l'agrégation d'un certain nombre de croyances, de coutumes et de traditions. Il est ainsi vain de proposer une caractérisation exhaustive et universelle de la culture rasta. Celle-ci est au contraire basée sur la différence et se revendique comme une unité dans la diversité.

Un Rasta avec des dreadlocks

Cependant, il existe des points de repères caractérisant les croyances rasta, principalement le port des dreadlocks, la consommation de ganja, et les habitudes alimentaires, bien que ces caractéristiques ne soient pas adoptées par tous. Contrairement aux idées reçues, le Reggae n'est pas en soi une marque caractéristique des croyances rasta, mais bien un vecteur servant le message, selon le concept ancestral très courant dans ces cultures : la transmission orale. Le genre musical le plus proche des Rastas est plutôt le Nyabinghi. Enfin, une grande partie de la culture rasta est directement inspirée de la Bible, comme le concept de Babylone.

L'influence biblique

Les Rastas respectent la version de la Bible acceptée par les anglicans (King James Bible), mais remettent en question certains passages, considérant que celle-ci a été réécrite à l'avantage des blancs. Ils utilisent donc la Holy Piby, version de la Bible réécrite au début du XXe siècle par Robert Aathlyi Rogers, dont le but est de prouver que le Christ ainsi que l'ensemble des enfants d’Israël sont noirs.

Les fondements de la culture rasta se trouvent dans la Bible. En effet, rasta est une spiritualité revendiquant son attache aux fondements de la Bible, Ancien et Nouveau Testaments. Les Rastas se reconnaissent dans la Bible et s'en inspirent constamment. Ainsi, la coutume veut que la première occupation d'un Rasta au lever soit la lecture d'un chapitre de la Bible, selon l'adage : « A chapter a day keeps the devil away », soit : un chapitre par jour tient le diable éloigné.

Certains passages de la Bible sont très importants dans les croyances rasta. Ainsi, le deuxième exode à Babylone, et la première destruction du temple de Jérusalem est pour les Rastas l'incarnation de leur exil d'Afrique, esclaves des Babyloniens modernes que furent les colons britanniques. Ainsi s'explique le concept de Babylone, qui est la métaphore de l'exploitation des Juifs par les Babyloniens. Puis, par extension, le concept va s'étendre à tous les aspects qu'ils rejettent dans la société importée par les colons, comme le matérialisme, l'argent, le capitalisme, la police… Ici aussi, les limites du concept sont assez floues et peuvent varier d'un Rasta à un autre.

Toujours en s'inspirant de la Bible (Jérémie 51), les Rastas pensent souvent que la civilisation occidentale a perdu les valeurs fondamentales (la nature, le respect, l'amour de l'autre…) au profit d'une société basée sur l'argent, la réussite personnelle et de plus en plus éloignée de la nature. Ainsi, de la même façon que Dieu avait détruit la cité de Babylone qui avait péché par excès d'orgueil, les Rastas prophétisent la chute du système (« shitstem ») de Babylone.

Les textes de la Bible sont le fondement des croyances rasta, comme celui de Rivers of Babylonpsaume 137.

Cependant ils pensent que la Bible ne représente que la moitié de leur histoire : « Half the story has never been told3 ». L'autre moitié résiderait dans le cœur de chacun.

Le vœu de Nazarite, et le port des dreadlocks

Un très bon exemple de l'influence Biblique est le vœu de Nazarite. Les Rasta, pour expliquer leur mode de vie, se réfèrent souvent au vœu de Nazarite, comme présenté dans la Bible (Nombres 6:1-21). Ce vœu, à caractère temporaire, sanctifie la personne le suivant pour une certaine période durant laquelle cette personne devra suivre certaines règles de vie. Ces règles sont pour la plupart celles auxquelles se réfèrent les Rasta dans leur mode de vie4. Elles sont, pour les plus caractéristiques :

  • ne pas se couper, ni se coiffer les cheveux, ce qui entraîne l'apparition de dreadlocks ;
  • ne pas consommer de viande (végétarisme) ;
  • ne pas consommer de produit de la vigne.

Enfin, ce vœu est censé revêtir un caractère temporaire, et le texte des Nombres précise ensuite quand et comment le vœu doit s'achever. En particulier, un Nazarite ne devra pas croiser un homme mort, sous peine de devoir rompre son vœu. On retrouve cette idée dans un certain nombre de chansons, illustrée par cette phrase : « rasta don't go to no funeral », soit « le Rasta n’assiste à aucune funéraille ». D'une manière générale, la mort constitue un tabou pour les Rastas, et ils n'abordent ce thème que d'une façon très spirituelle et assez difficile à appréhender pour le non-initié.

L'application stricte de ce vœu au mode de vie rasta n'est pas sans porter à discussion. Avant tout, ce texte et les modalités d'applications du vœu de Nazarite, comme pour beaucoup de textes de l'Ancien Testament, pose la question du décalage temporel et culturel. En effet il n'y a qu'à consulter les démarches à effectuer pour rompre le vœu pour comprendre qu'il ne saurait s'appliquer identiquement de nos jours. Ensuite, ce vœu est bien censé être temporaire (sept ans), alors que le mode de vie rasta lui devrait pouvoir se pratiquer toute sa vie durant.

Ainsi, un autre point caractéristique des Nazarites est le port des dreads, port qui est source de beaucoup de polémiques.Le débat de savoir si les dreads sont nécessaires à un Rasta est encore important de nos jours. Ainsi, certains Rastas pensent qu'un Rasta sans dreads n'en est pas un, d'autres, comme les membres des Twelve Tribes of Israël ou les Morgan Heritage (notamment avec le titreDon't haffi dread to be rasta) pensent le contraire. Enfin, il faut rappeler que le port des dreads est une mode qui s'est instaurée dans les ghettos de Kingston, par une génération de Rastas apparue après la destruction du Pinacle. Le port des dreads n'était pas initialement la marque des adeptes de rasta, qui étaient alors les barbus car ils se laissaient pousser la barbe. Ainsi la réponse à la nécessité du port desdreads doit être trouvée par chacun ; mais de nombreux Rastas pensent que cette coiffure ne codifie plus l'appartenance à leur mouvement.

Le régime Ital

Les Rastafaris suivent en général un régime appelé Ital, et dont la norme est végétarienne , ou végétalienne/végane , afin de ne pas faire du corps un « cimetière » ; ils évitent aussi d'absorber de la nourriture qui a été artificiellement préservée, aromatisée ou altérée chimiquement. Le refus de viande (voire de laitage) dans le rastafarisme se réfère aux écrits bibliques :

«  וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, הִנֵּה נָתַתִּי לָכֶם אֶת-כָּל-עֵשֶׂב זֹרֵעַ זֶרַע אֲשֶׁר עַל-פְּנֵי כָל-הָאָרֶץ, וְאֶת-כָּל-הָעֵץ אֲשֶׁר-בּוֹ פְרִי-עֵץ, זֹרֵעַ זָרַע: לָכֶם יִהְיֶה, לְאָכְלָה »

« Dieu ajouta : « Or, je vous accorde tout herbage portant graine, sur toute la face de la terre, et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbres par le développement du germe. Ils serviront à votre nourriture. » »

— La Genèse 1:29 .

« וּלְכָל-חַיַּת הָאָרֶץ וּלְכָל-עוֹף הַשָּׁמַיִם וּלְכֹל רוֹמֵשׂ עַל-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר-בּוֹ נֶפֶשׁ חַיָּה, אֶת-כָּל-יֶרֶק עֵשֶׂב, לְאָכְלָה; וַיְהִי-כֵן »

« « Et aux animaux sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se meut sur la terre et possède un principe de vie, j'assigne toute verdure végétale pour nourriture. » Et il en fut ainsi. »

— La Genèse 1:30 .

Concepts et pensées

Il n'existe aucune doctrine rasta écrite, ni même de synthèse générale. Les concepts de la spiritualité rasta sont plutôt variés et de tradition orale. Le Kebra Negast qui retrace l'histoire de la dynastie salomonide éthiopienne, jusqu'au Négus (Hailé Selassié), est un ouvrage très considéré par les éthiopiens amhara, et de référence pour les Rasta, qui se considèrent éthiopiens. Un grand nombre des concepts de la philosophie rasta (paix et amour) ont directement inspiré les artistes reggae dans les textes de leurs chansons. On peut proposer quelques exemples très importants.

Le vocabulaire rasta

Le mouvement rasta est un mouvement de rébellion et de libération des consciences. Ainsi, le vocabulaire et le parler font intimement partie des champs de bataille du mouvement. C'est ainsi que les Rasta ont développé un nombre important de jeux de mots plus ou moins évidents qui sont autant de façons de marquer et de frapper les esprits sur les concepts qu'ils soutiennent. Ceci tend à créer un patois propre à la culture rasta, permettant aux différents initiés de se reconnaître et de communiquer entre eux. On peut en proposer une liste non exhaustive:

I and I, ou l'unité dans la diversit

L'usage du pronom I et surtout du pronom I and I pour désigner le locuteur est une habitude extrêmement répandue parmi les Rastas. En effet, ceux-ci considèrent chaque personne comme étant l'élément d'un tout. Ainsi, dans la tradition, la moitié de la Bible n'a pas été écrite, et réside dans le cœur de l'Homme. De cette manière, si un Rasta écoute son cœur, quoi qu'il connaisse de la Bible écrite, il saura reconnaître et écouter le message divin.

Les deux I représentent ainsi le soi commun pour le premier, et, pour le second, le soi divin, en connexion avec Jah. Beaucoup d'autres expressions rasta font ainsi référence à ce concept, comme « each and everyone », et le fameux « stick a bush », qui a inspiré un titre homonyme des Gladiators, littéralement : every hoe has its stick in the bush, soit chaque feuille a sa place sur le buisson, chaque feuille a sa diversité, mais est membre du même arbre, dans lequel coule la même sève.

Ce concept est fondamental pour expliquer l'unité rasta malgré les différentes croyances et idées.

Isms, Skisms

Bien que corollaire du concept précédent, il paraît important d'éclaircir cette notion tant elle est importante et parce qu'elle justifie la négation de l'emploi du terme rastafarisme, pourtant correct en langue française.

De la même manière que les Rastas considèrent l'unité à travers la diversité, ils rejettent tout le vocabulaire en -isme, comme capitalisme, communisme, christianisme, etc. En effet, ces mots sont vus comme la manière qu'a Babylone de regrouper les gens et d'établir des barrières entre eux, rendant toute communication vaine, et entraînant la méconnaissance et l'intolérance. « We don't want your Ism-Skisms » signifiant que l'on refuse les catégorisations, qui sont sources de schismes entre individus.

Autres mots du vocabulaire rasta

Les Rastas vont ainsi inventer un grand nombre de mots qui reflètent leur façon de voir le monde :

  • Inity au lieu de Unity, le pronom « you » marquant l'exclusion. Mais aussi « I » comme « high », élevé, subtil : « Car le I est droit, et le U est tordu » (Barry Chevannes).
  • Overstand au lieu d’Understand, « understand » signifiant littéralement « se tenir en dessous » et donc « se soumettre ».
  • Shitstem au lieu de System
  • Politricks pour Politic
  • Iration pour création

Voir aussi patois rasta.

Retour en Afrique - « Repatriation »

Pour les Rastas, leurs racines sont en Afrique, dont ils ont été arrachés pour être mis en esclavage dans la Babylone moderne. Ainsi, l'accomplissement des Écritures implique le retour à la terre promise, qui est pour eux l’Éthiopie.

Cette référence à l’Éthiopie comme terre promise et non d'Israël s'explique par plusieurs références, bibliques comme traditionnelles. Tout d'abord, les Rastas se souviennent de la Reine de Saba, Makheda, reine éthiopienne ayant visité le roi Salomon, dont elle aurait eu un fils, Menelik, selon la tradition. De même, l'Arche de l'Alliance, contenant les tables de la Loi et le bâton d'Aaron, dont la Bible perd la trace après Salomon, se trouverait aujourd'hui dans une chapelle de l'église orthodoxe Éthiopienne, apportée directement par Ménélik Ier. Salomon a confié l'arche d'alliance à son fils aîné, selon la tradition hébraïque, pour qu'il la préserve des convoitises. Menelik est reparti de Jerusalem, accompagnés de plusieurs prêtres de haut rang, dont les Falashas, Juifs noirs d’Éthiopie sont les descendants.

Enfin, la prophétie annonçant le couronnement d'un roi en Afrique, accomplie par l'avènement au pouvoir de Hailé Sélassié, acheva de confirmer l’Éthiopie comme la terre promise, Zion, le Sion (prononcé Zayan en anglais) chanté par les psaumes.

Il faut également noter que la version anglaise de la Bible utilise le terme « Æthiopia » pour désigner ce qui est aujourd'hui le continent africain et non le mot Afrique qui désignait la province romaine d'Afrique en latin. L'origine du mot « Ethiopia » n'est pas connue avec certitude. Selon les sources, elle pourrait venir du grec ancien Aithiops (Αἰθίοψ), signifiant « au visage brûlé », ou bien être dérivé de Ityopp'is un fils de Koush inconnu de la Bible, qui selon la légende fonda la ville d'Axoum. Voir l'article Éthiopie pour plus de détails.

Rastas et hippies

Le mouvement rasta est souvent vu comme une variante locale de la grande vague hippie qui eut lieu dans le monde occidental au cours desannées 1970. Le message rasta se retrouve alors vu comme une manifestation d'amour et de paix universelle, comme prôné par les hippies.

Bien que fondamentalement un message de paix et d'amour, le message rasta ne peut absolument pas se résumer à eux seuls. En effet, le mouvement rasta est avant tout un mouvement d'émancipation des consciences, et, surtout de dénonciation des dérives d'un système. De même que le reggae est une musique de rebelle, comme chanté par Bob Marley, le message rasta est avant tout un message de rupture et de rébellion spirituelle.

Si cette rébellion spirituelle est souvent assimilée à une forme d'action pacifique à l'image des mouvements de Gandhi ou de Martin Luther King, ce n'est pas vrai en général. Peter Tosh, souvent qualifié du Malcom X rasta, ne constatait-il pas que tout le monde veut la paix alors que personne ne désire que justice soit faite ? (« Everyone is crying out for peace, none is crying out for justice » - Equal Rights, 1977).

Enfin, les Rastas ont un fort attachement aux textes sacrés, à la méditation religieuse et recherchent en permanence à se rapprocher du lien ancestral qui les unit à l'Afrique et à leurs origines. En particulier, la considération des femmes et des homosexuels est abordée sous un angle respectivement phallocrate et homophobe.

Il ne s'agit pas non plus de voir dans les Rastas de dangereux rebelles prêts à prendre les armes pour détruire la société moderne en vertu de valeurs obscurantistes, car ce n'est absolument pas le cas. Les Rastas sont en majorité de paisibles personnes. Simplement, et la musique le montre bien, le message rasta est plus proche d'un message de paix universel que d'un message de résistance, comme le reggae est plus proche du punk que du rock progressif

Ouverture de la culture rasta au reste du monde

Initialement confiné au sein des communautés rasta, le message s'est petit à petit répandu dans le monde. La première étape déterminante a été l'ouverture aux jeunes des ghettos de Jamaïcains, formés par l'exode rural, et remplis de jeunes essayant d'échapper à la délinquance, ne pas devenir des rude boys. La musique étant, à cette époque, très importante dans la culture populaire, le message s'est ensuite naturellement adapté aux compositions de l'époque. On est ainsi progressivement passé du rock steady, aux paroles axées sur les relations amoureuses puis à une musique plus spirituelle, le roots reggae. On constate très bien ce changement avec des artistes comme Ken BootheBob Marley ou encore Max Romeo.

Enfin, l'avènement du reggae comme musique populaire internationalement a permis l'expansion du message dans le monde entier séduisant des gens de tous les continents. Ceci n'est pas sans poser des questions, en particulier sur la pertinence du message reçu, et sur son adaptation aux autres populations. En effet, les racines africaines d'un Rasta noir sont peut-être plus évidentes que celles d'un européen blanc… De plus, une critique souvent formulée à l'encontre des jeunes gens européens blancs portant les dreadlocks est la dilution du message, celui-ci se teintant d'une couleur hippie plutôt éloigné du message d'origine. Ainsi, la question de la possibilité de s'affirmer rasta lorsque l'on est blanc et européen est toujours ouverte, tout individu ayant la possibilité de ressentir un besoin inconscient de revenir à un mode de vie et de pensée plus authentiques. Rasta ne se borne pas à des limites ethniques, le mouvement se base sur une « livity », manière de vivre et de se comporter qui remonte à la création de toute chose dont celle de l'Homme. La pensée, la spiritualité rasta se veut universelle.

Ainsi, il serait erroné de considérer que la philosophie rasta n'est pas reconnue en dehors de la Jamaique, et il est tout à fait possible de s'en inspirer de manière plus ou moins importante. Par exemple Max Cavalera, ancien chanteur du groupe de metal Sepultura et actuel chanteur de Soulfly s'inspire largement de la philosophie rasta dans ses paroles (I and I, Tribe, etc.) alors qu'il est blanc et qu'il pratique une musique, en dépit de quelques emprunts, très éloignée du reggae.

Rastafari soufi

Il ne faut pas oublier aussi qu'il y a un autre mouvement Niassène (originaire du Sénégal) est une branche de la confrérie de la Tidjaniya et il faut reconnaître aussi que Baye Niass (Taïba Niassène, 1900 - Londres, 1975), de son vrai nom Ibrahima Niass (forme longue : Cheikh Al Islam Mawlana Ibrahima Niasse), est un soufi, gnostique et mystique est l'un des plus grands soufi au monde et les Niasséne sont plus proches des rasta. Par exemple les rastas disent être les réincarnations des anciennes tribus d'Israël et Baye Niasse aussi a démontré que la vie antérieure existe aussi : les rasta font des méditations tout comme les Niassène et la culture et la confrérie des Niassène est basée sur l'amour, la paix et le pardon, tout comme les Jamaïcains Peace And Love. Il faut donc reconnaître que les Rasta et les Niassène ont la même philosophie.

Le mouvement Baye Fall (Originaire du Sénégal) est une branche de la confrérie des mourides (l'un des nombreux courants du soufisme) fondée par le cheikh Ibrahima Fall, lui même adepte du cheikh Ahmadou Bamba. Culte qui voue un pouvoir total et une croyance absolue en Dieu et au marabout (guide spirituel/représentant de Dieu sur terre « khalifatoul lahi fil ard »).

Ce mouvement développe une croyance au soufisme qui se rapproche de la manière rastafari, le représentant de Dieu sur Terre n'est pasHailé Sélassié mais le marabout du mouvement. On n'y retrouve pas les notions d'exil comme les Jamaïcains et peu de conceptions sont similaires au mouvement rasta, cependant, le soufisme s'inspirant de l'islam et par conséquent de la religion des rois David et Salomon, on peut y voir, à cause des coutumes qui se ressemblent, une sorte de rastafarisme se disant « musulman ».

Forme de religion détachée de toute possessions matérielles, où l'on fait les choses pour Dieu et non pas pour ou en fonction des autres. Tout se partage, le don de soi est naturel, et la foi en l'humain est essentielle.

Mode de vie confondu totalement avec le mode de vie religieux, qui se rapproche du mode de vie rasta, mais avec une plus grande importance vouée au culte religieux. À la différence des musulmans, les Baye Fall n'ont pas d'obligations de prières, le travail au service du cheikh est élevé au titre de culte religieux et le cheikh qui est leur maître est désigné pour les conduire vers le Tout Puissant.

Le dreadlocks demeurent l'une des plus grandes particularités de ces religieux, plusieurs versions expliquent son origine : c'est une initiation du cheikh Ahmadou Bamba. Il avait pris l'habitude de conserver ses cheveux. Ses disciples ont décidé de perpétuer cette habitude.

Ces chevelures tirent leur origine des prétendus « saints » venus après les fondateurs du soufisme.

Les saints n'avaient pas de moyens pour se coiffer, leurs cheveux poussaient alors jusqu'à prendre la forme de dreadlocks.

À l'instar des « vrais » dreadlocks , la coiffure Baye Fall est naturelle et entretenue de façon naturelle. Ce mouvement fait de plus en plus d'adeptes en Afrique de l'ouest (MaliCôte d'IvoireSénégal, ...).

 

 

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20 juillet 2011

l'herbe des champs......

 

Bob a dit <<De la drogue? Comment ça de la drogue? Je n'ai jamais pris d'ecstasy ni quoi que ce soit! J'ai simplement fumé de la Ganja. Certains pensent que c'est une forme de drogue. Mais non. C'est tout simplement un précepte de la religion rastafari. Il est dit dans la Genèse: «tu mangeras l'herbe des champs». Mais nous les rastafari préférons la fumer. Elle nous procure une sensation de pureté. C'est une pratique religieuse comme une autre. Les Catholiques boivent bien de l'alcool pendant la Messe!>>



"L'herbe est une plante, les herbes sont bonnes pour tout. Pourquoi ces gens qui veulent tant faire le bien de tous, qui porte le nom de gouvernement ou autre, pourquoi ils disent que vous ne devez pas utiliser l'herbe ? Ils disent "non, vous ne devez pas l'utiliser parce que ça vous fait vous rebeller" Contre quoi ? Contre ceux qui n'ont besoin de rien, ils ont des bien matériels et ils veulent captiver ton esprit pour finir par dire : "Tu dois travailler et après on te mettra à la retraite" et ils gardent tout. Alors, avec l'herbe au lieu de vouloir travailler pour un patron, tu veux être comme lui. Pas pour dire que "Je veux le contrôle" mais dans le sens "Pourquoi je devrais me soumettre à ça ?" ça veut dire que tu es ton propre chef. Pour la première fois fais ce que tu veux, peu importe ce que disent les autres. "

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24 janvier 2009

sade....

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«Ne te contiens donc point, nargue tes lois, tes conventions sociales et tes Dieux»
[ Marquis de Sade ]  - Justine

«La route de la vertu n'est pas toujours la plus sûre, et il y a des circonstances dans le monde où la complicité d'un crime est préférable à la délation.»
[ Marquis de Sade ]  - Justine

25 mai 2011

manipulation.......

Les dix stratégies de manipulation de masses

 

1/ La stratégie de la distraction

Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions

Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

3/ La stratégie de la dégradation

Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.

4/ La stratégie du différé

Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge

La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-age ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion

Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise

Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »

8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité

Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

9/ Remplacer la révolte par la culpabilité

Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

melvinmoten

 

20 avril 2013

la theorie des anciens astronautes

JomonStatue

 

La théorie des anciens astronautes, aussi surnommée néo-évhémérisme par le sociologue Jean-Bruno Renard, est une spéculation ufologique selon laquelle les dieux, dont parlent les anciennes mythologies et dont l'archéologie met les cultes en évidence, étaient en fait des extraterrestres humanoïdes. Cette théorie est souvent attribuée à Erich von Däniken mais, si ce dernier l'a amplement popularisée en 1968, elle avait toutefois déjà été proposée avant, notamment par le théosophisme d'Helena Blavatsky ou en 1962 par Robert Charroux.

Cette théorie est considérée comme n'ayant aucun fondement par la communauté scientifique, car les éléments archéologiques prétendument inexpliqués ont le plus souvent une explication rationnelle déjà exposée par les archéologues. Par exemple, la technique de fabrication des géoglyphes de Nazca peut aujourd'hui être expliquée par des procédés strictement humains. Jean-Pierre Adam, dans un de ses ouvrages, explique que la construction de la grande pyramide ne repose pas sur un savoir étranger à l'espèce humaine mais bien sur les techniques de l'époque.

 

Théorie

La théorie repose sur les hypothèses suivantes :

  • les civilisations anciennes (égyptienne, maya, andines, etc.) n'auraient pas possédé les connaissances nécessaires pour réaliser certaines de leurs constructions ou productions ;
  • des éléments des textes anciens donneraient des indices d'une présence extraterrestre : certains personnages masqués présents sur des fresques anciennes représenteraient des astronautes, d'autres éléments représenteraient des ovnis ou des pistes d'atterrissage ;
  • les extraterrestres auraient influencé le développement des civilisations, en enseignant aux Terriens l'agriculture, l'écriture, etc., voire en altérant l'ADN humain pour favoriser l'évolution vers une espèce plus intelligente. On rejoint ici la théorie du dessein intelligent extraterrestre, que l'on retrouve dans plusieurs mouvements religieux ou sectaires comme le mouvement raëlien avec les Elohims, ou chez Jean Sendy ou encore Roger Vigneron, selon qui la Bible évoque le peuple des Élus (Elohims terme hébreux présents dans l'Ancien Testament qui signifie « Ceux qui viennent des cieux ») venus sur Terre dans leurs roues de lumière (Weidorjes) ;
  • les peuplades primitives, face aux extraterrestres, auraient considéré que ceux-ci étaient des dieux.

Selon Erich von Däniken, le culte du cargo est un exemple contemporain de croyances religieuses issues d'une culture tribale confrontée à une civilisation technologiquement avancée.

Dans le cadre de cette théorie, les géoglyphes de Nazca, au Pérou, sont notamment considérés comme une piste d'atterrissage pour les extraterrestres, ou bien une sorte de message envoyé par la population locale aux extraterrestres.

Retombées

La théorie a eu un fort retentissement médiatique. Elle n'a jamais été sérieusement considérée comme une théorie scientifique par les historiens ou les archéologues, mais elle a donné lieu à de nombreuses études :

  • journalistiques, notamment sur Erich von Däniken (1968), influencé par Robert Charroux (1963) ;
  • sceptiques, dans les cercles sceptiques ou zététiques, qui se sont notamment appliqués à invalider l'hypothèse selon laquelle les moyens antiques étaient insuffisants pour produire ce qu'ils ont fait ;
  • sociologiques, pour se pencher sur l'apparition de ces croyances aux extraterrestres. Le sociologue Jean-Bruno Renard a surnommé la théorie des anciens astronautes le néo-évhémérisme. En effet, le philosophe grec Évhémère (IIIe siècle av. J.-C.) expliquait la croyance dans les dieux par l'existence de personnages illustres qui auraient, par la suite, été divinisés par la population. Le néo-évhémérisme suit le même principe : les peuplades primitives, face à une technologie supérieure, auraient divinisé ces visiteurs en provenance de l'espace.
Peintures du Val
Camonica, Italie, Xe millénaire av. J.-C., qui ont été citées comme représentant des visiteurs extraterrestres par les partisans de la théorie des anciens astronautes. Les archéologues considèrent qu'elles dépeignent des dieux, ou des figures mythologiques.
Les Dogū (土偶) sont considérés par les partisans de la théorie comme d'anciens astronautes ayant visité la Terre pendant la période Jōmon (Xe millénaire av. J.-C. à IIIe siècle av. J.-C.) au Japon. La statuette montrerait selon eux une combinaison spatiale avec casque et lunettes. Pour les archéologues, ces statuettes sont liées au culte de la fertilité.
Selon la théorie des anciens astronautes, des visiteurs extraterrestres auraient influencé la vie humaine pour des millions d'années, et auraient effectué des manipulations génétiques en altérant l'ADN humain afin de favoriser l'évolution vers plus d'intelligence.
Les partisans de cette thèse pense que les dieux évoqués dans la mythologies et dont l'archéologie met les cultes en avant, seraient en fait des extraterrestres humanoïdes.
Cette théorie est, cependant, considérée comme n'ayant aucun fondement d'après les scientifiques.

Des traces telles que les pyramides d'Egypte ou d'Amérique Latine (voir le le documentaire "La révélation des Pyramides"), les lignes de Nazca au Pérou, ou d'anciennes cartes appartenant à l'Amiral Piri Reis de la marine turque en 1 500, les statues de l'Île de Pâques, les roches archéologiques semblant représenter des entités ET, ou encore même le Mythe des Géants, seraient des preuves sensées confirmer cette théorie.

Erich Von Däniken, d'origine suisse et passionné par les écritures anciennes et sacrées ainsi que les énigmes archéologiques non résolues, pense que la terre a été visitée dans le passé par des êtres d'un autre monde pour faciliter l'avancé de notre civilisation, et cela depuis la préhistoire.
Il est l'un des principaux promoteurs de cette théorie des anciens astronautes et a même créé le concept d'astroarchéologie considéré comme une pseudo- science s'appuyant sur l'archéologie afin d'étoffer l'ufologie.

Selon la théorie des anciens astronautes, les égyptiens n'auraient jamais pu construire à eux seuls les pyramides quand on connaît leur degré de développement à l'époque.
De plus, comment se pourrait-il que ces mêmes pyramides se retrouvèrent en Amérique Latine ?

De même pour les lignes et géoglyphes de Nazca découvert en 1926 au Pérou dans le désert, et qui sont de grandes figures tracées sur le sol représentant des figures longues de plusieurs kilomètres. Ces lignes d'une incroyable précision ne sont visibles qu'à partir du ciel. Ils furent découverts par hasard par le Commandant Peri qui survolait la Cordillère des Andes à bord d'un hélicoptère. Les archéologues furent frappés par la présence de deux immense formes humanoïdes gravées dans la pierre dont l'une ayant la main droite levée en signe de salut et dont les têtes étaient ornées de rayons. Les autres "grabados" figurant des oiseaux, des serpents, des araignées ou des poissons s'avérant avoir été remarquablement exécutés et de manière très réaliste et ce malgré la proportion des figures, les dessins de ces humanoïdes sont d'autant plus remarquables.
Pour Guiseppe Orefici qui mena des fouilles durant 17 ans, les Nascas développérent une civilisation raffinée et originale et les fameuses lignes de Nazca étaient empruntées par des processions humaines au cours de cérémonies religieuses qui rendaient ainsi hommage à leur panthéon de dieux totémiques animaliers et entretenaient les sillons creusés à même le sol rocailleux.
Les géoglyphes de Nazca sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1994.
Selon certains ufologues, il s'agirait soit d'une piste d'atterrissage pour les vaisseaux spatiaux extraterrestres, soit d'un message réalisé par la population locale destiné à ces ET.

La revue Horizon relata la découverte d'une ceinture avec ornements ajourés vieille de 1600 ans, mise à jour dans la tombe du Général Chou-Chu (265-316 après J.C) et qui soumise à une analyse spectrale par l'Institut des sciences appliquées de l'Académie des sciences chinoise se révéla être composée pour 80% d'aluminium. Or le seul procédé pour extraire de l'aluminium à partir de la bauxite, l'électrolyse, ne fut découvert qu'en 1908.

Il y a aussi les Grottes de Lascaux, découverte en 1940, et située dans le Périgord noir sur la commune de Montignac en Dordogne. On y distingue d'époustouflantes images représentant des constellations du ciel tel qu'il était il y a 17000 ans.

En Italie du Nord, les graffitis du Val Camonica révélèrent des formes humanoïdes portant des casques semblant fermés.

Certaines représentations comme les graffitis de la grotte d'Altamira en Espagne sont particulièrement impressionnantes.
Elles datent du Magdalénien III; IV ou VI (-12000/-10000 avant J.C). Elles représentent des formes de soucoupes en suspension, pleines ou claires, disposées essentiellement sur la voûte de la grotte, et aux cotés desquelles figurent d'étranges formes humanoïdes.
Dans la grotte de Niaux (en Ariège), dans une zone baptisée "le diverticule des signes", furent découverts des dessins très semblables à ceux d'Altamaria.

Ces extraterrestres qui auraient influencé le développement des civilisations auraient enseigné aux Terriens l'agriculture, l'écriture, l'astronomie,…

Von Däniken pense que la Bible, comme d'autres écrits anciens du monde entier, contient des descriptions de visiteurs des étoiles ayant ensemencé la race humaine.

Certains pensent qu'il n'est pas impossible que les pyramides aient été construites par des êtres venus d'ailleurs, de même pour les dessins de Nazca (même si des théories intéressantes ont tenté de les expliquées).

Des conspirations peuvent avoir lieux dans le silence le plus complet, des civilisations extrêmement développés ont pu intervenir à un moment ou à un autre sur notre terre, mais il ne faut justement pas tomber dans l'extrême au risque d'ébranler les fondements même de notre société, et ainsi prendre le risque de décrédibiliser le phénomène Ovni.
Arrivons déjà à cerner ce dossier si insaisissable avant de sombrer dans des théories encore plus difficile à évoquer et à étudier.

Les Dogons et le mystère Sirius

Germaine Dieterlen et Marcel Griaule étudiaient les rites de la tribu Dogon des Monts Hombori et du plateau de Bandiagara au Mali entre 1936 et 1950, ils furent atterrés par les exceptionnelles connaissances astronomiques de ces indigènes, pourtant dépourvus de tout matériel d'optique. Ils descendaient d'une civilisation du Proche Orient, peut être liée aux Sumériens.
Les Dogons semble connaître depuis des temps lointain deux étoiles compagnes de Sirius. Sachant que la vision humaine ne permettait d'apercevoir que l'étoile Sirius.
En 1862, l'astronome américain Alvan Clarke découvrait à l'aide d'un télescope puissant la deuxième étoile proche qui fut appelée Sirius B, une naine blanche, compagnon plus petit et plus lourd que Sirius et que les Dogons avaient baptisé " Po Tolo " ou " Po-Digitania " du nom d'une graine de céréale.
Les Dogons savaient  que Sirius B bouclait son orbite elliptique autour de Sirius A en 50 ans, ce que personne d'autre n'avait découvert puisque la période de révolution (50,090) ne fut établi définitivement qu'en 1960 par Van Den Bas.
Les Dogons affirmaient qu'il existait une troisième étoile dans ce système que nous nommerons Sirius C.
Ogotemmeli devait révéler que leurs ancêtres étaient venus d'une planète orbitant autour de cette étoile qu'ils nommaient " Emma Ya "," Sorgo " ou " L'étoile des femmes ". Le prêtre affirma que la période de révolution de cette étoile autour de Sirius A était de 32 ans, sur une orbite elliptique très excentrique et perpendiculaire à celle de Sirius B.
Dés 1920, des chercheurs évoquaient l'éventualité de son existence. En 1991, soit environ 45 ans après que Griaule et Dieterlen aient recueilli ce témoignage du prêtre Dogon Ogotemmeli, les astronomes Jean Marc Bonnet-Bidaud et Cécile Gry affirmaient, dans la revue "Astronomy and Astrophysics", soupçonner l'existence de Sirius C du fait du changement de couleur du système qui avait été distingué au fil des observations, posant notamment l'hypothèse que le 3em compagnon de Sirius pouvait avoir une orbite très aplatie. Les dernières simulations par informatique effectuées à l'observatoire de Nice par les astronomes jean Louis Duvent et Daniel Benest semblent confirmer son existence.

Source :
Extrait du magazine "Aliens" n°3 Mars 2010. Essais de Thibaut Canuti.


 
Le mystère des cartes de Piri Reis

En 1929, on trouva à Istanbul dans le palais Topkapi des cartes géographiques séculaires qui avaient appartenu à l'amiral Piri Reis, officier de la marine turque. Il les aurait tracées en 1513. Ces cartes, que Piri Reis, contemporain de Christophe Colomb, disait avoir découvertes en Orient, éveillèrent l'intérêt de nombreux savants dés que leur existence fut connue.
La Bibliothèque Nationale de Berlin possède encore des cartes de Piri Reis reproduisant le bassin méditerranéen et la mer Morte. Ces cartes retombèrent bien vite dans l'oubli et ce n'est qu'en 1965 qu'elles furent confiées pour examen au cartographe américain M. I. Walters, des services hydrographiques de la marine US.
Walters demanda l'aide de son ami Mallery, ingénieur et archéologue, connu comme spécialiste des cartes anciennes. Celui ci fit une découverte extraordinaire : "  ces cartes étaient parfaitement exactes et cette précision ne concernait pas seulement le bassin méditerranéen et la mer Morte. Les côtes de l'Amérique du Nord et du Sud étaient également reproduites avec précision ainsi que, découverte la plus étonnante, les contours de l'Antarctique. Mais ce n'était pas tout : les cartes comportaient aussi la topographie des terres ; chaînes de montagnes, commets, lacs, fleuves et hauts plateaux y étaient consignés avec la plus extrême précision. "
Afin d'effectuer plus d'analyses, toutes les cartes furent confiées au Père jésuite Lineham, directeur de l'Observatoire de Weston qui les examinât à son tour. Ce savant, qui s'intéresse passionnément à l'Antarctique se rendit compte que cette dernière figurait déjà sur les cartes de Piri Reis.
"  Les conclusions auxquelles sont parvenus, au terme de leurs récents travaux, le professeur Charles H. Hapgood et le mathématicien Richard W. Strachan, sont parfaitement surprenantes. Ils mirent au point une grille de lecture et transposèrent les cartes sur un globe moderne. Leurs recherches ultérieures et les comparaisons avec des photographies du globe terrestre prises par des satellites ne firent que confirmer leur supposition : les originales des cartes de Piri Reis étaient des photographies prises à très haute altitude. "

Il n'a été possible de cartographié totalement la terre qu'il y a très peu de temps (grâce aux satellites). Comment les civilisations antérieures auraient pu s'y prendre avec tant de précisions ?

" Diego Cuoghi aurait démontré que la carte n'était que la compilation de celles de Christophe Colomb et que la représentation de l'Antarctique n'était qu'un fantasme de la part de C. Hapgood. "

"  Le support de la carte aurait été daté par le carbone 14 et il remonte bien au XVIe siècle. L'encre aurait également été testée chimiquement et daterait aussi du XVIe siècle. Tous ces tests ont été effectués par W. Mc Crone un spécialiste qui a déjà travaillé sur le suaire de Turin ".

La carte de Piri Reis serait donc authentique et serait la preuve que les Turcs, bien qu'étant loin de l'océan Atlantique et de l'Amérique, se tenaient au courant des dernières découvertes de l'époque.

D'autres septiques disent que le Groenland, tel qu'il est dessiné par l'amiral Piri Reis, correspondait aux lignes de relief trouvées par ces expéditions polaires et en particulier aux deux étranglements médians qui partagent ce territoire en trois parties, ce que révélait déjà, on le sait, la carte de Zeno. Et que dans la carte de Piri Reis de 1513, le rivage qui prolonge si longuement celui de l'Amérique du Sud, ne pouvait qu'être que celui de l'Antarctique tel qui est actuellement à plus de trois mille mètres sous les glaces.

Le mystère demeure toujours.



 
 
 
   
 
 
16 octobre 2012

les vies antérieures............

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Avant, j'étais comme beaucoup de gens : je connaissais bien ces impressions fugitives de déjà-vu, un lieu inconnu et pourtant étrangement familier, un visage ou un regard qui nous happe singulièrement... mais la chose à vrai dire me laissait sceptique. Ces soit disant existences passées, pourquoi n'en garde-t-on aucun souvenir, qu'est-ce que c'est que ces élucubrations ?

Mais depuis, bien des choses on changé, ma compréhension s'est élargie, et je propose ici de partager le fruit de mes découvertes. Voici quelques infos à retenir !

 

Le phénomène des vie antérieures me paraît complètement valide et agissant et il s'est avéré être une excellente 'terra incognita' à explorer. Il me paraît aussi être extraordinairement complexe, et je suis sans doute loin d'en avoir saisi toutes les lois.

 

Cependant, voici quelques pistes pour partir à la recherche de nos vies antérieures :

1. S'observer sois-même et faire marcher son imagination. Partir du principe que toute notre personne est totalement imprégnée par la sommes de toutes ces vies vécues et que cela explique bien des facettes de notre 'caractère'.

Voici des exemples vraiment pèle mêle, mais c'est l'idée :

  • *être particulièrement doué pour un métier, un art, un sport, un instrument de musique, une matière intellectuelle... = avoir eu ses potentialité déjà actives dans une ou plusieurs vies précédentes ce qui fait qu'on a des 'facilités'.
  • *Se sentir décidément bien dans certains types de lieu ou d'ambiance, spontanément et sans raison particulière : avoir eu des moments heureux dans de tels lieux ou lors de circonstances analogues dans des existences antérieures
  • *Aimer de suite ou détester de suite une personne, sans aucune raison valable, c'est plus fort que tout = on a effectivement connu ces personnes, et souvent pour un grand nombre d'incarnations, et on est un peu dans le cas de figure : ami ou ennemi ?
  • *Avoir des peurs infondées et tenaces de choses et d'autres, bestioles, armes, situations critiques, et même sur des manières de mourir = on a effectivement vécu de tels moments sombres et douloureux qui ont encore des échos en nous.
  • *Apprécier telle époque historique plutôt qu'une autre, se sentir attiré par une période du passé proche ou lointain : certitude qu'on y a effectivement vécu.

Cette phase initiale est un puits sans fond, et sera toujours pleine de surprises !

2. Observer son environnement : prendre conscience qu'on a totalement choisi notre vie présente et sa configuration. Voir en quoi le choix de la parenté peut être parlant, par exemple être le reflet du parent que nous avons été dans d'autres existences. De même, l'enfant, l'amoureux, le conjoint, le meilleur ami, le collègue de travail et même parfois le voisin de palier ou la boulangère du coin : grande probabilité qu'on ai connu tous ces gens dans d'autres vies, avec des configurations multiples et d'une immense variété. Bref, on s'incarne souvent 'par paquet' sur de longs cycles d'existences, alors, on se croise en permanence ! Ainsi se tisse le karma...

3. Observer ses rêves. C'est bon signe de rêver. Si tu ne rêves jamais, alors, demande de faire un rêve. Si le rêve qui viendra alors est un rêve sombre et flippant = a priori, c'est qu'on est coincé dans une expérience traumatique vécu réellement lors d'une récente vie. La bonne nouvelle c'est qu'on peut passer cet obstacle sitôt qu'on en est conscient. Si les rêves sont bien fournis, observer des trames de vies antérieures dispersées ça et là parfois jusque dans des petits détails. Les rêves sont à mon sens une excellente source de traces des vies passées et pourquoi pas futures !

4. Provoquer le destin et demander d'avoir des pistes de ses vies antérieures, à travers des signes apparaissant dans la vie quotidienne. On serait surpris de voir comment ça marche bien si on le veut vraiment, si on ose réellement demander de tels signes. Un exemple perso juste pour illustrer l'idée : penser et sentir qu'on a pu être asiatique dans une ou plusieurs autres vies et voir à ce moment là dans sa vie actuelle pleins de synchronicités avec l'Asie, la Chine, des asiats... ça n’arrête pas !

5. Ne pas hésiter à utiliser l'hypnose et tenter (entre autre) des régressions dans ce passé oublié : un bon hypnothérapeute est un allié très utile !

6. Quelques rares personnes sur cette terre ont eu un phénomène très particulier : ils revivent de façon consciente l'intégralité de leur vies antérieures. Ils revivent mille morts mais cela leur ouvre la porte de la nature multidimensionnelle de l'être humain. Nous sommes tous des bouddhas en puissance !: )

7. Ne pas être étonné si on abouti à la conclusion qu'on a pu s'incarner sur une autre planète, c'est en effet extrêmement fréquent. La planète Terre est loin d'être le 5 étoiles de l'Univers !

 Aujourd'hui je vous propose de partir à la recherche de vous-même au travers ce formidable outil qu'est la mémoire de notre âme.
Retrouver ses vies antérieures n'est pas facile. En-dehors des cas où il nous est nécessaire de revoir certaines choses, le voile qui couvre nos souvenirs reste souvent si bien en place qu'on croirait une barrière.
Eh bien, il arrive qu'effectivement certains souvenirs ne puissent nous être accessibles en raison de leur nature. Ils pourraient nous blesser plutôt que de nous aider à avancer.
Ce n'est évidemment pas ce type de souvenirs que je me propose de vous aider à récupérer. Le rituel que je mets à votre disposition ici est doux et sans danger car il n'a pas vocation à briser les barrières protectrices imposées par l'âme.
Vous ne retrouverez que des éléments qui vous permetrront de comprendre votre cheminement actuel de manière à pouvoir dénouer certains blocages énergétiques, et ainsi avancer plus facilement. Car il n'est pas nécessaire selon moi de passer son temps à souffrir de répéter inlassablement les mêmes schémas sans comprendre pourquoi, quel est l'enseignement qu'il nous faut tirer d'une situation.
Moi par exemple je fais partie des personnes qui ont pris des engagements avant de s'incarner. Si je n'avais pas été aidé par mon âme dans la compréhension de ceci, je serais encore à me poser bien des questions sur certains plans de ma vie actuelle. Mais je dois ajouter une chose, j'ai également reçu de l'aide pour décrypter certains messages. Et si tout le monde peut en recevoir, tout le monde ne le perçoit pas de manière directe, comme moi qui communique avec mon guide spirituel par exemple.
Aussi, voilà un moyen d'obtenir une information et surtout ensuite, la compréhension de celle-ci.

[i][b]Vous aurez besoin d'encens de rose ou de jasmin, de cristal de roche et d'une belle obsidienne noire ( pas toute petite ! ).
Le rituel se fait en trois temps. Tout d'abord, il faut vous mettre en condition, vous préparer spirituellement à vous ouvrir à votre âme. Ceux d'entre vous dont le canal interne est ouvert n'auront pas de difficulté, pour les autres, il faudra peut-être s'y reprendre à plusieurs fois.
Ensuite, il vous faudra vous habituer à recevoir des informations que vous n'aurez pas forcément demandées. Vous ne verrez pas ce que vous voudrez. Seulement ce dont vous aurez besoin et puisque le canal vers votre mémoire sera ouvert, votre âme en profitera pour vous obliger à faire quelques réajustements dans votre vie actuelle en mettant l'accent sur certaines de vos erreurs passées de cette présente existence.
Enfin, une fois que ce travail préparatoire sera achevé, et si vous le désirez encore, vous pourrez vous mettre en condition pour la réception.


Vous le voyez donc, ce n'est pas léger. C'est sans danger pourtant, mais la vérité est qu'il faut élever son taux vibratoire pour réaliser une telle opération. Alors il vaut mieux le faire bien. Je vous conseille de bien respecter chaque étape.
Au moment que vous jugerez le plus opportun, faîtes brûler l'encens de rose ( de préférence mais il s'agit d'en trouver ) ou de jasmin. Placez-vous ( allongé ou assis, comme vous voudrez mais assis serait mieux ) non loin de l'encensoir et fermez-les yeux.
Demandez à la Déesse de vous bénir et de vous protéger tandis que les vapeurs d'encens emplissent doucement la pièce. Faîtes-lui part de votre désir de vous comprendre mieux vous-même, de vous connaître et demandez-lui de vous aider à vous connecter à votre âme.
Ensuite, restez ainsi, les yeux fermés et laissez les images ou les idées défiler dans votre tête. Quand vous en aurez envie, ouvrez les yeux, quittez la pièce, mais laissez l'encens brûler, se consumer ( sauf si vous devez quitter la maison, on est d'accord ! ).
Le lendemain, munissez-vous du cristal de roche ( vous pouvez en utiliser jusqu'à trois si vous le souhaitez ) et allongez-vous. Gardez la ou les pierres en main. Il est temps de méditer. Vous allez vous concentrer sur le premier souci qui vous viendra en tête et rester dessus jusqu'à ce qu'il vous paraisse finalement moins énorme et complexe que vous ne le voyez.
A ce moment-là, respirez un bon coup, les yeux toujours clos, et visualisez une belle boule de lumière blanche ou sombre, faîtes selon ce que vous préférez ( ça viendra tout seul ) et regardez-la vous absorber. Mais tout va bien, vous n'avez pas de crainte. D'ailleurs, vous vous sentez bien. Restez ainsi le temps que vous voudrez, vous saurez quand rouvrir les yeux. Tout se sera dissipé alors, dans la douceur et au sortir de cette étape, vous aurez la sensation d'avoir fait une sieste.
Si vous n'êtes pas parvenu à vous laisser absorber par la boule de lumière, recommencer le lendemain ou le jour d'après. Mais pas tout de suite. Il vous faut encore un peu de préparation. Vous pouvez alors répéter la première étape sans restez devant l'encensoir cette fois. Laissez simplement l'encens se consumer tandis que vous évoluerez dans la maison. 


Si tout s'est bien déroulé, le lendemain, munissez-vous de l'obsidienne. Pas mouchetée, ( trop faible ) pas oeil céleste ou arc-en-ciel, ( trop puissante ) mais noire !
Allongez-vous une nouvelle fois et gardez la pierre bien en main. D'entrée, vous saurez si vous êtes à l'aise ou pas. Si ce n'est pas le cas, arrêtez là. C'est que vous n'êtes pas prêt, il vaut mieux attendre encore trois jours, sans nouvelle préparation, pour poursuivre le rituel.
Si tout va bien, fermez les yeux et faîtes le vide de votre esprit. Prenez le temps qu'il faut. Quand vous y serez parvenu, vous ressentirez un bien-être intérieur, une plénitude qui vous indiquera que vous êtes parvenu à vous rapprocher du Coeur de votre Etre. Quand vous le souhaiterez, ouvrez les yeux.
Dans les jours qui suivront, vous devriez retrouver vos premiers souvenirs. Vous serez également amené à comprendre pourquoi ceux-là et surtout ce que vous pouvez en tirer pour comprendre votre situation actuelle.
Par contre, le canal ouvert ne se refermera pas. Vous resterez en contact avec votre âme, ce qui est plutôt une bonne chose.

 

http://www.clairvision.org/francais/regression-therapie-des-vies-anterieures-pour-une-liberation-ici-et-maintenant.html

un lien a étudier et a lire pour s'informer......je vous met ici un court extrait mais je vous invite a lire et étudier le texte complet .....

 

CHAPITRE 8

SE SOUVENIR DE SES VIES ANTÉRIEURES

8.1 Pourquoi ne se souvient-on pas de ses vies antérieures?

Avant d'examiner le mécanisme au moyen duquel il est possible de se souvenir de ses vies antérieures, examinons les raisons pour lesquelles la plupart des gens, dans les circonstances normales, sont incapables de s'en souvenir.

Il faut tout d'abord rappeler que la plupart des gens sont incapables de se souvenir de leurs rêves. Comment dans ces conditions pourrait-on attendre d'eux qu'ils soient capables de se souvenir de leurs vies antérieures? Fondamentalement, les raisons de cette incapacité sont les mêmes. Pour nous permettre de bien comprendre cette situation, récapitulons quelques détails d'anatomie subtile – la connaissance des corps subtils qui constituent l'être humain dans sa totalité.

 

    1. Chacun est familier avec le corps physique – celui que les chirurgiens peuvent ouvrir et couper. Comme il est constitué par les nourritures que nous absorbons, la tradition védantique l'a appelé anna–maya–kośa 'l'enveloppe-faite-de-nourriture'. 

 

    1. Au-delà du corps physique, se trouve le corps éthérique, constitué d'énergie vitale qui est le Qi de la médecine chinoise traditionnelle, et le prāṇa de la littérature sanskrite. Ceci explique le nom prāṇa–maya–kośa 'enveloppe faite de prāṇa' donné à cette couche dans les Védanta. Exactement comme l'eau imprègne une éponge, l'enveloppe de prāṇa ou corps éthérique, pénètre en totalité le corps physique. il s'étend d'ailleurs un peu au-delà des limites de ce corps physique.

 

Tant que vous êtes en vie, vos corps physiques et éthériques ne se séparent jamais. Il est par conséquent possible de considérer les deux comme formant une seule et même structure, que, pour notre propos, nous avons nommé le 'complexe inférieur'.

 

    1. Au-delà des corps physique et éthérique se trouve le corps astral, la couche de mental/manas ou esprit réagissant, dans laquelle se trouvent localisées nos émotions et la plupart de nos pensées. Comme nous l'avons vu précédemment, les samskaras ont leur siège dans le corps astral.

 

 

    1. L'Ego est au centre de tous les autres corps. Dans un stade ultérieur, lorsque je traiterai des processus alchimiques plus avancés je serais conduit à distinguer clairement l'Ego, le Moi et L'Esprit. Mais dans le contexte de ce livre, ces distinctions ne se révèleraient pas d'une grande utilité. Aussi, pour simplifier, nous pourrons considérer que les mots Ego (ou Ego supérieur), Moi (ou Moi supérieur) et Esprit sont en fait des synonymes et se réfèrent à la flamme immortelle qui est le centre de l'être humain.

 

Il est important de noter que le corps astral et l'Ego sont étroitement liés. On pourrait même dire que l'Ego est enchevêtré dans le tissu du corps astral. C'est pourquoi, lorsque vous fermez les yeux, à moins d'avoir suivi un cheminement d'évolution spirituelle, vous n'êtes pas capable de distinguer ce qui dans votre conscience vient du mental et ce qui appartient au Moi supérieur. Vous pouvez savoir, au moyen de votre intellect, que vous avez un Moi supérieur et que ce Moi est le support de votre conscience, comme un écran blanc sur lequel différents films sont projetés. Mais en pratique, le Moi est masqué par le mental/manas de telle sorte qu'il vous est impossible de vous connecter directement à sa lumière. Par conséquent, le premier objectif d'un cheminement spirituel est de séparer le Moi du corps astral.

Aussi longtemps que ceci ne se produira pas, pour citer une comparaison que l'on trouve souvent dans la littérature sanskrite, les deux restent mélangés comme l'eau et le lait dans le même verre. En conséquence, nous pouvons simplifier notre structure à quatre étages en la coupant en deux.

  • Un complexe supérieur [A], constitué du corps astral [2]et du Moi (Ego) [1], qui ne se sépareront pas tant que vous n'aurez pas 'trouvé votre Moi véritable (Ego)'

  • Un complexe inférieur [B], composé du corps éthérique [3] et du corps physique [4], qui ne se sépareront pas, tant que vous serez vivant.



8.2 Plein de trous comme une passoire ou une meule de gruyère

Qu'arrive-t-il quand vous dormez? Le complexe inférieur(corps physique + corps éthérique) restent dans votre lit pendant que le complexe supérieur (corps astral + Moi) s'en vont et voyagent dans différentes sphères. Les deux complexes restent reliés entre eux par ce que certains ouvrages ésotériques désignent sous le nom de corde d'argent. Ainsi, l'éveil et le sommeil correspondent à deux directions différentes prises par le corps astral. Pendant le jour, le corps astral connaît le monde physique par l'intermédiaire des sens du corps physique. Pendant la nuit, il se retire du corps physique et dirige ses activités en direction des différents mondes astraux avec, comme résultat, les rêves et autres états de conscience profonde. Quand il est temps de se réveiller, le corps astral quitte la sphère astrale et réintègre le corps physique.

La raison pour laquelle nous ne nous souvenons que difficilement de nos rêves et autres activités astrales nocturnes, c'est que dans le stade actuel du développement de l'être humain, le corps astral fuit comme une passoire. Il est plein de trous, comme une meule de gruyère. Pire encore, les ponts de communication entre le complexe inférieur (corps physique + corps éthérique) et le corps astral ne sont pas développés correctement. Aussi, même si le corps astral pouvait retenir quelque chose de ses expériences nocturnes, les souvenirs correspondants n'auraient que peu de chances de se frayer un chemin jusqu'à votre conscience éveillée.

Dans sa situation actuelle, le corps astral manque douloureusement de structure et encore plus d'unité. Il apparaît comme un tas de pièces détachées mal assorties. On pourrait le comparer à un puzzle dont les pièces ne s'adapteraient pas les unes aux autres. Chaque pièce du puzzle a ses propres samskaras et ses propres émotions, ses goûts et ses dégoûts. Chaque pièce correspond à une facette différente de votre personnalité. En termes de vies antérieures, chacune de ces pièces a été ajoutée à une période différente de votre passé, sous l'influence d'expériences intervenues dans des vies différentes.

En pratique, cela signifie qu'en tant qu'être psychologique, vous êtes composé de parties différentes ayant chacune son goût propre, son propre passé et ses propres désirs. Par exemple, une part de vous-même peut aimer la lecture d'ouvrages concernant la spiritualité alors qu'une autre partie est particulièrement attirée par les jeux de hasard et les paris sur les courses de chevaux et qu'une troisième aspire à des voyages autour du monde. Chacune de ces parties est l'un des multiples 'traits de caractère' qui constituent votre personnalité. Le terme 'caractère' est tout à fait approprié. En ancien grec, il signifiait une marque imprimée, gravée ou estampillée sur une pièce de monnaie ou un sceau. On parle également de caractère d'imprimerie. Cela correspond parfaitement au mécanisme que nous avons décrit concernant les samskaras. Dans ce contexte, nous pourrions définir un caractère comme une armée de samskaras imprimés sur une certaine partie du corps astral et s'efforçant chacun de satisfaire à tout prix ses propres désirs en fonction de son existence passée.

Le drame de l'existence est que chacun de ces samskaras travaille de façon purement égoïste et ne se préoccupe pas du tout de ce que veulent les autres parties. Par exemple, la partie qui adore les jeux de hasard et les paris se moque complètement de la sagesse décrite dans les livres que votre caractère spirituel accumule avec délice. Aussi, l'interaction de ces différents caractères va souvent vous mettre dans des situations douloureusement contradictoires. Chacun de ces caractères est comme un dictateur potentiel qui a pour seul objectif de s'emparer de votre vie et de la transformer en fonction de ses propres goûts et dégoûts. Par exemple, le 'lecteur' qui est en vous ne pensera qu'à transformer votre maison en une gigantesque librairie alors que le 'joueur' adorerait vous voir obtenir un job en tant que reporter sportif. Le seul intérêt commun partagé par chacun de ces caractères est d'annexer votre Moi autant que possible parce que si votre Moi devait reprendre les rênes, cela signifierait pour eux la fin de tout espoir de suprématie. En conséquence, la réalité sur la vie de la plupart des gens est que le Moi est anesthésié et maintenu endormi dans un coin pendant que des caractères différents se battent sauvagement pour acquérir la souveraineté et la direction des opérations.

8.3 La mosaïque explosée.

Qu'arrive-t-il à votre mort? Le complexe supérieur (corps astral + Ego) se sépare du complexe inférieur (corps physique + corps éthérique) exactement comme lorsque vous vous endormez. Mais, cette fois, la corde d'argent est brisée, et le complexe inférieur est abandonné. Le corps physique commence à se désagréger et le corps éthérique se désintègre dans les couches éthériques de la planète. Il serait inexact de croire que le complexe supérieur va s'en aller et voyager dans les mondes spirituels et revenir exactement dans le même état pour une nouvelle incarnation, après un brin de toilette et quelques améliorations effectuées par les anges.



La situation réelle est dramatiquement différente. Quand la plupart des gens meurent, leur corps astral est gagné par le chaos à cause du manque d'unité précédemment décrite. La multiplicité des caractères n'est pas seulement fonctionnelle, elle reflète le fait que la structure du corps astral est une mosaïque ou une collection de pièces qui sont artificiellement maintenues ensemble tant que vous êtes en vie. Quand vient l'heure de la mort, l'illusion d'unité se dissipe. La façade de la personnalité se lézarde et le corps astral montre ce qu'il est en réalité – une mosaïque explosée.

Pratiquement, cela signifie qu'aussitôt après que la corde d'argent ait été brisée, la plupart des composants du corps astral vont s'envoler chacun dans une direction, comme les oiseaux s'échappent lorsque vous ouvrez la cage.

Pour la personne qui vient juste de mourir, c'est une expérience extrêmement dramatique. Imaginez-vous, mort, flottant dans l'espace astral de couleur pourpre. Vous pouvez voir votre 'amateur de lectures' qui s'éloigne de vous dans une direction alors que le 'flambeur, habitué des champs de course' s'enfuit en direction opposée et que la part de vous-même qui peut s'exprimer en japonais s'enfuit dans une troisième direction. Vous êtes littéralement décapé, démembré. Les parties de vous-même qui étaient tournées vers la joie, la sexualité et les désirs s'en vont vers le monde vital, pendant que les aspects mentaux partent pour le monde mental – et que vous reste-t-il? Votre Ego ou Moi supérieur, avec quelques lambeaux de corps astral. Alors l'Ego ainsi dépouillé peut commencer son voyage au pays des Esprits.

Ceci éclaire ce que Gurdjieff voulait dire quand il déclarait que, pour la grande majorité des êtres humains, cela n'a aucun sens de parler de réincarnation, tout simplement parce qu'ils n'ont pas de corps astral. Plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent des êtres humains ont un corps astral qui n'est rien de plus qu'un vol de papillons. Il va de soi que ces gens vont pourtant se réincarner, mais qu'est-ce qui va se réincarner? Leur Moi supérieur, c'est à dire justement la part d'eux-mêmes dont ils n'ont jamais réussi à avoir nettement conscience pendant leur vie et qui n'a eu virtuellement aucune part dans leurs activités. Pratiquement tout ce qu'ils avaient l'habitude de considérer comme étant 'eux-mêmes' va se désintégrer et retourner à la poussière astrale. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner s'ils ne sont pas capables de se souvenir de grand chose dans leur prochaine vie puisqu'ils ont perdu la plus grande partie de la substance astrale dans laquelle les impressions de cette vie étaient enregistrées. Gurdjieff résume cette situation de façon sévère en déclarant: «La poussière retourne à la poussière.»

8.4 Le Blanc comme vraie couleur du deuil

Malheureusement, tous les fragments du corps astral ne retournent pas à la poussière astrale. Nombre d'entre eux ont une fâcheuse tendance à rester là où ils sont et à se coller aux êtres humains vivants pour essayer de continuer leurs activités.

L'explosion du corps astral est la raison pour laquelle la coutume traditionnelle des Hindous était de ne porter que des vêtements blancs et d'observer au cours des semaines qui suivent le décès de quelqu'un de leur famille un jeûne partiel en évitant principalement les protéines. Les Hindous considèrent que certaines des parties vitales inférieures du défunt peuvent essayer de s'accrocher comme des parasites à d'autres membres de la famille. Le fait de porter du blanc, la couleur de la pureté et d'éviter la consommation de viande et de céréales est considéré comme un ensemble de mesures protectrices destinées à limiter les possibilités de telles intrusions clandestines. Cette coutume est toujours observée de nos jours, même par la population éduquée de l'Inde.

On peut trouver une théorie similaire dans les coutumes de la Chine ancienne. Il est enseigné que le Po, qui correspond aux parties vitales inférieures de l'être humain reste sur terre après la mort alors que leHun, constitué par les composants les plus spirituels, monte au ciel. Le Po peut même apparaître aux membres de la famille ou aux amis dans les heures ou les jours qui suivent le décès du défunt, comme une effrayante réplique de la personne décédée. Le parallèle avec nombre d'histoires de fantômes est évident. Une analyse détaillée de ces mécanismes peut être trouvée dans mon ouvrage intitulé: Entités, Parasites du Corps d'Énergie.

8.5 Étourderies dues à un manque de présence

Concentrons maintenant notre attention, sur la partie qui n'a pas été annihilée. Le Moi ou Ego étant la flamme éternelle dans un être humain reste intact au cours de cette transition qu'est la mort. La vraie question est évidemment: qu'est-ce qui persiste d'autre? Quels sont les mécanismes par lesquels quelques composants du corps astral sont perdus alors que d'autres restent attachés au Moi et le suivent dans son voyage entre la mort et la prochaine naissance?

La question est importante. En effet, les parties du corps astral qui subsistent et accompagnent le Moi seront le coeur même de votre personnalité dans la prochaine vie. Après la mort, l'Ego passe à travers différentes couches astrales et part ensuite pour le monde des Esprits. Après un séjour dans ces mondes, il retourne sur terre en repassant par les couches astrales. Or, c'est en passant par ces couches astrales, dans son voyage de retour vers la Terre que l'Ego recueille les composants de son corps astral futur. Les parties du corps astral que l'Ego a conservé autour de lui agissent comme un noyau attirant les substances astrales selon leurs propres natures – qui se traduiront dans la vie suivante par des goûts et des dégoûts, aussi bien que par des potentiels émotionnels et mentaux. C'est ainsi, tout ce qui reste attaché à l'Ego après la mort conditionne ce que nous serons dans notre prochaine vie.

Avant de chercher à comprendre comment une certaine mémoire peut subsister dans le noyau central autour de l'Ego, voyons tout d'abord comment la plus grande part a pu être perdue. Lorsqu'ils accomplissent la grande majorité de ce qu'ils font dans leur vie, les gens sont totalement inconscients. Nous avons tendance à effectuer nos activités quotidiennes de façon entièrement mécanique. Nous parlons sans but réel. Nous faisons des choses sans même savoir que nous les faisons. Nous ne sommes pas réellement attentifs à nos actes. Même si nous nous entraînons à être conscient, des portions entières de nos journées peuvent s'écouler avant que nous ne retrouvions le fil de notre conscience. En bref, nous ne vivons pas réellement notre vie, nous la dormons.

En termes de corps subtils, cela signifie que l'Ego ne prend aucune part à ces actions. Les perceptions sensorielles sont reçues dans le corps astral, dans les pièces du puzzle astral. Ensuite, ces pièces réagissent mécaniquement en fonction de leurs goûts et de leurs dégoûts, ce qui signifie de leurs propres samskaras. Les actions réflexes sont accomplies de façon plus ou moins mécanique et l'Ego est court-circuité. Tout reste confiné dans la périphérie de la couche astrale. Rien n'est imprimé dans la proximité de l'Ego, tout simplement parce que l'Ego est absent de l'épisode. Comment l'Ego pourrait-il se souvenir d'un épisode s'il n'y est pas impliqué? C'est là que réside la raison principale du manque de mémoire de L'Esprit: l'inconscience! En termes d'empreinte astrale, il n'y a rien d'autre que de la poussière, qui plus tard, retournera à la poussière.

8.6 Mémoire type 1 – intensité

Il y a pourtant quelques situations dans lesquelles ce schéma de manque de mémoire ne s'applique pas. Supposez que vous vous reposiez sur la berge d'une rivière et que soudain, apparaisse un crocodile, venant de nulle part, qui se jette sur vous. Il est très probable que vous allez devenir super conscient, au moins pour un moment. Imaginez... C'est votre personnalité tout entière qui va se trouver impliquée dans cette situation. Vous êtes totalement présent. Chaque émotion que vous allez ressentir, chaque sensation, chaque perception sera imprimée dans les couches les plus profondes de votre corps astral. Le paroxysme de conscience montre que votre Ego émerge de ses brumes au moins pour un moment. Il y a une irruption de l'Ego dans le monde physique et simultanément un afflux brutal d'informations dans vos couches astrales les plus profondes. Tout un ensemble de perceptions, de sensations et d'émotions sont stockées tout prêt du centre même de votre architecture intérieure. La trace laissée dans votre corps astral par un tel 'package émotionnel' peut en vérité être regardé comme un samskara de première importance. Compte tenu de la profondeur de l'empreinte, toutes les conditions sont réunies pour que vous gardiez avec vous ce fragment de corps astral, pour qu'il reste avec votre Ego, même après le dépouillement intervenant au moment de la mort et pour que vous le rameniez avec vous dans votre prochaine vie.

C'est ainsi que la première catégorie de souvenirs de vie antérieure est constituée par diverses expériences dont la caractéristique commune est l'intensité. Des expériences extrêmement douloureuses peuvent être rangées dans cette catégorie. Chaque fois que vous atteignez un sommet dans la douleur, physique ou émotionnelle, vous devenez automatiquement extrêmement conscient. L'intensité n'est pas d'ailleurs forcément liée à la douleur. Par exemple si, ayant traversé le Pacifique sur un radeau, vous voyez la terre apparaître dans le lointain, ou si vous arrivez soudain à obtenir après des années d'efforts ce que vous recherchiez, l'euphorie du moment vous assurera une empreinte profonde qui sera la source d'une possible remémoration dans une vie future. C'est bien entendu pour cette raison que nombre de régressions dans les vies antérieures dévoilent ce genre d'épisodes intenses.

8.7 Souvenirs type 2 – ouvertures spontanées

De temps à autre, sans aucune raison particulière provenant du monde extérieur, le Moi Supérieur fait irruption, remonte à la surface et se montre à découvert. Un éveil spontané et temporaire se produit. Il peut être ressenti comme une révélation intérieure, un de ces rares moments pendant lesquels on peut voir clairement l'éternité. On se tient à un croisement du temps avec un sentiment intuitif de notre nature éternelle et de son immensité. Mais l'expérience n'a pas besoin d'être grandiose, il peut s'agir simplement d'un moment magique, de quelques secondes au cours desquelles le coeur explose d'une joie sans cause particulière. Ensuite, le sanctuaire se referme de nouveau parce que notre structure tout entière n'est pas préparée à maintenir la connexion.

Pendant ce moment d'ouverture, un lien a été établi entre la surface et les profondeurs, entre la conscience du monde physique et celle du Moi supérieur. Les conditions nécessaires sont remplies pour qu'une empreinte soit faite, suffisamment profonde pour qu'elle puisse durer au-delà du chambardement astral qui suit la mort. Les circonstances, les sentiments, les sensations et les perceptions intervenant au cours d'un tel moment sont mémorisées au-delà du temps.

8.8 Souvenirs type 3 – le corps d'immortalité

La pratique constante de la vigilance de la conscience qui est la base même de nombreux itinéraires de transformation du Moi tend à multiplier les occasions pendant lesquelles le Moi supérieur s'implique dans la vie quotidienne. Il en résulte une multiplication des germes de souvenirs futurs.

Dans les chapitres précédents nous avons souligné les transformations qui conduisent des émotions aux sensations, de manas à buddhi, de la réaction et du conditionnement à la spontanéité de l'Ego. Cette transformation graduelle accompagne le développement d'une nouvelle couche, d'un 'corps astral transformé' appelé Moi-Esprit (Spirit-Self) par Steiner et qui correspond à la vijñāna–maya–kośa de la tradition védantique. Le corps astral, siège des samskaras perd sa prédominance et se trouve progressivement remplacé par cette nouvelle couche dans laquelle l'Ego s'exprime lui-même directement. Parallèlement au remplacement des émotions par des sentiments, un nouveau mode de penser fait son apparition. Il n'est désormais plus déconnecté de l'Ego, mais émane au contraire de lui. Ce développement du corps astral transformé correspond à l'épanouissement d'une nouvelle conscience intérieure directement connectée au Moi Supérieur.

Une autre différence majeure entre corps astral et corps astral transformé est que le corps astral est constitué de composants séparés essayant en permanence d'échapper à l'autorité de l'Ego. Le corps astral transformé, au contraire, est unifié autour de l'Ego, complètement envahi par sa lumière et sa vie. Il ne peut pas être séparé de l'Ego car il n'est rien d'autre en fait que la radiation de l'Ego. Le corps astral est composé de poussière astrale coagulée alors qu'en ce qui concerne le corps astral transformé, c'est le Moi lui-même qui est vivant. La substance dont est composé le corps astral transformé peut être virtuellement considérée comme le Moi par excellence. Le Moi le génère comme l'araignée sécrète sa toile.

En conséquence, le corps astral transformé reste intact après la mort, alors que le corps astral vole en éclats. Les souvenirs stockés dans le corps astral transformé sont donc gardés éternellement. Du point de vue de la structure, nous pouvons en conséquence distinguer deux types différents de matériaux venant des vies antérieures: les samskaras qui ont été imprimés si profondément dans le corps astral qu'ils restent accrochés au Moi de vie en vie et les souvenirs du corps astral transformé qui demeurent perpétuellement dans la substance impérissable du corps d'immortalité.

Pourtant, la situation n'est pas tranchée de façon aussi claire. Il y a en effet une longue période de transition pendant laquelle la conscience opère partiellement dans le corps astral et partiellement dans le corps astral transformé, la proportion dépendant de votre niveau de développement. Structurellement, il en résulte un réseau astral composé de morceaux enchevêtrés de ces deux véhicules. Quelques souvenirs sont emmagasinés, à la fois dans le corps astral et dans le corps astral transformé ou même à moitié dans l'un, à moitié dans l'autre.

Qu'il n'y ait pas de confusion ! En ce qui concerne la vaste majorité des êtres humains, le corps astral transformé reste un idéal éloigné. Le mécanisme des souvenirs des vies antérieures à travers le corps d'immortalité ne s'applique pas, tout simplement parce que le corps astral transformé n'est pas construit. Seules les personnes qui ont suivi, dans cette vie ou dans une vie précédente, un long processus de développement spirituel ont acquis des rudiments de corps astral transformé. Dans la grande majorité des cas, quand une expérience de vie antérieure se produit c'est par l'intermédiaire des empreintes laissées par les samskaras, comme cela est décrit dans la section 'Souvenirs type 1 – intensité'.


CHAPITRE 9

COMMENT RETROUVER LA MÉMOIRE

9.1 Intrusion dans les souvenirs des vies antérieures

Après avoir analysé la manière dont quelques souvenirs sont conservés d'une vie à l'autre, regardons maintenant le problème sous un autre angle. Au moyen de quels mécanismes peut-on recouvrer quelques-uns de ces souvenirs? Comment peut-on se souvenir de certains évènements concernant ses vies passées?

S'il est un sanctuaire intérieur dans lequel les souvenirs de notre lointain passé peuvent être trouvés, cet endroit est situé bien au-delà de notre conscience éveillée de tous les jours.

La vie consciente de la plupart des gens est confinée à la 'mémoire verbale', la couche la plus superficielle du corps astral. Souvenez-vous du chemin suivi par l'Ego après la mort. S'étant débarrassé de certains morceaux du corps astral, il voyage à travers différentes couches astrales et ensuite dans les mondes des Esprits. Ensuite, l'Ego retourne dans les mondes de l'astral, rassemblant de la matière astrale autour de lui. Le noyau qui subsiste après le grand bouleversement joue un rôle clé dans la qualité de la matière astrale qui est ainsi rassemblée. Le corps astral transformé ou même simplement son ébauche pourrait même jouer un bien plus grand rôle encore dans la structuration d'un corps astral harmonieux. Malheureusement, chez la vaste majorité des êtres humains, le corps astral transformé est à peine esquissé et ne joue qu'un rôle négligeable. C'est ainsi qu'en définitive, c'est le noyau dur des samskaras des existences passées qui joue le rôle prédominant en attirant la matière de notre prochain corps astral. Ce noyau dur est en fait bien mince et s'entoure d'un grand nombre de couches différentes.

Après la naissance, vous apprenez progressivement à utiliser votre mental. Cela signifie que vous expérimentez des pensées ou des émotions dans votre corps astral. Mais cela se produit principalement par des stimulations externes. Les couches superficielles du corps astral sont façonnées de l'extérieur par votre éducation et par tout ce que vous recevez de vos parents et de votre culture. Dans les couches superficielles du corps astral, vous travaillez avec les éléments reçus du monde extérieur. Il en résulte une polarisation du corps astral et une tension entre les impulsions profondes provenant des impressions venant des vies antérieures ainsi que des impressions rassemblées au cours de cette vie. Une part importante de vos capacités mentales, de votre sensibilité artistique, de votre stabilité émotionnelle et d'autres qualités dépendent de la manière dont est réussi le mariage entre les influences internes et externes, c'est à dire entre le matériel que vous avez apporté avec vous en provenance de vos vies antérieures et celui que vous avez accumulé dans la vie présente.

La couche superficielle, ce qui signifie votre esprit conscient, est constamment influencée par des émotions et des réactions diverses venant des samskaras des profondeurs. Mais ces samskaras ne sont jamais visibles car la zone tampon est trop épaisse.

Si vous voulez vous souvenir de vos vies antérieures, il vous faut creuser dans les couches les plus profondes de votre inconscient. Ceci requiert une énergie qui vous permette de les percer et d'atteindre ainsi les parties du corps astral proches du noyau central du Moi – les parties dans lesquelles les souvenirs des vies antérieures sont inscrits. C'est cette énergie qui fait toute la différence entre les régressions et les autres techniques de psychothérapie. Pourquoi la psychanalyse ne conduit-elle pas aux régressions dans les vies antérieures? Simplement parce que la psychanalyse manque de cette énergie permettant cette percée. Pourquoi tant d'initiés, Chrétiens, Gnostiques, Hindous et Bouddhistes se souviennent-ils de leurs vies antérieures? C'est parce que, ayant trouvé leur Moi, ils ont accès à l'énergie mentale et au matériel qui est localisé tout près du Moi. Pourquoi les régressions sont-elles plus faciles à obtenir de nos jours qu'au cours des années soixante-dix et pourquoi ce phénomène se développe-t-il aussi vite aujourd'hui ? Parce que, à cause d'un éveil de la conscience collective, l'énergie nécessaire est d'un accès bien plus facile aujourd'hui qu'il n'avait coutume de l'être.

Le fait que l'état de régression provienne de cette énergie explique pourquoi, une fois que vous êtes familier avec la technique ISIS, vous n'avez que très peu de choses à faire pour permettre à un 'client' de régresser. L'énergie fait le travail pour vous, à travers vous. Pour les mêmes raisons, vous n'avez pas besoin d'une grande connaissance pour être un bon connecteur. Ce dont vous avez besoin, c'est d'être capable de vous régler, de vous accorder et de laisser la force agir par votre intermédiaire, à travers vous. Si vous êtes trop savant, alors il vous faut oublier tout ce que vous savez. Toute l'information requise pour conduire une bonne régression est contenue dans l'énergie et si vous essayez d'appliquer ce que vous savez et non pas ce que vous dicte l'énergie, les résultats seront médiocres et vous manquerez souvent ce qui est le plus important.

Cela explique également pourquoi, après que vous ayez conduit un grand nombre de sessions ISIS, vos clients se mettent à régresser avant même que vous ayez commencé à mettre en oeuvre les techniques. L'énergie s'écoule à travers vous comme un fleuve de vie, elle ne se soucie guère des techniques.

Qui sont les bons sujets pour les régressions? Ce sont ceux qui peuvent se connecter à cette énergie, qui peuvent s'ouvrir à elle et la recevoir, qu'ils soient jeunes ou vieux, en pleine santé ou malades. Qu'ils croient ou non aux vies antérieures n'a aucune importance, à condition qu'ils puissent être ouverts. Quelques incrédules notoires sont capables de se connecter immédiatement, alors que d'autres qui croient dur comme fer à la réincarnation ont tendance à nourrir de grands espoirs qui, en fait, bloquent le flot d'énergie. Leurs idées préconçues empêchent purement et simplement l'énergie de s'exprimer.

9.2 Le flash d'astralité

Étant donné que les samskaras sont emmagasinés dans des zones du corps astral que votre conscience éveillée ne peut habituellement pas atteindre, il s'ensuit qu'un souvenir concernant une vie antérieure ne peut être retrouvé que si un lien est établi entre la mémoire consciente et ces couches profondes du corps astral.

Certains signes indiquent quand cette connexion a été faite. Par exemple, une certaine sensation fait son apparition dans la pièce. L''atmosphère' change complètement, comme si un flash d'énergie astrale était intervenu autour de vous. Si vous avez pratiqué les techniques mentionnées dans L'Éveil du Troisième Œil, vous pourrez peut-être reconnaître certains autres signes. En particulier, la pièce apparaît soudain plus noire à vos yeux, les couleurs ont l'air plus lumineuses, comme si chaque couleur était composée par des milliers de points brillants? Bien entendu, ce n'est pas la pièce qui devient noire, mais votre perception qui s'ouvre à l''obscurité visible' surimposée à la lumière de la pièce. Vous pouvez aussi ressentir parfois une sensation caractéristique dans les reins, à cause de l'étroite connexion de ces organes avec le corps astral.

Même si vous n'êtes pas familier avec ces signes, vous pouvez apprendre facilement à reconnaître ce 'flash d'astralité' qui accompagne l'état de régression. L'énergie dans la pièce devient soudain plus 'dense'et l''état de la conscience' devient dans une certaine mesure similaire à celui des rêves. (Souvenez-vous de l'état dans lequel vous vous sentez à votre réveil, juste après un rêve!) Cela ne veut nullement dire que régression et rêves sont identiques! Les deux états sont tout à fait différents. Pourtant les deux impliquent une réorientation de la conscience vers les couches astrales ce qui explique cette même ambiance.

9.3 Le contenu des souvenirs de vies antérieures

L'analyse des mécanismes de la mémoire des vies antérieures présentée dans le chapitre précédent nous permet de tirer quelques conclusions quant au contenu de ce type de souvenirs. Il ne faut bien entendu jamais oublier que nous abordons un domaine qui est bien loin des aspects ordinaires de l'existence. Il importe donc de se garder de toute généralisation hâtive. Avec les régressions, tout est virtuellement possible! Il ne faut donc pas présumer que toutes les régressions dans les vies antérieures seront du même type que celles indiquées ci-dessous. Cependant, une claire compréhension de certains mécanismes permettra aux connecteurs de mieux venir en aide à leurs clients. La méconnaissance de ces principes peut conduire à d'énormes erreurs qui feront avorter la régression dès les premières minutes de l'expérience.

Revenons à l'exemple du féroce crocodile qui se jette soudain sur vous dans une vie antérieure. Quel sera le contenu exact du corps astral? Ce sera l'état dans lequel se trouvait votre mental à ce moment précis, en commençant par la peur, bien entendu et toute l'ambiance émotionnelle qui l'accompagne – vous pourriez dire le 'goût' de la situation – les pensées qui vous viennent ainsi que toutes les perceptions et sensations de cet instant: les couleurs du paysage, les odeurs du marécage, la sensation de chaleur, le contact de vos habits et le vent sur votre peau, un enregistrement de ces instants, semblable à un film, avec les plus minuscules détails, aussi bien en vous qu'à l'extérieur.

Maintenant, voyons ce qui n'a pas été enregistré? Ce sont tous les éléments de votre vie qui étaient dans votre esprit à ce moment précis. Votre adresse par exemple ou la date, le nom du pays, même votre nom. Parce que, le premier réflexe, lorsque l'on est confronté à un crocodile, n'est pas de se dire: «Nous sommes en 1854, je suis en Afrique, mon nom est Wolfgang et je suis explorateur.»

Une autre chose qui n'est pas notée non plus ce sont les jugements que vous pouvez avoir portés plus tard sur la situation tels que: «Comme j'ai été brave!» ou «Quel imbécile j'ai fait!» ou «J'aurais dû agir de façon complètement différente!» Tous ces commentaires, ces jugements ne peuvent pas avoir été enregistrés dans le 'film' car ils sont intervenus plus tard. Le processus d'enregistrement peut être comparé à celui de la boite noire d'un avion de ligne. Elle enregistre tous les paramètres à un moment critique.

9.4 L'art d'accoucher

Ainsi, un souvenir véritable d'une vie antérieure est habituellement très simple. C'est un package d'émotions, de sensations, de sentiments et d'images relatives à un moment particulier – le moment où sous la pression de l'émotion votre Moi s'est 'réouvert'. Tout a été enregistré et emmagasiné avec la plus grande précision et le client revit la scène exactement comme si le crocodile était en face de lui. Son corps peut même prendre la même attitude que dans la scène et toutes les émotions et toutes les sensations sont évoquées comme si elles se produisaient ici et maintenant.

Pourtant, revivre l'épisode n'est nullement traumatisant. Le client reste en effet parfaitement conscient de qui il est maintenant, de la pièce dans laquelle la session est conduite, du matelas sur lequel il est allongé, de la voix du connecteur, etc. Plus encore chaque fois que l'état ISIS est atteint, une certaine ouverture métaphysique se produit qui ajoute un arrière plan de grande sérénité à l'expérience, quelle que puisse être l'intensité de l'épisode. Il faut aussi considérer que la charge émotionnelle du samskara pesait lourdement sur les épaules du client. En conséquence, revivre ce traumatisme passé s'accompagne d'un immense soulagement, comme si un poison violent venait d'être éliminé.

Revenons à la manière dont le client entre dans l'expérience de régression. Dans quelques cas extrêmes la scène tout entière va revenir en une seconde comme un flash-back, accompagnée de tous ses détails. Mais, dans la plupart des cas, tous les composants de la scène ne reviennent pas en même temps. L'expérience commence graduellement. Quelques détails seulement reviennent à la mémoire du client. Par exemple, le client croit entr'apercevoir quelque chose ou ressentir une émotion. Il dit au connecteur: «J'ai peur» ou «Je déteste cette personne». Ou l'expérience peut débuter par une sensation, de froid par exemple et le client se met à frissonner, même par un jour de canicule. Ou le client déclare: «Je viens de recevoir un coup dans les côtes.» ou «Il y a un poids énorme sur mes épaules.» Ces premières impressions sont souvent très faibles. Elles constituent le premier fil conducteur qui doit être suivi avec la plus grande attention pour récupérer progressivement de plus en plus d'éléments de la scène et ce, jusqu'à ce qu'elle soit reconstituée dans son ensemble.

Le connecteur a une tâche extrêmement délicate. Une méconnaissance des mécanismes de la mémoire peut conduire à poser au client les mauvaises questions au risque de perdre le fil au lieu d'entrer de façon déterminante dans l'état de régression. À ce stade les clients dérivent entre deux états de conscience: l'état normal de veille et l'état de régression. Ils ne perçoivent que quelques sensations de la scène ou des détails. Ils ont besoin d'aide pour entrer plus avant dans l'état de régression et c'est le rôle du connecteur de leur fournir cette aide en leur posant certaines questions. Mais il est capital que ces questions soient judicieusement choisies.

Supposez par exemple que le connecteur demande: «Quel est votre nom?» ou «Dans quel pays vous trouvez-vous?» Cela ne fera que créer une certaine confusion dans l'esprit des clients car, à ce stade, ils n'ont pas la moindre idée de ces détails. Ils ne perçoivent encore qu'à peine dix pour cent de la scène. Comment pourraient-ils bien savoir de quel pays il s'agit? Comme nous l'avons vu précédemment, quand on est attaqué par un crocodile, on ne se polarise pas d'habitude sur les considérations géographiques. Dans l'état où ils sont, les clients ne peuvent tout simplement pas répondre à ce genre de questions – ces détails sont, pour eux, hors d'atteinte. Aussi, que va-t-il se passer? Pour trouver une réponse, le client va être obligé de réfléchir, c'est à dire de retourner à son état de conscience habituel. En moins d'une seconde, ils sera sorti de l'état de régression et toute l'expérience sera irrémédiablement gâchée. Pour la même raison, à ce stade extrêmement fragile, si le client ne peut pas répondre à l'une de vos questions, n'insistez surtout pas, posez une autre question. Plus tard, lorsque le client sera fermement établi dans l'état de régression, la situation sera complètement différente, si aucune réponse n'est donnée à une question, cela sera très probablement dû à un mécanisme de résistance et le connecteur devra insister.

Dans les premières minutes d'une régression, les bonnes questions sont celles qui obtiennent une réponse immédiate ne nécessitant aucun effort. Elles se réfèrent à des éléments qui sont à la portée du client, même s'il n'en est pas encore conscient. Par exemple, «Êtes vous grand ou petit?» ou «Quel temps fait-il autour de vous: froid ou chaud?» Pour répondre, le client n'a pas à réfléchir, mais juste à ressentir. De cette manière, vous lui permettez de pénétrer plus avant dans la scène en ajoutant graduellement des éléments supplémentaires, jusqu'à ce qu'il plonge complètement dans l'expérience et se mette à revivre l'épisode. Somme toute, le processus n'est pas très différent d'un accouchement.

9.5 Exemples de plongée réussie

Ces mécanismes ne s'appliquent pas seulement au souvenir des épisodes de vies antérieures, mais aussi à des scènes de la petite enfance ainsi que nous le verrons dans les exemples suivants.

 

Étude de cas – Simone, âgée de cinquante deux ans.

Le début de la session a été douloureux et agité, comme si Simone était grosse de cette expérience, mais incapable d'en accoucher. Après une demi-heure de travail – comme dans un accouchement? – l'atmosphère change de façon soudaine dans la pièce et l'on peut recenser tous les éléments constitutifs du flash d'astralité évoqué précédemment.

Que ressentez-vous maintenant? – Je ne sais pas, je me sens très étrange. [A ce stade, le client ne peut rien voir de l'épisode. Mais la solution est proche, d'où la sensation d'étrange.]

Est-ce que vous vous sentez de sexe masculin ou féminin? - Euh, Ni masculin ni féminin [Cette question est prématurée et n'aide pas réellement à engager le processus.Mais la question suivante déclenche un déclic.]

Selon vous fait-il jour ou nuit? – Nuit.

Avez-vous le sentiment d'être grand ou petit? – Petit, petit... vide... tout seul... [Simone se met en boule et croise ses bras contre sa poitrine. Elle est un pas plus loin dans l'expérience, mais tout est encore flou. Grâce aux questions suivantes la situation commence à lui apparaître clairement.]

Que voulez-vous? – Ma mère! Je veux ma mère!

Est-elle avec vous? – Non! Non! Non! J'ai faim et personne ne me donne à manger. [Simone se met à crier avec de gros sanglots, suçant son pouce. À partir de là, elle peut voir tous les détails: les meubles de la pièce, la couleur des rideaux, etc. Ensuite, la régression se déroule plus ou moins toute seule.]

 

Étude de cas – Un homme de vingt-sept ans. Au début de la session, un point très douloureux se révèle sous l'omoplate gauche. Après avoir travaillé sur le point pendant quelques minutes, l'énergie se met à changer dans la pièce. La douleur disparaît et le client devient très tranquille.

Que ressentez-vous? – [Pas de réponse. Tout est encore très flou.]

Comment sentez-vous votre corps, gros ou petit? – Gros.

Sentez-vous que vous bougez ou que vous êtes immobile? – Immobile.

Dans quelle position? – Allongé sur le dos. Dans un lit.

Vous vous sentez jeune ou vieux? – Vieux. [Toutes ces réponses viennent immédiatement et sans effort de réflexion. Le ton de voix du client change progressivement, ce qui montre que le client commence à être plus sûr de ce qu'il ressent. Le déclic se produit après la question suivante.]

En bonne santé ou malade? – Fatigué, très fatigué. C'est comme si j'allais mourir... et que je l'accepte. Cela a été bon! Mais en même temps, je me sens en colère. [Le client est maintenant complètement dans l'épisode et à partir de là, il y reste.]

Y-a-t-il une raison pour cette colère? – J'étais sur le point de dire quelque chose à mon fils.

Comme quoi par exemple? – J'étais sur le point de lui dire que l'aimais. J'ai le sentiment que ma vie a été gâchée parce que je n'ai jamais pu lui dire que je l'aimais.

Avez-vous le sentiment d'être seul ou y-a-t-il quelqu'un à côté de vous? – Je ne suis pas seul il y a quelques esprits autour de moi.

À quoi ressemblent-ils? – Ils sont amicaux. Ils me connaissent. Ils sont autour de mon corps et ils attendent que je meure complètement. Ils me disent: «Vous êtes déjà passé par-là avant.» Ils ressemblent à des amis que vous n'avez pas revus depuis un bout de temps.Mais je veux parler à mon fils.

9.6 L'ouverture métaphysique

Une fois que les clients sont fermement établis dans l'état de régression, on peut leur poser toutes sortes de questions. La manière dont chaque phrase est pesée et formulée est encore importante pour que la session puisse continuer correctement, mais il y a beaucoup moins de risques que l'expérience soit soudain interrompue et perdue.

Le contenu de la conscience du client pendant qu'il est dans un état de régression est un mélange étrange dans lequel le passé et le présent sont superposés l'un sur l'autre. Le client revit l'épisode exactement comme s'il se déroulait la sous ses yeux. Il ressent les émotions et les sensations correspondantes. C'est comme s'il entrait dans un autre corps, comme s'il était une autre personne – une autre personne qui lui serait très familière.

Vous pouvez avoir une idée de cette continuité si vous vous rappelez comment vous vous sentiez étant jeune enfant. C'était un 'vous' très différent de ce que vous êtes maintenant, mais il y a cependant une certitude intérieure, sans l'ombre d'un doute, que c'était bien vous-même. Au cours de la régression, c'est une extension de cette expérience qui se manifeste. Vous avez la même certitude intérieure de votre identité, même si le 'vous' de votre vie antérieure est de loin plus différent de votre 'vous' actuel que ne l'est celui de votre petite enfance. Mais, c'est toujours le même 'vous'. L'expérience de cette identité est d'une nature métaphysique et ne peut pas être totalement comprise aussi longtemps que vous n'êtes pas passé par-là vous-même.

Ainsi, pendant la régression, vous avez la superposition de deux 'vous' – vous dans le passé et vous dansle présent. Dans la technique de régression ISIS, l'hypnose n'est pas utilisée ni quoi que ce soit qui puisse diminuer votre conscience du présent. Vous restez parfaitement conscient de vous-même ici et maintenant et à tout moment, vous pouvez choisir de vous déconnecter de l'état de régression pour n'être plus conscient que de la pièce dans laquelle vous êtes, de votre corps et de votre 'vous' présent.

La superposition des deux 'vous', le passé et le présent, est une expérience absolument fascinante. Car vous avez changé. Le 'goût' de votre environnement intérieur est devenu complètement différent. Et cependant, c'est le même 'vous', il ne peut y avoir le moindre doute. Peu importe l'époque à laquelle s'est déroulé l'épisode que vous revivez. Que ce soit il y a des centaines ou même des milliers d'années n'a aucune importance, la continuité du Moi n'est en rien affectée par le temps.

Et voilà, vous vous trouvez à la croisée du temps. Réalisant soudain que 'vous' pourriez finalement être très différent de ce que vous avez cru être jusqu'à ce jour. Vous devenez soudain conscient du fait que vous vivez votre vie dans une boite d'allumettes. Vous réalisez que vous avez tendance à confiner votre existence à un nombre très limité d'émotions et de sentiments, à suivre toujours les mêmes routines répétitives. Au même moment, vous pouvez voir que vous êtes infiniment moins limité et qu'il n'est pas obligatoire qu'il en soit ainsi. La superposition de vos personnalités passée et présente vous permet de jeter un coup d'oeil dans l'incroyable profondeur de votre Moi. C'est une immensité sans fin, une explosion immobile. Soudain, vous êtes, vous existez au sens fort du terme. C'est l'expérience la plus déterminante que peut vous offrir la technique des régressions – et également la plus propre à vous guérir. Un simple aperçu de votre nature réelle peut vous apporter plus de changement que des années de discussion et d'analyses de vos problèmes. Car, en définitive, on ne se débarrasse pas de ses problèmes en s'occupant des samskaras, mais en prenant possession de son Moi."


4 octobre 2012

la guerre de l'opium......

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Première guerre de l'opium

Première guerre de l'opium
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Informations générales
Date août 1839 - août 1842
Lieu Chine
Issue Victoire britannique, traité de Nankin
Changements territoriaux Cession de Hong Kong
Belligérants
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni Chine Empire de Chine
Commandants
Charles Elliot
Anthony Blaxland Stransham
Daoguang
Lin Zexu
Forces en présence
20 000 hommes 91 680 hommes
 

La première guerre de l'opium est un conflit militaire, motivé par des raisons commerciales, entre le Royaume-Uni et l'empire Qing en Chine de 1839 à 1842. Il est considéré comme la première manifestation du déclin de l'Empire de Chine, incapable de résister à l'Occident, déclin qui entraîne la Chine dans une longue période d'instabilité, jalonnée par la chute du système impérial, remplacé en 1912 par la République de Chine, l'intervention japonaise et, finalement, la proclamation de la République populaire de Chine en 1949.

 

Le commerce extérieur de la Chine avant les guerres de l’opium

Le commerce extérieur direct de la Chine avec les pays européens débute dès le XVIe siècle, avec pour premiers partenaires économiques les Portugais (1517) qui se sont installés à Canton (sud-est de la Chine), ils ont fondé en 1550 la cité de Macao. Ensuite viennent les Espagnols aux Philippines (1565), ils y fondent Manille en 1571. Ces pays sont notamment motivés par un objectif missionnaire.

Les Hollandais se positionnent en Indonésie, Batavia (actuelle Jakarta), d’abord installés à Penghu (1603) à côté de Taïwan, puis à Taïwan (1624). Les Russes viennent en voisins par voie terrestre.

En 1685, sous le règne de l’empereur Kangxi (1662-1723), un édit impérial autorise l’ouverture de tous les ports chinois aux bateaux étrangers ; le premier navire arrive à Canton en 1689. Cependant, ce commerce reste très limité car soumis à des règles très strictes : taxes pour les négociants étrangers, obligation de passer par un seul intermédiaire (le marchand de l’empereur) qui prélève des taxes au profit de l’État. En 1720, cet intermédiaire est remplacé par un organisme collégial : le Co-hong.

Sous le règne de l’empereur Qianlong (1736-1796), la politique commerciale s’inverse, elle est limitée dans son étendue et dans son intensité. En 1757, un édit impérial énonce que le Co-hong fixera maintenant les prix et les quantités des marchandises échangées, que les frontières maritimes vont être fermées (sauf Canton) et que les étrangers ne pourront pas s’installer où ils veulent à Canton (pas le droit d’apprendre le Chinois), le but étant d'empêcher les contacts directs.

La Chine est un empire plutôt fermé sur lui-même, autant commercialement que dans le domaine de l'échange des idées et des innovations. Ceci est dû à un protectionnisme strict appliqué par la bureaucratie impériale, idéologiquement soutenu à la fois par les élites, soucieuses de ne pas ébranler les rites d'une société traditionnelle très conservatrice (voire immobiliste) et par la population qu'une méfiance extrême confinant à la xénophobie maintient à distance de l'étranger.

Rien n'y est plus important que la répétition du connu (qui puise sa force de conviction dans le respect des ancêtres et dans la croyance que la perfection a été atteinte) sans se permettre de déroger à la règle sous peine de châtiments. Dès lors, quel besoin, quel intérêt y aurait-il à acheter des produits étrangers, donc inconnus, donc non-inclus dans la tradition, leur utilité fût-elle avérée? Ceux-ci étant par essence "imparfaits" en comparaison, et non-conformes aux rites...

Ainsi les tentatives précédentes des marins étrangers d'établir des comptoirs et de commercer avec l'Empire qui se considère au centre du monde, n'ont pas toujours été fructueuses: ségrégation, brimades, interdiction de communiquer avec la population, arbitraire impérial, taxation frauduleuse, confiscation de biens, etc...

L'empereur en plusieurs circonstances, ne considère pas que la Chine puisse avoir un intérêt à commercer avec le reste du monde. L'Europe "sinomaniaque" de la fin du XVIIIe siècle s'entiche de la civilisation chinoise et raffole de ses bibelots. Les Britanniques importent ainsi de plus en plus de marchandises chinoises (thé, soie, porcelaine, objets laqués…).

Cet état de fait crée un déséquilibre commercial. Mais si les négociants étrangers demandent de l’aide à leur gouvernement, c'est avant tout pour mettre fin aux brimades et surtout aux ségrégations quasi institutionnalisées dont ils sont les victimes. Deux missions diplomatiques verront le jour : la première en 1793 menée par Lord Macartney pour ouvrir d’autres ports. Elle est rejetée par Qianlong qui refuse (en 1796, Qianlong abandonne son trône), la seconde en 1816, dirigée par Lord Amherst, n’a pas plus de succès.

De plus, la Chine, étant autosuffisante, ne veut pas d'échange « marchandise contre marchandise », mais exige d'être payée en monnaie d'argent uniquement. Ceci n'est pas du goût des Britanniques qui, contrairement aux Espagnols, grâce à leurs colonies en Amérique du Sud, ont peu d’argent et beaucoup de marchandises en nature, venant principalement de leurs colonies aux Indes.

Pour répondre à la demande au Royaume-Uni, les Britanniques achètent d’énormes quantités de thé aux Chinois. Ces derniers, voyant que le commerce du thé est très lucratif, se mettent à convertir leurs plantations au détriment d'autres cultures, principalement celle du coton. Du même coup, la Chine ne peut plus vivre en autarcie et doit accepter les échanges de marchandises.

Offensive commerciale des puissances étrangères

Les Chinois connaissaient déjà l’opium, ils ne l’utilisaient pas comme drogue ou stimulant, mais plutôt comme analgésique. C'est à partir du XVIIe siècle, qu'ils ont commencé à l’utiliser comme drogue. Les premiers à leur en vendre furent les Portugais, l’opium venant d’Inde.

Les Britanniques décident de se lancer dans ce commerce des plus lucratifs. Les choses vont s’intensifier au fil du temps et en 1729 entraient environ 200 caisses d’opium par an en Chine. À la fin du XVIIIe siècle, plus de 4 000, et en 1838 plus de 40 000 (vendues par les Américains et les Britanniques).

Les Britanniques exigent de se faire payer en lingots d'argent, récupérant ainsi le précieux métal qu'ils avaient cédé dans le commerce du thé. La balance commerciale entre la Chine et l'Empire britannique s'inverse rapidement et spectaculairement en faveur des Britanniques. La corruption des fonctionnaires chinois qui contrôlent le trafic de drogue en Chine devient préoccupante et la drogue provoque des ravages dans la population. L'Empereur décide alors de réagir en s'en prenant aux intérêts britanniques.

En 1798, le gouvernement du Premier ministre britannique William Pitt envoie une ambassade à Pékin pour négocier un accord sur les échanges commerciaux sur la base de cette situation nouvelle. L’empereur, refusant de se faire « forcer la main » à cause de l’opium, préfère fermer son pays aux commerçants et aux missionnaires européens.

La réponse des Chinois

Les Chinois vont tenter de réagir avec l’interdiction de fumer l'opium.

Les premières mesures de prohibition

La cour décida de prohiber l’opium. En 1729, un premier édit, proclamé par l’empereur Yong Zheng (1723-1736), promulgue l'interdiction du trafic d’opium, le considérant dorénavant comme de la contrebande.

Cependant le trafic continue, et en 1796, un nouvel édit, proclamé par l’empereur Jiaqing (1796-1821), va confirmer l’interdiction du trafic de l’opium sous peine de mort. Cette fois, des sanctions contre les opiomanes seront également prises.

En 1800, l’empereur va proclamer un nouvel édit qui va confirmer la prohibition de l’opium et interdire sa culture sur le sol chinois ; les dépôts d’opium sont déplacés à Huangpu.

En 1809, une mesure administrative va être prise pour tenter d’entraver le trafic : les navires qui déchargent à Huangpu doivent fournir un certificat sur lequel est indiqué qu’il n’y a pas d’opium à bord. La corruption régnant parmi les fonctionnaires ne permet pas l'application stricte de ces mesures.

Rien ne semble pouvoir arrêter ce commerce très lucratif : en 1813, une caisse d’opium indien se vend 2 400 roupies (prix de revient de 240 roupies). En 1821, un nouveau décret chinois annonce que le commerce n’est plus possible à Huangpu, le marché se déplace à Lingding où il va se développer de 1821 à 1839. La Compagnie britannique des Indes orientales (East India Company) décide alors de contourner l'interdiction et augmente ses ventes illégales d'opium en Chine ; de 100 tonnes vers 1800 à 2 600 tonnes en 1838. Le commerce des Britanniques en Chine devient enfin excédentaire, en 1835, il y a 2 millions de fumeurs d’opium en Chine.

La guerre au trafic d’opium

Les autorités chinoises vont répondre de façon plus efficace. L’empereur Daoguang (1820-1850) demande conseil à une dizaine d’experts avant de prendre une décision. Au sein de la cour, il y a des partisans et des adversaires de l’opium : certains veulent légaliser le trafic ou plutôt la production chinoise, et d’autres voient le problème financier que la drogue va poser à la Chine. Un débat va s’engager pendant deux ans. Un de ces rapports va être présenté par le gouverneur général des provinces de Hubei et du Hunan, Lin Zexu (1775-1850).

Celui-ci est plutôt partisan de l’ouverture de la Chine au monde extérieur. C’est un farouche adversaire du trafic et son rapport défend l’interdiction de l’opium. Il propose une série de mesures pour limiter le trafic et la consommation de l’opium. Son texte est fondé sur sa pratique dans ses deux provinces : confisquer les stocks de drogue et accessoires de l’opiomanie.

L’empereur nomme en décembre 1838 Lin Zexu commissaire impérial de la province du Guangdong (Canton), il a pour charge de mettre un terme à l’usage de l’opium. Canton est, à l'époque, le port par lequel on importe la majorité de l'opium.

L’action de Lin Zexu

En mars 1839, Lin Zexu arrive à Canton et établit la liste de toutes les fumeries d’opium, des tenanciers des fumeries et des vendeurs.

Il confisque tous les stocks d’opium de la ville : il donne ordre aux propriétaires de ces stocks de venir remettre la drogue et en échange il leur donne du thé. Ils doivent aussi s’engager par écrit à renoncer à faire du commerce avec les Chinois (vu que tous les propriétaires sont étrangers).

Le surintendant du commerce britannique devra alors coopérer avec Lin. En avril 1839, Lin fait parvenir à la Reine du Royaume-Uni, Victoria, un message pour lui dire que la consommation d’opium est interdite en Chine et lui demande d'en faire cesser le trafic.

Le 3 juin 1839, la drogue saisie est détruite, soit 200 000 caisses (1 188 tonnes). Lin édicte un règlement qui stipule que les bateaux étrangers qui entrent dans les eaux territoriales chinoises seront fouillés. L’opinion publique est favorable à cette interdiction.

Au nom de la défense du commerce, lord Melbourne, le Premier ministre de la reine Victoria, convainc le Parlement britannique d'envoyer un corps expéditionnaire à Canton, déclenchant du même coup la première guerre de l’opium.

La fièvre monte

Au Royaume-Uni, environ 300 sociétés commerciales britanniques demandent au gouvernement britannique d’intervenir auprès des autorités chinoises. Certains veulent une intervention officielle des Britanniques pour qu’on leur paie leur marchandise détruite. Une campagne de presse est organisée pour déplorer tous ces incidents entre Britanniques et Chinois.

En Chine, les choses se tendent encore plus et il y a même des affrontements armés entre navires britanniques et jonques chinoises : le premier a lieu en septembre 1839 et le deuxième en novembre 1839. Lin Zexu interdit le port de Canton aux navires britanniques en décembre 1839, l’empereur décide de « fermer pour toujours » Canton aux Britanniques en janvier 1840.

Cette nouvelle parvient au Royaume-Uni. Un débat a lieu en avril 1840 à la Chambre des Communes entre les partisans d'opérations militaires pour la réparation des torts envers leurs commerçants et ceux qui veulent que le Royaume-Uni renonce à vendre de l’opium et du même coup renonce à une guerre. Les premiers auront gain de cause.

La guerre

En avril 1840, une armada britannique est mise sur pied : 16 vaisseaux de ligne, 4 canonnières, 28 navires de transport, 540 canons et 4 000 hommes. Sous le commandement de l’amiral Elliot, ils arrivent au large de Canton en juin 1840. Un croiseur britannique bombarde Canton et occupe l'archipel voisin des Chousan (d'où est tiré le terme de « diplomatie de la canonnière »). Les britanniques attaquent Canton mais sans succès, car Lin a fait planter des pieux retenus par des chaînes dans le port pour empêcher les bateaux d'accoster. Il y a aussi une milice qui défend la ville.

Les Britanniques conquièrent Hong Kong (alors un avant-poste mineur) et en font une tête de pont. Les combats commencent réellement en juillet, quand les HMS Volage et HMS Hyacinth défont 29 navires chinois. Les Britanniques capturent le fort qui gardait l'embouchure de la rivière des Perles — la voie maritime entre Hong Kong et Guangzhou.

La cour chinoise prend peur, Lin Zexu tombe en disgrâce (condamné à l’exil) et il est remplacé par un aristocrate, Qishan.

Des négociations ont lieu à Canton : Qishan fait démolir les fortifications de Lin, dissoudre la milice en novembre 1840 et réduire le nombre de soldats.

Les Britanniques revendiquent :

  • La reprise du commerce avec le Royaume-Uni
  • Le remboursement des stocks d’opium détruits
  • La passation de Hong Kong (anciennement Îles Victoria) dans leur giron.

Qishan refuse. Les Britanniques tentent de le faire plier en attaquant et s’emparant de quelques ouvrages de fortification. Qishan prend peur et accepte les revendications.

La cour chinoise pense que l'acceptation de Qishan ne concerne que la reprise du commerce. En apprenant que cela va beaucoup plus loin, l’empereur décide de destituer Qishan (condamné à mort pour mauvais services, puis à l'exil) et déclare la guerre aux Britanniques le 29 janvier 1841. L’empereur remplace Qishan par Yishan.

En 1841, les forces britanniques occupent la région autour de Guangzhou, puis prennent la ville voisine de Ningpo (de nos jours Ningbo) et le poste militaire de Chinhai.

Dans la province de Canton, les Britanniques se rendent vite maîtres des endroits stratégiques. Yishan met plusieurs semaines à arriver à Canton; l'assaut qu'il lance contre les Britanniques est repoussé et les Chinois se replient à l’intérieur de la ville. Yishan demande l’armistice et une convocation d’armistice (convention sur le rachat de Canton) est signée le 27 mai 1841. Cette convocation engage les Chinois à racheter Canton pour 6 millions de dollars aux Britanniques (dont un million le jour même). Mais elle repose sur un double malentendu utilisé par les diplomates britanniques : les Chinois considèrent cette action comme un prêt commercial alors que les Britanniques n’ont renoncé ni à l’indemnisation des stocks d’opium ni à Hong Kong.

Capitulation chinoise

Les Britanniques veulent encore faire peur aux Chinois afin d’obtenir davantage avec une nouvelle négociation. En août 1842, une escadre britannique remonte le Yangzi Jiang jusqu'à Nankin, obligeant le gouvernement de l'empereur Tao-kouang à capituler et à signer le traité de Nankin le 29 août 1842. Ce traité donne aux Britanniques le libre commerce de l'opium, la fin de l'obligation de négocier uniquement avec les Co Hong et surtout la concession de l'île de Hong Kong qui sera reprise par la suite.

La victoire facile des forces britanniques, dirigées par le général Anthony Blaxland Stransham, affecte gravement le prestige de la dynastie Qing et a pu contribuer au déclenchement de la rébellion Taiping (1850-1862).

Les traités

Le 29 août 1842, les représentants de la Cour signent à bord d’une canonnière britannique le fameux traité de Nankin. Ce traité sera complété par la suite par deux autres traités conclus le 28 juillet 1843 et le 8 octobre 1843 (traité de Humen). Ces 3 traités reconnaissent aux Britanniques des droits :

  • 1re clause : la cession de Hong Kong qui deviendra une place militaire et économique
  • 2e clause : 5 ports sont ouverts : Xiamen, Canton, Fuzhou, Ningbo et Shanghai. Les Britanniques obtiennent le droit de s’installer dans ces ports et d’y vivre avec leur famille (pour les marchands). Le traité de Humen autorise la construction d'édifices dans ces ports.
  • 3e clause : indemnités de guerre (frais + opium) : 21 millions de yuans, soit 1/3 des recettes du gouvernement impérial. Échéancier de 4 ans.
  • 4e clause : douanes : les commerçants britanniques sont assujettis au paiement de droit sur les importations et exportations ; le montant est désormais fixé par les Chinois et les Britanniques.
  • 5e clause : droit de la juridiction consulaire : en cas de litige entre un Chinois et un Britannique, une juridiction britannique tranchera sur base des lois britanniques.
  • 6e clause : la nation la plus favorisée : si la Chine signe un traité avec une autre puissance, le privilège accordé à la nation en question sera de fait accordé au Royaume-Uni.

D’autres nations (États-Unis d'Amérique, France) demandent les mêmes privilèges que ceux accordés au Royaume-Uni.

  • États-Unis : en 1842, revendiquent les mêmes droits commerciaux et légaux. En 1844, ils les obtiennent par le traité de Wangxia (village près de Macao)
  • France : Avant la guerre de l’opium, les Français étaient mal placés commercialement puis ils obtiennent les mêmes droits en octobre 1844 par le traité de Whanpoa. Ils obtiennent de plus le droit de construire des églises et des cimetières. Quelques jours après, ils obtiennent le droit d’évangéliser.

Les conséquences économiques et sociales de la 1re guerre de l’opium

Après les traités de Nanquin, l’économie chinoise s’ouvre aux puissances étrangères et vice-versa. La Chine exporte plus de 100 millions de livres sterling de thé, deux fois plus qu'auparavant. De 12 000, les chinois exportent désormais 20 000 balles de soies en 1840, par le biais des Britanniques. Les commerces étrangers s’emploient à renforcer leur position et s’installent surtout à Shanghai (concession britannique en 1841, concession américaine en 1845, puis concession internationale). Shanghai devient une concession française en 1849 (enclave juridique avec ressemblance avec les quartiers français). Le commerce de l’opium continue de se développer. Il n’est toujours pas légal mais toléré : 40 000 caisses en 1838, 50 000 en 1850, 80 000 en 1863 (double en 25 ans).

Conséquences financières

Avant 1821, la caisse est vendue entre 1 000 et 2 000 reales (monnaie d'or mexicaine alors très apprécié dans le commerce en Orient). Après 1838, entre 700 et 1 000 reales. La monnaie était le liang (traduit par taël en français). Le liang correspond à un poids d’argent variable. (37 g environ) et 1 liang = 1 000 sapèque (en cuivre). Les Chinois paient en liang. La monnaie d’argent se raréfie en Chine, la valeur augmente au détriment de la monnaie en cuivre. L'inflation monte :

  • Avant 1820, 1 liang = 1 000 sapèques
  • En 1845, 1 liang = 2 200 sapèques.

Cette hausse se reflète sur les Chinois qui n’ont que des sapèques, les impôts doublent.

Conséquences sociales

À la campagne, les paysans s’endettent de plus en plus auprès des propriétaires fonciers. Les paysans mendient, se font bandits, rejoignent des sociétés secrètes.

En ville : le sort des artisans n’est guère plus enviable. Les produits étrangers (cotonnades et fils) peuvent se déverser sur le marché chinois. Chômage pour certains, d’autres meurent de faim. Entre 1841 et 1849, on dénombre 100 soulèvements populaires environ. La Révolte des Taiping par exemple. Cette colère populaire se déverse contre les étrangers (mouvements d’hostilité) comme à Canton ou à Fuzhou.

La population se retourne aussi contre la cour, mais la révolte sera matée. En 1851, l'empereur Xian Feng accède au trône, les négociateurs des traités tombent en disgrâce et les Chinois veulent reprendre ce qu’ils ont consenti à donner sous la disgrâce.

Chronologie

  • 1729 : premier édit chinois de l’empereur Yongzheng déclarant le trafic d’opium comme de la contrebande
  • 1796 : second édit chinois proclamé par l’empereur Jiaqing et rendant le trafic d’opium passible de la peine de mort
  • décembre 1838 : nomination par l’empereur de Lin Zexu au poste de commissaire impérial du Guangdong
  • mars 1839 : Lin Zexu confisque tous les stocks d’opium de Canton
  • avril 1839 : Lin Zexu adresse à la reine Victoria un message lui demandant l’arrêt du trafic d’opium
  • juin 1839 : destruction de la drogue confisquée ; nouveau règlement stipulant que tout navire étranger pénétrant dans les eaux territoriales chinoises sera systématiquement fouillé ; le premier ministre britannique, lord Melbourne, convainc le parlement britannique de déclarer la guerre à la Chine.
  • septembre 1839 : premier affrontement entre les flottes chinoise et britannique
  • décembre 1839 : fermeture du port de Canton aux navires britanniques
  • avril 1840 : débat à la Chambre des communes entre les partisans de la guerre et les opposants ; victoire des partisans
  • juin 1840 : arrivée à Canton d’une armada britannique sous les ordres de l’amiral Charles Elliot qui ne put accoster au port grâce aux défenses mises en place par Lin Zexu ; conquête de Hong Kong par les Britanniques ; disgrâce et remplacement de Lin Zexu par Qishan novembre 1840 : dissolution de la milice et réduction des effectifs par Qishan ; début des négociations ; Qishan refuse les exigences mais, devant les assauts britanniques, finit par accepter.
  • janvier 1841 : remplacement de Qishan par Yishan ; déclaration de guerre aux Britanniques
  • mai 1841 : signature d’une convention d’armistice et rachat de Canton aux Britanniques
  • août 1842 : signature d’un traité concédant aux Britanniques le libre commerce de l’opium
  • juillet 1844 :signature d'un deuxième traité établissant les bases du commerce entre le Royaume-Uni et la Chine et ouvrant la Chine au commerce d'autres pays comme les États-Unis ou la France.

Citation

« (...) Les lois interdisant la consommation de l’opium sont maintenant si sévères en Chine que si vous continuez à le fabriquer, vous découvrirez que personne ne l’achètera et qu’aucune fortune ne se fera par l’opium. (...) Tout l’opium qui est découvert en Chine est jeté dans l’huile bouillante et détruit. Tout bateau étranger qui, à l’avenir, viendra avec de l’opium à son bord, sera mis à feu, et tous les autres biens qu’il transportera seront inévitablement brûlés en même temps. Alors, non seulement vous ne parviendrez pas à tirer quelque profit de nous, mais vous vous ruinerez dans l’affaire. Ayant voulu nuire à autrui, vous serez la première à en souffrir. Notre Cour Céleste n’aurait pas gagné l’allégeance d’innombrables pays si elle n’exerçait un pouvoir surhumain. Ne dites pas que vous n’avez pas été avertie à temps. À la réception de cette lettre, Votre Majesté sera assez bonne pour me faire savoir immédiatement les mesures qui auront été prises (...). »

Lettre du commissaire impérial extraordinaire Lin Zexu à la reine Victoria, 1839.

 

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Seconde guerre de l'opium

Seconde guerre de l'opium
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Le pont de Pa-Li-Kiao, le soir de la bataille, Émile Bayard
Informations générales
Date octobre 1856 - octobre 1860
Lieu Empire de Chine
Issue Victoire occidentale, traité de Tianjin
Belligérants
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau français Empire français
États-Unis États-Unis
Chine Empire de Chine
Commandants
Flag of the United Kingdom.svg Michael Seymour
James Bruce
Garnet Joseph Wolseley
Flag of France.svg Jean-Baptiste Louis Gros Auguste-Léopold Protet
Charles Cousin-Montauban
États-Unis James Armstrong
Chine Sengge Rinchen
Forces en présence
Royaume-Uni : 11 000 hommes
France : 6 700 hommes, 173 navires de guerre
Etats-Unis : 3 navires
200 680 hommes
 
 

La seconde guerre de l'opium dura de 1856 à 1860 et opposa la Chine à la France et au Royaume-Uni (soutenus par les Etats-Unis et la Russie). Cette guerre peut être vue comme le prolongement de la première guerre de l'opium, d'où le nom que l'on lui a attribué.

 

Chronologie des principaux événements

Avant les guerres de l’opium

1731 : interdiction de l’importation de l’opium en Chine par les Qing
1757 : La Compagnie des Indes acquiert des droits de culture de l’opium au Bengale
1765 : La Compagnie des Indes acquiert des droits de culture de l’opium au Bihar

Première guerre de l’opium (1839-1842)

1816 : La compagnie des Indes développe le commerce de l’opium en Chine
5 janvier 1840 : Lin Zexu ordonne la fermeture du port de Canton
1842 : Traité de Nankin
(Révolte des Taiping (1851-1864))
25 février 1850 : Mort de l’empereur Daoguang remplacé par Xianfeng

Deuxième guerre de l’opium (1856-1860)

8 octobre 1856 : Un bateau contrebandier anglais est arrêté, l’Angleterre se prépare à attaquer
23 octobre 1856 : cinq mille soldats anglais investissent Canton
1857 : Bombardement de Canton par les Anglais et les Français
1858 : Traité de Tianjin
24 juin 1859 : Les forces franco-anglaises tentent de pénétrer dans Tianjin et se font refouler
17 juillet 1860 : Les armées anglaise et française débarquent sur le sol chinois
2 septembre 1860 : Les armées anglaise et française prennent Tianjin
5 octobre 1860 : Les armées anglaise et française campent sous les murailles de Pékin, elles vont piller le « Palais d’été »
13 octobre 1860 : La ville de Pékin tombe
17 octobre 1860 : Le « Palais d’Eté » est incendié
24 octobre 1860 : Traité de Pékin

Après les guerres de l’opium

1861 : Mort de l’empereur Xianfeng. Avènement de l’empereur Tongzhi âgé de 5 ans, sa mère Cixi prend la régence

Contexte

Le traité de Nankin, faisant suite à la première guerre de l'opium, laissait cinq ports à disposition des Occidentaux pour le commerce.

Malgré cet accord, les puissances européennes, dont la balance commerciale était largement déficitaire, désiraient étendre leur commerce vers le Nord et vers l’intérieur de la Chine.

Par ailleurs, le commerce de l'opium était toujours illégal en Chine. Cependant, le vice-roi de la ville de Canton le pratiquait tout en faisant condamner à mort les étrangers accusés de ce commerce. C'est ainsi que la France et les États-Unis demandèrent, en 1854, des révisions dans le traité de Huangpu et le traité Wangxia. Le Royaume-Uni fit la même demande, citant les articles sur le « traitement égalitaire » dans les statuts des nations les plus favorisées.

En 1854, les ministres occidentaux et américains contactèrent de nouveau les autorités chinoises et demandèrent des révisions des traités :

  1. Pouvoir pénétrer sans hostilité dans Canton.
  2. Pouvoir étendre le commerce à la Chine du Nord et le long du fleuve Yangzi.
  3. Le commerce de l’opium était toujours illicite, ils voulaient le légaliser.
  4. Les Occidentaux voulaient traiter avec la cour directement à Beijing.

La cour impériale de la dynastie Qing rejeta alors les demandes de révision du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis d'Amérique. Dès lors, les puissances occidentales cherchèrent d'autres moyens pour arriver à rééquilibrer une balance commerciale très déficitaire.

La guerre

Les puissances occidentales estimaient que seule la guerre pouvait amener l'Empire chinois à changer de position. Dès lors, les puissances occidentales attendirent l'événement qui pouvait amener le conflit. Cet événement eut lieu le 8 octobre 1856, lorsque des officiers chinois abordèrent l’Arrow, un navire anglais enregistré à Hong Kong sous pavillon britannique, suspecté de piraterie et de trafic d'opium. Ils capturèrent les douze hommes d’équipage et les emprisonnèrent. Cet épisode est souvent appelé « l'incident de l'Arrow ».

Les Britanniques demandèrent officiellement la relaxe de ces marins en faisant valoir la promesse par l'empereur de la protection des navires britanniques. Ces arguments furent ignorés par les autorités chinoises. Les Britanniques évoquèrent ensuite l’insulte faite au drapeau britannique par les soldats de l'Empire Qing.

La première partie de la guerre

Bien qu'affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer aux Indes, la révolte des Cipayes (1857-1858), les Britanniques répondirent à l’incident de l’Arrow en 1857 en attaquant Canton depuis la rivière des Perles. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonna aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris sans difficulté le fort voisin de Canton, l’armée britannique attaqua la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l'USS Levant, bombardèrent Canton. Les habitants ainsi que les soldats résistèrent à l'attaque et forcèrent les assaillants à battre en retraite vers Humen.

Le parlement britannique décida d'obtenir coûte que coûte réparation de la part de la Chine pour l’incident de l'Arrow, demanda à la France, aux États-Unis et à la Russie de s’allier à elle. La France rejoignit les Britanniques contre la Chine après l’exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine (incident dit du père Chapdelaine), par les autorités locales chinoises dans la province du Guangxi. Les Américains et les Russes firent des offres d’aide aux Britanniques et aux Français, mais, finalement, ne les aidèrent pas militairement.

Les Britanniques et les Français désignèrent des ministres plénipotentiaires chargés des négociations avec les Chinois. Le représentant britannique était Lord Eldgin, l'ambassadeur français le baron Gros.

Ye Mingchen fut capturé et Baigui, le gouverneur de Guangdong, se rendit. Un comité mixte de l’Alliance fut formé. Baigui fut maintenu à son poste original pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintint Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen fut exilé à Calcutta, en Inde, où il se laissa mourir de faim.

La coalition se dirigea ensuite vers le nord pour prendre les forts de Dagu, qui défendaient l'embouchure de la rivière Hai He en aval de Tianjin, en mai 1858.

L'enseigne de vaisseau Henri Rieunier (1833-1918), de l'artillerie de marine, assistera à toutes les opérations de la première partie de la guerre de Chine, ses écrits exceptionnels sont conservés et relatent les évènements, comme suit:

« L'aviso "Marceau" participe à la prise d'assaut de Canton, grand port de la Chine méridionale, le 28 décembre 1857 par les flottes combinées de l'Angleterre et de la France, à la suite d'attaques contre des navires marchands anglais. Le 20 février à Canton, Henri Rieunier embarque sur la canonnière la "Mitraille" dont il dirige les batteries d'artillerie. Le 16 mars 1858, l'amiral de Genouilly, avec l'escadre quitte Canton pour la Chine du nord. Le 20 mai 1858, agissant de concert avec les Anglais, il s'empare des forts de Ta-Kou à l'embouchure du Peï-ho dans le Petchili avant de remonter le Peï-ho jusqu'à Tien-Tsin en direction de Pékin. La "Mitraille" dont l'équipage fut décimé - 2 officiers tués, un blessé - participe à leur attaque et à leur prise. Henri Rieunier fut chargé de miner et de faire sauter le fort sud de l'embouchure de Peï-ho, en juin 1858. La route de Pékin ouverte, le gouvernement chinois signe à Tien-Tsin les 27 et 28 juin 1858 avec l'Angleterre et la France, les traités qui mirent fin à la première expédition de Chine de la 2ème guerre de l'opium. L'affaire de Chine étant ou paraissant réglée, l'amiral Rigault de Genouilly porte ses forces sur la Cochinchine...etc »

Le traité de Tianjin

En juin 1858, le traité de Tianjin conclut la première partie de la guerre à laquelle la France, la Russie et les États-Unis étaient parties prenantes. Ce traité ouvrit onze ports supplémentaires au commerce occidental. Mais, dans un premier temps, les Chinois refusèrent de le ratifier.

Les points principaux du traité étaient :

  1. Le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-Unis auront le droit d’établir des missions diplomatiques à Pékin, jusque-là, cité interdite.
  2. Dix ports chinois supplémentaires seront ouverts au commerce étranger, y compris Niuzhuang, Danshui, Hankou et Nankin.
  3. Le droit pour tous les navires étrangers, y compris les navires commerciaux, de naviguer librement sur le Yangzi Jiang
  4. Le droit pour les étrangers de voyager dans les régions intérieures de la Chine dont ils étaient jusqu’à présent bannis.
  5. La Chine doit payer une indemnité au Royaume-Uni et à la France de deux millions de taels d’argent chacune.
  6. La Chine doit payer une indemnité aux marchands britanniques de deux millions de taels d’argent pour destruction de leurs propriétés.

Les négociations se poursuivirent et, en novembre 1858, le gouvernement central accepta de légaliser le commerce de l’opium : en 1886 le commerce de l’opium porta sur 180 000 caisses (environ 10 000 tonnes). Dès 1878, on estime à environ 100 millions le nombre de consommateurs d'opium chinois (occasionnels ou réguliers).

Les Chinois acceptèrent que les droits de douane soient extrêmement faibles et que la gestion des douanes passe sous contrôle étranger.

La ratification eut lieu plus d'un an après. Le gouvernement chinois laissa traîner les choses et les Britanniques et Français eurent recours à la force pour aller plus vite : 11 000 Britanniques et 7 000 Français s’embarquèrent sur les eaux chinoises.

Le traité d'Aigun avec la Russie

Le 28 mai 1858, le traité d'Aigun est signé avec la Russie pour réviser les frontières entre la Chine et la Russie telles qu’elles avaient été définies par le traité de Nertchinsk en 1689.

Les Russes s’étendent vers la Chine, car ils ne peuvent s’étendre vers le Proche Orient (guerre de Crimée perdue, 1856). Il y a très longtemps que Russes et Chinois s’étaient entendus sur des frontières communes. Par la suite, les Russes avaient essayé de repousser les frontières (au-delà du fleuve Amour, en chinois Heilong Jiang) et avaient installé deux forts. Les Russes profitent de la deuxième guerre de l'Opium pour consolider leur avancée. Ils collaborent en sous main avec Français et Britanniques et se posent en médiateur. La Russie gagne la rive gauche du fleuve ainsi que le contrôle d’un territoire hors gel le long de la côte Pacifique, où elle fonde la ville de Vladivostok (le souverain de l’est) (anciennement Haishenwei) en 1860.

Les Russes ont les mêmes privilèges que les autres pays et la Chine reconnaît formellement leurs annexions de plus d'un million de kilomètres carrés de territoires.

La seconde partie de la guerre

Prise des forts du Peï-Ho le 21 août 1860.

En 1859, après le refus de la Chine d’autoriser l’établissement d’ambassades à Pékin comme stipulé dans le traité de Tianjin, une force navale sous le commandement de l’amiral Sir James Hope encercla les forts gardant l’embouchure de la rivière Hai He, mais subit des dommages et fit retraite sous la couverture d’un escadron naval commandé par Josiah Tattnall. La force arriva à Pékin et occupa la ville le 6 octobre. Nommant son frère, le prince Gong comme négociateur, l’empereur chinois Xianfeng se réfugia dans son palais d’été de Chengde. Les troupes franco-britanniques incendièrent les deux palais d’été, le nouveau et l’ancien, à Pékin, après plusieurs jours de pillage. Le vieux palais d'été fut totalement détruit. Les trésors s'y trouvant furent préalablement répertoriés par le général français et son homologue britannique, et rapportés à Paris et Londres pour entrer dans des collections d'État ou encore des ventes aux enchères. Cependant, Pékin elle-même ne fut pas prise, les troupes restant cantonnées en dehors de la ville.

La convention de Pékin

Après la fuite de Pékin de l’empereur Xianfeng et de sa suite, en juin 1858, le traité de Tianjin est finalement ratifié par le frère de l’empereur, le prince Gong, lors de la convention de Pékin le 18 octobre 1860, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium.

Le commerce de l’opium est légalisé et les chrétiens voient leurs droits civils pleinement reconnus, incluant le droit de propriété privée et celui d’évangéliser.

La convention de Pékin inclut :

  1. La reconnaissance par la Chine de la validité du traité de Tianjin
  2. L’ouverture de Tianjin en tant que port commercial, destiné au commerce avec Beijing
  3. La cession du district de Kowloon au Royaume-Uni
  4. La liberté de culte en Chine. Les missionnaires catholiques français ont le droit d’acheter des terres et de construire des églises.
  5. L’autorisation pour les navires britanniques d’amener de la main-d’œuvre chinoise à l'étranger pour remplacer les esclaves récemment affranchis. Ces coolies partiront pour les mines ou les plantations de Malaisie, d’Australie, d’Amérique latine, des États-Unis.
  6. Le paiement aux Britanniques et aux Français d’une indemnité augmentée à huit millions de taels d’argent chacun.

Les conséquences

Les conséquences de la seconde guerre de l’opium sont :

Au niveau économique, l’empire doit donner de grosses sommes d’argent aux pays contre qui elle a été en guerre. De plus, la balance commerciale du pays reste déficitaire, car les exportations de thé ne suffisent toujours pas à équilibrer l’argent que les Chinois utilisent pour acheter l’opium. Durant les guerres de l’opium, les Russes ont profité du chaos régnant dans le pays pour envahir quelques territoires chinois. La Chine doit verser 50 millions de roubles1 au tsar pour tout récupérer.

La Chine est considérablement affaiblie par les deux guerres qui viennent de la ravager, mais aussi la révolte des Taiping qui continuera à faire rage jusqu'en 1864. Les puissances de l’époque en ont profité pour s'emparer de territoires. Ainsi, la Chine perd l’Annam au profit de la France, la Corée qui devient indépendante et beaucoup d’autres régions du grand empire chinois.

Au niveau culturel, les pays qui ont gagné la guerre ont pillé de nombreux trésors comme les objets du « Palais d’Eté », qui a même été brûlé par les armées françaises et anglaises par la suite. Au niveau de la société, les pays vainqueurs peuvent continuer le commerce de l'opium, ce qui fait que de très nombreux consommateurs sortent de la clandestinité.

La Chine vit une période difficile à surmonter, et l’impératrice Cixi décide qu’il est temps que la Chine commence à se moderniser en prenant exemple sur les pays plus développés. Elle s’industrialise, commence à créer des armes, ses ports se développent et les bateaux à vapeur apparaissent, les lignes de chemin de fer arrivent dans le pays… Une des conséquences principale de la deuxième guerre de l’opium est donc la modernisation de la Chine, qui s’ouvre enfin sur le monde extérieur, ce qui lui permet de se développer.

L’empire chinois a donc perdu toute sa puissance à cause des guerres de l’opium. Leurs conséquences ont été catastrophiques pour le pays qui mettra des décennies à s’en remettre.

Reportages photographiques

Cette guerre fut l'une des premières guerres à être suivie et documentée par des photographes, parmi lesquels Felice Beato, John Papillon chez les Anglais et Antoine Fauchery chez les Français.

 

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24 avril 2012

les teutons......

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Ordre Teutonique

Ordre Teutonique
Image illustrative de l'article Ordre Teutonique
Type Ordre militaire caritatif
Création 1191
Reconnaissance canonique 1198
Fondateur(s) communauté religieuse
Spiritualité à préciser
 

L’ordre de la Maison de Sainte-Marie-des-Teutoniques (Ordo Domus Sanctæ Mariæ Teutonicorum), plus connu sous le nom d’ordre des Chevaliers teutoniques (Deutscher Ritterorden ou Deutschritter-Orden en allemand), d’ordre Teutonique ou de maison des chevaliers de l'hôpital de Sainte-Marie-des-Teutoniques à Jérusalem (Haus der Ritter des Hospitals Sankt Marien der Deutschen zu Jerusalem, en allemand), est un ordre militaire chrétien issu du Moyen Âge.

Les armes de l’ordre sont constituées d'une croix de sable, chargée d’une croix potencée au champ d’argent. Saint Louis permit d’y adjoindre quatre fleurs de lys d’or.

Sommaire

Histoire

La fondation en Terre Sainte

L’ordre Teutonique est fondé en Terre sainte, à Saint-Jean-d'Acre, du temps des Croisades, et reconnu comme ordre hospitalier en 1191 par le pape Clément III. Il a pour racine l'hôpital Sainte-Marie-des-Teutoniques à Jérusalem, fondé en 1128 par des pèlerins germaniques originaires de Brême et de Lübeck pour soigner leurs compatriotes, grâce aux fonds du duc Frédéric de Souabe.

À l’origine simple communauté religieuse charitable venant en aide aux pèlerins chrétiens malades auprès de cet hôpital, il est réorganisé en ordre militaire vers 1192 et obtient la reconnaissance officielle du pape Innocent III en 1198. Il est composé pour l’essentiel de chevaliers allemands ou teutons.

Le premier grand maître Heinrich Walpot est élu en Terre Sainte où il fait bâtir une église et un hôpital.

L'ordre teutonique s'implante également en Suisse actuelle en 1199, en Thuringe en 1200, dans le sud du Tyrol en 1202, à Prague et en Bohême en 1202, et à Liège en 1259. L'Ordre compte en 1220, une douzaine de maisons en Terre Sainte, en Grèce, en Italie méridionale et en Germanie.

L'expansion de l'ordre

Frédéric II permet à l'Ordre d'envahir la Prusse, par Johann Peter Janssen
L'État teutonique vers 1260.

Les chevaliers décident de se replier dans leurs possessions de Prusse et de Livonie, où ils luttent déjà contre les populations païennes d'Europe orientale. L'Ordre de Dobrzyń, fondé en 1216 par Christian de Oliva, premier évêque de Prusse, s'étant révélé impuissant à christianiser les Prussiens, Conrad de Mazovie propose, en 1226, à Hermann von Salza, quatrième grand-maître de l’Ordre, les provinces de Culm et de Livonie en échange de son aide. Cette même année, par la Bulle d'or de Rimini (en), octroyée par Frédéric II du Saint-Empire, l'Ordre devient souverain sur les territoires qu'il conquiert.

Le pape Innocent III lance, au même moment, les Croisades baltes. En un an, les chevaliers envahissent les provinces de Warmie, de Nantanguie et de Bartie. Ils fondent, ainsi l'État monastique des chevaliers teutoniques. Ils bâtissent de nouvelles villes telles que Thorn (1231), Königsberg (1255), ou Marienbourg (1280) qui deviendra leur nouvelle capitale en 1309.

En 1235, l'Ordre teutonique absorbe l'Ordre de Dobrzyń ; et en 1236 l'Ordre de Saint-Thomas adopte la règle des chevaliers teutoniques.

En 1237 les chevaliers teutoniques fusionnent avec les chevaliers Porte-Glaive, ou Ordre livonien, qui conservent néanmoins une certaine autonomie. Cela permet à l'État teutonique de renforcer et d'étendre ses possessions sur la Prusse, la Livonie, la Semigalia, et l'Estonie. Le prochain objectif est de convertir la Russie orthodoxe au catholicisme, mais ce plan est abandonné après la désastreuse défaite de la bataille du lac Peïpous, contre le prince Alexandre Nevski en 1242.

Le 2 février 1249, par le traité de Christburg, les chevaliers accordent des privilèges à la noblesse prussienne qui, dans un premier temps, se soumet. Cependant, après les soulèvements prussiens (en) de 1260 à 1283, une grande partie émigre ou est exilée. De nombreux Prussiens perdent leurs droits, ceux qui restent sont progressivement assimilés. Dans les régions frontalières telles que la Sambie, les paysans sont privilégiés par rapport à ceux de territoires plus peuplés comme la Pomésanie. Sur le modèle occidental, le christianisme se propage lentement à travers la culture prussienne.

La perte de Saint-Jean-d'Acre

Soixante-dix ans plus tard et près d'un siècle après la fondation des chevaliers teutoniques, la prise de Saint-Jean-d'Acre par les Mamelouks en 1291 oblige les chevaliers à quitter la Terre Sainte et les contraint à déménager temporairement le siège de l'ordre à Venise, d'où ils prévoient la reconquête de l'Outremer.

Christianisation de la Lituanie

La Lituanie n'étant toujours pas christianisée, beaucoup de chevaliers des pays de l'ouest européen, comme l'Angleterre et la France, participent à des campagnes saisonnières en Prusse et contre le Grand-Duché de Lituanie. Certains pour obtenir le pardon de leurs péchés, d'autres pour acquérir de l'expérience militaire. Les chevaliers se joignent à eux et orientent progressivement leurs actions vers la Lituanie.

La guerre est alors particulièrement brutale. Les païens étant considérés comme inférieurs aux chrétiens, leur esclavage est considéré comme acceptable. Les chevaliers n'hésitent pas à utiliser leurs captifs pour le travail forcé.

Conquêtes en Pologne

Par l'accord de Soldin, la Pomérélie est inféodée à l'État monastique des chevaliers teutoniques
Article détaillé : Prise de Danzig.

Après la mort de Venceslas, roi de Pologne en 1306, les nobles de Poméranie demandent l'aide des margraves de Brandebourg pour contester à Ladislas Ier de Pologne la succession du duché de Pomérellie. En 1308, toute la région est occupée à l'exception de la citadelle de Dantzig (Gdansk). Incapable de résister, Ladislas demande à son tour l'aide des chevaliers teutoniques.

En septembre 1308, dirigés par Heinrich von Plötzke (en), le maître de la Prusse, les chevaliers expulsent les Brandebourgeois de Dantzig. Mais les Polonais tardant à verser l’indemnité promise en échange du service rendu, les chevaliers refusent de céder la ville. En 1309, par l'accord de Soldin passé avec Waldemar, margrave de Brandebourg, les chevaliers achètent les châteaux de Dantzig, Świecie et Tczew et leur arrière-pays contre la somme de 10 000 marks. L'empereur Henri VII confirme cette possession en 1311 et inféode la Pomérélie à l'Ordre.

Le contrôle de la Pomérellie permet à l'Ordre de relier ses possessions prussiennes avec les frontières du Saint Empire. Des renforts croisés et des fournitures peuvent désormais transiter entre la Poméranie occidentale et la Prusse via la Pomérélie. Alors qu'elle avait été jusque là un allié des Chevaliers contre les Prussiens et les Lituaniens, la Pologne, qui n'a désormais plus accès à la mer Baltique, devient un ennemi déterminé.

La prise de Dantzig marque une nouvelle phase dans l'histoire des chevaliers teutoniques. La persécution des Templiers qui a commencé en France en 1307 inquiète les chevaliers teutoniques, mais le contrôle de la Pomérellie leur permet de transférer leur siège de Venise à Marienburg (Malbork), sur la rivière Nogat, hors de portée des pouvoirs séculiers. Le pape tente bien quelques investigations contre les chevaliers, mais l'ordre est bien défendu par des juristes capables.

Le traité de Kalisz en 1343 met fin à la guerre ouverte entre la Pologne et l'État teutonique. Les chevaliers renoncent à la Cujavie et la région de Dobrzyń, mais conservent le Culmerland (en) et la Pomérellie avec Dantzig.

Apogée

En 1337 l'empereur Louis IV a accordé à l'Ordre le privilège impérial de la conquête de la Lituanie et de la Russie. Peu de temps après avoir été choisi comme Grand-maître, Heinrich Dusemer von Arfberg attaque le Grand-duché de Lituanie. La campagne se solde par la défaite totale de l'armée lituanienne à la bataille de la Strėva, le 2 février 1348. Mais les chevaliers teutoniques ne profitent pas longtemps de leur victoire. La peste noire qui a atteint la Prusse, les oblige à quitter le pays conquis.

En 1386, le grand-duc de Lituanie Jogaila se convertit au catholicisme et se fait baptiser sous le nom de Ladislas (polonais Władysław). Par son mariage avec la reine Hedwige d'Anjou, il est couronné roi de Pologne. L'union personnelle des deux pays crée un adversaire potentiellement redoutable pour les chevaliers teutoniques.

En 1398, sous le commandement de Konrad von Jungingen les armées de l'Ordre détruisent Visby et défont les Vitaliens en hivernage sur l'île de Gotland. À partir de ce moment, la mer Baltique n'est plus sillonnée par les raids des pirates. Le plus célèbre d'entre eux, que l'on surnomme le Corsaire rouge, Klaus Störtebeker lui même préfère dès lors se réfugier en mer du Nord. Marguerite Ire de Danemark et Albert de Suède cède l'île en fief aux chevaliers teutoniques.

Dans la même année, par le traité de Salynas, Vytautas le Grand lui cède le duché de Samogitie. En 1402, il achète la Nouvelle-Marche de Brandebourg pour 63 200 florins hongrois. En Prusse orientale, de nombreuses villes et villages sont fondés ou se développent, comme Sensburg (actuellement: Mrągowo) où depuis 1348, les chevaliers possédaient une forteresse en bois.

Le déclin de l'ordre

Bataille de Grunwald (ou de Tannenberg), le 15 juillet 1410
L'État teutonique à son apogée vers 1410

La consolidation et l'émergence au sud du royaume de Pologne, christianisé et uni depuis 1386 au grand-duché de Lituanie par mariage dynastique, menacent directement la suprématie des chevaliers dans la région.

Le tournant est atteint lorsque la crise larvée entre les deux ennemis héréditaires éclate en 1410. La bataille de Grunwald (ou de Tannenberg) voit une coalition lituano-polonaise dirigée par le roi Ladislas II Jagellon écraser l'armée des Teutoniques. La bataille se solde par plus de 13 000 morts dans les rangs de l’Ordre, parmi lesquels le grand maître Ulrich von Jungingen. La contre-offensive polonaise est arrêtée par le commandeur de Schwetz, Heinrich von Plauen qui, en s’enfermant au château de Marienbourg, résiste à toutes leurs attaques. Le traité de Thorn (Toruń, en polonais) restaure le statu quo ante bellum (même situation qu'avant la guerre).

Une guerre civile se produit au début de la deuxième moitié du XVe siècle. Les adversaires des chevaliers se tournent vers le roi Casimir IV de Pologne en 1454. Marienbourg est définitivement prise par les Polonais cette même année. Le grand maître se réfugie alors à Königsberg qui devient ainsi la nouvelle capitale. À l’issue de la guerre de Treize Ans, le second traité de Thorn (1466) cède la Prusse royale (partie ouest) et la ville de Dantzig  à la Pologne, et fait de l’État teutonique un vassal de cette dernière. Les chevaliers ne disposent plus à ce moment que de la Prusse originelle (partie est), sur laquelle ils ne sont que partiellement souverains, puisque vassaux des Polonais. Ce dernier revers ne fait que confirmer l’inéluctable décadence de l'ordre.

L'État teutonique en 1466

En 1525, le grand maître de l'Ordre, Albert de Brandebourg-Ansbach, adoptant les recommandations de Luther, quitta l'état religieux et transforma le patrimoine de sa communauté en une principauté qui devint le berceau de l'État prussien. Une partie des chevaliers, restés catholiques, décident d’élire leur propre grand maître - Walter de Cronberg - et intentent un procès contre Albert de Brandebourg qui est mis au ban de l'Empire. Ils transfèrent leur siège à Mergentheim en Franconie et se réimplantent dans le Saint Empire.

En 1805, Napoléon accorde le droit, par le traité de Presbourg, à l’empereur d’Autriche François Ier d'Autriche de nommer comme grand maître un prince de sa famille, à qui reviennent tous les revenus de l’organisation. Le 24 avril 1809, à Ratisbonne (Bavière), l’empereur des Français prononce sa dissolution. Désormais, seules subsistent quelques commanderies isolées en Autriche et à Utrecht. Un semblant d’ordre est rétabli en 1834, mais il reste exclusivement sous tutelle autrichienne.

Avant la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler tente de récupérer l'image historique des chevaliers teutoniques pour exacerber le sentiment d'identité nationale. Par la suite, il prend des mesures restrictives contre ce qui reste de l'ordre teutonique, notamment par des saisies de biens, de terres, et en emprisonnant le grand maître.

L’ordre aujourd'hui

Armoiries du grand maître de l'ordre Teutonique

Il reçoit sa forme actuelle en 1929, c'est-à-dire un institut religieux clérical de droit pontifical.

Les Teutoniques se décrivent aujourd'hui ainsi : « La véritable chevalerie n'est pas déterminée sous la forme d'une épée de combat qui est dépassée aujourd'hui, mais plutôt par l'engagement au Christ Roi, la protection et la défense des victimes, opprimées, méprisées et des nécessiteux. Cette attitude est la recherche des actuels frères, sœurs et familiers de l'ordre Teutonique, fidèle à la devise d’aider et de guérir ensemble ».

Les chevaliers teutoniques sont aujourd'hui environ mille :

  • 100 frères (dont certains sont aussi prêtres), liés par les trois voeux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance.
  • 200 sœurs
  • et 700 affiliés, ou « familiers », ou « Marians », laïques ou d'état ecclésiastique qui cherchent à entériner les efforts de l'ordre pour promouvoir son entreprise et à réaliser ses idéaux.

L'ordre a aussi le droit d'inclure dans les provinces des oblats ou oblates.

La communauté est divisée en provinces, bailliages et commanderies (pour les familiers).

En 1957, l'ordre a acheté une maison à Rome qui est le siège du Procureur général de l'ordre, et qui sert aussi de maison d'hôtes.

Les frères et sœurs sont réparties à travers cinq provinces : l'Autriche, le Tyrol du Sud, l'Italie, la Slovénie, l'Allemagne et la République tchèque et la Slovaquie.

Les familiers sont répartis dans les bailliages et commanderies suivants : Allemagne, Autriche, Tyrol du Sud, "ad Tiberim" à Rome, le Bailliage de la République tchèque et de la Slovaquie, et dans la commanderie indépendante d'Alden Biesen en Belgique; il y a aussi des familiers dispersés dans d'autres pays.

Le grand maître est aujourd'hui supérieur général et chef suprême de l'ordre. Il reçoit après son élection la consécration d'abbé épiscopal et possède le rang d'évêque, privilège qui est accordé à l'Ordre teutonique depuis 1933. Depuis 1923, la Grande Maitrise est exercée par des prêtres qui sont élus pour six ans par les frères et sœurs délégués au chapitre général.

Hiérarchie de l'ordre teutonique

 
 
 
 
 
 
Chapitre général
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ratsgebietiger
 
Grand-maître
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Chancellerie  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Grand-commandeur
 
Grand-maréchal
 
 
Grand-hospitalier
 
Grand-trésorier
 
Grand-commissaire  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Maître
de Germanie
 
 
Maître
de Livonie
 
 
Maître
de Prusse
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Bailli
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Commandeur
 
 
Commandeur
 
 
Commandeur  
 

Grand-maître

Sceau du grand maître

Le grand-maître (Hochmeister ou magister generalis) est au sommet de la hiérarchie, mais son pouvoir est loin d'être absolu, car il doit gouverner en tenant compte des conclusions du grand conseil composé de cinq grands officiers. Il est élu, normalement jusqu'à sa mort, par un chapitre (capitulum) de treize électeurs. Celui-ci comprend huit frères chevaliers, choisis parmi les plus vertueux, quatre frères sergents (en général non nobles), et un frère prêtre.

Grand-commandeur

Le grand-commandeur (Großkomtur ou magnus commendator) prend toutes les décisions concernant les dépenses.

Grand-maréchal

Le grand-maréchal (Ordensmarschall ou summus marescalcus) est le commandant de toutes les forces armées de l'ordre et dirige les arsenaux. À partir de 1330 il est commandeur de Königsberg (aujourd'hui: Kaliningrad), où il demeure en temps de paix.

Grand-commissaire

Hermann von Salza, quatrième grand maître de l’ordre

Le grand commissaire (Ordenstrappier ou summus trapearius) est responsable de la vie quotidienne et matérielle. Il demeure en général à Christburg

Grand-trésorier

Le grand trésorier (Ordenstressler ou summus thesaurarius) est responsable des finances, et gère au XIVe siècle, le trésor de l'ordre, le fonds des dépenses personnelles du grand maître, et le trésor du chapitre de Marienbourg, où il demeure.

Grand-hospitalier

Le grand-hospitalier (Großspittler ou summus hospitalarius), qui veille au soin des malades dans les hospices de l'ordre, et à l'application de la règle par tous. Il demeure en général à la commanderie d'Elbing.

Organisation de l'ordre

L'ordre teutonique est l'une des puissances militaires les plus puissantes d'Europe à cette époque. Il est formé des :

  • Frères chevaliers: ils prononcent les vœux monastiques de chasteté, d'obéissance, de pauvreté et prêtent le serment en plus de combattre les ennemis du christianisme par les armes. Ce sont donc des guerriers de haut niveau, aussi bien entraînés pour la lutte à cheval que pour le combat à pied. Le chevalier a une armure complète, deux ou trois destriers et des chevaux pour le voyage et le chargement. Le chevalier commande une garnison ou un détachement de guerriers et organise la stratégie des campagnes militaires. Ils sont peu nombreux, ainsi à la bataille du lac Peïpous en 1242, ils ne sont que trente-cinq chevaliers sur les milliers de combattants.

Le frère chevalier est issu de la noblesse, mais pas toujours au début, lorsqu'il suffit d'être fils d'un riche citoyen (pour payer l'équipement). À partir du XIVe siècle, le chevalier doit être issu de la noblesse jusqu'à la quatrième génération, aussi bien en ligne paternelle qu'en ligne maternelle. Il peut être admis, comme aspirant, à partir de l'âge de quatorze ans. Il doit être issu des terres de l'Empire (la majorité viennent de Souabe et de Franconie). Sa tenue consiste en un surcot, un manteau blanc avec une croix noire sur la poitrine et une grande cape blanche avec une croix noire sur l'épaule gauche.

  • Autres frères ou frères sergents: ils font partie intégrante de l'ordre avec le rang de sergents et prononcent le même serment, ainsi que les vœux monastiques. Ce sont des guerriers professionnels qui combattent habituellement à cheval. Ils sont recrutés dans la population libre locale (Prussiens ou Polonais), n'ont pas de poste de commandement et assurent la garnison des châteaux forts en période de paix. Ils occupent aussi des fonctions administratives ou hospitalières. Leur tenue consiste en un surcot gris avec une croix noire tronquée.

En période de guerre, le grand maître de l'ordre peut donc immédiatement lever une armée, contrairement aux autres souverains européens qui doivent envoyer des messagers dans tout le pays pour réunir leurs barons et chevaliers avec leurs propres troupes, ce qui prend du temps. L'organisation sur place en maillage des chevaliers teutonique offre de nombreux avantages, d'autant qu'ils sont disciplinés et unis par le même idéal. Ils sont 800 frères chevaliers à la fin du XIVe siècle, avec 6 500 « autres frères » (frères sergents).

  • Personnel non militaire: celui-ci ne joue qu'un rôle fonctionnel, ce sont généralement des domestiques, le personnel soignant, ou des prêtres.
    • Frères prêtres: ils ont une soutane noire avec une cape blanche avec la croix noire teutonique, et sont en petit nombre, même en comptant les clercs des ordres mineurs.
    • Servants domestiques ou demi-frères: ils sont recrutés dans la population locale, ne prononcent pas de vœux, mais doivent suivre la règle commune. Ils n'ont pas de costume particulier.
    • Sœurs: elles prononcent leurs vœux monastiques et ont avant tout une tâche hospitalière. Elles n'ont qu'une seule implantation en Prusse et sont présentes surtout en Germanie.
    • Demi-sœurs: celles-ci sont les domestiques des précédentes et ne prononcent pas de vœux.

Ces catégories concernent les membres permanents, à vie, de l'Ordre, mais il existe aussi des catégories de membres de l'Ordre qui le servent pendant une période donnée: ce sont les confrères.

  • Les confrères ne prononcent pas de vœux, mais sont soumis à la règle commune pendant leur service qui peut se dérouler pendant une campagne militaire, ou pendant plusieurs années. Ils peuvent se marier, mais doivent léguer la moitié de leurs biens à l'ordre à leur mort. Le fameux Tannhäuser était confrère de l'ordre. La cape blanche de l'ordre se porte sur un surcot habituel, en général bleu, mais la croix teutonique se porte à droite de la poitrine. Ils sont autorisés à porter leurs armoiries sur leur bouclier.
  • Les familiers sont des membres honoraires de l'Ordre teutonique, chargés de l'aider financièrement et de réunir des fonds. Tous leurs biens et leurs terres étaient légués à l'Ordre après leur mort.
  • Les chevaliers de toute l'Europe se font un point d'honneur de participer aux croisades prussiennes, après la fin des croisades en Terre Sainte. Ils sont désignés par les chroniques, sous le nom d' invités. Ceux de l'Empire se réunissent sous la bannière de saint Georges, ceux des invités des autres pays sous la bannière de Notre Dame. Leurs dépenses étaient couvertes par l'Ordre, et les invités étaient organisés en divisions, correspondant à leurs territoires d'origine. Parmi les invités célèbres, on peut distinguer le Français Jean II de Boucicaut, futur maréchal de France, le comte de Derby, futur Henri IV d'Angleterre, Henri de Lancastre, les rois Louis de Hongrie, Waldemar de Danemark, Jean de Bohême, etc... et des familles aristocratiques envoyaient régulièrement leurs rejetons combattre sous la croix teutonique, comme les Kniprode, les Alner (en Germanie) les Gistel (en Flandre), les Suffolk ou Worwick (en Angleterre), les La Trémoille (en France).
  • Les commandeurs de commanderies locales peuvent aussi lever des mercenaires qu'ils rémunèrent et organisent en lances de trois hommes. Ils combattent presque toujours à cheval. 3 712 mercenaires (sur les 5 751 mercenaires de l'Ordre) participent à la bataille de Grunwald en 1410.
Panorama de la forteresse teutonique de Marienburg (aujourd'hui Malbork)

Organisation territoriale

Plan de la forteresse teutonique de Ragnit
Possessions de l'Ordre teutonique en Europe vers 1300

L'ordre est divisé en provinces qui sont les suivantes, après 1309:

Spiritualité

Bannière de l'État monastique des chevaliers teutoniques

Créé à partir de la croix du Rédempteur, qui est aussi la marque distinctive de l'ordre, sous la protection de la Vierge Marie, de sainte Élisabeth de Thuringe, brillant exemple de service désintéressé pour les personnes nécessiteuses pour l'amour du Christ, et de saint Georges, témoin fidèle et engagé courageux dans la foi chrétienne.

La fondation de l'ordre a été une réponse concrète à la situation critique du lieu et du temps. Depuis son origine, son idéal est de servir, dans un amour désintéressé, les pauvres pour l'amour du Christ. Cette inspiration se révèle être une réponse à un appel de Dieu pour les gens qui sont prêts à céder à des urgences spécifiques à l'imitation du Christ. Pour répondre aux besoins de l'époque ancienne, il lui a aussi été assigné la tâche de protéger la foi chrétienne contre les ennemis du Christ. Le Saint Siège a donné à l'ordre en reconnaissance de son travail, l'exemption, confirmée encore et encore, c'est-à-dire le privilège de subordination directe au Saint Siège de Pierre.

L'ordre déploie aujourd'hui ses activités de bienfaisance dans le soin des malades, des personnes âgées, des pauvres et des nécessiteux dans les formes changeantes de l'action sociale, dans les œuvres d'éducation chrétienne et l'éducation des enfants, des jeunes et des adultes. Son engagement envers le royaume du Christ n'est plus lié à la lutte avec l'épée, mais, selon la saine tradition de l'ordre de la lutte dans le débat intellectuel, à la pastorale des migrations.

Cet objectif, les frères, les sœurs et les familiers s'efforcent de l'atteindre en étroite collaboration. Ils sont donc dans l'imitation du Christ, pour participer à son œuvre rédemptrice.

La croix

Chaque frère se lie dans le signe de la croix pour toujours à l'ordre. La croix noire sur fond blanc est le symbole de la victoire du Christ sur les puissances des ténèbres et la mort. En vertu de ce signe de l'amour de Dieu, ils veulent aider les gens et les amener au Christ.

L’habit

Tannhaüser habillé du manteau blanc des chevaliers teutoniques (Codex Manesse)

L’habit des chevaliers teutoniques était un manteau blanc frappé d’une croix noire. Certaines unités de chevaliers portaient un casque orné pour terrifier leurs rivaux. Les « frères sergents », membres non-nobles de l’ordre, portaient un manteau gris.

Aujourd'hui, les frères prononçant des vœux perpétuels portent la croix sur un manteau blanc, les frères avec des vœux temporaires sur un habit noir.

Hermann von Salza, Grand maître de l'ordre Teutonique (Malbork)

Les chevaliers teutoniques dans les arts

 

30 janvier 2013

les moines dansant....

 

 

 

http://videos.france5.fr/video/iLyROoafYZUm.html


adresse de la video et du reportage....

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Chef opérateur son : L.MALAN - VIA DECOUVERTES Production - www.viadecouvertes.fr" />

 

 

Sur une mappemonde, c'est la plus grande île fluviale de la planète. De visu, Majuli a surtout des allures de bastion assiégé. Plantée au beau milieu du Brahmapoutre, dans l'État indien de l'Assam, elle se présente au voyageur comme une fragile bande de terre, ceinturée de blocs de ciment et de maigres échafaudages en bambou, lignes Maginot dérisoires, censées la protéger des assauts du fleuve.

Depuis qu'un séisme a relevé le niveau des eaux en 1950, les crues emportent à chaque mousson des pans entiers de l'île. À une vitesse alarmante : près des deux tiers de sa surface ont été engloutis. Elle n'est plus aujourd'hui que de 400 km2. En jeu, plus qu'un bout de terre perdu aux confins orientaux de la péninsule indienne.

Car Majuli constitue le berceau d'une tradition religieuse unique en Inde : les satras, des monastères hindous vénérant le dieu Vishnou, et son principal avatar, Krishna. Là vivent les bhakats, des moines paysans et artistes, qui célèbrent leur dieu par le chant, la musique, la danse et le théâtre, dans des drames qui mettent en scène le Mahabharata et le Ramayana, les deux grandes épopées de l'hindouisme.

Apparu sur les rives de Majuli au XVe siècle, l'ordre a été fondé par un poète, musicien et dramaturge, Sankaradeva. L'homme avait compris le pouvoir de l'image, et mis le théâtre et la danse au service de l'éveil spirituel d'une population qui, majoritairement analphabète, n'avait pas accès aux grands textes religieux.

L'île compte aujourd'hui vingt-deux monastères, dont celui d'Uttar Kamalabari, où vivent près de deux cents moines. Tous y sont entrés au seuil de l'enfance, confiés par des parents trop pauvres pour pouvoir les nourrir et les éduquer, mais aussi parfois par des familles plus aisées, qui voyaient là un moyen de s'attirer les bonnes grâces de Vishnou. Les plus jeunes moines sont âgés de 5 ans. A leur arrivée, ils intègrent une sorte de cellule familiale reconstituée, cohabitant sous le même toit avec plusieurs moines de générations différentes. Quand ils atteindront l'âge adulte, ils devront à leur tour s'occuper d'un novice et veiller sur les moines plus âgés qui les ont élevés. Il faut une quinzaine d'années aux novices pour maîtriser les arts enseignés au satra.

À 12 ans, Rajan n'en est déjà plus un. Le corps du garçonnet se plie avec l'élasticité d'un contorsionniste. Chaque jour obéit à un rituel immuable. Après l'école, Rajan s'entraîne, répétant inlassablement des exercices d'assouplissement, travaillant ses pas de danse, les positions de ses mains et de ses jambes, habité par une grande intransigeance perfectionniste. Vêtus de blanc, cheveux longs ramenés en chignon, visage et torse imberbes, les moines cultivent tous une apparence androgyne, dans un saisissant mimétisme avec Krishna, divin musicien traditionnellement représenté sous des traits féminins, qui séduisait les vachères au son de sa flûte.

Au-delà d'une simple ressemblance avec Krishna, l'allure des moines tient aussi à une certaine conception de la foi. Elle repose sur la bhakti, l'amour dévotionnel, qui fait d'eux les épouses du dieu. D'où leur voeu de célibat. Un engagement toutefois moins contraignant que sous les latitudes occidentales. Il ne lie pas les moines à vie, ces derniers étant libres d'y renoncer s'ils souhaitent un jour quitter le monastère et se marier.

Le fondateur de l'ordre, Sankaradeva, avait d'ailleurs lui-même pris une épouse, voyant dans le célibat imposé une exigence par trop difficile. C'est son plus proche disciple, Madhavadeva, qui en fit une règle. Aujourd'hui, deux traditions coexistent sur l'île, celle des satras composés d'hommes célibataires, et celles des satras habités par des familles, dont chaque membre, hommes, femmes et enfants, ont le statut de moine.

Le temps infuse lentement dans le satra d'Uttar Kamalabari, au rythme des travaux des champs, de la pratique artistique quotidienne, et des parties de cricket improvisées entre novices à la tombée du jour. De la musique avant toute chose. Chaque geste, jusqu'au plus trivial, est emprunt d'une grâce devenue une seconde nature dans ces corps façonnés par la danse dès le plus jeune âge, chaque tâche est accompagnée de chants fredonnés presque inconsciemment.

Une profonde quiétude enveloppe l'existence des moines, au demeurant spartiate. Largement autosuffisante, elle repose sur la culture de quelques rizières possédées par le monastère et sur l'exploitation d'un bassin de poissons, assorti de potagers plantés derrière les cellules. Le calme des lieux est à peine troublé par le bruit de quelques postes de télévision ou les sonneries des téléphones portables.

Grand exercice d'équilibrisme en terre monacale : prendre pied dans la modernité, sans rien abdiquer des traditions ancestrales. "J'appartiens à la fois au passé et au présent", résume Jadumoni, accroupi au coin du feu, faisant chauffer le thé tout en jouant avec son téléphone. Pour l'heure, le pari est réussi.

L'art des satras est resté longtemps inconnu hors des frontières de l'Assam. Rattaché à l'Inde depuis 1948, ce bout de territoire enclavé aux frontières de la Chine, de la Birmanie et du Bhoutan, relié au reste du pays seulement par un étroit corridor de terre, est resté un État peu développé, oublié de Delhi, la capitale, pourtant à trois heures de vol seulement. À l'exception de quelques grandes villes comme Guwahati, le chef-lieu, métropole polluée et surpeuplée, à l'urbanisme anarchique et lépreux, l'Assam se déploie en vastes campagnes, tapissées de rizières et de plantations de thé à perte de vue, héritées des Anglais, qui firent de ces contrées lointaines leur grenier à thé au temps de l'empire des Indes.

Depuis quelques années toutefois, les satras, reconnus en 2001 par le gouvernement indien comme les dépositaires de l'un des grands arts du spectacle traditionnel indien, ont vu leur renommée dépasser le cadre de l'Assam et même franchir les mers. Les moines d'Uttar Kamalabari se produisent lors de festivals religieux à travers toute l'Inde, quant ils ne voient pas débarquer des touristes étrangers dans leur monastère.

Pour eux, les bhakats exécutent un aperçu de leur répertoire, le Gayan Bayan, un mélange de danse, de chant, et de percussions. Il est joué traditionnellement en prélude à la représentation des drames, pour enflammer l'audience. Les moines, aux atours d'ordinaire si simples, se muent alors en baladins magnifiques, le temps d'une partition aux accents entêtants, où pas aériens sont combinés aux mudras, un répertoire gestuel complexe, au son des tambours et des cymbales.

Au-delà de ses manifestations artistiques, la portée des satras dépasse le cadre d'un simple dogme religieux. Philosophe humaniste et visionnaire, Sankaradeva développa une doctrine professant le rejet du système de castes, l'égalité entre les hommes, et entre hommes et femmes, la non-violence et la tolérance religieuse. Un programme révolutionnaire pour le XVe siècle, qui reste un exemple édifiant dans le sous-continent indien du XXIe siècle, plus habitué aux violences religieuses et aux poussées de fièvres inter-ethniques.

La doctrine progressiste de Sankaradeva connut une popularité immédiate. Elle parut à l'époque si dangereuse aux souverains Ahom, la dynastie d'origine birmane qui régna sur l'Assam du XIIIe au XIXe siècle, qu'ils l'escamotèrent prestement. Ils récupérèrent le mouvement en finançant la construction de nombreux satras, qui, sous leur patronage, gommèrent les idées subversives de Sankaradeva. Le néo-vishnouisme connut alors un schisme, une branche restant fidèle aux idéaux de Sankaradeva, l'autre renouant avec l'orthodoxie brahmanique, fondée sur le système des castes.

Aujourd'hui encore, ces deux courants coexistent à Majuli. Dans le satra d'Uttar Kamalabari, qui obéit à la doctrine du sage, le namghar, le temple où les moines prient et jouent leurs spectacles, est ouvert à tous, hindous, musulmans, chrétiens, animistes, jusqu'aux parias de la société indienne, les intouchables.

L'Assam compte 665 monastères, mais c'est Majuli qui conserve leur tradition sous sa forme la plus rigoureuse. Lieu saint du vishnouisme, l'île accueille chaque année des dizaines de milliers de pèlerins venus de toute l'Inde. Mais alors qu'elle se réduit comme peau de chagrin, plusieurs satras sont menacés de disparition. Malgré la reconnaissance officielle dont jouissent les monastères, ils restent bien loin des priorités de Delhi.

Au manque de volonté politique se mêle la corruption des édiles locaux, entre les mains desquels se sont évaporés les quelques crédits alloués à la protection des rives de Majuli. Les habitants de l'île, eux, voient avec une impuissance résignée leur île sombrer. Et avec elle, un pan unique de la culture indienne

L'Assam

L'écrivain indien Sanjoy Hazarika a pu définir l'Assam comme "un rêve pour un anthropologue, et un cauchemar pour un administrateur". Plus de trente-cinq ethnies y cohabitent dans un équilibre précaire. Depuis une trentaine d'années, les guérillas indépendantistes prospèrent, leurs revendications identitaires sont attisées par la crainte de voir leur culture disparaître sous la pression d'une immigration massive venue du Bangladesh, attirée par la fertilité des terres.

Vishnou L'une des trois grandes divinités du panthéon hindou, il est le deuxième dieu de la trimurti – la trinité hindoue – avec Brahma, le créateur, et Shiva, le destructeur. Vishnou représente la conservation, les forces par lesquelles se maintient et évolue l'univers. C'est une divinité de vie-mort-renaissance.

 

 

 

 

 

 

 

15 mai 2013

une contre histoire de l'internet

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http://www.tv-replay.fr/redirection/14-05-13/une-contre-histoire-de-l-internet-arte-10545720.html

le lien ci dessus et normalement pour retrouver la video complete dont j'ai mis quelques extraits, sinon allez directement sur le site de arte, tv-replay.fr...........

restons libre

 

22 août 2012

les armes rituel thai....

perso1

 

Un des aspects surprenant du Bouddhisme Thaï est la présence et l'utilisation d'armes "rituelles" ayant été consacrées et parfois même forgées par de Grand Maîtres Bouddhistes. Ces armes sont fabriquées en suivant des règles très strictes et en utilisant divers métaux magiques et techniques élaborées de consécration. On peut les comparer aux Athamés de la tradition occidentale, même si leur champ d'utilisation est différent (mais aussi, voire même plus vaste!)

Parmis les divers Types d'armes "Magiques" on trouve les suivants :

meedh moh LP Phuead
Meedh Moh par le Vénérable LP Phuead

couteau pliant ivoire LP Pern
Meedh Moh pliant, avec manche en ivoire, par le Très Vénérable LP Pern

Meedh Moh LP Kant
Meedh Moh par le Vénérable LP Kant

épée Ajarn Deth
Epée magique gravée et bénie par le Vénérable Ajarn Deth

Phra Karn LP Pern
Phra Karn par le Vénérable LP Pern

épée ganesh
Epée rituelle de Ganesh

1) Meedh Moh (couteau médecin) : couteaux de diverses tailles servant tant en pratique de guérison que pour éloigner les fantômes. Il en existe 10 tailles rituelles dont les mesures exactes sont mentionnées dans des textes sacrés (toute entorse au règle rend le Meedh Moh fabriqué inactif et inutilisable!).

faux meedh moh
Faux "Meedh Moh LP Doem" de fabrication récente 


Rare hache rituelle Kwan Moh

De nos jours il est de plus en plus rare de trouver des Meedh Moh de qualité ayant vraiment été réalisés et bénis dans un Temple, le marché est envahi de copies bas de gamme et n'ayant strictement aucunes vertues Magique, allez donc rechercher avec le mot-clé Meedh Moh sur Ebay et vous verrez de quoi je parle, si vous voulez un "zoli coupe papier Thaï" ce seras parfait et pas cher, mais n'allez pas esperer en faire un quelconque usage magique !

Dans certains cas des Maîtres peuvent fabriquer des Meedh Moh en gravant simplement des incantations sur une lame "ordinaire", cependant ce genre de Meedh Moh bien qu'authentique et utilisable seras toujour inférieur à un Meedh Moh forgé spécifiquement suivant les règles.

autel phra karn
Sur un Autel de rue, dans la campagne Thai, de grands Phra Karn en bois!

2) Phra Karn : couteau à double tranchant, parfois tout en bois, servant à la fois d'armes contre les démons et les sorciers, mais également à tracer des pentacles (dans le cas de Phra Karn de petite taille)

armes en lek nam pee
Dans un Temple de la région de Buriram, série de dagues en acier Magique bleu Lek Nam Pee

3) Epées et couteaux en Lek Nam Pee (acier bleu magique) : servant à la fois de couteaux "ordinaire" mais aussi pouvant permettre de percer les défenses magiques d'une personne portant un tatouage d'invulnérabilité! Le Lek Nam Pee est très rare et précieux, j'ai d'ailleur diverses raisons de penser qu'il pourrais s'agir de rien moin que de l'Orichalque dont parlent les auteurs Grecs classiques!

On peut aussi plus rarement trouver d'autres types d'armes bénies tels que des dagues "Commando" bénies ou des "hachoirs"(et même des haches!). Egalement de nombreuses "armes rituelles" sont de très petite taille et se portent en pendentif ou comme porte-bonheur! Il faut en tout les cas être EXTRÊMEMENT prudent quand on manipule une de ces armes après avoir récité sa prière d'activation, en effet toute blessure donnée ou reçue dans ces conditions ne serai pas guérissable et ne cicatriserai plus jamais! Donc même une lame de meedh moh de quelques centimètres représente une arme potentiellement mortelle...

Voici à titre informatif (pour vous donner une idée de la complexité de la fabrication d'une telle arme Magique) la traduction de la description des étapes de fabrication " d'un "Meedh Moh" réalisé par le Vénérable LP Phuead.


Merci à Simon Guesebroek pour son aide dans la traduction de ce texte.

            Ce couteau magique a été fabriqué conformément aux instructions sacrées de la grande arme tranchante, qu’il s’agisse de l’utilisation de matériaux sacrés utilisés pour le couteau, de la longueur proportionnelle de la lame, des prières inclues dans la poignée, l’écriture des lettres mystiques sur l’étui aussi bien que la procédure rituelle du le serment du Bouddha au travers d’incantations concentrant ainsi davantage sa puissance pour devenir le couteau immortel de la Thaïlande invulnérable.

            Pour élaborer ce couteau magique des sorciers, LP Phuead a pris le temps de rassembler les matériaux sacrés suivants :

1. Lame : LP Phuead a rassemblé différent types de fers magiques, par exemple du fer de Sangkha Wanorn (fer issu de temples tel que provenant de sommet de Pagodes, de verrous de portes de temples, de piquets de métaux comme les bornes marquant la frontière d’un temple Bouddhiste). Ces matériaux on été fondu ensembles pour le forger comme une lame et y inscrire les alphabets et les lettres mystiques selon les instructions. Par conséquent, cette lame de Meedh Moh a une lame constituée d’un métal de couleur assez sombre ; il n’est pas clair comme les métaux récent parce que les différents métaux qui ont étés fondus ensemble lors de la fabrication de cette dague rituelle datent de plusieurs siècles.

2. La proportion de la lame :
Si nous voulons respecter les instructions lors de la création du couteau magique du sorcier, la longueur de la lame doit respecter certaines proportions auspicieuses. La recette des grandes armes tranchantes a définit dix tailles de lames différentes. Une longueur de lame incorrecte pourra occasionner à son propriétaire des pertes de biens, des poursuites judiciaires ou bien de graves maladies.

            Pour ces raisons, LP Phuead a fabriqué cette lame selon les bonnes dimensions et de manière à ce que celle-ci protège les biens de son propriétaire et supprime tous ses ennemis, conformément aux instructions rituelles.

3. Le matériel sacré composant le manche est constitué entre autre :

- des cheveux du Très Vénérable LP Phuead

- de la poussière fine des 108 Bouddha avec laquelle LP Phuead a écrit les alphabets et lettres mystiques, suite à quoi il a remélangé cette poussière ce qui est bon pour assurer un grand pouvoir conférant l’invulnérabilité, la capacité d’échapper au danger ainsi qu’une bonté exemplaire

- des Takut en étain roulé portant les armes aux cinq aspects qui sont les armes des cinq grands dieux parmi les dieux qui sont les suivants : « Wachirawut » utilisé comme arme par Phra Indra, le bâton de Kubera (dieu d’abondance), l’étoffe rouge du géant Arlawaka, les yeux du dieu de la mort et le disque dentelé du dieu Narayana.

- du safran souterrain Rong , un ingrédient magique rare poussant naturellement; il est souvent utilisé pour de la magie noire, par exemple pour remplir des coquilles de porcelaine et réaliser des Bia Geow

- de la poudre de Lek Lai qui est un minéral miraculeux et naturel ; celui utilisé ici provient de grottes dans des forêts tropicales aux environs de Surat Thani. Il a été apporté pour être donné à LP Phuead; il est très rare et rappelle un peu le mercure courant, mais sa couleur est noire, sous forme de morceaux peu résistants et il est luisant et brillant, il a un pouvoir surnaturel et apporte un très bonne protection contre les fantômes et démons.

4. Inscriptions magiques sur une partie du fourreau :
Une fois que la fabrication de ce couteau magique de sorcier fut terminée, LP Phuead a de nouveau lui-même inscrit les lettres mystiques rituelles sur les fourreaux de chaque couteau.

5. Le rituel d’incantation de la représentation du Bouddha :
Quand la fabrication de tous les couteaux magiques de sorcier fut terminée, LP Phuead exécuta l’incantation du serment du Bouddha pendant trois mois en commençant avec des offrandes de tête de cochon et de riz pour les esprits, un ensemble de fournitures permettant de vénérer les LP Kham du Wat Khau Laew, LP Doem du Wat Nong Pho et LP Sawai du Wat Jampa, (ce sont les Maitres qui on appris a LP Phuead a réaliser les Meedh Moh).
Après cela, LP Phuead pria et fit une incantation quotidienne de 4 heures du matin jusqu’à l’heure de l’offrande de nourriture du matin et de 22 heures jusqu’à minuit et ce pendant trois mois.

            Grâce à l’invocation par LP Phuead des armes aux cinq aspects, son potentiel magique et sa capacité face à la magie noire, quiconque possèdera ce couteau magique, arme céleste des sorciers mènera, une vie heureuse et prospère et sera protégé de tout danger. Porter ce couteau magique pour supprimer les ennemis et les voleurs ou entrer au combat dans une guerre, empêchera n’importe quelle autre arme de vous blesser et pourra guérir des enchantements et malices de toutes sorte, protégera contre les fantômes et esprits malins. Les instructions disent aussi que se rendre armé du couteau magique dans un endroit où se trouvent des fantômes ou des démons les fera fuir au loin car ils prendront peur à la vue de celui-ci.

La grande puissance du couteau des sorciers, arme céleste, ses pouvoirs :

1.   Pour vous protéger contre la magie noire, les fantômes, les démons, les mauvais esprits qui fuiront tous à la vue du couteau.

2.   Pour se protéger soi-même contre ses ennemis, être d’une grande puissance, d’une admirable bonté et capable d’échapper au danger.

3.   Pour empêcher les fantômes et les démons d’entrer ou de rester dans une personne.

4.   Pour invoquer et fabriquer de l’eau bénie Nam Mön et guérir des enchantements.

5.   Pour se protéger des mauvais esprits qui viendraient vous déranger pendant votre sommeil et dans divers lieux ainsi que se protéger contre les mauvais rêves et ne plus être effrayé.

6.  Le conserver sur son Autel à la maison protège du feu et des voleurs; en l’invoquant avant d’aller se coucher, vous percevrez à l’avance tout danger pouvant arriver.

7.   Pour se protéger des animaux venimeux, ainsi que de divers animaux avec des crocs.

8.   En voyage, en passant la nuit dans un lieu quelconque, vous devrez vous excusez auprès du dieu de la terre, et ensuite utiliser la pointe du couteau magique afin de tracer un cercle autour de vous afin de ne pas être dérangé par diverses fourmis et reptiles et se protéger contre les fantômes et les démons.

9.   En cas d’herpès, de furoncles ou de pustules, de douleur et de souffrance, vous utiliserez la pointe de votre couteau magique des sorciers afin de tracer un léger cercle autour de la plaie et visualiser LP Phuead tout en soufflant sur la blessure. Si la plaie venait juste d’apparaître, elle déclinera et guérira. Si la plaie est plus sérieuse et a commencé à suppurer, vous devez tenir le couteau magique des sorciers à la verticale au dessus de la plaie tout en retenant votre respiration et ensuite ouvrir le sommet de la plaie, puis faire une incision en allant d’avant en arrière tout en visualisant LP Phuead, souffler sur la plaie, le furoncle aura disparu d’ici sept jours.

10. Lorsque de la magie noire vous fait du mal et fait grossir votre corps, vous devrez alors prendre le couteau magique des sorcier pour faire de l’eau bénie Nam Mön et penser aux mérites de LP Phuead et ensuite boire cette eau et utiliser la pointe du couteau pour chasser le mal; si il s’agît de magie noire, le mal se déplacera pour échapper à la pointe du couteau magique des sorciers, vous devrez donc le pourchasser de la même manière jusqu’au bout des pieds et des mains et la magie noire s’en ira. S’il ne se passe rien, cela signifie que ce n’est pas un cas de magie noire mais qu’il s’agît d’une augmentation de poids normale.

 Restrictions de l’utilisation du couteau magique

 1.   Il est interdit d’utiliser le couteau magique pour tuer des animaux ou provoquer de la souffrance.

2.   Il est interdit de commettre l’adultère et il est totalement interdit de dire du mal de ses parents.

Les armes rituelles Thaîlandaise peuvent s'apparenter aux athame occidentaux. Leurs utilisations sont liées aux rites de sorcellerie. Mais c'est là son seul rapport, car il est impensable et surtout totalement interdit de tuer et de provoquer quelques souffrances que ce soit avec un athame Thaïlandais.

On l'utilise pour tracer des cercles, des pentacles, pour assainir un lieu. Pour éloigner les mauvais esprits ou combattre des démons.

Il est aussi possible de guérir des maladies ou des blessures liées à un sortilège.

Il y a de nos jours très peut de maîtres Thaïlandais sachant créer, selon les règles, des Meedh Moh. Ceux qui vous sont présentés ici font partie des derniers exemplaires d'armes rituelles créés par des Vénérables, qui sont ou étaient reconnus pour avoir cette connaissance.

Meedh Moh de LP Pern
Meedh Moh créé par Luang Phor Pern
On peux voir de nombreux Yan et caractères Thailandais tracés de la main de LP Pern sur le manche et sur les deux côtés de la lame.
Objet rare et maintenant introuvable.

Pakhan de LP Pern
Pakhan de LP Pern Pakhan de LP Pern Pakhan de LP Pern
Pakhan créé par Luang Phor Pern
Le manche sculpté et le fourreau sont fait de "Mai Ma Kram". Ce bois provient d'un arbre magique vénéré par les habitants
Meedh Moh de LP Pern
Meedh Moh de LP Pern Meedh Moh de LP Pern Meedh Moh de LP Pern
 
YanLe Lek Nam Pee (Lek Namphi) est un métal brut très rare et précieux de couleur bleuté. Si rare qu'il est exclusivement réservé au Roi de Thaïlande et à quelques grands Maîtres Thaïe. Il est totalement impossible (voir interdit) de s'en procurer en dehors de ces 2 "filières"

La raison de cette exclusivité est que le Lek Nam Pee est le seul métal qui peux passer au travers des protections magique, de quelques nature et de quelque puissance qu'elles soient. Et inversement, protège de toute force magique. Il est dit qu'une blessure, provoqué avec une lame en Lek Nam Pee, ne guéri jamais, et aussi bénine soit-elle peut finir par entrainer la mort.
Le sabre a été acquis auprès d'un des forgerons travaillant à la fonderie royale d'Utharadit.

Pour infos, un de mes amis, a fait un curieux rapprochement entre le Lek Nam Pee, et le légendaire et mystérieux métal des Atlantes qu'est l'Orichalque dont parlais les Grecques de l'Antiquité ! Sans doute une idée à approfondire...
Sabre en Lek Nam Pee
Sabre en Lek Nam Pee Sabre en Lek Nam Pee Sabre en Lek Nam Pee
Sabre avec lame en Lek Nam Pee.
Sabre de 413 mm. La lame fait 230 mm de long

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

13 août 2012

l'extremisme des bonnes causes....

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John Brown (né le 9 mai 1800 à Torrington dans l'État du Connecticut aux États-Unis et pendu le 2 décembre 1859 à Charles Town, Virginie (maintenant en Virginie-Occidentale), était un abolitionniste, qui en appela à l'insurrection armée pour abolir l'esclavage. Il est l'auteur du massacre de Pottawatomie en 1856 au Kansas et d'une tentative d'insurrection sanglante à Harpers Ferry en 1859 qui se termina par son arrestation, sa condamnation à mort pour trahison contre l'Etat de Virginie et sa pendaison.

Le président Abraham Lincoln le décrivit comme un « fanatique ». L'activisme sanglant de John Brown, son raid sur Harpers Ferry et son issue tragique sont parmi les causes de la guerre civile américaine. Personnalité contemporaine et historique très controversée, John Brown est ainsi décrit à la fois comme un martyr ou un terroriste, un visionnaire ou un fanatique, un zélote ou un humaniste

La chanson John Brown's Body (titre original de Battle Hymn of the Republic) devint un hymne nordiste durant la guerre de Sécession.

 

Genèse d'un engagement

Fils d'un calviniste, à l'âge de douze ans, il est amené à parcourir le Michigan, où il séjournera chez un homme qui possédait un esclave. Il assiste aux violences qu'on fait subir à l'esclave noir ; ces scènes fondent son engagement, autant que les convictions de son père.

Il était par ailleurs, un temps, franc-maçon, association qu'il quitte ensuite. En 1837, après l'assassinat d'un de ses amis, directeur d'un journal abolitionniste, Brown se donne pour mission d'éradiquer l'esclavage.

Brown est entrepreneur de métier, mais il rencontre de grosses difficultés professionnelles et fait faillite plus de vingt fois dans six États différents. Il est criblé de dettes mais pense être l'envoyé de Dieu sur Terre.

L'activisme abolitionniste

En 1847, il rencontre Frederick Douglass, ancien esclave noir devenu orateur et homme d'État (il brigua la vice-présidence des États-Unis). Il s'installe en 1849 dans une communauté noire de l'État de New York.

Son action devient plus violente à partir de 1855 : aidé de cinq de ses fils, il part dans le Kansas. Il est aidé pour cela, financièrement, par de nombreux abolitionnistes. Il rencontre le philosophe Henry David Thoreau qui lui voue, par la suite, une admiration sans bornes et qui prend une part active contre l'esclavage (nombreuses conférences et aide aux fugitifs).

En 1856, à Pottawatomie Creek, ils massacrent cinq colons esclavagistes à coups de sabre au motif qu'ils sont pour lui les « légions de Satan ». Lors de la bataille d'Osawatomie, au Kansas, il défendit le village contre 400 hommes armés.

Quelques années plus tard, en 1859, John Brown projette de provoquer un soulèvement d'esclaves : avec l'aide de quelques partisans, il s’empare d’un arsenal fédéral en Virginie pour lancer l’insurrection (16 octobre 1859). La révolte tourne au désastre : aucun esclave ne le rejoint et Brown est grièvement blessé de plusieurs balles, deux de ses fils sont tués. Il est arrêté et jugé pour trahison, condamné et pendu le 2 décembre 1859.

Il deviendra un symbole de la lutte pour l’abolition de l’esclavage. La bataille d'Osawatomie lui vaudra une statue dans la ville, et le nom sera repris par le Weather Underground dans les années 1970 pour son journal.

Réactions

Les Marines attaquant l'arsenal tenu par John Brown lors de son raid à Harper's Ferry, gravure publié dans le Harper's Weekly en novembre 1859.

Victor Hugo, depuis son exil à Guernesey, tentera d’obtenir sa grâce : il adressera une lettre ouverte qui paraîtra dans la presse européenne et américaine (cf. Actes et paroles - Pendant l'exil 1859). Ce texte, qui annonce comme une prémonition la guerre civile, vaudra au poète bien des critiques aux États-Unis.

« [...] Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire.

Au point de vue moral, il semble qu’une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la Délivrance par la Liberté. [...]

Oui, que l’Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c’est Washington tuant Spartacus. »

— Victor Hugo, Hauteville-House, 2 décembre 1859

Henry David Thoreau écrivit un long Plaidoyer pour John Brown et prononça un éloge funèbre, lors d'un office à Concord, le 2 décembre 1859, date de son exécution.

Le futur président Abraham Lincoln, dans un contexte tendu (le pays est alors au bord de la guerre de sécession), quoique abolitionniste comme Brown, ne s’opposera pas à l’exécution et prendra même ses distances avec l’action de ce dernier, dont il condamnera la violence.

Le symbole

The Last Moments of John Brown, par Thomas Hovenden

La condamnation à mort de John Brown fournit à la cause abolitionniste un martyr auquel se rallier. Dorénavant, celui-ci deviendra la référence de son combat, et inspirera une chanson qui deviendra l'hymne de la cause chez tous les abolitionnistes de l'Union :

John Brown's body lies a-mold'ring in the grave
His soul goes marching on
(Le corps de John Brown gît dans la tombe.
Son âme, elle, marche parmi nous.)

 

 

 

 

 

 

 

24 avril 2013

voyage astral....

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Le voyage astral est une expression de l'ésotérisme qui désigne l'impression que l'esprit se dissocie du corps physique pour vivre une existence autonome et explorer librement l'espace environnant. Il existe plusieurs synonymes de cette expression incluant « décorporation », « dédoublement astral », « excursion psychique », « expérience hors du corps » (EHC),« projection astrale », « projection du corps astral », « sortie hors du corps » (SHC), « transe ecsomatique », « voyage hors du corps », « sortie astrale » et « voyage astral ». L'expression d'expérience de hors-corps est plus récente et relève davantage de la médecine et la psychologie.

L'expression est liée à la croyance des occultistes en un corps astral et en un plan astral. L'expérience se produirait en diverses occasions : à l'approche de la mort, au cours d'une méditation, lorsque le corps est dans un état de relaxation avancé, lors du sommeil profond, sous l'emprise de drogues hallucinogènes. Il n'existe pas de preuve acceptée par la communauté scientifique quant à la possibilité d'un « voyage astral » mais ce concept est utilisé dans certaines œuvres de science-fiction ou fantastiques ou dans des « fictions ésotériques » (comme dans les ouvrages de Lobsang Rampa) ou ceux d'Anne Givaudan et Daniel Meurois.

 

Introduction et définitions

Ondistingue le voyage astral de l'autoscopie. Dans l'autoscopie, la personne verrait son double depuis son corps physique, à l'extérieur d'elle-même, alors que dans un voyage astral, la personne a la sensation de voir son corps physique depuis l'extérieur de celui-ci. Des descriptions de ces sensations sont perçues dans l'occultisme, dans la magie ou le chamanisme. Elles sont connues des milieux ésotériques, dans le mouvement hippie (les drogues pouvant induire la sensation) et étudiée par la métapsychique et la parapsychologie. Elles furent d'abord connues sous les noms de « bilocation », de « translation » puis de « dédoublement » ou de « décorporation ».

Actuellement, elles sont étudiées par plusieurs communautés et associations qui considèrent qu'elles procèdent d'un phénomène réel de sortie du corps physique. Les récentes recherches médicales donnent plutôt une explication neurologique à cette sensation. D'après une étude datant de 2005, environ 10 % de la population aurait expérimenté dans sa vie une telle sensation de sortie du corps.

Histoire

Un passage du Dao De Jing (Voie de l'harmonie) est parfois cité comme une description du voyage astral (ou d'une extase chamanique). Le Moyen Âge occidental chrétien s'est davantage intéressé aux bilocations, une forme du voyage astral. dans lequel un individu aurait été vu en même temps en des endroits différents. Les historiens citent les noms suivants : Antoine de Padoue (1195-1231), François-Xavier (1506-1552), Philippe Neri (1515-1595), Jean de la Croix (1542-1591), Joseph de Copertino (1603-1663), Alphonse de Liguori (1696-1787), Padre Pio. Alphonse de Liguori a affirmé être allé assister à Rome le pape Clément XIV sur son lit de mort (1774), alors qu'il est resté au palais épiscopal. Hélène Renard note une différence entre bilocation et état hors du corps : dans la bilocation, les témoins disent avoir touché, entendu le mystique dédoublé, avoir dialogué avec lui, alors que dans l'état hors du corps, le sujet dédoublé ne se fait ni voir ni entendre, il ne communique pas, et il ne peut agir, déplacer les objets. L'extériorisation de la sensibilité et le dédoublement ont été étudiés à l'époque du magnétisme animal par Pelletier, Hector Durville, le docteur Sicard et le docteur Luys notamment. Ces expériences ont été confirmées par Gurney, Myers, de la Psychic Research Society (Londres), par Lancelin, et par Camille Flammarion, qui ont recueilli plus d'un millier d'observations tendant à confirmer les sensations.

Ernest Hemingway, blessé d'un éclat d'obus au cours de la Seconde Guerre mondiale, a eu l'impression de quitter son corps : « Mon âme ou quelque chose qui sortait de mon corps comme quand vous tirez un mouchoir de soie de votre poche, mon âme, donc, se déploya autour de moi, puis revint et réintégra mon corps, mais je n'étais pas mort ». La première expérience de voyage astral contrôlée scientifiquement a été conduite par Charles Tart, de l'université de Californie. Mme Z. devait lire ce qui était inscrit sur une feuille de papier et l'heure affichée sur une horloge, objets qu'elle ne pouvait atteindre, alors qu'elle se trouvait en sortie astrale. Expérience réussie, et attestée par le fait que l'électroencéphalogramme enregistre à l'heure vue par Mme Z. diverses anomalies.

Robert Monroe dit avoir trouvé des témoignages très anciens de ce phénomène dans le christianisme : Ecclésiaste, 12:6-7 : la corde d'argent ; Ezéchiel, 3:14 : « L'esprit m'enleva et me prit » ; Deuxième épître aux Corinthiens 12:2-4 : « Cet homme-là fut ravi jusqu'au troisième ciel ». ; Apocalypse de Jean 1:10 : « Je tombai en extase ». Surtout, Robert Monroe, qui dit avoir réalisé plus de 600 voyages astraux, a donné diverses techniques pour y arriver. L'une consiste à se relaxer, puis à inhiber les sens, puis à concentrer sur l'emplacement du troisième œil (entre les sourcils), puis à projeter vers le haut deux rayons lumineux qui partent des yeux pour se rejoindre à un point situé à trente centimètres, enfin à imaginer le point visualisé comme s'il était soumis à une pression et qu'il était projeté en arrière jusqu'à ce qu'il tombe sur le sol. Jeanne Guesné a laissé de nombreux témoignages sur ses dédoublements volontaires.

Synthèse des témoignages

Les auteurs et « projecteurs » (un nom parfois donné à ceux qui disent vivre une « projection astrale » ou « voyage astral ») relatent que les expériences de sensations extra-corporelles sont limitées dans le temps et ne durent généralement pas plus de quelques dizaines de minutes ou, au maximum, quelques heures. Selon ces personnes, le temps lors de ce voyage astral diffère du temps dans la réalité. Cependant, Robert Monroe, quant à lui, notait des voyages d'une durée de moins de 10 minutes à plus d'une demi-heure.

Conceptions

Il existe trois approches différentes se partagent les explications du phénomène des sensations de « sortie du corps » dont l'approche ésotérique, l'approche parapsychologique et l'approche scientifique.

Approche ésotérique

Selon le taoïsme, le bouddhisme, la théosophie, en Égypte, ou encore chez Platon, il existerait plusieurs corps dont les plus connus sont le corps éthérique et le corps astral qui pourraient se détacher du corps physique. Le corps énergétique/éthérique bioénergétique serait constamment lié au corps physique duquel il serait entièrement dépendant. Les organes du corps énergétique sont connus, dans la tradition yogique, sous le nom de « chakras ». Le corps énergétique/éthérique entrerait, pendant la relaxation, transe, ou sommeil, en expansion, afin de s'énergiser. En temps normal, il resterait contracté. Son expansion semble être nécessaire pour que puisse intervenir une expérience de sortie hors du corps, ce qui explique l'utilisation des techniques de transe et relaxation.

L'astral est un terme qui désigne, chez les occultistes (Helena Blavatsky, Papus, Rudolf Steiner) des plans de conscience non physiques, mais aussi un des corps subtils de l'homme. Des mouvements comme la théosophie séparent l'astral en sept niveaux, alors que certains bouddhistes en font état de 31. La majorité des auteurs distinguent de nombreux plans et sous-plans, comme le bas-astral, moyen-astral, et haut-astral. Ces notions sont non scientifiques et relèvent de la subjectivité des expérimentateurs. Plus le plan de conscience serait élevé, moins il serait « dense » et plus il serait « lumineux ». Par ailleurs, il semble que l'expérimentateur se retrouve dans le milieu lui convenant le mieux, parfois même entraîné par des entités. Les entités que les principaux auteurs sur la projection disent rencontrer sont de natures très diverses. Selon les auteurs plus ésotériques (dans la Wicca par exemple) Il existerait une « faune astrale », composée de nombreux organismes aux formes variées, qui se nourrissent d'énergie comme le suggère également Carlos Castadena. Il y aurait également des « negs » (entités négatives) plus ou moins intelligentes, qui elles tentent de se nourrir de l'énergie de l'esprit. Selon certaines croyances, le danger serait plus grand une fois le corps astral détaché du corps physique. Il est dit que l'on peut rencontrer d'autres entités nous ressemblant dans d'autres mondes, et parfois des entités plus évoluées ou protectrices comme le relatent les expériences de mort imminentes. Ces informations sont données par les auteurs sur la projection, la majorité des scientifiques considérant ces phénomènes comme hallucinatoires ou oniriques.

Approche parapsychologique

La théorie défendue par les milieux ésotériques ou occultes se base sur la croyance en l'esprit. Lorsque nous dormons l'esprit ou l'âme sortirait du corps physique et irait dans l'astral, les rêves étant la création d'un monde de formes-pensées où l'âme visite un plan astral qu'il a conçu ou pas. Un certain état d'esprit et de détente (méditation), permettrait à la conscience de rester éveillée et ainsi de sortir du corps matériel lors d'un sommeil paradoxal. On appelle cela une transe. Ainsi, le corps astral pourrait se promener comme bon lui semble jusqu'à ce qu'il retourne, volontairement ou non au corps physique. Selon l'après-vie, de Hélène Renard, ou selon d'autres auteurs plus ésotériques comme Silver Raven Wolf, les sorties hors du corps peuvent intervenir sous diverses conditions ; par exemple lors d'une intervention chirurgicale, lors d'une émotion ou stress intense, ou lors d'états modifiés de conscience spécifiques (transes chamaniques ou transes des derviches tourneurs par exemple).

Différents niveaux de conscience peuvent être observés :

  • Niveau de conscience aussi élevé ou plus élevé que lors d'un état de conscience normal (veille). C'est le cas lors de projections volontairement induites depuis une transe (sans qu'il n'y ait d'interruption de conscience), ou lors de certaines NDE.
  • Projection en semi-conscience. Elle peut être induite pendant le sommeil (depuis un rêve lucide par exemple), et elle présente des interruptions de conscience au moment de la sortie ou de la réintégration. Les projections semi-conscientes sont les plus fréquentes. Lorsque le niveau de conscience est très bas, l'expérimentateur se souvient juste, au réveil, qu'il est sorti de son corps, mais sans plus de précisions. Avec l'entraînement, le niveau de conscience lors des projections peut être considérablement augmenté.

Ces sensations liées à un état favorable à la PA sont les « symptômes » les plus fréquemment notés, lors de l'état d'un état de conscience modifié favorable au voyage astral se retrouvent dans plusieurs ouvrages traitant sur le sujet, par exemple le livre de William Buhlman : Voyages au-delà du corps ou encore Journey's Out of the Body de Robert A. Monroe :

  • Bourdonnement ou rugissement,
  • Sensations inhabituelles de fourmillement ou d'énergie s'irradiant depuis la nuque ou apparaissant progressivement sur le corps tout entier,
  • Des voix, des rires, ou bien des appels,
  • Sensation d'apesanteur ou légèreté,
  • Toute vibration interne sortant de la norme,
  • Sensation d'énergie semblable à un courant électrique,
  • Un balancement, tournoiement, sensation de vertige léger,
  • Bras ou jambes qui semblent s'élever,
  • Afflux soudain d'énergie à travers le corps,
  • Tout bruit sortant de l'ordinaire, vent, moteur, musique, cloches, ...
  • Impression de rater une marche à l'endormissement ou au réveil (signe d'un déphasage et retour brusque du corps astral dans le corps physique) Cette forte secousse est dite « hypnique ». Elle est souvent associée à une sensation de chute dans un trou,
  • Impression que le rythme cardiaque s'accélère considérablement sans que ce ne soit le cas.

Ces symptômes seraient le signe d'un état favorable à une décorporation. Le sujet aurait alors la possibilité de faire un voyage astral plus ou moins conscient.

Les auteurs et projecteurs ont développé de nombreuses méthodes afin de produire le voyage astral. Il faudrait d'abord un état modifié de conscience passant par la méditation, appelée la condition A (relaxation), puis une transe légère dans laquelle on pourrait percevoir des sons étranges et des visions. Ensuite, surviendrait une transe profonde où l'on perdrait l'usage de son corps entier tout en restant conscient. Enfin, apparaîtrait un état vibratoire plus ou moins aigu. Une action mentale (fort désir, volonté de sortir de son corps...), après avoir dépassé ses limites de peur (peur de l'inconnu, peur de mourir, peur de la possession, peur de ne pas pouvoir réintégrer son corps, ...) et qui s'articulent, en général, autour de ces éléments : Tous ces éléments seraient très semblables à la marche à suivre pour provoquer un rêve lucide par le biais d'un endormissement conscient, le rêve lucide dont l'existence, contrairement à la projection astrale, est prouvée scientifiquement.

  • Visualisation
    Exemples : visualiser son double et y déplacer sa conscience ou encore : visualiser un endroit, un lieu, une personne, et y déplacer sa conscience. Techniques de la "cible".
  • Auto-suggestion
    Exemples : se répéter en journée et avant de s'endormir que l'on va sortir de son corps.
  • Induction à partir du rêve lucide
    Exemples : prise de lucidité dans un rêve et on se jette sur le ventre ce qui stoppe le rêve et provoque une sortie. Induire une sortie depuis un rêve lucide est une très bonne technique pour le débutant.
  • Utilisation des vibrations
    Le phénomène vibratoire peut être amplifié et permettre une sortie. Puis appliquer une pression directe sur le corps astral
    Exemples : pousser vers le haut, se sentir s'élever, rouler sur le côté, imaginer une corde et y grimper, etc..
  • Utilisation de programmes d'ondes cérébrales
    Développés par l'Institut Monroe, les Brainwaves permettent la modification des ondes cérébrales. Les Brainwaves peuvent favoriser le phénomène de PA. Le processus équilibre l'activité du cerveau et centre la force cérébrale au milieu de celui-ci, les deux hémisphères intervenant à parts égales. Par ailleurs, c'est de cette manière que l'explique D.J. Conway : Lorsque les ondes cérébrales de l'hémisphère droit oscillent entre le niveau alpha et thêta surviennent généralement les expériences d'altération de conscience(entre Alpha : 4 à 13 cycles secondes et thêta : 4 à 7 cycles secondes) le cerveau est semi-conscient, semi-endormi, sachant que les ondes cérébrales de sommeil atteignent un très bas niveau (Delta : 0.5 à 3.).
  • Par l'hypnose ou magnétisme
    Il est possible d'induire, par l'hypnose ou le magnétisme, l'extériorisation de la conscience.
  • Par méditation
    À l'aide de la méditation qui relaxe le corps et la pensée, la transe peut être activée. Il s'agit alors de ne pas penser ni bouger. Si l'environnement est favorable (calme, sans interaction avec l'expérimentateur), certaines conditions favorables apparaissent comme un cillement dans l'oreille, puis un bourdonnement intense qui parcourt le corps. Ces conditions peuvent alors être poussées au maximum par l'autosuggestion et l'hypnose ou autres méthodes.
  • Par l'usage de drogues hallucinogènes
    Comme le LSA, le LSD ou Stilnox, qui bien que ne garantissant pas une expérience de dissociation durant le « trip », est le moyen le plus simple pour vivre une expérience de ce type.

D'après Robert Monroe, la fin d'un voyage astral peut aussi être causée par un manque d'énergie. Dans ce cas, une des techniques pour éviter de sombrer dans l'inconscience est de regarder sa main ou bras astral et d'« aspirer » l'énergie de son « corps énergétique » ou physique.

Approche scientifique

À l'heure actuelle, la recherche scientifique suggère que ces sensations sont liées à un dysfonctionnement de la jonction temporo-pariétale. Plusieurs personnes affirment avoir flotté au-dessus de leur corps après un accident (c'est l'expérience de mort imminente) ou lors d'un voyage astral. Des chercheurs suisses pensent avoir trouvé une explication très rationnelle à ce phénomène. Selon les neurologues Olaf Blanke et Margitta Seeck, les expériences de mort imminente (EMI) proviendraient de perturbations d'un processus complexe de coordination, qu'ils localisent maintenant dans le cerveau. Pour eux, la représentation corporelle est troublée lorsqu'on stimule électriquement la jonction temporo-pariétale du cerveau. À ce moment, le cerveau génère une image délocalisée, comme projetée sous le corps, en face de lui ou derrière lui. Dans les deux premiers cas, les personnes reconnaissent encore leur propre image. Toutefois, dans le dernier, ils ressentent une présence autre, parfois sombre et menaçante. Ces observations ont été réalisées par hasard pendant que les scientifiques stimulaient électriquement des zones clés du cerveau afin d'ôter des parties du cortex responsables de formes sévères d'épilepsie. Les chercheurs travaillent au département de neurosciences cliniques de la Faculté de médecine de l'Université de Genève (UNIGE) et à l'Institut des neurosciences de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Des psychologues s'étant intéressés au rêve lucide, comme Stephen LaBerge, Paul Tholey ou Susan Blackmore affirment que les projections astrales sont des rêves lucides et que les sensations de sortie du corps (que l'on retrouve lors de la pratique de certaines méthodes d'induction de rêves lucides) seraient d'ordre onirique et ne présumeraient pas de la sortie réelle d'un autre corps depuis le corps physique.

Conséquences et effets

Les souvenirs de ces expériences demeurent longtemps vivaces, mais sont parfois volontairement refoulés. De nombreuses personnes font état, après de telles sensations, d'un intérêt accru pour la spiritualité, la philosophie, les sciences, la psychologie, ainsi qu'une diminution de la peur de la mort.

Les drogues (narcotiques, électuaires, entheogene, LSD, etc.) et produits psychédéliques permettraient d'augmenter l'illusion d'un voyage astral, on les retrouve d'ailleurs dans le chamanisme amazonien (ayahuasca). La kétamine, plus particulièrement, a la réputation de provoquer des « sorties du corps ». Cependant, tous les auteurs sur la projection déconseillent leur consommation : en effet, l'expérimentateur en général, ne contrôle plus le phénomène (risque d'un bad trip, ou épisode délirant). Le voyage astral induit sans drogues est donc bien plus avantageux, l'expérimentateur est alors en pleine possession de ses moyens. En revanche, l'usage de sons (Hemi-Sync de Monroe par exemple), de parfums et d'ambiances colorées, ionisées (Yram) peuvent être des auxiliaires sans effets néfastes.

Médias

Science-fiction

De nombreux personnages de science-fiction sont capables de voyage astral. Dans le comic Les X-Men, tous les télépathes peuvent se projeter (et combattre) sur le plan astral. Dans le livre Les Thanatonautes de Bernard Werber qui parle de la découverte du continent des morts, les explorateurs (ou thanatonautes) utilisent des techniques médicales d'anesthésie ou la méditation pour provoquer une décorporation (ou voyage astral) et voyager à la découverte du paradis.

Dans l'épisode Corps astral de la troisième saison de The X-Files, un homme-tronc se sert d'une technique asiatique d'auto hypnose pour projeter son corps astral, pleinement membré. Dans Inception, film avec Leonardo DiCaprio et Marion Cotillard, les personnages se relient à une machine et font des rêves conscient et des rêves partagés à plusieurs (de même que dans le livre les thanatonautes). Les problématiques des projections astrales, des problèmes du subconscient non résolus, du temps relatif, du retour etc sont abordées. Dans le film Insidious de James Wan, Projection astral de Patrick Wilson pour rejoindre son fils dans « l'autre monde ». Dans la série américaine Charmed, l'aînée des trois sœurs, Prue, peut projeter son corps astral où et quand elle le désire.

Dans le manga Ghost Hound, série animée du studio Production I.G, d'après un concept de Shirow Masamune, les trois personnages principaux Taro, Makoto et Masayuki, font régulièrement des expériences de voyage astral. Dans la série de bandes dessinées Les Aventures d'Alef-Thau, de Jodorowski, certains personnages ont le pouvoir d'effectuer une projection astrale de leur corps. Dans le dessin animé Avatar, le dernier maître de l'air, Aang et les autres avatars ont la capacité d'entrer dans le monde des esprits grâce à une projection astrale.

Musique

L'auteur et compositeur français de musique électronique Marboss affirme avoir composé une musique lors d'un rêve lucide qu'il a aussitôt enregistrée au réveil. Le titre porte d'ailleurs le nom de Astral Projection dans son album electrotherapies. Une vidéo illustrant cette musique a été réalisé par la suite par l'américain Mark Machamer. Astral Projection est également un groupe produisant de la Trance Goa.

10 janvier 2013

le bohémian club.............

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Bohemian Club

Le Bohemian Club, créé en 1872 par cinq journalistes du San Francisco Examiner (qui en furent exclus par la suite) et situé à San Francisco en Californie, est l'un des clubs les plus fermés du monde. Véritable club néo-conservateur de l'élite et des personnes d'influence, il regroupe quelque 2 000 membres (uniquement des hommes, pour la plupart des Américains, mais aussi quelques Européens et Asiatiques) qui se réunissent tous les ans lors des deux dernières semaines du mois de juillet au Bohemian Grove. La cotisation est de 25 000 $ et la liste d'attente est de 21 ans au minimum. Le nom du club est inspiré du mouvement culturel « Bohème ».

 

Le Bohemian Grove

Le Bohemian Grove est une propriété privée de 11 km² appartenant au club, située à Monte Rio en Californie. Les membres du club s'y réunissent chaque année, les deux dernières semaines de juillet.

La Cremation of care

Lors de l'été 2000, le théoricien du complot Alex Jones aurait infiltré le Bohemian Grove et filmé la cérémonie pour réaliser son documentaire Dark secrets inside Bohemian Grove. Le reportage montre que des cérémonies païennes d'inspiration druidique s'y dérouleraient. La cérémonie du Cremation of care, qui ouvre les deux semaines annuelles de séminaire au Bohemian Grove reprend des rites druidiques et babyloniens au bord d'un lac artificiel et au pied d'une statue de hibou en ciment de 12 mètres (le hibou est le symbole du club, que l'on retrouve sur son logo). Durant la cérémonie, des haut-parleurs sont posés à côté du hibou, donnant l'illusion qu'il parle, agissant ainsi en tant que maître de cérémonie. La voix enregistrée de l'ancien-journaliste Walter Cronkite, un membre du Bohemian Club, est utilisée comme voix du hibou pendant la cérémonie. Les parties du manuscrit peuvent contenir des allusions aux prisonniers prétendus des druides représentant les tribus ennemies. À la fin de la cérémonie, une barque contenant un cercueil dérive jusqu'au pied du hibou. Le cercueil contient une effigie d'enfant, qui est alors brûlée sur un bûcher. L'incinération symbolise la disparition des soucis pour les membres du club.

Références notables au Bohemian Club

Le 26 octobre 2007, à Minneapolis, Bill Clinton fut abordé durant un discours par un homme prétendant que les attentats du 11 septembre étaient une imposture et mentionnant le Bohemian Club. Clinton infirma l'imposture du 11 septembre mais ajouta sarcastiquement « Avez-vous dit le Bohemian Club ? C'est là que tous ces riches républicains vont et posent nus devant des arbres, pas vrai ? Je n'ai jamais été au Bohemian Club mais vous devriez. Cela vous ferait du bien, vous y prendriez du bon air. »
La personne fut escortée dehors par la sécurité durant la remarque de Clinton.

Analyses

Le sociologue G. William Domhoff pense que le Bohemian Club fait partie d'une culture de cohésion de la classe sociale dominante américaine. Il dénie toute intention complotiste au BC, expliquant que ce club n'est là que pour le délassement des élites et leur cohésion

Le Bohemian Club (Bohemian Grove)

 

Chouette Molech, Moloch au Bohemian Club
 

 

Le Bohemian Club est situé au 20601 Bohemian Avenue à Monte Rio dans un vaste domaine de 1500 hectares de nature sauvage, de forêts de séquoias et de lacs en Californie.


Tous les juillets le Bohemian Club organise un meeting où les personnes les plus puissantes du monde se rencontrent pendant 2 semaines. Ils se réunissent pour parler du monde, faire des rituels satanique, des sacrifices, des orgies et beaucoup d'autres choses bizarre que les chefs du monde devraient se dispenser de faire du fait de leur statuts et importance qu'ils ont dans la société.

Le Bohemian Club à été fondé en 1872 par 5 journalistes du San Francisco Examiner et c'est l'un des club les plus fermés au monde. Pour plusieurs années, les membres du club se réunissaient dans ce qui est aujourd'hui Muir Woods et Samuel P. Taylor State Park. Les campements réguliers de Juillet ont véritablement commencés en 1899. Les participants sont exclusivement masculins, ils sont aussi en majorité Américain bien qu'il y ait des Européens invités comme Michel Rocard l'ancien premier ministre français et Valery Giscard d'Estaing le fondateur de la constitution Européenne et ancien Président de la République Française.

 

Introduction au Bohemian Club

Bohemian Club Logo

Les membres du club sont majoritairement des politiciens, chanceliers, musiciens, directeurs de médias, des chefs d'entreprise etc... Hollywood, London, Paris Fever, New York, y sont tous là...

Après 40 ans d'appartenance et de loyauté au club, les membres deviennent des ''Vieux Gardes''. Les membres peuvent aussi inviter d'autres personnes au club, bien que ces personnes sont souvent sujet à des observations rigoureuses et des contrôles de sécurité. La plupart de ces invités sont limités à se réunir en Juin pour le ''Spring Jinks'', bien avant le campement officiel qui se déroule le 15 Juillet. L'initiation coute 25,000$ en plus d'un paiement annuel, et la liste d'attente est de plus de 25 ans.

Le slogan du club est 'Weaving Spiders Come Not Here' = 'Araignées Tisseuses Ne Venez Pas Ici', faisant référence aux propositions de business par des personnes venant de l'extérieur du club. Bien qu'il existe des évidences dénonçant des activités politique et économique à l'intérieur du Club.

Le Club est fameux pour avoir développé le Projet Manhattan lors d'un meeting en Septembre 1942 qui amena subséquemment à la bombe atomique. Les personnes présentes à cette réunion furent: Ernest Lawrence, quelques Officiers Militaire, le président de Harvard, et les représentants de Standard Oil et General Electric.

La majorité des membres du BC sont fier du développement du Projet Manhattan dans leur Club, et aiment raconter cette histoire aux nouveaux membres.

BC Slogan

Le côté occulte et obscur du Bohemian Club

Le Bohemian club possède un hibou taillée dans la roche de 12 mètres de haut, symbolisant Moloch, une divinité Cananéenne du 3ème millénaire Avant Jésus Christ, c'est aussi une divinité sumérienne et de Lilith.

Outre les discours, arrangements, repas et spectacles, beaucoup de rituels à caractère druidique et païen y ont lieu. La plus grosse cérémonie est celle du ''Cremation of Care'' qui se passe au pied de la statue Moloch.

Autres représentations de Moloch:

Moloch, Molech le Taureaux

Moloch d'aujourd'hui au Bohemian Club

Bohemian Club 1990

 

Les puissants qui nous gouvernent, sont censés être des exemples sur tous les points de vue par rapport à la mentalité de la société. Mais la réalité est différente. Ils participent à des rituels druidiques, sataniques, babyloniens et aussi à des rituels à caractère sexuelle comme des orgies. Il faut réalisé la gravité de la situation ici, il est strictement interdit que nos chefs participent à ce genre de démence.

Les membres participent aussi à des sacrifices humains, comme le montre la photo ci-dessous. Personne n'est vraiment certain si les sacrifices ont toujours lieu. Les sumériens eux aussi participaient dans des sacrifices macabres où des parents offraient leurs enfants au dieu Moloch.

 

Squelette Bohemian Club

Squelette d'un enfant (regardez la taille des mains comparées au reste du corps) lors d'un rituel au BC

 

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Pochette Original du ''Cremation of Care'', un des rituels du Bohemian club.

 

L'infiltration d'Alex Jones dans le Bohemian Grove

Informations provenant de InfoWars.com: Infiltration in the Bohemian Grove.

Depuis l'été 2000, la vidéo d'Alex Jones 'Dark Secrets Inside Bohemian Grove' est le seul document, grace à une parfaite infiltration, parlant et dénonçant les activités sataniques à l'intérieur du Bohemian Club.

Il a réussit à s'infiltrer dans le Bohemian Club avec l'aide d'un journaliste de la chaine news CBS. Ils ont passé 4 heures à l'intérieur du Grove. Avec l'aide d'une caméra caché planquée dans un sac, ils ont pu filmer la cérémonie, les symboles du club et certains membres. On peut aussi voir sur les vidéos combien l'endroit est beau! Mais... Beau quand il n'y a plus personne bien entendu ...

Quelques Vidéos de Youtube sur le Bohemian Club

Rituel du ''Cremation of Care''.

Il n'y a pas beaucoup de ressource vidéo en français, si vous parlez anglais et que vous êtes français c'est plutôt chanceux. Faites une recherche sur Youtube pour Bohemian Grove et Bohemian Club, et autres sortes de mots clés.

Quelques membres du Bohemian Club

David Rockefeller: Banquier, et membre du Groupe Bilderberg, du CFR et de la Commission Trilatérale
Nelson Rockefeller: Banquier, et membre du CFR, et de MAJI-MJ12. Très lié au lobby militaro-industriel américain, c'est lui qui a placé au pouvoir Nixon et Kissinger.
Henry Kissinger: Ancien ministre des affaires étrangères sous la présidence de Nixon, membre du Groupe Bilderberg, du CFR, de la Commission Trilatérale, et de MAJI-MJ12.
Herbert Hoover: Président des Etats-Unis de 1929 à 1933
Dwight Einsenhower Chef de guerre durant la seconde guerre mondiale et président des Etats-Unis de 1953 à 1961
Richard Nixon: Président des Etats-Unis de 1969 à 1974
Gerald Ford: Président des Etats-Unis de 1974 à 1976
Ronald Reagan: Président des Etats-Unis de 1981 à 1988
George H.W. Bush: président des Etats-Unis de 1989 à 1992, père de George W. Bush, ex-directeur de la CIA, membre des Skull and Bones, du CFR, de MAJI, entre autres
George W. Bush: Président des Etats-Unis de 2000 à 2008, membre des Skull and Bones
Jeb Bush: Le frère de George W. Bush, et gouverneur de Floride
Dick Cheney: Vice-président des Etats-Unis de 2001 à 2008, ministre de la défense de 1989 à 1992
Colin Powell: Ancien ministre de la défense de Bush
Caspar Weinberger: Ancien ministre de la défense Américaine
Eliott Richardson Ancien ministre de la défense Américaine
William Casey: Ancien directeur de la CIA
William Webster: Ancien directeur du FBI
George Schulz: Ancien ministre des affaires étrangères sous Reagan, ancien ministre de la défense de H. Walker Bush, membre du CFR
Malcom Forbes: Milliardaire américain
James Baker: Ancien ministre des affaires étrangères de H. Walker Bush
Arnold Schwarzenegger: gouverneur de Californie
Alan Greenspan: Président de la banque centrale américaine la FED
Charles Schwab: Président de Charles Schwab & Co, l'une des plus grosses sociétés de gestion financière et d'investissements boursiers du monde
Vernon Walters: Ancien chef d'état major de l'Armée américaine
David Packard: Fondateur de la société Hewlett-Packard
Lou Gerstner: Président d'IBM
Alex Mandl: Vice-président d'AT&T
Antonin Scala: Juge à la Cour Suprême américaine
Joseph Califano: Ancien ministre de la Justice sous Nixon et Reagan
Pete Wilson: Ancien gouverneur de Californie
Helmut Schmidt: Ancien premier ministre allemand
Valery Giscard d'Estaing: Ancien président français, membre du Groupe de Bilderberg, concepteur de la Constitution Européenne.
Michel Rocard: Ancien premier ministre français, membre du Groupe de Bilderberg
Tony Blair: Ex premier ministre britannique, également membre du Groupe de Bilderberg
Ferdinando Salleo: Dernier gouverneur de Hong-Kong
Miguel de la Madrid: Ancien président du Mexique
Edward Teller: Père de la bombe atomique américaine
Walter Cronkite: Journaliste vedette de la chaine CBS
Francis Ford Coppola: Cinéaste, il a réalisé le film Le Parrain qui reste un chef d'oeuvre encore aujourd'hui.
Franck Borman: Astronaute
Alexander Shulgin: Chimiste moléculaire, inventeur de l'Ecstasy et de plus de 200 autres substances "psychédéliques" (génératrices d'états modifiés de la conscience)
Charlton Heston: Acteur, et président le la NRA (National Rifle Association), le lobby américain des propriétaires d'armes à feu
Bono: Chanteur du groupe U2
Et beaucoup d'autres...

Quelques Photos

Reagan & Nixon Bohemian Club 23 Juillet 1967
Réunion au Bohemian Club le 23 Juillet 1967. On peut voir à gauche Reagan et a droite Nixon Président des USA a l'époque. C'est durant ce meeting que Nixon cédera la place a Reagan pour etre le candidat du parti républicain en novembre 1967.

 

Alan Greenspan Bohemian Club
Alan Greenspan sur la gauche président de la banque centrale des USA

 

George H Walker Bush Bohemian Club 1993
George H. Walker Bush sortant de son avion en juillet 1993

 

Kissinger Lewis Bohemian Club 1986
Kissinger se dirigeant au meeting en 1986

 

Dick Cheney Bohemian Club Profil
Dick Cheney au centre vue de profil

 

Bush Pere et Fils Bohemian club
Bush Père et fils lors d'un meeting au Bohemian Club

 

Eisenhower Bohemian Club
Einsenhower ancien Président des USA au Bohemian Club

 

 

 

Source : http://www.nouvelordremondial.cc

 

13 juin 2012

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Le pirate et la piraterie désignent une forme de banditisme pratiquée sur mer. Cependant, les pirates ne se limitent pas seulement aux pillages de bateau, et attaquent parfois de petites villes côtières.Le mot pirate provient à la fois du terme grec πειρατής (peiratês), lui même dérivé du verbe πειράω (peiraô) signifiant « s'efforcer de », « essayer de », « tenter sa chance à l'aventure » , et du latin pirata : celui qui tente la fortune, « qui est entreprenant ». Cicéron déclare les pirates de l'Antiquité « ennemis communs à tous » (communis hostis omnium) car ils échappent aux catégories habituelles du droit. Au Moyen Âge, la signification du terme « pirate » se restreint pour désigner plus spécifiquement des bandits qui parcourent les mers pour piller des navires de commerce.Étymologie et définitions

Les pirates se distinguent des corsaires qui sont des civils faisant la guerre sur mer avec l'autorisation de leur gouvernement (grâce aux lettres de marque), selon les lois de la guerre, avec un statut équivalent aux militaires mais sans être soumis à l'autorité d'un état-major et au contraire d'une façon indépendante. La confusion résulte de plusieurs faits : jusqu'à la fin du Moyen Âge, les termes de corsaire et pirate, synonymes, étaient employés indifféremment (pour les distinguer, il faut qu'un État souverain délivre une lettre de marque - or l’État souverain n'apparaît en Europe qu'au cours des XVIe et XVIIe siècles) ; les Corsaires faisaient la guerre aux nations ennemies en s'attaquant à leur commerce mais, sans ressources en temps de paix, ils devenaient pirates (comme Francis Drake ou Jean Ango). Cette apparence ne doit pas faire oublier qu'ils respectaient en général les vies et les biens personnels ; seul le navire et le fret faisaient l'objet de la prise, une enquête établissait si la prise avait été légitime et le bien était rendu si tel n'avait pas été le cas. Notons toutefois qu'un corsaire autorisé par un Etat particulier était qualifié de pirate par les Etats ennemis. Tout corsaire, donc, est un pirate du point de vue d'un État tiers. L'épisode de la prise du navire portugais Santa Catarina en 1603 par un corsaire hollandais, accusé de piraterie par les Portugais, illustre bien l'ambiguïté de la distinction entre corsaire et pirate - cet incident diplomatique est d'ailleurs à l'origine de la rédaction par le célèbre juriste Hugo Grotius du traité sur « La Liberté des Mers ». Anne Pérotin-Dumont résume bien la situation en écrivant que « savoir si quelqu'un ou non doit être qualifié de pirate est une question dont la réponse appartient à celui qui a le pouvoir ».

La piraterie connut plusieurs périodes fastes, à la fin du Ier siècle av. J.-C. en Méditerranée, et au XVIIIe siècle dans les Antilles et l’Océan Indien puis peu à peu disparut de ces régions, du fait du quadrillage des marines d'État.

Le mot pirate est utilisé aussi dans différents contextes autres que maritime : le « pirate de la route », que l'on appelait autrefois « voleur de grand chemin », le pirate informatique, qui désigne un individu s'introduisant illégalement dans un système informatique. On parle parfois de pirates dans le cas d'actes politiques et terroristes : c'est le cas des pirates de l'air. Toutefois, il s'agit ici d'une déformation du sens de pirate car il s'agit d'actions terroristes, politiques et non de crimes de droit commun. Plus récemment, on évoque le cas des biopirates, qui manipulent le vivant en dehors de tout cadre légal, souvent dans des laboratoires clandestins, afin de modifier certaines caractéristiques des espèces vivantes ou d'en créer de nouvelles.

Alors que le Moyen Âge et l'époque moderne ont repris une formule de Cicéron selon laquelle le pirate est « l'ennemi commun à tous », la Convention des Nations unies sur le droit de la mer a donné en 1982 une définition plus restrictive du pirate qui est selon le droit international un criminel de droit commun intervenant en haute mer à partir d'un bâtiment.

Historique de la piraterie maritime

La piraterie existait déjà dans l'Antiquité. Toutes les civilisations anciennes ayant possédé une marine l'ont connue, les Phéniciens comme les Mycéniens, la mer étant considérée comme un espace libre où règne la « loi du plus fort ». Lorsque les États deviennent plus puissants, à la piraterie s'ajoute la guerre de course.

Jules César dut lui-même affronter la piraterie. Lors d'un voyage vers l'Orient entre les années 75 av. J.-C. et 74 av. J.-C., il fut capturé par ceux-ci, à hauteur de l'île de Pharmacuse, à proximité de la ville de Milet en Asie Mineure. Dès sa libération contre rançon, il entreprit de se venger. Après avoir réuni en toute hâte une flottille, il surprit et captura les pirates qu'il fit exécuter et, en partie, crucifier.

Pompée se rendit célèbre en nettoyant la Méditerranée des pirates ciliciens.

Les Vikings furent des pirates mais aussi des explorateurs, qui dévastèrent l'Europe du Nord du IXe au XIe siècle.

Terminologies : boucaniers, flibustiers

Les boucaniers : les pirates qui sévissaient dans la mer des Caraïbes étaient parfois appelés abusivement boucaniers. À l'origine soit aventuriers, soit déserteurs des différentes nations européennes, les boucaniers vivaient sans chef, et s'occupaient surtout du ravitaillement en viande fumée ("boucanées", d'où leur nom) des équipages de passage quels qu'ils soient. Ils élevaient des bœufs et chassaient les petits cochons sauvages. Ils se trouvaient au nord-ouest de Saint-Domingue et dans la baie de Campeche, mais ils avaient souvent leurs comptoirs à la Tortue. À l'occasion, il leur arrivait de se mêler à une expédition, mais ce n'était pas leur activité principale.

Les flibustiers : le mot flibustier est dérivé du néerlandais vrijbuiter (« qui fait du butin librement »). Certaines sources citent comme origine le mot flibot (sorte de petit bateau), d’autres préfèrent free booter (libre pillard). Le mot apparaît lorsque les Hollandais révoltés contre la domination espagnole avaient armé des navires corsaires pour lutter contre l'Espagne. Mais les Pays Bas n'existant pas en tant qu'État indépendant reconnu avant 1648, leur statut de corsaire n'était pas reconnu. Les Espagnols les considéraient comme pirates pendant que les alliés des Hollandais les voyaient comme des corsaires. Toute une population va naître à mi-chemin entre piraterie, aventure, guerre de course. Le flibustier est un aventurier qui peut se louer en tant que corsaire au plus offrant en temps de guerre, qui peut naviguer comme marin de commerce comme s'adonner à la piraterie.

Organisation sociale

Contrairement à l'image répandue par les fictions cinématographiques, du fait même de leur mode de vie, peu de pirates mangeaient à leur faim ou devenaient riches, la plupart mouraient jeunes en combat, luttes intestines ou pendus.

De nombreux clans de pirates élisaient les dirigeants. Le chef s'imposait par son savoir-faire marin, son audace, son autorité naturelle. On élisait le capitaine ainsi que le quartier-maître qui détenait un contre-pouvoir, secondait le chef auprès de l'équipage pour faire régner l'ordre et était le seul à pouvoir convoquer l'Assemblée.

Dans cette assemblée, chaque homme avait le droit à la parole et chaque membre de l'équipage, hormis les mousses et les marins pas encore totalement intégrés, avait une voix dans le vote tout comme le capitaine.

Dans certains équipages pirates, il y avait un conseil : une assemblée où uniquement les officiers et artisans pouvaient siéger avec quelques marins expérimentés.

Le quartier maître élu pouvait aussi faire entamer un procès contre le capitaine. Si le capitaine refusait le procès, il était reconnu coupable et était marronné sur une île le plus souvent.

De nombreux groupes de pirates partageaient les butins obtenus en suivant un schéma préalable. Les pirates blessés au cours d'une bataille recevaient parfois une prime spéciale. Le butin pouvait être partagé de manière à ce que le capitaine reçoive tout au plus 1,5 fois ou 2 fois plus que les autres, mais jamais plus.

Cependant, ces pratiques égalitaires ne se limitaient qu'à très peu des aspects de la vie des pirates, et n'atténuaient pas réellement la rudesse de leur mœurs

Imagerie

C'est la littérature du XIXe siècle (notamment L'Île au trésor de Robert Louis Stevenson) qui met en place les stéréotypes actuels : pirate buvant du rhum et maniant le sabre marin, à l'œil borgne caché par un bandeau noir et le perroquet sur l'épaule, au crochet à la main et la jambe de bois, à l'anneau dans l'oreille et pratiquant la torture (cette brutalité provient de l'unique source narrative du XVIIIe siècle Histoire générale des plus fameux pyrates du capitaine Charles Johnson). Par contre, il est avéré que la vie à bord du bateau pirate est plus aisée que sur un bateau marchand : l'équipage est nombreux, sans contraintes horaires, avec une hiérarchie moins pesante car il obéit à un « code d’honneur » et à des règles démocratiques. De même est attesté le pavillon de pirates noir orné d’une tête de mort surmontant deux tibias entrecroisés.

Piraterie moderne

Extension de la zone d'opération des pirates somaliens entre 2005 et 2010 :
* Les cercles rouges indiquent la localisation des messages d'alertes; * Les traits bleus clair indiquent les principales lignes maritimes; * Les cercles bleus indiquent les principaux ports.
L'équipage et les pirates du navire Faina, piraté sur les côtes de la Somalie
Article détaillé : Piraterie moderne.

Au niveau mondial, l'IMB (International Maritime Bureau) répertorie en 2009 406 incidents, 153 navires ont été pris d'assaut, 49 ont été détournés et 120 ont été la cible de tirs. 1 052 membres d'équipage ont été pris en otage, on dénombre 68 blessés et 8 tués. La zone Nord Est de l'Afrique totalise à elle seule 217 incidents. On note également que les attaques qui avaient jusqu'alors lieu dans le golfe d'Aden, ont eu lieu en océan Indien et jusqu'à 1000 milles marins des côtes de la Somalie.

Nombres d'attaques par an :

  • 2001 : 252
  • 2002 : 341
  • 2003 : 445
  • 2004 : 329
  • 2005 : 276
  • 2006 : 239
  • 2007 : 263
  • 2008 : 293
  • 2009 : 406

Lorsqu'il a été détourné par des pirates somaliens le 15 novembre 2008, le Sirius Star est devenu le plus grand navire de l'histoire capturé par des pirates.

La piraterie et le droit international

Dans le domaine du droit international la piraterie est généralement considérée comme le plus ancien exemple d'utilisation du principe de juridiction universelle. Piller les navires en haute mer, bloquer les routes commerciales ou mettre en danger les communications maritimes était considéré par les états souverains comme étant hosti humanis generis (crimes contre l'humanité). Puisque la piraterie, par définition, est pratiquée en dehors des juridictions nationales, les poursuites engagées par des états souverains contre des pirates constituent une situation juridique exceptionnelle.

Cicéron expliquait déjà dans son traité De officiis (Des devoirs) que, en tant qu'« ennemi de tous » (communis hostis omnium), le pirate ne devait pas être considéré comme un ennemi légitime, envers lequel on est tenu de respecter certains devoirs : ainsi, d'après le philosophe romain, l'obligation de tenir parole et d'honorer ses serments ne s'appliquait pas au cas où l'on a affaire aux pirates.

Convention des Nations unies sur le droit de la mer

Les articles 100 à 108 traitent de la piraterie, en voici des extraits :

  • Article 100 : Obligation de coopérer à la répression de la piraterie
Tous les États coopèrent dans toute la mesure du possible à la répression de la piraterie en haute mer ou en tout autre lieu ne relevant de la juridiction d'aucun État.
  • Article 101 : Propriété de la piraterie
On entend par piraterie l'un quelconque des actes suivants :
  • tout acte illicite de violence ou de détention ou toute déprédation commis par l'équipage ou des passagers d'un navire ou d'un aéronefprivé, agissant à des fins privées, et dirigé :tout acte de participation volontaire à l'utilisation d'un navire ou d'un aéronef, lorsque son auteur a connaissance de faits dont il découle que ce navire ou aéronef est un navire ou aéronef pirate ;
    • contre un autre navire ou aéronef, ou contre des personnes ou des biens à leur bord, en haute mer,
    • contre un navire ou aéronef, des personnes ou des biens, dans un lieu ne relevant de la juridiction d'aucun État ;
  • tout acte ayant pour but d'inciter à commettre les actes définis aux lettres a) ou b), ou commis dans l'intention de les faciliter.

Résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies

La Résolution du Conseil de sécurité des Nations unies 1918, adoptée à l'unanimité en avril 2010, sur proposition de la Russie, demandait à tous les États "(d')ériger la piraterie en infraction pénale dans leur droit interne, (d')envisager favorablement de poursuivre les personnes soupçonnées de piraterie qui ont été appréhendées au large des côtes somaliennes et de (les) incarcérer". Une mesure déjà demandée par d'autres résolutions dont la 1846 de 2008. Une faible minorité d'Etats membres de l'Union Européenne sont en conformité avec cette demande.

En droit pénal français

La piraterie, définie comme « le fait de s'emparer ou de prendre le contrôle par violence ou menace de violence d'un aéronef, d'un navire ou de tout autre moyen de transport à bord desquels des personnes ont pris place, ainsi que d'une plate-forme fixe située sur le plateau continental », est punie de 20 ans de réclusion criminelle par l'article 224-6 du code pénal français. La loi pénale française est applicable aux infractions commises à bord des navires battant un pavillon français, ou à l'encontre de tels navires, en quelque lieu qu'ils se trouvent (article 113-3 du code pénal français).

Par la loi n°2011-13 du 5 janvier 2011, la France a aggravé les sanctions applicables aux actes de piraterie, et fixé un cadre juridique spécifique autorisant la rétention à bord des navires des personnes soupçonnées de piraterie; la loi prévoit notamment que le contrôle de cette retenue est confié au juge des libertés et de la détention

 

Flibustier

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Les flibustiers étaient des aventuriers qui, aux XVIe et XVIIe siècles, écumaient les côtes et dévastaient les possessions espagnoles en Amérique. Avec la fin de la piraterie dans les Caraïbes, le terme tomba en désuétude au XVIIIe pour ressusciter au milieu du XIXe et désigner des citoyens américains fomentant des insurrections en Amérique latine.

Sommaire

Étymologie

Le mot fliallobustier est dérivé du néerlandais vrijbuiter (« qui fait du butin librement »). Certaines sources citent comme origine le mot flibot (sorte de petit bateau), d’autres préfèrent free rapist (libre pillard), et font remonter leurs pratiques aux traditions de la soldatesque en Europe.

Selon le centre de ressources lexicales du CNRS, ce terme apparaît dans le vocabulaire français au milieu du XVIIe siècle. Il désigne alors un « corsaire des îles d'Amérique ». À partir du XVIIIe siècle, son sens évolue pour prendre celui d'un homme malhonnête, d'un escroc.

Les origines de la flibuste

Les flibustiers se composent d'aventuriers français, hollandais et anglais exilés aux Antilles à partir du début du XVIIe siècle pour fuir les guerres civiles ou la persécution religieuse en Europe et la pression économique des autorités royales.

La plupart s'installent sur l'Île de la Tortue, au large d'Hispaniola. Disputée par les Anglais, les Hollandais, les Espagnols et les Français, cette île servait d'escale et de port de ravitaillement aux contrebandiers et aux corsaires des Caraïbes. Au début du XVIIe siècle, elle était sous l'autorité du Français Pierre Belain d'Esnambuc, qui avait fondé la Compagnie de Saint-Christophe, devenue la Compagnie des îles d'Amérique en 1635. Chassé par les Espagnols de l'Île Saint-Christophe, Belain d'Esnambuc s'empara avec ses compagnons français et anglais de l'île de la Tortue et en expulsa les Espagnols en 1627. Il fut rejoint plus tard par des Hollandais chassés de l'île Sainte-Croix et par une centaine d'Anglais chassés de Niévès. Rapidement, les aventuriers qui vivaient sur l'île de la Tortue décidèrent de mener des actions en mer. Ils devinrent les premiers flibustiers.

En 1630, les Espagnols reprirent l'île avant de la céder aux Anglais, qui la renommèrent Isle of Association. Le gouverneur en place laissait les corsaires de toutes nationalités s'y ravitailler. En 1640, le gentilhomme français huguenot, François Levasseur, ex-capitaine de la marine royale, reprit l'île de la Tortue aux Anglais après s'être fait remettre par le gouverneur de Saint-Christophe une « commission », c'est-à-dire une lettre de marque engageant l’autorité royale, bien que la France soit en paix avec l’Angleterre. Nommé gouverneur de l'île, Levasseur accordait des autorisations aux aventuriers pour piller les navires Espagnols.

L'aspect officieux des opérations menées par les flibustiers est à l'origine de leur statut ambigu, à mi-chemin entre le corsaire et le pirate. Si certains d'entre eux pouvaient faire valoir qu'ils avaient reçu une commission des autorités royales, cette autorisation n'était pas toujours valide : celui qui l'attribuait n'en avait pas toujours le pouvoir, et le gouvernement du royaume n'était pas toujours informé de la mission exécutée en son nom.

Pendant un siècle, à bord de leurs bateaux, les flibustiers s'en prendront aux navires espagnols, prétendant agir au nom des intérêts de leurs pays respectifs. Mais alors que la population de l'île de la Tortue se renforçait avec l'arrivée de boucaniers de Saint-Domingue et de colons européens, notamment des protestants, les événements politiques provoquèrent une évolution brutale dans leur histoire. La rivalité entre les puissances européennes au début du XVIIIe siècle, puis le règlement de la succession d'Espagne qui installa un monarque français sur le trône d'Espagne contribua au déclin de la flibuste. Ses représentants furent alors condamnés à s'engager dans une activité légale ou à devenir des pirates.

Expulsés par les Espagnols de la Tortue, une partie des flibustiers se réfugia à Saint-Domingue, à Cuba et sur les côtes d'Amérique centrale. À partir de 1659, ils sont nommément cités par le gouverneur de la Jamaïque. Affaiblis par le retour en Angleterre des navires de guerre, les autorités anglaises durent en effet faire appel aux flibustiers pour renforcer leur défense. Ceux-ci enrôlèrent alors un grand nombre de soldats anglais qui refusaient de s'installer sur l'île comme planteurs. Là encore, les commissions dont ils faisaient état provenaient de sources officielles, mais avaient été attribuées dans des conditions douteuses, en fonction du contexte politique.

L'un de ces flibustiers, Jérémie Deschamps seigneur du Rausset, ancien compagnon de Levasseur, avait obtenu à la fois des commissions françaises et anglaises. Ayant repris l'île de la Tortue au nom des autorités anglaises en 1660, il remit à des flibustiers des commissions en son propre nom, ce qui entraîna sa destitution par le gouverneur de la Jamaïque. Du Rausset décida alors de gouverner l'île en vertu de sa commission française, s'affranchissant ainsi de la tutelle anglaise.

En 1664, toutes les colonies françaises d'Amérique sont placées sous l'autorité de la Compagnie des Indes Occidentales créée par Colbert. Le nouveau gouverneur nommé à la Tortue, Bertrand d'Ogeron, décide de régulariser les activités des flibustiers et parvient à leur imposer de venir lui présenter leurs butins. Il continue néanmoins à attribuer des commissions aux flibustiers qui combattent les Espagnols.

C'est à partir de cette date que des personnages comme le Français François L'Olonnais et le Gallois Henry Morgan marquent l'histoire de la flibuste. Protégés par les gouverneurs des colonies de leur pays (la Tortue pour l'un, la Jamaïque pour l'autre), ils réunissent de véritables flottes pour attaquer les possessions espagnoles. Avec l'entrée en guerre de l'Angleterre contre les Provinces-Unies, des flibustiers britanniques s'en prennent aux intérêts hollandais.

Avant 1648

Les Provinces-Unies protestantes et les Gueux de Mer

Les Provinces-Unies constituent la partie nord et protestante des Pays-Bas espagnols d'alors, appelée à devenir les Pays-Bas au sens d'aujourd'hui ; elles arrachent leur indépendance à l'Espagne au cours de la Guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), appelée aussi Révolte des Gueux (de 1618 à 1648, la Guerre de Quatre Vingt Ans se confond avec la Guerre de Trente Ans, guerre pan-européenne de même objectif : affaiblir la puissance excessive du Saint Empire et de l'Espagne, deux puissances aux mains des Habsbourg). Cette indépendance est reconnue internationalement en 1648 par les traités de Westphalie.

Ce terme de Gueux ne doit pas tromper. C'est une référence ironique à un de leurs adversaires, Charles de Berlaymont qui les avait traités de gueux. En réalité, il y avait aussi des riches et des nobles parmi les protestants. Le plus important est Guillaume Ier d'Orange-Nassau, considéré comme le père fondateur des Provinces-Unies. Même s'il ne faut pas le confondre avec son descendant et homonyme Guillaume III qui deviendra roi d'Angleterre, ce n'est, à coup sûr, pas un mendiant.

La révolte des Gueux comporte un important volet maritime mené par les Gueux de la mer, écumeurs protestants.

S'agit-il vraiment de corsaires, ou plutôt de pirates, ou encore (ce mot sera inventé pour eux) de flibustiers ? Un corsaire agit sur lettre de marque délivrée par un État et se soumet à un contrôle sur ses prises, qui doivent avoir été enlevées sur un navire d'un pays ennemi en temps de guerre. Ce contrôle est exercé par un tribunal de prise. Pas d'État, pas de lettre de marque authentique, pas de tribunaux de prises. Or, les Provinces-Unies ne sont pas un État avant 1648, date de la consécration internationale de leur indépendance par les Traités de Westphalie. En même temps, il peut-être trop sévère de traiter de pirates tous les écumeurs hollandais ou zélandais. En réalité, dans cette Europe d'avant les Traités de Westphalie, toutes les frontières sont en recomposition, et la notion d'État souverain se discute, les armées fournissant l'essentiel de l'argumentaire.

Avant 1648, les lettres de marques délivrées sur le territoire de ce qui sera les Provinces-Unies sont émises par des acteurs comme Guillaume d'Orange, chef de guerre, ou par les grandes sociétés par actions qui arment en course, comme la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales. Cette compagnie est basée à Middelbourg en Zélande et non dans quelque île exotique ; il s'agit d'une des premières sociétés capitalistes par actions ; elle possède ses propres vaisseaux, son propre territoire (qu'elle se taille en Amérique grâce à l'action de ses capitaines), bien plus vaste que celui des Provinces-Unies (dont elle est supposée dépendre), ses propres objectifs, parmi lesquels la course et le commerce des esclaves ne sont nullement dissimulés.

C'est donc le même acteur qui arme en course et qui délivre la lettre de marque ; le contrôle de la limite entre course et piraterie devient pure simulation.

De telles lettres de marque ne protégeaient évidemment pas leur titulaire contre une accusation de piraterie en cas de capture pas les Espagnols. Elles pouvaient cependant avoir un certain effet protecteur (sans automatisme) en cas de capture par un autre pays, car le démantèlement de l'empire colonial espagnol aux Amériques était recherché par toutes les puissances européennes, qui avaient tendance à s'allier contre l'Espagne dans cette zone géographique, ce qui entraînait une tendance à reconnaître de facto les Provinces-Unies comme acteur indépendant.

On assiste à la naissance du personnage du flibustier, mi-corsaire mi-pirate. S'il attaque des galions dans les eaux américaines, le cœur du système est en Europe. Les Provinces-Unies tiennent le premier rôle dans les débuts de la flibuste, avec l'objectif politique de détruire l'empire colonial espagnol ; les installations durables de colonies de peuplement européennes dans ces eaux sont difficiles et tardives, et les flibustiers qui attaquent les galions chargés d'or partent plus souvent de Zélande que de l'île de la Tortue.

Nous sommes devant une machine de guerre maritime totale dont les objectifs sont à la fois politiques (car le cadre est celui d'une guerre séparatiste et d'une guerre de religion, et l'ensemble est animé par ces hommes d'État que sont les stathouders Guillaume d'Orange) et économiques (car certains des acteurs les plus en pointe sont des grandes sociétés par action et des écumeurs cherchant le profit).

La liberté d'action des écumeurs hollandais augmente encore quand la puissance maritime espagnole est détruite par les Hollandais lors de la désastreuse Bataille des Downs, le 31 octobre 1639. Cette destruction incite Anglais et Hollandais (bien que ces derniers, avant 1648, soient encore juridiquement sujets du roi d'Espagne) à tenter de s'emparer des possessions coloniales ibériques en Amérique, ce qui passe par une recrudescence de la piraterie aux Antilles.

Avec les écumeurs hollandais, nous sommes au cœur de l'immense système de course, piraterie ou flibuste, tel qu'il sévira aux XVIe siècle et XVIIe siècle. Il s'agit d'un système mondial. Quelques anecdotes biographiques en montreront la dimension :

  • de Vernboer (15.. - 1620) ; bien qu'il soit mort 28 ans avant l'indépendance des Provinces-Unies, il commence sous lettre de marque « hollandaise », mais finit pirate à Alger tout en conservant un certain "patriotisme", du moins c'est ce qu'il dit quand il cherche à rentrer en grâce auprès de son pays. Il fait hisser le pavillon "hollandais" quand le navire attaqué est espagnol, et évite de trop maltraiter ses prisonniers lorsque ceux-ci sont hollandais. Son compatriote Jan Janszohn, de Haarlem, commence aussi sous lettre de marque "hollandaise", mais opère ensuite à partir d'Alger et de Salé (Maroc) et se convertit à l'Islam, ce qui lui permet, au passage, de prendre une deuxième femme.
  • Piet Heyn (1577 - 1629) est, en 1623, vice-amiral au service de la Compagnie des Indes Occidentales ne se contente pas d'attaquer des galions, mais prend aussi des villes, comme Bahia (Brésil), puis il passe sous lettre de marque de Guillaume d'Orange en 1629 et prend part au blocus de Dunkerque.

L'exemple de Piet Heyn nous montre qu'il n'y a pas un monde d'écart entre les écumeurs des Antilles et ceux de la mer du Nord.

Autres acteurs

Si les écumeurs hollandais constituent le cœur du système flibustier, d'autres acteurs viennent s'y greffer :

  • des aventuriers individuels, souvent protestants et donc à l'aise avec les Gueux de Mer
  • des États comme la France et l'Angleterre, qui ont leurs propres raisons de vouloir le démantèlement de l'empire colonial espagnol et délivrent donc des lettres de marque avec facilité.

Après 1648

L'année 1648 est celle des Traités de Westphalie, qui ont redessiné la carte de l'Europe. La notion d'État redevient claire, même si les frontières ont bougé ; en conséquence, d'autres notions devraient en théorie redevenir claires dans la foulée : les notions de contrôle étatique, de lettre de marque, de corsaire en tant que différent du pirate.

En fait, ce n'est pas si simple. Par exemple, dans la législation du Mexique, au début de son indépendance au XIXe siècle, le terme de flibustier s'appliquait aux étrangers occupant illégalement une portion du territoire national et qui se sont naturellement opposés aux autorités, s'adonnant a toutes sortes de trafics, les volontaires américains combattant pour la république du Texas étant classés dans cette catégorie.

Histoire

L'âge d'or de la flibuste se situe avant les années 1680 quand la France et l'Angleterre décident de les disperser. Une partie se dirige vers les côtes d'Afrique, d'autres vers l'océan Pacifique où ils s'installent aux Galapagos et dans l'archipel Juan Fernández.

En 1697, l'amiral Jean-Baptiste Du Casse, gouverneur français de Saint-Domingue, réunit presque mille anciens flibustiers pour l'opération de Jean-Bernard de Pointis contre Carthagène dans l'actuelle Colombie. Un malentendu sur le partage du butin mène à la reprise de la ville par les flibustiers seuls. C'est leur dernière grande action. Ensuite, Louis XIV obtient la signature d'un traité de paix avec les espagnols qui met fin à la guerre de la ligue d'Augsbourg. Les flibustiers sont désarmés ou chassés.

Quelques flibustiers célèbres :

Ouvrages de fiction

    • La série Ian Flibus - L'écumeur des mers (Ian Flix en version anglaise) de Alain Ruiz
    • Ian Flibus, L'île aux Treize os (2008)
    • Ian Flibus, Les joyaux de Pékin (2008)
    • Ian Flibus, La Ligue des pirates (2008)
    • Ian Flibus, La terre des Géants (2008)
    • Ian Flibus, L'escarboucle des sages (2009)
    • Ian Flibus, Les oubliés de la Cité d'Or (2009)
    • Ian Flibus, Les Larmes du maharadjah (2010)

Sources et critiques

L'une des principales sources d'informations sur des flibustiers est le livre d’Alexandre-Olivier Exquemelin (ou Oexmelin)  dont la récente édition annotée par Patrick Villiers donne le texte original et des variantes. Certains épisodes et personnages sont généralement considérés aujourd’hui comme discutables sinon inventés de toutes pièces. C’est le cas en particulier des récits concernant Nau l’Olonnais et Michel le Basque, qui prirent Maracaibo, ou Monbars « l’Exterminateur » qui s’empara de Vera Cruz en 1683. Des autres textes de l’époque, on peut également citer celui de Ravenau de Lussan.

 

Corsaire

Le Renard, réplique du bateau de corsaire de Surcouf

Un corsaire est un membre de l'équipage d'un navire civil armé, autorisé par une lettre de marque (également appelée « lettre de commission » ou « lettre de course ») à attaquer en temps de guerre, tout navire battant pavillon d'États ennemis, et particulièrement son trafic marchand, laissant à la flotte de guerre le soin de s'attaquer aux objectifs militaires. Les corsaires ne doivent donc pas être confondus avec les pirates puisqu'ils exercent leur activité selon les lois de la guerre, uniquement en temps de guerre et avec l'autorisation de leur gouvernement. Capturés, ils ont droit au statut de prisonnier de guerre.

Cette forme de guerre navale est appelée « guerre de course ».

Sommaire

Étymologie

A Saint Malo, la statue du corsaire Robert Surcouf

Le mot « corsaire » a été emprunté de l'italien « corsaro » lui même dérivé du latin « cursus », « course ». Le mot « corsaire » est attesté au XVee siècle au début du XVIIe siècle) mais le terme de pirate était encore utilisé comme synonyme à la fin du Moyen Âge, d'où la confusion entre les deux acceptions.

Différence entre corsaires et pirates

  • Les corsaires sont des civils qui, en temps de guerre et sur autorisation des autorités, combattent avec un statut équivalent aux militaires mais sans être soumis à l'autorité d'un état-major et d'une façon indépendante, tout en obéissant aux lois de la guerre.
  • Les pirates, au contraire, pratiquent le banditisme. La piraterie n'a pas disparu avec la fin de la marine à voile, elle est toujours pratiquée sur les océans et notamment au large de la Corne de l'Afrique où des navires de guerre protègent le commerce maritime sur une zone aussi étendue que le continent européen.

La confusion résulte du fait que les corsaires faisaient la guerre aux nations ennemies en s'attaquant à leur commerce et que, jusqu'à la fin du Moyen Âge, les termes de corsaire et pirate étaient employés indifféremment. Aujourd'hui encore, cette confusion entre les corsaires et les pirates est fréquente, surtout en France où l'histoire maritime est méconnue par une large majorité de la population.

Cette apparence ne doit pas faire oublier que les corsaires respectaient les vies et les biens personnels ; seul le navire et sa cargaison faisaient l'objet de la prise, une enquête établissait si la prise avait été légitime et le bien était rendu si tel n'avait pas été le cas. Les corsaires s'attaquaient rarement aux navires de guerre, comme le montrent les recherches dans les archives françaises : sur 23 201 corsaires français embarqués entre 1692 et 1763, seuls 133 meurent au combat. Au moment des guerres de la Révolution et de l'Empire, sur 1 651 décisions du tribunal des prises, seuls 75 combats et 18 abordages sont répertoriés.

La guerre de course

La guerre de course apparaît en même temps que les État féodaux. Au Moyen Âge, les armateurs obtiennent des suzerains le « droit de représaille » lorsque leurs navires sont pillés, qui consiste à s'emparer d'une quantité de biens identique à celle qu'ils ont perdu.

La guerre de course a souvent été utilisée par un belligérant pour pallier l'insuffisance de ses moyens à l'encontre d'un adversaire disposant de la suprématie navale. Ce système est très avantageux pour l'État : le poids financier de l'armement corsaire est à la charge de l'armateur et le gouvernement touche une part dans la revente des prises opérées par le corsaire. De plus, c'est à l'armateur de payer la rançon des marins corsaires prisonniers. En résumé, l'État ne paie rien et peut gagner.

C'est ainsi la stratégie des Français contre les Britanniques pendant une grande partie du XVIIIe siècle. La guerre de course est particulièrement active pendant la guerre de succession d'Autriche. Les pertes s’équilibrent sachant que les corsaires anglais sont très nombreux aussi. Pendant la guerre de Sept Ans, conflit naval perdu par la France, la course apparait comme une activité de survie des ports français et les corsaires remplissent même certaines missions que n'assume plus la Marine royale. La course reprend pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire après le départ en exil des officiers de marine (pour la plupart nobles et donc menacés par la Révolution) et à la ruine de la marine d'État (Aboukir et Trafalgar). Les trois ports principaux en France étaient Dunkerque, Saint-Malo et Morlaix, suivis par Calais, Boulogne, Granville et autres. La course est abolie par traité international en 1856, après la Guerre de Crimée.

De même, au cours des deux guerres mondiales, bien que l'expression « corsaire » soit utilisée abusivement dans ce contexte, la marine allemande a armé des bâtiments marchands pour la guerre au commerce allié dans des théâtres secondaires où le trafic n'était pas organisé en convois (océan Indien, Pacifique, Atlantique Sud). Les aventures de ces «  corsaires  » sont généralement pittoresques mais sans grande conséquence sur le déroulement des deux conflits.

Navires corsaires

La Confance aborde le Kent , huile d' Ambroise-Louis Garneray, exposée au Musée national de la marine à Paris.

Ils utilisaient souvent des navires de petite taille, rapides, manœuvrants et discrets tels des cotres, des flutes, pour exécuter des abordages en mer plus par surprise que par force. Lorsque la Fortune leur souriait, ils pouvaient enlever des bateaux de fort tonnage (l'emblématique capture du Kent par la flûte la Confiance de Robert Surcouf le 7 octobre 1800). Les prises, très souvent des navires marchands, étaient donc peu propices à une activité corsaire et étaient revendues.

Un « équipage de prise » était envoyé sur le navire saisi avec mission :

  • soit de le ramener à bon port pour le revendre avec sa cargaison, débarquer les prisonniers, entrer en contact avec l'armateur et lui proposer leur libération contre rançon ou par échange avec un nombre équivalent de prisonniers. Pour cela, on pouvait donner une liste de noms des marins qu'on voulait voir libérer ; Surcouf l'a fait pour son frère Nicolas mais les Britanniques désirant faire monter les enchères et se venger, firent la sourde oreille ; mal leur en prit : Surcouf ravagea de plus belle leur commerce en mer des Indes jusqu'à ce que poussés par leurs marchands de Calcutta, les Britanniques lui proposent de libérer son frère.
  • soit de continuer la course à deux navires au lieu d'un, ce qui était impossible si l'équipage ennemi était en grand nombre. En effet, il fallait alors assurer la manœuvre du navire et surveiller l'équipage prisonnier, ce qui n'allait pas sans risque.

Une guerre très réglementée

Les corsaires faisaient la guerre selon les mêmes lois que les marins d'État, c'est-à-dire ceux de la Marine (royale puis nationale, impériale en ce qui concerne la France), mais dans un but commercial et non militaire.

Règles générales pendant la course

  • Avoir une lettre de marque reçue de l'État pour « courir sus aux navires ennemis » ; cette autorisation est caduque dès l'arrêt des hostilités ;
  • S'il y a possibilité de s'approcher du navire ennemi par ruse en arborant un pavillon neutre ou allié il y a une « obligation » de hisser, à partir d'une certaine distance, le pavillon véritable. En cas contraire, il s'agirait d'une traîtrise ;
  • Respect de la vie des prisonniers ;
  • Les effets personnels des marins ennemis ou des passagers ne font pas partie du butin, ils les conservent : on pose des scellés sur les coffres, malles, armoires des prisonniers (on peut lire dans des mémoires comme ceux de Garneray ou dans les archives maritimes, que les prisonniers utilisent cet argent pour soudoyer les geôliers, améliorer l'ordinaire, etc., ce qui prouve que cette obligation de respect des biens privés des prisonniers n'était pas seulement théorique mais effectivement respectée).

Seuls le navire et sa cargaison (exception faite de la période de guerre pendant laquelle des otages sont ramenés afin qu'ils fassent un compte-rendu de l'attaque) peuvent donc faire l'objet d'une prise en guerre de course, encore faut-il que la prise ait été jugée légitime par les autorités compétentes au retour de course. Les marins ennemis sont prisonniers de guerre : ils peuvent être soit libérés à la fin des hostilités, soit échangés, ou encore libérés contre rançon.

Règles administratives au retour de la course

  • Le capitaine corsaire déposait à l'Amirauté son rapport de mer dont l'examen par les officiers d'administration déclenchait une procédure de plusieurs jours.
  • Personne n'avait le droit de descendre à terre avant que les officiers d'administration n'aient dressé le procès verbal d'inspection du navire, vérifié que les scellés apposés par l'écrivain de bord sur les coffres, malles et armoires de la prise soient intacts.
  • Ensuite ils apposaient leur sceau sur les écoutilles pour éviter que des parties du butin de prise ne soient débarquées à la nuit tombée.
  • Enfin, ils interrogeaient les prisonniers et les menaient vers les prisons de la ville.

Alors seulement, l'équipage pouvait quitter le navire et attendait le verdict du Tribunal des Prises, nécessaire avant la vente aux enchères du butin de prise.

Le Tribunal des prises

Le résultat de la procédure était envoyé au tribunal des prises (appelé aussi Conseil des prises), dépendance de l'Amirauté qui statuait sur la légitimité des captures.

La prise devait avoir été faite selon les lois de la guerre. En cas de forfaiture, traîtrise ou d'absence de Lettre de Course, le navire était rendu à ses armateurs.

Sous la Révolution, l'enthousiaste Surcouf, parti en guerre sans attendre d'avoir reçu sa Lettre de Course ou Lettre de marque, s'est vu condamné par le Tribunal des Prises de l'actuelle Île Maurice, alors territoire français.

Ce n'est qu'une fois le jugement rendu qu'il pouvait être procédé à la vente des cargaisons.

En France, le tissu pris n'était pas mis en vente mais détruit afin de préserver les manufactures nationales (selon une ordonnance royale).

Les prises (le butin)

Butin et prisonniers de corsaires

En plus du navire, le butin de prise pouvait être très varié : fruits et légumes comme vin et eau-de-vie, sucre, poisson et viande (anchois, harengs, biscuits, bœuf, lard), cuirs, bois précieux, colorants (indigo), épices, café, chocolat ou, beaucoup plus rarement, sacs d'argent ou poudre d'or.

Le produit de la vente aux enchères des prises était alors partagé entre les personnes ayant collaboré à la capture de l'ennemi dans l'ordre des priorités :

  • L'État (Roi, République, Empereur) prenait entre 10 et 20 pour cent (c'est lui qui fournissait la lettre de marque).
  • Les frais (on payait la nourriture, la poudre, les munitions, ainsi que les réparations faites durant le voyage).
  • Les veuves et les blessés (les veuves prenaient deux fois la part de leurs défunts maris, et les blessés avaient une indemnité, fixée au départ en fonction de la partie du corps manquante, en plus de leur part).
  • L'armateur (ou le groupement d'armateurs lorsque les frais d'armement étaient importants) prenait ensuite 30 pour cent du reste.
  • Enfin, chaque homme avait sa part en fonction de sa place dans l'équipage (le mousse=demi-part, le capitaine=25 parts, le chirurgien=25 parts etc…)

À partir du XVIIe siècle, l'État se contente de droits d'enregistrement réduits afin d'encourager la prise de risque des armateurs. Le partage des prises devient alors : 2/3 pour l'armateur, 1/3 pour l'équipage.

Lors du partage de la prise entre les membres de l'équipage, des piles d’or de la hauteur d'un pied (environ 33 cm) étaient distribuées à chacun de ces membres en fonction de la hiérarchie, « prendre son pied » signifiant alors « prendre sa part de butin ». La notion de jouissance sexuelle peut être reliée au fait que les marins, après un long périple en mer, allaient dépenser leur part en compagnie de prostituées.

Pour davantage d'informations, consulter les articles sur les navires corsaires.

Le déroulement des combats

La plupart du temps, il y avait peu de combats ou alors ils étaient très courts. La guerre à mort est une notion récente, la guerre d'extermination n'était pas dans la psychologie du temps mais est apparue lors de la Révolution française. La vie de marin était rude, personne n'éprouvait le besoin de rajouter d'autres souffrances à celles déjà vécues par le simple exercice du métier de marin.

Cependant la politique des pontons (navires désarmés dans lesquels les Britanniques parquaient leurs prisonniers dans un tel entassement que le taux de mortalité y était très élevé) à partir de la Guerre de Sept Ans, a poussé les marins français à une lutte beaucoup plus acharnée. Les évadés des pontons ayant retiré de leurs conditions de détention une haine de la Grande-Bretagne, sentiment quasi inconnu jusqu'alors.

Tactique

La plupart du temps, le corsaire se mettait dans le sillage de l'ennemi pour ne pas être dans l'axe de ses canons. Un coup de semonce était tiré si le navire montrait qu'il se rendait en baissant son pavillon. On envoyait alors quelques hommes conduits par un officier prendre possession du navire ; sinon l'abordage avait lieu.

Pour l'abordage le corsaire se plaçait perpendiculairement à l'ennemi (d'où l'importance d'avoir un navire rapide et bien manœuvrant) et engageait son beaupré sur le pont de l'adversaire.

Il pouvait aussi l'engager de bout en bout : la proue contre la poupe de l'ennemi.

L'équipage était couché sur le pont pour se protéger et cacher son nombre (s'il était peu nombreux). Le corsaire préparait l'abordage par un tir nourri de mitraille pour dégager le pont ennemi avec caronades et couleuvrines et aussi des tirs depuis la mâture (d'où l'on avait une meilleure vision) assurés par le chirurgien (qui ne montait pas à l'abordage), le mousse, le cuisinier, l'écrivain... Le but de ces tirs précis était de désorganiser l'adversaire en visant les officiers. On jetait les grappins et l'équipage s'élançait. Il était fréquent que des hommes tombent entre les deux navires et soient écrasés : Duguay-Trouin, lors de son premier combat a été marqué à vie par la vision d'un homme à la tête écrasée entre les deux coques ; Garneray a assisté à la même scène.

Le but du combat était de s'emparer d'un navire et de sa cargaison, d'obtenir une rançon de l'équipage. On tirait à démâter avec des boulets ramés (art dans lequel les artilleurs français étaient passés maîtres), à la mitraille sur la dunette où se tenaient les officiers, rarement à tuer, en « tirant dans le tas ». Le 31 août 1800 Surcouf, qui commandait La Confiance, une frégate de 18 canons avec un équipage de 190 hommes, s'est vu obligé de le faire lors de la prise du vaisseau de 40 canons, le Kent, qui avait à son bord 437 marins et soldats. En effet, en plus de son équipage, le Kent embarquait deux compagnies d'infanterie rejoignant leur garnison. Les soldats chargèrent, bousculant les marins français : Robert Surcouf fit déplacer un canon de son sabord pour le tourner sur la partie du pont d'où venait cette attaque et tirer à mitraille, ce qui arrêta net la contre-attaque des Anglais.

Le combat se déroulait à l'arme légère : pistolet, fusil, pique, hache d'abordage, sabre d'abordage (dit aussi « cuiller à pot », d'où l'expression « régler les choses en deux coups de cuillère à pot »).

Anecdotes

  • On vivait alors la « Guerre en Dentelles » et il est arrivé qu'un capitaine corsaire n'ayant pas le nombre d'hommes suffisant, fasse payer directement au capitaine ennemi la rançon de son navire et de son équipage et même les libère avec promesse de rendre des prisonniers en échange.
  • Garneray raconte dans ses souvenirs, qu'un capitaine britannique qui s'était rendu sans combattre, montant à bord du navire français pour la reddition, constatait que les Français étaient peu nombreux ; il déclara que s'il avait su, il aurait combattu et que les Français ne l'auraient pas pris. Comme son ton méprisant agaçait le capitaine corsaire français, celui-ci déclara qu'il n'avait qu'à remonter sur son navire et qu'on allait donc combattre. Selon Garneray, le Britannique devint tout pâle et n'insista pas.

La guerre de course aujourd'hui

La guerre de course a été abolie en 1856 par le traité de Paris après la guerre de Crimée. En France, le dernier corsaire fut Étienne Pellot.

Une activité toujours légale aux États-Unis

Cependant les États-Unis ne sont pas signataires de ce traité. Aussi, selon la constitution américaine, le Congrès conserve le droit de « déclarer la guerre, d'accorder des lettres de marque et de représailles et d'établir des règlements concernant les prises sur terre et sur mer » (Article 1, section VIII).

L'administration Bush, après les attentats du 11 septembre 2001, a renforcé le droit constitutionnel de prises en mer en faisant voter une loi, nommée « September 11 Marque and Reprisal Act of 2001 », qui autorise le Département d'État à octroyer des lettres de marque sans attendre l'aval du Congrès. Ainsi des personnes ou des sociétés peuvent se voir confier des missions militaires navales offensives. En 2007, une société américaine privée, la société Pistris, s'est vu accorder une lettre de marque pour armer un navire battant pavillon américain chargé de traquer les pirates dans le golfe d'Aden

Mais illégale dans les pays signataires du Traité de Paris

Au cours de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne utilisa un navire de commerce, le Seeadler, commandé par Felix von Luckner, officier de la Marine impériale. En mettant à profit son apparence de navire de commerce, il pouvait approcher les navires marchands ennemis.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, afin de désorganiser le commerce britannique, l'Allemagne a utilisé des navires marchands pour porter le conflit dans les océans du Sud. Ces navires ont été armés, leurs superstructures modifiées et ces bâtiments ont arboré des pavillons de pays neutres. Ainsi transformés en croiseurs auxiliaires ils ont sillonné l'océan Indien austral notamment entre 1940 et 41. L’Atlantis (coulé par le croiseur britannique Devonshire le 21 novembre 1941), le Pinguin (coulé par le Cornwall), le Komet écumèrent les eaux des îles Kerguelen. Il y eut également l'Orion, le Widder, le Thor, le Kormoran (coulé par le croiseur australien Sydney), le Michel (coulé devant le Japon) et le Stier (coulé par un navire américain en Atlantique sud), qui ont écumé tous les océans du monde.

Dans les deux cas, ces navires étaient commandés par des officiers de marine, qui agissaient certes en totale autonomie et sur un navire à l'origine civil, mais sur ordre reçu de l'Amirauté et surtout sans lettre de course puisque la Prusse avait signé le traité de Paris abolissant la course en 1856.

Il ne s'agit donc pas de corsaires (défini par la possession d'une lettre de course) mais de navires faisant la guerre selon une tactique dont seules quelques apparences peuvent éventuellement rappeler la guerre de course.

 

 

22 mai 2012

le manuscrit de voynich

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Extrait de l'écriture du manuscrit de Voynich.

Manuscrit de Voynich

Le manuscrit de Voynich est un livre ancien écrit à l'aide d'un alphabet inconnu. Le mystère demeure entier quant à la nature exacte de ce manuscrit puisque les thèses les plus diverses s'affrontent. D'après les travaux de Gordon Rugg, il pourrait s'agir d'une supercherie.

Le livre tire son nom d'un de ses anciens propriétaires, Wilfrid M. Voynich, qui l'acquit en 1912 auprès des Jésuites de Frascati, près de Rome. La plus ancienne mention connue de ce manuscrit date de 1639, dans une lettre d'Athanasius Kircher.

En 1962, Hans Kraus fait une description du manuscrit sur son catalogue de vente. Depuis 1969, le manuscrit est conservé à la Bibliothèque Beinecke de l’université Yale. Selon une étude publiée en 2011 par l'équipe de Greg Hodgins de l'Université d'Arizona, le parchemin support du texte a été fabriqué entre 1404 et 1438.

L'intégralité du manuscrit a été publiée pour la première fois par un éditeur français en octobre 2005.

Sommaire

Description

Le livre est constitué de 234 pages de 15 cm de large et 23 cm de haut. Le manuscrit est en vélin (peau de veau mort-né, particulièrement fine, travaillée en parchemin de qualité supérieure) et 42 pages sont manquantes d'après la pagination. Il semble que lors de son acquisition par Voynich en 1912, le livre était déjà incomplet. Une plume d'oie a été utilisée pour le texte et le contour des figures. Plusieurs couleurs ont été apposées sur les figures d'une manière parfois grossière. On pense que ces ajouts de peinture ont été faits après la rédaction du texte.

Illustrations

Les illustrations dans le manuscrit donnent peu d'indications sur son contenu exact mais permettent d'identifier une demi-douzaine de sections consacrées à des sujets différents avec un style qui varie. Excepté pour la dernière section dont le contenu est entièrement textuel, presque toutes les pages contiennent au moins une illustration. Les sections et leur nom contemporain sont :

 
 La section consacrée à l'herboristerie avec des illustrations de plantes.
  • Herbier : chaque page contient une plante, parfois deux, accompagnées de paragraphes. Le tout est présenté selon le style européen des herbiers de l'époque. Certaines parties sont des agrandissements et des versions améliorées des esquisses présentes dans la partie pharmacologie (voir ci-dessous).
  • Astronomie : des diagrammes d'astres comme des soleils, des lunes et des étoiles suggèrent que le contenu porte sur l'astrologie et l'astronomie. Une série de 12 diagrammes représente les symboles des constellations du Zodiaque (deux poissons pour la constellation des Poissons, un Taureau, un soldat avec une arbalète pour le Sagittaire, etc.). Chaque symbole est entouré d'exactement 30 figures féminines, la plupart nues, qui portent une étoile avec une légende. Les deux dernières pages de cette section, le Verseau et le Capricorne, ont été perdues. Quant au Bélier et au Taureau, les pages qui leur sont consacrées sont divisées en deux paires de schémas avec 15 étoiles chacun. Certains de ces dessins sont sur des pages qui peuvent être dépliées.
  • Biologie ou balnéothérapie : un texte dense et continu parsemé de dessins qui représentent principalement des femmes nues se baignant dans des bassins ou nageant dans un réseau de tubes élaboré. La forme d'une partie de cette plomberie fait penser à des organes. Certaines de ces femmes portent des couronnes.
  • Cosmologie : des diagrammes circulaires à la signification obscure. Cette section possède également des dépliants. L'un d'entre eux s'étale sur six pages et contient des cartes de 9 « îles » reliées par des chemins avec la présence de châteaux et de ce que l'on estime être un volcan.
  • Pharmacologie : plusieurs dessins de plantes avec une légende. Les figures décrivent des parties des végétaux (racines, feuilles, etc.) ce qui fait penser à un guide pour un apothicaire. Des objets dans les marges ressemblent à des pots utilisés par les pharmaciens de l'époque, les pages sont clairsemées avec seulement quelques paragraphes de texte.
  • Recettes : beaucoup de paragraphes assez courts, chacun étant marqué d'une puce en forme de fleur ou d'étoile.

Texte

Folio f75r : La partie « biologie » du manuscrit est dense avec des illustrations de femmes dans des bassins.

Le texte est clairement écrit de gauche à droite, avec une marge à droite quelque peu inégale. Les sections les plus longues sont divisées en paragraphes avec parfois des « puces » dans la marge de gauche. Il n'y a aucun signe évident de ponctuation. Le ductus (l'ordre et la direction selon lesquels on trace les traits qui composent la lettre) est fluide ce qui laisse penser que le scribe comprenait ce qu'il écrivait au moment de la rédaction. Le manuscrit ne donne pas l'impression que les caractères ont été apposés un par un, caractéristique qui apparaît dans le cas d'un chiffrement compliqué. L'écriture n'est toutefois pas toujours soigneuse : par endroit, l'auteur doit resserrer les interlignes par manque de place. Ceci est particulièrement visible dans la partie « recettes » avec un texte ondulé qui dénote que le scribe n'était probablement pas un « professionnel ».

Le texte comprend plus de 170 000 glyphes, normalement séparés les uns des autres par de fins interstices. La plupart de ces glyphes sont écrits avec un ou deux traits. Les experts restent divisés concernant l'alphabet utilisé car certains des glyphes sont similaires. On pense toutefois que l'alphabet du manuscrit de Voynich comprend entre 20 et 30 signes. Certains caractères inhabituels apparaissent ici et là, on en dénombre une douzaine de ce type.

Des espacements plus larges divisent le texte en 35 000 mots environ, de taille variable. Il semble que le texte suit des règles phonétiques ou orthographiques : certains caractères doivent apparaître dans chaque mot (à l'instar des voyelles en français), certains caractères n'en suivent jamais d'autres, d'autres peuvent apparaître en double.

Une analyse fréquentielle révèle des caractéristiques semblables aux langues naturelles. Par exemple, la fréquence des mots suit la loi de Zipf et l'entropie (quantité d'information) de chaque mot s'élève à 10 bits ce qui est similaire aux textes en anglais ou en latin.

Certains mots n'apparaissent que dans des parties précises ou sur quelques pages, d'autres sont disséminés dans tout le manuscrit. Les répétitions au sein des légendes des figures sont rares. Dans la section « herbier », le premier mot de chaque page n'apparaît nulle part ailleurs, il pourrait donc s'agir du nom de la plante illustrée.

Sur d'autres points, le langage du manuscrit de Voynich diffère sensiblement des langues européennes. Par exemple, il n'y a pratiquement aucun mot avec plus de 10 symboles, et presque aucun mot de moins de trois lettres. Les distributions des lettres à l'intérieur d'un mot sont atypiques pour l'Occident : certains caractères n'apparaissent qu'au début d'un mot, d'autres seulement au milieu, et d'autres seulement à la fin (sans que l'on puisse établir s'il s'agit de variantes positionnelles d'une même lettre, ou de lettres uniques n'existant qu'en certaines positions). Parmi les deux principales dérivations de l'alphabet phénicien, une disposition similaire se retrouve couramment dans l'alphabet araméen et ses dérivés (langues sémitiques) comme l'hébreu et l'arabe (certaines lettres y changent de dessin selon leur position dans le mot), mais jamais (avec l'exception en grec du Bêta et du Sigma) dans l'alphabet grec et ses dérivés (langues indo-européennes) comme le latin et le cyrillique.

Le texte semble être plus redondant que la plupart des langues européennes, certains mots apparaissent parfois trois fois à la suite. Les mots qui se différencient par une seule lettre sont présents avec une fréquence inhabituelle.

Histoire

 
Folio f78r : Les illustrations de la partie « biologie » sont reliées par un réseau de tuyaux.

Comme l'alphabet du manuscrit ne ressemble à aucun autre et que le texte est toujours indéchiffrable, les seuls signes reflétant son ancienneté et son origine sont les illustrations, spécialement les robes et les coiffures des personnages, ainsi que deux châteaux apparaissant dans les schémas. Ils sont caractéristiques du style européen et, se basant sur ce fait, les experts datent le livre sur une période comprise entre 1450 et 1520. Cette évaluation est confortée par des indices complémentaires. Une étude californienne récente (2011) a permis l'analyse au carbone 14 de 4 éléments distincts de l'oeuvre. Le résultat tend à prouver que l'ensemble du manuscrit a été rédigé à la même époque, dans un délai relativement court, entre 1408 et 1436.

Le propriétaire officiel le plus ancien de ce manuscrit était un certain Georg Baresch, un alchimiste qui vivait à Prague au XVIIe siècle. Apparemment Baresch était lui aussi perplexe à propos de ce « Sphinx » qui a « pris de la place inutilement dans sa bibliothèque » pendant des années. Baresch apprit qu'Athanasius Kircher, un savant jésuite issu du collège romain, avait publié un dictionnaire copte (éthiopien) et déchiffrait les hiéroglyphes égyptiens. Il lui envoya une copie d'une partie du manuscrit à Rome par deux fois, demandant des indices. Sa lettre destinée à Kircher datant de 1639, qui a été retrouvée récemment par René Zandbergen, est la première allusion au manuscrit trouvée jusqu'alors.

On ne sait pas si Kircher a répondu mais il semblerait qu'il s'intéressa assez au sujet pour tenter d'acquérir le livre, que Baresch refusa apparemment de montrer. Après la mort de Baresch, le manuscrit passa à son ami Jan Marek Marci (Johannes Marcus Marci), alors proviseur à l'Université Charles de Prague, qui envoya le livre à Kircher, son ami de longue date et correspondant. La lettre d'explication de Marci (1666) est encore jointe au manuscrit. La lettre prétend entre autres que le manuscrit fut, à l'origine, acheté pour 600 talers d’or par l'Empereur Rodolphe II qui pensait que l'ouvrage était le fruit du travail de Roger Bacon.

On perd ensuite la trace du livre pendant 200 ans, mais selon toute vraisemblance il était conservé, comme le reste de la correspondance de Kircher, dans la bibliothèque du Collège romain, actuelle Université pontificale grégorienne. Il y resta probablement jusqu'à l'invasion de la ville par les troupes de Victor-Emmanuel II d'Italie, qui annexa les États pontificaux en 1870. Le nouveau gouvernement italien décida de confisquer beaucoup de biens de l'Église, notamment la bibliothèque du Collège romain. D'après les recherches de Xavier Ceccaldi et d'autres, de nombreux livres avaient été transférés à la hâte juste avant ces événements dans les bibliothèques privées de ses facultés. Ces dernières avaient été exemptes des confiscations. Les lettres de Kircher étaient parmi ces livres et, apparemment, le manuscrit de Voynich aussi, vu qu'il portait encore l'ex-libris de Petrus Beckx, Supérieur général de la Compagnie de Jésus et proviseur de l'université en même temps.

La bibliothèque privée de Beckx fut déménagée à la Villa Mondragone, Frascati, un grand palais près de Rome, acheté par la Compagnie de Jésus en 1866.

Vers 1912, le collège romain décida de vendre, très discrètement, quelques uns de ses biens. Wilfrid Voynich acheta 30 manuscrits, parmi lesquels celui qui porte maintenant son nom. Après sa mort en 1930, sa veuve Ethel Lilian Voynich hérita du manuscrit. Elle mourut en 1960 et laissa le manuscrit à son amie proche, Mlle Anne Nill. En 1961, Anne Nill vendit le livre au marchand de livres anciens Hans P. Kraus. Incapable de trouver un acheteur, Kraus en fit don à l'université Yale en 1969.

Hypothèses sur l'auteur du manuscrit

La paternité du manuscrit de Voynich a fait l'objet d'un débat opposant les aspects historiques et les expertises scientifiques. Plusieurs noms ont été proposés. On retiendra ici les plus populaires.

Roger Bacon

 
Roger Bacon

La lettre de 1665 expédiée par Marci à l'attention de Kircher indique que le livre avait été acheté par Rodolphe II du Saint-Empire. La missive suggère que Rodolphe (ou peut-être Mnishovsky) pensait que l'auteur était le philosophe et alchimiste anglais Roger Bacon (1214-1294) .

Même si Marci dit « émettre des doutes » au sujet de cette affirmation, cette thèse fut prise au sérieux par Voynich qui tenta de la valider de son mieux. La conviction de Voynich influença énormément les tentatives d'analyse et de déchiffrement qui suivirent. L'Américain William Newbold travailla durant deux ans sur le manuscrit et arriva à la conclusion que l'auteur était Bacon, mais il mourut en 1926 et ne put défendre sa théorie qui fut passablement critiquée par la suite.

Des experts familiers avec le travail de Bacon eurent l'occasion d'examiner le manuscrit et rejetèrent catégoriquement cette hypothèse . Il faut encore noter que Raphael Mnishovsky meurt en 1644 et que l'achat du livre par Rodolphe II eut certainement lieu avant son abdication en 1611 soit 55 ans avant la lettre de Marci.

John Dee

 
John Dee

La supposition que Roger Bacon était l'auteur conduisit Voynich à conclure que la personne qui vendit le manuscrit de Voynich à Rudolf ne pouvait être que John Dee. Dee était un mathématicien et un astrologue de la cour de la reine Élisabeth Ire, connue pour détenir une grande collection de manuscrits de Bacon.

Dee et son médium Edward Kelley vivaient en Bohème depuis plusieurs années quand ils espérèrent vendre leurs services à l'Empereur. Cependant, les agendas méticuleusement tenus par Dee ne mentionnent pas cela et rendent cette hypothèse assez invraisemblable. En tout cas, si l'auteur du manuscrit de Voynich n'est pas Bacon, la relation avec Dee disparaît. Par ailleurs, Dee lui-même peut l'avoir rédigé et avoir lancé la rumeur selon laquelle il s'agissait originellement d'un travail de Bacon. Dee aurait agi de la sorte dans l'espoir de vendre ultérieurement le manuscrit.

Edward Kelley

 
Edward Kelley

Le compagnon de Dee à Prague, Edward Kelley, était un alchimiste qui sortait de l'ordinaire. Il avait annoncé sa capacité à transformer du cuivre en or par le biais d'une poudre secrète qu'il avait découverte dans la tombe d'un évêque au Pays de Galles. Il affirma également être capable d'invoquer des anges en touchant une boule de cristal et d'avoir de longues conversations avec eux. Dee rapporta ces faits dans des documents manuscrits. Le langage des anges était l'énochien, d'après Énoch, le père biblique de Mathusalem. D'après la légende, Kelley aurait fait un voyage avec les anges et aurait expliqué son périple dans le livre d'Énoch. Plusieurs personnes ont suggéré que comme Kelley avait inventé le livre d'Enoch pour tromper Dee, il aurait également pu fabriquer le manuscrit de Voynich dans le but de le vendre à l'empereur (qui rémunérait déjà Kelley pour ses supposés talents d'alchimiste).

L'hypothèse privilégiée par Gordon Rugg est que le manuscrit aurait été forgé par Edward Kelley et John Dee ensemble. Le manuscrit semble avoir été écrit avec deux écritures avec des mots ayant des fréquences différentes selon l'écriture9. Edward Kelley et John Dee avaient déjà inventé ensemble l'énochien, la « langue des anges », ce qui en fait des spécialistes de l'arnaque et des langues forgées. Selon cette hypothèse, le manuscrit ne renfermerait aucune information. Leur présence à Prague au moment de la vente du manuscrit à l’Empereur de Bohème ajoute du crédit à cette hypothèse.

Wilfrid Voynich

Voynich a été suspecté d'avoir lui-même fabriqué l'ouvrage qui porte son nom. En tant que marchand de livres anciens, il disposait des moyens et des connaissances nécessaires pour inventer un manuscrit faussement attribué à Roger Bacon. Un tel livre aurait représenté une fortune et un mobile financier pourrait avoir motivé la création de ce faux. Cette possibilité semble pouvoir être écartée. La lettre de Baresch destinée à Kircher datant de 1639, qui a été retrouvée récemment par René Zandbergen, est la première allusion au manuscrit trouvée jusqu'alors et il est fort improbable que W. Voynich en ait eu connaissance.

Jacobus Sinapius

 
Jakub Horcicky de Tepenec (Jacobus Sinapius en latin)

Une reproductionde la première page du manuscrit, réalisée par Voynich vers 1921, montre certaines annotations quasiment imperceptibles qui avaient été effacées. Le texte a pu être rehaussé à l'aide de produits chimiques, et a laissé apparaître le nom de Jacobj `a Tepenec. Il s'agirait de Jakub Horcicky de Tepenec, Jacobus Sinapius en latin. Ce spécialiste en herboristerie était le docteur personnel de l'empereur Rodolphe II et s'occupait également de ses jardins. Voynich et d'autres personnes après lui, conclurent d'après cette « signature » que Jacobus possédait l'ouvrage avant Baresch. Cette découverte renforçait l'histoire de Raphael Mnishovsky. D'autres affirmèrent que Jacobus lui-même pouvait être l'auteur du manuscrit.

Un doute repose sur cette piste : la signature effacée du manuscrit ne correspond pas aux autres signatures connues de Jacobus comme celle découverte par Jan Hurich dans un document. Il est tout à fait plausible que cette annotation sur la page droite f1 fut l'œuvre d'un libraire ou d'une quelconque personne qui eut l'occasion d'étudier ou de posséder le livre. À l'époque de Kircher, Jacobus est le seul alchimiste ou docteur de la cour de Rodolphe II auquel on a consacré une page entière dans les livres d'histoire jésuites. Tycho Brahe est par exemple à peine mentionné. L'application des produits chimiques a tellement dégradé le vélin que la signature est à peine visible. Il est possible que Voynich ait volontairement façonné et endommagé cette signature dans le but de renforcer la théorie attribuant la paternité à Roger Bacon, tout en empêchant d'éventuelles contre-expertises.

Jan Marci

 
Jan Marci

Jan Marci rencontra Kircher alors qu'il était à la tête d'une délégation envoyée par l'université Charles à Rome en 1683. Au cours des vingt-sept années qui suivirent, les deux érudits s'échangèrent un volumineux courrier scientifique. Le voyage de Marci avait pour but d'assurer l'indépendance de l'université Charles vis-à-vis des jésuites. Ceux-ci géraient le collège Clementinum, qui était un rival pour l'université. Malgré ces efforts, les deux établissements furent fusionnés sous le contrôle des jésuites.

C'est dans ce contexte religieux et politique tendu que Marci aurait pu fabriquer les lettres de Baresch et plus tard le manuscrit de Voynich dans le but de se venger de Kircher, favorable aux jésuites. La personnalité de Marci et ses connaissances semblent être compatibles avec la réalisation de l'ouvrage. Kircher était convaincu de détenir le savoir, il était plus connu pour ses erreurs et sa candeur que pour son prétendu génie. Kircher était donc une cible facile et il s'était déjà fait ridiculiser à une autre occasion. L'orientaliste Andreas Mueller lui avait concocté un manuscrit soi-disant originaire d'Égypte, le contenu était en fait incohérent et volontairement sans aucune signification. Mueller demanda à Kircher d'en faire une traduction. Kircher renvoya alors une traduction complète, ce qui ne manqua pas de le discréditer.

Les seules preuves de l'existence de Georg Baresch sont trois lettres envoyées à Kircher : une par Baresch (1639) et deux par Marci (environ une année plus tard). La correspondance entre Marci et Kircher s'achève en 1665, au même moment que la lettre concernant le manuscrit de Voynich. Cependant, toute cette thèse repose sur la haine de Marci à l'égard des jésuites. Ce sentiment n'est que pure conjecture : Marci était un fervent catholique, il avait lui-même étudié pour devenir jésuite et peu avant sa mort en 1667, il fut nommé membre honorifique de l'ordre.

Raphael Mnishovsky

 
Raphael Mnishovsky

Raphael Mnishovsky, l'ami de Marci, était lui-même un cryptographe (entre autres) et avait apparemment inventé une méthode de chiffrement qu'il disait inviolable (vers 1618). Sa connaissance des chiffres a alimenté les soupçons à son sujet. Le manuscrit de Voynich aurait pu être une démonstration du système de Mnishovsky. Baresch aurait ainsi été son « cobaye » pour cette expérience de cryptanalyse. Après la publication du livre de Kircher sur le copte, Raphael aurait pensé que tromper un jésuite aurait été plus gratifiant que Baresch. Il aurait demandé ainsi à l'alchimiste d'entrer en contact avec Kircher en le motivant grâce à une histoire sur Roger Bacon montée de toutes pièces. Aucune preuve concrète n'est toutefois venue étayer cette hypothèse.

Anthony Ascham

Dans les années 1940, le docteur Leonell Strong, chercheur en cancérologie et cryptologue à ses heures perdues, tenta de déchiffrer le manuscrit de Voynich. Strong affirma que la solution du manuscrit de Voynich reposait sur un « étrange système double avec des progressions arithmétiques d'un alphabet multiple ». Il assura que le texte en clair correspondait à un manuscrit du XVIe siècle par l'auteur anglais Anthony Ascham. Ascham avait publié A Little Herbal en 1550. Si le manuscrit de Voynich contient bel et bien une section ressemblant très fortement à un herbier, la théorie de Strong n'explique pas comment Ascham aurait pu acquérir les connaissances cryptographiques et littéraires nécessaires pour rédiger le manuscrit.

Auteurs multiples

Prescott Currier, un cryptographe de l'US Navy qui travaillait sur le manuscrit dans les années 1970, observa que les pages de la partie herbier pouvaient être séparées en deux groupes, A et B, avec chacun des propriétés statistiques et des écritures différentes. Il en conclut que le manuscrit de Voynich était le fruit du travail de plusieurs auteurs utilisant des dialectes et des conventions d'orthographe différentes mais partageant le même manuscrit. Cependant, des études récentes ont remis en question ces conclusions. Un expert en écriture qui examina le livre ne vit qu'une seule écriture dans l'ensemble du manuscrit. Quand toutes les parties sont examinées, on peut constater une transition graduelle du style entre les différents feuillets du manuscrit, avec les deux groupes A et B repérés par Currier comme extrémités de cette évolution. Donc, ses observations sont probablement plutôt le résultat de l'écriture de ces deux sections de l’herbier à des périodes très différentes ou il faut peut-être faire une distinction entre celui qui a composé le texte et celui qui l'a écrit sur le manuscrit de Voynich. Ainsi, la discrimination statistique en deux groupes (A et B) pourrait être occasionnée par la traduction de textes originaux provenant de différents auteurs.

Hypothèses sur le contenu et le but du manuscrit

L'impression générale dégagée par le manuscrit suggère qu'il devait servir de pharmacopée ou de référence pour de la médecine médiévale. La présence d'étranges illustrations a alimenté les théories les plus folles au sujet des origines de l'ouvrage, son contenu et le but recherché par l'auteur. Il serait impossible de décrire ici l'ensemble des possibilités évoquées à ce sujet mais certaines méritent d'être mentionnées :

Herbier

Plantes représentées

La première section du livre est visiblement consacrée au règne végétal avec des fiches comportant des illustrations de plantes. Seuls quelques spécimens ont été formellement identifiés malgré des recherches dans les autres herbiers de l'époque. Parmi les plantes les plus faciles à reconnaître, on trouve une pensée violette et une fougère. Ces schémas de la partie « biologie » du manuscrit sont des versions plus fines de ceux présents dans la partie « pharmacologie ». Les zones manquantes ont été comblées par une multitude de détails improbables. En fait, la plupart de ces plantes semblent être des hybrides : des racines d'une espèce connectées à la tige et les feuilles d'une autre et finalement des fleurs provenant d'une troisième espèce.

Tournesols

Brumbaugh pensait qu'une des illustrations représentait un Helianthus annuus, le tournesol que nous connaissons de nos jours et qui provenait d'Amérique. Cette indication permettrait de situer avec plus de précision la date à laquelle a été fabriqué le manuscrit. Mais la ressemblance avec la plante réelle est limitée, surtout si la figure est comparée avec des espèces sauvages. De plus, l'échelle de l'esquisse n'étant pas connue, il est difficile d'affirmer qu'il s'agit bien d'un tournesol et non pas d'une espèce similaire de la vaste famille des Asteraceae (l'artichaut, la marguerite ou encore les pissenlits) qui est présente partout dans le monde.

Herbier astrologique

Les considérations astrologiques ont souvent joué un grand rôle dans la cueillette des herbes, la saignée et d'autres procédures médicales répandues à l'époque supposée de la rédaction du texte (voir, par exemple, les livres de Nicholas Culpeper). Cependant, à part les signes zodiacaux évidents et un schéma semblant représenter les planètes, personne n'a encore été capable d'interpréter les illustrations au moyen des traditions astrologiques connues (européennes ou autres).

Faux herbier de charlatan

Sergio Toresella, spécialiste italien des herbiers, a proposé que l'ouvrage serait une imitation de livre médical comprenant différentes sections (astrologie, botanique, balnéothérapie, etc.) et portant un texte volontairement mystérieux, utilisé par un charlatan pour impressionner sa clientèle. Il pense qu'il a été produit dans le Nord de l'Italie, peut-être la région de Venise.

Alchimie

Comparaison avec les livres d'alchimie

Les bassins et les tuyaux de la partie biologie semblent indiquer une relation avec l'alchimie, qui serait utile si le livre contenait des instructions concernant la préparation de composants médicaux. Cependant, les livres d'alchimie de cette période partagent le même langage pictural où les processus et matériaux sont représentés par des images spécifiques (aigle, crapaud, homme dans une tombe, couple au lit, etc.) ou des symboles textuels standards (cercle avec une croix, etc.). Aucun de ceux-ci n’apparaît de façon convaincante dans le manuscrit de Voynich.

Élixir de longue vie

Le manuscrit de Voynich pourrait être une recette médiévale pour créer la pierre philosophale, c’est-à-dire l'élixir de longue vie. Les liens alchimiques vulgaires (crapauds, aigle, etc.) n'ont pas de sens ici. Les représentations sont claires. Les fluides de jeunes vierges desquelles on récupère les « humeurs vitales », la concoction à base de plantes censées être mystérieuses, rares ou inconnues, et la position astrologique optimale concourent simultanément à la réussite de l'élixir de longue vie.

Herbier alchimique

Sergio Toresella, expert en herbiers anciens, montra que le manuscrit de Voynich pouvait être un herbier alchimique qui n'aurait rien à voir avec l'alchimie mais serait un pseudo herbier illustré par des images inventées par un docteur charlatan pour impressionner ses clients. Apparemment, une petite industrie familiale existait à cette époque, produisant ce genre de littérature quelque part au nord de l'Italie. Néanmoins ces livres sont assez différents du manuscrit de Voynich dans le style et le format et sont rédigés en langage courant.

Microscopes et télescopes

 
Ces trois pages extraites du manuscrit incluent un schéma qui semble de nature astronomique.

Un dessin circulaire dans la partie astronomique montre un objet de forme irrégulière avec des extensions courbées, dont certaines ont été interprétées comme des images de galaxie, visibles seulement à l'aide d'un télescope. D'autres dessins ont été interprétés comme représentant des cellules vues à travers un microscope. Cela suggérerait un travail plus moderne que les origines supposées du manuscrit ne pourraient le permettre. Cette ressemblance doit cependant être considérée avec une certaine circonspection : un examen attentif montre en effet que la partie centrale de cette « galaxie » ressemble plutôt à une flaque d'eau.

Hypothèses sur le langage

Plusieurs hypothèses ont été avancées concernant le « langage » utilisé par le manuscrit de Voynich.

Codage lettre-à-lettre

Selon cette hypothèse, le manuscrit de Voynich est un texte écrit dans une langue européenne, mais dont le sens a été rendu intentionnellement caché en le codant au moyen d'un chiffrement. Cet algorithme opère lettre par lettre, et produit un texte utilisant « l'alphabet » du manuscrit de Voynich.

C'est cette hypothèse de travail qui a été utilisée dans la plupart des tentatives de déchiffrement effectuées au XXe siècle, dont l'une a été conduite par le cryptologue William F. Friedman à la tête d'une équipe informelle de la NSA au début des années 1950.

 
Table utilisée pour le chiffre de Vigenère

Les chiffrements simples par substitutions peuvent être exclus car ils sont trop faciles à casser. Les efforts se sont donc portés sur des chiffrements polyalphabétiques, inventés par Alberti dans les années 1460. Le chiffre de Vigenère, qui fait partie de cette famille, aurait pu être utilisé et renforcé par l'utilisation de symboles nuls ou équivalents, le réarrangement de lettres, des fausses coupures de mot, etc.

Certaines personnes ont élaboré une théorie selon laquelle les voyelles avaient été supprimées avant le chiffrement. Plusieurs solutions de déchiffrement utilisant cette théorie ont été proposées, mais aucune n'a été largement acceptée : les textes ainsi déchiffrés dépendent de tant de conjectures que, en utilisant ces techniques, on pourrait reconstituer n'importe quel message à partir d'une chaîne de symboles pris au hasard.

Le principal argument en faveur de l'hypothèse du codage lettre-à-lettre est que l'utilisation d'un alphabet étrange par un auteur européen s'explique difficilement, sauf dans la volonté de masquer l'information. Effectivement, Roger Bacon connaissait les techniques de chiffrement, et la date estimée du manuscrit coïncide approximativement avec la naissance de la cryptologie en tant que discipline systématique.

Cependant, un chiffrement polyalphabétique devrait normalement détruire les caractéristiques statistiques « naturelles » observées dans le manuscrit de Voynich, telles que la loi de Zipf. De plus, bien que les chiffrements polyalphabétiques aient été inventés vers 1467, les variantes ne devinrent populaires qu'au XVIe siècle, c'est-à-dire après la date estimée du manuscrit de Voynich.

Chiffrement par dictionnaire

Selon cette théorie, les « mots » du manuscrit de Voynich seraient codés de telle sorte qu'il faille les retrouver grâce à un dictionnaire ou une table de chiffrement. Le principal indice concordant est que la structuration et la distribution statistique de ces mots sont similaires aux nombres romains. Ceux-ci seraient un choix naturel pour le code utilisé. Les livres codés ne sont cependant viables que pour de courts messages à cause de leur encombrement et leur utilisation peu commode : chaque écriture ou lecture d'un mot demande un parcours du répertoire. D'autres théories remettent en cause « l'évidence » du choix des nombres romains.

Chiffrement visuel

James Finn a proposé dans son livre Pandora's Hope (2004) que le manuscrit de Voynich serait en fait de l'hébreu visuellement codé. Une fois les lettres de Voynich transcrites correctement, avec EVA comme guide, beaucoup de mots peuvent être lus comme des mots hébreux qui se répètent avec des distorsions pour troubler le lecteur. Par exemple, le mot AIN du manuscrit est un mot hébreu pour « œil » et il apparaît aussi sous d'autres formes comme « aiin » ou « aiiin », pour donner l'impression qu'il s'agit de mots différents alors qu'en fait ils sont identiques. Un argument en faveur de cette méthode est qu'elle expliquerait le manque de succès des autres chercheurs basant leurs méthodes sur des approches plus mathématiques. L'argument principal contre l'hypothèse du chiffrement visuel est que cela induit une accablante charge de travail pour le déchiffrement du texte qui induit de multiples interprétations visuelles. Il serait difficile de séparer le sens du texte d'origine de son interprétation et de l'influence du « décrypteur ».

Stéganographie

Cette théorie met en avant l'hypothèse qu'une bonne partie du texte n'a aucun sens mais dissimule des informations cachées dans des détails passant inaperçus. Par exemple, la deuxième lettre de chaque mot ou le nombre de lettres de chaque ligne peuvent avoir une signification, le reste étant inutile. Cette technique nommée stéganographie est très ancienne et était décrite, entre autres, par Johannes Trithemius en 1499. Il fut aussi suggéré de déchiffrer le texte grâce à une grille de Cardan quelconque.

Cette théorie est complexe à prouver (on peut obtenir un résultat probant sans avoir trouvé la bonne méthode) mais aussi à réfuter, puisque ce genre de code peut être arbitrairement difficile à « casser ». Un argument contre cette hypothèse est que l'aspect « texte chiffré » de l'ensemble du manuscrit va à l'encontre de l'objectif premier de la stéganographie, à savoir cacher l'existence même du message secret.

D'autres ont suggéré que la signification du texte serait codée dans la longueur ou la forme du trait d'écriture. Des exemples existent d'une telle méthode contemporaine à cette époque, utilisant la forme des caractères (italique contre droit) pour cacher des informations. Cependant, après examen, le manuscrit de Voynich semble bien avoir été rédigé d'une écriture naturelle, influencée par les reliefs de la surface de vélin.

Langage naturel exotique

Le linguiste Jacques Guy a suggéré que le manuscrit de Voynich pouvait être un langage naturel exotique, écrit ordinairement avec un alphabet inventé. La structure des mots est en fait assez similaire aux langues de l'Orient et d'Asie centrale, principalement le sino-tibétain (chinois, tibétain et birman), l'austroasiatique (vietnamien, khmer, etc.) et peut-être aussi le tai (thaï, lao, etc.). Dans beaucoup de ces langages, les « mots » n'ont qu'une syllabe ; et les syllabes ont une structure plus riche, incluant des tons.

Cette théorie est historiquement vraisemblable. Bien que ces langues possédassent des manuscrits, ceux-ci étaient notoirement difficiles à comprendre par les Occidentaux ; ce qui motivait l'invention de plusieurs alphabets phonétiques. La plupart utilisaient les lettres latines mais quelquefois avec des nouveaux alphabets inventés. Bien que ces exemples connus soient bien postérieurs à la période supposée de l'origine du manuscrit de Voynich, l'histoire enregistre des centaines d'explorateurs et de missionnaires qui ont pu l'avoir écrit, même avant le voyage de Marco Polo au XIIIe siècle, mais plus particulièrement après que Vasco de Gama découvrit la route de l'Orient par la mer en 1499. L'auteur du manuscrit aurait pu être un natif d'Asie de l'est vivant en Europe, ou éduqué dans une mission européenne.

L'argument principal de cette théorie est qu'elle serait cohérente avec toutes les propriétés statistiques du texte du manuscrit de Voynich testées jusqu'à maintenant, incluant les mots doubles et triples (trouvés aussi fréquemment dans des textes chinois ou vietnamiens). Cela explique aussi le manque apparent de nombres et de traits caractéristiques de syntaxe occidentale (comme les articles et les copules), et les illustrations au graphisme général impénétrable. Un autre point concordant est la présence des deux grands symboles rouges de la première page, qui ont été comparés à un titre de livre façon chinoise, écrit de haut en bas et mal recopié. De même, l'apparente division de l'année en 360 degrés (plutôt que 365 jours), en groupes de 15 et partant des Poissons, est un trait relatif au calendrier agricole chinois (jie q`i).

L'argument principal des détracteurs de cette théorie est que personne (y compris des savants de l'Académie des sciences chinoise de Beijing) n'aurait trouvé d'exemple probant de symbolisme ou de science asiatique dans les illustrations du manuscrit.

Fin 2003, le polonais Zbigniew Banasik a proposé une traduction incomplète de la première page du manuscrit en postulant qu'il était écrit en langue mandchoue.

Langue polyglotte

Dans son livre Solution of the Voynich Manuscript: A liturgical Manual for the Endura Rite of the Cathari Heresy, the Cult of Isis (1987), Leo Levitov déclarait que le manuscrit était une transcription d'une « langue orale polyglotte » 16. Il la définit comme « un langage littéraire compréhensible pour les personnes qui ne comprenaient pas le latin mais qui pourraient lire ce langage ». Sa méthode de déchiffrement rassemble des séries de trois lettres pour former chaque syllabe et produire une série de syllabes formant un mélange de néerlandais médiéval, d'ancien français et de vieux haut-allemand.

Selon Levitov, le rite d'Endura n'était rien d'autre que l'assistance au suicide rituel pour les personnes considérées comme proches de leur fin, associé à la foi cathare (bien que la réalité de ce rite soit aussi remise en question). Il explique que les plantes chimériques ne sont pas là pour représenter une quelconque espèce florale, mais sont des symboles secrets de la foi. Les femmes dans les bassins à la tuyauterie complexe représentent le rituel lui-même, qui impliquait de se couper les veines pour laisser couler le sang dans un bain chaud. Les constellations, sans analogue céleste, représentent les étoiles du manteau d'Isis.

Cette théorie est mise en doute sur plusieurs points. Premièrement, la foi cathare est largement connue pour avoir été un gnosticisme chrétien mais jamais associé d'une quelconque façon à Isis. Deuxièmement, cette théorie place l'origine du livre au XIIe siècle ou au XIIIe siècle, donc très antérieure à ce que croient les adhérents de la théorie de Roger Bacon eux-mêmes. Troisièmement, le rite d'Endura implique un jeûne et non pas un acte d'automutilation comme se couper les veines. Levitov n'a proposé aucune preuve de sa théorie au-delà de sa traduction.

Langage construit

 
Le cryptologue américain William F. Friedman

La structure singulière des « mots » du manuscrit de Voynich a mené William F. Friedman et John Tiltman, indépendamment l'un de l'autre, à la conjecture que le texte serait le résultat de l'utilisation d'un langage inventé de toutes pièces, spécifiquement philosophique. Dans les langages de ce style, le vocabulaire est organisé selon un système de catégories, si bien qu'on peut déduire le sens général d'un mot à partir de sa séquence de lettres. Par exemple, dans la langue moderne Ro, bofo- est la catégorie des couleurs et tous les mots commençant par ce préfixe désignent en fait une couleur : ainsi rouge est bofoc et jaune est bofof. Il s'agit ici d'une version poussée à l'extrême de certaines méthodes de classification des livres utilisées par les bibliothèques et qui disent, P pour langage et littérature, PA pour langue grecque et latin, PC pour les langues romanes

Ce concept est assez ancien, comme l'atteste Philosophical Language de John Wilkins (1668). Dans la plupart des exemples connus, les catégories sont subdivisées par ajout de suffixes. En conséquence, un texte lié à un thème particulier contiendrait beaucoup de mots comportant des préfixes similaires ou communs. Par exemple, les noms de toutes les plantes commenceraient par le même préfixe et il en irait de même pour les maladies, etc. Cette caractéristique pourrait expliquer la nature répétitive du texte du manuscrit. Cependant, personne n'a été en mesure d'établir des correspondances entre des significations évidentes ou plausibles et certains préfixes ou suffixes du manuscrit de Voynich. De plus, les exemples de langages philosophiques connus sont postérieurs au manuscrit, vers le XVIIe siècle.

Tromperie

Les caractéristiques étranges du texte du manuscrit de Voynich (comme le doublement ou le triplement de mots) et le contenu suspect de ses illustrations (comme les plantes chimériques) ont fait penser que ce manuscrit était peut-être une escroquerie.

En 2003, l'informaticien Gordon Rugg montra qu'un texte comparable au manuscrit de Voynich pouvait être produit en utilisant une table de préfixes, radicaux et suffixes de mots, qui seraient sélectionnés et combinés au moyen d'un cache de papier perforé. Ce dernier système, connu sous le nom de grille de Cardan, fut inventé vers 1550 comme outil de chiffrement. Malgré tout, les textes générés par la méthode de Gordon Rugg n'ont, ni les mêmes mots, ni les fréquences du manuscrit de Voynich ; la ressemblance est visuelle, non quantitative. Mais depuis, on est en mesure de produire un galimatias ressemblant à de l'anglais (ou n'importe quelle autre langue) dans des proportions analogues au manuscrit de Voynich.

Même si Gordon Rugg n'a pas prouvé de manière indiscutable que le texte était faux, il a prouvé que les techniques de l'époque, permettait à des personnes ayant une culture mathématique, de forger un texte ayant certaines des propriétés statistiques du manuscrit en un temps raisonnable (deux à quatre mois). Edward Kelley et John Dee, les auteurs probables de l'arnaque, avaient par ailleurs inventé ensemble l'énochien, la langue des anges et son propre alphabet. Edward Kelley prétendait pouvoir parler aux anges au travers d'un miroir en obsidienne polie, ce qui en fait un spécialiste de ce genre d'arnaque. Mais rien ne prouve que John Dee ait sciemment participé aux supercheries. Le livre fut vendu pour 600 ducats (à peu près 50 000 € actuels) à l'empereur Rodolphe II.

Le fait qu'aucun linguiste et aucun cryptographe n'ait jamais trouvé le code du livre semble pencher pour l'hypothèse de l'arnaque. Selon Gordon Rugg, il s'agit de l'hypothèse la plus difficile à admettre pour les chercheurs d'énigme, et la plus rapidement écartée dans toutes les études qui traitent de ce manuscrit.

Influence sur la culture populaire

Un certain nombre d'éléments de la culture populaire semblent avoir été influencés, en partie au moins, par le manuscrit de Voynich.

  • Le « très dangereux » grimoire Necronomicon apparaît dans le mythe de Cthulhu de H. P. Lovecraft. Alors que vraisemblablement Lovecraft a créé le Necronomicon sans connaître le manuscrit de Voynich, Colin Wilson a publié une nouvelle en 1969 appelée The Return of the Lloigor (Le retour du Lloigor), dans Tales of the Cthulhu Mythos (Contes du Mythe de Cthulhu) de la maison d'édition Arkham's House, où un personnage découvre que le manuscrit de Voynich est une copie partielle du grimoire mortel. Depuis, le Necronomicon de la fiction a été assimilé de façon récurrente à cette énigme réelle par d'autres auteurs.
  • L'intrigue du roman de fantasy de John Bellairs publié en 1969, The Face in the Frost, implique un grimoire apparemment indéchiffrable basé sur le manuscrit de Voynich.
  • Le compositeur contemporain Hanspeter Kyburz a écrit une pièce pour orchestre basée sur le manuscrit de Voynich, le lisant comme une partition musicale.
  • Dans le roman Indiana Jones et la pierre philosophale de Max McCoy, le célèbre archéologue découvre le secret de l'alchimie dans les pages du manuscrit de Voynich.
  • L'intrigue de Il Romanzo Di Nostradamus écrit par Valerio Evangelisti met en scène le manuscrit de Voynich comme un travail de magie noire, contre lequel l'astrologue français Nostradamus luttera toute sa vie.
  • Dan Simmons mentionne le manuscrit de Voynich dans Olympos (p. 486), le décrivant comme « un singulier et intéressant manuscrit acheté par Rudolph II le saint Empereur Romain, en 1586 ».
  • Dans le jeu vidéo Les Chevaliers de Baphomet : le Manuscrit de Voynich, le manuscrit de Voynich est traduit par un hacker qui se fait alors assassiner par des neo-templiers pour protéger les informations contenues, à savoir la localisation d'endroits sur terre où l'on trouverait de « l'énergie géomancienne ».
  • Dans le roman Manuscrit MS 408 de Thierry Maugenest (Éditions Liana Levi), le manuscrit de Voynich est considéré comme un écrit de Roger Bacon qui, une fois décrypté, fait perdre la vie à son lecteur du fait des révélations sur le sens de la vie qu'il contient.
  • Dans le roman Le Livre du magicien de Paul C. Doherty (éditions 10/18, collection Grands Détectives, série « Hugh Corbett »), un livre écrit en langage codé par Roger Bacon est étudié conjointement par des spécialistes anglais et français. L'auteur précise en postface qu'il s'agit sans doute du manuscrit de Voynich.
  • Le mystérieux manuscrit de Rambaldi qui suscite les convoitises des protagonistes de la série télévisée Alias est probablement inspiré du manuscrit de Voynich.
  • Dans sa bande dessinée xkcd, Randall Munroe propose un sens au manuscrit dans l'épisode Voynich Manuscript du 5 juin 2009.
  • Michael Cordy dans son roman « La Source » base son intrigue sur les secrets que renferme la traduction du manuscrit de Voynich.

 

 

23 septembre 2012

le livre de salomon

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Salomon (Bible)

Salomon, fils de David et de Bethsabée, est un roi d'Israël selon la Bible hébraïque (de 970 à 931 av. J.-C. selon la chronologie biblique usuelle). Sa sagesse et sa justice firent de lui le roi le plus sage et juste de l'Ancien Testament. Il fait construire le premier Temple de Jérusalem, dit Temple de Salomon. Sa naissance est mentionnée dans le Deuxième livre de Samuel, puis son règne est raconté dans le Premier livre des Rois.

Le jugement de Salomon (dessin sur papier)(1648-1649), de Nicolas Poussin
 

Récit biblique

Salomon, fils et successeur du roi David

Salomon est le deuxième fils que le roi David eut de sa femme, Bethsabée, que celui-ci avait prise à Urie le Hittite.

Quand David fut vieux, son fils Adonias tenta de se faire proclamer héritier. Alors David ordonne au prêtre Sadoq d'oindre Salomon comme roi après lui. David, mourant, confie ces paroles à son fils de douze ans : « Je m'en vais par le chemin de toute la terre. Tu seras fort et te montreras un homme, et tu prendras garde à Dieu, ton Dieu, en marchant dans Ses voies, en gardant Ses statuts, Ses commandements et Ses ordonnances, comme il est écrit dans la loi de Moïse, afin que tu réussisses dans tout ce que tu feras et où que tu te tourneras » (I Rois 2, 2 et 3). Après 40 ans de règne, David meurt. Salomon devient ainsi roi d'Israël.

Le jugement de Salomon

Jugement de Salomon, trésor de l'abbaye de Saint-Denis, XeXIe siècle, musée du Louvre

Considéré comme « Sage parmi les hommes », il se rendit populaire en début de règne par ses jugements pleins de sagesse. Il avait d'ailleurs demandé à Dieu (2° livre des Chroniques chapitre 1 verset 7 à 12 ) de le munir d'un cœur qui sache écouter. Le Premier livre des Rois (3, 16-28) raconte ainsi le différend qui opposa deux femmes ayant chacune mis au monde un enfant, mais dont l'un était mort étouffé. Elles se disputèrent alors l'enfant survivant. Pour régler le désaccord, Salomon réclama une épée et ordonna : « Partagez l'enfant vivant en deux et donnez une moitié à la première et l'autre moitié à la seconde ». L'une des femmes déclara qu'elle préférait renoncer à l'enfant plutôt que de le voir sacrifié. En elle, Salomon reconnut la vraie mère, et il lui fit remettre le nourrisson. Alors « tout Israël apprit le jugement qu'avait rendu le roi, et ils vénérèrent le roi car ils virent qu'il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice ». Ce célèbre épisode de la vie du Roi Salomon a donné lieu à l'expression « jugement de Salomon ». Il peut signifier soit que face à l'impossibilité d'établir la vérité dans un litige, on partage les torts entre deux parties, soit on met ces mêmes parties devant une situation qui oblige l'une d'elles au moins à changer sa stratégie. Ce cas fait partie de ceux étudiés en théorie des jeux à somme non-nulle au même titre que la Crise des missiles de Cuba, avec laquelle elle a des affinités (mettre l'une des parties dans une position intenable, et forcer l'issue en faveur du gagnant-perdant et non du perdant-gagnant).

Un règne de paix et de prospérité

À son avènement, Salomon doit faire face à de nombreuses (1445) rivalités et révoltes au sein de son royaume. Il élimine les partisans de son demi-frère Adonias. Le prêtre Abyatar (Abiathar) est exilé et Joab est exécuté.

Le pharaon Siamon profite de la mort de David pour organiser une expédition en Palestine. Il prend et détruit Gezer. Mais devant l’armée de Salomon, il préfère une paix de compromis. Il donne sa fille en mariage à Salomon avec pour dot Gezer. Salomon s’engage probablement à ne pas attaquer la pentapole philistine. Avec ce mariage Salomon signe un traité avec Siamon où il est autorisé à fixer, de manière permanente, les frontières méridionales de son royaume en occupant Gezer, qui dorénavant, restera une région d'Israël.

Salomon organise une expédition militaire à Hamath et Zoba pour contrôler Tadmor (Palmyre) et la route des caravanes.

Son règne marque cependant une période de paix, de prospérité et d'abondance. Le roi-bâtisseur fait ériger dans sa capitale des édifices colossaux (le Temple, le palais royal et les fortifications de Jérusalem). Il bâtit le premier Temple de Jérusalem. C'est dans sa quatrième année de règne que Salomon se mit à bâtir le temple, qui fut achevé en sept ans et demi. C'est le temple et non plus le tabernacle, qui fut alors le centre du culte public.

L'organisation du royaume de Salomon

Salomon organise l’administration de son Empire, tâche qui lui vaut la réputation de « sage » (hâkâm) :

  • Comme David, il s’entoure de hauts fonctionnaires et de conseillers (prêtre, secrétaire, héraut, chef de l’armée) mais crée de nouvelles fonctions (maître du palais, chef des préfets et chef de la corvée). La famille du prophète Nathan est très influente dans ce cabinet. Salomon crée un corps de fonctionnaires (lévites), dévoués au service de l’État. Il institue des écoles pour les former.
  • Le territoire israélite est divisé en douze préfectures dirigés par un préfet (nesîb), nommé par Salomon.
  • Chaque préfecture devait assurer l’entretien de la cour royale pendant un mois, charge assez lourde à cause du développement du harem royal, du nombre des hauts fonctionnaires et de la charerie royale. D’autres entrées proviennent du domaine royal, géré par le maître du Palais, de cadeaux et tributs versés par les vassaux. De plus, le roi contrôle le commerce international : caravanes du désert (encens, aromates), commerce de haute mer dans des expéditions conjointes avec les Phéniciens (produits et animaux tropicaux, or), commerce avec la Phénicie (blé, huile, cèdre, cyprès, aide technique).
  • Salomon nomme à la tête de l’armée l’ancien chef de la garde personnelle de David. L’effort de modernisation porte sur les chars, peu utilisés dans le passé et la construction de places fortes.

Le déclin

Selon la Bible (1R XI,3), Salomon a pris 700 épouses et 300 concubines. Il laissa se développer des religions païennes dans son entourage « et il arriva, au temps de la vieillesse de Salomon, que ses femmes détournèrent son cœur auprès d'autres dieux » (1R XI,4 et 5). L'infidélité de Salomon à garder l'alliance avec Dieu entraîna la colère divine : « Parce que tu as fait cela3, (…) Je t'arracherai le royaume (…) Seulement, Je ne le ferai pas dans tes jours, à cause de David, ton père. Mais Je l'arracherai de la main de ton fils. » (1R XI,9 à 13)

À la fin du règne, la levée de lourds impôts et l'institution de la corvée provoquent des révoltes qui aboutiront à la partition du royaume d'Israël après la mort de Salomon (-931).

Livres de Salomon

Les livres bibliques suivants sont attribués à Salomon :

Livre des Proverbes
Cantique des cantiques
Ecclésiaste (Kohelet)
  • traditionnellement
Certaines traditions attribuent le Livre de l'Ecclésiastique à Salomon

Les livres apocryphes suivants sont attribués à Salomon :

  • explicitement
Odes de Salomon
Psaumes de Salomon

Salomon dans l'Islam

Article détaillé : Sulayman (islam).

Salomon fait partie des prophètes de l'islam. Dans le Coran, c'est la 27e sourate qui parle le plus de Salomon (Sulayman), prophète et roi, tout comme son père David (Daoud). Il y est question de sa relation avec la reine de Saba. Plusieurs sourates font allusion aux épreuves et aux pouvoirs que lui aurait accordé Dieu, pouvoirs qui prennent dans les légendes populaires la forme magique du Sceau de Salomon.

Selon le Coran, Salomon (Soulayman) n'a jamais été mécréant et n’entraîna pas la colère d'Allah :

« Et [les gens] suivirent ce que les diables racontent contre le règne de Solayman. Alors que Solayman n’a jamais été mécréant mais bien les diables. »

 

La Clef de Salomon



La Clef de Salomon ou Clavis Salomonis est un grimoire anonyme du Moyen Âge. Il traite de l'invocation des démons.

L'ouvrage a probablement inspiré des ouvrages occultes postérieurs comme la Petite clef de Salomon. Des similarités existent en effet entre les deux textes au sujet des invocations, des rituels de purifications et – dans une moindre mesure – des symboles magiques. Il y a toutefois de nombreuses différences entre les deux ouvrages.

Plusieurs versions de la Clef de Salomon existent, dans des traductions diverses, avec des différences mineures ou significatives. La plupart des manuscrits datent du XVIe siècle ou XVIIe siècle, mais il existe une version en grec datant du XVe siècle.

Historique:
D'après le style d'écriture, l'ouvrage date du Moyen Âge et « il n'y a pas d'éléments permettant d'attribuer la Clef de Salomon, dans sa forme présente, à une époque antérieure au XIVe ou XVe siècle ». Beaucoup d'ouvrages attribués à Salomon furent écrits durant cette période, consécutive aux Croisades et au contact avec des kabbalistes juifs et des alchimistes arabes qui influencèrent les magiciens et démonologues européens.

Le texte ne mentionne aucun des 72 démons emprisonnés par le roi Salomon dans une urne de laiton, tels qu'ils sont repris dans la Petite clef de Salomon et partiellement dans la Pseudomonarchia Daemonum. À la différence de ces ouvrages, la Clef de Salomon ne décrit pas l'apparence ni l'œuvre de démons, mais les figures à dessiner pour la préparation de chaque rituel. Le livre contient également des termes inspirés par le Talmud et la Kabbale.

Selon l'histoire légendaire du document, présente dans son introduction, Salomon écrivit le livre pour son fils Roboam et lui commanda de le cacher dans sa tombe après sa mort. Après de nombreuses années, le livre aurait été découvert par un groupe de philosophes babyloniens réparant le tombeau de Salomon. Aucun d'entre eux n'était en mesure de comprendre le texte jusqu'à ce que l'un d'eux, Iohé Grevis, suggère de faire appel à Dieu. Un ange lui apparut alors et exigea de lui la promesse de tenir le document secret, afin qu'il ne profite pas aux indignes et aux pécheurs. Iohé Grevis put alors lire le texte et plaça une protection magique sur l'ouvrage, faisant en sorte que les sortilèges décrits ne puissent apporter aucun effet bénéfique aux personnes indignes, à celles qui ne seraient pas sages et à celles qui ne craindraient pas Dieu.

Contenu:
La Clef de Salomon est divisée en deux livres. Le premier livre contient les rituels, invocations et malédictions permettant d'appeler et de contraindre les esprits des morts et les démons, afin de les amener à accomplir le désir de l'invocateur. Le texte décrit également le moyen de retrouver des objets volés, la méthode pour devenir invisible, celle pour obtenir la faveur ou l'amour, etc. Le second livre décrit des rituels de purification que l'invocateur (appelé « exorciste ») se doit d'accomplir, ainsi que les vêtements qu'il doit porter, la fabrication des éléments magiques nécessaires aux rituels et les sacrifices animaux qui doivent être faits aux esprits.

Comme dans la plupart des grimoires médiévaux, toutes les opérations magiques doivent être faites à travers le pouvoir de Dieu, à qui toutes les invocations sont adressées. Avant le moindre rituel, l'invocateur doit confesser ses péchés et se purger de tout mal, demandant la protection de Dieu. De nombreux noms étranges sont employés au cours des rituels : ils dérivent d'anciens textes magiques arabes ou des noms hébreux de Dieu. Les rituels sont précis, décrivant les préparatifs en détail, la manière de construire les ustensiles nécessaires, les périodes astrologiques adéquates, les symboles magiques et les mots spécifiques.

L'ouvrage détaille tous les matériaux nécessaires à la fabrication d'amulettes et au tracé de dessins magiques, ainsi que les moyens de les purifier et de les préparer. De nombreux symboles incorporent des signes de l'alphabet ésotérique Transitus Fluvii. Le document contient également des instructions pour pratiquer la nécromancie, devenir invisible, faire du mal à autrui et ainsi de suite, avec les périodes zodiacales appropriées pour chacun de ces rituels.

Les « Clavicules de Salomon » sont attribuées selon les auteurs à Agrippa, Salomon ou Albert. Le terme de clavicula signifie « petite clé » et est utilisé alors comme passeport obligatoire pour accéder à la science secrète, à la connaissance et aux richesses. La Grande Clavicule de Salomon était le grimoire que tous les sorciers et magiciens se devaient d’avoir et fit sa première apparition vers les XIe-XIIe siècles. On le disait écrit par Salomon lui-même et était censé contenir tous les secrets des égyptiens.

Au XIVe siècle, à Prague centre de la magie, on prétendit que ce grimoire était en fait l’oeuvre du pape Honorius III, qui le rédigeat en 1216.

Le plus authentique des exemplaires connus se trouve à la bibliothèque de l’Arsenal, c’est celui du cardinal de Rohan.

 

apercu de quelques pages et lien pur trouvrle reste....

 

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pour la suie et d'autes renseignements ocultes.....

http://www.esoblogs.net/604/les-clavicules-de-salomon/

 

 

 

 

 

 

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